« May we meet again, when I can trust my heart and not my brain, be safe and rescue your friends, then maybe we can meet again »

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La capitale d’Heledir, l’étape finale du périple d’Ambroise en tant qu’escorte de la famille Savelli. Cela faisait de longs jours, mêmes semaines, qu’ils étaient sur les routes, Heledir n’étant pas la porte à côté lorsque l’on vient de Galadhorn. Mais voilà, ils étaient enfin arrivés à Kaern après avoir traversé tout Gwelnaur. Dans le fond, Ambroise ne savait pas vraiment ce qu’il était censé ressentir…Du soulagement pour être arrivé ou alors du désespoir ? Car après tout, le fait d’être arrivé à Kaern signifiait que Juliana se rapprochait d’autant plus du moment où le prince lui passerait la bague au doigt. C’était comme si le destin se moquait ouvertement de lui pour l’avoir choisi comme escorte devant l’amener devant l’autel… Certes, le mariage n’était pas pour de suite, mais c’était tout comme et ça le brisait. Pour autant, il essayait de garder la tête froide, le visage fermé pour éviter tout débordement et il avait plus ou moins réussi durant le trajet. Comme il serait merveilleux de pouvoir être un bloc de glace pour une journée, mais Ambroise était le contraire de la glace, il était comme le feu, impulsif, brûlant de désir et d’espoir, fougueux… Tout ce qu’il ne fallait pas être maintenant.

Voilà donc pourquoi, une fois qu’Ambroise eut escorté les Savelli au palais et qu’il se fut assuré qu’ils étaient entre de bonnes mains, il avait fait le choix de ne pas rester à la cour. Après tout, il aurait d’autres occasions d’y retourner et à cet instant précis il avait surtout envie de souffler un peu et d’oublier absolument tout l’espace d’un instant. Il voulait juste être un jeune homme visitant la capitale d’Heledir, le cœur léger. Certes, cela allait être ardu, mais en tout cas, il voulait essayer. D’ailleurs, il avait également décidé qu’il allait loger dans une auberge de la capitale pour ne pas avoir à croiser la Savelli à chaque détour de couloir à la cour. Il se doutait bien que son choix en avait surpris plus d’un dans son équipe et que cela avait étonné les Savelli, puisque après tout Ambroise était noble, mais cela lui avait paru être la meilleure idée possible. Surtout que dans le fond, même si Ambroise se trouve être comme le feu, il a besoin malgré tout de temps pour lui, d’espace, or il n’avait pas pu en avoir pendant tout le trajet. Forcément, maintenant qu’il en avait la possibilité, il en profitait pleinement. Parfois, il venait même a regrette de ne pas être né dans une autre famille, où il n’aurait pas à souffrir du protocole et des convenances, mais en même temps, c’était aussi ce qui le caractérisait. Ainsi s’il n’était pas un Alhuïn, il serait une personne bien différente, or il aimait ce qu’il était, pas d’un point de vu narcissique, mais parce qu’il était fier de son évolution depuis toutes ses années et ça…il ne pouvait que s’en féliciter.

Les pieds à terre, une main tenant la bride de son cheval, Ambroise marchait dans les rues de la capitale en se demandant quelle auberge il pourrait bien choisir pour y loger ces prochains jours. En effet, il comptait rester quelques temps dans les alentours, tout simplement parce qu’il n’avait d’autre choix que de participer au bal donné en l’honneur des fiançailles du prince. Pour autant, Ambroise avait déjà en tête un petit projet qu’il se disait avoir le temps de réaliser avant le fameux bal : il voulait rendre visite à son amie Valeriane à Calendyr. Il est vrai que c’était un long trajet, mais Ambroise était persuadé que c’était faisable et puis cela lui permettrait vraiment de changer d’air. Quoi qu’il en soit, après avoir fait le tour des différentes auberges, il en choisi une qui lui semblait un peu plus convenables que les autres et dans un style assez pittoresque qu’il aimait bien. C’est donc après avoir donné son cheval au palefrenier de l’auberge qu’il s’apprêtait à entrer dans celle-ci, bien décidé a retirer son uniforme de garde pour être à l’aise, mais c’était sans compter un visage dans la foule qui retient son attention. « Theodas ? » Au vu de la surprise qu’il pouvait lire sur le visage de celui qu’il venait d’interpeller, effectivement c’était bien Theodas. « Ta troupe est à Kaern en ce moment ? C'est merveilleux ! » Comme quoi, le hasard fait bien les choses ! Même si dans le fond, Ambroise aurait préféré le croiser sans être vêtu tel un chevalier, avec l’écusson de la maison Galadhorn sur son plastron, car après tout Theodas ignorait tout de son sang noble, mais bon… Ce n’était pas comme s’il était possible de choisir le moment opportun pour le hasard. Le hasard choisi tout seul.

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Voyager dans le royaume d’Heledir lui faisait toujours quelque chose parce que, à chaque fois, ça le ramenait à une époque lointaine que Theodas n’était pas en mesure d’oublier. Il aimait ces lieux, il aimait l’ambiance qui s’en dégageait cependant une part de lui ne pouvait empêcher son cœur de serrer dés qu’il se perdait dans ses réflexions. Heureusement, il n’était pas seul, toujours accompagné de ses fidèles compagnons, et ils lui permettaient bien souvent d’occuper son esprit avec toutes ces bêtises qu’ils faisaient ou racontaient. Tous étaient joyeux, d’excellente humeur et bien que Theodas parlait peu, c’était un plaisir de les écouter, une esquisse étirant même ses lèvres de temps en temps. Ensemble, ils s’étaient baladés dans les différentes rues de la capitale, en profitant pour faire de la publicité pour leur prochain spectacle puis tous s’étaient séparés ensuite, chacun pouvant ainsi vaquer à ses occupations. S’il appréciait leur compagnie, un peu de tranquillité et de solitude lui faisaient également beaucoup de bien… Cela lui permettait de se retrouver avec lui-même, de ne pas être forcé à se concentrer sur ce qu’on lui racontait et de faire ce qu’il voulait sans qu’on ait rien à redire. Puis en toute honnêteté, le simple fait d’être au calme était agréable même si « calme » était un bien grand mot au vue de la population qui marchait dans les rues.

Tranquillement, il s’était promené, en profitant d’ailleurs pour s’acheter quelques petites choses dont il avait besoin, puis il s’était motivé à finalement rentrer à leur auberge. Le voyage avait été long, il avait envie de se reposer et se détendre un peu, surtout que le jour suivant il avait prévu de faire un tour dans la forêt de son enfance. Peut-être devrait-il arrêter de faire ça à chaque fois qu’il se rendait au royaume d’Heledir cependant c’était plus fort que lui puisqu’ils n’y venaient pas souvent non plus. Il n’avait pas d’autres endroits pour se recueillir alors à la place, il allait là où tous ses souvenirs avaient été créés… Enfin, il aurait largement le temps d’y songer le lendemain lorsqu’il s'y rendrait. L’heure était tout d’abord à un peu de repos, c’était ce que Theodas avait pensé avant que ses yeux ne se posent sur une personne qu’il connaissait plutôt bien – ou du moins qu’il croyait connaître. Ses pupilles s’étaient arrondis sous l’étonnement alors qu’il le fixait bêtement… Depuis quand Ambroise était chevalier ? Depuis quand était-il lié à la noblesse surtout ? D’aussi loin que remontait ses souvenirs, le jeune homme ne se rappelait pas que son camarade avait mentionné quoi que ce soit à ce sujet. Evidemment tout le monde avait ses secrets, lui le premier, hors ça n’enlevait pas le fait que ça restait surprenant. Theodas n’était pas un grand admirateur de la noblesse, il s’en méfiait même, encore plus après ce qui était arrivé à sa famille… Est-ce que ça voulait dire que ça changerait quelque chose dans sa relation avec son ami ? Probablement pas, lui aussi lui en cachait des choses après tout. Puis pour l’instant, il se sentait beaucoup trop stupide pour réfléchir correctement à quoi que ce soit.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? » Lui avait-il alors demandé aussitôt, le désignant d'un discret coup de tête, sans penser à répondre à la question qu’Ambroise venait de lui poser. A dire vrai, c’était à peine s’il l’avait entendu tant il s’était retrouvé perdu dans ses pensées. « T’es chevalier ? » Non, la tenue que son vis-à-vis portait était son nouveau costume de bal, abruti… Evidemment qu’il était chevalier. Il y avait beaucoup trop d’évidence pour faire croire le contraire. Pour sa défense, Theodas ne s’attendait pas à recevoir une telle révélation aujourd’hui et de ce fait, il se trouvait quelque peu – trop – penaud par les circonstances. « Depuis quand ? » Toujours. Enfin non, il n’était pas chevalier depuis sa naissance néanmoins Ambroise n’avait jamais été marchand non plus. Ah, qu’est-ce qu’il pouvait se sentir con maintenant.  

