Every now and again we get that feeling and the great big void inside us opens up. I really wish that youcould help, but my head is like a carousel and I'm going round in circles. I'm going round in circles...

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Le grand bal ainsi que l'annonce de la reine avaient été un véritable succès. Tous s'étaient retrouvés ravis de savoir le prince d'Heledir promis à une noble. Tous… Non, pas vraiment. Ambroise pour sa part n'avait pas passé une superbe soirée. Oh certes, il avait tout fait pour donner l'impression que tout allait bien, qu'il était heureux que son amie Juliana soit promise à un tel parti, mais c'était en vérité tout le contraire. Autant dire qu'arborer un ravissant sourire tout du long de la soirée lui avait beaucoup coûté, mais après tout, il n'avait pas eu le choix. Sourire pour maintenir les apparences. Toujours sourire. En même temps, Ambroise n'avait jamais eu vraiment du mal à jouer avec ses émotions pour faire en sorte que les personnes l'entourant le croit. Un peu comme un masque qu'il arrivait à revêtir lorsque l'occasion s'y prêtait. Parfois ce masque parvenait à être décelé, mais rare étaient ceux à parvenir à voir en dessous de sa carapace. Ainsi avait-il dansé lors du bal, eu moult discussion, même rigolé, alors qu'en vérité ses pensées n'avaient jamais été autant accaparées que ce soir-là.

Fort heureusement, le grand bal était passé, Ambroise n’avait de ce fait plus besoin de rester encore longtemps dans ce royaume qui n’avait de cesse de lui rappeler celle qu’il avait perdu. Sa mission était remplie : escorter les Savelli de Galadhorn jusqu’à Heledir en toute sûreté. Ils étaient arrivés, il n’avait donc plus de raison de continuer à arpenter les rues de Kaern, mais toutes les raisons de retourner chez lui. Dans le fond, cela le soulageait tout autant que cela le peinait. Après tout, en partant, il était sûr de ne plus jamais revoir Juliana et ça c’était horrible à concevoir, mais en restant, il allait la voir aux bras d’une autre et c’était tout aussi insupportable. Autrement dit, Ambroise devait à cet instant choisir entre la peste et le choléra. L’abandonner à tout jamais, la voir avec un autre. Aucune décision n’était la bonne et pourtant une seule semblait logique : rentrer. Rentrer et poursuivre l’objectif qu’il s’était fixé. Tant pis, il plongerait corps et âme dans son entraînement sans se soucier de tout le reste. Oui, il se devait de rentrer.

C’était donc l’esprit assez clair qu’Ambroise se baladait dans les jardins du palais de Kaern, persuadé que c’était la dernière fois qu’il verrait ce château, cette ville, ces habitants. Une chose était sûre, une fois qu’il serait de retour à Galadhorn, il ne remettrait certainement pas les pieds à Heledir. Royaume bien trop loin pour qu’il n’ait de raisons de s’y rendre. Dans le fond, cela le rassurait quelque peu d’avoir pris sa décision. Un peu comme si cela lui ôtait un poids de sa poitrine. Et pourtant… La déesse Amëde savait que rien n’était moins certain que cette décision. Alors il se baladait dans les jardins, un léger sourire aux lèvres, ravi qu’il fasse au moins beau pour que cela puisse atténuer ses tourments. Dans le fond, il aimait bien Kaern, la capitale était d’une splendeur sans nom, parée de dorer, on aurait dit que c’était la capitale elle-même qui rayonnait et non le soleil, et il était quand même content d’avoir pu voir ce royaume même si ce n’était que pour quelques jours. Oui, moins d’une semaine il reprendrait la route.

Alors qu'il était complètement perdu dans ses pensées, observant les jardins, les fleurs, l'architecture environnante, son regard fini par se poser sur une jeune femme avec qui il avait quelque peu parlé lors du grand bal. A dire vrai, ce n'était pas n'importe quelle jeune femme, mais la princesse d'Heledir, la futur belle-sœur de Juliana. Ironie du sort, la croiser ici, alors qu'il essayait justement de ne pas penser à celle qu'il allait laisser ici auprès des Heledir. Chassant ses sombres pensées au fond de son esprit, Ambroise se dirigea vers la princesse, désireux de ne pas paraître insociable. Arrivé à sa hauteur, il effectua une révérence. « Princesse Hélène, je suis ravi de vous croiser avant mon départ. J'aurais été bien peiné de partir sans avoir pu vous dire au revoir. » Certes, ce n'était peut-être pas complètement honnête, puisqu'il n'y en avait qu'une seule qu'il avait en tête à cet instant, mais en tant que parfait gentleman, il se devait bien de valoriser la ravissante Hélène. D'autant plus, pour le peu de temps qu'ils avaient passés à converser lors de la soirée, on peut dire qu'il l'avait plutôt bien apprécié.

