Chase Me

Ceollyn n'était plus très loin, mais tu devais manger de reprendre la route. Cette année, tu avais pris la décision de participer à la chasse des Thoron et tu avais déjà ta petite idée sur comment obtenir une invitation. Sauf que tout cela allait attendre à demain. L'heure était à la chasse pour te nourrir. Armée de ton arc, une flèche entre les doigts, tu avançais silencieusement dans la forêt. Tu ne la connaissais peut-être pas aussi bien que celle où tu avais grandi, mais l'environnement était bien similaire.

Tu ignorais depuis combien de temps tu t'étais posée, avançant à peine de quelques petits pas pour essayer d'avoir une meilleure vue sur la proie que tu avais repéré. Une belle biche. Seule. Ignorant le danger qui la guettait. Malheureusement pour toi, elle n'était jamais dans ton angle de tir. Ou lorsqu'elle l'était, que tu bandais ton arc prête à tirer, elle se déplaçait pour brouter un peu plus loin. Tu avais envie de hurler, mais tu ne pouvais pas. La discrétion était un atout pour les chasseurs - et la patience aussi. Chose qui commençait petit à petit à s'évaporer dans ton cas. La faim t'assaillait et cela commençait sincèrement à t'agacer.

Enfin ! Elle était à ta portée ! C'était probablement ta meilleure chance à l'heure actuelle. De nouveau, tu te positionna, banda ton arc et... Un bruit siffla près de ton oreille. Et cette proie que tu avais attendu si patiemment pour abattre s'effondra. Une flèche était plantée dans son épiderme. D'un seul bond, tu te redressas. « Montrez-vous ! Qui est le salaud qui m'a volé ma proie ?! » Ah oui, tu étais folle de rage en ce moment. Ce que tu détestais le plus au monde, c'était probablement cela : qu'on te vole une proie que tu chassais si patiemment. Dans une compétition, cela ne te dérangeait pas. Cela faisait partie du jeu. Cependant, ce n'était pas le cas présentement. Tu avais vraiment envie de zigouiller ce type à l'heure qu'il est.

@Theodas Rosenwald

Chase Me

Après toutes ces années passées à chercher sa petite sœur, Theodas était enfin parvenu à trouver des traces de la venue de cette dernière. Cela n’avait pas été facile, ça avait demandé énormément de patience mais maintenant qu’il avait eu plus d’informations, sa motivation ne s’était fait que plus grande et l’espoir qui diminuait petit à petit s’était doucement rallumé dans son esprit. Malheureusement jusqu’à présent, la chance n’avait pas toujours été de son côté… A chaque fois, il s’était rendu dans les villes où quelqu’un avait soit disant repéré la jeune femme qu’il recherchait, et à chaque fois celle-ci était partie pour d’autre aventures avant qu’il n’arrive. C’était frustrant certes, cependant le garçon n’avait pas abandonné et n’avait pas dit son dernier mot. Avec le soutien de sa troupe, ils avaient continué de chercher jusqu’à ce qu’ils parviennent à obtenir la nouvelle destination de la cadette Devorak. Voilà comment à leur tour, ils avaient choisi de faire une petite visite dans la ville de Ceollyn et Theodas espérait sincèrement que cette fois-ci, ils arriveraient dans les temps. C’était plaisant de se rendre compte que même sans partager le même sang, ses compagnons le soutenaient jusqu’au bout et ne lui demandaient jamais rien en retour. Evidemment que lui se sentait redevable et qu’il essayait de leur rendre la pareille à sa manière néanmoins il avait toujours cette fâcheuse impression que ce ne serait jamais assez pour les remercier de tout ce qu’ils faisaient.

