Situation rp - un vol à la tire.
@Ombeline Griffand.La journée est chaude. Etonnant comme la lumière peut faire briller de ses rayons délicats les différents étals qui prennent place à côté du tien. Tes bijoux réverbèrent divinement les prismes ensoleillées de cette journée de printemps. Qui eût dit que ces contrées de Gwelnaur pouvaient accueillir un si beau temps, une si chaleureuse météo. Tu profites, laissant ta peau diaphane s'assombrir sous les coups d'Elrawyn.
Tu as déjà vendu nombre de tes précieuses pierres. Celles-ci n'ont même pas besoin de ton bagout légendaire pour glisser entre les mains de personnes fortunées. Tu trouves toujours cette ironie mordante et, quelque peu, jouissive.
Après avoir délesté quelques nobles de leurs atours précieux, voilà que tu les vends là, juste sous leurs yeux. Car tu n'as ni crée ni payé la moindre de tes pierres ; elles sont toutes issues de vol ou de casse organisés par la guilde des Scorpions. Tu les revends, cela te permet un petit pactole que tu peux réinjecter dans ton groupe. Et ainsi de suite. Dans le cycle infini du jeu de la vie.
De l'ironie morbide d'une société corrompue par le seul culte de l'argent. Et tu te revois, gamin, faire les poubelles pour te nourrir, maudire les riches et le faste dans lequel il se pavane, l'indécente qui leur colle à la peau. Sordide vie, cruel déni de ces nobles qui hurlent à tour de bras au doux mot de
mérite.La matinée n'est pas si avancée, mais déjà, toutes tes gemmes ont trouvé preneurs. Il ne te reste qu'à ranger ton étal et, comme à ton habitude, à faire un tour dans le marché. Voilà une ambiance qui t'a toujours enchanté, tant tu te perds de tes pas sveltes qui te mènent là où tu n'imagines même pas. Le nez embaumé des odeurs rustiques de la paysannerie, qui se mêlent aux fragrances de parfum, par-ci, par-là ; les yeux en pleine féerie tant il y a de beautés à admirer, pierres, étoffes, êtres, qui t'étonnent toujours de leur cruelle imprévisibilité. Tu te plais à admirer les Hommes, à lire en eux, à décrypter d'un regard ce qu'ils cachent sous le silence de leur mystère. Pour toi, il n'y a plus grand chose, de mystérieux. Tu t'amuses à lire en eux, sans même qu'ils ne te regardent, sans même qu'ils ne décèlent ta présence silencieuse. Car c'est ce que tu es, Arthur.
Le mystère, décodeur des silences et de la nuit. Parfois, tu voles pendant ces pérégrinations dans les marchés. Souvent, tu t'occupes davantage à t'arrêter devant les troubadours, les saltimbanques, émerveillé comme un gamin enchanté par les cantatrices ou les cracheurs de feu.
Cette fois-ci, nul saltimbanque ne t'intéresse. Ton regard est invariablement attiré par cette jeune femme, dans la boutique, par ce que tu lis dans le tressautement de ses doigts, l'impatience dont elle fait preuve à l'approche de cet objet qui, invisiblement, t'attire et t'attise. Il te faut savoir de quoi il s'agit. Il te faut lire en elle pourquoi tant d'ardeur à un bien matériel. Car elle n'a pas l'air d'une femme de la haute société, de celle dont tu t'amuses à vider les poches. Mais tout de même, ton altruisme n'en va pas là : elle n'est pas pauvre non plus et, de ce fait, à tes yeux, ne mérite pas des objets d'une si grande valeur.
Tu attends à l'entrée de la boutique. Elle ne tarde pas à en franchir la porte. Tu as vu en amont qu'elle avait glissé ce petit objet dans l'une de ses poches. Cela t'apparaît si facile que de ne pas être vu, elle ne saura même pas percevoir tes doigts qui frôlent sa poche, s'immiscent dans son étoffe pour la délester du précieux bien. De ce trésor qu'elle tenait peu avant entre ses mains frivoles et nerveuses.
Si la culpabilité s'immisce en ton coeur altéré, cela ne dure pas. Et à peine sort-elle que tu lui rentres dedans, comme pour faciliter ton numéro qui, certes, n'est pas d'une très grande originalité, mais d'une efficacité éminemment reconnue.
▬ Oh, pardonnez-moi, ma dame. Ta voix est grave, rassurante, sécurissante. D'une tonalité sereine. Tu poses l'une de tes mains sur son épaule, comme pour la redresser après avoir failli la faire chuter, l'autre discrètement s'empare du précieux objet. Et vos pas se séparent.
Tu es sûr de n'avoir pas été reconnu.
Tu es sûr qu'elle n'a pas senti tes doigts dans sa poche.
Tes pas qui s'éloignent, doucement, tranquillement. Sifflotant ?...