Une journée particulière grondait dans les nuages d'Elenath. Une fois par mois, quand la journée le permettait, le roi Römhen Thoron organisait une soirée en l'honneur de Saeryn, dieu du pouvoir et des mensonges qui étaient l'essence même de la façon d'agir complètement indésirée de tout autre habitant du royaume d'Elenath. Le printemps offrait alors toutes les dispositions nécessaires pour que ce soir frais se déroulent sans accro. Les nobles et religieux se partageaient des vertus nourricières à travers une tablée immense et pleines de bonnes victuailles, Römhen d'un bout à l'autre en chien de faïence avec son grand frère. C'était un beau et bon moment mais venait alors le temps pour le roi d'aller se confesser dans le temple pour honorer son Dieu et peut-être même confesser les pêchés qui le tiraillaient. Ou tout simplement lâcher prise sur certaines informations que seul un religieux pourrait se permettre de garder pour lui. Pas par choix, mais par obligation. Dévoué à ses dieux, les religieux des Thorons n'avaient pas le choix que d'être dévoués aussi à leur roi, il ne laissait aucune place à l'hésitation.

Vêtu d'un simple pantalon de toile et du chemise en lin et d'un veston rouge carmin, il poussait les portes du temple pour se diriger alors vers Confesse. Une petite population presque nombreuse était présente pour faire la même chose que lui mais ses privilèges avaient raison des comportements qui devenaient tout de suite plus tendus en sa présence. Il soupirait légèrement quand les habitants déguerpissement, d'une peur inconnue que Römhen ne pouvait maîtriser. Habitué, il finit par ne plus s'y attarder et s'approcha d'une cabine où il vit alors un homme y entrer au même moment. Et le temps d'une seconde avant de pénétrer dans la pièce exiguë, il aperçut un bien appartenant à sa famille depuis des générations. Une chevalière à l'allure d'un loup qui trônait au doigt de cet homme qu'il avait déjà vu par le passé ici-même. Ni une, ni deux, il empêcha l'homme de foi de bouger en lui tirant le bras, assurant la surprise du quelques peu d'invités qui restait dans le temple. Sans cesser sa prise, Römhen gronda d'une colère non-dissimulée, se moquant d'être dans un lieu sacré. Ce bijou appartient à ma famille ! Homme de Dieu, à qui l'avez-vous volé ?! Et il serrait si fort que le sang disparaissait déjà du bout des doigts du voleur non avéré. La présomption d'innocence n'existait pas dans le royaume Thoron.

L'assaillant et voleur des Thorons décidait de prendre la fuite de ses responsabilités avec des mots et le souverain se mit dans une rage intérieur qui dépassait l'entendement. Que ça soit un homme de Dieu ou pas, il était hors de question de passer pour un menteur, d'autant plus que la bague était reconnaissable entre mille autres. Mais quand il se rendit compte des pierres de lune qui reposaient sur la chevalière semblèrent bien trop familière, il eut un mouvement de recul. Puis les souvenirs l'assaillit de toute part comme une gifle au moment le plus vulnérable de la journée d'un humain.

C'était si sombre, quand il sentit les premières caresses de l'inconnu. S'il avait paru réticent de prime abord, c'était parce qu'il n'était qu'un adolescent plein de ressource, couronné de surcroît et que ces indécences n'étaient pas digne d'un garçon de son statut. Mais plus fort que lui, il n'avait pas su résister aux hormones d'un gamin pré-pubère de quinze ans, généré par les mains abrupts et aussi peu expertes que son amant d'une nuit. Römhen avait bien conscience que ce qu'il faisait était mal, mais avait-elle réellement envie de jouer la carte de la sagesse ? Peut-être bien que... pour une nuit, il pouvait être quelqu'un d'autre. Bien sûr qu'il prit le temps de se perdre dans les baisers macabres d'une mâchoire masculine.

Le souffle court, quand ce flash apparaît dans son visage, Römhen se souvient alors d'un détail inespéré et enfoui au fond de son esprit. Il a offert une chevalière dans ce style à ce souvenir qu'il essaie d'effacer de son crâne tant bien que mal et voilà qu'elle se retrouvait au doigt de ce... religieux. Pouvait-il en être autrement ? Il devait s'agir d'un cadeau, ou d'un vol. Mais il était impossible que cet homme de foi soit... non. Rien que l'idée de frôler l'innocence d'un être dévoué à Dieu lui donnait la nausée et il préféra reculer, vociférant des mots en l'air qui résonnait dans l'église. J'ai offert cet bague à un... ami il y a longtemps ! Il est impossible qu'elle se retrouve à votre doigt ! Le mot ami fut trembler sa gorge et espérait que le trémolo soit imperceptible. Il fulminait, ses narines se dilatant comme un taureau sur le point de charger mais son autorité était indéniable et indiscutable. Il était le roi. Fact. Rendez-moi ce bien appartenant aux miens !