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Lorsqu’Ambroise avait interpellé Theodas dans la rue il s’était de suis rendu compte que ce dernier semblait choqué. En effet, il le regardait un peu bêtement comme s’il avait une bête effroyable qui avait pris possession de lui. C’était peut-être le cas, d’ailleurs… En effet, ayant tellement porté son armure, Ambroise ne s’était pas rendu compte du fait que c’était la toute première fois que Theodas le voyait ainsi et plus que tout, que c’était la première fois que ce dernier allait se rendre compte qu’il n’était pas juste un simple marchand. Certes, ils s’étaient croisés de nombreuses fois durant ces dernières années, mais Ambroise n’avait jamais voulu lui dire de manière explicite qu’il était noble. Il avait craint que cela ne change sa manière de le voir et au vu de la remarque de Theodas ce qu’il avait craint se produisait. « Qu’est-ce que ça veut dire ? » Theodas venait de le désigner d’un coup de tête, et Ambroise baissa donc son regard vers sa tenue. C’est à ce moment là qu’il se rendit compte qu’il était encore en tenue, en armure…En effet, même s’il s’était imaginé bientôt se changer à l’auberge, il ne l’avait pas encore fait. Autant dire qu’à cet instant, il aurait préféré avoir eu le temps de se changer avant.

« T’es chevalier ? » La réponse semblait évidente, surtout au vu de son accoutrement, ainsi Ambroise se contenta-t-il de hausser ses épaules avec un petit sourire gêné, l’air de dire que c’était effectivement le cas. En même temps, ce n’était pas comme si Theodas s’était véritablement attendu à ce qu’il vient à réfuter le fait qu’il était chevalier. Il portait bien l’emblème des Galadhorn sur son plastron et ce n’était clairement pas pour participer à une fête déguiser. D’ailleurs, cela aurait pu être une bonne excuse, mais il fallait maintenant qu’Ambroise assume le fait qu’il ne le lui avait jamais dit la totale vérité sur son sujet. Mais d’un autre côté, Theodas était-il lui aussi pleinement honnête concernant son passé ? Ambroise avait un doute là-dessus et pourtant, il fallait bien avouer qu’il ne le lui avait jamais demandé. Tout simplement parce qu’il avait ressenti une connexion avec Theodas sans avoir besoin de mots. Ainsi craignait-il perdre cette connexion juste parce qu’il était un noble, un chevalier.

« Depuis quand ? » Il esquissa un petit sourire tandis qu’il s’avançait vers Theodas histoire de combler la distance entre eux. Après tout, ils n’allaient pas se parler d’un bout à l’autre de la rue, si ? « Je suis devenu apprenti chevalier de la garde royale il y a environ deux ans. Avant cela, je travaillais pour le compte de mes parents dans l’entreprise familiale, la joaillerie. C’est à cette occasion que l’on s’était rencontré la première fois. Je voyageais pour apporter des commandes et pour en prendre de nouvelles. » Autrement dit, Ambroise avait quand même été un marchand dans un sens, riche certes, mais marchand quand même… Bon, est-ce qu’on peut vraiment se considérer marchand lorsque l’entreprise familiale vaut son pesant d’or et que son nom de famille transpire la noblesse. Pour autant, Ambroise n’avait jamais eu envie de s’en vanter et il savait très bien que cela n’aurait jamais pu être ainsi avec Theodas si dès le début il avait su ses origines. Tout le monde le traitait différemment parce qu’il était noble. « Tu ne trouves pas que l’armure me va à ravir ? » Lança-t-il avec un sourire amusé. Après tout, le fait de le voir autant déboussolé et choqué, l’amusait dans un sens. Effectivement, il préférait le prendre à la rigolade qu’autre chose, espérant fortement que Theodas ne lui en voudrait pas trop.

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En réalité, ce n’était pas tant le fait qu’Ambroise soit un noble qui était surprenant – bien qu’un peu quand même – mais plus le fait que ce dernier lui avait caché la vérité et avait vraisemblablement pris plaisir à lui faire croire qu’il était quelqu’un d’autre. Choqué de cette révélation, Theodas se retrouvait avec la tête pleine de questions qu’il n’était pas encore capable de poser, bien trop perturbé par la situation. Pourquoi son ami avait souhaité garder cela secret ? Pourquoi avoir fait semblant alors qu’il avait eu des tas d’occasion pour avouer la vérité ? Les émotions qui parcouraient l’esprit du jeune hommes étaient mélangées… Il était perdu, probablement déçu aussi malgré tout, parce qu’il avait accordé de l’importance à quelqu’un qui lui avait menti, quelqu’un qu’il croyait connaître mais qu’il, peut-être, ne connaissait pas tant que ça finalement. Non, que son camarade soit un noble, un marchand ou un paysan ne changeait rien, ce n’était pas le problème… Le problème était cette comédie qu’Ambroise avait joué, comment faire la différence entre le vrai et le faux à présent ? Theodas avait toujours été une personne particulièrement méfiante donc lorsqu’il donnait sa confiance à quelqu’un, cela signifiait quelque chose de profond… Le lien qui l’unissait avec son ami, il s’était toujours plu à penser qu’il était particulier parce qu’ils n’avaient pas forcément besoin de se parler pour se comprendre, parce que l’expression dans leur regard suffisait pour deviner leur peine ou leur joie. Mais, et si rien de tout ça n’était réel ? Était-ce cruel de sa part de s’interroger ? On pouvait le lui reprocher, lui dire que le chevalier n’était pas le seul à avoir des secrets cependant pour sa défense, le garçon déclarerait que lui, il n’avait jamais menti ; on ne lui avait tout simplement jamais poser la question. Si Ambroise le lui avait demandé, il ne lui aurait peut-être rien dit le concernant cependant plutôt que le lui cacher, il aurait certainement rétorqué ne pas vouloir en parler. Tout ça était beaucoup trop compliqué et Theodas ne savait plus quoi penser, ni ce qu’il devait croire.

