« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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▬ L'ENVOL : la lumière des Thorons, le lion qu'il a toujours souhaité être, bon et juste, tout ce qu'il aurait fallu d'un roi pour mener son peuple à la gloire. ▬ LES PARCHEMINS : 511 ▬ L'AME : horizon ▬ LE REGARD : Joe Dempsie ▬ LE TEMPS : 36 ans ▬ LE SANG : Thoron ▬ LE FEU : célibataire, bien que son coeur soit épris d'une femme en secret ▬ LE DESTIN : premier héritier du trône, bien qu'il se contente aujourd'hui de conseiller le roi, son petit frère ▬ LES ROSES : 4161
Il parcourait les couloirs du château de Calendyr. Sous les larges fenêtres qui bordaient toute l'allée, sa chevelure étincelait tel des rayons d'or. L'écho des bottines frappant le sol était ténu par le tapis rouge qui s'étendait sur toute la longueur du vaste corridor. Le prince hâtait le pas, il avait un rendez-vous de la plus grande importance. Il fit son entrée dans l'entrée démesurée du palais où il descendit quelques marches avant de se retrouver à l'extérieur. Ses bras croisés dans le dos et son allure soutenue démontraient qu'il était pressé, voire peut-être même inquiet. Ce qui ne serait pas une surprise venant de l'aîné des Thoron, connu pour se faire un sang d'encre sur des sujets futiles. Mais là, les choses n'étaient pas si futiles. Ce qu'il s'apprêtait à faire, c'était un premier pas vers un meurtre. Une longue route l'en séparait encore. Peut-être reculerait-il, car il ne jugerait pas qu'il s'agisse de la meilleure solution. Car jamais Leandry ne se jetait aveuglément dans la gueule du loup. Il prenait toujours le temps de trouver le meilleur plan possible avant de le mettre à exécution. En effet, le prince avait entendu les bruits de couloir. Il avait maintes fois croisé une femme de la quelle émanait une aura mystique dans le palais. Lorsqu'il scindait son frère, il n'en disait rien. Et aucune raison n'était valable pour que Leandry n'aille s'adresser à la Reine qu'il ne pouvait pas se voir en peinture. Il avait cependant fini par comprendre que cette femme était là pour la première dame. La raison, c'était sa déduction qu'il lui avait soufflé à l'oreille. Puis, en discutant au sujet de la mystérieuse, il avait appris qu'elle avait d'étranges pouvoirs de perception, de mort, ou de vie. Ce qui piqua à vif la curiosité du prince. Peut-être pourrait-elle l'aider. Mais avant tout, il devait tester ses capacités de magicienne. Car, autant le dire, il ne croyait pas une seconde à ces mythes puériles. Les magiciennes n'existent que dans les contes pour enfants.
Leandry avait réussi à lui donner rendez-vous un matin dans la salle privative d'une auberge. Le prince traversait les ruelles de la capitale qui s'éveillaient doucement, une capuche dissimulant son visage. Il ne tenait pas à être vu en train d'entrer dans le-dit lieu de rendez-vous et encore moins en présence de cette femme. Lorsqu'il parvint à la taverne, il se dirigea aussitôt vers une porte, tout au fond, d'habitude interdite au public. Là, au moins, ils seraient tranquilles. Franchissant le seuil, il referma précautionneusement derrière lui. -Dame Ithildin ? demanda-t-il en s'adressant à la femme ici présente.
La missive qui glisse entre tes doigts agiles, puis qui tombe mollement jusque sur la table qui loge un peu plus bas. La lèvre qui se tord dans une mimique pensive tandis que l’esprit réfléchit. Un mystérieux destinataire. Un rendez-vous à l’écart du château, dans un lieu neutre. Une auberge qui ne paie pas de mines, si t’en crois tes souvenirs. La demande est originale, c’est indéniable, et ça éveille ta curiosité autant que ça émousse ta méfiance. Est-ce un piège ? Ou alors une rencontre qui se veut spéciale ? L’un comme l’autre est une possibilité, et si tu n’y vas pas, et bien tu ne pourras jamais le savoir.
Alors tu finis par te lever de ta chaise et par quitter ton bureau. Tu te penches pour récupérer les diverses missives que tu as reçu au cours de la journée, puis te diriges vers l’âtre qui crépite à l’autre bout de la pièce pour les jeter dedans. La confidentialité avant tout. Tu perds plusieurs secondes à observer le papier brûler, te délectant des crépitements d’agonie qui en résultent. Il est déjà bien tard et ton esprit est fatigué. La journée a été riche et tu ne demandes qu’à t’adonner au sommeil, d’où le fait que tu resserres le châle sur tes épaules dénudées et que tu te couches dans ton lit, non loin de la cheminée. Les crépitements persistent encore plusieurs minutes, te berçant presque. La nuit te portera conseil, et qui sait, peut-être que Kendassa t’enverra des signes parmi tes songes pour te guider dans ta décision.
Les rayons pâles du Soleil commencent à peine à apparaitre dans le ciel encore obscur quand tu te réveilles. Ta décision est prise. Quelque soit le commanditaire de cette missive, tu vas accepter sa demande singulière. Après t’être rapidement préparée, tu quittes ta chambre et erres dans le château parmi les ombres encore présentes. Mais plus pour très longtemps. Tu prends rapidement la direction des cercles inférieurs et te mêles parmi les quelques passants qui sont eux-aussi déjà dehors. T’es en avance d’au-moins une heure, mais vu la dangerosité potentielle de cette entrevue c’est bien mieux ainsi. Ton garde du corps à tes côtés, vous pénétrez dans l’auberge qui a été prévenue. Forcément, l’aubergiste n’en sait pas plus que toi sur ce qu’il va se passer, et a été payé gracieusement d’avance pour la salle qui a été allouée. Bon. Faisant le tour des lieux en reconnaissance, tu finis par t’installer sur l’une des deux chaises à disposition, les mirettes portées vers le dehors. La lumière qui peu à peu s’intensifie, jusqu’à ce que des pas derrière la porte t’informent de la présence de ton invité. Te levant pour l’accueillir, tu ne peux refréner un sourire quand tu reconnais le visage sous la capuche. Forcément. « Prince Leandry, que tu susurres, te penchant légèrement en avant en guise de salutations. Tes mirettes qui se focalisent ensuite sur la présence de ton garde, qui avait jusqu’à présent la main sur le pommeau de son épée. D’un geste de la tête tu l’encourages à se détendre, Excusez son comportement, mais aux vues de cette missive des plus singulières nous préférions nous attendre à tout, et même au pire. Tu parles avec franchise, ponctuant la fin de ta phrase par un sourire, Tu peux nous laisser, à présent, merci. » Et le garde, après avoir acquiescé en silence, prend la direction de la sortie et referme la porte derrière lui. Un silence qui dure plusieurs secondes tandis que vous vous jaugez l’un l’autre. « Je vous en prie, asseyez-vous. Tu montres la chaise présente de l’autre côté de la table ronde et te rassoies. Que me vaut l’honneur de votre présence ? » La question qui brûle tes lèvres, bien que tu feintes la neutralité et une quasi indifférence.
