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crimson sins - Azran



 
Ouvre la porte.
« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »

Pierre Bottero dans La Huitième Porte.
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 crimson sins - Azran

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Melinoë Kaedwen

Melinoë Kaedwen
shieldmaiden of gwelnaur
« she's the angel of small death »


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE :
crimson sins - Azran 5cad09c4251821e6bc8c2882013fbf3317c1b046
¶laylist

I want to fall from the sky like rain and remain forever in a place where I belong.

crimson sins - Azran Gwelna10
The land teems with bitter ghosts dead from war, sick or starved, and fallen where they stood. A curse, you say? This world is a curse.

LES PARCHEMINS : 110
L'AME : Alienor Romanova
LE REGARD : Camilla Christensen
LE SANG : Gwelnaur
LE FEU : Mariée à l'indifférence, maîtresse du silence.
LE DESTIN : Noblesse guerrière, sanglante cavalière.
LES ROSES : 3167
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crimson sins - Azran EmptyDim 19 Avr - 23:57


( crimson sins )

And we are all, in the end, slaves to our family's wishes.

Un sentiment de paix qui résonne comme une vague trahison au cœur gwelnaurien qui ne vit que pour la ténébreuse conquête de tout ce qui respire. Un palpitant qui s'est déclaré vaincu dès lors qu'il a senti son propre écho dans les cris silencieux d'un nouveau né. Comme si l'enfant avait plongé ses mains minuscules dans la poitrine maternelle pour le capturer et ne plus jamais lui rendre une liberté dont il n'avait pas conscience. Jusqu'alors Noë avait cru ce dernier tout entier volontairement assujéti à son royaume et à sa famille. Ce besoin féroce de protection nouvellement éprouvé lui avait montré à quel point elle s'était fourvoyée. Son fils passerait avant toute chose désormais.
Malgré tout, elle n'oubliait pas qui elle était, et ce qu'il adviendrait de lui. Un jour il devrait porter l'ancestral fardeau de tous les Elrohir. Car s'il n'en portait pas le nom, il en possédait le sang et le tempérament. Elle devait le préparer à cet avenir comme elle devait le préparer à la dureté de leur univers qui ne lui pardonnerait pas ce qu'elle-même avait aussi jugé comme une faiblesse. Si elle savait comment le faire, elle lui expliquerait qu'il n'en est rien mais que le reste du monde s'acharnerait à lui jeter le contraire à la figure. Qu'elle ne l'en aimait pas moins mais c'était là la raison pour laquelle elle pouvait se montrer parfois si dure. Mais comme ils n'avaient jamais eu besoin de mots pour se comprendre, elle aimait à croire qu'il le savait mieux qu'elle n'aurait jamais su user d'eux pour le lui faire entendre.

Son père s'occuperait du combat à l'épée. Après tout elle pouvait lui reconnaître qu'il était meilleur qu'elle dans ce domaine. Mais pour ce qui était des chevaux, elle ne laisserait personne d'autre lui enseigner quoi que ce soit.
Aujourd'hui, il avait eu droit à la même première leçon que le père de Melinoë lui avait donnée au même âge. Expérimenter la chute, et dans la douleur, assimiler à jamais le respect d'une créature capable de nous tuer, mais qui choisira de ne pas le faire.
Contrairement au patriarche, elle n'eut pas besoin de prononcer les mots qui l'avaient forgée. Et c'était dans de tels moments qu'elle réalisait que son fils était fait d'un métal plus solide que le sien. Si elle s'était empêchée de tressaillir au bruit sourd du petit corps percutant le sol, sa fierté s'était montrée moins farouche quand il s'était relevé de lui-même pour remonter sur l'étalon.

Quand ils en avaient fini, elle l'avait enjoint à écrire à son père, et elle en avait fait autant pour l'informer des progrès de leur fils. L'amour qu'ils ressentaient pour lui était bien le seul qui les liait Beren et elle. Noë n'avait jamais attendu autre chose que le partage de leurs valeurs communes. Pour des personnes de leur rang, il ne fallait pas escompter sur des sentiments plus dévorants que leur besoin de conquête et de batailles. C'était bien ainsi qu'elle avait été éduquée. Mais dans leurs moments d'intimité partagés, elle n'avait jamais eu d'autres sensations que celle de mal de faire, aucune autre certitude que celle de ne pas être assez. Et elle avait toujours gardé pour elle cette odieux relent de faiblesse.

Libérée de ses devoirs de mère et d'épouse elle avait sellé sa jument. Si personne n'avait osé, elle savait qu'ils étaient nombreux à ne pas comprendre son attachement à cette dernière. Likhoï, aussi noire que sa cavalière était blonde, était née avec un seul œil. Et c'était pour cette raison que Melinoë l'avait choisie. Ne pas le faire aurait été un reniement de l'enseignement qu'elle donnait à son fils. Jusqu'à aujourd'hui elle n'avait jamais eu à le regretter. Elle savait qu'avec elle, elle pouvait chevaucher les yeux fermés. Likhoï connaissait le domaine par cœur. Et après tout, Noë l'avait bien dressée.
Vêtue comme un écuyer et de sa cotte tressée de cuir, ses longs cheveux nattés, elle l'avait faite trotter tranquillement pour s'éloigner du corps principal des écuries. Puis elle avait lâché la bride.
Savourant la morsure du froid retrouvé, ses joues s'arrondissent dans un sourire dénué de toute réserve. C'est une joie féroce qui se dessinne, s'amplifie et communie avec ce paysage qui défile, s'étire pour n'être plus qu'un maelström de couleurs et d'obscurité qui se confondent. Il n'y a alors plus que l'horizon qui se détache. Ce chant de sirène semblable à la promesse d'une liberté et d'une chevauchée qui ne connaîtraient pas de fin.

Mais le devoir n'est jamais loin.

- Ma dame, un écuyer a aperçu un rôdeur près des écuries sud, souhaitez-vous que j'envoie une patrouille s'en charger ?
- Ce ne sera pas la peine. Faites seulement en sorte qu mon fils ne sorte pas.
- Bien ma dame.

Sitôt de retour, elle était repartie dans la direction indiquée. Laissant sa jument à une distance respectueuse, elle avait cherché des empreintes de pas qui n'étaient pas censées se trouver là, menant effectivement aux écuries. Elle y découvrit un cheval qui n'aurait pas dû y être non plus, une magnifique créature à la robe sombre qu'elle caresse du dos de la main, à laquelle une lumière aurait rendu plus de justice. N'en apercevant pas le cavalier, elle n'en doute pas moins de sa présence. Un regard perçant l'obscurité duquel elle n'est pas cachée. Melinoë a appris il y a longtemps à jouer de son allure éthérée pour apparaître inoffensive. Pour pousser le profane à se demander comment un tel corps ne ploie pas sous le poids de son épée.

- Vous savez, il est communément admis de demander l'hospitalité des maîtres des lieux quand on décide de pénétrer leurs terres pour y passer la nuit.



( Pando )
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Azran Surion

Azran Surion
Le Requin
« Me, myself and I »

LA PROPHETIE :
LES PARCHEMINS : 102
L'AME : V.
LE REGARD : Toby Stephens.
LE TEMPS : 45 ans.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères.
LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur.
LE PACTE : L'Ordre du Poisson.
LES ROSES : 3309
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crimson sins - Azran EmptyLun 20 Avr - 14:59


Le fier cavalier qui avait quitté Til Garhyt avec le sourire au matin n’était plus. Pour être honnête, il avait suffi qu’il ait le dos tourné pour que tout entrain quitte son visage. Et les heures qui passèrent avec les lieues n’insufflèrent aucune vie supplémentaire dans ce visage qui n’affichait plus aucune joie, même passagère. Azran était fatigué. Si épuisé. Son dos était rond, ses épaules affaissées, sa tête ne combattait plus la gravité. Ses yeux étaient fermés, cachés derrière le rideau de ses cheveux détachés qui se balançaient au rythme des sabots de son destrier. Il ne croisa personne sur la route, à moins que personne n’ait osé l’approcher. Il laissait son cheval le guider, fière bête habilement dressée, à qui l’on avait appris à suivre les routes sans le besoin d’être dirigé. La main presque inanimée du cavalier caressait l’encolure de la monture avec une lenteur frustrante à observer. Un si bel animal devait avoir un nom digne des plus grands. Mais Azran ne le connaissait pas. Il ne l’avait jamais demandé.

Lorsque le Requin releva la tête, le soleil était en train de décliner dans le ciel, et sa destination n’était toujours pas à portée. Peut-être que s’il continuait, il finirait par atteindre sa destination aux heures avancées de la nuit. Pour un preux chevalier, ce trajet ne serait probablement qu’une balade de santé. Mais lui n’était pas un habitué de la selle, et l’aisance qu’il pouvait montrer lorsqu’il montait n’était toujours qu’une façade qu’il lui était impossible de garder sur de longues durées. Il était un marin, un pirate. Peu de personnes vivantes pouvaient se targuer d’être aussi à l’aise que lui en mer. Alors il pouvait bien laisser aux terrestres leurs capacités extravagantes, leur communion avec leurs animaux. Lui, c’étaient les flots qu’il chevauchait. Lui, c’était avec son navire qu’il communiait.

