Eulalie regardait avec avidité les bijoux étalés sous ses yeux: jamais, dans sa jeunesse, elle n'aurait cru pouvoir avoir en sa possession de pareilles merveilles. La majorité de sa richesse venait des bonnes grâces de son royal amant: Amras semblait ravi de la couvrir de cadeau et souvent l'arrivée d'un nouveau collier était le signe d'une soirée passionnée en perspective, avec le bijoux comme seul vêtement et le devoir de remercier son protecteur. D'autre étaient des présents de rares membres de la noblesse l'appréciant: Jasper bien sur, mais pas que. La favorite savait que son statut lui apportait autant de regards envieux que de colère de la part de la noblesse. Elle même n'était rien avant que sa route ne croise celle de Jasper, qu'il fasse d'elle une dame et qu'il la présente au Roi Amras: elle n'avait ni titre, ni lignée à laquelle se rattacher, elle était la plus parvenue de tous les membres de cette cour et en cela, elle avait ses admirateurs. Ceux qui trouvait son parcours remarquable, vantant ses qualités et ses décisions, d'autre espérant un regard, une chance de pouvoir poser la main sur la possession du souverain et enfin, ceux qui espéraient qu'en s'attirant l'amitié de la jeune fille, il atteindrait plus facilement la royale oreille d'Amas Gwelnaur. Eulalie, elle, s'amusait de tout cela. Elle se moquait bien des ragots pouvant la concerner tout comme elle pouvait se rire de la manière dont certain la courtisait pour obtenir une audience privée et officieuse avec son amant. Et dans cet exercice, Eulalie s'était trouvé une alliée de taille. Si ses relations avec la reine était, comme on pouvait s'y attendre, difficile, elle avait trouvé en la présence Ariana une amie sincère qui partageait avec elle bien plus qu'elle aurait pu le croire. D'un âge presque semblable, les deux femmes avaient construit une amitié et une complicité rare dans une cour royale et Eulalie se plaisait à croire qu'Ariana avait pour elle l'affection réciproque qu'elle lui portait. Cette amitié ne fonctionnait pas sans règles et cela, Eulalie l'avait compris dès qu'Ariana l'avait abordé, après son arrivée au château: la fille d'Amras demeurait une princesse et en cela, bien que Favorite, Eulalie tenait à lui marquer un respect tout particulier en publique. En plus de cela, il y avait un tabou: si Ariana ne s'exprimait pas sur la relation que son père entretenait avec Eulalie, cette dernière n'en faisait également nullement mention. Au final, il s'agissait de redevenir deux jeunes femmes à la cour Gwelnaur, effaçant les activités qu'Eulalie pouvait avoir la nuit tombée mais n'oubliant jamais le respect du à une Altesse Royale. Et cela fonctionnait plutôt bien. Eulalie avait trouvé en Ariana, une amie sincère qui l'avait aidé à briser la solitude de son arrivée à la Cour, qui partageait avec elle une même affinité pour se rire du ridicule des courtisans et pour lui apprendre, à l'occasion, ce que son éducation tardive pouvait avoir comme lacune. De son côté, Eulalie n'attendait rien d'Arianna: son affection était dépourvu d'une quelconque forme d'attente et de profit et elle se moquait bien que la princesse respecte l'étiquette ou non en sa présence.

Une fois apprêtée, Eulalie décida de rejoindre la princesse dans sa chambre. Au contraire des habitudes du château, l'annoncé de son arrivée fut discrète: le Roi et la Reine étaient présent, et s'entretenaient dans leur propre partie des appartements royaux. S'il était une chose qu'Eulalie ne voulait pas, c'est être à nouveau la cause d'un scandale et d'une dispute entre Leann et Amras: son amant venait généralement la voir plus énervé que jamais une fois l'affrontement avec son épouse terminée et elle ne tenait pas à subir ses assauts ce jour là. Après la salut révérencieux qu'Eulalie offrit à Ariana, elle s'empressa de venir s'installer près d'elle alors qu'à présent seules, elles pouvaient laisser tomber toutes les barrières des convenances. C'était dans ces moments là, que la jeune favorite se sentait le mieux: lorsqu'elle n'avait plus à se faire passer pour ce qu'elle n'était pas, lorsqu'on ne s'offusquait de sa manière de parler ou de son attitude, rappelant les bas quartiers où elle avait vu le jour. Lorsqu'une fois déchargée de son fardeau, Ariana annonça vouloir se détendre, Eulalie ne put retenir le sourire en coin qui se dessina sur ses lèvres. Oh oui, elle savait ce que cela signifiait, et elle s'en délectait d'avance. « Vous lisez dans mes pensées, votre altesse ...  » lui dit-elle avec l'ironie d'un usage de titre trop pompeux mais qui rappelait la manière dont les cibles s'adressaient à la princesse. Une étrange flamme brulait dans le regard de la favorite. Oh oui, cela serait fort intéressant ! « Un très bon choix ! Et personnellement, il me tarde de voir la manière dont les serviteurs vont également réagir ! Faire d'une pierre de coup ... Un coup de génie pour sur !  » Ce n'était pas la première fois qu'elles se jouaient ainsi des domestiques: après tout, elles étaient intouchables. Personne n'oserait accuser la princesse de se jouer du personnel, quand à la favorite, la plupart des serviteurs ignoraient comment se comporter avec elle, mais l'amitié de la princesse la rendait également hors de portée. « J'ai bien une idée qui me vient ... Mais en tant que princesse, ce n'est pas à moi qu'il revient pas de valider un quelconque plan, voici donc ce que je propose ...  » Eulalie partie donc dans des explications parfois entrecoupées de rire. L'idée était simple, faire croire que l'une, ou l'autre, était souffrante et avait besoin de certaines choses, qui serait constamment renvoyer en cuisine au prétexte que ce n'était pas ce qui était demandé. Bien sur, il fallait que le malaise soit suffisamment convainquant pour activer les cuisines, mais pas trop pour ne pas alerter le roi ou la reine. Elle plaignait d'avance ceux qui auraient à courir entre les cuisines et leurs deux personnes, tout comme les cuisiniers qui s'arracheraient les cheveux sur des demandes loufoques ou impossible. « A moins qu'il y ait une autre occasion de les embêter un petit peu ?  » demanda Eulalie à Ariana, cherchant à savoir si la jeune femme avait déjà une idée derrière la tête en mentionnant les cuisines.