Des ruelles sombres, remplies de brume. Le vent qui apportait avec lui un froid glacial. Cette contrée, cette ville, n'était pas la plus accueillante. Il l'avait cherché, le petit Edwin en parcourant les terres de Gwelnaur alors qu'il savait parfaitement que ce n'était pas autorisé. Se faufilant de-ci de-là, avec un capuchon sur les yeux, on lui avait foutu la paix relativement longtemps. La curiosité et l'envie de voir le royaume dans son ensemble avait finit par avoir raison de sa raison. Et le jeune Edwin, partit de chez lui depuis bientôt trois ans, avait cédé et traversé la frontière. Après cette contrée, seul les Îles lui seront inconnues. Venir ici n'était qu'un nouveau checkpoint dans son envie de voyage, mais c'était aussi dangereux et irresponsable.

L'ado, qui taperais dans les dix huit années l'hiver prochain, avait chevauché hors des sentiers officiels. Il avait d'ailleurs dû un peu apprendre sur le tas ces trois dernières années, car il n'étais pas familier avec l'équitation. Maintenant, il faisait un cavalier correct. Il ne se sentait tout de même pas très à l'aise.
Cela faisait un petit moment qu'il était accompagné de son ami équin, qu'il avait habillement dérobé lors de son voyage en Heledir. Une robe bai, très simple et pas trop brillante, pour ne pas attirer l'attention des vagabonds comme lui, justement.

Il était arrivé à Til Garhyt une semaine auparavant. Ce n'était pas une ville très accueillante, comme le reste du pays en fait. Il avait pu se ravitailler et user de quelques dons de vols. Maintenant, il cherchait ici un moyen de quitter ce territoire un peu trop dangereux pour lui afin de faire voiles vers d'autres aventures. Mais il lui fallait une bonne occasion. Il n'avait pas vraiment de plan et suivait son instinct, comme à son habitude. Pour le moment, cela lui avait toujours réussit et il ne s'était jamais attiré de vrais problèmes. Enfin, quelques un mais nous il est plus simple de dire qu'il s'en était toujours sortit indemne. Pour. le. Moment.

En effet, alors qu'il était un peu à court d'argent, Edwin cherchait une cible. Soit une cible riches ou soit directement de la nourriture pour passer la soirée le ventre plein. C'était toujours des opérations risquées donc le jeune homme ne prenait aucun risque et savait user de patience. Il était tombé par hasard sur un couple d'adultes qui, au vu de la marchandises qu'ils transportaient, n'étaient absolument pas des natifs.  Intéressant. Edwin n'avait jamais vu de sa vie un griffon, et c'était une créature vraiment magnifique. Une honte qu'il termine ici, à Gwelnaur, pensait-il. Il perdit le couple de vue lorsqu'ils entrèrent dans un bâtiment richement sculptés. Sûrement les acheteurs. La curiosité d'Edwin devait s'arrêter là car il ne pouvait aller plus loin. Il réfléchissait à sa prochaine action, car il se voyait mal entrer là. Une mauvaise cible donc. Il fallait réfléchir à autre chose.

Cependant, contre toute attente, la transaction se fit très brève et il vit de loin le couple sortir, sans son griffon imposant. Si ces deux-là repartaient, il voulait bien profiter de l'argent qu'ils s'étaient fait avant. Il les vis tourner à la ruelle suivante, mais, avant de les prendre en chasse, il se fit devancer par quatre personnes qui sortaient du même bâtiment. Apparemment, Gwelnaur voulait le beurre et l'argent du beurre.

Il suivit rapidement. Les deux personnes étaient sur le point de se séparer. Etant parvenus par un ruelle adjacente à s'approcher suffisamment proche, il entendit un mot salvateur : bateau. Ils étaient venus en bateau ! Le port n'était pas loin et sa décision était prise. Il ferait en sorte de finir sur cette embarcation.