Des signes de civilisation commencèrent à se dresser çà et là autour de la route. Des signes d’activités, diverses constructions humaines. S’il continuait, il trouverait certainement des habitations aux portes desquelles aller toquer, des humains chez qui demander l’hospitalité. Mais les humains, il en avait assez. Tirant sur les rennes, Azran invita le cheval au nom inconnu à quitter la route pour frapper de ses sabots puissants la verdure environnante. Il était à la recherche de n’importe quoi de simple, en retrait. Un toit pour passer la nuit où l’on ne viendrait pas le déranger. Et ce petit coin de paradis, il finit par le trouver. Il s’agissait d’une écurie. Visiblement entretenue, elle ne devait pas être abandonnée. Pour autant, elle était vide. Un sourire las apparut sur le visage du pirate, un bonheur relatif redressant ses épaules. Il ne restait qu’à espérer que personne ne passe pour la soirée. Le lendemain, dès l’aube, il serait parti. L’homme au pied marin mit ce pied à terre, et saisit les rennes de l’animal à sabots pour l’entrainer avec lui dans l’écurie. Là, il le déchargea de sa selle, et le libéra de son harnais. Il s’empara ensuite du tapis de selle pour aller l’étendre dans la paille, en ayant bien veillé au préalable de nouer une corde autour du cou de l’étalon, assez ample pour le laisser respirer sans pour autant lui donner l’opportunité de s’en échapper, pour l’attacher à un piquet. S’agenouillant dans la paille, le rouquin replia le tapis de selle prédisposé, et se retourna pour s’allonger, y plaçant sa tête comme sur un oreiller.

S’il s’était sans nul doute assoupi, il était difficile de savoir si c’était l’arrivée d’un visiteur qui l’avait réveillé ou autre chose. Toujours étendu dans la paille, les bras croisés sous sa nuque, il avait entendu les pas qui s’approchaient, jusqu’à entrer. En une autre journée, il aurait été plus réactif. Il se serait levé, aurait tiré son épée, aurait attendu dans l’ombre afin d’avoir une certaine supériorité. Mais il ne s’agissait pas d’une telle journée. Bien qu’il fut éveillé, ses yeux étaient toujours fermés. Il se fiait à son ouïe pour tenter de visualiser qui était arrivé. Il suivait son parcours aux sons qui en émanaient, jusqu’à ce qu’enfin une phrase lui soit adressée. « Vous savez, il est communément admis de demander l'hospitalité des maîtres des lieux quand on décide de pénétrer leurs terres pour y passer la nuit. » Un sourire de circonstance se forma sur ses lèvres. Il aurait aimé qu’elle ne fasse que passer son chemin. « J’espérais pouvoir esquiver les mondanités qui accompagnent souvent de telles demandes. J’en suis fatigué. » Le Requin ouvrit les yeux. Il la vit, pâle silhouette dans l’obscurité. Il aurait pu la confondre avec un fantôme si elle n’avait pas eu les cheveux couleur des blés. Le vieux loup de mer grogna brièvement tandis qu’il se redressait. Lorsqu’il fut enfin debout, il s’accorda un instant pour l’observer. Elle était à croquer, bien que son esprit éreinté ne daigna pas pousser la réflexion plus loin. Ce qui attira son attention, en revanche, c’était l’imposante épée dont la garde dépassait de derrière ses épaules. Un moment de plus s’écoula, durant lequel Azran échangeait avec sa propre hésitation. Et enfin, il s’accorda qu’étant acculé et dans l’état dans lequel il était, ses possibilités n’étaient pas nombreuses. Il s’avança donc dans la lumière pour se révéler à son invitée. À moins qu’il n’ait été le sien. « Ce monde parle trop, et moi aussi. Je cherche juste le silence pour m’en reposer. »
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Melinoë Kaedwen

Melinoë Kaedwen
shieldmaiden of gwelnaur
« she's the angel of small death »


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE :
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I want to fall from the sky like rain and remain forever in a place where I belong.

crimson sins - Azran Gwelna10
The land teems with bitter ghosts dead from war, sick or starved, and fallen where they stood. A curse, you say? This world is a curse.

LES PARCHEMINS : 110
L'AME : Alienor Romanova
LE REGARD : Camilla Christensen
LE SANG : Gwelnaur
LE FEU : Mariée à l'indifférence, maîtresse du silence.
LE DESTIN : Noblesse guerrière, sanglante cavalière.
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crimson sins - Azran EmptyMer 22 Avr - 7:11


( crimson sins )

And we are all, in the end, slaves to our family's wishes.

Melinoë savait ce que le reste d'Elenath pensait de ce royaume clos qui était le leur ainsi que de ses habitants. Pour tous ils n'étaient qu'un peuple de sauvages belliqueux enclins à la guerre et à la violence comme unique moyen de résoudre toute situation. Ils n'avaient pas tort pour l'essentiel. Elle était suffisamment réaliste pour le reconnaître. Elle-même avait élevée ainsi. Sous le toit de cette vaste et sombre demeure, elle n'avait connu pourtant aucune terreur. Rien que celle qu'elle devait être capable d'insuffler en chaque ennemi de Gwelnaur. Sentiment dont l'étreinte viendrait noircir leur cœur. Organe nécrosé que l'amazone viendrait arracher d'un coup de lame.
Dans une main une plume, dans l'autre, une épée. Très tôt à la violence elle avait été initiée. Bercée de leçons de maintien comme de stratégies militaires. Théorie en introduction pour la douleur en corollaire. Elle avait appris qu'elle n'était qu'une autre créature à dompter, à éprouver pour ne plus la craindre. Qu'il fallait soi-même s'en laisser apprivoiser pour pouvoir la maîtriser et mieux la dispenser.
La gamine ne s'était jamais rebellée. Elle en avait saisi l'essentiel nécessité. Au pied du trône de Gwelnaur il y avait toujours eu un Elrohir pour le protéger, de ses ennemis comme de lui-même. Et si elle avait un frère ainsi qu'une autre sœur, ce rôle serait surtout le sien, en tant qu'aînée. La jeunesse avait courbé l'échine sous la charge d'un devoir centenaire qu'elle avait moins perçu comme telle, que comme un honneur à faire perdurer.

Mais les gwelnauriens n'étaient pas que cela. Ils ne pouvaient être que cela, sinon comment perpétuer. Ils vivaient dans une dureté d'où pouvait s'exempter la cruauté. Cédant un peu de place à la douceur, à la joie et l'amour. Des siens et d'un royaume dont l'éternelle noirceur n'en était que l'immense face cachée. Au diable ceux qui se laissaient bercer par les fariboles de bardes contant un sentiment trop lisse. Ici mieux qu'ailleurs, on savait qu'il n'en était pas ainsi, qu'il n'était pas que cela. On avait conscience des sacrifices qu'il pouvait exiger. Les sentiments étaient vécus pleinement, ou ne l'étaient pas du tout. C'était un royaume de l'absolu dans un manichéisme de façade.
L'inflexible Noë l'était donc par l'existence et non par cette essence que l'on associait volontiers aux habitants de Gwelnaur. Un trait de caractère tempéré par la raison. Voilà pourquoi elle n'avait pas directement sauté à la gorge de l'impudent qui avait osé s'introduire sur ses terres. Elle lui avait laissé le bénéfice du doute alors qu'elle aurait été en droit de ne pas le faire.

- J’espérais pouvoir esquiver les mondanités qui accompagnent souvent de telles demandes. J’en suis fatigué.
- Voilà qui est dommage. Son regard avait l'espace d'un instant abandonné l'examen de l'animal pour se porter vers ce coin d'obscurité d'où la voix avait surgi sans heurt. Si la maîtresse de maison avait été de bonne humeur, elle vous aurait offert un repas en plus de son toit. Pour vous et pour votre monture.

L'humour était un langage qu'elle ne maîtrisait pas vraiment. Le sien était plutôt pince-sans-rire, ce qui faisait qu'il était difficile de savoir quand elle plaisantait ou non. Parfois, même elle ne s'en rendait pas compte.

Elle reporta son attention sur le cheval. Tout en le caressant, c'était à un examen qu'elle s'était adonnée. Évaluant au mieux son âge, appréciant son gabarit. Elle tentait de se faire une idée de la distance qu'il avait pu parcourir. Toujours attentive à l'intrus, elle entendit des pas lourds piétiner la paille. S'en suivit un temps de latence, où l'espace de quelques secondes, régna de nouveau le silence. Elle ne le pressa pas, préférant rester maîtresse de son cour comme de la situation.

- Ce monde parle trop, et moi aussi. Je cherche juste le silence pour m’en reposer.
Elle ne pouvait qu'être d'accord avec une telle affirmation. Cependant...
- Un cavalier solitaire, et pourtant en quête du silence... Le monde ne nous oblige pas à parler si nous ne le souhaitons pas. Si c'est vous qui parlez trop alors, vous ne trouverez pas de silence ici plus qu'ailleurs, puisque vous ne lui accordez pas de place.

Tout en parlant, elle avait fini par se détacher de l'animal, avançant un peu plus dans la large allée qui séparait les deux rangées de boxs. Alors enfin daigna-t-elle dévisager l'homme comme si elle se décidait à peine à remarquer sa présence. Dans la lumière de la lune, il ne lui sembla pas d'un gabarit propre à un oisif, mais il était à peine plus grand qu'elle. Son cheval lui avait semblé avoir parcouru moins de kilomètres que ne le laissait penser son visage masqué par quelques cheveux tombants.
Entre le moment où il avait été repéré par un écuyer et celui où elle était arrivée, il ne s'était pas passé énormément de temps. Pourtant elle avait cru entendre une voix bercée par quelques accents de sommeil. Mais cela ne voulait rien dire. Il avait pu changer de cheval en cour de route. Tout comme il pouvait être soumis à indisposition passagère ou liée à son âge.

