un bateau dans la tourmente

@HECKTOR GALADHORN / @EDWIN U. TELEMNAR (sarasvati)

Un peu plus tôt, le capitaine leur avait annoncé qu'ils ne tarderaient pas à atteindre Belyr, mais maintenant, seul Gradlon savait où ce vent monstrueux les avait attirés. Les nuages, aussi sombre que de l'obsidienne, les privait de tous leur moyens de se repérer, et la pluie qui se joignait aux vagues déjà féroces, obstruaient leur vue. La mer, reflétant l'immensité noire des cieux, les tenait entre ses griffes rageuses, et partout où il regardait, à bâbord, à tribord, en haut, en bas, il ne voyait que le chaos.

Léandros se serait bien gardé d'assister à un tel spectacle, pour le froid, la pluie, le vent et le bruit ne faisait qu'accentuer le mal qui l'avait déjà gagné quand il était encore à l'abri, et que les vagues frappaient de tous leur corps la carcasse de l'engin. Hélas, il n'aurait su convaincre Hecktor de rester à l'abri même si il aurait osé, et, toujours l'homme de la situation, le roi avait précédé son arrivée sur le pont. Et tandis que Sa Grâce évaluait la situation, son esclave, dont le mal de cœur était devenu impossible à ignorer, profita de la distraction gentiment offerte par les vagues pour se reculer vers la rambarde donnant sur l'écume déchaînée. Il n'en était pas à sa première traversée, et n'avait jamais montré le moindre signe d'inconfort en mer. Cependant, jamais ses voyages n'avaient été aussi agités, et si il n'était pas fier d'exhiber telle faiblesse parmi le chaos, il doutait qu'Hecktor apprécie qu'il se vide sur ses chaussures. Mais il se tenait prêt, quoi qu'on exige de lui. « Tu tiens le coup mon garçon ? » hurla un marin hilare dans son oreille en lui assénant une lourde claque dans le dos. Léandros tint son pouce vers le ciel démoniaque, de la sueur se mêlant aux gouttes de pluie assaillant son visage, plus blanc qu'à l'accoutumé. « C'est pas une petite tempête de rien du tout qui va –  » BLURGH. Le reste de sa phrase -accompagné de son déjeuné- fut happé par les vagues.

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un bateau dans la tourmente

@Léandros Menelaus / @EDWIN U. TELEMNAR (sarasvati)

On lui avait généreusement proposé de passer la traversée dans la cabine du capitaine, à croire que la petite frégate qui les transportaient ne prenait pas tous les jours des rois comme passagers. Mais à la surprise générale, il avait décliné l’offre avec un sourir très poli, et depuis maintenant plusieurs heures, il arpentait le pont, s’accoudait au bastinage et échangait quelques mots avec les membres de l’équipage qu’il croisait, du timide moussaillon au gabier volant dans ses voiles.  Si son visage avait été austère et hanté par la déprime lorsqu’il avait posé le pied sur le navire, plus les minutes passaient, plus la mer semblait le décharger de ses soucis. A croire que le ciel s’obscurcissait des sombres pensées dont Hecktor se déchargait. Notant le changement de vents, il s’était mis en cherche du navigateur, puis du pilote et timonier leur proposant ses services ; puisqu’à l’époque bénie de son engagement dans la marine navale de Galadhorn il avait été apprenti, puis titulaire ; précisement à ces postes-ci.  

Alors qu’il se dirigeait vers le second cette fois, il fut légérement bousculé par un matelot qui s’esclaffait d’un ton très railleur « Tu tiens le coup mon garçon ? » en administrant une forte claque dans le dos d’un malheureux. Hecktor s’apprêtait à passer son chemin en riant lui aussi d’infortune de ce qu’il pensait être un jeune mousse, quand il se stoppa nette en reconnaissant la voix bien connue de son esclave « C'est pas une petite tempête de rien du tout qui va –  ». Il lui trouva le teint verdatre et eu juste le temps de l’attraper fermement avec le marin chacun par une aisselle, pour l’empêcher de passer par dessus bord alors que le navire marquait une embardée sous l’influence de la tempête. Le pauvre garçon rendit son dejeuner et alors que tous les trois relevaient le nez vers l’horizon, Hecktor jura apercevoir une ombre indicatrice d’un navire les voisinant au loin, qu’il indiqua au matelot à sa gauche. L’intuition se confirma immédiatement, quand le vent leva la brume d’un nouveau changement de cap. Ils plissèrent les yeux et apercevant pavillon noir, les deux compères, tenant toujours le gamin aux aisselles comme une poupée de chiffon, se mirent à beugler l’avertissement sur le pont.  

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Hecktor Galadhorn a écrit:

un bateau dans la tourmente

@Léandros Menelaus / @Hecktor Galadhorn (sarasvati)

La journée avait commencé d'une belle manière. Au matin, le temps semblait dégagé. Si un novice aurait prédit qu'un temps pareil durerait toute la journée, les pirates savaient qu'avec un tel vent, des nuages ne tarderaient pas à leur faire de l'ombre. Naviguer en temps de tempête était risqué, mais un peu plus tôt dans la semaine, l'équipage d'Edwin avait ouïe dire qu'un invité de marque serait à bord d'un bateau en route pour les îles de Galadhorn. Ils ne savaient pas qui exactement, mais cela ne signifiait qu'une chose : de l'or. Et qu'est ce qui motivait des pirates a attaquer ? Oui, de l'or.

Ils en avaient affrontés ensembles, des tempêtes. Le navire était robuste et aborder un navire en ces temps jouait à leur avantage, car l'équipage était rarement en train de chômer. Ils profiteraient de la brume et des embruns pour attaquer par surprise.

Uzziel avait chargé Edwin de mener à bien l'opération pendant qu'il se chargeait de gérer le pilotage. L'eau était agitée mais l’étendard flottait tout autant. Le jeune homme avait mis ses camarades sur le coup, armes et sacoches prêtes, passerelles et cordes aussi. Ils n'étaient plus très loin de leur cible quand un coup de vent leva la brume et les révéla avant qu'ils aient pu atteindre leur objectif. Edwin jura entre ses dents quand le bateau changea de cap. Les pirates étaient repérés ! Le transporteur changea de cap et prit le vent pour accélérer la cadence. La fuite était prévisible. Mais les voleurs n'avaient pas dit leur dernier mot. Ils allaient les prendre en chasse, tempête ou non. Edwin informa son capitaine. Tout l'équipage était accroché aux cordages pour améliorer la position des voiles et prendre de la vitesse. Ils les rattraperaient sous peu... A moins que la tempête ou des côtes ne s'en mêle.

 

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