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Le soleil brillait depuis les premières lueurs de l'aube, mais sa lumière ne parvenait pas jusqu'à l'antre ténébreuse de l'auberge. Seul un mince filet éclairait la pièce, dans lequel s'était placée la femme ténébreuse. Dans le sillage de son ombre se tenait un homme imposant, la main posée sur son épée. Il ne surprit pas le prince qui retira sa capuche sans pour autant le quitter de ses yeux de glace. Il s'attendait bien à ce qu'elle ne soit pas seule, en même temps, il ne lui avait pas donné rendez-vous dans le meilleur des quartiers. Lorsque le regard de la magicienne se posa sur son client, dont elle n'avait pas la connaissance jusque-là puisqu'il s'était présenté comme anonyme, elle le reconnut instantanément. En même temps, Leandry était une image au sein du peuple: il passait difficilement inaperçu. Aslaug le salua poliment, l'homme l'imita. Cette dernière expliqua la raison de la présence de son garde, que Leandry ne pouvait que comprendre. -N'ayez crainte, vous avez eu raison de miser sur la prudence. Leandry observa l'homme quitter la pièce et refermer dans son dos. Puis, il se tourna vers Aslaug. Cette femme inspirait une aura mystérieuse. De longs cheveux marrons encadraient son visage pâle aux joues légèrement creusées. Ses lèvres pulpeuses s'étiraient dans un mince et discret sourire tandis que ses pupilles irisées de jade fixaient son interlocuteur qui prenait enfin place à la table ronde, en face d'elle. Curieuse, elle s'enquit de connaître les raisons de leur rencontre aux aurores. Leandry préférait se tenir sur ses gardes. Si il l'engageait pour quelle mission qu'il soit, il devait être certain de son don. Cette entrevue lui servirait de test afin de déterminer ses compétences. -J'ai eu vent de vos aptitudes. Vous avez une notoriété grandissante dans la région et je voulais vous voir à l'oeuvre. Leandry appuya ses bras sur la table pour prendre place par-dessus celle-ci. Ses mains se joignirent pour ne former qu'un, tandis qu'il soutenait le regard de la magicienne. -Pouvez-vous prédire l'avenir ? il laissa planer un silence durant quelques secondes avant de poursuivre, comment vous y prenez vous ? Lisez-vous dans les cartes, ou les lignes de la main ? Le prince avait déjà entendu bien des histoires durant son enfance aux sujets de magicien. Ses nourrices lui avaient toujours assuré que la magie n'existait que dans les contes. Puis, en grandissant, il avait connu les charlatans, ceux qui se faisaient passer pour des sorciers alors qu'il n'en était rien. Cependant, Aslaug n'avait pas cette réputation-là. Ses pouvoirs semblaient défier la limite du possible. Il lui tardait de la voir à l'oeuvre.
Oui tu as eu raison. Car ça ne serait pas la première fois qu’on chercherait à attenter à ta vie. Ni la dernière, d’ailleurs. Ton influence au sein des cours est grandissante, et nombreux sont ceux à se rendre compte du pouvoir que tu dégages. Du danger que tu pourrais représenter. De par tes disciples infiltrés un peu partout, tu obtiens régulièrement des informations. Des secrets. Et certains, forcément, valent leur petit pesant d’or. Alors oui, c’est déjà arrivé qu’on t’envoie un mercenaire pour tenter de te supprimer. De faire taire une bonne fois pour toute la menace grandissante que tu représentes. Si la première fois tu t’en es sortie par chance, à présent tu préfères assurer tes arrières. D’où la présence quasi-constante de ton garde du corps à tes côtés.
L’auberge n’est pas des plus prestigieuses. Tombe limite en ruines et pourrait se vanter d’héberger de mauvaises fréquentations. Un endroit parfait pour un rendez-vous anonyme quand on ne veut pas être vu. Quand on ne veut pas que ça se sache. La présence du Prince en fasse de toi ne te choque donc pas vraiment, au final si ce n’était pas un piège, c’est que ça voulait dire que forcément c’était une personne influente. T’es surprise, quand même, que ce soit lui, quand on connait l’absence de considération du Roi à ton égard. Trop étroit d’esprit pour croire en ces histoires de magie. Tu pensais que son grand frère serait comme lui. Et pourtant… Force est de constater que tu t’étais trompée à son sujet. Mais c’est pas plus mal, et ça ne fait qu’accentuer ton pouvoir sur cette cour que tu sens déjà grandissant.
Ainsi donc, il souhaite lire l’avenir. Et c’est ton esprit qui tout de s’active. Pourquoi donc ? Craint-il pour sa vie ? Pour son royaume ? Souhaite-t-il, finalement, prendre la place de son frère ? Leandry aurait du devenir Roi, et pourtant il a préféré céder sa place. Tu doutes donc que son objectif soit de reprendre ce qui lui vient de droit. Peut-être craint-il pour la vie de son frère ? Mais il ne représente pas un danger, contrairement à sa femme dont tu connais le pouvoir. Tu sais que c’est elle qui tire les ficelles dans l’ombre. Mais que serait-elle sans son mari ? Plus rien. Donc tu doutes que ce soit pour ça qu’il vienne te voir. Une histoire de cœur, alors ? Leandry est éternel célibataire. On dit qu’il voue sa vie pour le pays, mais ça c’est juste une belle histoire pour éloigner les rumeurs. Il y a une femme derrière tout ça. Ou peut-être même un homme, qui sait, cela expliquerait bien des choses. Qui plus est, on t’a rapportée ses ballades nocturnes, dans l’ombre du château. Qui va-t-il voir ? Probablement quelqu’un de cher à son cœur. Tu pressens donc que c’est vers cet axe que tu vas te diriger.