Toujours enveloppée de son habituelle attitude nonchalante, elle laissa ses yeux traîner sur une silhouette enveloppée de vêtements qui n'étaient pas ceux du commun sans être extravagants. Ses grands yeux s'arrêterent sur une large lame courbe qu'il portait au côté, avant de venir soutenir les siens.

- Voilà une arme bien inhabituelle pour un cavalier.



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Azran Surion

Azran Surion
Le Requin
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LA PROPHETIE :
LES PARCHEMINS : 102
L'AME : V.
LE REGARD : Toby Stephens.
LE TEMPS : 45 ans.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères.
LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur.
LE PACTE : L'Ordre du Poisson.
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crimson sins - Azran EmptyJeu 23 Avr - 22:16


« Voilà qui est dommage. Si la maîtresse de maison avait été de bonne humeur, elle vous aurait offert un repas en plus de son toit. Pour vous et pour votre monture. » De toute évidence, elle n’avait pas compris ce qu’il voulait dire, ou n’avait pas voulu comprendre. Peu importait, au fond. Il n’était pas à la recherche d’un repas, ni intéressé par la bonne humeur de la maîtresse de maison. Il cherchait du calme. Il cherchait la solitude. C’était ce qu’il essayait de véhiculer comme message, pourtant elle ne sembla pas le comprendre, celui-ci non-plus. « Un cavalier solitaire, et pourtant en quête du silence... Le monde ne nous oblige pas à parler si nous ne le souhaitons pas. Si c'est vous qui parlez trop alors, vous ne trouverez pas de silence ici plus qu'ailleurs, puisque vous ne lui accordez pas de place. » Azran soupira, d’un soupir las. Il avait la sensation que ses cernes se creusaient alors même qu’ils parlaient, alourdissant inconfortablement son visage. « Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, ma Dame, mais d’après ce que vous me décrivez j’adorerais le visiter. Le mien n’est pas aussi obligeant avec les muets. »

Le Requin suivit l’importune du regard tandis qu’elle s’avançait vers lui. La proximité lui permit de la détailler un peu plus, confirmant ce qu’il lui avait bien semblé remarquer. Elle était belle, mais pas que. Elle avait certains traits qui la feraient ressortir dans une foule, notamment ces lèvres pulpeuses auxquelles on avait envie de goûter, et ces grands yeux qui semblaient capables à eux seuls de le déshabiller. Pas que l’idée le gênait. En un autre jour, dans un autre état d’esprit, il aurait certainement tenté une autre approche. Seuls dans cette étable, sans la moindre habitation à portée de vue, avec ce foin juste à disposition, qui avait été si confortable qu’il s’y était involontairement assoupi. D’autant que l’intérêt immédiat qu’elle avait accordé à sa monture et la tenue qu’elle portait semblaient indiquer qu’elle savait chevaucher. Elle devait être une écuyère du domaine, sans doute. Quelle glorieuse compagnie elle aurait été pour lui, et quelle nuit mémorable ils auraient pu partager. Si seulement il avait été mieux disposé.

« Voilà une arme bien inhabituelle pour un cavalier. » Machinalement, la main du pirate se plaça sur la garde de son sabre. Il pencha la tête sur le côté, lui offrant un regard blasé accompagnant le pincement de ses lèvres. « Et voici une arme bien inhabituelle pour une femme. Sommes-nous vraiment partis pour nous juger ? À moins que ce ne soit le fer que vous cherchiez à croiser. » Malgré les paroles qui auraient pu être interprétées comme une menace, Azran ne dégaina pas sa lame. Il ne fit d’ailleurs aucun geste agressif à l’égard de la blonde fantomatique. Au contraire, sans la quitter des yeux, il tira sur la boucle de sa ceinture pour la défaire, libérant ainsi ses hanches du poids de l’arme qu’il retint à la main par le fourreau. « Écoutez, je n’ai ni besoin d’un repas, ni d’un toit autre que celui-ci. Je partirai dès l’aube, et je peux vous assurer que vous n’aurez pas à vous soucier de ma présence. » De sa main libre, il vint se frotter les yeux, puis fit demi-tour pour retourner dans l’ombre d’où il avait émergé. La lame, le fourreau dans lequel elle était rangée et le ceinturon dont il se servait pour l’accrocher s’enfoncèrent dans le foin avec un bruit mou, tandis qu’il retirait déjà son manteau pour pouvoir l’utiliser comme une couverture. « Je comprendrais que vous décidiez de prévenir la maîtresse de maison, mais entre nous je vous assure que vous pouvez vous passer de la déranger pour si peu. » Le Grand Capitaine avait été très tenté d’ajouter comme argumentaire qu’il n’était pas un homme dangereux, mais il s’était ravisé. Mentir, il savait le faire. Diablement bien, d’ailleurs. Mais tout de même… il y avait des limites à ne pas dépasser.
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Melinoë Kaedwen

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Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
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The land teems with bitter ghosts dead from war, sick or starved, and fallen where they stood. A curse, you say? This world is a curse.

LES PARCHEMINS : 110
L'AME : Alienor Romanova
LE REGARD : Camilla Christensen
LE SANG : Gwelnaur
LE FEU : Mariée à l'indifférence, maîtresse du silence.
LE DESTIN : Noblesse guerrière, sanglante cavalière.
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crimson sins - Azran EmptyVen 24 Avr - 6:44


( crimson sins )

And we are all, in the end, slaves to our family's wishes.

- Je ne sais pas dans quel monde vous vivez, ma Dame, mais d’après ce que vous me décrivez j’adorerais le visiter. Le mien n’est pas aussi obligeant avec les muets.
L'importun usait de ses mots avec une terrible justesse dont il n'avait même pas conscience. Des mots que la réalité lui avait assénée il y a quelques années comme une terrible sentence. Elle aurait pu s'en accommoder si cela n'avait concerné qu'elle, mais au clair de cette vérité elle en perdrait sa prunelle. Autour d'elle la toute nouvelle mère avait rebâti sa vie entière, féroce Gaïa veillant sur son unique astre solaire. Elle lui avait offert un monde où son silence résonnait comme une évidence pour le préparer à celui qui ne lui laisserait aucune chance. Elle-même s'y sentait à sa place mieux qu'ailleurs. Et quand ses devoirs l'appelaient à le quitter, elle se ressentait comme une observatrice extérieure, d'un monde dont elle possédait les codes sans en éprouver le besoin de l'intégrer. Noë n'avait jamais compris le nécessité qu'avaient les courtisans de se perdre dans ces babillages incessants. Étaient-ils effrayé par un silence qui les laisserait seuls face à eux même et dont ils ne savaient que faire ? Ou bien étaient-ils si charmés par le son de leur propre voix qu'ils en avaient oublié comment se taire ?
Elle ne s'attardait guère sur la question, préférant retrouver sa vie de sauvage dans son sens le plus strict, loin de la civilisation. Ne pouvait-il en faire de même ?
- Vous devriez peut-être penser à en changer.

La lassitude évidente de son invité ne rendait pas l'hôte plus clémente. Et la façon dont il la dévisageait désormais ne lui donnerait certainement pas envie de se montrer plus civilisée. L'impudent osait prendre son temps. L'observant. La détaillant comme si elle était à sa disposition le temps de quelques trop longues secondes. Temps suspendu au cours duquel l'équilibre des pouvoirs s'était légèrement renversé. Et elle en était déstabilisée Noë. Plus habituée à trouver dans les yeux des hommes un respect dû ou mérité. Une tendre mais insurmontable distance par son mari imposée.
Elle était bien des choses l'amazone. Une guerrière affirmée. Une mère dévouée. Une épouse éprouvée, dont jamais le mari ne l'avait regardée ainsi. Ni au début, ni maintenant ni jamais. Mais il y avait si longtemps qu'on ne l'avait regardée pour le simple fait d'être une femme, qu'elle oubliait parfois en être une. Au cinglant silence de cette repartie, elle n'en avait aucune à offrir. Tout autant déstabilisée de ne pas l'être davantage.

- Et voici une arme bien inhabituelle pour une femme. Sommes-nous vraiment partis pour nous juger ? À moins que ce ne soit le fer que vous cherchiez à croiser.
AH.
Ça, par contre, ce n'était pas la première fois qu'elle y était confrontée. Si en Gwelnaur plus qu'ailleurs les femmes pouvaient choisir de se battre comme elle l'avait fait, il y avait encore quelques imbus de leur supposée supériorité pour sortir d'aussi plates inepties.
- Ce n'était pas un jugement mais un constat. C'est un choix d'arme peu courant. Sauf pour un militaire, mais vous n'en avez pas l'allure. Ce n'est surement pas un ornement d'apparat, sinon vous ne vous en seriez pas encombré pour ce voyage. Cette arme vous est donc importante, pour quelques raisons que ce soit. Ma remarque était de fait plus une question dissimulée... Quel genre d'homme qui ne fait partie d'aucun corps de l'armée se promène avec un sabre ?
Prémices de réponse pour une amoureuse des certitudes. Contenance retrouvée sur un terrain connu. Alors de quelques pas encore, elle s'était avancée vers l'intrus. Sa silhouette presque éphémère dans la lunaire lumière. Toujours nonchalante. Jamais menaçante.
- Deux choses seulement pourraient me donner envie de croiser le fer. Que vous soyez un ennemi du royaume. Ou simplement vous rosser pour votre stupidité.
Son ton était aussi peu agressif que celui du voyageur. Elle parlait presque toujours ainsi. Il était rare qu'elle hausse le ton. Elle s'était toujours exprimée à voix basse, pour ne pas brusquer le silence.

