aslaug ▬ comme de longs échos qui de loin se confondent.
Ouvre la porte.
« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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▬ L'ENVOL : perle d'enfance. trop vite envolée. voix suave et jeux pervers. fin de l'innocence. attention, t'as du satin dans les mains. et son regard en feu qui t'bouleverse. ▬ LES PARCHEMINS : 2026 ▬ L'AME : még. ▬ LE REGARD : natalie sexy dormer. ▬ LE TEMPS : vingt-quatre ans. ▬ L'ETOILE : immorale. délicieuse. ▬ LE SANG : thorons, encore et toujours, de cœur et d'âme. ▬ LE FEU : en public, célibataire mais appartenant au roi... en privé, c'est toute autre chose. ▬ LE DESTIN : maîtresse favorite du roi thoron, dame de la cour, issue d'une famille noble. ▬ LES ROSES : 10088
Elle le sait maintenant. La certitude qui grandit en elle, en même temps que ce petit être qui la dévore de l'intérieur. Et le poison de l'amour, le poison de bravoure. Ce serpent qui la mord, la tord ; ce serpent qui a ses yeux ouverts, le venin qui se dissémine en son sein. Elle le sait maintenant. Elle est enceinte. Cette brusque vérité la détruit aussi sûrement que l'âge ridera son front, en des temps pas si lointains. Aussi sûrement que le soleil se lève, et que la lune prend la relève. Que les cycles de la vie, et le sang qui ne coule plus, jour après jour, semaine après semaine. Hera le lui a dit. Enceinte. Faiseuse d'ange, prêtresse diabolique, à la médecine maléfique. Elle le lui a dit, à demi mot, à certitude avouée, et les frissons qui ont parcouru son corps, l'un après l'autre, s'offrant la place de sa tranquille quiétude. C'en est fini de son enfance, de sa jeunesse, de sa naïveté délicate. La petite perle devient rocher, quand l'inquiétude barre son front, s'empare de son être tout entier, la fissure. Zébrures. Tout au long de sa colonne, tout autour de son ventre, ces zébrures qui la marquent, altèrent la beauté pâle de ses jeunes années. Et c'est fini. Ne jamais le dire à Leandry. Ne jamais le dire à Barahir. Vivre toute auréolée de ce sombre secret qui peu à peu l'altère. La dilate dans le creux obscur de l'avenir.
Cette invitation. Elle relit la missive apportée par la pie rieuse, et comme promis, la ténébreuse l'a invitée. Spiritisme et scepticisme, ces deux termes accolés qui jouiront de leur toute puissante à la tombée de la nuit. Ce soir, les fantômes et les loups riront de concert, lorsque la petite perle perdra définitivement toutes ces valeurs, toutes les joies qui animaient autrefois son petit corps d'enfant. Entre les mains de la ténébreuse, ce scorpion qui dissémine en elle son venin. Alors, elle s'y rend, Satine. Vêtue de noir, symbole de son tout nouveau désespoir, elle y va, le pas traînant, nonchalant. Elle a la peur au ventre, cette peur sourde qui lui tord les entrailles, mais elle s'apprête à jouer avec les dés du hasard. Et le destin qui se faufile entre ses reins, s'y amuse, perverse et cynique, alors que l'ailleurs et l'au-delà prennent possessions de l'esprit sain de la maîtresse, la favorite, l'enfant bénie. La grande porte lui fait face. Elle toque, une fois, de son poing doucereux, sans feindre l'impatience. Elle a peur, mais la stupeur ne l'empêche pas de vouloir fricoter avec les limbes de Legnar. L'inconnu lui tend les bras, maintenant que sa vie vole en éclats. Et les petits morceaux d'elle qui se faufilent par la fenêtre. Et la curiosité qui s'empare de son être.
Le visage de la ténébreuse qui lui fait face quand la porte s'ouvre vers les flammes de l'enfer. Ce visage d'une douceur sans égale, la finesse de ses traits, et le contraste avec la noirceur de ses yeux, la pâleur de sa peau. Satine, elle a cette impression soudaine que désormais, sa vie est liée à elle. Cette annonce, cette découverte, la primauté de cette information, elle partage avec Aslaug beaucoup plus que ce qu'elle n'aurait jamais souhaité dans ses pires cauchemars. Le corbeau de l'avenir dans ses yeux qui lui font face. Porteurs des pires nouvelles. Dévastateurs. . ▬ Bonsoir. Est-ce bien ici, votre séance ? Et la magie qui réside dans sa voix enfantine. La gêne, l'impression de n'avoir rien à faire là, et, pourtant, d'y être entraînée comme par le vent du destin. Et Satine ne fait pas volte face. Elle pénètre dans l'antre du diable.