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Bien trop perdu dans ses pensées, Ambroise n’avait pas remarqué la mise en scène de la princesse qui l’ayant vu arrivé bien avant qu’il ne la remarque avait fait partir ses dames de compagnie puis avait fait comme si elle était plongée dans la contemplation d’un rosier. Non… Il n’avait clairement pas pris conscience de tout cela. Il fallait bien avouer que ces derniers temps il ne faisait pas attention à grand-chose, son esprit étant tant accaparé qu’il semblait sur une autre planète. Mais dans le fond c’était un peu ça. Il était sur la planète du regret, dans un monde parallèle où il s’imaginait à quel point toute cette histoire aurait pu être bien différente si seulement il n’avait pas attendu aussi longtemps. Oui, il était dans un monde parallèle duquel il se devait de revenir maintenant que son regard s’était posé sur Hélène Heledir. Effectivement, il se devait de se retrouver plongé une nouvelle fois dans le présent et c’était très certainement la meilleure chose à faire, car après tout, on ne refait pas le monde avec des et si… On  ajoute juste un peu plus de désespoir aux pensées.

Voilà donc pourquoi après une profonde inspiration il s’était à nouveau ancré dans le monde réel. Ce monde où Juliana est fiancée, où elle reste à Heledir, et où lui repart pour Galadhorn. Monde merveilleux n’est-ce pas, mais en même temps, c’était là la réalité. Ainsi avait-il fait les quelques pas qui le séparait de la princesse pour lui faire une gracieuse révérence, ayant après tout un certain respect des convenances, sauf lorsqu’il s’agissait de Juliana, mais ça c’était une autre histoire. De son côté, Hélène souriait et avant qu’il n’ait eu le temps de réagir, voilà qu’elle venait de prendre son bras pour commencer à marcher. Autant dire qu’elle semblait particulièrement sûre d’elle, de ce qu’elle voulait. « Moi aussi, Ambroise. En vérité, je vous cherchais, quel heureux hasard que nous nous croisions ici, n'est-ce pas. » Étonné, Ambroise l’était, car il ne comprenait pas très bien ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. Après tout, ce n’était pas comme s’ils se connaissaient vraiment. Malgré tout, il lui répondit en esquissant un léger sourire. « Visiblement le hasard fait bien les choses. » Mais était-ce seulement un véritable hasard ?

Hélène semblait les diriger vers un endroit peu peupler des jardins, ce qui était particulièrement étonnant surtout au vu de ce qu’elle avait dit, le fait qu’elle le cherchait. Et finalement, elle fut enfin prête à lui dire ce qu’elle lui voulait. « Voyez-vous j'ai été étonné de découvrir vos talents en joaillerie, le bracelet que vous avez offert à notre future souveraine et absolument sublime je dois l'avouer. » Ambroise ne pu retenir une seconde de surprise sur son visage, surprise qu’il dissipa derrière un sourire, mais de la surprise tout de même. Après tout, il n’aurait pas pu imaginer une seule seconde que la discussion allait tourner autour du cadeau qu’il avait offert à Juliana. Certes, ce n’était pas n’importe quel cadeau, mais il n’empêchait pas qu’il n’avait pas été préparé à cela. « Ma famille a toujours été particulièrement douée dans ce domaine, j’ai donc appris auprès d’eux. Ce bracelet était une façon de lui offrir un cadeau en souvenir de Galadhorn. La rose rouge est notre symbole après tout. » Oui, il voulait faire passer le cadeau comme un cadeau de départ des îles et non pas une preuve de son affection envers la future souveraine, mais visiblement, la princesse avait autre chose en tête.

Cette dernière s’arrêta devant un cerisier où elle cueilla une fleur qu’elle se mit à éplucher, pétale après pétale. « Vous avez été si généreux avec elle, seul un homme avec plein d'affection aurait pu faire une oeuvre d'une telle finesse. » Heureusement qu’elle lui tournait le dos, car une nouvelle fois, une légère surprise planait au fond des yeux d’Ambroise. Il aurait bien aimé la couper dans son élan, mais elle venait de se tourner à nouveau vers lui et elle continuait dans ses insinuations. « Un proverbe dit que lorsqu'un joaillier offrait un cadeau à une dame, il lui offrait son cœur, je suis heureuse de savoir Juliana forte d'une telle... Amitié. » Un sourire étira le coin des lèvres d’Ambroise tandis qu’il la regardait placer une fleur dans ses cheveux. Elle était belle, sûre d’elle, dangereuse. « Amitié de longue date en effet, cela fait maintenant dix ans que l’on se connaît. La future souveraine est comme une sœur pour moi, alors il me paraissait évident de lui offrir un tel présent. » Oui, il mentait, mais en même temps il fallait bien qu’il sorte de cette mauvaise posture. « Mais dites moi, pourquoi parler avec autant d’ardeur du bracelet que j’ai offert ? Désirez-vous en avoir un également ? » Façon quelque peu mal habile d’essayer de détourner l’attention, mais quelque chose lui disait qu’Hélène n’était pas une femme que l’on peut détourner de son objectif. Mais d’ailleurs quel était cet objectif ?