La route était longue et alors qu’ils se rapprochaient, Theodas les força à s’arrêter d’un mouvement de bras tandis qu’il observait les lieux avec les yeux plissés ; il avait cru entendre du bruit. Sans se faire attendre, il était descendu de son cheval afin d’aller voir ce qu’il en était et la scène qu’il surprit le fit écarquiller les yeux aussitôt. Mais très vite son émotion se changea en une expression plus triste et plus nostalgique, un fin sourire venant orner ses lèvres. Ilya était juste là, devant lui, en fidèle chasseuse telle qu’il l’avait connu. Curieux de ce qu’il se passait, l’un de ses camarades s’approcha puis alors que ce dernier s’apprêtait à le questionner, Theodas l’interrompit en plaçant son doigt contre ses lèvres afin de l’inciter à se taire. D’un signe de tête, il désigna la chasseuse plus loin et il ne fallut pas beaucoup de temps à son vis-à-vis pour comprendre de qui il s’agissait, principalement grâce à la brillance qui se reflétait dans les pupilles de l’autre garçon. Garçon qui était incapable de décrire ce qu’il éprouvait en cet instant précis, tellement de sentiments se mélangeaient dans son esprit et s’il était rassuré de la savoir en vie, c’était un mixte d’émotions bien plus profondes qui l’accaparait. La culpabilité, la mélancolie, des tas de regrets, un soulagement immense et tout cet amour fraternel qui ne l’avait jamais quitté. Ilya était sa petite sœur, son trésor et ne pouvoir que l’observer de loin lui briser le cœur. La raison pour laquelle, après avoir annoncé à ses amis de rester là, qu’il revenait, Theodas s’était infiltré à son tour dans les bois avant d’enrouler son foulard autour de sa tête et faire passer l’autre morceau devant ses lèvres et son nez de façon à camoufler son visage.

Son arc en main, il avait fait attention de ne faire aucun bruit, marchant à tâtons pour ensuite se cacher derrière un arbre, observant discrètement. Très vite, il avait repéré la proie que sa cadette souhaitait se procurer et naturellement, une fine esquisse amusée s’était dressée au coin de ses lèvres ; tristement, ça lui rappelait le bon vieux temps. Sans bouger de l’endroit où il était, prêt à attaquer dés qu’il en aurait l’occasion, il avait chargé son arc d’une flèche et viser l’animal qui ne cessait de se déplacer. Il l’admettait, cette biche était maligne – même si certes, elle ne le faisait probablement pas exprès – toutefois, Theodas fut celui qui, d’une main de maître, toucha la cible en premier. S’il n’était pas aussi doué qu’Ilya à l’époque, il s’était longuement perfectionné depuis cependant il ne pouvait pas se dire meilleur qu’elle pour autant. Après tout, si lui s’était entraîné ces dernières années, il en était certainement de même pour sa petite sœur.

A la riposte de la jeune femme, il ne s’était pas fait prier pour sortir de sa cachette puis se diriger vers son butin « Votre proie ? » L’avait-il repris calmement « Il me semble que la forêt appartient à tout le monde. » Sa voix était légèrement sarcastique, un brin d’amusement se reflétait dans son ton toutefois, sur l’instant, il n’osait pas vraiment se tourner vers sa direction ; il avait peur de flancher s’il la regardait dans les yeux. « Mais je ne suis désolé, je ne vous avais pas vu. » Quel menteur, il l’avait fait exprès.  

Chase Me

Le coupable se montra enfin. Celui qui avait osé abattre la proie que tu traquais depuis si longtemps. Un homme, dont le visage était à moité révélé. Ce qui t'énervait le plus dans cette histoire c'est qu'il faisait l'innocent. Tu en étais certaine. Bien sûr que la forêt appartient à tout le monde, mais tu étais sûre de toi : il t'avait vu. Sauf que le bougre, il le niait ! Tu croisas les bras sur ta poitrine, les sourcils légèrement froncés. Décidément, tu n'aimais pas ce type. Peu importe qui il était. « Très bien. Alors, pour me dépanner, je demande d'avoir les meilleures parties de cette biche. » Oh oui, tu le regardais de haut. Tu allais te venger, que ce soit d'une manière ou d'une autre. Tu n'étais pas du genre rancunière. Disons simplement que lorsque ça concernait la chasse, c'était une autre histoire ?

Tu te rapprochas de ce qui aurait dû être ton butin, t'arrêtant à quelques pas de l'inconnu. Tu ne pouvais pas t'empêcher de le regarder de la tête aux pieds. Il ne ressemblait pas à un de ses nobles. Et il était plutôt doué avec un arc. Il devait sûrement s'être entraîné depuis son plus jeune âge. Et ses yeux... Ils t'étaient familiers. Sauf que tu n'y fis pas plus attention que cela. Tu étais bien trop enragée contre lui. « Et je veux conserver aussi sa fourrure. Elle pourra au moins me rapporter quelques pièces. Enfin... » Méfiante, tu le jugeas à nouveau. « Si vous savez comment dépecer un animal sans abîmer sa peau... » Parce que si c'était lui qui le faisait, il risquait de tout abîmer et plus rien ne pourrait se vendre au marché. Et ça, ce serait un vrai gâchis !