Il est l’heure. Et un sourire carnassier étire tes lippes. Tu viens de finir de préparer le petit salon pour qu’il puisse recevoir ton invitée d’honneur de la soirée. Un coup d’œil pour remettre en place un coussin et pour épousseter la nappe aussi sombre que la pièce. Le jeu de cartes de tarot trône près de ta chaise, ou plutôt de ton fauteuil imposant, tandis que quelques pierres scintillent à la lueur des bougies dispercées ici et là. Ambiance tamisée, raffinée. De l’encens brûle dans un coin de la pièce, rendant les lieux plus flous, plus obscurs, avec une douce odeur qui ennivre. Qui décuple les sens. Le petit salon fait toujours son petit effet à ceux qui y pénètrent, autant admiratifs que craintifs de découvrir un tel endroit. Tout est fait pour atteindre cette impression, pour parfaire à ce rôle que tu te donnes. Celle d’une ténébreuse sorcière, aux vertues mystiques et inconnues. C’est dans cette pièce, et à la nuit tombée, que tu préfères donner rendez-vous à des invités. Pour pousser le magique à son paroxysme.
On frappe à la porte, doucement. Et te voilà qui te redresses et qui t’observes rapidement dans un des miroirs qui parsèment le salon. L’image que tu dégages te convient, d’où le fait que tu ailles ouvrir. Un sourire chaleureux qui se dessine tandis que tu reconnais Satine. Elle est donc bien venue. Ne s’est pas défilée. « Bienvenue dans mon antre, que tu clames avec une voix enjouée, reculant de quelques pas pour mieux l’inviter à entrer. Sa Majesté m’a octroyée ce petit salon pour que je puisse recevoir mes invités. Il est juste à côté de mes appartements, ce qui est très pratique. » Tu lui expliques un peu tout ça, quand bien même ça ne l’intéresse probablement pas. Mais c’est histoire de faire la conversation, de la mettre à l’aise pour qu’elle se détende. Y’a qu’à voir son regard pour comprendre qu’elle est stressée. Qu’elle appréhende cette soirée. Elle n’est pas si différente des autres, qui redoutent l’inconnu mais qui pourtant cherchent des réponses à leurs questions.
Tu refermes la porte derrière elle, avant de te retourner pour lui faire face, avançant de quelques pas. « Vous pouvez vous installer à la table principale, c’est là-bas qu’aura lieu la séance. Tu lui montres la-dite chaise d’un signe bienveillant de la main, avant de te diriger vers un petit buffet où trônent une carafe de vin et des verres, Un verre de vin ? Il provient des îles Galadhorn, mon préféré. » Tu n’attends pas vraiment sa réponse pour vous servir deux verres, dont un que tu poses en face d’elle. Tu viens ensuite t’installer dans ton fauteuil et la dévisages sans sourciller, ce même sourire toujours figé sur tes lèvres. « Comment allez-vous depuis notre dernière rencontre ? » Le sous-entendu qui est lancé tandis que tu alternes ton regard entre ses yeux et son ventre. Est-ce qu’elle te croit, à présent ? Les semaines se sont écoulées depuis votre entrevue à la crique. Tu as fait exprès de lui laisser du temps. Pour admettre la vérité, et pour la faire vérifier, aussi. « La grossesse vous va à ravir, que tu minaudes, faussement bienveillante. » Et le couteau qui se loge, qui remue dans la plaie.