Mais la voilà qui s'égare encore un peu. Malgré elle. Suivant les gestes de l'inconnu. Abandonnant là le bleu perçant pour s'attarder le temps d'un battement de cil sur les hanches offertes à ses yeux. Cet homme est une menace. Son instinct le lui hurle. Mais elle ne sait pas encore pourquoi. Elle ne sait pas encore à quel point.
- Écoutez, je n’ai ni besoin d’un repas, ni d’un toit autre que celui-ci. Je partirai dès l’aube, et je peux vous assurer que vous n’aurez pas à vous soucier de ma présence.
Regard lésé par cette confiance exsudée. Il s'est détourné, abandonnant là la petite créature dérangeante pour son repos. Incapable d'éveiller plus qu'un intérêt passager. Encore une chose à laquelle elle est habituée.
- Je comprendrais que vous décidiez de prévenir la maîtresse de maison, mais entre nous je vous assure que vous pouvez vous passer de la déranger pour si peu.
- Elle sera certainement ravie de l'intérêt que vous portez à son sommeil, bien plus que je ne porte au votre. Aussi, si je ne compte pas la réveiller, je suis encore moins disposée à quitter les lieux tant que vous vous y trouverez. Il vous faudra donc souffrir de ma présence encore un peu.



( Pando )
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Azran Surion

Azran Surion
Le Requin
« Me, myself and I »

LA PROPHETIE :
LES PARCHEMINS : 102
L'AME : V.
LE REGARD : Toby Stephens.
LE TEMPS : 45 ans.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères.
LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur.
LE PACTE : L'Ordre du Poisson.
LES ROSES : 3309
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crimson sins - Azran EmptyVen 24 Avr - 19:03


« Vous devriez peut-être penser à en changer. » Le pirate souffla du nez, un sourire amusé trônant sur son visage. Mais ses yeux ne véhiculaient aucunement ce sentiment. Ses lèvres se murent, prêtes à laisser sortir une réponse qui ne fut jamais prononcée à voix haute : si seulement je le pouvais. Il aurait aimé, le Requin, s’engager dans une telle conversation. Peut-être qu’elle l’aurait écouté. Ou peut-être pas, à voir comment sa simple présence, ou ses manières, semblaient la déstabiliser. Cette gêne le conforta dans l’impression première qui l’avait pris, celle qu’il ne s’agissait ni du lieu, ni du moment, ni de la personne adéquate pour en discuter. Et ce simple constat suffit à creuser ses cernes juste un peu plus, amplifier son désespoir, et lui faire réaliser que ce lieu, ce moment, cette personne qu’il cherchait pour se décharger n’existaient probablement pas. Dans l’océan de son esprit, il semblait condamné à continuer de dériver, tandis que le radeau de sa sanité ne cessait de s’effriter.

« Ce n'était pas un jugement mais un constat. C'est un choix d'arme peu courant. Sauf pour un militaire, mais vous n'en avez pas l'allure. Ce n'est surement pas un ornement d'apparat, sinon vous ne vous en seriez pas encombré pour ce voyage. Cette arme vous est donc importante, pour quelques raisons que ce soit. Ma remarque était de fait plus une question dissimulée... Quel genre d'homme qui ne fait partie d'aucun corps de l'armée se promène avec un sabre ? » L’attaque verbale qu’elle venait de lui asséner, couplée à l’égarement dans ses songes qu’il s’était lui-même infligé, le laissa un instant sonné. « Ne savez-vous donc pas que les routes ne sont plus sûres ? Est-ce que dans votre monde de silence, vous ne connaissez pas non-plus le danger ? » Il avait à peine réalisé qu’elle s’était rapprochée, pour enchainer : « Deux choses seulement pourraient me donner envie de croiser le fer. Que vous soyez un ennemi du royaume. Ou simplement vous rosser pour votre stupidité. » Le ton qu’elle employait le dérangeait. Ce n’était pas celui de la menace, et pourtant c’était ce qu’elle venait de faire. Elle venait aussi habilement de l’insulter, ce qui pour le coup avait plutôt tendance à l’amuser. Il était prêt à les embrasser, ces deux raisons. Jouer franc jeu, lui accorder que ses propositions étaient toutes deux valides. Lui suggérer d’agir sur le champ en accord avec ce qu’elle semblait prête à accomplir. Mais il ne le fit pas. Il souhaitait calmer le jeu, pouvoir enfin se reposer.

Après s’être défait les hanches du poids de son arme, et libéré les épaules du manteau qui les recouvrait, il s’était rallongé – quoique le terme exact aurait plutôt été "laissé tomber" – dans le foin qui recouvrait le sol de l’écurie. « Elle sera certainement ravie de l'intérêt que vous portez à son sommeil, bien plus que je ne porte au votre. Aussi, si je ne compte pas la réveiller, je suis encore moins disposée à quitter les lieux tant que vous vous y trouverez. Il vous faudra donc souffrir de ma présence encore un peu. » Un ricanement émergea de l’ombre pour parvenir jusqu’à l’écuyère qui souhaitait lui tenir tête. Son sourire, quant à lui, semblait luire dans l’obscurité. « Soyez la gardienne de mon sommeil, alors. Surveillez-moi pendant mes songes. À moins que vous ne préfériez vous occuper de mon cheval, j’ai cru remarquer que vous lui accordiez une attention particulière. » L’intrus remuait dans le foin, de manière presque exagérée, jusqu’à trouver une position confortable. Il se détacha les cheveux, et se réfugia sous son manteau pour toute couverture. « Ou alors vous pouvez me rejoindre. Le foin semble être propre, il est confortable, et il y aura de la place pour tous les deux. Si, bien entendu, nous nous serrons un peu. » Le sourire moqueur s’était offert une résidence permanente sur ses lèvres. Et si lui était couvert par l’obscurité, il n’avait pas quitté la belle au clair de lune des yeux.
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Melinoë Kaedwen

Melinoë Kaedwen
shieldmaiden of gwelnaur
« she's the angel of small death »


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE :
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I want to fall from the sky like rain and remain forever in a place where I belong.

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The land teems with bitter ghosts dead from war, sick or starved, and fallen where they stood. A curse, you say? This world is a curse.

LES PARCHEMINS : 110
L'AME : Alienor Romanova
LE REGARD : Camilla Christensen
LE SANG : Gwelnaur
LE FEU : Mariée à l'indifférence, maîtresse du silence.
LE DESTIN : Noblesse guerrière, sanglante cavalière.
LES ROSES : 3167
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crimson sins - Azran EmptyDim 26 Avr - 16:11


( crimson sins )

And we are all, in the end, slaves to our family's wishes.

C'était terrible un mot. Et c'était peut-être pour cela qu'elle s'était toujours gardée de trop en user. Au-delà du silence tant recherché, elle savait le poids et l'impact de quelques syllabes prononcées. Si elle en avait douté jusqu'alors, leur petite joute aurait achevé de l'en persuader.
Face à l'homme à la langue acérée, il lui semblait qu'entre ses dents, la sienne n'était rien de plus qu'une vulgaire lame émoussée. Elle n'imaginait pas les troubles qui sous la surface s'agitaient. Elle ne voyait pas les risques à aiguillonner les plaies d'un animal blessé. Noë n'éprouvait que ses propres blessures, minuscules mais multiples entailles sous sa chair provoquées.
- Ne savez-vous donc pas que les routes ne sont plus sûres ? Est-ce que dans votre monde de silence, vous ne connaissez pas non-plus le danger ?
- Je suis prête à croire que je saurais en reconnaître un, même si il venait s'égarer dans mon monde silencieux.
Insultes habiles mais inutiles, portés d'estoc avec une simple épée de bois. Ce n'était même plus du terrain qu'elle était en train de céder, mais sur le sien qu'elle se laissait attirer. A mains nues elle y glissait sans rien pour se raccrocher, pour remonter. Elle se laissait attirer par le fond. Bataillant inutilement alors qu'elle avait déjà commencé à se noyer.

- Soyez la gardienne de mon sommeil, alors. Surveillez-moi pendant mes songes. À moins que vous ne préfériez vous occuper de mon cheval, j’ai cru remarquer que vous lui accordiez une attention particulière.
Les codes sociaux elle les connaissait par cœur, mais ce langage d'hommes lui, relevait de la gageure. Et son visage, d'habitude si impassible, s'était ouvert comme un livre dont il n'avait plus qu'à lire sans avoir même à passer entre les lignes. N'était-donc qu'un esprit malin, moqueur, envoyé par les dieux à la faveur de la nuit pour la confesser de ses péchés. Lui faire payer son orgueil en se jouant de ses faiblesses et de ses défaillances de femme. Il ne lui avait fallu que quelques minutes pour les débusquer et s'en amuser, alors qu'elle avait mis tant de temps à les enfouir. Beren n'avait jamais joué de son côté faillible mais lui ne semblait pas enclin à faire preuve de la même clémence.

