N'oublie jamais, celui qui croit savoir n'apprend plus.
Le souffle court, le palpitant tambourinant entre ses côtes, la sueur sur son front, le chant de l’épée et le rouge, carmin, sur son visage, sur ses habits. Un juron fend l’air. Alleria se laisse tomber au sol, glisse, se relève derrière son adversaire, et d’un revers de l’épée, lui coupe promptement la tête. Le corps prend quelques minutes avant de suivre la tête et de s’effondrer au sol.
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Une autre tenue de fichue” maugrée-t-elle, en jetant un regard désabusé à sa tunique de cuir – neuve. Elle essuie son épée sur le cadavre, ne désirant pas salir outre mesure sa tunique déjà salie. Remballant la tête coupée, elle siffle. Un hennissement lui répond, et le destrier de nacre s’arrête dans un glissement parfaitement contrôlé. Darion renacre à l’odeur du sang – Alleria hausse un sourcil.
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Vraiment, garçon ?” Ce cinéma ne l’amuse guère : l’animal lui a coûté plus qu’elle n’aurait voulu – et soi-disant entrainé pour la guerre. Elle avait recommencé toute son éducation, et s’il la suivrait au bout du monde, il se plaisait à jouer la comédie.
Sans plus se préoccuper des états d’âme de son étalon, elle se met en selle, et tourne bride.
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Gamin” l’interpelle-t-elle, en voyant le voleur des rues faire disparaître le butin qu’il vient de dérober à un quelconque marchand. Mielleux, le garçon fait mine de rien et s’approche. Elle lui glisse trois argents sans un autre mot ; les yeux ébahis, la bouche grande ouverte, le marmot n’a pas bougé alors que la chasseresse s’engouffre dans la taverne.
Ce qu’elle déteste ces endroits ; on y respire trop de sueur et de testostérone. Et pourtant, il y regorge de marchands plus riches les uns que les autres. Elle en vomirait presque. Se glissant ici et là, furtivement, les mains baladeuses, délestant certains de ces (trop) riches personnes de leur monnaie trébuchante ici, là d’un collier qui ferait pâlir d’envie la noble qu’elle fut autrefois. Au fond de la taverne, il n’y a qu’un marchand attablé, gardé par deux impressionnantes brutasses. Un furtif sourire passe sur son visage d’ange. Elle connait un brin ce bellâtre à la chevelure bouclée. Mine de rien, elle saisit une chope trainant sur une table, s’approche de la tablée, se glissant entre l’un des gardes et le marchand. Elle renverse la chope sur la table d’une main, tandis que de l’autre, tente de détrousser l’homme de sa broche.
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Sais-tu ce qu’on fait aux voleuses ? (l’homme a attrapé sa main volage)
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Certainement, messire, rétorque-t-elle, un fin sourire sur les lèvres, repoussant sa capuche, et révélant sa chevelure blonde nattée.