Dernière édition par Aslaug Ithildin le Sam 21 Mar - 19:07, édité 1 fois
▬ L'ENVOL : perle d'enfance. trop vite envolée. voix suave et jeux pervers. fin de l'innocence. attention, t'as du satin dans les mains. et son regard en feu qui t'bouleverse. ▬ LES PARCHEMINS : 2026 ▬ L'AME : még. ▬ LE REGARD : natalie sexy dormer. ▬ LE TEMPS : vingt-quatre ans. ▬ L'ETOILE : immorale. délicieuse. ▬ LE SANG : thorons, encore et toujours, de cœur et d'âme. ▬ LE FEU : en public, célibataire mais appartenant au roi... en privé, c'est toute autre chose. ▬ LE DESTIN : maîtresse favorite du roi thoron, dame de la cour, issue d'une famille noble. ▬ LES ROSES : 10088
L'encens brûle dans un coin de la pièce. Ambiance tamisée, obscurité amoindrie, délestée de cette sensation de ténèbres, simplement onirique. Et les rêves deviennent réalité. Les cartes sur la table qui l'appellent, l'avenir qui se présente à elle comme le présent pas plus tard qu'hier. Les semaines se sont écoulées, le ventre s'est un peu arrondi, malgré les herbes médicinales qu'elle va chercher en contrée ennemie. Elle peut encore le cacher à ses amants. Plus pour longtemps. Cette séance tombe particulièrement bien, elle est pour elle l'occasion de décider de son destin. Satine, l'incroyante. Satine, la sceptique. Qui se transforme en même temps que les courbes de son ventre. Prête à croire, désormais. A croire à n'importe quoi qui la sortira un temps de son enfer. . ▬ Je vais bien. Froide. Froide en réponse à sa petite pique. La grossesse ne lui va pas bien, certainement pas. Satine a le regard effrayé, la teinte apeurée, les gestes désœuvrés. Elle tremble en permanence, pauvre petit chien. Son statut lui est devenu inconscient, innocent. D'heure en heure, la fatalité s'abat sur elle, détruit ses espoirs, crame les étoiles naïves qui hier encore pullulaient dans ses iris. Elle brûle, Satine. Elle brûle comme au bûcher. Elle brûle de cet avenir qui se dessine, désenchanté. ▬ J'ai longtemps hésité avant de venir. dit-elle, portant le verre à ses lèvres, désireuse de se moquer de l'enfant au fond du ventre qui dégustera ce nectar. Le perdre, ne serait-ce pas un délicieux hasard ? Le provoquer, un foutu bazar. Feindre l'ignorance des effets de l'alcool. Oublier un temps qu'elle ferait mieux de ne pas être là. Elle y est allée à reculons, Satine. Elle a vu sa vie défiler. Face à la porte, pourtant, elle a décidé de devenir maîtresse de son avenir, de son destin, posséder enfin les clés de sa propre existence. Malgré le goût rance qui lui salit la bouche. Jour maudit. Aslaug, le corbeau.
Elle s'installe, Satine, s’assoit sur la table qui est prévue pour elle. Tout est parfaitement chronométré, minuté, tout est à sa place, et semble destiné à ses mains, à son destin. Aslaug mène bien son jeu. En dix secondes, la petite perle est déjà vouée à sa cause. Prête à croire au moindre mot qui sortira de ses lèvres comme étant ceux de la déesse de l'avenir. Si désespérée, Satine, que t'en perds ton latin. Si infortunée que tu croiras tout son baratin. ▬ Vous aviez raison, vous vous en doutez, à en croire votre sourire. Tout lui semble provocation. Sa chaleureuse innocence s'est transformée en une vague amertume. ▬ Par conséquent, je demande toujours à voir, et ainsi me voilà. Que me proposez-vous ? Une poignée de cartes, c'est là-dessus que se jouera mon destin ? Elle en prend une, la fait jouer entre ses mains. Ses doigts agiles caressent la carte qu'elle a choisi, au hasard. Elle la fixe, intensément, tentant d'y lire quelques bribes de l'avenir. Le bûcher ou la potence ? Quel serait le plus désirable, Pour punir l'insaisissable ?
Elle va bien. Quand bien même tu ne peux passer à côté de ses mains tremblantes quand elle accepte la coupe que tu lui tends. Ni ses cernes qui creusent son visage autrefois si angélique et gracile. L’enfant a du grandir. Trop vite. Trop brutalement. Et la peur que tu lisais dans ces orbes y est restée ancrer. L’innocence s’est envolée, ne laissant qu’une coquille vide de tout charme. Elle redoute cette grossesse, bien plus qu’elle ne semble le laisser sous-entendre. Car clairement non, elle ne va pas bien. Cependant tu gardes cette remarque pour toi, ne voulant pas la brusquer. Ou pas pour l’instant, en tout cas. Ton regard qui passe sur la broche qu’elle arbore avec fierté sur le col de sa somptueuse robe. Ainsi donc, c’est d’elle qu’il a toujours été question. Les pièces s’imbriquent dans ton esprit, et te voilà plus rayonnante que jamais. « En voilà une bien belle broche, que tu susurres, la pointant du doigt. Le Roi sait comment prendre soin de sa Favorite. Est-il au courant ? » Même si, aux vues de la peur qui s’échappe d’elle, tu doutes qu’elle lui ait dit pour sa grossesse, tu préfères néanmoins en avoir le cœur net. Y’a ton sourcil qui s’arque tandis que tu feins l’ignorance. Ne pas abattre tes cartes trop tôt pour mieux te délecter du résultat.
