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Ouvre la porte.
« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »

Pierre Bottero dans La Huitième Porte.
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is this how it ends. ↘ javier EmptyLun 16 Mar - 18:10


is this how it ends.


 
@javier kane.


Les doigts qui caressent les pétales de coquelicot tandis que le vent ébouriffe tes cheveux. Ça t’avait manquée, même si tu ne saurais réellement te l’avouer. Tu aimes cette île, pour sa simplicité et sa beauté. Ici il fait bon vivre, avec des habitants toujours souriants et avec le cœur sur la main. Ça change de tes terres natales… Longtemps tu t’es dit que c’était sur ce territoire que tu te sentais le mieux. Que ça pourrait être là-bas que tu pourrais avoir un véritable chez-toi. À ses côtés, dans ses bras… Un frisson qui t’hérisse l’échine. Ces pensées, voilà bien longtemps que tu te les étais interdites. Et si c’était d’actualité il y a quelques années en arrière, à présent ça se résume à une éternité, et presque à une autre vie. T’as bien changé, depuis toutes ces promesses illusoires. Mais ça n’empêche de sentir ton cœur s’enserrer dans sa poitrine à ces souvenirs, et à sentir cette nostalgie prendre possession de toi.

Tu savais que ce n’était pas forcément une bonne idée de revenir. Pas après toutes ces années, et surement pas non plus depuis la mort de ton dernier mari. Nombreux sont ceux à te regarder avec un œil suspicieux à la cour. À murmurer après ton passage que ce qui lui est arrivé est de ta faute. Au fond ils n’ont pas tort, même s’ils n’ont jamais réussi à le prouver. Les Ithildin étaient aux abonnés absents tout à l’heure, ayant préféré boycotter ton arrivée. Et dans un sens tu leur en es des plus reconnaissantes. Tu ne les as jamais appréciés, après tout ton époux n’était qu’un pion dans ton jeu. Qu’un faire-valoir pour te hisser dans les hautes sphères. Ils l’ont très vite compris, et de toute manière tu ne t’en es jamais cachée. Du coup…

T’as rapidement fui l’ambiance pesante de la cour. Bien différente de celle de tes souvenirs. Le coup fatal aura été quand il est apparu, aux côtés du Roi. Tu savais que ça serait inévitable et que tôt ou tard il faudra que vos chemins se croisent. Et tu pensais que t’étais prête. Alors pourquoi est-ce que t’as senti ton cœur sur le point d’imploser quand il est entré dans la salle ? Pourquoi est-ce que t’as senti ton souffle se couper et ta vue se brouiller, alors que tu étais à deux doigts de vaciller ? Comment, après toutes ces années, et d’autant plus à présent, peut-il encore te faire ce genre d’effets ? S’en était trop pour toi, et t’as préféré abréger ta présence à cette réception pour te perdre à présent dans les jardins de la citadelle. Un bruissement dans ton dos et te voilà qui cesses de caresser le coquelicot et qui te redresses. « Je savais que tu viendrais, que tu lances sans même t’être retournée. Tu sais que c’est lui. Cet endroit n’a pas changé, il est toujours aussi radieux. La voix qui se perd dans un murmure tandis que finalement tu oses affronter son regard. C’était votre endroit, celui où vous aimiez vous retrouver avant. Tu as l’air fatigué, que t’ajoutes d’une voix neutre. » Qu’est-ce que tu peux bien lui dire d’autre ? Qu’il t’a manquée et qu’une part de toi ne l’oubliera jamais ? Bien évidemment que non. « C’est la Reine qui m’a demandée. Elle souhaite que je trouve un remède quant à la dépression de son époux. » En aucun cas tu n’es ici par pur plaisir, ces îles te laissant toujours un goût amer en bouche et une sensation d'inachevé.     


Dernière édition par Aslaug Ithildin le Mer 18 Mar - 9:28, édité 1 fois
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is this how it ends. ↘ javier EmptyLun 16 Mar - 19:25

is this how it ends. ★ ft. @Aslaug Ithildin


Ce n’est qu’une rumeur, qu’il a entendu courir à travers les couloirs. Mais elle se rapproche, elle semble être criée. Aslaug serait bientôt là, s’il en croyait ces petites voix de courtisanes, dont les yeux curieux se relevaient vers lui sous son passage. Parce que certaines savent, d’autres en ont le doute. Javier, on ne lui prête aucune liaison, mais les rumeurs entre lui et Aslaug n’ont jamais cessé, ici et là. Des rumeurs, simples rumeurs dit-il. Pourtant, il ne fait que mentir, cachant au monde, la plus belle histoire de toute une vie. Aslaug et lui ont partagé quelque de précieux. De passionnel et charnel. Quelque chose qu’il ne parvient pas à oublier, malgré le temps et les années qui ont défilé.  

