« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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▬ LA PROPHETIE : ▬ LES PARCHEMINS : 112 ▬ L'AME : everybody ▬ LE REGARD : nobody ▬ LE SANG : nowhere ▬ LES ROSES : 3505
Jeu 26 Mar - 21:14
un vol à la tire
Situation 05. Les ruelles du marché sont bondées à cette heure de la journée. Marchands ambulants. Acrobates. Voyageurs. Montreur d'ours. Le monde se côtoie naturellement dans un joyeux bazar. Sourires aux coins des lèvres, les discussions vont bon train alors que vous vous avancez au milieu des étals. Soudain, vous sentez une présence dans vos poches. Au voleur ! Le vaurien s'échappe discrètement dans la masse de gens et disparaît. Vous vous dirigez dans sa direction. La traque commence !
L'envie paraissait subite, peu réfléchie, quelques heures volées dans sa journée, une échappée à cheval en direction de Belyr. Un voisin, passé plus tôt pour prendre des nouvelles, avait laissé échapper qu'un marchand qu'Ombeline attendait depuis de longs mois était enfin arrivé sur l'île. L'autre n'avait su dire depuis combien de temps. Moins de quatre jours à tout le moins, la dame s'étant rendue en ville à ce moment-là pour d'autres affaires. La matinée était encore jeune ; cela avait suffit à la décider. Elle pourrait arriver un peu avant midi là-bas. Elle était donc partie telle qu'elle était, cheveux attachés à la va-vite en un chignon, dont des mèches eurent tôt fait de s'échapper dans la course du cheval qu'elle montait. Sa robe n'était pas la plus belle qu'elle ait, bien que suffisant pour travailler sur le domaine. Quant à Belyr... Il faudrait bien que cela aille. Elle ne comptait en plus pas s'y attarder plus que nécessaire, alors tant pis si son habit bleu terne faisait pauvre. Au moins ne se ferait-elle peut-être pas fouiller les poches...
Monture délaissée pour quelques temps, Ombeline se faufila en ville. Elle savait où aller, et ne se détourna à aucun moment. Pourtant, il y avait de multiples étales, de quoi attirer l’œil à l'envie, mais pas ce jour pour elle. Elle avait une idée en tête, et aucunement l'envie ni le temps pour s'en détourner. Bourse en poche, cachée dans les plis de sa robe, elle avançait d'un pas décidé. De temps à autre, elle saluait certaines connaissances, le plus souvent d'un hochement de tête accompagné d'un sourire. Elle était trop concentrée sur son objectif pour s'arrêter. Peut-être au retour prendrait-elle plus de temps pour échanger quelques mots ? A quelques mètres près, le marchand qu'elle cherchait était à la même place que chaque année. Comment faisait-il, alors qu'il venait si peu souvent à Belyr ? Mais qu'importait à Ombeline ?
Se faufilant entre les passants, elle arriva enfin à son étal. Déjà, ses yeux se baladaient sur les divers objets que l'homme vendait, cherchant ce qui l'intéressait. Il y avait là de nombreux objets en bois, et quelques rares en verre. Elle ne s'intéressait pas à ces derniers, bien trop fragiles. Elle n'aurait pu les ramener entier chez elle, et leur prix était un peu trop élevé pour qu'elle ait l'envie d'en acheter un, si d'aventure elle trouvait comment ne pas casser ces petits trésors. Elle restait donc concentrée sur les petites formes en bois, mains sagement serrées dans son dos pour retenir l'envie qui la tenaillait de les toucher.
Bien qu'occupé avec une cliente plus fortunée qu'Ombeline, le marchant avait repéré celle-ci et lui adressa un clignement de paupière amusé, avant de retourner toute sa concentration sur l'autre femme. Ombeline ne savait trop comment interpréter ce clin d’œil. Il l'avait reconnu, quoique des mois se soient écoulés depuis leur dernière rencontre, mais sa demande avait été par trop spécifique pour qu'il ne la remette pas. Voulait-il donc lui faire comprendre qu'il avait ce qu'elle voulait ? Serrant ses doigts un peu plus fort, elle continua de survoler l'étal. Elle se mordait la lèvre sans s'en rendre compte, sourcils froncés. Elle affichait un peu trop de concentration peut-être, pour un simple étal de figurines et de jouets en bois...
Enfin, l'autre femme fut partie, et le marchand put s'approcher d'Ombeline qui, impatiente, n'eut même pas l'idée de lui dire bonjour. Elle était trop concentrée sur son idée pour penser à autre chose, encore moins à la politesse de base. « Alors ? » Elle aurait presque trépignée, mais se contenta de poser ses mains sur l'étal, serrant entre ses doigts la planche en bois sur laquelle était exposées tant de merveilles. Mais pas celle qu'elle voulait. Pas celle qu'elle attendait. « Vous avez réussi à en trouver un ? » Elle s'était penchée vers lui sans y penser. Les yeux du marchant brillaient, il avait un air mutin tandis qu'il haussait ses sourcils de façon comique. L'impolitesse d'Ombeline l'indifférait, tant il était lui aussi impatient de lui montrer ce qu'il avait réussi à trouver. « Ça n'a pas été simple, ils sont fermés de chez fermés... » Il se tapota alors l'aile du nez avec son index, prenant un air conspirateur. « Sauf si on connaît des petits malins, hm ? »
Il se baissa alors, prenant un petit paquet pas plus gros qu'une main de sous son étal. Il le posa avec révérence et l'ouvrit lentement. Lorsque l'objet apparut, bien plus petit encore, Ombeline retint son souffle et écarquilla des yeux. Ses mains sur la planche se crispèrent avec force tant elle luttait pour ne pas se saisir de l'objet. « Il est beau hein ? » Le marchand ne quittait pas le visage d'Ombeline du regard, constatant avec joie qu'elle-même ne pouvait détourner son regard de l'objet. Un soupir s'échappa des lèvres d'Ombeline, avant qu'elle ne réussisse à parler. « Oh oui... » Elle ne pouvait pas faire semblant. Tous deux savaient, de toute façon, la valeur qu'avait ce petit objet en bois coloré. Après avoir jeté un regard au marchand, elle approcha une main, caressant délicatement une partie bombée. Un grand sourire apparut sur son visage, faisant briller son regard. Elle hocha la tête avant de se saisir de sa bourse. Elle parlementa un peu, plus pour le jeu que par réelle envie de faire baisser un prix qu'elle savait juste et, délestée de plusieurs pièces d'argent, pu enfin tenir dans sa main l'objet tant convoité.
Il tenait dans sa paume, petit éléphant à la trompe délicatement sculptée dans le bois. Elle ne savait pas en quel bois il était fait, mais la couleur en était foncée. Seules les défenses étaient blanches. A quel point était-il semblable aux vrais ? Elle aurait aimé le savoir. Elle n'avait plus qu'une hâte à présent, rentrer chez elle et le montrer à son frère. Et dire qu'elle avait pensé pouvoir adresser quelques mots aux passants ! Mais elle ne pourrait rien en faire. Elle rongeait déjà son frein, adressant quelques mots encore au marchand qui avait trouvé, elle ne voulait savoir comment, ce petit éléphant de Gwelnaurs... Un nouvel acheteur lui permit de s'échapper enfin. L'éléphant de bois alla se poser délicatement dans l'une des poches de sa robe, sa bourse dans l'autre. Son cœur battait rapidement dans sa poitrine, et sur son visage, s'il n'y avait plus de sourire, ses yeux eux avaient gardé leur brillance...
Jeu 26 Mar - 21:14
