@hera leander.

Belithrael. Cette ville sans charme, en écho avec ce territoire éternellement plongé dans la brume et la pluie. Un royaume qui résonne en harmonie avec tes sombres desseins, et qui lui donne un attrait de choix. C’est vers ce territoire que tu t’étais tournée en premier, il y a de nombreuses années. Dans ta quête de semer le chaos autour de toi et de déclencher une guerre, il te paraissait évident que tout ne pourrait partir qu’avec Gwelnaur. Avec un Roi aussi belliqueux qui ne demandait qu’une étincelle pour mettre le feu au poudre, comment cela aurait-il pu en être autrement ? C’est la première cour dont tu avais réussi à avoir accès -en dehors de celle de Galadhorn, mais étant bien trop pacifique tu savais que pour l’heure tu ne pourrais rien en tirer- ; ton objectif était simple : te rapprocher des hautes sphères et si possible des têtes couronnées. Le Roi semblait influençable, prompt à entendre de sombres paroles. Manipulable à souhait. Seulement, ta route avait croisé celle d’Hera, qui t’avait devancée. Si au début tu l’avais prise pour une ennemie, comme une épine dans ton pied, tu t’étais rapidement rendue compte qu’au final vous partagiez les mêmes idées, et les mêmes desseins. Ainsi donc de rivales vous étiez passées à partenaires, vous alliant et travaillant de concert pour arriver à vos fins. C’est le cœur serein, au final, que tu avais fini par quitter la cour de Gwelnaur, persuadée qu’entre ses griffes acérées tout irait pour le mieux.

Et elle ne t’a jamais déçue. Année après année, Hera a su avancer ses pions, jusqu’à en arriver là où elle en est. Murmures de la Reine, elle travaille pour elle dans l’ombre, rendant plus évidente cette guerre qui vous pend au nez. La lumière est vacillante, à deux doigts de sombrer. L’heure est proche, tu peux la sentir. Alors tu fais le pied de grue devant le château, tournant presque en rond. Parce que tu connais Hera et ses habitudes, et tu sais que tôt ou tard elle saura te reconnaître de là où elle aime se percher. Ton aigle, d’ailleurs, n’est pas loin. Haut dans le ciel, tu entends ses cris, semblable à des plaintes agoniques. Elle est là, qu’il te dit. Alors y’a un sourire qui illumine ton visage et ton pas qui ralentit. Y’a plus qu’à attendre qu’elle te rejoigne. Car toujours, Hera te retrouve.

Des pssst attirent finalement ton attention. Sans sourciller, ni sursauter, te voilà qui pivotes et qui suis la silhouette encapuchonnée devant toi. La démarche est chaloupée, conquérante. Forcément c’est Hera. Tu pénètres dans le château et reconnais ses couloirs sinueux. Vous y êtes presque. Il est compliqué d’entrer sur le territoire de Gwelnaur, et tu dois sans cesse faire preuve d’inventivité –en graissant les bonnes pattes- pour pouvoir y entrer en doute clandestinité. Généralement tu attends qu’un noble t’invite, mais cette fois les circonstances faisaient que tu ne pouvais plus attendre. T’arrêtant devant une porte, tu finis par pénétrer dans les appartements d’Hera. Toujours aussi charmants, décorés avec un style qui lui correspond si bien et que tu apprécies. « Qui d’autre voudrais-tu que je vienne voir ? que tu glisses, un demi-sourire étirant tes lèvres. Navrée de cette arrivée impromptue, il fallait que je te rencontre au plus vite et je n’avais pas le temps de t’envoyer une missive. Tu détaches ta propre cape et la poses sur le dossier d’une chaise, poursuivant, Mais avant tout, comment vas-tu ? Quelles sont les nouvelles en Gwelnaur ? » Tu en profites pour lui adresser un sourire chaleureux. De ceux qui sont vrais. Hera est une de tes plus vieilles et fidèles amie, et tu apprécies sa compagnie. L’un des rares moments où tu peux simplement être toi. Tu t'installes dans un des canapés, croisant les jambes et plaçant tes mains entrelacées sur tes genoux, prête à écouter les nouvelles avec grand intérêt.        