Il se souvient encore de cette douleur dans la poitrine, quand Ithildin lui a appris ses fiançailles avec la brune, sans même savoir le passé que partageaient le capitaine, et la sorcière. Une douleur vive, brulante, qui lui nouait les entrailles. Il l’a aimé Aslaug, bien plus qu’il ne voulait l’avouer. Et la voir mariée à un autre, le rendait malade. Pourtant, il l’a bien cherché. C’est lui qui est parti. Quand il a compris à quel point elle comptait pour lui, il s’est enfuit. Il ne voulait faire face à ses sentiments. Il se refusait toute attache. Était-ce une erreur ?  

Pendant longtemps, il l’a pensé. Jusqu’à la mort d’Ithildin. Le défunt mari ayant trépassé dans bien d’étranges circonstances, Javier avait tourné les talons. Aslaug n’était plus la même, depuis longtemps. Plus celle qu’il a tant aimé en tout cas. Et c’est si difficile à accepter. Il le sait, il ne la connait que trop bien. Ou la connaissait. Ce gars-là n’est pas mort naturellement, et il n’est pas le seul à le penser. Un poison est si vite glissé dans un verre de vin.  

Elle est là. Il peut sentir son parfum. Marchant aux côtés du roi, droit et imposant, il assure la sécurité de son souverain, alors que celui-ci fait son entrée dans la grande salle du buffet. Il salut ses convives, suivit par le Capitaine, qui pourtant, ne se sent guère à sa place dans toutes ses démonstrations de luxe et d’éclats. Il devrait avoir les yeux rivés sur Hecktor, mais ils divaguent. Ils cherchent quelqu’un dans toute cette foule. Et il l’aperçoit. Cette longue crinière brune, ce visage angélique. Leurs regards ne se croisent qu'à peine. Elle quitte la salle. Trop tôt. Un soubresaut dans sa poitrine, et Javier abaisse le regard. Ses mains en tremblent presque. Est-ce de la colère, ou un tout autre sentiment ?  

Il ne le devrait pas, mais il est là. Loin du tumulte de la grande salle, dans un silence de mort rompu par le simple chant des oiseaux, il s’avance dans les jardins du château. Habituellement, Aslaug, il l’a fui. Mais il ne sait pas pourquoi, ce soir, il suit ses pas. Il sait où elle est. Et peut-être même qu’elle l’y attend.  

« Je savais que tu viendrais. » Il s’est à peine arrêté, que déjà elle sait qu’il est là. Elle lui tourne encore le dos, pourtant, un frisson vient lui picorer la nuque. Son cœur s’emballe, mais il ne veut rien montrer. Son visage reste impassible, et grave. « Cet endroit n’a pas changé, il est toujours aussi radieux. »

« Il a de la chance. »

Murmure t-il simplement, les yeux rivés sur elle. Oui, ici rien n’a changé, mais elle... Elle, elle est comme une autre personne. Lui aussi, peut-être qu’il a changé. Des cheveux blancs, des rides, et un cœur fendu. Oui il a changé, bien moins qu’elle. Il est resté le même, l’expérience en plus. Ce qui n’est pas le cas de la veuve. « Tu as l’air fatigué » Un léger rictus en coin des lèvres, le voilà qui relève les yeux, ironiquement. Il s’attendait peut-être, à quelque chose de plus sympathique. Stupide, elle n’a vraisemblablement plus aucune sympathie envers lui. Et peut-être n’est-ce pas plus mal. Parce qu’il sait des choses, un peu trop de choses. Et qu’il pourrait vite être dangereux pour elle, ici. « C’est la Reine qui m’a demandée. Elle souhaite que je trouve un remède quant à la dépression de son époux. » Il baisse son attention vers les coquelicots, tout en échappant un léger petit “mh”, et un hochement de tête. Il n’est pas convaincu par la dépression, pour lui, le Roi est juste inquiet. Mais ce n’est certainement pas le sujet principal.

« J'ose espérer, que tu jaugeras convenablement son remède. »

C’est lancé, un sous-entendu, innocent, mais qui pose les bases. Il inspire, tristement, puis il s’avance vers Aslaug, les mains posées sur sa ceinture.  

« Tu n'étais plus venue depuis longtemps. »

Ajoute t-il après un bref silence. Arrêté près d’elle, il tourne la tête et les yeux vers sa silhouette. Il ne peut s’empêcher de l’étudier, chacun de ses traits. Cette beauté qui ne se défait pas chez elle. Qui ne vieillie pas. C’est ce doux visage, ses yeux qui l’ont envoûté au premier regard, il y a plus de dix ans. Elle était jeune, innocente. Elle était douce, et parfaite. Comment pouvait-elle physiquement, être restée la même, alors que son âme n’est plus ?  

« Tu es un peu pâle, le soleil des îles te feras du bien. »

Elle n’avait qu’à éviter de lui dire qu’il avait l’air fatigué...  
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is this how it ends. ↘ javier EmptyMer 18 Mar - 10:12


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@javier kane.


