We create our own fate

☾☾ Une autre journée s’annonce et une autre journée qu’Athelleen se réveille à l’aube suite à un cauchemar concernant son frère. Ça ne l’étonne plus ce genre de chose puisque c’est devenu annuelle pour elle, chaque année, aux alentours de cette date, elle rêvait de son frère qui lui souriait tantôt et la rassurait et tantôt, il l’insultait, la grondait, la suppliait de le sauver ou la traiter de tous les noms possibles et imaginables à cause de sa fuite.
C’était cette période de l’année où Athelleen devenait la plus vulnérable, c’est dans cette période où elle triplait d’effort pour s’empêcher de chercher sa famille et c’est dans cette période là où elle remettait tout en question. Plus d’une décennie est passée et pourtant, à chaque fois quand l’anniversaire de son frère approchait, elle se demandait si elle n’avait pas été égoïste et lâche d’avoir abandonné son père et surtout, son pays.
Elle s’est réveillée en sueur avant de rapidement quitter son lit, sachant pertinemment qu’elle n’allait pas retrouver le sommeil de sitôt, et sortit de la chambre pour s’entraîner jusqu’à ne plus sentir ses muscles. Les plus anciens dans la troupe la connaissait à présent. Ils n’avaient pas forcément les détails mais ils savaient qu’il ne fallait pas lui en rajouter et qu’il ne fallait surtout pas lui parler.

Mais Athelleen faisait un effort chaque année. Elle se répétait sans cesse que la troupe du Soleil Levant était à présent sa famille. Elle essayait tant bien que mal de mettre ses craintes et ses doutes au fin fond de sa pensée et elle essayait d’être la plus joyeuse possible pour éviter de les inquiéter. C’était un échec.
En temps normal, l’acrobate n’est pas le genre de femme qui sourit tout le temps où qui fait la folle, elle n’est pas celle qui apporte la joie de vivre dans la discussion, au contraire. Elle était assez réservée et prenait rarement part des conversations, elle souriait de temps en temps non pas d’un sourire forcée mais de gratitude. Ça lui faisait chaud au coeur de voir ses camarades en bonne santé et joyeux surtout, et elle n’osait se permettre de se montrer hautaine avec eux.
Toutefois en ce genre de période de l’année, elle essaie toujours de forcer. Elle essaie de rire à plein poumons pour une blague moyenne voire nulle et elle frôlait le ridicule. Elle bougeait à gauche et à droite en essayant d’aider telle ou telle personne mais ce comportement avait tendance qu’on la prenne en pitié…

Elle en était parfaitement consciente, de son comportement ridicule et pas sincère. Mais elle n’avait encore jamais trouvé un autre moyen que de s’occuper l’esprit ainsi au lieu de se retirer dans un coin et se noyer dans ses idées sombres. Elle ne voulait pas que ça lui arrive, elle se le refusait et tant pis si on se moquait d’elle. Puis au final, elle savait que ses amis et camarades n’étaient pas du genre à juger ou à se moquer. Ils étaient une famille après tout et elle était tellement reconnaissante au fond qu’on ne vienne pas lui demander ce qui n’allait pas où la forcer à extérioriser… Elle en était tellement reconnaissante qu’elle finissait par pleurer plusieurs fois dans la journée lorsqu’ils ont le dos tourné. Ces larmes ne faisaient qu’accentuer finalement ses craintes et ses vulnérabilités. Après tout, elle ne méritait pas des amis pareil, elle a déjà abandonné ses proches, pourquoi elle ne le ferait pas avec eux ?
Mais l’heure du dîner est venu enfin. Le meilleur moment de la journée, le moment où tous se retrouvaient autour d’un bon repas dans la joie et la bonne humeur et surtout, la fin d’une journée où elle se devait de faire semblant que tout allait bien.
Cependant, la fin de journée est aussi équivalente à une fatigue intense, de part ses courtes nuits, de ses émotions mais aussi des efforts qu’elle a dû faire depuis ce matin. Une fin de journée qui signifiait aussi le retour de son humeur irritable.

We create our own fate

Après tout ce temps passé à la chercher, il avait enfin retrouvé Ilya, sa petite sœur. Une part de lui était heureux et rassuré alors que de l’autre, Theodas ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine mélancolie. Parce qu’elle avait été là, sous ses yeux, et il n’avait rien pu lui révéler, il n’avait pas pu la serrer contre lui ni lui avouer ô combien elle lui avait manqué. Ses camarades lui répétaient sans cesse de penser plus positivement, d’arrêter de voir constamment le négatif et ce genre de remarque s’adapter assurément à ce type de situation. Hors, c’était plus facile à dire qu’à faire cependant le jeune homme essayait… Maintenant qu’il savait où elle était, il pourrait plus facilement la surveiller, plus facilement la protéger puis s’assurer simplement qu’elle était en sécurité, et non pas dans des situations plutôt louches. Sa cadette ne lui avait pas semblé différente, du moins elle avait gardé sa forte personnalité et ça l’avait soulagé de constater qu’elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Certes, cette attitude l’inquiétait également cependant il avait confiance en sa sœur et se disait que si elle avait réussi à tenir jusque-là, ce n’était probablement pas sans rien.