@Theodas Rosenwald

Chase Me

La réaction d’Ilya l’amusait autant qu’elle l’attristait ; parce qu’elle était là, juste devant lui et le jeune homme ne pouvait rien lui dire. Evidemment qu’il était rassuré de savoir qu’elle était envie, il était fier de constater quelle belle femme elle était devenue cependant il y avait tant de questions qu’il aurait souhaité lui poser. Comment avait-elle vécu jusqu’à présent ? Comment s’en était-elle sortie et qui l’avait aidé lorsqu’elle n’avait plus personne à ses côtés ? Puis, il y avait des choses beaucoup plus banales que Theodas aurait souhaité lui demander, des questions qui paraîtraient quelconques pour certains mais qui étaient importantes à ses yeux. Est-ce qu’elle mangeait bien ? Arrivait-elle à dormir le soir sans qu’aucun cauchemar ne vienne perturber ses nuits ? L’endroit où elle vivait était-elle confortable ? Tout simplement, il aurait voulu savoir si elle était heureuse et si elle allait bien. Il n’y avait rien d’autres qu’il demandait toutefois il avait conscience que, malheureusement, ses questions resteraient toutes sans réponse. Tout ce qu’il était capable de faire en cet instant était de la taquiner, de profiter du moment qu’on lui offrait avec elle et de l’écouter. Elle lui avait tellement manqué que chaque seconde passée était précieuse et ce, même si Ilya l’attaquait parce qu’il lui avait volé sa proie.

Son regard, il l’avait rivé discrètement en sa direction sans pour autant la regarder dans les yeux, néanmoins il n’avait pas répondu à sa demande. La vérité était que sa cadette pouvait tout prendre si elle le désirait ; bien que la troupe et lui n’avaient pas encore mangé, ils avaient pris la décision d’attendre d’arriver à Ceollyn donc ils étaient tout à fait capable de s’en passer. Et pourtant, oui pourtant, quand Ilya avait repris la parole, une nouvelle esquisse amusée avait étiré ses lèvres… Elle n’avait décidément pas changé, toujours avec un sacré caractère et dans le fond, ça le soulageait aussi de constater que quoi qu’il arrive, elle ne se laissait pas faire. « Excusez-moi mais il va falloir vous décider. Je veux bien avoir fait une erreur seulement qu’est-ce qu’il me reste si je vous donne la fourrure et les meilleurs parties de l’animal ? » Plus grand-chose. Et si la vérité était qu’il s’en fichait de tout ça, il avait juste envie de l’embêter encore quelques minutes de plus. « Donc choisissez, c’est soit l’un soit l’autre. » Tout ça n’était qu’une question d’équité après tout, non ?  

Chase Me

Ilya, tu en demandais trop. Tu en avais bien conscience, mais cela t'énervait tellement qu'il ait tué ta proie que tu ne pouvais pas t'en empêcher. Et puis, au fond de toi-même, tu avais l'impression que cet homme s'amusait de tes réactions. Comme s'il faisait exprès pour en ajouter une couche à chaque fois. Peut-être qu'il ne s'agissait là que de ton imagination ? Alors, quand il te répondit que tu allais devoir te décider entre la fourrure et la viande, tu te mordis la lèvre inférieure. Dans ton esprit, tu pesais le pour et le contre. Avec la fourrure, tu pourrais la revendre et donc te faire quelques pièces qui paieraient ton auberge, sûrement un bon repas chaud aussi. Par contre, tu pourrais manger la viande sans que ça ne te coûte quoi que ce soit. Le seul hic, c'est qu'il y en aurait trop pour toi toute seule et tu n'avais rien pour l'entreposer et donc la conserver. Quelque peu énervée, tu passais une main dans tes cheveux. « Très bien. Je vais prendre la fourrure. Vous pouvez garder le reste. » C'était mieux ainsi. La viande ne se gaspillerai pas, chose que tu détestais également.