Il a de la chance. De ne pas avoir changé. D’être resté le même. D’une pureté qui n’a d’égal que sa beauté. Et voilà ton cœur qui te serre d’entendre ce timbre de voix. Tu l’avais oublié. Ces notes suaves, cette douceur retenue. Tu ne pensais plus l’entendre à nouveau. Plus le revoir. Tendre naïveté. Disons que c’est toujours plus simple de fuir que d’affronter les problèmes. Les souvenirs douloureux. Ces semaines à ses côtés ont été sans conteste les plus belles de ta vie. Et pourtant, tu les as effacées. D’un battement de cils, tu as oublié. Parce que c’est plus simple comme ça. Moins douloureux. Alors non, tu ne pensais pas revenir. Car le revoir te fait l’effet d’un boomerang, te ramenant toute ta peine en pleine figure. Tout ces Et si qui refont surfaces. Lui aussi, il a changé. Plus fatigué, avec les traits de la peau tirés. Quelques rides qui parsèment le coin de ses yeux et des cheveux blancs par ci par là. Il a grandi, il a mûri. Et il en est diablement plus attirant. Tu fermes les yeux  à ces pensées, te flagelles l’esprit d’en venir à te faire ce genre de réflexions. Ce qui est passé est passé, vous ne reviendrez pas en arrière. Impossible. Tu t’es bien trop enfoncée dans la noirceur pour que ce soit possible, ayant depuis bien longtemps franchi le point de non retour.

Alors tu ne bronches pas face à sa remarque. Te retiens de dire que lui non plus, il n’a pas tant changé que ça. Qu’au fond il reste toujours le même, ça tu le sens très bien. Il a mené la vie qu’il a toujours voulu avoir, a atteint les sommets de la gloire. Il doit être fier de lui, et dans un sens tu l’es aussi. Parce que sa persévérance et sa loyauté ont fini par payer. Tu n’en as jamais douté. Mais c’est toi, qui a changé. Et tu sens, au final, que sa remarque te vise surtout toi. Une petite pique qui est lancée et qui crève ton cœur plus que tu ne le voudrais. Tu fais pourtant mine de ne pas comprendre, de ne pas lire l’insinuation. Parce qu’à quoi bon en faire la remarque ? Ça ne serait que porter un coup d’épée dans l’eau. Inutile et une perte de temps.

Un petit rire qui s’échappe de tes lèvres quand il insinue que tu pourrais empoisonner le Roi. Ainsi donc lui non plus n’est pas idiot. N’est pas né de la dernière pluie. Il sait ce que tu as fait à ton ancien mari, ou du moins s’en doute. Il fait donc parti de ceux qui te croient coupable. Mais en même temps comment cela pourrait-il en être autrement ? Il te connait, bien plus qu’il ne le devrait. Il sait qui tu es réellement. D’où tu viens, ton passé, ton véritable caractère. Javier voit au-delà de l’image de la Ténébreuse que tu feins au monde depuis bien des années. Il sait que tout ça c’est que des paillettes, que des illusions. Que tes potions soi-disant magiques ne sont que le résultat de plusieurs années d’apprentissage aux côtés d’un herboriste. D’un mot de lui, d’une révélation, et c’est toute ta carrière qui partirait en poussière. Mais il ne l’a jamais fait. N’a jamais trahi ton secret. Mais pour combien de temps encore ? « Sa mort ne profiterait à personne, que tu souffles, tes mirettes préférant fixer un nouveau coquelicot. Sa guérison, par contre… » Tu aurais plus d’intérêt à le soigner qu’à le tuer, c’est un fait. Et puis ça ne serait pas très malin de ta part, en connaissant Javier qui siège à ses côtés, de tenter quoi que ce soit de toute façon. Quand bien même tu voudrais causer du tort au Roi, tu ne le pourrais pas. Trop bien protégé.

Tu accuses le coup en silence quand il te dit que tu n’es pas venue ici depuis longtemps. Il est vrai. Quand bien même tu aimes particulièrement cette île, c’est aussi cet endroit qui te cause le plus de tourments. Le plus de souffrances. Tu ne comptais pas revenir. Plus jamais. Car fouler à nouveau cet endroit… C’est devenu trop douloureux. Et pourtant, te voilà là. À ses côtés, qui plus est. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais… De nouveau un sourire qui s’esquisse sur tes lèvres face à sa dernière remarque. Un sourire peiné. « Je ne vais pas rester longtemps. Le timbre de voix est peut-être un peu trop tranchant. Trop marqué pour rester neutre. Ce sera mieux pour tout le monde. » Mieux pour lui, mieux pour toi, mieux pour tous les murmures autour de vous. Cet endroit est celui où tu te sens le mieux, et pourtant c’est aussi celui qu’il te faut fuir à tout prix. Le silence qui s’installe tandis que tu alternes ton regard entre lui et le coquelicot. Tu reportes ton attention vers ce dernier, en même temps que tu te décides à avouer, « Je n’ai jamais eu l’occasion de te le dire, mais félicitations pour ta promotion. Tu as atteint tes objectifs, c’est bien. » Qu’au moins il n’ait pas tout gâché pour rien. Tu te retiens de dire que tu savais qu’il y arriverait. Que t’as toujours su qu’il en serait capable. Trop sentimentale, comme remarque.
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is this how it ends. ↘ javier EmptyMer 18 Mar - 18:29