Après une semaine à vagabonder dans ces ruelles, Edwin commençait à très bien s'y repérer. Il connaissait notamment les raccourcis. Suivre ces deux personnes qui fuyaient était un excellent moyen de quitter cette ville de malheur rapidement et sans frais. Il y avait quelque chose à creuser. Comment faire pour ne pas se faire repérer alors qu'ils étaient sur leur gardes ? L'homme s'arrêta et la femme continua. Elle allait avancer tout droit directement vers le port justement. Edwin décida de la suivre. Pour l'instant, elle allait dans la bonne direction. Il suffirait qu'il se faufile dans son embarcation sans faire trop de bruit par la suite ....

Comme une ombre, l'adolescent se glissait derrière la jeune femme, exploitant chaque recoins de ruelle pour ne pas se faire repérer. Il était silencieux le gamin, en plus. Mais l'excitation -et l'angoisse- de se faire prendre était aussi au rendez-vous, ce qui pouvait amener Ed' à faire des fautes. Et quitter cet endroit dans un bâteau était, depuis 1h, sa nouvelle préoccupation. La chose la plus importante qu'il devait faire maintenant : son nouveau but. Et pour quoi ? Pour aller où ? Aucune idée ! C'était ça qui était fascinant : l'inconnu. La liberté !

Le jeune Ed' suivait la jeune femme de loin, tout en gardant un oeil sur ses arrière. Les gens de cette ville (ou plutôt de ce royaume tout entier) n'étaient pas accueillants. D'ailleurs, il ne devait pas être le seul a ressentir ce stress et cette petite peur au ventre. La femme qu'il suivait accélérait le pas sans cesse, légèrement mais surement. Il était facile de la suivre car à aucun moment elle ne prit la décision de se retourner. Ed' avait tendance à sentir quand quelqu'un était derrière lui depuis un moment, il ne pouvait pas s'empêcher de s'arrêter et de se retourner, pour vérifier. C'était un réflexe. Mais elle, elle n'avait pas prit le temps de le faire, ce qui témoignait de son envie de filer d'ici le plus rapidement possible. Pourtant, (et peut-être par chance aussi) personne, à part lui, ne la suivait. Leur stratégie de séparation avait bien fonctionné, et c'était l'homme, sans doute son compagnon, qui devait avoir quelques compagnie.

Après une filature qui semblait interminable à Edwin, ils arrivaient enfin aux alentours du port. La jeune femme prit la première à droite et Ed' la perdit de vue un instant. Il s'approcha et, alors qu'il allait tourné à l'angle, il entendu une voix. La voix féminine de sa poursuivie. « Méderick est-il arrivé ? » demanda-t-elle à quelqu'un. Ed' risqua une œillade au coin du mur et vit qu'elle parlait à deux hommes, proche d'un navire. L'un, imposant, lui répondait que non. Ah ! Enfin ! Le fameux bâteau ! La porte de sortie, le ticket vers l'aventure ! Encore fallait-il monter à bord et rester discret ... Une autre paire de manche. Ed' eut à peine le temps de se recacher derrière l'angle du mur avant que les adultes ne commencent à regarder dans sa direction. Ils attendaient probablement le fameux Méderick... C'était sa chance.

Ed contourna le bâtiment par l'interieur, se faufila derrière la palissade qui donnait sur le bâteau et, d'un mouvement leste, passa par dessus avant d'attérir souplement le sol, assez loin de la petite troupe. L'endroit était désert et la mer légèrement agitée. Le ciel gris qui crachait son eau finement depuis quelques heures avait eu raison de ses vêtement secs. Un dernier coup d'oeil derrière lui, et Ed', accroupit et sans un bruit, passa doucement derrière eux pour monter à bord. Il espérait que le navire n'avait pas un large équipage et qu'il n'allait pas se faire repérer en deux secondes, tout cela était très risqué.