Tu t'approchas de la biche et t'agenouillas au sol, déposant ton arc et ton carquois non loin de toi. Puis, de ta botte, tu en sortis une dague affilée. « Vous êtes de Ceollyn ? » demandas-tu, visiblement plus calme - ou plutôt, concentrée. Avec agilité, tu commenças à découper la peau et la chair tout en y allant avec douceur. Tu essayais de ne pas abîmer la fourrure autant que possible. Après tout, tu voulais gagner le plus d'argent possible avec elle. « Vous semblez bien utiliser votre arc. Vous êtes archer peut-être ? Ou alors chasseur ? » Oui, tu aimais bien savoir à qui tu avais affaire. Et c'est alors que tu réalisas que tu ne t'étais pas présentée alors que tu lui posais toutes ses questions. « Ah, j'oublie les bonnes manières. Je m'appelle Ilya Devorak, et vous êtes ? » Tes pupilles se posèrent sur le jeune homme, un léger sourire étirant tes lèvres.

@Theodas Rosenwald

Chase Me

LOui, Theodas s’amusait de la situation, parce qu’il était heureux de la revoir, parce que même si ça lui brisait le cœur, il souhaitait garder ce souvenir précieusement ancré dans son esprit et se remémorer cette époque qui n’existait malheureusement plus. Ilya ignorait à qui elle avait affaire, elle ne pourrait probablement pas comprendre et ça n’avait pas d’importance si elle le considérait comme le dernier des idiots… Au moins elle aussi, sans le savoir, elle aurait partagé un instant avec son frère qu’elle croyait mort, elle aurait échangé et se serait « disputé » avec celui-ci comme ils le faisaient autrefois. Ils étaient ainsi, toujours à se taquiner, toujours à se chamailler cependant malgré cela, ils s’entendaient à merveille, ils formaient un bon duo et n’auraient jamais laissé tomber l’autre dans le besoin. Probablement que si les rôles avaient été échangés, sa cadette aurait réagi exactement de la même manière que lui puisque ce qui importait le plus était la sécurité de l’autre, le reste ne comptait pas et ce, même si c’était dramatique. Voilà pourquoi il ne voulait pas se laisser abattre en cet instant et préférer voir le côté positif de la chose, profiter jusqu’au bout puis Ilya était en vie, n’était-ce pas le plus important ? « Très bien, faisons ça alors. » Certes, il ne comptait la laisser mourir de faim non plus cependant il n’en mentionna rien sur l’instant puis se décala afin qu’elle puisse prendre la fourrure tant désirée.

Caché derrière son masque, il s’était accoudé contre un arbre tandis qu’il l’observait en silence, une tendre esquisse étirant un peu plus ses lèvres à chaque seconde qui s’écoulait. Bien qu’il avait longtemps espéré et rêvé à ce moment, jamais Theodas n’aurait pu croire que ce moment arriverait un jour… Lui-même se demandait s’il n’était simplement pas en train de rêver et pourtant il s’agissait bien là de la réalité. « Hum ? » Avait-il échappé, surpris qu’elle ne s’adresse à lui toutefois il n’avait pas attendu de réponse afin d’enchérir « Non. J’erre juste ici et là. » Il voyageait, il se promenait et même s’il est venu au monde dans la contrée d’Heledir, il ne se considérait pas comme un habitant de ce royaume. Il était un vagabond sans habitat fixe et ça lui convenait très bien ainsi… Son passé avait certes était douloureux, le hantant encore parfois dans des nuits agitées, seulement il aimait sincèrement la vie qu’il avait à présent. Evidemment qu’il serait encore plus heureux si sa sœur pouvait être à ses côtés cependant il était déjà amplement satisfait de le savoir vivante et vraisemblablement en bonne santé. « On peut dire ça, oui, que je suis chasseur. » Mais pas que… Disons qu’il ne gagnait pas forcément sa vie avec cette tâche là, il l’utilisait principalement pour nourrir la troupe bien que parfois, oui, quand l’argent leur manquait, il lui arrivait revendre des pièces d’animal ou la fourrure. « Ce n’est pas grave. » Avait répliqué le garçon calmement et d’une gentillesse qui surprendrait quiconque le connaissait. « Enchanté. Je suis Theodas Rosenwald. » Il quitta enfin son arbre sur ses propos, s’approchant à son tour de l’animal afin de l’observer et se faire une idée du poids de celui-ci. « Vous voulez venir avec nous ? » Lui avait-il alors proposé, réfléchissant tout de même à comment procéder si elle acceptait. Certes, il n’avait pas indiqué qui était le « nous » hors ceci n’était selon lui qu’un maigre détail. « Il y en a assez pour tous et cela vous permettrait de manger un morceau également. » Parce que s’il lui donnait tout à coup la biche après le lui avoir refusé, ça serait encore plus étrange. Pour le reste, il s’arrangerait et aviserait une fois qu’il y serait.