- Ou alors vous pouvez me rejoindre. Le foin semble être propre, il est confortable, et il y aura de la place pour tous les deux. Si, bien entendu, nous nous serrons un peu.
Bien moins que sincère, il continuait de se moquer, de se gausser de ses incapacités. La pulpe rose se resserre en un pli sévère, comme la chair d'un fruit à l'allure tendre se construit autour du noyau. Déterminée à en contenir l'obsolescence programmée par une amertume propre à vicier sa douceur et infestant déjà son cœur. Melinoë c'est ce trop fragile palpitant qu'elle cherche à protéger. Il est remonté dans sa gorge pour se loger derrière ses dents qu'elle serre à s'en faire mal. Mais elle n'est pas fragile la créature. Elle est guerrière. Elle est terrible. Sur les champs de bataille elle est déesse sanglante. Alors elle le ravale son cœur, avant de le dégueuler sur le sol de ces écuries qui viennent d'en prendre l'allure.
Il veut jouer, le diable moqueur. Il va découvrir que de son jeu, elle peut vite en apprendre les règles. Si les ombres lui sont complaisantes, il verra bientôt qu'elle a déjà gagné sa propre place dans l'obscurité.

Elle vient délier les sangles du fourreau qui étreint sa poitrine. Elle s'en saisit pour le laisser choir dans la paille avec toute la déférence que cette lame mérite. La lune reste témoin, éclairant le parcours de ses doigts courant sur les liens de cuir qui l'enserrent pour mieux la protéger. Elle s'en défait à son tour. Concession imprudente. Elle s'avance alors vers lui, radieuse, frondeuse. Auréolée de sa blonde couronne elle a l'allure d'un ange. Ces créatures mystifiées, à la pureté adorée. Mais quand les dieux se font la guerre, ce sont eux qu'ils envoient se battre dans la fange. Les Hommes l'ont oublié d'avoir trop connu la paix. Elle se fera un plaisir de le leur rappeler. De le lui rappeler.
Ses pas s'arrêtent à sa hauteur. Et elle le dévisage, l'imprudente à l'allure sans pudeur. Comme si elle était soudain prête à se montrer complaisante. Mais l'ange n'est pas encore rédempteur, elle est le vengeur. Sa bouche a retrouvé ses traits tendres, mais sa langue garde encore un peu de cette amertume qu'elle glisse comme du venin dans ses mots.
- La proposition est tentante... Quelle femme saine d'esprit refuserait de rouler dans le foin avec un inconnu à l'allure aussi misérable, en quête de baisers dispensés par une bouche qui n'a rien su faire d'autre que de s'en moquer... Monsieur, je ne sais pas combien de femmes ont accepté de se coucher à vos côtés, mais je les plains pour le peu d'estime qu'elles ont d'elles-mêmes pour l'avoir fait.

Il pouvait faire une croix sur la tranquillité qu'il était venu chercher. Elle était désormais déterminée à ne pas la lui concéder.


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Le Requin
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crimson sins - Azran EmptyMar 28 Avr - 0:29


Azran haussa un sourcil en voyant son interlocutrice porter la main aux sangles du fourreau qui maintenaient cette longue épée dans son dos. Le pirate était tiraillé entre deux idées, et toutes deux l’intriguaient. En avait-elle eu marre de ses affronts, et avait-elle décidé de dégainer pour le sommer à l’aide de son instrument de mort de déguerpir ? Ou bien avait-il aussi aisément triomphé de sa volonté, à l’aide de si simples mots ? L’espadon finit dans la paille, sans être tiré, mais la belle ne semblait pas avoir terminé. Déjà ses doigts attaquaient d’autres sangles, celles de son armure légère. Le Requin était étonné, affichant un sourire confus qui heureusement n’était que peu visible là où il était. L’armure rejoignit la lame, laissant la guerrière sans défense tandis qu’elle s’approchait. L’apparent vainqueur de cette joute verbale ne perdit pas la face, s’assurant bien que lorsqu’elle serait assez proche pour pouvoir le distinguer, elle ne le verrait exulter que de confiance. Mais derrière ce masque qu’il savait si bien porter, le rouquin était sceptique. C’était trop simple, pas mérité. Non-pas qu’il cracherait sur l’opportunité, si réellement elle se présentait. Mais il s’attendait à un peu plus de combativité.

« La proposition est tentante... Quelle femme saine d'esprit refuserait de rouler dans le foin avec un inconnu à l'allure aussi misérable, en quête de baisers dispensés par une bouche qui n'a rien su faire d'autre que de s'en moquer... Monsieur, je ne sais pas combien de femmes ont accepté de se coucher à vos côtés, mais je les plains pour le peu d'estime qu'elles ont d'elles-mêmes pour l'avoir fait. »

Le silence fut la première réponse que la blonde reçut. Un silence long, pesant, tandis que le roux la dévisageait. Malgré la large entrée de l’écurie non fermée, l’air qui les entourait était soudain étouffant, il vibrait. Bien que la brise dehors s’engouffrait dans les feuillages, leurs oreilles ne devaient plus entendre que l’afflux de sang qui cognait dans leurs tempes. Dans cette atmosphère écrasante, il réagit. Quelques petits soufflements de nez, pour commencer. Une simple marque de son amusement face à l’audace qu’elle venait de montrer. Puis le bruissement de la paille remuée par les secouements enjoués qui en résultaient. Bientôt, les secouements devinrent des ricanements inexplicablement dérangeants, comme s’ils n’émanaient pas d’une gorge humaine. Devant cette ange fière qui le défiait de sa lumière, le démon s’amusait dans son obscurité. Son rire sembla durer une éternité, et pourtant la lune qui les surveillait, impuissante spectatrice, n’avait pas bougé. Elle restait là, trônant dans le ciel avec fierté. Comme si elle ne réalisait pas qu’elle était entourée d’une ombre qui menaçait de la dévorer. Une ombre qui avait entrepris de s’approcher.

La paille frémissait sous les pas du monstre. Il s’était découvert de sa couverture de fortune, l’avait laissée de côté et s’était agilement relevé. Sa fatigue, aussi physique que mentale, commençait à teinter son regard de rouge, mais cela l’écuyère ne pouvait pas le constater. Les rayons reflétés par la lune ne révélaient pas son visage, ils s’arrêtaient juste au-dessus de son torse, que sa chemise ouverte dénudait. Celui-ci se soulevait avec une certaine régularité, mais aucun battement ne semblait le secouer. Quelques traces d’encres y étaient visibles, bien que dans cette luminosité, et partiellement couvertes comme elles l’étaient, il était difficile de deviner ce qu’elles représentaient. Ce qui se démarquait, en revanche, c’était cette marque qui barrait l’emplacement où devait être son cœur, s’il en avait. Elle semblait fraîche, comme si elle n’était pas encore complètement cicatrisée. Et pourtant, elle était si bien dessinée que l’on n’avait aucune peine à imaginer qu’elle puisse avoir toujours été là.

« Donc vous ne voulez ni vous battre, commença-t-il en désignant l’épée chue non-loin, ni vous rouler dans le foin en ma compagnie, ni de mes baisers. Vous ne semblez pas non-plus décidée à me laisser me reposer. Alors dites-moi, ma Dame. À part vous laisser m’insulter. Que puis-je faire pour vous être agréable ? Quel est votre souhait ? » Il était impossible de ne pas distinguer le sourire malsain qu’il lui adressait. Et ses yeux, bien qu’elle n’en puisse pas voir la couleur, semblaient briller.
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Melinoë Kaedwen

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crimson sins - Azran EmptyJeu 30 Avr - 3:22


( crimson sins )

I sink into your eyes whenever I'm looking at you.

C'est bien plus que du silence, qui s'éternise. Elle peut le sentir dans l'air. De la même façon que l'été succède au printemps sur ces landes ténébreuses. Les nuages semblent inchangés mais ils n'ont cessé de s'alourdir, alimentés par la colère qui purgent les cœurs et ronge leur semblant d'âme. Et quand ils en sont repus, ils déversent cette ire devenue leur sur ce sol ingrat.
Bien mieux que ces géants nébuleux, la poitrine de l'intrus s'est gorgée d'orages moqueurs. Son éclat de rire gronde comme un tonnerre dans le lointain pour éclater au visage angélique comme un affront qu'elle est prête à saisir. Nourrie par son mépris, elle se fera terre hostile pour l'accueillir.

Il se relève le démon, mais de reculer elle ne se fera pas l'affront. Ils ont presque l'air de ce qu'ils sont, la parfaite antithèse l'un de l'autre. Deux animaux qui se jaugent avant de se sauter à la gorge.
De ce qu'il voit, elle voudrait ne plus se poser la question. Elle voudrait oublier ce ton mesquin, son jugement assassin. Elle refuse de penser à toutes ces petites fêlures qu'il a provoqué et qui l'exposent bien plus que l'absence d'une armure.
Alors elle fait l'erreur de reporter sur lui son attention. Sur ce qu'il concède à ses yeux. Peau offerte, marquée comme un parchemin à la complexe compréhension. De sombres volutes qui se dévoilent à peine pour mieux se dérober sous la blancheur d'un tissus encore immaculé. Appel à une lecture indécente. Surtout il y a cette cicatrice. Trop fraîche. Trop nette. Tracée sans la moindre hésitation sur un emplacement qui résonne comme un châtiment.