Ilya avait quitté le groupe une fois arrivée dans l’empire Thoron, ils s’étaient séparés et lui n’avait pas cherché à la retenir, l’une des raisons du pourquoi ses émotions étaient mitigées. Le temps passé avec sa cadette était trop court cependant il l’avait revu et c’était ce qu’il se répétait tandis qu’il aidait ses camarades à la préparation repas. Il n’avait pas envie de se morfondre alors que pour une fois quelque chose de bien s’était passé dans son existence… Il aurait tout le temps de s’en tracasser plus tard mais pas ce soir. Sorin s’était approché de lui, lui tapotant l’épaule tout en discutant joyeusement et ses paroles avaient suffi au garçon pour se détendre puis apprécier la bonne humeur qui régnait au sein de la troupe.

Tous ensemble, ils finirent d’installer le repas avant qu’il n’appelle tout le monde à table. « Donnez, il y en a assez pour tous. » Avait-il rétorqué calmement, jusqu’à ce qu’un autre membre de la troupe ne le félicite pour le beau gibier qu’il leur avait encore rapporté pour le dîner. « Tu devrais être habitué depuis le temps ? Cela fait partie de mon boulot de trouver de quoi vous nourrir. » L’autre sourit et acquiesça, non pas sans le taper derrière la tête, ce qui le fit froncer doucement les sourcils avant que ses doigts n’aillent replacer correctement ses cheveux puis qu’il continue de servir ses camarades l’un après l’autre. « Je te sers ? » La main tendue pour avoir son assiette, l’expression neutre, Theodas s’était adressé à Athelleen sans chercher à avoir une quelconque conversation avec elle. C’était toujours électrique entre eux et ça le serait très certainement encore ce soir.

We create our own fate

S’il y avait un défaut qu’on reprochait à Athelleen c’était bien son indépendance exagérée. Elle avait cette attitude exaspérante pour ses amis de ne jamais demander de l’aide et jamais l’accepter quand on la lui proposait et ce, même si elle se mettait dans des situations pas possible (ce qui est souvent le cas, faute d’avoir un entourage des scorpions) mais du coup, ce genre de comportement n’était pas forcément bien vu puisqu’elle donnait l’impression de repousser ses amis. Ce n’était pas le cas bien sûr, elle était juste faite comme ça, la vie l’a rendu ainsi. Elle ne voulait pas qu’elle soit redevable envers une personne, elle ne voulait jamais assumer ses faiblesse mais pourtant, elle était toujours celle qui aide les autres même si on ne lui demande pas, même si on la repousse. Elle aurait probablement préféré qu’on fasse la même chose pour elle, qu’on ne demande pas son avis et qu’on l’aide tout simplement mais ça aussi, elle ne l’assumera jamais.

Et comme d’habitude, elle ne put s’empêcher de se sentir insultée lorsque Theodas lui proposa de lui servir à manger. Non seulement c’est lui qui s’occupait à la nourrir - elle n’aurait pas trouvé ça si spécial s’il ne l’avait pas lui-même dit - mais en plus, il lui proposait de lui servir. Elle le regardant en affichant une expression qui parlait d’elle-même pour dire genre, pardon ? Avant de fermer les yeux et respirer doucement comme si elle essayait de se calmer. Elle aurait pu hocher la tête en guise de “oui” et le remercier tout simplement, mais c’était Theodas, une grande histoire d’amour se construisait autour d’eux évidemment ! « Je veux pas de ta bouffe. » Une réponse malpolie à la limite du vulgaire. C’était du Athelleen typique quand elle se trouvait en face de Theo, elle n’avait en soit rien contre lui, depuis son arrivée dans la troupe, il ne lui avait jamais fait de mal ou un quelconque geste déplacé et pourtant, elle l’avait toujours en travers de la gorge. Elle ne sentait rien de bon venir de sa part alors que tout le monde le trouvait inoffensif et ça la mettait encore plus de mauvaise humeur de les voir rigoler et baisser la garde avec lui. Mais une décennie était passée et à force, ils ont partagé des moments qui auraient pu les rapprocher, le genre de moment en soir de pleine lune loin des regards où elle sentait de l’empathie et la sympathie à son égard, mais il semblait que les cieux les préféraient en ennemis et ainsi, dès que le jour se levait, les piques revenaient à la surface.
Elle se leva brusquement en prenant un bout de pain avec elle avant de relever ses sourcils en guise de remerciement pour la personne qui l’avait ramené et s’adressa au garde du corps, toujours aussi agressivement comme s’il avait la peste « Pousse-toi de mon chemin. » Elle sentait bien que son comportement jetait un froid dans la bande mais tant pis, tout le monde s’était habitué à leurs querelles et ce n’était pas près de changer.