 
@hera leander.

Tu ères dans la pièce avec une certaine aisance. Comme si elle était tienne. Parce qu’Hera, tu la considères un peu comme une sœur. Comme une femme à qui tu tiens énormément et qui te le rend bien. Chez elle, c’est un peu comme chez toi, et ses appartements font partis des rares endroits où tu te sens vraiment bien, vraiment à l’aise et sereine. Avec les années les habitudes sont de mises, et c’est presque instinctivement que tu te positionnes dans le canapé, à la place qui est tienne quand tu viens rendre visite à ton amie. Tu observes du coin de l’œil Hera qui enlève sa cape et qui se dirige vers le buffet où trône du vin. Elle vous remplie deux coupes, puis t’en tend une juste avant de s’asseoir. Tu acceptes la coupe avec un sourire gratifiant, avant de la porter à ton museau. Une inspiration et voilà ton sourire qui s'agrandit, « Galadhorn, hm ? Les vins de cette contrée sont de loin tes préférés, d’où ton ravissement. Mais ça, Hera le sait très bien, et partage même tes goûts. Tu sais comment me faire plaisir, que tu ajoutes, conquise. » Tu portes la coupe à tes lèvres, prenant une gorgée. Au-delà de venir de Galadhorn, c’est aussi un vin de qualité, tu sais le reconnaître avec l'expérience. « Excellent cru. J’espère que tu as des réserves… que tu commentes, ne pouvant t’empêcher d’en reprendre une gorgée. » Si ça continue comme ça, vous allez finir complètement pompette. Ce qui, d’ailleurs, ne serait pas une première, ni pour elle ni pour toi. Parler des potins des cours, ou encore des histoires de cœur d’Hera lorsque le vin vous enivre un peu trop, lovées dans une fourrure près d’un bon vieux feu de cheminée… C’est un peu la base quand vous vous retrouvez.

On peut donc dire aisément que la journée –ou plutôt la soirée- commence plutôt bien. Le rapport d’Hera ne fait, d’ailleurs, que le confirmer. Et à mesure qu’elle parle y’a ton regard qui s’illumine jusqu’à briller de mille feux. C’est qu’il y a du croustillant, dans son histoire. La prêtresse vient de te couper l’herbe sous le pied, parlant de ce fameux sujet dont tu voulais tant lui parler. Au moins ça t’évitera de lui poser la question, c’est un gain de temps. « C’est parfait, que tu murmures, Vraiment parfait, que tu répètes, presque pensive. Tu laisses planer quelques secondes, avant d’ajouter, C’est donc vers toi qu’elle s’est tournée, je n’en espérais pas tant. » Un sourire triomphant qui s’étire le long de tes lippes devenues carnassières, que tu caches de ta coupe dont tu te rinces à nouveau le palais. « Je lui ai annoncée sa grossesse il y a quelques semaines de cela. La nouvelle a semblé la dévaster et j’ai reconnu la peur dans son regard. Je me doutais bien qu’elle ferait appel aux services d’une faiseuse d’ange pour l’aider à régler le problème. Je ne pensais pas qu’elle te choisirait toi, qu’elle ferait un si long voyage juste pour ça. Mais il faut croire qu’elle prend la chose très au sérieux, et qu’elle t’ait demandée ton aide… C’est parfait. » Comme ça tu auras la main sur ce qu’il s’est dit et sur ce qu’il s’est passé. Prévoyante, tu avais envoyé tes petites araignées à sa suite, pour l’épier dans ses moindres faits et gestes. Tu te doutais bien qu’elle finirait par prendre une décision quant à sa grossesse, et c’est sans grande surprise donc qu’on t’avait rapportée qu’elle était partie vers une autre contrée. Qu’elle choisisse Gwelnaur était un bon prétexte pour rendre visite à Hera pour qu’elle demande à ses propres petites araignées ce qu’elles avaient entendu. Mais c’est au final Satine était directement allée la voir… C’était bien plus simple et efficace. « Que t’a-t-elle dit ? » Des informations pertinentes, tu espères. Et puis… Est-ce qu’Hera a mis ses talents à contribution, ou est-ce que la grossesse est toujours d’actualité ?