« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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L'ambiance des thermes est réconfortante pour un corps fatigué et soumis aux intempéries de cette morne contrée. Dans cette salle luxueuse réservée à l'élite, je prend plaisir à oublier la rudesse du climat de ma ville d'origine. Le printemps est là mais la froide Belithrael semble l'ignorer alors qu'une pellicule de givre couvre encore le sol de bon matin. Il est obligatoire de profiter d'une santé de fer pour survivre dans ce fichu pays, raison pour laquelle les habitants des états de Gwelnaur sont aussi coriaces. Mais il est pourtant facile d'oublier la fraîcheur des rues lorsqu'on pénètre dans l'écrin doré, ce lieu d'une propreté si exemplaire où il est si plaisant de se ressourcer. Je m'y rend autant que possible depuis son ouverture, satisfait de constater à quel point les affaires se développent favorablement. Je n'ai guère d'horaire fixe, préférant surprendre de mon arrivée afin de mesurer la constance de la qualité du service ainsi que de la propreté. Talia est accoutumée à entendre la liste de mes plaintes quotidiennes et je me réjouis d'égratigner son amour propre avec quelques reproches bien sentis sur la tenue de son établissement. On verra cela plus tard.
Pour l'instant, c'est en songeant à la bruine maussade que j'ai laissée dehors que je savoure la tiédeur agréable des lieux. C'est l'endroit parfait pour se détendre mais également pour faire des rencontres intéressantes. Il m'arrive souvent de joindre l'utile à l'agréable en discutant avec des notables pour nouer des accords commerciaux des plus avantageux. Selon mon humeur, je peux me montrer sociable ou pas mais dans l'immédiat j'ai surtout envie de m'enfoncer dans la paresse. C'est adossé à une colonne de marbre que je laisse mes pensées divaguer, un simple linge ceignant mes hanches tandis que mon corps dénudé profite des vapeurs chaudes.
C'est alors qu'une silhouette familière attire mon regard, celle d'un homme mûr de large carrure, et aux yeux perçants. Un sourire étire mes lèvres tandis que je reconnais Izan, le mercenaire, un personnage aussi discret que loyal que j'emploie régulièrement depuis un certain temps. Il est toujours très pratique de profiter des services d'un être aussi peu regardant sur le style de travail à effectuer. Evidemment, nous ne parlerons pas de nos affaires dans ces lieux, car les murs ont des oreilles et Talia est la plus perfide des garces, il serait complètement sot de lui faire la moindre confiance, elle est capable de tout. Ayant accroché le regard du bellâtre j'attend qu'il se rapproche pour le saluer d'un ton nonchalant.
- Izan. C'est toujours un plaisir de voir tes moustaches frétiller dans les parages.
Il n'est pas rare que je croise le baroudeur dans ces lieux, il semble y avoir élu domicile autant que moi. S'il dépense l'argent que je lui donne dans l'établissement de Talia, ça aidera la catin à me payer plus régulièrement et ainsi la boucle sera bouclée, je ne vais donc sûrement pas m'en plaindre.
- Viens donc me parler un peu, je m'ennuie. Il me faut attendre qu'un masseur soit disponible et le temps me parait bien long.
Certes, cela fait au moins cinq bonnes minutes que j'attend.
Dim 22 Mar - 19:00