Te penchant, tu sors d’un pan de ta cape une longue bourse d’où émerge ton jeu de cartes de tarot. « Ceux qui lisent dans les lignes de main ne sont que des charlatans, que tu craches presque, ton regard rivé vers tes cartes que tu manipules avec grands soins, Je ne me fie qu’aux cartes de tarot. » Tu bats les cartes lentement, d’un geste aiguisé par l’expérience accumulée. Les cartes sont teintées d’or et resplendissent au contact des rayons de la bougie posée au milieu de la table. Elles sont d’une belle manufacture et même si t’en prends grand soin on devine qu’elles ont déjà bien vécues. « Coupez le paquet en deux je vous prie, et avec votre main gauche, que tu souffles, lui tendant tes cartes. Tu attends qu’il le fasse puis qu’il te les rende pour prendre le premier paquet qui vient à toi. Il existe différents tirages plus ou moins complexes du tarot pour trouver des réponses plus ou moins rapides ou plus au moins précises à vos différentes questions. Pour ma part je tire trois cartes que j’interprète au fur et à mesure avant de faire une synthèse. À mesure que tu parles, tu étales ton demi-paquet d’un geste rapide avec ta main gauche. À présent posez votre question, puis choisissez les trois cartes sans les retourner. » Un sourire encourageant qui parcoure tes lèvres tandis que tes orbes analysent ses moindres faits et gestes à la recherche de pistes à exploiter.
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Leandry n'était pas certain de croire à toute cette magie, aussi blanche ou noire soit-elle. Il savait que son frère cadet, lui, pensait que tous ceux qui s'auto-proclamaient en tant que tels n'étaient que des charlatans. Tandis que l'aîné préférait leur accorder le bénéfice du toute. En réalité, il n'avait jamais essayé de se faire lire l'avenir autant dans les lignes de la main ou dans les cartes... Tout cela était obscur pour lui. Mais si cette magie s'avérait réelle, il aurait tout intérêt de faire équipe avec Aslaug pour venir à bout du tyran qui martyrisait Barahir sans même qu'il ne s'en rende compte. Leandry avait assez subi cette femme durant les dernières années: cette fois-ci, il fallait qu'il agisse. Il ne savait pas encore exactement comment, mais à force de temps et de patience, il était certain de pouvoir fignoler un plan qui valait la peine d'être essayé.
Lorsque le prince avoua la raison de ce tête-à-tête dans cette auberge glauque, le regard de la magicienne se planta dans le sien et parut le scinder de part en part. La magie opérait-elle dès lors ? Etait-elle déjà en train de proférer en son fort intérieur des sorts qui l'aideraient à voir les jours à venir ? Le blond sentit un frisson remonter son échine. Il n'était pas des plus à l'aise, mais il ne se démontait pas. Il gardait la même posture sur la table, en attendant les prochaines consignes. Aslaug sortit de sa cape son matériel. Elle prit entre ses doigts fins les cartes de tarot qu'elle maniait avec une aisance surprenante. Le prince l'observa en silence tandis qu'elle mélangeait le lot. Quand elle lui demanda de couper le paquet, il obtempéra sans broncher, l'air fermé, plutôt perplexe. Les cartes ne paraissaient pas dégager d'énergie particulière. Peut-être qu'il n'y avait qu'Aslaug qui pouvait sentir leurs forces ? Ou alors, le pouvoir émanait simplement de son être. Elle lui expliqua sa manière de procéder, à laquelle Leandry répondit d'un hochement de tête. Puis, elle lui demanda de poser sa question et de retourner les cartes de son choix. Hm. Quelle question pouvait-il bien demander ? Fonçait-il directement sur ce qui l'intéressait, c'est-à-dire l'avenir du royaume et le sien avec Satine ? Ou passait-il par les chemins de traverse ? Si la magie existait bel et bien, il était certain que celle-ci fonctionnerait mieux si les énergies qui s'évadaient de lui-même allaient dans ce sens. Son regard azur s'envola un instant vers le plafond, à la recherche de la question qui l'intéressait réellement. Puis, il demanda ; -Comment puis-je décider si je dois opérer un grand changement ? Instant de battement. Les astres s'alignent, la magie opère. Leandry tira les trois cartes, sans les retourner.
Il hésite quant à la question à poser. Comme s’il ne s’était pas vraiment préparé à l’avance. Ou comme s’il était tiraillé entre plusieurs. C’est finalement vers un grand changement qu’il se penche. Tu acquiesces un moment, prenant une profonde inspiration. C’est à partir de maintenant qu’il faut que tu la joues fine. Que tu mimes des gestes lents pour gagner du temps. Car tout ne sera qu’improvisation. Tu ne sais que très peu de choses sur ce Prince énigmatique, et cette rencontre anonyme te prend de court. D’ordinaire tu envoies tes petites araignées aux renseignements, histoire de te préparer un minimum. C’est d’ailleurs toi qui tires les cartes pour tes clients, histoire d’être sûre du chemin vers lequel tu veux aller. Mais pour cette fois tu pressens que les choses doivent être différentes. Doivent être laissées au hasard. Est-ce la volonté de Kendassa qui te le souffle à tes oreilles ? Tu ne saurais le dire. Le fait est que pour une fois tu laisses le destin faire. Dans tous les cas les cartes sont assez libres d’interprétation, et t’es persuadée de par ton expérience que tu sauras retomber sur des pattes.
La main gauche qui se lève sur la première carte le plus à droite. Et c’est parti. « L’Empereur, que tu commentes en même temps que tu révèles la carte. Tu laisses quelques secondes s’écouler, le plus que Leandry prenne connaissance de cette dernière, avant d’ajouter, Elle représente le courage, la volonté de garder les pieds sur terre, de savoir prendre ses responsabilité. Elle est force de production et révèle des professions de pouvoir et de commandement. Cependant elle peut aussi se montrer orgueilleuse, matérialiste, instable et tyrannique car elle peut susciter la crainte et une possessivité excessive. » Une pause, le temps de tu énumères différents versants de l’Empereur. Ça commence plutôt bien, que tu te dis. L’esprit de Kendassa semble bel et bien te guider vers l’avant, et c’est d’autant plus confiante que tu retournes la seconde carte. « L’Amoureux, Et tout de suite tu sens un poids quitter tes épaules. Heureusement que tu l’as tirée, celle la. Ton interprétation n’en sera que plus crédible aux vues de tes premières impressions sur le Prince. Elle représente l’honnêteté, la discussion, ou encore la séduction. Elle peut être synonyme de libre-arbitre, de choix, mais aussi d’association et de rencontre. À l’inverse elle peut aussi être signe de choix contraint, d’égoïsme et de jalousie, d’un manque de confiance ou encore d’une situation inextricable. » Ton regard qui se darde sur Leandry à mesure que tu énumères les vertus des cartes, à la recherche d’un froncement de sourcil ou plus globalement du moindre signe qui pourrait t’aiguiller quant à la description qui lui correspond le mieux. Après une nouvelle pause, tu retournes la dernière carte, « Le Monde, qui représente l’ouverture et la disponibilité, la sincérité ou encore une relation harmonieuse. En revanche elle peut aussi indiquer un rejet, un couple en échec ou encore un revers de fortune. » Le tirage est terminé et les possibilités sont énumérées.