Les aveux se faisaient de plus en plus poussés et lui se retrouvait plus perdu que jamais, le regard rivé vers son camarade qui plaisantait. Probablement que oui, il valait mieux en rire qu’en pleurer, la raison pour laquelle une fine, mais très discrète, esquisse avait doucement étiré ses lèvres. « Tu es sur que c’est une vrai ? On dirait une fausse. » Lui avait-il répliqué à son tour, un brin taquin, avant de hausser les épaules. Il plaisantait parce que peu importait les doutes qui le rongeaient, il n’avait pas non plus envie de perdre l’amitié qui le liait avec ce garçon… Certes, ce dernier n’était pas idiot et devait bien remarquer à l’expression de Theodas que celui-ci était perturbé. Hors, encore une fois, ce n’était pas à cause de son statut de noble ; contrairement à ce que son vis-à-vis croyait, il n’était pas du genre à faire d’amalgame, il se méfiait de tout le monde et s’il s’entendait bien avec un individu, son statut n’avait aucune importance. C’était vrai qu’il avait tendance à être plus facilement sur ses gardes quand quelqu’un de la noblesse se présentait devant toutefois ce n’était pas à cause de la richesse qui le décrivait mais à cause de sa propre histoire. Nombreux étaient ceux à le croire morts, si certains découvraient sa position, il ne promettait pas cher de sa peau et c’était le pourquoi il devait se méfier de quiconque passait sur sa route. « Comment tu vas ? » L’avait-t-il alors interrogé, sincère, sans chercher à le harceler de questions et ce, malgré toutes ces réflexions qui le troublaient. Il avait peur, oui. Il doutait, oui aussi. Cependant il ne souhaitait pas brûler les étapes, il ne souhaitait pas brusquer son camarade non plus et avait envie de croire que le temps résoudrait tout. Probablement que comme à son habitude, au lieu de s’ouvrir et en parler, Theodas prenait tout sur lui, encore et toujours. Il était ainsi, incapable d’exprimer à haute voix correctement ce qu’il ressentait, par peur de blesser, par peur de tout perdre ou de commettre une erreur mais aussi par peur que tout change. On lui avait déjà brisé son monde une fois, il ne supporterait pas de le voir s’effondrer de nouveau.

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Ambroise ne savait pas vraiment sur quel pied danser maintenant qu’il se trouvait face à Theodas, certes il avait prit des cours de danse, mais cela n’avait strictement rien à voir. Il était totalement perdu, comme s’il s’était fait prendre la main dans le sac et en même temps c’était un peu le cas. En effet, même si Ambroise n’avait jamais voulu mentir à Theodas il l’avait fait en jouant sur de la semi-vérité, or c’était parfois pire que le mensonge… Dans le fond, il s’en voulait, vraiment, car il n’avait jamais voulu blesser Theodas en lui cachant cette part de son histoire. Il était noble, certes, mais à ses yeux ce n’était pas cela qui le définissait, voilà pourquoi il ne le lui avait jamais dit et jusqu’à présent il n’avait pas pensé que cela pouvait être important. Sauf que voilà, en voyant l’expression du visage de son ami, Ambroise se rendait compte à quel point il avait merdé. Il aurait dû lui dire, tout, au moins le fait qu’il était noble, sauf qu’il n’avait jamais osé. En même temps, Theodas avait directement cru qu’il était marchand et sur le coup, Ambroise n’avait pas pris le temps de le détromper sauf que petit à petit, le mensonge était devenu la réalité avec laquelle Theodas le voyait or maintenant, tout semblait s’effondrer. Pour cela, Ambroise s’en voulait, car son amitié comptait pour lui.

Voilà donc pourquoi il voulu miser sur l’humour en lui montrant à quel point l’armure lui allait à ravir. Tout simplement parce qu’il avait trop peur de s’exprimer clairement au risque de briser les dernières chances pour leur amitié. « Tu es sur que c’est une vrai ? On dirait une fausse. » Ambroise esquissa un sourire amusé face aux propos de Theodas. Certes, il aurait pu le prendre sous un autre angle, vérité, mensonge, mais il préféra le prendre à la légère. C’était mieux pour son mental. « Mmh… Maintenant que tu le dis, j’admets que j’ai un doute, il faudrait que je demande l’avis d’un expert. » Effectivement, Ambroise avait le don certain de détourner l’attention par des blagues, de l’humour, c’était sa manière de charmer quelque peu son auditoire. Même si dans le fond, il ne cherchait pas à charmer Theodas, il voulait juste lui montrer qu’il restait toujours le même Ambroise… Noble, chevalier, mais Ambroise tout de même. Cela devait compter pour quelque chose, non ? En tout cas, le jeune homme comptait bien prouver à Theodas qu’il pouvait toujours lui faire confiance.

«  Comment tu vas ? » Pour tout dire, Ambroise se sentait triste, en colère, honteux, tout ça a la foi. Avec tout ce qui lui arrivait en ce moment, il n’arrivait pas véritablement cerner ce qu’il ressentait réellement. Il était triste pour son amour qu’il ne pourra jamais dévoiler. En colère contre lui-même de ne pas avoir le courage de dire la vérité envers ceux qui comptent pour lui, Juliana, Theodas… Honteux de voir qu’il avait peut-être brisé la confiance que son ami pouvait avoir en lui. « En toute sincérité ? » Ambroise hésitait, devait-il vraiment être honnête, et faire comme les convenances le demande dire que tout va à merveille dans le meilleur des mondes ? Sauf que non, tout n’allait pas bien. « Disons que j’ai connu des jours meilleurs. Je viens d’arriver à Heledir, le trajet Galadhorn jusqu’à Kaern ce n’est pas de tout repos… » Même si ce n’était clairement pas que ça. « Et toi alors ? Ta troupe a décidé de venir un peu sur Kaern ? Vous êtes arrivés quand ? » Il avait parlé vite, excité de connaître les nouvelles et c’était un peu sa manière de lui montrer qu’il était toujours le même, armure ou pas…

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Ce qui était « drôle » dans cette histoire était probablement le fait que les deux préféraient se taire et éviter le sujet par peur des conséquences… C’était idiot puisque c’était ce genre d’attitude qui créait des malentendus néanmoins quand on tenait devant soi deux individus comme Ambroise et Theodas, c’était un brin compliqué. Certainement que, oui, cela aurait été beaucoup plus facile s’ils avaient pu lire dans les pensées de l’autre et deviner ce à quoi ils songeaient. Jusqu’à présent, ils avaient toujours été en mesure de se comprendre sans avoir besoin de mettre des mots sur les tourment qui hantaient leurs esprits cependant à croire que ça aussi, ce n’était pas éternel… En cet instant précis, Theodas était incapable de discerner son ami, il ignorait ce qu’il pensait, il ignorait ce qu’il lui cachait de plus et si les sourires qu’il lui adressait étaient aussi sincères que ceux qui lui avaient donné auparavant. Il ne savait pas. Il ne savait plus. Et il n’était même pas certain d’avoir envie de savoir en vérité. S’il s’avérait que tout cela n’avait été que du vent, il doutait pouvoir accorder sa confiance à quelqu’un de nouveau… C’était peut-être la raison pour laquelle il préférait ne pas aborder le sujet et le fuyait au lieu de l’affronter. Il ne voulait pas être déçu, il voulait croire en son camarade et lui laisser la chance de s’expliquer quand celui-ci se sentirait prêt. Ce n’était pas grave s’il était troublé par ce mensonge, si des tas de questions occupaient ses pensées et si, malgré lui, ça le blessait d’avoir été mené en bateau jusqu’à maintenant… Du moment qu’Ambroise ne s’était pas joué de lui, qu’il n’avait pas profité de la bonté de la troupe et celle de Theodas, pour son profit personnel, il le pardonnerait. Le problème était que sans le lui demander, il ne saurait jamais ce qu’il en était ; il s’agissait d’un cercle vicieux dans lequel il se perdait, ignorant entièrement ce qu’il était censé faire. Bien sûr qu’une part de lui avait envie de connaître la vérité cependant l’autre préférait la taire à tout jamais, simplement pour garder ce lien comme il était avant. Un lien qui, malheureusement, non ne serait jamais comme avant si tous deux s’entêtaient à enterrer les problèmes plutôt que se caler confortablement et en parler. C’était compliqué, oui.

