Des bruits étranges résonnaient dans le grand appartement des Leander. Etranges pour ceux qui ignoraient à quelles activités s’adonnait la grande prêtresse de Gwelnaur. Loin de la capitale aujourd’hui, mais s’y rendant tout de même très régulièrement, elle s’était enfermée dans sa petite pièce. Oh, n’ayez pas de pensées lubriques … Ce n’étaient certainement pas des bruits de gémissement puisque la seule personne de fournir correctement ce genre de chose à Hera n’était pas encore rentrée … Non, il s’agissait de bruits très distincts, comme si on tapait un marteau contre de l’argile. Et ce n’est qu’en s’approchant de la grande table au centre de cette pièce qu’on peut enfin apercevoir la grande prêtresse, pilon et mortier à la main, réduisant quelques herbes pour enfin les incorporer dans une sorte de chaudron, mis sur le feu.
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J’ignorais quand il rentrerait, ni même s’il rentrerait ce soir. J’avais passé une partie de la journée à tenter quelques expériences sur les rats que j’avais été attrapée dans le marais. D’ailleurs, une de mes expériences avait marché à ravir … Une goutte et la bête était tombée raide morte. Je ne m’étais alors pas gênée et j’étais allée déposer le cadavre sur le paillasson de la vieille Nanny, qui me regardait constamment de travers et qui me balançait des insultes dès qu’elle pensait que j’étais trop loin pour l’entendre. Mais elle ignorait évidemment que je n’étais pas aussi sourde qu’elle. J’espérais d’ailleurs au fond de moi que son petit roquet, tout aussi hideux qu’elle, prendrait plaisir à déguster le piège que j’avais laissé …

Remontant dans mes appartements, je pris soin de noter, comme je le faisais toujours mes observations de la journée. C’était une pratique courante, tant pour mes expériences que pour mes rencontres. D’un côté de mon grimoire dorée, on trouvait tout ce qui concernait les potions et les diverses remarques de mes tentatives, foireuses ou réussi, et de l’autre côté, une page par personne connue et rencontrée. Même mon cher mari avait sa propre page. D’ailleurs, en parlant de mari ...

J’entendis la porte claquer, puis des bruits langs. J’entendis également le bruit d’une armure entrer en contact avec le bois de la table. Durant quelques secondes, je restais immobile, savourant tout ce que je pouvais ressentir en moi. Je le savais, j’allais aller le rejoindre. Ce que j’ignorais, c’était ce qui allait se passer … Tout pouvait arriver avec nous. Nous nous détestions autant que nous nous adorions. Avec nous, la frontière entre l’amour et la haine n’avait jamais été aussi fine. Et j’aimais ça. J’aimais le fait d’entrer et de le savoir trésaillir. J’aimais le fait de le savoir jaloux. J’aimais le fait qu’il ressente ce besoin de moi autant que je ressentais la réciprocité.

Je l’adorais ...

J’entendis alors sa voix, tandis que je marchais pour le rejoindre. Il avait entendu ma présence, aussi discrète soit-elle. Je m’arrêtais alors, fouillant dans mon attirail. Evitons les aiguilles de faiseuse d’anges, il n’y résisterait pas … Quant au vin …

”A moins que tu n’aies perdu tes deux jambes, il me semble que tu peux tout de même saisir la coupe et la bouteille qui se trouvent sur la table … Et si tu ressens le besoin d’avoir une bonne, je suis persuadée que Talia te trouvera une de ses putains pour te servir à boire.”

Mes talons résonnent à présent sur la pierre. Je n’ai nul besoin d’être discrète maintenant, et, tandis que je m’approche de la salle, je le vois partir dans la pièce réservée à la toilette. Je fronce les sourcils, dans son dos, refusant de lui montrer directement une quelconque inquiétude.

”Ou alors tu deviens de moins en moins rapide … Ce qui est pratique, avec la manipulation des esprits faibles, c’est que l’âge ne fait que renforcer l’expérience … Toi … Tu ne vas que dépérir au fil du temps, au point de ne plus être utile à rien ...

Je le vois ôter sa chemise et une chaleur s’installe en moi. Bon sang qu’il est désirable … Je m’imagine un instant … Non, je reprends mes esprits, et je m’approche de lui, faisant courir mes longs doigts fins et froids le long de son dos.

”Tu veux peut-être que j’insenbilise la zone … A ton âge, mieux vaut ne prendre aucun risque ...”

Sourire moqueur qui s’installe sur mon visage, tandis que je remplace mes doigts par mes lèvres et que je mordille légèrement le morceau de peau à ma portée.

Pando