Un silence que tu laisses trainer, le temps de prendre de longues inspirations et de fermer les yeux. Tes mains qui restent au-dessus des trois cartes sélectionnées, qui semblent absorber leur pouvoir, et au moins s’en inspirer. Le verdict, à présent. C’est cela qu’il attend. « L’Empereur représente votre passé. Un homme courageux, plein de volonté et qui sait être de bons conseils. Son instabilité entraine cependant une immobilité et provoque un blocage. D’où le fait qu’il est laissé le trône à son frère. L’Amoureux est votre présent. Honnête, séducteur, c’est la passion qui le guide. Mais la jalousie le guette, tout comme la situation qui devient de plus en plus inextricable. T’es prête à parier qu’il aime un homme, et si tu penses vrai alors ta révélation n’en sera que plus convaincante. Et enfin le Monde représente votre avenir. En lien avec la carte précédente, j’imagine qu’il ne fait que renforcer le côté complexe de cette relation particulière. L’harmonie ou l’échec semble s’imbriquer, se disputer. Vous êtes quelqu’un de courageux, mais vous pouvez aussi vous montrer instable. Votre relation ne pourra pas rester dans son état actuel très longtemps, et plus tôt que tard il vous faudra choisir. De ce choix signera votre destinée, votre grand changement. » Et de là tu te tais, rouvrant les yeux pour mieux sonder ceux du Prince. Alors, convaincante ?
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Il était nerveux, le prince. Une fois le tirage réalisé, le voilà qui cachait ses mains sous la table. Il joignit ses deux paumes, entre ses jambes, et fixait les cartes, faces cachées. Qu'avait-il bien pu tirer ? Quelles énergies leur avait-il transmis pour que le choix se fasse ainsi ? Il n'attendait qu'une chose, et c'était qu'Aslaug débute la séance pour de bon. Le regard de glace allait des cartes à la magicienne, attendant que celle-ci débute. Elle prit une grande inspiration, puis c'était parti. Elle retournait la première des cartes. La première révéla un homme puissant assis sur un trône. Il portait une couronne et tenait un sceptre. Aussitôt, cette carte parla à Leandry. C'était un roi. Mais quel roi ? Son père ? Barahir ? Lui-même ? L'Empereur, dit Aslaug. Alors il décrocha ses yeux du dessin pour observer la cartomancienne. Elle parla de courage, de commandement, mais également de tyrannie. Des mots qui résonnaient dans les oreilles du prince. Lorsqu'elle eut terminé ses explications, il hocha la tête, signe qui lui signifiait qu'elle pouvait passer à la suite. Même si en réalité, c'était elle qui rythmait la séance de voyance. Aslaug retourna d'un geste prompt la seconde. Leandry y découvrit quatre personnages ; un homme, au centre. Il observait deux autres qui se trouvaient à ses côtés. Au-dessus de cette scène, un petit homme ailé avec un arc qui bandait en direction de l'homme au centre. Le prince ne comprit pas de quoi il s'agissait, jusqu'à ce que la voyante annonce l'Amoureux. Annonce à laquelle les mâchoires de Leandry se serrèrent. Déconcerté, il battit des cils quelques secondes. L'Amoureux parlait de séduction, de sentiments, de choix ou de jalousie. Leandry poussa un long soupire, préférant garder ses mains tendues sous la table. Vint la dernière carte qui présentait une femme en son centre, seins nus, entourée d'une grande couronne de fleurs, elle-même entourée de plusieurs créatures mythiques comme un griffon ou un cheval ailé. Celle-ci non plus, ne lui parla pas beaucoup jusqu'à ce qu'elle évoque le Monde. Il haussa un sourcil. Comment ça ? Elle parla de disponibilité, d'harmonie ou de rejet.
Leandry hocha la tête, puis se radoucit sur sa chaise. De droit et tendu, il se détendit sur le siège, observant Aslaug aspirer l'énergie des cartes afin de faire la synthèse de son tirage. Beaucoup de choses avaient été énumérées, mais que fallait-il garder, en sois ? Qu'est-ce qui le concernait vraiment finalement ? Elle parla d'abord de l'Empereur de son passé, influencé par un homme instable qui a ensuite influencé son avenir d'un blocage. Il assimila instantanément ce fait à son incapacité à régner. Cette force, cette aura mystique, qui le confortait dans le choix qu'il ne pouvait pas demeurer aux rennes de l'empire. L'Amoureux symbolisait une situation amoureuse inextricable, en cul-de-sac. Surpris de cette déduction, il cessa de respirer quelques secondes. En effet. Son amour pour Satine ne l'avait pas porté très loin jusque là. Et il ne le ferait probablement jamais. Il finit par relâcher son souffle quand elle passa à son futur, le Monde. Elle pointait justement ses craintes. Sa relation l'empêchait d'avancer. Leandry devait prendre le choix de la cesser ou de la révéler au monde. Il déglutit péniblement. Elle était douée. Leandry se surprit lui-même d'être autant impliqué et crédule dans cette séance. En même temps, comment ne pas y croire ? Elle avait justement ciblé tous les principaux problèmes de sa vie. Encore, elle aurait pu deviner pour le trône, mais pour Satine, elle n'avait aucun moyen de savoir. -Merci, déclara-t-il, ressassant encore toutes ses prédictions. Puis il réfléchit. Aslaug avait parlé d'une relation particulière et instantanément, Leandry avait pensé à Satine. Mais il n'y avait pas qu'elle. Barahir également avait une incidence sur sa vie. Et de plus en plus, le prince se questionnait sur sa légitimité de régner. Peut-être était cela que le changement nécessitait. -Pouvez-vous savoir de quelle relation il s'agit ? demanda-t-il
Son souffle qui se coupe quand tu révèles la carte des Amoureux. À plusieurs reprises tu sens de la tension, que ce soit dans son corps ou dans son regard. Tu as vu juste, l’éternel célibataire ne l’est pas tant que ça. D’une manière ou d’une autre, son cœur est pris. Et s’il n’a pas encore révélé sa relation au grand jour, c’est parce que probablement il y a une coquille. Aime-t-il une roturière ? Une femme déjà mariée ? Ou même un homme ? Si tu as une petite préférence quant à la réponse, tu préfères cependant rester prudente pour ne pas commettre un impaire qui pourrait te coûter cher. Pour le moment il semble boire tes paroles sans sourciller. Y adhérer. Alors qu’il continue comme ça.