Quelques secondes plus tard et le visage ruisselant d'eau, le jeune homme était tranquillement assis derrière tout un stock de cordes et de tonneau sur le pont. Il aurait aimé pouvoir rejoindre la soute, avec bien moins de passage, mais il n'en au pas le temps car le fameux retardataire venait d'arrivé. Il s’enfonça dans sa cachette et ne fit plus aucun bruit avant d'entendre le capitaine hurler des ordres. Il était fascinant, mais il n'était pas l'heure d'y songer. L'endroit n'était approprié et il lui fallait vite trouver une nouvelle cachette. Le temps de la mise en marche du bateau pouvait lui permettre cela, car tout le monde était occupé. Le petit Ed' reussit -par miracle- a atteindre son but environs trente minutes après la mise en route du bâteau. La soute, là ou il aurait probablement la paix le reste du voyage.

Enfin, c'était sans compter sur le fait que quelqu'un était déjà dans la soute, près d'une grosse cage. La repérant trop tard, Edwin glissa dans ce qui devait lui servir de nouvelle cachette (un tas de caisses en bois contenant il ne savait quoi) sous le coup de la surprise. Foutue pluie ! Il était trempé et voilà ce qui arrivait ! Aïe ... Lui qui avait si bien gérer son coup ...

Le dos endoloris, Ed' paniquait. Il venait de laisser échapper un son et de tomber de tout son long devant un témoin. Il ne savait pas bien combien de temps il aurait tenu, caché ainsi, mais il espérait quelque chose d'un peu plus long que 5 minutes. Il s'attendait à des foudres et, limite, à être jeté aux requins par dessus bord. En fait, il s'attendait au pire. Il redoutait déjà le sommeil éternel alors, qu'en toute logique, peu de personnes était sujette à jeter des gens par dessus bords sans l'ombre d'un remords.

Il s'était à peine assis après sa chute que la témoins, une jeune femme, s'était déjà accroupie auprès de lui tout en lui demandant son état de santé. Il ne s'était pas vraiment fait mal, le choc s'estomperait en quelques minutes, rien de plus. La jeune femme ne semblait pas en colère ou prête à donner l'alerte. Au contraire, elle avait passé une main douce dans le dos du garçon, le soutenant après sa chute. Elle le regardait d'un air presque maternel, peut-être un réflexe, elle devait avoir des enfants.

Edwin restait muet, il ne savait pas comment réagir. Les lèvres scéllées il ne répondit rien quand elle lui demanda si tout allait bien. Mais bien entendu, quelques secondes plus tard, elle le dévisageait et son visage changeait d'expression. Un visage curieux, réfléchissant intensément. Les sourcils froncés, elle posa la question fatidique : « Je ne te reconnais pas. Qui es-tu ? »  L'esprit d'Ed' était un peu sonné. En effet, il n'avait pas beaucoup réfléchit à son plan avant de monter à bord. Il comptait sur sa discrétion pour que ça passe et n'avait pas forcément de plan B en réserve. Il manquait d'argument. Devait-il dire la vérité ou mentir ? La femme, il l'avait reconnue, était celle qu'il avait prit en filature dans la toute la ville, à travers la pluie fine qui n'avait pas séché et lui avait coûté sa découverte impromptue. Elle ne paraissait pas bien méchante à première vue. Elle ne pourrait sans doute rien lui faire de prime abord. Mais ... elle s'était quand même tenu devant une cage et avait livré un gryffon ... Les apparences pouvaient être trompeuse et il devait se méfier.

Cependant, quelque chose en lui -son faible instinct- lui disait de faire confiance à cette femme. Sans vraiment s'en rendre compte, il balbutia quelques mots qui ressemblaient à la vérité. Mais il était prit sur le fait comme un gamin. De totue façon, si elle remontait en demandant à tous les marins qui il était, ils nieraient tous qu'il le connaissait. Il n'avait pas trop le choix.

« Hm je .. je m’appelle Edwin. » dit-il difficilement en se relevant et frottant son dos endoloris. « Je suis désolé de m'être introduit comme ça, je cherchais à quitter la Til Gathyr et je vous ai suivis.» La sentence allait tomber. Est-ce qu'elle allait le dénoncer ? « Mais je peux être utile ! » argumenta-t-il rapidement. Le gamin espérait pouvoir racheter son intrusion.