- Donc vous ne voulez ni vous battre, ni vous rouler dans le foin en ma compagnie, ni de mes baisers. Vous ne semblez pas non-plus décidée à me laisser me reposer. Alors dites-moi, ma Dame. À part vous laisser m’insulter. Que puis-je faire pour vous être agréable ? Quel est votre souhait ?
Le ton est malicieux, doucereux. Les mots sont susurrés comme une promesse. De celles où seule l'âme serait exigée en juste rétribution. C'est un rappel à l'ordre pour détacher ses yeux du chemin sur lequel ils se sont égarés.

Elle vient de nouveau le soutenir ce regard perdu dans les ombres, dont l'éclat bien moins que clément en dessine les contours. Elle relève le sien sans avoir à redresser la tête, infime concession qu'elle se refuse à faire. Trop farouche. Trop fière. La guerrière ne ploie que devant son roi.
- Qui a dit que je ne voulais pas me battre ?
Ses jointures se resserrent et son poing vient s'abattre sur sa mâchoire comme un frêle esquif s'aventurant en plein ouragan. Qu'il lui ait été audacieux de croire qu'elle avait besoin de son épée pour pouvoir le faire.
Noë savoure la douleur qui vient se répercuter jusque dans ses os. Elle en redécouvre la saveur presque oubliée. Son sourire, aux commissures s'étirent comme deux plaies sous l'acide et vient rompre la façade placide. Il n'y avait bien qu'en effaçant, ne serait-ce que l'espace d'un instant, ce rictus malsain qu'elle ne pouvait gagner le sien. Elle pourrait avoir peur. Elle devrait avoir peur. Mais l'éclair carmin qui a jailli sur sa main a jeté sur son propre sang l'étincelle. Et si aucun battement de cœur ne semblait agiter la poitrine masculine, le sien n'avait pas battu aussi vite, aussi fort depuis longtemps. La surprise vient saisir ses traits d'une sauvage innocence. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas sentie aussi vivante ?

I want to feel the pain and the bitter taste
Of the blood on my lips, again




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Le Requin
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L'AME : V.
LE REGARD : Toby Stephens.
LE TEMPS : 45 ans.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères.
LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur.
LE PACTE : L'Ordre du Poisson.
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crimson sins - Azran EmptyVen 1 Mai - 22:27


Azran la vit l’observer, lui qui s’était presque littéralement mis à nu. Il voyait son regard s’attarder sur son corps découvert, ses pans de peau marqués par l’encre et par le fer, ceux qu’il gardait dissimulés lorsqu’il revêtait une vie qui n’était pas la sienne. Et il aurait pu continuer à le jouer, ce jeu de déception. Le Sire Murphy était une personne respectée, s’il avait décliné cette identité il aurait certainement eu droit à un laisser-passer. Mais elle était parfois un fardeau bien lourd à porter, une combinaison qu’il avait délaissée sur le bas-côté dès lors qu’il avait quitté la cité portuaire. Et puis, malgré sa fatigue, le rôle du démon lui plaisait. Mieux, il lui convenait. C’était une entité qui lui allait comme un gant, qu’il ne savait que trop bien représenter. C’était tout à fait visible au sourire qui déformait presque son visage lorsque l’ange qui souhaitait le défier releva son regard pour croiser le sien.

« Qui a dit que je ne voulais pas me battre ? » Le rouquin haussa un sourcil, surpris par la réponse qui lui était donnée. Il était difficile de savoir s’il n’avait pas vu le coup venir, ou s’il avait volontairement décidé de l’encaisser. Le Requin fit quelques pas en arrière. Sa mâchoire semblait encore vibrer sous l’impact. Il resta quelques secondes immobiles, avant qu’une de ses mains ne remonte masser la zone endolorie, et qu’il ne crache un excès de sang un peu plus loin. Le coup lui avait fait se mordre la joue intérieure. Ce goût métallique éveillait en lui les pulsions qu’il ne savait pas contrôler. Elle avait osé le frapper. Sa langue alla frotter la chair meurtrie, son contact y provoquait des picotements. Elle avait osé le frapper. Le monstre tourna la tête vers son agresseuse, planta son regard dans le sien. Ses lèvres étaient étirées en un sourire malfaisant qui laissait apparaître ses dents sanglantes. Elle avait osé le frapper.

Mais elle restait une femme. Toute écuyère qu’elle était. Toute assaillante qu’elle était. Leann serait scandalisée à l’idée seule que son confident puisse ne fut-ce qu’envisager de porter préjudice à une femme, d’autant plus une femme qui ne faisait que défendre son territoire, tout comme il lui était inconcevable que le noble seigneur soit capable de lever la main sur un enfant. Mais Azran n’était pas Morgan. Des enfants, il en avait une collection dans son placard à atrocités. Quant aux femmes… Son poing la heurta en plein visage, sans crier gare. Une seconde il avait été immobile, et l’observait sinistrement, et la suivante il avait bondi sur elle pour l’agresser. Avec toute la férocité dont il était capable. Sans retenir son coup le moins du monde. Mais il ne s’arrêta pas là. Emporté dans son élan, le Requin plaqua sa proie au mur de l’étable dans un choc qui secoua l’ensemble de la bâtisse. Sa main puissante se referma sur le joli cou fragile, et il commença à serrer, approchant au plus son visage inhumain. « Alors battons-nous. »
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crimson sins - Azran EmptySam 2 Mai - 22:52


( crimson sins )

In the evenings,
I drink the darkness of your eyes

Elle ne recule pas. Le corps bien trop indolent, elle attend. Grisée par ce sentiment presque oublié elle guette, elle espère même, que ce visiteur saura se montrer un adversaire à la hauteur. De son regard azuré, elle le dévore comme un livre qui aurait enfin décidé de s'ouvrir. Elle en regarde la couverture se fissurer. Tomber en lambeaux pour mieux se reconstituer et offrir une nouvelle histoire. Révéler son vrai visage ou exposer un autre masque provisoire. Instinct de survie dérisoire.
C'est au sien qu'il vient offrir une réponse presque méritée. Dans son crâne, la douleur la vrille comme une vieille amie rancunière d'avoir été délaissée. Bien plus preste qu'il n'en avait l'air quelques minutes plus tôt, il ne lui laisse pas le temps de réagir. Sous l'impact, son corps expulse toute l'oxygène présente dans un souffle appuyé. Et il lui offre le sien comme un rempart, comme la porte d'une cage qui viendrait sur elle se refermer.

- Alors battons-nous.
La main enserre son cou comme défiant l'air d'oser à nouveau pénétrer son corps a l'apparence frêle. Mais elle ne sera pas un papillon cloué au mur attendant patiemment de se faire arracher les ailes. C'est un rire silencieux qui agite sa poitrine. Il se répercute contre la prison masculine. Vibrant à flots comme le sang coule sur ses lèvres d'une caresse indécente. Au rythme de la douleur qui martèle son crâne de l'intérieur.
Dans ce huis clos intime où les visages se caressent à coup de jointures, Noë saura se montrer une amante attentionnée. Avec ferveur elle agrippe le col du monstre, le rapprochant d'elle encore plus près. Mais le baiser qu'elle lui offre n'a rien de tendre. Ses dents mordent la chair dans une absence de retenue presque gourmande. Ange affamé, elle relâche sa proie quand elle est enfin persuadée que sur sa langue, leurs deux sangs se mélangent. Son appétit encore insatisfait, sa tête se recule pour mieux revenir dans un brusque va-et-vient, percutant son nez de son front. La blonde créature en profite pour se dérober à ses griffes. Elle s'écarte en titubant, un peu étourdie par les chocs qui se sont succédés. D'un revers de manche elle essuie son visage maculé, lui offrant de bien sanguinaires peintures. Ses pas la ramènent vers son épée qu'elle tire de son fourreau. Entre ses mains, son poids familier l'aide à recouvrer son équilibre, lui retirant ses allures de bateau ivre. Elle se retourne vers l'animal qu'elle a inconsciemment réveillé. Et sur ses lèvres écarlates, s'étire le sourire d'un désir encore insatisfait.



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Le Requin
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LE TEMPS : 45 ans.
LE SANG : Gwelnaur.
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crimson sins - Azran EmptyLun 4 Mai - 20:34


Le démon ressentait une vibration émanant du torse de l’ange maîtrisée, sans se douter qu’il s’agissait là d’un rire réprimé. Cela ne pouvait pas être le cas. Elle n’était de toute évidence pas comme lui. Dans une situation comme celle-ci, menacée dans ses convictions, violée dans son intégrité, la seule réaction qu’il pouvait envisager d’elle était la terreur. Elle devait le craindre, elle devait être en train de prier les dieux impuissants qui jamais ne viendraient la sauver. C’était une évidence. Comme la nuit succédait au jour. Comme les vagues s’abattaient contre les rochers. Comme la mort qui viendrait un jour tous les prendre. Partant de ce postulat, il était aisé de comprendre la surprise qui le prit lorsqu’elle s’empara de son col. Qu’elle puisse faire autre chose qu’être tétanisée était un exploit qu’il se devait de féliciter, mais étrangement elle n’essayait pas de le repousser. Au contraire, elle l’attirait. Azran ne réalisa que trop tard le danger que cette perspective représentait, quand les dents blanches s’étaient déjà refermées sur son visage et qu’il laissa échapper un cri mêlé de rage et de douleur. L’étau autour du cou de l’écuyère se resserra encore, jusqu’à ce que l’impact de son front sur le nez du Requin ne le fasse lâcher et reculer.