is this how it ends. ★ ft. @Aslaug Ithildin


Lui non plus, ne pensait pas qu’elle reviendrait. Dans le fond, la peine était là, mais loin d’elle, elle s’efface, elle est bien moins vive. Elle disparaît presque, au point que parfois, il l’oubli. Mais dès que l’on chuchote le nom d’Aslaug, c’est comme un violant coup de poing dans la poitrine. Son visage se redessine sous ses yeux, il peut même entendre sa jolie voix. Parfois même, il a cette étrange sensation de pouvoir sentir son parfum. Pourquoi elle et seulement elle ? Bien que des femmes, il en ait connu très peu, Aslaug reste imprégnée là, dans son cœur, dans ses souvenirs, comme tatouée sur sa peau. Peut-être s’est-il laissé trop emporter avec elle. Peut-être a-t-il été trop loin. Mais il était bien incapable à l’époque, d’arrêter cette tornade dans sa vie. Elle était son soleil. Sa première pensée le matin, sa dernière le soir. Il l’aimait, et peut-être même, qu’elle reste à ce jour, la seule femme qu’il ait réellement aimée. C’est pour ça, qu’il a tant souffert, et que la voir aussi changée aujourd’hui, lui brise le cœur. Probablement a-t-il quelques regrets. S’il ne s’était pas enfuit, s’il s’était plutôt mis à genoux devant elle, peut-être qu’elle serait restée la même. La culpabilité se mêle à la souffrance, et il n’y a plus aucune issue possible à ce jour. Elle est-ce que le temps à fait d’elle. Et il ne peut qu’en être spectateur.

« Sa mort ne profiterait à personne, Sa guérison, par contre… » La douce voix si regrettée d’Aslaug lui fait relever les yeux vers elle. Elle est un peu songeuse, les yeux rivés sur les coquelicots qui recouvrent cette partie du jardin. Il est quelque peu étonné qu’une femme de ses pensées, puissent trouver qu’un roi comme Hecktor soit encore utile. Beaucoup préfèrent la guerre et les idées noires et sanglantes des autres royaumes. A-t-elle des idées derrière la tête, ou reste-il un peu d’espoir en elle ? Un peu de lumière ?

« On a besoin de sa lumière. »

Murmure-t-il alors, sagement et doucement, tout en détournant ses yeux vers le château, ou son roi y fait certainement bonne figure, alors qu’au fond, sa santé mentale n’est plus. « Je ne vais pas rester longtemps. » Allez savoir pourquoi, mais son cœur eu un rebond, un sursaut, tandis que brusquement, il reposait ses yeux sur elle. Il ne voulait rien transparaître, mais son regard se faisait soudainement plus insistant. Pourquoi repartait-elle déjà ? Il le fallait, oui. Mais... Mais la douleur refait surface. « Ce sera mieux pour tout le monde. » Il le sait bien, que son “tout le monde” ne signifie personne de plus qu’elle, et lui. Eux. Ils se sont assez aimés dans le passé, pour se comprendre en un regard, un mot, quand bien même le temps ait pu les changer. Alors il reste tourné vers elle, mais ses yeux s’abaissent sans qu’il ne puisse réellement neutraliser cette tristesse sur ses traits. Cette nostalgie. Comme une envie de remonter le temps. Si un sort existait pour ça, il serait bien contraint de s’y jeter, dans cette magie noire. Quitte à finir sur le bûcher. Il donnerait cher pour revivre un seul instant, le temps du bonheur, avec elle. Avec l’autre, elle. Celle qui n’existe plus. Il ne sait que répondre, alors il garde le silence. La main posée sur le manche de son épée, la serrant de ses doigts, nerveusement. Et finalement, elle reporte son attention sur lui. Alors ce sont simplement ses yeux qui se redressent, croisant les siens, en un nouveau frisson parcourant son échine. Il sent une certaine chaleur, gagner ses joues. Il voudrait fuir ces yeux là, mais il ne le peut. Eux n’ont pas changé. « Je n’ai jamais eu l’occasion de te le dire, mais félicitations pour ta promotion. Tu as atteint tes objectifs, c’est bien. » Un léger et subtile sourire étire le coin de ses lèvres, et sombrant dans le clair de ses yeux, il finit par s’en échapper, détournant son attention vers les fleurs qui pourtant, sont bien moins belles.

« Merci. »

Ça le touche bien plus que ça, mais il ne veut le montrer. Il inspire alors discrètement, la respiration légèrement tremblante, et nerveuse. Il laisse couler le silence, relâchant la pression dans ses doigts. De sa main libre, il vient effleurer un pétale rouge avant de l’arracher à sa fleure. Il quitte les côtés d’Aslaug, pour venir s’adosser à l’arbre le plus proche d’eux. A quelques pas d’elle, il relève le regard, il lui adresse un léger sourire.

« Je ne suis pas le seul, n’est-ce pas ? »

Est-ce qu’elle avait déjà toutes ces ambitions, quand ils étaient si liés ? Pensait-elle devenir ce qu’elle est aujourd’hui ? Espérait-elle une telle renommée ? Il ne peut s’empêcher de penser qu’elle n’est pas là par hasard. L’étiquette qui lui est collée, elle l’a voulue. On ne s’illustre pas autant, si on ne le désire pas.