Il te remercie. Semble, après coup, se détendre. Se radoucir. La tension semble quitter son corps, l’anxiété que son secret soit révélé, peut-être. Il ne semble pas en colère, ni mordre son frein. Parait même satisfait de ce que tu viens de lui dire. Ça a tendance, du coup, à te rassurer. Au final tu auras vu juste à son sujet. Après, si on y regarde bien, tu n’as fait qu’énoncer des généralités. Tu ne t’es pas trop mouillée, mais n’ayant que très peu d’informations à son sujet tu n’aurais pas pu faire autrement sans risquer de te brûler les ailes. Un tirage simple, mais efficace, qui fait toujours son petit effet. Le Prince semble s’être arrêté sur cette fameuse relation qui tu décris comme complexe et inextricable. C’était bel et bien ça son secret le plus important. Sur ça que portait son grand changement. Du coup ça te laisse quelque peu curieuse. Si les hypothèses sont nombreuses, force est de constater que si tu le pousses dans la bonne direction peut-être sera-t-il enclin à te donner plus d’informations… Mais il faudra que tu agisses avec prudence et retenue, car au moindre doute il pourrait se refermer comme une huitre. Pour le moment il semble en confiance, mais la situation pourrait se retourner en un battement de cils.
Sa dernière question te laisse pensive. De quelle relation il parle. Tu soupçonnes que ça concerne le Roi et l’autre, mais sans pouvoir le confirmer. Il est connu que Leandry guide le Roi. Qu’à défaut d’être officiellement à sa place il ne peut rester loin du pouvoir. Son frère est réputé pour être trop brutal, trop sanguin. Du genre à taper du poing et foncer dans le tas alors qu’il faudrait mieux réfléchir. La Reine et Leandry ont donc pour rôle de le calmer, de l’inciter à la prudence et à la réflexion. Au final, Leandry ferait un bien meilleur Roi qui l’actuel. Ou en tout cas c’est ce qui se murmure dans la cour, car à défaut d’avoir pu converser réellement avec le Roi tu ne peux que suivre l’avis général et lui faire confiance. Alors est-ce que derrière cette question Leandry sous-entend que suivant le conseil il pourrait vouloir revendiquer le trône ? Ça serait étonnant sachant que c’est lui-même qui l’a cédé quelques années plus tôt. Craint-il, du coup, d’être mis à l’écart ? Que le Roi se lasse de ses conseils ? Ça paraitrait déjà plus probable. « De celle qui importe vraiment. Qui dicte votre cœur et qui vous poussera à agir quand il le faudra. Tu préfères te focaliser sur cette fameuse relation mystérieuse, qui semble être la priorité pour le moment à tes yeux. Car votre cœur est officieusement pris, n’est-ce pas ? Le sourcil qui s’arque, qui interroge. Qui semble lire à travers ses yeux avant même qu’il ait besoin de répondre. Que voulez-vous vraiment savoir ? Qui voulez-vous vraiment être ? L’éternel célibataire et conseillé du Roi ? Ce que vous direz entre ces murs restera strictement confidentiel. Je me dois d’avoir une ligne de conduite très stricte pour continuer à avoir la confiance de mes clients, que tu sembles important de préciser, un sourire rassurant étirant tes lippes. »
▬ L'ENVOL : la lumière des Thorons, le lion qu'il a toujours souhaité être, bon et juste, tout ce qu'il aurait fallu d'un roi pour mener son peuple à la gloire. ▬ LES PARCHEMINS : 511 ▬ L'AME : horizon ▬ LE REGARD : Joe Dempsie ▬ LE TEMPS : 36 ans ▬ LE SANG : Thoron ▬ LE FEU : célibataire, bien que son coeur soit épris d'une femme en secret ▬ LE DESTIN : premier héritier du trône, bien qu'il se contente aujourd'hui de conseiller le roi, son petit frère ▬ LES ROSES : 4161
Il sentait le regard sombre d'Aslaug le scinder. Alors qu'en réalité, ses pupilles n'étaient pas ses foncées. C'était tout ce qui émanait d'elle, qui donnait cette impression de ténèbres. Une aura flottait autour de la prêtresse, Leandry n'aurait su dire si elle était maléfique, neutre ou bénéfique, mais il sentait. A travers ses iris où se mêlent des éclats de jade et des reflets d'or. Il aurait souhaité demeurer impassible, l'empêcher de lire en lui comme dans un livre ouvert. Mais Aslaug avait su pointer du doigt là où sa faisait mal. Elle parlait de relations, et qu'il s'agisse de celle de son frère ou de Satine, il s'agissait de sujets épineux qui occupaient toutes ses pensées ces derniers temps. Il savait, d'habitude, rester de marbre pour ne rien laisser transparaître. Il avait appris cela avec le temps, à forcer de cohabiter dans la haute sphère de la société, là où les moindres mimiques étaient perçues et permettaient déjà de dresser des hypothèses. Et c'était exactement ce qu'Aslaug était en train de faire. Ses pouvoirs ne lui conféraient pas toute puissance, mais elle était suffisamment intelligente pour que son esprit comble les lacunes que les dieux ne pouvaient lui conférer. Lorsque la brune évoqua la relation du prince, ce dernier s'enfonça dans le dossier de sa chaise. Encore une fois, contre son gré, mimique qu'il ne savait contrôler lorsque la situation lui échappait, sa mâchoire se serra et les muscles tendus se dessinèrent sur ses joues crispées. Elle ne pouvait pas savoir. Elle ne faisait que des suppositions. Simplement. Et elle voyait qu'elle touchait à un dossier confidentiel et sensible. Aussitôt, elle crut bon de rappeler que tout ce qui se disait dans cette antre demeurerait secret. Mais même dans ce cas, il ne prendrait pas le risque de mettre sa relation au grand jour. Evadant son regard vers la petite fenêtre, il admit tout de même; -Oui. Oui c'est ça. C'était la première fois qu'il avouait à quelqu'un que son coeur battait au rythme d'un autre. Et il ne s'en sentait pas soulagé, au contraire. Cela accéléra ses battements, lui signalant le danger tel un signal d'alarme. N'en dis pas trop Leandry. -Là est le problème. Je ne sais pas qui je veux être. Car, au détriment de ses souhaits se dressaient des dommages collatéraux. S'il se taisait pour toujours, il se verrait marier à une femme qu'il n'aime pas et perdrait sa belle Satine. S'il révélait leur relation à tous, elle finirait tuée et lui aussi. Si il tentait de reprendre le trône, il devrait se battre contre son frère et perdrait à jamais sa confiance et le peu de fraternité qui demeurait en eux. Leandry était fait d'une grande dose d'incertitude, d'une quantité d'inquiétude et un soupçon de souveraineté. Mais lequel de ces partis finirait par prendre le dessus sur sa personnalité ? Le point de vue extérieur d'Aslaug l'aiderait-il à trouver ce qu'il voulait vraiment être ?