La main portée à son visage, le pirate tentait de maîtriser le sang qui s’écoulait à la fois de son nez écrasé et de sa joue mordue. La fatigue et la haine embrumaient ses idées, aussi, il ne pensa pas, comme son adversaire, à se précipiter sur son arme. Peut-être avait-il imaginé qu’elle ne l’aurait pas envisagé. Peut-être que quelque part, le fait qu’elle s’en sépare avant de s’approcher lui avait réellement fait croire qu’elle ne désirait aucunement l’utiliser sur lui. Il y avait dans le combat à mains nues cette sauvagerie primale que de nombreuses personnes aimaient chercher. Elle aurait pu en faire partie, cela l’aurait arrangé. Au lieu de cela, elle avait déjà dégainé sa longue épée, et l’observait avec un sourire satisfait, ce à quoi Azran répondit d’un soupir blasé. Elle était en position de force, il ne pouvait pas le nier. Mais pour autant, il ne comptait pas se laisser intimider. À vrai dire, le plus étrange restait le fait qu’elle garde ses distances, et lui laisse l’accès à sa propre épée.

D’un pas lent, mais assuré, le capitaine approcha de son arme sans quitter son opposante des yeux. Il se tenait prêt à réagir au moindre signal, au moindre signe d’agression, mais aucun ne vint jamais. Elle comptait vraiment le laisser s’armer ? C’était pour le moins inattendu, en particulier dans ces contrées. Doucement, le rouquin blessé se pencha jusqu’à la paille pour saisir son sabre par la garde sans se soucier du fourreau, dégainant la lame de celui-ci directement de terre. Libérant son visage de sa main, il s’essuya dans sa manche et empoigna l’arme de ses doigts ensanglantés. Il se mit ensuite en position, en une garde qui trahissait son identité de noble à laquelle il s’était tant habitué lorsqu’il combattait avec cette épée. Son apparence était calme, posée. Mais dans son regard, un feu le consumait. « C’est quand vous voulez. »
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Melinoë Kaedwen

Melinoë Kaedwen
shieldmaiden of gwelnaur
« she's the angel of small death »


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE :
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¶laylist

I want to fall from the sky like rain and remain forever in a place where I belong.

crimson sins - Azran Gwelna10
The land teems with bitter ghosts dead from war, sick or starved, and fallen where they stood. A curse, you say? This world is a curse.

LES PARCHEMINS : 110
L'AME : Alienor Romanova
LE REGARD : Camilla Christensen
LE SANG : Gwelnaur
LE FEU : Mariée à l'indifférence, maîtresse du silence.
LE DESTIN : Noblesse guerrière, sanglante cavalière.
LES ROSES : 3167
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crimson sins - Azran EmptyMer 6 Mai - 0:25


( crimson sins )

In the evenings,
I drink the darkness of your eyes

On pourrait la croire inconsciente, irraisonnée. Peut-être l'était-elle un peu. Comment justifier qu'elle se soit elle-même enfermée dans la cage d'un animal affamé ? Qu'elle ait pris plaisir à l'agacer comme on jette du sel sur des plaies ?
Mais des questions sans réponses continuaient de s'accumuler dans l'ombre de ses pensées. À chacune d'entre elles, il avait répondu par une pirouette. Des mots à l'apparence trop bien choisie pour être honnêtes. Elle ignorait encore son identité, qui il était. Tout ce qu'elle savait c'est qu'il était venu chercher la paix et qu'elle l'en avait privé. Cela faisait-il d'elle la seule responsable de ce qui était en train de se passer ?
Qu'il en soit ainsi ou non, elle ne pouvait effacer de sa mémoire ce sentiment de vulnérabilité qu'il avait mis à jour, avec lequel il avait joué. Elle se devait de l'enfouir, et de nouveau tenter de l'oublier comme elle le faisait depuis tant d'années. A défaut de la terrible tendresse de Beren, elle le noierait dans l'oubli de la violence. Moins terrible que celle du démon mais certainement tout aussi libératrice.
Ce n'était pas tant qu'il frappe une femme qui aurait pu la déconcerter. Ce n'étaient pas des considérations sur lesquelles on s'attardait en Gwelnaur. Mais il y avait dans le choix de ses coups, et plus encore, au fond de son regard dont même l'obscurité ne pouvait masquer la démence, un réel désir de la détruire. Une intention viscérale de la briser. De la faire payer.

C'était à se demander lequel des deux était le juge le plus cruel envers l'autre. Une seule certitude demeurait, ils seraient tous deux de terribles bourreaux.

- C'est quand vous voulez.
S'il lui fallait deux mains pour ne pas courber sous le poids de son épée, il lui en fallait bien moins pour ne pas s'abîmer dans une révérence aussi gracieuse qu'irrévérencieuse.
A la lenteur exagérée.
Nuque dévoilée et tête baissée, offerte comme dans un défi. Les anges aussi pouvaient se montrer moqueurs. Après tout ne l'étaient ils pas quand ils plantaient leurs flèches dans les plus inopportuns des cœurs.
Elle se redressa. Et de sa blondeur auréolée quelques mèches s'étaient échappées. Caressant ses joues, avides d'un sang qui leur avaient trop manqué. Les plumes de l'ange n'avaient désormais plus rien d'immaculées.
- Si vous vous battez assez bien, peut-être déciderais-je de vous laisser en vie.
Propos à l'assurance un peu trop exagérée quand, dans sa tête, chaque mot résonnait avec un douloureux écho. Mais se sous-estimer était un luxe que Noë ne pouvait s'accorder. Elle ne s'attendait pas plus qu'il retienne les coups de sa lame que ceux de ses poings. Ce combat risquait de la pousser hors des sentiers dont elle était familière. Mais ce qu'elle ignorait encore, c'est qu'elle allait s'y salir bien plus que les mains.

En temps normal, l'amazone n'attaquerait jamais en premier. Elle préférait laisser la primeur à l'adversaire pour mieux le jauger. Le juger sur ses faiblesses et frapper les parties qu'il aurait à tort laissé à découvert.
Comme elle l'avait fait un peu plus tôt.
Noë espérait que sa joue en garderait une marque. Elle en voulait de sa stupidité un rappel cuisant. Qu'il n'oublie jamais que tout démon qu'il était, elle avait fait couler son sang.
Elle troque son habituelle garde haute pour une pendante, gardant son bras contre sa poitrine pour dégager sa vision. Une affirmation comme une provocation. Lui jetant à la figure qu'elle ne le craint nullement. Une garde de Reine avec laquelle elle ne tente même pas de briser la sienne. Avec une assurance inconsciente, presque insultante pour son adversaire, elle fait tourner son arme dans un mouvement couronné. Comme un enfant que l'on corrige, elle vient taper sa joue du plat de son épée. Une morsure sur son ego qu'elle espérait aussi douloureuse que la première.



( Pando )
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Azran Surion

Azran Surion
Le Requin
« Me, myself and I »

LA PROPHETIE :
LES PARCHEMINS : 102
L'AME : V.
LE REGARD : Toby Stephens.
LE TEMPS : 45 ans.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères.
LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur.
LE PACTE : L'Ordre du Poisson.
LES ROSES : 3309
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crimson sins - Azran EmptyJeu 14 Mai - 21:44


L’ange se moquait de lui, se pliant en une révérence alors qu’elle ne l’avait même pas salué lors de leur rencontre. Bien que gracieuse, elle était lente. Trop lente. Si lente qu’il aurait été trop facile d’en profiter, et peut-être qu’il aurait dû. D’ailleurs, il l’aurait sûrement fait, à une autre époque, durant ce que l’on pouvait sans exagérer appeler sa jeunesse. À cette époque où il ne baignait pas dans les politiques, dans les us et coutumes, dans ces manières qu’il méprisait tant mais avait tout de même fini par maîtriser. Pour autant, ce n’étaient pas les manières qui retinrent sa main et son arme. Il l’observait, bourreau patient, se dévoiler la nuque, et le désir de la rencontrer le prit. Que ce soit par la bouche ou par l’épée, il ne sut déterminer laquelle était plus forte. Mais il s’abstint des deux, attendant patiemment qu’elle ne cesse ses enfantillages en la réprimandant du regard lorsque celui-ci croisa le sien. C’était un jeu dangereux, que celui auquel elle jouait. Une danse macabre qu’ils s’apprêtaient à exécuter. « Si vous vous battez assez bien, peut-être déciderais-je de vous laisser en vie. » Aucun sourire ne répondit à cette provocation. Ni même aucune expression, pour être franc. Le diable s’était calmé, paré d’un visage dénué d’émotion, prêt à agir, attaquer, sans pour autant montrer la moindre trace de hâte. Telle une gargouille, figée dans la roche, immobile mais menaçante de sa présence. Un comble, vraiment, puisque celles-ci devaient s’opposer au mal, et non pas le représenter.

