▬ somewhere, in a far far land.
« « There's no good and evil. There's only power and those too weak to seek it. » »
Un miracle ... Voilà le mot qui était sur toutes les lèvres des habitants d'Oyrrkha. La veuve Kretter était enceinte et venait de donner naissance, en cachette, à une fille. Son mari, qui était décédé deux mois plus tôt d'une attaque en forêt, ignorait d'ailleurs tout de cette grossesse que, par peur de perdre l'enfant, sa femme lui avait cachée.
Ce fut comme si, dès sa naissance, la destinée d'Hera était toute tracée: elle deviendrait prêtesse. Sa mère lui apprit à prier dès son plus jeune âge, lui répétant à quel point elle était exceptionnelle, ce qui, vous vous en doutez, n'a fait qu’exacerber le caractère plutôt dominant et égocentrique qu'elle avait à la base.
La cour ... Voilà un endroit qui intriguait la petite Hera alors qu'elle n'avait que cinq, peut-être six ans. Comme toutes les petites filles de son âge, ou presque, la jeune Kretter aimait s'habiller comme une princesse et se comporter en tant que telle. Donner des ordres, voir les gens lui obéir, voilà qui la réjouissait. Elle décida donc de tout faire, pour, un jour, faire partie de ce monde. La religion semblait être le bon moyen de parvenir à ses fins, et, avec le joli minois et les yeux de biche qu'elle avait, elle sentit rapidement que l'Homme était facilement manipulable.
C'est auprès d'un grand Maître qu'elle apprit l'art de la manipulation. Cet homme avait bien compris l'ambition qui animait la jeune fille qui commençait à être connu au temple. L'initiant alors à des pratiques peu scrupuleuses, il ne fallut pas beaucoup de temps pour qu'Hera fasse preuve de beaucoup de talent dans l'art de convaincre et de persuader. Mais elle se laissa elle-même être prise à son propre piège et ce qu'elle ressentit pour son Maître dépassait l'entendement.
Vers l'âge de 18 ans, alors que lui devait avoir le double, ils commencèrent une relation charnelle dans laquelle la jeune Kretter se plongea corps et âme. Dévouée totalement à son Maître, elle lui obéissait aveuglément et voyait son âme devenir de plus en plus noir, contrôlé par un marionnettiste qui voyait en la petite blonde le pantin parfait pour parvenir lui-même au sommet.
En effet, devenue Prêtresse, Hera fut contactée par Leann Gwelnaur, la reine en personne, qui recherchait une nouvelle grande Prêtesse. La joie qui envahit Hera à ce moment-là fut sans précédent, mais elle tomba de haut lorsque son Maître lui demanda de ne pas répondre favorablement à cette requête, la convainquant qu'il ne voulait pas qu'elle parte loin d'elle ... Hera accepta et se mit en retrait, ne pensant pas une seule seconde à la trahison qu'elle allait subir ...
Ne voyant plus son Maître pendant plusieurs semaines, la curiosité l'emporta chez Hera qui, en se promenant en ville, entendit parler de lui en ces termes:
"Le Roi et la Reine l'auraient engagé. On raconte qu'il serait même partie avec sa Maîtresse ... Pourquoi nous a-t-il abandonné ?"
C'est alors qu'elle comprit ... La fureur qui la remplit fut sans précédent et, des jours durant, personne ne la vie à Oyrrkha. Néanmoins, on chuchotait que, la nuit, certaines choses étranges se passaient. L’apothicaire avait été volé, du sang avait été retrouvé dans la ferme des Berik et certaines pierres précieuses avaient été dérobés du coffre de grandes dames de la ville. On n'entendit plus jamais parler d'Hera dans cette ville.
Ce fut à Belithrael que l'on retrouva notre prêtresse, grimée et méconnaissable. On pouvait cependant se fier à ses yeux, même si son regard était à présent plus dur, plus froid ... Elle était encapuchonnée, sous un manteau de feutre noir. Elle avait trouvé refuge chez un habitant de la ville, qu'elle avait facilement manipulé. Son seul désir : retrouver celui qui avait fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui ... Mais avant ...
Ce fut sa maîtresse qu'elle croisa la première, au détour d'une ruelle. Un poignard, un simple poignard ... Le coup fut rapide, efficace. Hera la regarda agoniser, ne cessant de lui répéter:
"Ta vie en échange de son amour ..."
Elle ne vit pas sa réaction ... Elle ne l'attendit pas ... Elle se rendit simplement dans sa chambre, un soir, en se faisant passer pour une très vieille amie. Encore une fois, son charme et ses dons de manipulatrice furent décisifs. Et c'est assis dans un fauteuil qu'elle l'attendit, la dague dans la poche. En aurait-elle besoin ? Elle l'ignorait ... Elle savait simplement ce qu'elle voulait. Elle avait servi, sur le bureau, un verre de ce vin dont il raffolait tant. Vin qu'elle avait agrémenté du sang empoisonné de sa dulcinée. Poison qui se trouvait sur la dague lorsqu'elle l'avait poignardé ...
Lorsqu'il entra, il fut surpris. Surpris car elle avait changé. Mais il crut qu'elle était là pour lui, et c'est ce qu'elle lui fit croire, jusqu'à ces quelques gorgées qu'elle l'invita à boire, la poitrine dénudée. Le poison fut rapide, et il agonisa.
"Tu vas crever ... Comme elle ... Tu iras la rejoindre. Tu as voulu prendre ma place, mon dû. Et lorsque ton corps sera donné aux porcs, et je veillerai à ce que ce soit le cas, alors tu seras enfin à ta place."
Et c'est ainsi qu'elle se vengea. Le reste de l'histoire ? Hera plaida sa cause auprès de la Reine qui crut la nouvelle Grande Prêtresse lorsque celle-ci lui expliqua qu'elle s'était faite duper par un escroc. Son corps fut donc jeté aux cochons et la jeune Kretter récupéra sa place.
Elle rencontra alors Joachim Leander et, le soir-même, ils s'unissaient dans son lit, à la cour. Il ne leur fallut que peu de temps pour comprendre qu'ils avaient les mêmes aspirations et leur union était d'une logique implacable pour parvenir à leurs fins. Leur passion pour le pouvoir et pour le sexe faisait et fait encore d'eux l'un des couples les plus sulfureux de la capitale.
Aujourd'hui, Hera est encore plus proche de la reine et elle a beaucoup de pouvoir sur cette femme. Les conseils qu'elle lui donne en terme de politique sont souvent guidés par l'ambition de la grande Prêtresse.