À chaque fois que tu parles de cette relation c’est tout son corps qui se crispe. Et plus les minutes passent et moins il n’arrive à le masquer. Au final surement s’est-il résolu à le faire, car il finit par t’avouer que tu as raison. Sur quel point, ça tu ne le sais pas, mais peut-être peux-tu encore creuser un peu plus pour avoir un semblant de réponse ? Forcément, il n’ajoute rien de particulier. Car même si tu lui as promis la confidentialité, il n’en est pas à ce point en détresse pour se livrer. Et dans un sens il n’a pas tort, car quand bien même tu prônes le secret, ce n’est que pur mensonge. Alors oui, autant que faire se peut tu gardes les informations qu’on te révèle. Car comme tu lui as dit, tu as une réputation à tenir. Si on savait que tu divulguais les secrets alors tu perdrais toute crédibilité et tu pourrais dire adieu aux hautes sphères qui te claqueraient les portes au nez. Tu te dois donc d'engranger les informations sans sourciller, et surtout, si nécessaire, de les utiliser avec parcimonie et prudence. Quand vraiment cela peut t’ouvrir des portes et sans que l’on arrive à remonter jusqu’à toi.
Quand il te révèle qu’il ne sait pas qui il veut être et qu’il se perd dans ses pensées, tu acquiesces en silence. Lentement, tu recules ta chaise, puis te lèves pour te diriger vers un petit buffet où a été disposée une carafe de vin et deux coupes. Tu prends la carafe puis la porte à tes narines pour en humer l’odeur, essayant de le reconnaître. Au final ça t’arrache surtout une grimace, surement un vin de piètre qualité, mais compte tenu de l’endroit… Ça devait être ce qu’ils avaient de mieux, bien plus calés en matière d’hydromel que de vin, boisson probablement peu prisée du petit peuple. Et dire qu'à une époque tu abhorrais le vin... Faut croire qu'à force t'as fini par t'y habituer. « Ce qui est sûr c’est qu’en ne répondant pas à cette question vous vous enlisez. Votre peur continue de vous paralyser et il ne pourra en résulter que des mauvaises choses. » Tu sers du vin dans les deux coupes tout en lui expliquant ton point de vue, avant, finalement, de faire demi-tour pour poser une des deux coupes devant lui. « De quoi avez-vous peur ? De froisser la cour ? Votre réputation ? Du Roi ? Tu énumères toutes les possibilités, captant les signes à chaque nouvelle suggestion. Du Roi, que tu répètes, allant reprendre ta place en face de lui tout en sirotant une gorgée de ce vin qui, comme tu le sens, ne comble pas franchement tes attentes. Vous êtes son frère et son allié le plus précieux… Que vous le redoutiez signifie que cette relation est des plus fâcheuses… Mais pour vous mettre dans un tel émoi et vous décider à aller me voir, j’imagine qu’il ne pouvait en être autrement. Un haussement d’épaules alors que tu poses ta coupe devant toi et que tu t’emploies à réunir tes cartes disséminées ça et là pour en faire un paquet net et ordonné. En quoi puis-je vraiment vous aider ? Tirer les cartes n'est pas mon seul talent, donc si je peux me rendre utile différemment... que tu conclues finalement, tes orbes braqués dans les siennes. Car s’il est encore ici, s’il s’ouvre à toi de la sorte, ce n’est pas seulement pour obtenir quelques pistes quant à son destin. C’est qu’il espère quelque chose d’autre, non ? Et si tu es connue et reconnue pour tes dons de divination, tu l'es aussi pour tes potions magiques.
▬ L'ENVOL : la lumière des Thorons, le lion qu'il a toujours souhaité être, bon et juste, tout ce qu'il aurait fallu d'un roi pour mener son peuple à la gloire. ▬ LES PARCHEMINS : 511 ▬ L'AME : horizon ▬ LE REGARD : Joe Dempsie ▬ LE TEMPS : 36 ans ▬ LE SANG : Thoron ▬ LE FEU : célibataire, bien que son coeur soit épris d'une femme en secret ▬ LE DESTIN : premier héritier du trône, bien qu'il se contente aujourd'hui de conseiller le roi, son petit frère ▬ LES ROSES : 4161
Alors que Leandry s'attendait à ce que la voyante n'use encore de ses pouvoirs pour ressentir l'essence-même de son client et prédire sa voie, celle-ci se leva de sa chaise et traîna le pas jusqu'à la carafe de vin disposée sur une petite table au fond de la pièce. Après l'avoir humé, esquissé un mimique peu satisfaite, elle expliquait les répercussions de la peur de Leandry, celui-ci gardait ses yeux rivés sur ses doigts qui s'affairaient à verser l'alcool raffiné dans deux verres qui se trouvaient-là. Puis, déposant l'une des deux coupes devant lui, elle le questionna sur cette peur, jusqu'à y trouver elle-même la réponse. Le prince n'eut nullement besoin de répondre ; il n'avait pas peur de la cour qui l'adorait, ni de sa réputation qui le précédait au-delà de l'empire Thoron. Le seul qui demeurait dans l'équation était le Roi... Roi guidé par une femme mauvaise et manipulatrice, qui se jouait de lui pour arriver à ses fins. Fondamentalement, ce n'était pas de lui qu'il était effrayé. Mais de ce qu'elle avait fait de lui. Là était toute la nuance, discrète mais certaine... Alors qu'Aslaug reprenait place, Leandry humait le vin en remuant son verre pour en faire remonter les essences. Ce qu'il en perçut ne satisfit pas son odorat. La valeur de ce vin équivalait à celle de l'endroit. Il y trempa néanmoins les lèvres, n'en serait que peu surpris s'il mourrait empoisonné dans cette auberge mal famée. La voyante regroupa ses cartes, les rangeant en un tas net d'une main de maître, puis lui demanda la réelle raison de sa venue. Comme elle avait dû le pressentir au fil de la discussions, le prince n'était pas réellement venu pour qu'on lui lise son avenir, bien que les dires de la femme l'avaient quelque peu éclairés. -Croyez-vous que j'ai peur de mon frère ? demanda-t-il en reprenant sa place dans la discussions, posant ses coudes sur la table. Il est bel et bien le fruit de certaines de mes inquiétudes, certes. Mais pas toutes. Pas les plus importantes. Il but une nouvelle gorgée de cette vinasse. Il chercha à en percevoir les plus belles de ses saveurs, mais il n'en trouva rien. Cette boisson n'était bonne qu'à rendre saoul sans aucun plaisir sur le palais. -C'est la Reine qui m'effraie. Ainsi que ce qu'elle traîne dans son sillage. Ce qu'elle façonne, dans l'ombre. Voilà, il l'avait dit. Il avait posé cette information sur la table. Aslaug était loin d'être sotte, elle comprendrait que Leandry était loin de porter Elenna dans son coeur et qu'il finirait pas chercher à l'éliminer. Seulement, le prince voulait entendre de sa propre voix les autres de ses dons. Il ne voulait pas spécifier les mots précis de sa requête, de peur qu'on puisse les retourner contre lui à l'avenir, même si cette conversation n'était pas censée s'ébruiter. -Quels sont vos autres talents ? demanda le Thoron en haussant un sourcil interrogateur.