Tous deux avaient cette expression factice sur le visage, se taquinant comme à leur habitude hors certainement que là encore, il y avait quelque chose de faux. Theodas lui-même avait conscience de ne pas être totalement honnête puisque s’il charriait son vis-à-vis, la lueur qui brillait dans ses prunelles reflétait assurément tout ce trouble qu’il éprouvait à l’heure actuelle. « Tu devrais. Juste au cas où, on ne sait jamais. » Ils parlaient de son armure, celle que le chevalier n’avait jamais porté devant lui, celle qu’il aurait probablement continué de lui cacher si le garçon n’était pas tombé sur lui aujourd’hui. Des réflexions que ce dernier avaient gardé pour lui, se contentant de lui demander comment il allait… Cela faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas croisés, c’était donc la moindre des choses de s’en inquiéter. Et pourtant ce « De préférence, oui. » que Theodas avait énoncé s’était montré un brin plus sarcastique que ce qu’il aurait désiré. Ambroise lui avait menti pendant toutes ces années, ce serait le comble qu’il se permette de le faire encore en cet instant précis. « Je vois. Tu comptes rester un moment ? » Si son ami était épuisé du trajet, il était important qu’il se repose un peu avant de repartir. « Oui, on est arrivé hier et demain ils font un spectacle. » Comme à chaque fois qu’ils se déplaçaient et voyageaient, c’était toujours pour distraire le public et lui en même temps, il espérait retrouver des traces de sa petite sœur. Il avait entendu dire de certaines personnes que cette dernière avait apparemment pris la route pour Thoron… Des informations qu’il avait eu du mal à avoir après toutes ces années mais qui lui redonner quelque peu espoir. Peut-être qu’on lui avait raconté n’importe quoi, peut-être qu’on avait mépris Ilya pour quelqu’un cependant même s’il s’avérait que ce n’était pas elle, il était hors de question de ne pas essayer sous prétexte que rien n’était sûr. « Je ne sais pas encore quand est-ce qu’on repart exactement. » Tout ne dépendait pas de lui mais probablement qu’ils ne traîneraient pas éternellement à Heledir non plus.

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Ambroise avait quelque peu hésité avant de répondre à la question de Theodas, ne sachant pas vraiment s’il devait lui répondre ou chercher à s’expliquer sur les raisons de son demi mensonge. Finalement, il avait choisi de lui répondre, peut-être par lâcheté, par crainte, ou tout simplement parce qu’il se disait qu’il lui expliquerait tout plus tard, mais dans le fond, peut-être aurait-il dû mettre les choses à plat pour éviter les non dits. Sauf que l’on ne fait pas grand-chose avec des peut-être, si ce n’est pourrir son esprit de théories toutes plus farfelues que les autres. Voilà pourquoi Ambroise avait choisi d’agir comme il le faisait d’habitude lorsqu’il croisait Theodas, se disant que cela aiderait peut-être se dernier à se rendre compte qu’il restait le même. « De préférence, oui. » Visiblement, Theodas n’avait pas particulièrement aimé la question rhétorique d’Ambroise à propos de la sincérité car il s’était montré particulièrement sarcastique, ce qui fit quelque peu tiquer Ambroise, mais qui ne se laissa pourtant pas abattre. Il fallait bien avouer que c’était là un tique de langage et de ce fait, cela avait quelque peu surpris le jeune homme que son ami puisse avoir une telle réaction, mais bon… Il n’y avait pas grand-chose à faire. Ambroise espérait quelque peu que cela finirait par passer, mais dans le fond il savait qu’il lui faudrait un jour s’exprimer clairement sur les raisons qui l’avaient poussées à ne pas dire l’entière vérité.  

« Je vois. Tu comptes rester un moment ? » Excellente question… Pour tout dire, Ambroise savait déjà qu’il allait devoir rester jusqu’au bal, mais pour autant, il aimerait fortement se rendre à Calendyr avant cela. « Disons que j’ai un événement auquel je suis obligé de participer, un bal, mais avant je suis plutôt libre… De ce fait, j’hésites quelque peu à me rendre voir une amie dans l’Empire Thoron. » Certes, cela faisait une sacrée distance, mais Ambroise souhaitait vraiment la voir, Valeriane. Elle avait perdu son époux il y a peu et de ce fait, il voulait sincèrement être auprès d’elle pour la soutenir. Il hésitait tout de même quelque peu, puisqu’il se demandait si ce serait sérieux de faire un tel trajet après avoir fait Taewyn – Kaern. Mais bon… Etant une forte tête brûlée, il en serait tout à fait capable. Il se décida donc à demander à Theodas quand sa troupe était arrivée à Kaern. « Oui, on est arrivé hier et demain ils font un spectacle. » Un sourire étira les lèvres d’Ambroise, un spectacle…Cela lui ferait plaisir d’y assister pour pouvoir revoir ainsi tous les membres de la troupe. Après tout, il avait passé quelques temps avec eux, dispersés sur diverses années, et il avait commencé à les connaître tous quelque peu. Pas autant qu’il ne connaissait Theodas, mais il n’en demeurait pas moins qu’il appréciait leur compagnie. « Il faudra que je passe voir le spectacle ! »

« Je ne sais pas encore quand est-ce qu’on repart exactement. » Ambroise hocha la tête, sachant pertinemment qu’ils n’allaient pas rester bien longtemps à Kaern. Après tout, la troupe dans laquelle se trouvait Theodas bougeait beaucoup et de ce fait, il était tout à fait logique qu’ils finissent par repartir. Tout comme Ambroise lui-même finirait par bouger à son tour. Son cœur était peut-être à Heledir mais pas sa vie… « Tu sais déjà quelle sera votre prochaine destination ? » Puis après un moment d’arrêt il ajouta. « Est-ce que tu souhaiterais boire quelque chose ? Cela pourrait être sympa de se poser un peu… Je suis logée juste là. » Et il fit un signe de tête vers l’auberge qui se trouvait à quelques pas d’eux. Ambroise ne dirait pas non à s’asseoir et à se sustenter un peu, surtout après un tel trajet…

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Si Theodas n’aimait pas mettre des mots sur ce qu’il ressentait et préférait garder tous ces tracas pour lui, il n’avait malheureusement pas de chance puisque son entourage le devinait toujours et ce, peu importait à quel point il essayait de le cacher. Ses expressions parlaient toujours à sa place, incapable de dissimuler les émotions qui se reflétaient dans ses iris ou, comme à cet instant, dans le ton qu’il employait lorsqu’il s’adressait à quelqu’un. Il avait sincèrement souhaité ne pas faire preuve d’autant de sarcasme dans une simple phrase hors une fois ses mots sortis de ses lèvres, il était trop tard pour les ravaler… Il avait pensé tout haut ce qu’il pensait tout bas et il s’en voulait. A aucun moment, il n’avait désiré blesser son camarade par ses paroles ni même lui montrer qu’il était plus affecté que ce qu’il avait tenté de lui transparaître jusqu’à présent. Evidemment qu’il était troublé, évidemment qu’il était peiné et la brillance dans ses yeux était déjà suffisante à elle seule pour l’exprimer… Theodas n’avait pas voulu en rajouter cependant c’était trop tard pour se le reprocher, ce qui était fait était fait. En soit, il n’y avait pas réellement de mal à être honnête et laisser parler son cœur néanmoins lui n’aimait pas ça ; parce qu’il était désolé de songer ainsi, parce qu’il savait qu’il ne devrait pas se comporter de la sorte et essayer de lui faire confiance cependant c’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Tout était encore trop flou dans son esprit pour qu’il soit en mesure de réfléchir raisonnablement et ce n’était pas aussi simple que ce qu’il souhaiterait.