« Je pourrais t’adresser les mêmes compliments. »

Mais il ne le fait pas. Il tripote ce pétale mort entre ses doigts, et ne regarde plus que lui. Non il ne veut pas la féliciter, parce qu’au fond, son Aslaug lui manque. Cette jeune femme si douce, si différente. Ce sourire, cette joie de vivre. Sa candeur aussi. Et puis, on ne félicite pas un meurtrier. Et dieu seul sait à quel point, c’est justement ces fichus sentiments passés, qui la tiennent loin des cachots. S’il ne tenait pas autant à elle, voilà longtemps qu’elle aurait été jugé pour le meurtre de son époux. C’est là qu’il se flagelle d’avoir un cœur, contrairement à ce que peut en dire la cour. S’il n’en était pas là, il aurait fait son travail correctement. Elle aurait perdu la tête, ou serait déjà pendue. Mais il n’en est rien. Au contraire, on confie la santé du roi à sa petite personne. Même lui est incapable de se battre contre ça.  
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is this how it ends. ↘ javier EmptyMer 18 Mar - 23:44


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@javier kane.


Besoin de sa lumière. Ce terme qui te laisse songeuse. Perplexe. Est-ce seulement encore possible ? Peut-il réellement encore croire que la guerre est évitable ? Ne dit-on que c’est à cause de cet incontournable que le Roi a sombré dans la mélancolie ? Désolé de ne pas avoir pu éviter l’insurmontable. D’avoir voué à sa vie à… Absolument rien ? De savoir qu’il a passé tout ce temps dans une quête vouée à l’échec… Ça doit laisser un goût amer en bouche, et ça ne t’étonne pas, au final, qu’il ait sombré. « Existe-t-elle encore ? Ou a-t-il déjà complètement sombré dans l’obscurité ? » Des paroles qui passent la barrière de tes lèvres sans que tu ne t’en rendes vraiment compte. Est-ce que l’on parle toujours du Roi ? Une pause, un silence, le temps que tu te fasses à cette réflexion. Pour toi il est déjà trop tard, c’est évident. Mais lui ? « Nous verrons bien si j’arrive à obtenir des résultats. » Haussement d’épaules. Tu ne fais pas de miracles. Si toute la cour semble y croire, lui et toi connaissez la vérité. Alors tu feras de ton mieux, et après le Roi fera le reste. Mais quand tu vois son apathie et son dégout de la vie… Disons que la quête semble mal partie.

Le regard qui bifurque vers Javier, furtif. Qui observe sa réaction. Puis qui se détourne subitement, comme s’il venait d’être brûlé. Tu l’as reconnu, cet éclat dans ses orbes. Cette douleur qui semble faire écho à la tienne. Il tente de la cacher, de l’étouffer. Et pourtant elle résonne en lui par tous les pores. Semble vouloir s’échapper à tout prix. Un soupire. Tu n’aurais pas du venir ici. Il n’aurait pas du te suivre. Tout ceci n’est qu’une succession de mauvaises décisions. Une putain de mauvaise idée qui ne pourra que courir à votre perte. C’est comme remuer le couteau dans la plaie, encore et encore. Mais ne pas réussir à faire autrement. La fuite semble impossible tant l’attirance est omniprésente. Omnubilante. C’est comme foncer dans un mur, mais accélérer quand même. Putain de masochisme.

Tu le penses vraiment, ce que tu dis. Qu’il le mérite. Après tous les sacrifices qu’il a faits. Il a dédié sa vie pour son royaume. Pour son Roi. T’en fais même partie, des dommages collatéraux. Mais t’étais au courant, et consentante, tu vas pas mentir sur ça. D’ailleurs, tu ne lui as jamais reproché son choix. Car c’est comme ça. T’espères simplement qu’il ne regrettera pas. Parce que son Roi n’est plus que l’ombre de lui-même. Et si le royaume tombait et que la guerre tapait contre ses portes, comment est-ce qu’il réagirait ? Est-ce que là, il commencerait à s’en mordre les doigts ? Tu ne préfères pas aller plus loin dans tes réflexions. Parce que tu ne lui souhaites pas tout ce tourment. Il a pris sa décision, tu as fait de même, et c’est d’un commun accord que vous vous êtes éloignés. Ce qui est regrettable, au final, c’est que malgré toutes ces années vous en soyez toujours au même stade. Que jamais vous n’ayez réellement réussi à vous oublier. À tourner la page.

