◭ Héloïse Ilwynog Dame Goupil« le feu dans les veines » | Dim 26 Avr - 12:53 |
| Héloïse se laissa soulever comme une vieille barrique, des petits rires encore coincés dans sa gorge irritée autant par le feu craché plus tôt que par le fou rire qui s’estompait progressivement. Elle se sentait grisée, gagnée autant par la fatigue que par ce moment qui semblait avoir envoyé valser une décennie de solitude et d’oubli. Se retrouver dans les bras de Bohémond était toujours aussi inattendu, surprenant, angoissant et pourtant ardemment désiré malgré les années qui avaient fait s’estomper les souvenirs, les sensations, les sentiments. Mais peut-être n’avaient-ils été qu’endormis, attendant l’étincelle qui les ferait s’éveiller et reprendre là où ils s’étaient figés. Le baiser de Bohémond l’embrasa. Il avait été évident depuis le début, et pourtant, Héloïse passa par quelques instants d’étonnement avant de se laisser aller, redécouvrant tout ce qui lui avait manqué ces dernières années. Mais le brasier décrut aussitôt que Bohémond s’éloigna d’elle, se répandant en excuses. « Tais-toi donc, idiot ! » fit-elle en saisissant la tunique de Bohémond pour l’attirer tout contre elle. Et ce fut au tour d’Héloïse d’embrasser avec fougue l’homme qui n’avait jamais quitté son cœur meurtri et plein d’espoir. Son baiser à elle était un peu plus hésitant, parfois avide et dévorant comme le feu qui se déclarait dans son ventre, parfois doux et timide quand elle parvenait à le couvrir, de peur d’aller trop vite, trop loin. Un baiser qui montrait le duel qui se jouait en elle, entre le désir de retrouver les gestes et les sensations qu’elle n’avait eu de cesse de rechercher, et celui d’accepter que rien ne pouvait reprendre comme avant. Que ce n’était pas une étreinte échangée à côté d’un temple quelconque de Lugan qui effacerait des années d’histoires séparées. Pourtant, ce soir, Héloïse avait envie de laisser l’impétuosité du feu gagner le combat. Quitte à se sentir aussi gauche que quand elle avait quinze ans, découvrant la puissance d’une caresse, n’osant poser ses mains nulle part. Et comme Bohémond avant elle, Héloïse finit par rompre le baiser. Essoufflée et pourtant ragaillardie, Héloïse rassembla toutes ses affaires en vrac dans son grand sac puis tendit la main à Bohémond. « Tu viens ? » demanda-t-elle, le rouge aux joues, les yeux défieurs. La fébrilité d’Héloïse était palpable, partagée entre la peur qu’il refuse de la suivre jusqu’à son auberge, et celle de ce que cela signifierait pour son cœur déjà malmené par tant d’émotions intenses. the end (...to be continued.) |
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