Du mieux qu’il le pouvait, le jeune homme faisait de son mieux pour rester lui-même, pour se montrer patient et être celui qu’il avait toujours été en compagnie d’Ambroise. La raison pour laquelle, malgré toutes ces questions qui le hantaient, il avait continué de faire la conversation et d’écouter les différentes anecdotes que son ami avait à raconter. Ce dernier semblait avoir un emploi du temps plutôt chargé et Theodas se demandait quand est-ce que le chevalier comptait se reposer ; il lui avait répliqué être épuisé par le voyage mais en prévoyait déjà un autre, un détail le concernant qui n’avait vraisemblablement pas changé ceci dit. « Cela ne risque pas de faire beaucoup ? » Ambroise avait un sacré caractère donc probablement que ce n’était pas ça qui l’en empêcherait hors lui avait souhaité tout de même lui poser la question. Son camarade s’intéressa ensuite à lui ainsi qu’à ses compagnons avant de déclarer vouloir passer voir leur spectacle. Theodas n’y serait sûrement pas toutefois ça n’empêchait pas à l’autre jeune homme de leur rendre visite s’il le désirait. « Tu peux. Ils seront contents de revoir. » Certainement. La troupe n’était pas comme lui, ils étaient beaucoup plus ouverts, moins méfiants et peu importait le statut du chevalier, ils l’accueilleraient tel qu’il était sans hésiter. Probablement même qu’ils feraient la morale à Theodas plus tard, essayant de le rassurer puis lui rappeler qu’il y avait des mots, des gestes, qui ne s’inventaient pas et qui à eux seuls étaient capable de définir une personne. Lui n’était si simple d’esprit qu’eux donc c’était plus compliqué… Sa confiance était précieuse, à peine celle-ci se retrouvait fissurer que forcément, il lui était difficile de ne pas douter.

Sa prochaine destination ? Et bien normalement, il s’agissait justement de l’empire Thoron ; une question à laquelle il n’avait pas répondu de suite puisque lorsqu’il s’apprêtait à le faire, son interlocuteur avait repris la parole. Son regard avait suivi l’endroit que son ami avait désigné et une expression quelque peu étonnée avait brillé aussitôt dans ses pupilles. « Tu loges là ? » Avait-il répété bêtement, plus par surprise que parce qu’il souhaitait réellement obtenir une réponse ; le pourquoi il n’avait pas attendu qu’Ambroise dise quelque chose pour enchérir. « Je reste aussi à cet endroit. » Qu’il répliqua alors afin d’expliquer son étonnement. Certains autres membres de la troupe également habitaient dans cet auberge pendant leur séjour à Heledir. Il n’y avait malheureusement pas assez de place pour eux tous donc le reste logeait dans une autre un peu plus loin. « Mais oui, on peut s’y installer pour boire quelque chose. On sera plus tranquille. » Et surtout plus confortable aussi.

Ensemble, ils se dirigèrent alors jusqu’à l’auberge où ils partirent directement s’installer à une table, tous deux prenant commande de ce qui leur faisait envie avant de reprendre, enfin, là où ils s’étaient arrêtés. « On va sûrement aller à Calendyr. » Avait donc rétorqué Theodas, assez soudainement, sans que le sujet n’ait réellement été relancé. « Si tu décides d’aller à Thoron, tu n’auras qu’à venir avec nous si tu veux. » Non, il n’était jamais celui qui proposait habituellement… Il n’aimait pas imposer les choses, il n’aimait pas prendre des initiatives sur ce genre de sujet cependant c’était sa manière subtile de lui faire comprendre que malgré tout, il n’était pas fermé et voulait sincèrement lui accorder une chance. C’était vrai qu’il était blessé et qu’il doutait toutefois s’il ne laissait pas à son ami l’opportunité de lui prouver le contraire, ils n’iraient jamais loin.

« May we meet again, when I can trust my heart and not my brain, be safe and rescue your friends, then maybe we can meet again »

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Ambroise avait du mal à savoir comment agir. Voilà pourquoi il avait fait comme à son habitude, préférant agir normalement que de se mettre à se lancer dans une multitude d’excuses et d’explications. Certes, il aurait très certainement dû lui expliquer les raisons l’ayant poussés à ne pas tout lui raconter sur sa vie, mais dans le fond quelles étaient véritablement ses raisons ? Il fallait bien avouer qu’Ambroise s’était senti tellement bien en présence de Theodas, en confiance, qu’il avait voulu être une personne normale pour une fois et non pas un noble. En effet, par moment le comportement des gens pouvait changer lorsqu’ils appartenaient son appartenance noble. Il était vrai qu’à l’époque Ambroise n’aurait jamais pu imaginer la réaction qu’aurait pu avoir Theodas face à cette nouvelle, il aurait pu changer ou alors rester le même. Ambroise avait préféré être sûr que rien ne changerait entre eux. En effet, il appréciait énormément leur amitié qui était venue simplement entre eux. Il comptait pour lui et de ce fait, il n’aurait pas voulu que quelque chose vienne se mettre au travers. Sauf que voilà, maintenant Theodas savait. Il savait et Ambroise n’osait pas s’exprimer clairement. Grosse erreur.

« Cela ne risque pas de faire beaucoup ? » Effectivement, cela risquait de faire beaucoup de voyage en peu de temps, mais Ambroise était comme ça et Theodas le savait. Voilà pourquoi il haussa les épaules en esquissant un sourire, l’air de dire qu’il ne le savait que trop bien, mais que comme d’habitude il n’en ferait qu’à sa tête. En même temps, ce n’était pas pour rien qu’il souhaitait faire un énième déplacement, il voulait voir Valeriane et cela comptait beaucoup à ses yeux d’être présent pour elle. Ainsi était Ambroise, pensant très souvent aux autres avant de penser à lui-même… « Tu peux. Ils seront contents de revoir. » Et il serait également ravi de les revoirs. Après tout, il avait fait quelques fois des voyages avec eux et de ce fait, il s’était mis à apprécier les moments passés avec eux. C’était simple et c’était ce qu’Ambroise avait besoin. « Et moi dont ! »

Finalement, Ambroise décida de proposer à Theodas d’aller s’installer dans l’auberge qui se situait juste à côté d’eux pour boire un verre et discuter. Après tout, ce serait très certainement bien plus agréable que de rester debout dans la rue. « Tu loges là ? » Visiblement, Theodas était particulièrement étonné qu’il puisse loger ici. En même temps, maintenant qu’il savait qu’il était noble, il devait très certainement imaginer Ambroise loger dans des établissements luxueux et même plutôt à la cour… Sauf que voilà, Ambroise n’était pas de ces nobles là à vouloir absolument baigner dans le luxe et le faste. Certes, il aurait pu, mais ce n’était pas là son caractère. Il hocha donc la tête avec un sourire amusé tandis que Theodas ajoutait. « Je reste aussi à cet endroit. Mais oui, on peut s’y installer pour boire quelque chose. On sera plus tranquille. » Ah finalement, son étonnement était plutôt dû au hasard d’avoir choisi la même auberge. « Parfait alors ! » Il était vrai que c’était surprenant comme parfois le hasasrd pouvait bien faire les choses.