Chase Me

Comme tu ne connaissais guère l'individu qui avait tué ta proie, tu essayais d'en apprendre un peu plus sur lui en le questionnant. D'où venait-il, comment s'appelait-il, se qu'il faisait. Des questions banales simplement pour assouvir ta curiosité. Ainsi, tu découvris qu'il se nommait Theodas Rosenwald et qu'il était chasseur, en quelque sorte. Probablement un chasseur nomade de ce que tu en compris puis que monsieur errait d'un endroit à un autre. Curieuse comme tu étais, tu aurais bien aimé voir son visage ou du moins, savoir pourquoi il se le couvrait. Sauf que tu te disais que c'était peut-être indiscret et qu'il valait mieux garder cela à plus tard.

Bien que tu l'écoutais attentivement, tu restais concentrée sur ta tâche. C'est alors qu'il te demanda si tu voulais venir avec eux. Tu redressas la tête à nouveau pour le regarder, des points d'interrogation dans le regard. « Vous n'êtes pas seul ? » Était-il venu ici avec sa famille ? Sa femme peut-être ? Tu eus même le réflexe de regarder autour de vous, comme si tu cherchais la présence d'autres personnes, mais il n'y avait aucune âme qui vive. Tu te levas finalement, essuyant ta dague avec un mouchoir que tu sortis de ton sac. « Eh bien, puisque vous le proposez si gentiment, je ne peux pas refuser ! Et puis, j'avoue que je commence à avoir faim. »

Tu récupéras tes affaires que tu mis sur ton dos, avant de récupérer une branche que tu croyais suffisamment longue. « On devrait attacher la biche là-dessus, ce sera plus facile à transporter. » Surtout à deux. Il fallait seulement que tu trouves de quoi l'attacher pour que ce soit assez solide lors du transport. Ce n'était pas le temps de l'échapper non plus.

@Theodas Rosenwald

Chase Me

Proposer à sa sœur de manger avec la troupe avait été plus fort que lui parce que juste un peu, rien qu’un peu, il aimerait la voir plus longtemps. C’était risqué, Theodas en avait conscience mais il promettait de faire attention. Il promettait de ne pas perdre sa couverture et garder constamment son visage masqué quand elle était dans les parages… Ce n’était pourtant pas faute d’avoir envie de dévoiler qui il était ; bien que sa cadette souhaiterait certainement le tuer, il pourrait l’approcher comme il le désirait, la serrer dans ses bras puis lui conter ô combien il n’avait jamais cessé de penser à elle, ô combien elle lui avait manqué et ô combien il la voulait à ses côtés. Hors, il ne pouvait pas et c’était la raison pour laquelle, rien qu’une seule fois, il souhaitait en profiter… Il la laisserait partir ensuite, il la laisserait retourner à ses affaires et la veillerait de loin sans jamais l’accoster ni lui révéler qui il était.

« Non, je ne suis pas seul. » Lui avait-il déclaré calmement, souriant de nouveau légèrement derrière le foulard qu’il portait. « J’ai toute une troupe de saltimbanques avec moi. » Sa famille, il n’en avait plus et la dernière qui lui restait se trouvait sous ses yeux en cet instant. Sa femme, cela faisait longtemps qu’il avait oublié ce que c’était d’aimer quelqu’un. Hors, même sans ça, il n’était pas si malheureux en réalité… Il vivait bien, il avait des personnes autour de lui sur qui il pouvait compter et il avait enfin des nouvelles de sa petite sœur. Que devrait-il demander de plus ? Cela lui suffisait sincèrement… Il ne voulait pas pleurer ce qu’il n’avait plus bien qu’il lui arrivait parfois de se morfondre et de culpabiliser cependant il souhaitait également apprécier les bonnes choses que la vie acceptait de lui donner. « Tant mieux dans ce cas. » Si son sourire s’était estompé et que sa voix restait calme, la vérité était toute autre. Il était réellement heureux qu’Ilya n’ait pas refusé son invitation et veuille bien apprécier sa compagnie encore quelques temps. « Oh, ne vous embêtez pas pour ça. » Avait-il aussitôt réagi avant de se retourner vers la direction où se trouvaient ses camarades puis de glisser sa main sous son tissu afin d’effectuer un sifflement en guise de signal. Deux d’entre eux apparurent ainsi dans leur champs de vision puis d’un mouvement de la main, Theodas leur indiqua de venir descendre les aider. « Il y a assez de muscles pour transporter ça, ne vous en faîtes pas. » Il ne voulait pas que sa sœur fasse ce genre de tâche, surtout pas quand il y avait la possibilité de faire autrement.