Et pourtant toi aussi tu en as eu, des opportunités. T’élever au sein de ton culte. Cultiver cette personnalité, cette image qui à présent te colle à la peau et te permet de rentrer dans les hautes sphères. T’as épousé un noble, t’es devenue quelqu’un. Comme il le dit, toi aussi, tu as réussi. Alors pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à être heureuse ? Pourquoi est-ce que sans cesse tu cherches à repousser tes limites ? Si lui se vante d’avoir atteint son objectif, pour toi, cependant, il n’est que partiellement atteint. Mais qu’est-ce que tu attends d’autre ? Epouser un Roi ? Déclencher une guerre, le chaos ? Obtenir la vie éternelle ? Et puis quoi ? À quoi cela te servirait si tu n’as personne avec qui le partager ? Si tu ne l’as pas lui ? Tu fermes les yeux, chassant là encore ces pensées. Le voir remue en toi des pensées interdites. Fait naitre en toi un doute qu’en temps normal tu te refuses à entrevoir. « Il me reste encore beaucoup à accomplir, que tu souffles, mystérieuse. » Tu ne lui en diras pas plus. Regrettes, presque, de lui en avoir parlé. Est-ce qu’il va chercher à creuser ? À t’en empêcher, quand bien même il ne sait rien de tes sombres projets ?

Il t’a quitté, est parti s’installer dos à un arbre. Et pendant un moment, tu l’as laissé faire. Un regard vers le château. Vers les éclats de voix que vous distinguez, portés à travers le vent. Tu pourrais les rejoindre. T’extraire de cette conversation qui oscille entre délice et supplice. Et pourtant tu restes là. Pire, tu finis par le rejoindre. Doucement. Sur la pointe des pieds. Tu fais seulement quelques pas, tout en caressant les pétales qui longent la courte distance qui vous sépare. Assez pour te rapprocher, sans pour autant braver cette limite que vous vous imposez de ne pas dépasser. « J’ai entendu dire que des fiançailles allaient avoir lieu… » Pas besoin d’en dire d’avantage, il sait déjà de quoi tu veux parler. La voix se force à être neutre et le sourire a être bienveillant. Mais tout ça ça sonne cruellement creux.  « J’imagine qu’il fallait s’y attendre… Javier ne pourrait rester éternellement célibataire. Eternellement tourné vers son Roi. C’est lui qui te l’impose ? » Par pitié qu’il n’en soit pas autrement.
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is this how it ends. ↘ javier EmptyJeu 19 Mar - 22:23

is this how it ends. ★ ft. @Aslaug Ithildin

« Existe-t-elle encore ? Ou a-t-il déjà complètement sombré dans l’obscurité ? » La question de la brune, l’arrêtait brusquement. Incertain, son regard restait braqué sur elle, malgré la distance qui régnait désormais entre eux. La question lui semblait à double tranchant. Parlait-elle seulement du roi ? Était-elle consciente du mauvais chemin qu’elle avait-elle-même pris ? Il restait silencieux, l’observant quelques instants, sans être vraiment certain de comprendre. Ses yeux vagabondant le long de son visage, les sourcils graves. N’y avait-il pas tout à coup, beaucoup trop de nostalgie ? Il avait l’impression qu’un tourbillon les ramenait dix ans en arrière. Quand ils se retrouvaient ici, non pas pour se contenter d’échanger des mots... Cet arbre contre lequel il est adossé, combien de fois l’y a-t-il plaqué le dos d’Aslaug, pour l’embrasser à corps perdu ? Jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus, jusqu’à ce que leurs corps défaillent, et qu’ils ne cherchent plus intimiste, pour s’adonner à toute cette passion qui les avaient submergés depuis déjà si longtemps... C’était il y a trop longtemps. Les flashs sont là, dans ses yeux. Leurs rires, dans ses oreilles. Le parfum d’Aslaug dans ses narines. Mais rien ne les ramènera jamais là. Ils ont fait leurs choix.

« Tout le monde peut se repentir. Se ressaisir. Il faut juste le vouloir vraiment. »

Et à l’évidence, ce n’est pas ce qu’elle souhaite, la concernant. Elle est probablement trop fière à présent, de sa renommée. Elle s’est tant illustrée, elle a tant travaillé pour ça, pourquoi faire marche arrière ? Rien ne l’y pousse qui plus est. Il y a encore de cela quelques années, lui, il aurait certainement tenté. Mais maintenant... Elle a tué. Il est de son devoir de l’arrêter normalement. Alors mieux vaut ne pas trop se frotter à elle. Ne plus lui être assigné surtout. Il ne veut pas l’arrêter. Il ne peut pas l’arrêter. Il n’en n’a pas la force. Mais il ne peut pas non plus se battre à corps perdu, comme ça. Pour du vent. « Nous verrons bien si j’arrive à obtenir des résultats. »

« Je suppose que pour cela, nous pouvons avoir confiance. »

Si elle sait empoisonner, elle sait certainement sauver. Quoi que. Si le mal semait le bien, ça se saurait. « Il me reste encore beaucoup à accomplir. » Il ne peut retenir un léger rictus, alors que deux de ses doigts caressent ce pétale entre ses mains. Les yeux retombés sur celui-ci, il ne répond-pas, pas encore. Qu’attend-elle du futur ? Devenir une Reine ? Provoquer la fin des contrés ? Peut-être n’est-il simplement que trop naïf, mais il ne parviendra certainement jamais à comprendre, ce besoin de pouvoir, que peuvent ressentir certains. Des hauts placés, à chaque fois. Dès qu’on accorde un peu de pouvoir, ils en veulent plus, toujours plus.