Ton sourcil qui s’arque quand il te questionne à propos de son frère. N’est-ce pas la vérité ? N’est-ce pas de lui que Leandry a peur ? Mine de rien, y’a ton souffle qui se stoppe, tandis que tu restes suspendue au bord de ses lèvres. Tu attends le fin mot de l’histoire avec une certaine impatience, que tu caches sous une couche de neutralité et de simple curiosité. Finalement la sentence tombe. La Reine. Ainsi donc, c’est elle qu’il redoute réellement. Et y’a tes sourcils qui se froncent, à présent, rendus perplexe par cette annonce. T’hésites à lui rétorquer que la Reine est en sursit. Que peut-être, bientôt, elle ne sera plus un problème. Que t’as appris que la Favorite du Roi était enceinte, et que peut-être si le Roi était au courant il pourrait de lui-même la mettre hors d’état de nuire. Mais la nouvelle est encore trop récente, et trop de possibilités sont encore envisageables. Tu fais suivre Satine et tu as appris qu’elle était partie dans une autre contrée, probablement pour demander les services d’une faiseuse d’ange. Peut-être ne gardera-t-elle pas la grossesse, et dans ce cas tu perdras tout l’avantage que tu as sur elle. Qui plus est, ça mettrait à l’abri la Reine, pendant un temps certes, mais tout de même. Inutile donc de crier aux loups trop vite, à ébruiter une telle histoire trop tôt tu pourrais t’en mordre les doigts si rien ne se passe comme tu l’as prévu.
Ainsi donc, tu préfères garder cette information pour toi. Pour le moment, du moins. « Il est de notoriété publique qu’en effet elle a une certaine influence sur le Roi. Tout comme vous. » Le souffle qui devient murmure, pensif. La Reine et le Prince ont des rôles importants. Cruciaux. Ils dictent la conduite de Roi dans l’ombre, font tendre les fils pour activer le petit pantin en société. Mais l’un et l’autre divergent sur certains points de vue, et de là… Les trahisons ne sont plus très loin. « Qu’est-ce que vous pensez qu’elle manigance ? » La question qui passe la barrière de tes lèvres, qui interroge les craintes du Prince. Qu’est-ce qu’il peut bien redouter ? Qu’elle déclenche une guerre ? Qu’elle le mette lui hors d’atteinte pour qu’elle obtienne l’emprise totale du Roi ? Tellement de possibilités…
De nouveau ta coupe qui se porte à tes lèvres, tant par réflexe que par délice car clairement ce n’est pas la qualité qui le qualifie. Ton sourire qui s’élargie, plus perfide, tandis que tes mirettes s’embrasent. Tes talents, enfin il est question. « Lointaines sont mes limites, que tu te contentes de dire, évasive. » Car rares sont les choses qui te sont impossibles, hors de portées. Ramener les morts à la vie, offrir tes dons à autrui… Bref tout ce qui touche au mystique, ce qui reste logique. Et ça Leandry le sait, tout comme la plupart de tes clients. Offrir monts et merveilles se révèle presque toujours les mêmes demandes, au final. Et c’est fou comment le désir d’éliminer quelqu’un revient souvent le tapis. Presque à chaque fois. Comme quoi, les nobles ont l’air inoffensifs, et pourtant dans l’ombre, c’est une véritable fosse aux lions. « Ce qui importe surtout, c’est le prix. Et c’est là que les choses deviennent réellement intéressants. Qu’êtes-vous prêt à m’offrir pour que je vous aide ? » Le silence qui s’impose, pour bien marquer la question. Car on ne parle pas de quelques pièces d’or, quand il s’agit d’assassiner une Reine, ça il doit s’en douter. Tu aurais pu miser sur un mariage. Après tout, qui n’a pas rêvé d’être la femme d’un Prince ? Mais t’as entendu les rumeurs sur des arrangements qui prennent formes dans l’ombre, et donc… T’es curieuse de connaitre ses ressources.