C’est donc ainsi que Theodas et Ambroise entrèrent dans l’auberge avant de s’installer à l’une des tables disponibles. Il commanda un verre de vin rouge, n’en ayant pas bu depuis qu’il avait quitté Taewyn dix jours plus tôt. Autant dire que cela lui manquait. « On va sûrement aller à Calendyr. Si tu décides d’aller à Thoron, tu n’auras qu’à venir avec nous si tu veux. » Cela étonna quelque peu Ambroise que Theodas en vienne à lui proposer cela, mais en même temps cela lui faisait sincèrement plaisir. « Oh c’est super ! Calendyr est justement ma destination, donc j’accepte avec plaisir. C’est toujours agréable d’avoir de la compagnie pendant les trajets. Et puis ce sera comme au bon vieux temps. » Sous entendu, comme la fois où ils s’étaient rencontrés et toutes les fois où ils avaient voyagés ensemble, car cela faisait quelques temps qu’ils ne l’avaient pas fait. Autant dire qu’Ambroise était ravi à cette idée, mais en même temps, quelque chose obscurcissait ses pensée. « Je n’ai jamais voulu te mentir tu sais. » C’était brut, direct, pas prévu, mais c’était sorti tout seul…

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Oui, Theodas n’avait que faire en réalité du statut que portait son camarade… Certes ce dernier lui avait menti, lui cachant qui il était vraiment au point de lui mettre le doute cependant, malgré tout, à ses yeux Ambroise restait Ambroise. Il n’allait pas agir différemment sous prétexte que celui-ci faisait partie de la noblesse et que de ce fait, il n’avait désormais plus les mêmes valeurs. Il espérait au fond de lui que ça ne change rien entre eux, que les mensonges du chevalier n’avaient pas été dans le but de le blesser mais pour une autre raison, il voulait vraiment croire en la sincérité de leur amitié… Bien que, oui, c’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire puisque peu importait ce qu’il pensait et ce qu’il désirait, lui n’était pas complètement capable de dissimuler sa déception ni le fait qu’en vérité, il ignorait ce qu’il devait croire. Vouloir faire confiance et le faire réellement étaient deux choses complètement distinctes cependant une part de lui gardait espoir. Il ne serait pas là en train de discuter avec son ami s’il le détestait vraiment et lui reprocher ses cachotteries, encore moins s’il ne souhaitait pas lui donner une chance de se rattraper. Cela prouvait ô combien leur amitié comptait pour le jeune homme, à quel point même s’ils ne connaissaient pas grand-chose de l’autre, sa confiance à son égard avait été sérieuse et profonde. Elle avait été quelque peu abîmée aujourd’hui néanmoins elle n’était pas entièrement détruite non plus ; elle était juste perturbée, touchée hors une part d’elle était toujours là. Theodas lui-même ne devait pas s’en rendre compte cependant, encore une fois, ses réactions étaient suffisantes pour le prouver et le démontrer.

Après avoir quelque peu parlé de leur présence en ville, ils avaient convenu de s’installer dans un endroit où ils seraient plus confortables ; une auberge dans laquelle tous deux logeaient, ce qui avait étonné le plus vieux mais finalement, ils ne s’en étaient pas formalisés plus que ça puis étaient partis s’asseoir à une table. Si Ambroise avait opté pour un verre de vin rouge, Theodas s’était contenté d’un verre d’hydromel, souhaitant quelque chose d’un peu plus sucré. Pendant qu’on préparait leur commande, le jeune homme n’avait pas réellement attendu puis avait donné leur prochaine destination à son camarade, allant même jusqu’à lui proposer de faire le trajet avec eux. Réflexion plus ou moins inhabituelle quand on connaissait l’individu et savait qu’il n’était pas de ceux qui proposaient généralement ce genre de chose. Hors pour une fois, Theodas souhaitait montrer qu’il n’était pas fermé, qu’il était prêt à l’écouter et que oui, même s’il ne le disait jamais, il tenait à ce garçon. « Tant mieux alors. » Cela ferait très certainement plaisir aux autres qui avaient toujours apprécié Ambroise et qui étaient normalement ceux qui l’invitaient en premier à faire la route en leur compagnie. Le jeune homme n’avait pas relevé plus cependant ce « bon vieux temps » qu’avait mentionné le chevalier, il espérait sincèrement le retrouver sans avoir à trop s’interroger. Et alors qu’il ne pensait pas avoir des explications ou des excuses maintenant, son camarade l’étonna de plus bel en ramenant le sujet que tous deux évitaient jusqu’à présent sur le tapis. « Ahah, ce n’est pas grave, ne t’en fais pas. » Avait rétorqué Theodas d’un léger sourire, plus mal à l’aise que ce qu’il affichait. Il ne savait pas ce qu’il était censé dire, il ne savait pas comment il était censé enchérir et comme toujours, il préférait affronter les choses tout seul plutôt que mêler les autres à ses tourments. Oui, il était paradoxale parce que c’était évident qu’Ambroise devait se justifier pour qu’ils puissent retrouver leur lien d’antan cependant en même temps, lui ne souhaitait pas le forcer, ni lui mettre la pression… Il avait peut-être un peu peur de ce que son ami comptait lui dire aussi hors, peu habitué à exprimer ce qu’il avait sur le cœur, il se retrouvait déstabilisé par la situation. Il ne savait pas quoi lui dire de plus hormis ces mots qu’il avait prononcé parce qu’il était comme ça, parce qu’il n’avait pas envie de paraître faible non plus et parce qu’il voulait vraiment se convaincre lui-même que non, en effet, finalement ce n’était peut-être pas si dramatique.

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Le verre de vin rouge à la main, Ambroise avait longuement hésité avant de remettre sur la table le sujet principal de la surprise de Theodas tantôt… Le fait qu’il était noble et chevalier. Oui, il avait hésité, car il n’arrivait pas à savoir si c’était une bonne idée d’en parler ou pas. En même temps, c’était un sujet sensible, il ne le savait que trop bien et visiblement Theodas ne semblait pas vouloir lui poser les questions qu’il avait au fond de son cœur. De ce fait, c’était à lui de devoir porter en quelque sorte ce fardeau et ainsi en parler. C’était compliqué et il avait bien posé les mots avant de les prononcer. Il n’avait jamais voulu lui mentir. C’était vrai, sincère. Cela n’avait jamais été là son intention, mais en même temps, cela lui avait semblé tellement plus simple de ne pas contredire Theodas et la troupe lorsqu’ils avaient crus qu’il était simple marchand. Oui, plus simple, car il avait craint que leur regard puisse changer à son sujet. Certes, c’était dans un sens croire qu’ils ne pourraient pas l’accepter tel qu’il était, mais d’un autre côté, Ambroise n’avait de cesse de se dire que le fait d’être noble n’était pas ce qui le définissait. Bien au contraire. D’ailleurs, lorsqu’il était allé rendre visite à l’élevage Griffand avant de partir, il s’était rendu compte à quel point cette vie lui aurait plus. Etre dans un élevage, s’occuper de griffons, les nourrir, les soigner, les éduquer. Oui cela lui aurait énormément plus, mais sa naissance ne lui permettait pas de faire de tels choix. Alors oui, il avait voulu être juste lui lorsqu’il était avec la troupe. Pas Lord Alhuïn, juste Ambroise le marchand… Dire que certaines personnes rêvent de sa richesse alors que lui préférerait l’éviter. Ironie du sort. On veut toujours ce qu’on n’a pas…

« Ahah, ce n’est pas grave, ne t’en fais pas. » Theodas abordait un léger sourire, mais le malaise au fond de ses yeux avait du mal à disparaître. Il était vrai qu’Ambroise s’était lancé dans le sujet sans prévenir, ce qui pouvait de ce fait être particulièrement surprenant. Mais en même temps, Ambroise était comme ça, passant du coq à l’âne sans le moindre problème. Certaines personnes n’arrivait pas toujours le suivre, mais depuis le temps qu’ils se voyaient, Theodas devait avoir l’habitude et ce, même si dans le fond il devait très certainement souhaité qu’il change une nouvelle fois de sujet. Mais voilà, Ambroise ne pouvait pas changer de sujet, il devait aller jusqu’au bout de sa réflexion. Il fallait que la bombe soit désamorcée maintenant, car sinon, le jour où elle exploserait elle ferait bien plus de dégât qu’aujourd’hui. C’était logique, mais cela faisait quelque peu peur. Ambroise porta donc son verre à ses lèvres, comme pour se donner du courage, et une fois qu’il eut reposé ce dernier sur la table, il se lança. « Si je m’en fais, Theodas… » Inspiration, et il poursuivit. « Je ne veux pas que cela change quoi que ce soit entre nous, car te mentir n’a jamais été mon intention. Je me sentais bien d’être Ambroise, juste Ambroise et non pas Messire Alhuïn… » Nouveau temps d’arrêt, nouvelle gorgée de vin. « Je n’ai jamais été autant moi-même que lors de mes moments passés avec la troupe, avec toi. Je… Toutes les convenances, le protocole, c’est pas pour moi. Je m’y plie certes, mais lorsque je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de faire attention de tout cela en étant juste Ambroise le marchand cela. Cela m’a rassuré. » Et il avait aimé cette sensation d’être juste lui… Il espérait d’ailleurs que cela ne changerait pas.

