hearts of ice & hurricane

Iren + Sura

all the beauty in the world lies in an open wound, bleeding poetry.

Les festivités dédiées à l'annonce des fiançailles du jeune héritier de la couronne avaient pris fin depuis plusieurs jours. Il était évident que tu avais attendu ce moment, que tu l'avais vécu avec une certaine exaltation. Après tout, c'était un pas de plus dans les plans de la reine pour mettre en forme sa vengeance, et donc la tienne.
Tu attendais le jour béni où la moitié d'Elenath serait à feu et à sang. Et dans l'ombre, tes petites mains s'affairaient à réaliser ces sombres desseins. En attendant, tu comptes les jours comme les sempiternels et cruels grains d'un sablier, sans fin mais qui semblent se jouer de toi. Temps, cruel ennemi de toujours qui se dérobe entre ces mêmes doigts.

Ton esprit retors s'agace de ce rappel cuisant. C'est un cercle aussi vicieux que le serpent que tu es. Ta colère et ton impatience se nourrissent l'une de l'autre de leur venin. T'alimentant et t'empoisonnant de concert. Et toujours ces rêves de désolation et de grandeur que tu poursuis en éternelle insatisfaite, ignorant si quoi que ce soit sera jamais à la hauteur de tes attentes.
Sourire diabolique sur tes lippes qui le sont tout autant. La grandeur t'a effleuré de ses mains exigeantes lors de la soirée de présentation de la future épousée. Charmants seigneurs de tous les royaumes, même de ceux que tu voudraient voir disparaître des cartes d'Elenath. Tu étais belle, désirable. Traînée ambitieuse et traînée dans le vice, devenue vestale inaccessible. Aucun que tu n'as pu juger dignes de toi. Parce qu'ils ne l'étaient pas. Parce qu'aucun ne le sera jamais n'est-ce pas ?
Mais peu importe pour le moment. Parce que le destin a ciselé pour toi un autre pion pour l'échiquier dont tu es la seule reine. Après une tumultueuse réflexion, tu t'es décidée à en faire part à celle que tu sers pour l'instant. Souveraine qui a su mériter ce respect que tu dispenses avec une parcimonie frôlant le néant.

D'un ordre aux allures de suggestion tu dispenses les dernières servantes de leur présence pour le coucher d'Iren dont elle te fait l'honneur de t'occuper. Tu tires les draps de cet immense lit vide, depuis longtemps privé de la présence de son souverain. Le linge de nuit se trouve prêt à accueillir le corps sylphide de la pâle blonde. Sur une table trône une carafe d'un vin léger qui a ses faveurs. Attentions sincères nées d'intention qui l'étaient certainement moins. Service où confidences et conspirations se mêlent. Où secrets se taisent sans pouvoir masquer leur présence.

(c) princessecapricieuse

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Iren + Sura

all the beauty in the world lies in an open wound, bleeding poetry.

Depuis un moment déjà, ce n'était plus tant toi-même ou quelques hommes influents que tes mains déshabillaient, mais bien la souveraine de ce royaume. Tes entrailles malmenées plus que de raison savaient apprécier ce repos forcé, se réjouissant presque de s'offrir bientôt au Pourfendeur. Lui-même avait été d'une élégance inhabituelle au cours de ses fiançailles. Mais son uniforme d'apparat n'avait pas su masquer sa vraie nature. Et l'éclat de folie latente qui l'habitait, venant s'échapper au travers de ses yeux à l'azur glacé. Chez lui, c'était bien cela que tu préférais. A votre prochaine rencontre, tu espérais qu'il aurait retrouvé sa tenue habituelle. Qu'il aurait abandonné son apparence faussement humaine. Tu te demandais déjà si le reste de sa peau avait le même goût que là où ta langue avait scellé votre contrat par plus de salive que d'encre.

- Nous n’avons même pas eu le temps d’en parler. Comment as-tu trouvé les festivités ?  

Tes pensées venaient retrouver l'instant présent. Inutile d'apporter plus d'importance que de raison à un pion, aussi distrayant était-il. Tu lui accorderais l'attention nécessaire le moment voulu, mais pour l'heure, tu continuais tes petites manœuvres. Le Destin s'était montré généreux ce soir, en plaçant sur ton chemin une occasion que tu n'aurais pu refuser.

- Sa Majesté sait à quel point j'apprécie ce genre de festivités... Réponse sibylline énoncée sur un ton qui l'était tout autant. L'une comme l'autre savaient que ce n'était pas ton avis sur l'orchestre ou les décorations florales qui l'intéressait. Chacun semble avoir tenu son rôle ce soir. On pourrait presque croire que les autres souverains se sont laisser duper par votre attitude et les alliances en cour.

Heledir et Galadhorn seraient bientôt liés par les liens du mariage, et si tout se passait bien, par le sang d'ici quelques mois. Dans une telle position, Hektor ne saurait refuser le soutien à Iren quand elle partirait en guerre. Le roi pacifiste et raisonnable devrait choisir entre l'inaction ou la protection de sa famille. Il fallait compter sur sa conscience et un soupçon de culpabilité pour le pousser à faire le bon choix.
Pour ce qui était du roi Amras, c'était presque étonnant qu'il ait tenu tant d'années sans tenter quoi que ce soit. Si les rumeurs qui entouraient sa personne n'étaient ne serait-ce qu'à moitié véridiques, il devait chercher n'importe quel bon motif pour partir en guerre, comme un opiomane le ferait pour sa prochaine dose. Et même si dans ce futur conflit, il était allié d'Heledir, tu n'en oubliais pas que la violence était un petit animal volatile et inconstant. Ni tes propres ambitions à l'égard de ce royaume.

- Votre entretien avec les reines s'est-il conclu comme vous l'espériez ?

Tu n'y avais pas été conviée mais Iren ne s'en était pas cachée, aussi te permettais-tu cette question. Il aurait été stupide de croire que leur pouvoir sur leurs époux ou sur les affaires de leur royaume était moindre. Il n'y avait qu'à regarder le pâle étendard blond. Si douce, si affable. Et pourtant elle avait survécu tant d'années auprès d'un roi sanguinaire. Elle devait avoir sur lui une influence qu'elle seule possédait. Ou alors, n'était-elle pas que la délicate créature qu'elle semblait être. C'était une question qui te taraudait et à laquelle tu aurais peut-être bientôt une réponse.

(c) princessecapricieuse