Croisade dont elle se serait bien passée, loin de ces terres qu’elle foule d’ordinaire et qu’elle connaît comme sa poche. Il est des affaires à conduire en dehors de leur cité fortifiée qui ne peuvent être rendues publiques. Ainsi, c’est Freya qui vogue à dos de cheval à travers les collines et autres vallons pour parvenir jusqu’à la capitale, empreinte de nobles personnages dont elle n’a que faire. Seul son destrier trouve grâce à ses yeux tandis qu’elle détaille la ville qui s’agrandit à chaque foulée dans son œil averti. Kaern se dresse, bijou parmi les terres fertiles d’Heledir. Perdue entre luxe et décadence, la capitale cache cependant des retords qu’elle ne souhaite croiser. Les belles choses sont emmenées à disparaître et sont, comme le mensonge, d’insidieux miroirs qui n’offrent qu’une image falsifiée. Sereine dans son entreprise, elle gagne bien vite les portes de la vie et ne se montre hostile aux gardes qui l’accueillent. D’ailleurs, la cavalière met pied à terre pour parcourir les rues où la foule s’échafaude. Jour de marché, c’est celui qu’elle a choisi pour transmettre le message de son seigneur aux quelques présents mis dans la confidence. Rien d’affriolant ou d’outrecuidant, une simple affaire à régler qu’elle clôt aujourd’hui avec sa venue.

Loin des jolies tenues qu’arborent fièrement l’élite du pays, c’est dans son habit de soldat qu’elle erre. Epée lovée contre sa hanche, cheveux tressés et maquillage grossier qui hante son visage et ne sert pas à l’embellir mais prévient. Avertissement sans faille tandis que ses bottes raclent le sol pavé. La chaleur semble plus supportable en ces lieux et elle apprécierait presque découvrir la cité dans d’autres circonstances. Certains s’offrent le luxe de convois bien desservis, encadrés par multitude de manants tandis qu’elle se déplace seule, l’œil et la lame en même temps. Emissaire et guerrière scindés en un seul être. Main d’une justice rudimentaire faite humaine. Bientôt, elle tourne au point de rencontre, à l’éclipse d’une ruelle peu passante, près d’une fontaine chatoyante. Ses deux prévenus sont déjà sur place et elle s’avance vers eux, la main à la ceinture. A peine le temps d’ouvrir la bouche que déjà le comité d’accueil dégaine hache et épée. Yeux belliqueux et sourire carnassier qui flottent désormais sur le minois de l’ange de la mort. Pieds qui s’ancrent dans ce sol, jambe droit vers l’avant et lame extirpée de son fourreau qui claque contre sa bouche, baiser mortel adressé à ceux qui ont scellé leur sort. Le premier lance une escouade à son encontre qu’elle esquive d’un jeu de jambes, accroupie, sa lame rencontre le genou du pourfendeur qui titube. Le second suit le premier et tente d’encercler la rebelle de ses bras et de lui assener un coup de hache en pleine poitrine. Coup de dents contre la chair de l’audacieux qui hurle de douleur. La hache tombe sur le sol et le premier revient à la charge poussant de toutes ses formes la femme contre le mur adjacent. Du sang perle contre son front mais elle parvient à repousser l’épée qui s’avance de la sienne en la rejetant de toutes ses forces. L’homme tombe à la renverse tandis que le mordu s’éclipse. Pied contre la bouche de l’homme à terre, Freya murmure : « une dernière volonté avant le trépas ? » mais son monologue est interrompu par une silhouette qui s’approche alors qu’elle pointe son épée dans sa direction.