« Si vous vous battez aussi bien que vous provoquez, je ne prendrai certainement aucun plaisir à vous tuer. » Réponse à la phrase qu’elle avait prononcée, provocation gratuite. Les mots étaient durs, froids, appuyés par l’expression grave de son visage. Son épée pointait le sol, mais il était prêt. Prêt à réagir à n’importe quelle attaque, prêt à se défendre en cas d’assaut, prêt à lui faire payer toute incursion en ce territoire qu’il s’était mentalement délimité. Il l’observa se placer, il l’observa se mouvoir, et imagina la trajectoire que prendrait l’imposante épée. Il pouvait parer, ce serait sage. Il pouvait reculer, ce serait sûr. Ou il pouvait jouer, miser sur un avantage infime, en profiter pour contre-attaquer. C’était risqué, mais Azran aimait le risque. L’épée toujours bas, il attendit que le mouvement de l’épée soit trop entamé pour qu’elle puisse l’arrêter, inébranlable dans son immobilité, avant de reculer son visage, évitant de peu la lame qui lui était destinée. Mais il n’était pas question de se contenter de cette petite victoire. Comme un élastique que l’on étirait, il profita de cet élan qu’il s’était accordé pour ensuite s’élancer vers elle, faire une fente, s’étirant de tout son long en avançant sa jambe dans la direction de son adversaire pour aller lui entailler une jambe exposée. Sa main vint ensuite frapper contre le sol recouvert de paille pour lui donner un appui lui permettant de se redresser rapidement et remettre entre eux une distance de sécurité suffisante pour qu’elle ne puisse plus l’atteindre sans s’avancer.

Sur ses lèvres, son sourire s’était reformé. Faire couler son sang l’avait revigoré. Bien sûr, elle avait déjà été blessée, mais les coups étaient barbares tandis que les lames étaient souvent plus raffinées, les entailles plus propres, plus esthétiques. Il fit glisser son doigt le long de la pointe entachée de carmin, observa le liquide visqueux qui s’était répandu sur ses doigts, puis les porta à sa bouche en plongeant son regard dans celui de celle qu’il goûtait. Un soupir de contentement échappa de ses lèvres retroussées tandis qu’il déglutissait. Elle était délicieuse. Il en voulait plus. Il se mordait déjà les lèvres à imaginer le goût des siennes, celui de sa langue, celui de sa peau. Il serait trop bête de la tuer. Pour le moment. Il serait toujours temps d’y repenser une fois qu’il en aurait terminé.
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Melinoë Kaedwen

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« she's the angel of small death »


Réponse du poète.
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The land teems with bitter ghosts dead from war, sick or starved, and fallen where they stood. A curse, you say? This world is a curse.

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L'AME : Alienor Romanova
LE REGARD : Camilla Christensen
LE SANG : Gwelnaur
LE FEU : Mariée à l'indifférence, maîtresse du silence.
LE DESTIN : Noblesse guerrière, sanglante cavalière.
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crimson sins - Azran EmptyVen 29 Mai - 1:38


( crimson sins )

In the evenings,
I drink the darkness of your eyes

Étrange besoin qu'elle avait de marquer ce visage qu'il avait si changeant. Le temps d'un battement de ses yeux trop grands, et c'est un tout autre qui s'offrait à eux. Il lui apparaissait comme un livre que l'on feuillettait trop vite pour s'arrêter sur une page au hasard. Comme si ses traits s'étiraient simplement pour imiter ce qu'ils ne sauraient faire naturellement.
Mais plus le temps passait, plus les expressions lui semblaient naturelles, bien que toujours mouvantes. L'inconnu passait de l'ange aimable au déchu par un Père trop cruel, pour devenir la seule incarnation que la sélective mémoire humaine garderait de lui. Celle qu'il embrassait corps et âme, et même de son cœur absent. Celle du Diable. Le moqueur. Le tentateur. Aux yeux cruels qui savaient lire aussi bien les émotions que la chair humaine, pour y débusquer les empreintes de vieilles blessures que l'on croyait disparues, éteintes, pour mieux jouer avec. Y planter ses crocs, sa lame et ses mots. Comme des empreintes indélébiles de son passage. C'est là qu'il devenait le tortionnaire. Dispensant les châtiments comme lui seul savait le faire. L'arrogance affichée n'en était qu'un supplémentaire, qu'elle se devait d'effacer afin d'apaiser la sienne, bafouée.

- Si vous vous battez aussi bien que vous provoquez, je ne prendrai certainement aucun plaisir à vous tuer.
Il la laissait faire. Malgré les coups qu'elle lui avait porté, il ne la jugeait pas à la hauteur. Elle n'était qu'une enfant qui lui faisait perdre son temps. Une enfant qui lui avait offert sa nuque si commodément. Et il lui avait fait l'affront de refuser cette offrande trop facile. Il demeurait celui qui tentait, pas celui qui cédait. Elle devait faire attention Noë. Attention à ne pas perdre sa maîtrise d'elle-même. A ne pas perdre le contrôle de cette situation qu'elle croyait encore posséder. Mais ce dernier était déjà en train de glisser comme du sable entre ses doigts à chaque concession qu'elle faisait. Elle ne menait presque plus la danse. C'était son rythme à lui qu'elle suivait. Guerrière dénudée. L'armure de chair se faisait de verre. Se fendillait à chaque entaille qu'il daignait lui porter. A coup de mots. A coups de sourires. Bien plus aiguisés que sa lame recourbée.

Un sifflement vint s'échapper de ses lèvres quand cette dernière fit mouche. Elle s'y attendait. Elle s'était exposée. Et d'une nouvelle cicatrice, sa bravade venait d'être récompensée. Mais c'était sur ce terrain-là qu'elle aurait préféré rester. C'était de cette violence physique qu'elle aurait aimé se contenter. Elle avait ravivé des sensations grisantes et presque oubliées. Depuis que son poing avait heurté la joue arrogante, dès lors qu'elle avait sur lui sa marque apposée, elle s'était de nouveau sentie vivante. Et elle refusait de laisser cette sensation s'échapper. Elle se retrouverait alors face à tout ce qu'il avait réveillé d'autre. Toutes ces émotions défaillantes dans lesquelles elle se noierait assurément.
Alors elle se redresse, ses bras de nouveau armés pour dispenser le coup suivant. Elle était déjà prête à foncer tête baissée, à manger la distance qui les séparait. Regagner l'ascendant en regagnant du terrain. Sur son visage elle voulait effacer son sourire frondeur pour y peindre une expression qu'elle aurait choisi pour lui. Cela aurait été un choix judicieux, mais elle n'était déjà plus maître du jeu. Le combat qu'ils menaient l'était sur plus d'un terrain. Ses gestes se suspendaient comme ses grands yeux écarquillés le faisaient dans les siens. Ils avaient suivi le cour de ses doigts, caressant la lame, récoltant ce même sang qu'elle sentait couler le long de sa cuisse. Ils l'avaient vu le porter à ses lèvres, le déguster avec une satisfaction révoltante. Partout où ils se posaient, ce n'était que danger. Et dans sa tête s'égarait une drôle de pensée. Sa langue vint caresser son palais, y chercher une saveur qui n'était pas la sienne. Tous deux, ils s'étaient goutés. Elle ne l'avait pas fait volontairement, mais chacun portait en lui un peu de l'autre désormais. Et il y avait dans cet échange une intimité aussi intolérable qu'elle était déplacée. Pire encore, elle était factice. Comme celle que Beren et elle semblaient partager aux yeux du monde. Ce champ de bataille était en train de se transformer en une nouvelle scène de théâtre où elle tiendrait une fois de plus le rôle de la femme délaissée, marionnette que l'on remiserait dans sa boîte une fois les rideaux baissés.

Les voilà ces émotions, ces vérités sur lesquelles elle voulait continuer de se leurrer, de fermer les yeux. Fallait-il que la solitude l'ait rendue si lisible pour que le démon s'en joue aussi facilement. Ou alors... ou alors l'avait-elle toujours été, et dans son dos le monde se partageait entre moquerie et pitié. Et ce pauvre Beren qui devait se contenter d'une épouse incapable, atrophiée. Dépourvue des qualités qui le poussaient à déserter son lit comme sa présence. Il devait trouver son réconfort ailleurs et personne ne lui en voudrait de le faire. Ce ne pouvait être que sa faute à elle. Et cette certitude, ces rejets, et ce cœur pitoyable qui n'avait jamais cessé de l'aimer, ça lui donnait envie de crever à Noë. Elle aurait même pu en mourir là, de ce chagrin qui vint s'abattre comme un étau sur sa poitrine, comme des mains enserrant son cou à l'étouffer. Mais dans le fond il y avait toujours cet espoir pathétique de se faire aimer, ce mince filet d'air pour l'empêcher de caner. Ni vraiment vivante, ni tout à fait morte. Simplement agonisante. Le reste du temps elle arrivait presque à oublier tout cela. Elle était certaine d'y arriver de nouveau quand le Diable moqueur ne serait plus. Après tout, elle survivait ainsi depuis plus de dix ans. Alors elle allait le faire payer pour des torts dont il n'était pas la cause mais simplement le tortionnaire. Et après cela, elle irait retrouver son grand lit froid.

Sur son visage, d'incompréhensibles émotions se disputaient pour mieux se mélanger. Chacune refusant de céder sa place à l'autre. Autour de la hampe de son épée, ses mains tremblantes se resserraient. Elle en avait fini de la prudence. Elle en avait terminé de jouer. L'Ange s'abandonnait au maelström qui l'habitait. Elle fonçait, s'alliant à la gravité sa garde de nouveau haute vint s'abattre sur la terrible victime de ses faiblesses.



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