▬ L'ENVOL : la lumière des Thorons, le lion qu'il a toujours souhaité être, bon et juste, tout ce qu'il aurait fallu d'un roi pour mener son peuple à la gloire. ▬ LES PARCHEMINS : 511 ▬ L'AME : horizon ▬ LE REGARD : Joe Dempsie ▬ LE TEMPS : 36 ans ▬ LE SANG : Thoron ▬ LE FEU : célibataire, bien que son coeur soit épris d'une femme en secret ▬ LE DESTIN : premier héritier du trône, bien qu'il se contente aujourd'hui de conseiller le roi, son petit frère ▬ LES ROSES : 4161
Aslaug remarqua à voix haute que Leandry avait tout autant d'impact sur la vie et les choix du roi que sa reine. En effet, en temps normal, ça devrait être le cas. Sauf que ça ne l'était pas. Barahir n'avait d'yeux que pour Elenna, cette vipère sans scrupule. Son aîné avait beau le conseiller, le rabrouer, il n'écoutait qu'elle. L'amour qu'il lui portait l'aveuglait. Leandry en était révolté. Le cadet devrait être redevable du cadeau inestimable que lui a fait son frère, en l'écoutant lorsque cela était nécessaire. Mais non. Barahir agissait avec des oeillères et ne voyait que sa Reine. Sa Reine qui répandait peu à peu son venin dans le royaume, sans que personne ne s'en aperçoive... Si ce n'était Leandry, prostré au second plan. -Elle ne manigance plus. Elle met son plan en action depuis que mon frère lui a passé la bague au doigt. Elle murmure à l'oreille de Barahir et celui-ci met à profit tout ce qu'elle lui dit. Elle voulait le pouvoir. Désormais, elle l'a. Elle avait déjà écarté Leandry, mais ce n'était que le dernier de ses soucis... Car si la belle brune à l'apparence innocente désirerait lancer une guerre, elle n'aurait qu'à le dire à Barahir pour qu'il ne la déclenche. Une catastrophe sans lendemain. Un acte que Leandry ne pourrait jamais cautionner.
Alors qu'Aslaug trempe ses lèvres dans le vin, son client l'imita et l'écouta. Lointaines sont ses limites... Ces mots avaient quelque chose d'envoûtant. La sorcière pouvait réellement réaliser tous les désirs du prince... Pour autant qu'il paie. -Lointaines sont mes limites, répondit-il en arquant un sourcil. Après tout, s'il y avait bien un avantage parmi tant d'autres à souligner dans la vie d'un prince, c'était la richesse. Il pouvait acheter tout ce qui le chantait. Même des potions empoisonnées... Leandry termina son verre d'une large gorgée, décidant d'abréger ce supplice de boire cette vinasse insipide. -Ecoutez Aslaug. Ces plans demeurent aujourd'hui dans l'ombre. Si je suis venu à vous aujourd'hui, c'était pour m'assurer de vos compétences, expliqua Leandry en marquant une pause avant de reprendre. ... M'assurer d'avoir le fin mot de l'histoire sur les rumeurs qui courent à votre sujet. Le prince se leva de sa chaise, et la repoussa proche de la table. Il sortit d'une poche de sa cape un petit sac de tissu à l'apparence lourde dont échappaient de légers tintements métalliques. Il lançait la bourse pleine à quelques centimètres dans les airs avant de la rattraper dans sa paume, tandis qu'il disait : -On dit beaucoup de choses sur vous dans la cour. Je ne suis pas déçu. Il lança enfin la bourse sur la table, pour qu'elle atterrisse devant Aslaug, juste à côté de son verre, tout juste épargné. -J'espère que cela suffira, pour la séance et le silence. Nous nous retrouverons lorsqu'il sera nécessaire. Cela vous convient-il ?
La tête qui acquiesce lourdement face aux révélations du Prince. Ainsi donc la Reine est bien plus vile qu’elle ne le laisse présager. Certes, il n’est pas rare que ce soient les Reines qui tirent les ficelles dans l’ombre, mais si elle en vient à faire peur au Prince au point qu’il soit prêt à l’éliminer… C’est que les choses sont graves. Que le chaos est proche. Et ça te fait doucement rire. Que la situation promet. Il te tarde de voir ce que l’avenir vous réserve, car de tous les côtés les ruines commencent à s’effriter. Et bientôt les choses sérieuses pourront commencer. « Vous devez regretter d’avoir laissé le trône à votre frère, que tu murmures donc, songeuse. » Comme tu le présageais depuis le début de la séance, ce n’est pas le Roi le problème. Pour lui avoir cédé son trône, il ne pouvait pas vouloir le reprendre. Mais avec la Reine à ses côtés pour lui susurrer de sombres desseins, Leandry doit s’en mordre à présent les doigts. Car il doit le savoir, en son fort intérieur, que c’est lui le vrai Roi. Tu ne comprends d’ailleurs toujours pas pourquoi il a fait ça, mais il y a bien des facettes de ce royaume que tu ignores et donc… Peut-être le comprendras-tu un jour.
Ainsi donc, lointaines sont ses limites. Une phrase des plus énigmatiques, en écho à celle que tu viens de prononcer. Un sourire qui s’étire donc sur tes lippes vermeilles, tandis que tu retiens un léger rire de poindre. Ainsi donc, les termes du contrat sont posés. Ne restera plus qu’à y poser les tenants et les aboutissants. Et surtout de poser les mots sur ce prix qui promet d’être des plus alléchants. Il termine son verre d’une traite, et tu lis en ce geste le signe que votre conversation touche à sa fiche. Tu acquiesces à nouveau à sa tirade. Ainsi donc le tirage de cartes n’était qu’un test. Pour voir de quoi tu es capable et si tu es à la hauteur de ses espérances. Vu la tournure des événements, tu devines sans mal que tu as su relever le défi, et tu n’en es que plus ravie. D’être ainsi mise dans la confidence de ce qui se trame dans les méandres obscurs de la cour de Thoron te laisse une sensation grisante. Tu te sens légère. D’une cruelle importance. Et encore, ce n’est que le début… Petit à petit l’araignée tisse sa toile ; et quand le moment sera venu elle abattra ses cartes.
Il se lève puis fouille dans ses poches pour te balancer une bourse qui retombe sur la table avec un bruit sourd. Une séance qui, au-delà de la forte rémunération que tu soupçonnes, t’offre bien plus encore de bénéfice. « Je vous remercie, que tu susurres donc, le sourire toujours figé sur tes lèvres. Tu restes sur ta chaise, sirotant tranquillement la fin de ton verre alors que lui s’active. C’est entendu. À très vite. » Et avec un geste de la tête respectueux tu l’observes qui quitte la pièce. Le silence qui s’installe tandis que tu continues à boire ton verre. Tes doigts qui, curieux, viennent ouvrir la bourse pour en découvrir les pièces. Une petite fortune, en effet. Ton garde du corps qui refait alors surface et qui t’interroges du regard. « Le destin prend une tournure des plus intéressantes, que tu glisses, pensive. Tes doigts qui caressent la bourse alors que tes pensées s’animent. Il semblerait que notre séjour en Thoron tende à se prolonger. » Et tes lippes prennent alors un aspect carnassier, en écho à celles de ton garde du corps qui semble comprendre le sombre message. Cela ne promet rien de bon pour eux, clairement.