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C’était plus fort que lui de se fermer sur un sujet plutôt que d’essayer de parler et de poser les cartes sur la table afin de s’expliquer. Il n’aimait pas ça parce que selon lui c’était plus facile de prendre sur sa personne, de laisser le temps faire son cour, que discuter… Peut-être était-ce dû au fait que Theodas n’était pas quelqu’un de particulièrement sociable, quelqu’un qui avait dû porter tant de poids ses épaules pendant toutes ces années mais surtout quelqu’un qui avait pris l’habitude d’être le seul responsable de toutes les choses qui arrivaient dans sa vie. Bien qu’une part de lui avait besoin de ces explications, l’autre se contentait simplement du temps qui s’écoulerait puis qui l’aiderait à digérer cette nouvelle… Probablement qu’en cet instant, le jeune homme ne se sentait simplement pas prêt à apprendre la vérité et c’était le pourquoi il avait réagi de la sorte, mal à l’aise. Il aurait aimé qu’on lui laisse l’opportunité de calmer ses réflexions, de faire un tri dans cet esprit et d’apaiser les battements de son cœur qui s’accéléraient sous l’angoisse et le surplus d’émotions. Ambroise le connaissait de toute façon ; il savait très bien que Theodas était moins apte à communiquer sur les sujets sérieux que lui, qu’il était ce genre d’individu à préférer se taire pour éviter un conflit plutôt que l’affronter de plein fouet. Une attitude qui se voulait assez paradoxale lorsqu’on savait qu’il était également ce type de personne capable de se montrer extrêmement impulsive et sortir les crocs en premier pour éviter d’être blessé.

Son verre en main, il avait baissé les yeux aux propos de son interlocuteur qui déclarait s’en faire malgré tout. Ce n’était pas étonnant cependant lui n’était pas en mesure de le regarder tandis que l’autre chercher à s’expliquer… Pas de suite, en tout cas. Parce qu’il ignorait ce que le chevalier allait dire, il ignorait quelles révélations ce dernier se préparaient à lui donner et qu’une part de lui craignait le pire. Toutefois, pas une seule seconde, Theodas ne l’avait pas interrompu, l’écoutant avec attention jusqu’à ce que ses iris se motivent enfin à s’égarer sur le garçon installé à ses côtés. Ses mots le rassuraient bien plus que ce qu’il affichait, comprenant un peu plus les actes de son camarade même si malheureusement, ça ne l’empêchait pas de rester méfiant malgré tout. Il était facile de parler, il était facile de monter une histoire de toute pièce simplement pour obtenir ce que l’on désirait et il ne pouvait pas céder aussi simplement sous prétexte qu’Ambroise était son ami. Si ce que celui-ci disait était vrai, il ne lui en voulait pas, il comprenait et pardonnait néanmoins sa confiance n’était plus ce qu’elle était. Elle avait été entachée et cette fois-ci seul le temps, seul les actions que le plus jeune feraient à l’avenir, pourraient lui permettre de la regagner entièrement.

« Que tu sois noble ou marchand, ça n’aurait rien changé. » Avait tenu à avouer Theodas après avoir reporté son attention sur son verre dans lequel il prit quelques gorgées. Certainement que, oui, il aurait été plus méfiant hors c’était dans sa nature d’être ainsi cependant il ne l’aurait jamais traité différemment sous prétexte que leur statut n’était pas le même. « Et c’est pareil pour les autres. Ils s’en fichent de ce genre de détails. » Ambroise avait d’ailleurs bien dû le remarquer avec tous ses voyages qu’il avait effectué en leur compagnie. « Mais je comprends. » Certes, il n’était pas noble donc c’était difficile de se mettre à sa place toutefois il était capable de compatir ; cela ne devait pas être facile de subir trop de pression et d’être condamné à être une personne qui ne nous correspond pas.

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Ambroise a toujours été quelqu’un d’honnête et franc, un peu trop peut-être, et ce depuis sa plus tendre enfance. De ce fait, cela semblait vraiment étonnant de sa part qu’il ait pu se permettre de proférer une semi-vérité à Theodas alors qu’il se targuait d’être toujours honnête. Mais voilà, Ambroise n’avait jamais véritablement voulu mentir à son ami, c’était juste que les circonstances avait fait que… Etre un simple marchand lui avait semblé être beaucoup plus simple. Idiot de sa part peut-être que de penser cela, mais d’un autre côté, il ne s’était jamais senti aussi vivant que lorsqu’il avait mis de côté son statut de noble. Pour lui ce n’était qu’une étiquette qu’on lui avait collée sur la tête dès sa naissance mais dont il aurait bien voulu se passer. Il ne se plaignait pas, loin de là, car il avait une belle vie, mais dans le fond, il trouvait cela parfois bien complexe que d’être noble. Rien que par exemple, le fait que cela l’avait poussé à taire ses sentiments vis-à-vis de Juliana, alors qu’il aurait peut-être dû lui en parler le plus tôt possible. Mais voilà, la noblesse signifiait les convenances, le protocole et autant dire qu’il s’y tenait énormément. Alors oui, il avait menti à Theodas sans véritablement le vouloir… Mais maintenant, il se sentait stupide de l’avoir fait. Peut-être avait-il gâché une amitié qui lui tenait vraiment à cœur. Autant dire qu’il s’en voudrait énormément si cela venait à être le cas…

C’était donc pourquoi sans filtre, il avait directement lancé la conversation, présentant ses excuses pour finalement expliquer la raison qui l’avait poussé à agir ainsi. Il aimait être simplement Ambroise et cela il l’avait remarqué lorsqu’il avait passé du temps avec la troupe, mais également lorsqu’il se rendait de temps à autres à l’élevage de griffons d’Ombeline. Oui… Il se sentait bien plus vivant lorsqu’il mettait de côté la noblesse de son sang, de son nom. Ainsi se montra-t-il honnête dans ses propos, comme il avait de base l’habitude de le faire, mais Ambroise voyait bien qu’il en faudrait plus pour que Theodas accepte cette réalité. En effet, il avait les yeux rivés sur son verre, évitant le regard de son ami et cela peinait Ambroise. Mais d’un autre côté, il ne pouvait pas lui en vouloir, Theodas était totalement dans son droit d’être méfiant puisque son ami avait d’une certaine façon trahi sa confiance. « Que tu sois noble ou marchand, ça n’aurait rien changé. » Un petit sourire se posa sur les lèvres d’Ambroise, sourire à la fois heureux et triste. Heureux car cela signifiait que le fait qu’il apprenne maintenant qu’il soit noble cela ne changerait pas sa manière de le regarder. Triste car cela voulait dire qu’il aurait vraiment dû le lui dire dès le départ. Mais comment aurait-il pu savoir que cela n’aurait rien changé… ? Après tout, beaucoup de personnes se mettent à le regarder différemment lorsqu’ils apprennent ses origines, alors faire la différence entre ceux qui l’accepteraient et les autres, c’était compliqué…

