Irèn se trouvait dans ses appartements privés. Elle se délassait dans son bain. La fin d’après-midi avait été particulièrement rude. Elle s’était entraînée avec son maître d’armes, Rivalen Trant. Et il n’y avait pas été de main morte, comme toujours. C’était un homme étonnant. Qui ne se battait pas à la loyale, c’était peu de le dire. Cela faisait huit ans qu’il était devenu son maître d’armes, remplaçant l’ancien qui était vieillissant, à la demande de la Reine. Elle repensait à la première fois qu’elle l’avait vu dans la Cour du château. Il avait tenu en échec trois hommes alors qu’il était seul. Bel homme, élancé et musclé, elle avait suivi ses mouvements avec passion. Elle grimaça lorsqu’une servante passa une éponge sur ses épaules, appuyant douloureusement sur les bleus qu’elle avait récolté. Toute Reine qu’elle était, Rivalen ne la ménageait et n’hésitait pas à frapper. Au tout début de leurs entraînements, il avait hésité mais avec les années, la réserve avait cédé. On pouvait dire qu’elle avait été à bonne école.

Maintenant, il lui arrivait fréquemment de le désarmer ou de le mettre à terre. Les leçons avaient porté leurs fruits. A l’approche de la guerre, elle devait s’entraîner plus que de coutume car elle comptait bien mener son armée exterminer les Thorons. L’eau chaude détendait ses muscles endoloris et elle ferma les yeux un bref instant, savourant le moment de délice. L’image de Rivalen lui trottait dans la tête cependant. L’homme lui avait plu dès qu’elle l’avait vu mais elle était bien trop enfermée dans son chagrin pour se laisser aller à quoi que ce soit lorsqu’elle l’avait rencontré. Les années avaient passé cependant et depuis, un lien solide s’était construit entre eux, de maître à élève. Elle eut un sourire. Se tournant vers un de ses servantes, elle ordonna :

Faites venir mon maître d’armes.

La servante eut un léger temps d’arrêt car il était tard mais elle ne dit rien, se hâtant de disparaître des appartements royaux pour aller quérir Rivalen. La seconde suivante tendit une robe à Irèn. Elle la congédia d’un geste.

Pas la peine. Laisse moi.

Seule, elle ferma les yeux encore. Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que la servante ne revienne, ouvrant la porte et annonçant le maître d’armes à sa maîtresse avant de les laisser, fermant la porte derrière elle. La baignoire était en face de la porte, Irèn toujours dedans. Son regard se glissa sur Rivalen. Sans un mot, elle se leva lentement, dévoilant sa nudité ruisselante d’eau. Sortant de la baignoire, elle avança doucement vers lui. Pas après pas. Jusqu’à se trouver à quelques millimètres de lui. Plongeant son regard dans le sien, elle murmura :

Es-tu aussi bon amant que maître d’armes ?

Et elle s’empara de ses lèvres. La Reine prenait ce qu'elle voulait. Et elle le voulait lui.