« Tu comptes brûler des villes entières ? »

C’est peut-être un peu agressif, mais dans le fond, comment cacher son amertume, face à cette silhouette qui n’est plus que le reflet de celle qu’il a tant aimé ? Il est blessé, frustré, blasé. Et souffrant. Elle lui fait mal. La voir dans cet état lui fait mal. Il ne peut pas le cacher. Il fuit néanmoins son regard, les yeux rivés sur son pétale de coquelicot. Il ne va pas mener son enquête, pas ici, pas comme ça. Il y a bien des choses qu’il veut savoir oui, mais à quoi bon ? Il est incapable de la jeter dans un cachot. Encore moins de la pendre ou de la mener jusqu’au bûcher. Lui, elle l’a dans la poche, mais ne finira-t-elle pas par tomber sur un homme de la loi, beaucoup moins concilient, beaucoup moins... Attaché ?

Elle le rejoint, sous cet arbre, sous leur arbre. Elle semble flotter entre les herbes. Elle est toujours aussi élégante, et gracieuse. Il en déglutirait presque. Son cœur se serre un peu plus, alors qu’elle s’arrête près de lui. Il est bien obligé là, d’abandonner des yeux son pétale. Il relève doucement le regard, jusqu’au visage d’Aslaug. Il ne sait quoi dire de plus. Tout ce qui lui brûle les lèvres est interdit. Lui avouer combien elle lui manque. Combien il regrette.... Ce serait stupide. Et inutile. Ça ne ferait qu’accroitre leur douleur, si encore elle est capable de la ressentir. « J’ai entendu dire que des fiançailles allaient avoir lieu… » Double coup d’épée, en plein cœur. Elle en sait des choses. Comment cette nouvelle a bien pu lui arriver aux oreilles, alors que rien n’est officialisé ? Que jamais il n’a échangé le moindre mot avec sa future fiancée ? Ses mains tremblent légèrement, et le pétale lui échappe, flottant dans les airs le long de son corps, jusqu’à s’arrêter sur la pelouse, juste entre ses bottes. « J’imagine qu’il fallait s’y attendre » Ses yeux tombent eux aussi sur ses chaussures, alors que sa mâchoire et ses traits se resserrent. Dit-elle tout cela avec remords, ou n’en ressent-elle rien ? Pas même une infime douleur ? « C’est lui qui te l’impose ? » La douceur dans sa voix, lui fait encore espérer un peu de regret en elle. Si seulement. Même si rien ne pourra jamais changé, que leurs chemins sont définitivement différents... Il veut juste être certain de compter encore pour elle.

« Il dit que... C’est mieux, pour l’image. Et qu’il serait bon que j’assure mon héritage. »

C’est plutôt comique dans le fond, parce que son héritage... Il n’est pas aussi noble que ça. Enfin... Si l’étiquette le demande, comment se battre contre ça ?

« Elle s'appelle Eponine. »

Continue-t-il le regard perdu sur le sol. N’osant plus guère affronter ceux d’Aslaug. Comme s’il était coupable d’un mauvais pas. Pourtant, il n’a rien fait de mal. Eponine même, il ne lui a jamais parlé. Il ignore tout d’elle. La seule chose dont il est certain, c’est sa beauté. Elle est douce, souriante, et si pure. Comment son père peut-il la vendre aussi facilement, à un soldat, dont le sang recouvre les mains ?

« Je ne la connait pas vraiment, c’est plutôt son père que je côtoie. Je ne pense pas qu’elle se réjouisse de la nouvelle. »

Bien des femmes à la cour tournent autour de l’illustre Capitaine Kane. Mais pas les plus jeunes, comme Eponine. Elles, elles ignorent toutes sa renommée. Elles préfèrent courir après les jeunes princes. Et c’est bien normal. Elle doit être bien affligée, d’apprendre que son futur époux a des cheveux blancs.

« Ce n’est pas comme si, il y avait encore quelqu’un d’autre, de toute façon. »

C’est presque arraché de ses lèvres, comme si sa douleur en devenait colère. Aslaug peut-elle se permettre de souffrir de cette nouvelle, après tout ce temps ? Elle n’est plus son Aslaug, alors à quoi bon... La sienne est encore là, dans son cœur. Souriante, douce, délicate. Elle n’est qu’un souvenir, une image, qu’il se gardera pour lui jusqu’à la fin des temps. C’est comme ça. Il n’y peut plus rien et elle non plus.
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is this how it ends. ↘ javier EmptyVen 20 Mar - 17:16


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@javier kane.


