Il y a de ces choses inéluctables sur lesquelles, même avec toute la volonté du monde, on ne pouvait véritablement agir. Ode le savait très bien et ce jour était arrivé, ce jour où la reine Irèn venait, un peu plus encore, d’influencer la vie du jeune prince Lovell qui n’avait eu d’autres choix que d’accepter cette future union. Une union pour le bien du royaume, disait-on. Une union pour assurer le trône et le royaume. C’est, évidemment, quelque chose qu’Ode avait prévu, mais dont elle avait espéré l’échéance le plus tard possible, pour s’assurer qu’elle soit assez proche du prince et que ce dernier ne se détourne d’elle. Elle pensait y être arrivée, mais elle ne souhaitait pas s’éloigner de lui, certainement pas maintenant. C’est pourquoi, le soir même, après le bal, elle avait décidé de venir le rejoindre dans sa chambre.

Un pari risqué puisque les lieux allaient probablement grouiller de monde, mais également une aubaine, car cela serait plus facile à Ode de passer inaperçue. Elle espérait simplement que cette future épouse ne se retrouve pas dans la chambre du prince ce soir. Non, ce n’était point des manières de nobles ça… C’était plus le genre d’Ode d’agir de la sorte. C’est pourquoi elle se devait d’agir afin de venir susurrer à Lovell qu’elle était toujours là, malgré les conséquences. Mieux, elle le serait davantage. Hors de question de laisser la reine Irèn venir lui retirer l’une des choses qu’Ode avait pu obtenir du prince sans même qu’elle le sache. Car oui, elle préférait largement que la reine ignore tout ceci, car Ode risquait gros.

C’est donc tard le soir qu’Ode se retrouve dans le couloir qui menait à la chambre du prince. Un rituel qu’elle connaissait que trop bien, mais, à cette heure-ci, elle faisait davantage attention de ne pas croiser un garde qui poserait trop de questions. Heureusement pour la jeune femme, la soirée avait été à la fête et les gardes avaient eu droit, eux aussi, à profiter un peu, car c’était un grand jour pour le royaume, après tout. Des fiançailles, ça se fête.

Elle ouvrit donc la porte qu’elle referma délicatement pour ne pas alerter qui que ce soit. Elle enleva ses bottes et approcha doucement du lit du prince qui devait probablement déjà somnoler en cette heure tardive, pensant que personne ne viendrait lui rendre visite ce soir. C’était mal connaître la jeune femme qui tira doucement le drap pour venir se glisser dans le lit princier. Elle sourit doucement en s’approchant de ce dernier qui devait certainement être alerté par sa présence, désormais. Elle déposa un baiser sur son épaule et lui murmura doucement. « Si j’étais promise au futur Roi d’Heledir, je ne perdrais pas mon temps à dormir seule, mais je viendrais prouver que je suis digne d’être son épouse. » Dit-elle avec un petit sourire, faisant bien évidemment référence au fait que son lit était vide et qu’il venait de rencontrer sa promise. « Enfin, peut-être que ce sont des choses qui ne se font pas… Je l’ignore. Peut-être pouvez-vous m’éclairer, mon prince ? » Elle usa volontairement du vouvoiement, comme elle le faisait en public, pour accentuer sa question, le sourire espiègle.