Chase Me ※ @Ilya Devorak & @Theodas Rosenwald

Ceollyn. Bien que ce n’était pas là le trajet direct pour qu’Ambroise puisse retourner à Kaern après son court séjour à Calendyr, il avait tout de même choisi de faire ce détour pour pouvoir rester un peu plus longtemps avec les saltimbanques et surtout avec Theodas. En effet, il avait fait le trajet avec eux de Kaern jusqu’à la capitale de l’empire Thoron quelques jours avant cela et lorsqu’ils lui avaient proposé de les suivre jusqu’à Ceollyn, Ambroise avait décidé d’accepter. Le bal était dans quelques jours et le timing était plutôt complexe, certes, mais il n’en demeurait pas moins qu’il souhaitait rester loin de Kaern autant qu’il le pouvait. C’était là l’occasion rêvée de continuer à se changer les idées avant de devoir replonger dans le cauchemar des fiançailles entre Juliana et le prince Heledir. Alors oui, cela pouvait sembler surprenant, impulsif et peut-être irresponsable venant d’un noble, mais cela faisait du bien à Ambroise et c’était tout ce qui comptait.

Ambroise avait donc suivi les saltimbanques équipé de la même manière qu’à l’aller, c’est-à-dire avec pas grand-chose étant donné qu’il avait fait le trajet à cheval et qu’il s’était dit qu’il ne fallait pas trop charger la pauvre bête à l’aller sachant qu’au retour elle porterait plus lourd. En effet, il avait un costume taillé pour le bal en plus dans ses effets, alors forcément, il n’avait pas grand-chose en plus à côté. Mais dans le fond cela lui plaisait, chevaucher dans les bois avec tous ces hommes et ces femmes, tous plus intéressants les uns que les autres. Certes, il était tout de même plus proche de Theodas que des autres, mais il n’en demeurait pas moins qu’il les appréciait tous énormément. Voilà d’ailleurs pourquoi cela ne le dérangea pas outre mesure lorsque Theodas s’éloigna, ayant repéré une chasseuse, et qu’Ambroise resta avec le reste de la troupe.

De très longues minutes étaient passées tandis qu’ils attendaient Theodas, alors ils avaient décidé de descendre des chevaux pour que ces derniers puissent se reposer quelque peu et qu’eux-mêmes puissent se dégourdir les jambes. Après tout, lorsqu’on chevauche pendant longtemps, il est toujours agréable de mettre pied à terre. Le temps s’allongea quelque peu ce qui poussa donc Ambroise et un autre membre de la troupe à s’entraîner au combat à mains nus. C’était plus une façon de faire passer le temps que de véritablement s’entraîner, mais en même temps, cela faisait du bien au jeune noble. Les manches relevées, la sueur au front, les deux compères riaient de leurs propres attaques et parades, jusqu’à ce que finalement, un sifflement s’éleva dans les aires en guise de signal. Theodas était de retour.

Sans perdre la moindre seconde, Ambroise et celui avec qui il s’entraînait décidèrent d’aller à la rencontre de Theodas. Une petite pente et ils arrivèrent à sa hauteur. Quelle ne fut pas leur surprise de retrouver celui-ci, le visage totalement masqué hormis ses yeux, en présence d’une jeune femme et d’une biche. « Il y a assez de muscles pour transporter ça, ne vous en faîtes pas. » « Oui ne vous en faites pas, on s’en occupe. » Ambroise lança alors un regard amusé à Theodas puis à la biche décédée pour finalement revenir sur son ami. « Mais n’étions nous pas censés manger en ville ? » Puis comme s’il se rendait soudainement compte qu’ils n’étaient pas seuls, Ambroise se tourna vers la jeune inconnue, décidant de se présenter. « Ambroise Alhuïn pour vous servir… » Et il laissa sa phrase en suspend en attendant que la jeune femme se présente. Au vu de l’allure qu’avait Ambroise à cet instant, en simple chemise retroussée et en sueur, on aurait presque pu croire qu’il faisait lui aussi partie de la troupe et dans le fond, cela l’amusait fortement que l’on puisse s’imaginer cela.