« Et c’est pareil pour les autres. Ils s’en fichent de ce genre de détails. Mais je comprends. » Ambroise hocha la tête en écoutant ses propos. Oui, à force de les côtoyer, Ambroise s’était mis à se douter que les autres n’en auraient cure d’apprendre qu’il était noble, mais il n’empêchait pas moins qu’il y avait toujours une certaine incertitude face aux réactions possibles des gens… « Oui, je m’en rends compte maintenant et j’aurais très certainement dû m’en apercevoir avant. Vois-tu… On a tellement souvent agit d’une manière particulière avec moi à cause de ma famille, que je voulais éviter de prendre ce risque. » Ambroise marqua un temps d’arrêt, porta son verre à ses lèvres avant de poursuivre. « Bien sûr, chaque réaction est différente en fonction des gens. Mais je voulais que vous appreniez à me connaître moi et non l’image que l’on peut avoir de moi à cause de mon nom. » Nouveau silence. Inspiration. « Mais je m’en excuse, sincèrement. La troupe et toi, vous avez une attitude différente, vous ne jugez pas, et ça aurait dû me suffire pour que j’ose me dévoiler pleinement à vous. » Mais en même temps, on ne se rend jamais compte qu’on commet une erreur avant qu’elle ne nous revienne…

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Aussi douteux que cela puisse paraître, Theodas était certain de ce qu’il avançait… Il n’aimait pas juger une personne de part son statut, il aimait apprendre à la connaître et se montrait naturellement méfiant avec quiconque l’approchait. Ambroise lui-même avait dû s’en apercevoir puisque d’une certaine façon, le jeune homme ne s’était jamais ouvert à lui, il ne l’avait pas laissé entrer dans son cercle vitale rapidement non plus… Il lui avait fallu du temps, comme avec les autres, pour s’adapter et se faire à sa personne. Sa confiance, il avait fini par la lui accorder quand il avait commencé à se détendre à ses côtés hors c’était vrai qu’il ne la lui avait pas donné entièrement non plus. Son ami ne l’avait jamais questionné sur son passé, Theodas n’avait pas senti ce besoin de le faire non plus hors ça l’avait arrangé de ne pas avoir à en parler… Parce qu’il ne savait pas ce qu’il était censé dire, parce qu’il était terrifié des conséquences que cela pouvait causer et qu’une part de lui restait toujours méfiante de ce qui l’entourait. Ce n’était pas qu’avec le chevalier, c’était avec tout le monde qu’il agissait de cette façon et parce qu’il se devait d’être constamment sur ses gardes, il était obligé de douter de tout. Peut-être que oui, si son camarade le lui avait demandé, il lui aurait expliqué sans tourner autour du pot ou sans éviter le sujet… Désormais c’était plus compliqué parce que même s’il comprenait, il ne savait plus. C’était facile de parler puis attaquer par derrière. Il avait vu sa famille s’effondrait devant lui, il ne supporterait pas de perdre la dernière qui lui restait.

Toutefois, oui, après les explications du chevalier, il saisissait pourquoi celui-ci n’avait rien dit. C’était normal de réagir de la sorte quand tout le monde le jugeait sur son statut et n’essayait pas de le considérer pour sa propre valeur… Theodas lui en avait voulu principalement parce qu’il avait pris ça pour de la moquerie et qu’il avait douté de sa sincérité, qu’il avait eu peur que tout ceci n’était qu’un jeu de la part d’Ambroise puis qu’au bout du compte, il n’avait jamais été réellement lui-même en leur compagnie. Apprendre le contraire l’avait rassuré bien plus que ce qu’il avait affiché et ce, même s’il ne pouvait s’empêcher de douter encore un peu malgré lui. « Oui, tu aurais dû. Mais en même temps, tu ne pouvais pas savoir non plus… » Ses prunelles s’étaient rivés en sa direction sur ses propos tandis qu’une fine esquisse, rassurante, s’était formée sur ses traits. « Bien que ça reste quelque chose de difficile à encaisser, je comprends. » Difficile à encaisser parce qu’il ne s’attendait pas à découvrir une telle vérité et que ça l’avait choqué. « Puis on a tous des sujets qui sont plus difficiles à aborder que d’autres. » Lui, le premier. Evidemment, Theodas ne comptait pas lui avouer ses secrets maintenant cependant en sous-entendant cela, c’était sa manière de faire comprendre à son ami qu’il n’était pas entièrement fermé et que lui aussi avait des choses qu’il avait préféré taire plutôt que les mentionner à haute voix.

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Une nouvelle gorgée de vin en bouche, Ambroise craignait quelque peu que Theodas ne comprenne pas les raisons qui avaient pu le pousser à faire un pareil choix. Celui de ne pas être complètement honnête. Après, il fallait bien avouer que Theodas ne lui avait pas non plus clairement posé la question sur ses origines, sa famille, il avait juste supposé qu’il était marchant puisque lors de leur première rencontre il allait apporter une commande, et cela avait arrangé Ambroise. Ainsi peut-être que si une question avait été clairement posé, Ambroise aurait dit la vérité, mais puisque cela n’avait pas été le cas, il avait préféré continuer dans la lancée des semi vérités. Ce n’était alors à ses yeux pas un véritable mensonge puisqu’il vendait effectivement des bijoux à l’époque et que c’était sa principale activité. Marchand. Riche, noble, mais marchand tout de même. Bien sûr, tout cela avait changé, puisque maintenant il était chevalier, mais bon, cela lui avait quand même plu de travailler dans l’entreprise familiale. C’était juste que ce n’était pas là sa véritable vocation…

« Oui, tu aurais dû. Mais en même temps, tu ne pouvais pas savoir non plus… » Un petit sourire se posa sur les lèvres d’Ambroise tandis qu’il voyait que les traits de Theodas s’étaient faits plus rassurants. Cela lui faisait du bien de le voir ainsi, car cela signifiait qu’il n’avait pas tout ruiner et qu’il pouvait encore sauver cette amitié qui comptait tellement à ses yeux. « Bien que ça reste quelque chose de difficile à encaisser, je comprends. » Ambroise hocha la tête. Bien sûr que c’était quelque chose difficile à encaisser, il était passé de marchand à chevalier, forcément, Theodas ne s’était pas attendu à un tel revirement de situation. Même ses parents n’avaient pas imaginé qu’il puisse vouloir devenir chevalier. Mais comme quoi, il y a parfois des voies qui nous attirent plus que d’autres. Ses yeux étaient rivés sur le vin qu’il faisait tourner dans son verre, pour finalement les reposer sur Theodas qui s’exprimait à nouveau. « Puis on a tous des sujets qui sont plus difficiles à aborder que d’autres. » Effectivement, chacun avait des parts de sa vie qu’il préférait cacher. Et Ambroise se doutait bien que Theodas devait également garder des choses pour lui, mais dans le fond cela ne le dérangeait pas. C’était sa vie après tout, mais il serait là le jour où Theodas aurait besoin de se confier.

« Oui effectivement, tous les sujets ne sont pas facilement abordable. En tout cas, je suis content que maintenant tu saches pour ma famille, pour moi, mais je reste le même. En armure certes, mais toujours le même. » Et Ambroise adressa alors un petit clin d’œil amusé à Theodas. Après tout, cela devait quand même être plutôt étrange et amusant de le voir ainsi en armure. Même lui cela lui faisait bizarre de la porter aussi souvent. « D’ailleurs, j’ai hâte d’enlever cette fichue armure, j’ai l’impression que c’est devenu une seconde peau pour moi ces derniers jours. M’en débarrasser pour quelques heures, cela me ferait du bien je pense. » Surtout qu’il ne fallait pas croire, mais cela pesait pas mal lourd au final, heureusement qu’il avait pris de la masse musculaire depuis le début de sa formation, sinon il serait tomé à terre rien qu’en portant l’armure. « Et dis moi, je ne t’ai pas demandé, mais c’est quand exactement que vous partez pour Calendyr ? » En effet, Ambroise avait le don de passer du coq à l’âne, mais bon, c’était un peu ce qui faisait son charme…