Le vouloir vraiment. Est-ce que c’est ce que tu souhaites ? Te repentir ? Faire marche-arrière ? Cette question te laisse songeuse, bien plus que ce que tu l’aurais cru. Bien plus que tu ne veuilles le reconnaitre. Renoncer après tous ces efforts, tous ces sacrifices… Il en est hors de question. Impossible. Parce que qu’est-ce que tu gagneras à faire ça ? Avoir accès au paradis ? La bonne blague. Ce n’est pas ça qui importe vraiment, qui te fasse hésiter. Non, tu ne changeras pas. Tu ne peux plus. Mais si c’est à refaire, est-ce que tu ferais différemment ? Là, par contre… Y’a des regrets qui s’installent. Qui s’instaurent et qui s’ancrent en toi. Des Et si qui tournent en boucle dans ta tête. Si Javier ne t’avait pas repoussée. S’il n’avait pas préféré son Roi et son cœur. Si toi tu n’étais pas rentrée en contact avec le Culte… Si tout était à refaire, et si vous connaissiez les tenants et les aboutissants, est-ce que vous referiez le même choix ? Pour ta part, ce n’est plus bien sûr. Car au fond est-ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle ? Avoir obtenu tout ce pouvoir, toute ces richesses… Pour quoi, si tu n’as personne avec qui le partager ?

Tu restes donc songeuse de longues secondes, interdite. Preuve que ses paroles te bousculent plus qu’elles ne le devraient. Clairement, ce n’était pas une idée de revenir ici. Cette île ne fait que rouvrir une plaie qui déjà avait eu du mal à cicatriser. Elle te rend faible, et tu n’aimes pas ça. Tu ne bronches pas quand il te dit qu’il peut avoir confiance en toi pour trouver un remède pour le Roi. Au fond tu n’es pas sûre d’y parvenir. Son affliction touche l’esprit. Touche, probablement aussi, beaucoup de non-dits. Ce n’est pas d’une potion qu’il a besoin, mais surtout d’une oreille attentive. Et tu ne penses pas qu’il te permettra d’avoir ce rôle, alors… Tout comme, comme pour toi, la machine à remonter le temps n’existe pas, s’il vit avec des regrets, et bien il ne pourra plus rien y faire. Ce qui est fait est fait. Gravé dans le marbre et immuable.

Un petit rire qui perce tes lèvres quand il te demande si t’es prête à brûler des cités entières. « Je n’en ai pas ce pouvoir, que tu rétorques, sortant peu à peu de tes pensées et te reconnectant avec la réalité. » Quand bien même ça pourrait être ton objectif, tu n’en aurais pas les épaules. Pas le pouvoir. Alors oui, tu pourrais être cette étincelle qui embraserait le monde. Mais de là à être celle qui détruirait tout sur son passage… Il y a un gouffre.

Il faut que tu poses la question. Que tu t’émisses dans cette histoire qui ne te regarde pas. Tu n’as aucun droit de regard sur les choix de Javier, et n’en as, d’ailleurs, jamais vraiment eu. Mais c’est plus fort que toi. N’est-ce pas pour ça que tu es venue ici ? Dans ce jardin qui fait résonner tant de choses ? C’était un appel, une perche tendue. Et il l’a saisie. Tu l’observes du coin de l’œil. Remarques cette mâchoire qui se contracte. Tu ressens son désarroi, et ça t’en soulage. Avant même qu’il ne te le dise tu comprends que ce n’est pas de sa volonté. Et c’est comme si un poids quittait tes épaules. Car si tu l’as laissé filer, il y a de ça bien des années, ce n’était pas pour qu’après quelqu’un s’en empare. Tu acquiesces lentement quand il t’explique. L’héritage, forcément. « C’est bien un truc de nobles, ça, que tu lances, partagée entre la moquerie et l’incompréhension. » Ce besoin viscéral de laisser quelque chose derrière eux. Une progéniture qu’ils n’éduquent même pas.

Eponine. Tu ne la connais pas. Le devrais-tu ? Tu notes ce nom dans un coin de ta tête. Tu préfèrerais l’oublier, mais au fond tu sais que ça ne sera pas le cas. Qu’à défaut de l’ignorer tu vas au contraire enquêter sur elle. Il t’explique qu’il ne la connait pas, et tandis qu’il te raconte tout ça tu t’assois dans l’herbe, près du tronc. Tu mets tes jambes en tailleurs et t’emploies à retirer cette épingle qui fixe ton chignon pour laisser tes cheveux flotter dans l’air et retomber en cascade sur tes épaules. Le naturel qui revient au galop. La Aslaug d’avant qui laisse entrevoir quelques sursauts d’agonie, le temps d’une soirée et de confidences quant au bon vieux temps passé. « Elle comprendra qu’elle a de la chance quand elle découvrira l’homme qui se cache derrière son armure et son soi-disant cœur de pierre. » La tête qui pivote et qui se tord pour observer les hauteurs. Pour le sonder lui, tandis qu’un sourire énigmatique se dessine sur tes lèvres. Javier est une bonne personne, quoi qu’il en pense. Il saura la rendre heureuse, t’en es persuadée. Car n’es-tu pas une des mieux placées pour le savoir ? Le cœur qui finalement se serre quand il prétend qu’il n’y a plus personne d’autre. Car oui, fut un temps, il y a eu. « Est-ce que si tout était à refaire, tu referais pareil ? que tu souffles dans un murmure, quittant son regard pour cueillir une pâquerette à côté de toi que tu tournes et retournes plusieurs fois, pensive. » Parce qu’il faut que tu saches. Quand bien même quelque soit la réponse tu sais qu’elle ne te plaira pas.  
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