Ton sourire qui s’agrandit quand elle t’avoue avoir hésité à venir. C’est normal. C’est la preuve que ta réputation fait son petit effet. Car elle redoute autant qu’elle attend ce que tu vas lui dire. Prône l’incroyance et pourtant se retrouve devant toi, à feindre une indifférence qui n’a plus lieu d’être. L’annonce de sa grossesse l’a persuadée que tu disais la vérité, que tu es bel et bien ce que tu sembles être. Une sorcière, bénie des Dieux et détentrice de mystérieux dons. L’incroyante est devenue croyante. Qui l’eût cru ? Elle prend place et pendant un instant elle semble subjuguée par tout ce qui se dessine devant elle. L’attrait des pierres et autres objets mystiques. Tu la laisses prendre possession de la table et se mettre à l’aise, te dirigeant vers une étagère d’où tu tires un petit fagot d’herbes. Après l’avoir allumé, tu fais un tour dans la pièce, accentuant la fumée dans la pièce. L’odeur est douce et a le pouvoir de détendre. Pour ainsi mieux délier la langue. Des herbes hallucinogènes que tu utilises toujours avec parcimonie pour simplement mettre à l’aise et non endormir. Alors que tu réalises ton petit rituel, la voilà qui reprend la parole. Qui avoue que tu avais raison. Y’a de l’amertume qui perce dans son timbre de voix, ne faisant qu’accentuer le fait qu’elle ne désire pas cette grossesse. « La divination n’est pas un art à prendre à la légère. Seuls de rares élus des Dieux peuvent s’y adonner et lire à travers les lignes nébuleuses du Destin. Il y a toi, il y a Hera, et une poignée d’autres. Il faut un certain talent et aussi beaucoup d’expérience. » Tu éteins ton petit fagot, jugeant suffisante la fumée dans la pièce, puis tu viens prendre place sur le fauteuil en face d’elle.
Tu reprends le verre de vin que tu avais déposé avant de faire ton petit jeu, puis le porte à tes lèvres pour te délecter d’une première gorgée. « Le principe est simple, je bats les cartes, vous coupez le paquet en deux avec votre main gauche, puis je tire les trois premières cartes et de là je les interpréterai. Une pause, le temps qu’elle assimile ce que va se jouer. Si vous êtes toujours d’accord, alors posez votre question et nous pourrons commencer. » Et mêlant les paroles aux actes, te voilà qui attrapes la carte qu’elle a pioché au hasard et qui te mets à battre les cartes dans un geste précis et maîtrisé.
▬ L'ENVOL : perle d'enfance. trop vite envolée. voix suave et jeux pervers. fin de l'innocence. attention, t'as du satin dans les mains. et son regard en feu qui t'bouleverse. ▬ LES PARCHEMINS : 2026 ▬ L'AME : még. ▬ LE REGARD : natalie sexy dormer. ▬ LE TEMPS : vingt-quatre ans. ▬ L'ETOILE : immorale. délicieuse. ▬ LE SANG : thorons, encore et toujours, de cœur et d'âme. ▬ LE FEU : en public, célibataire mais appartenant au roi... en privé, c'est toute autre chose. ▬ LE DESTIN : maîtresse favorite du roi thoron, dame de la cour, issue d'une famille noble. ▬ LES ROSES : 10088
Elle revoit cette fiole qu'elle fait luire dans les derniers rayons du soleil. Fiole ambrée, destructrice, cruauté. Quelques gorgées et cet enfant ne sera plus qu'un vague souvenir, souvenir terrible, dévastateur, qui toujours te rappellera cette crainte éternelle qu'est ta situation, drôle de position. Maîtresse du roi, sa favorite, capable simplement de lui donner un bâtard, non un héritier. Maîtresse de son frère, aussi, le bien-aimé, l'homme qui toujours la fait vibrer, mais dont la proximité pourrait à eux deux coûter la vie. Double jeu, oh combien dangereux. Et cet accident, ce jeu terrible, le lancer de dés funeste, néfaste, celui de trop. L'ironie du hasard. Ce fœtus au creux de son ventre, qui lui rappelle si violemment que sa place n'est pas acquise, que d'un instant à l'autre, tout peu périr, mourir. Que le destin t'a mis sur la route de Leandry pour mieux se jouer de toi, petite perle amusante, rigolote, de ces femmes que l'on s'amuse à détruire, doucement. Leur faire miroiter la douceur du bonheur, pour que plus cruel soit la chute, la redescente. Et cette fiole en face d'elle. Ce liquide qui vibre, pétille, dans la lueur du jour descendant, cette eau claire qui semble agréable à déguster, sur laquelle n'est pas inscrite l'amertume de la mort, de la non-pérennité. Avortement. La faiseuse d'ange face à elle, cette mortelle mortifère, cette cruelle sorcière, elle qui se rit d'elle, se joue, amusée, tranquillisée. La solitude de Satine, cette terrible solitude, amertume. A qui le dire ? A qui avouer ce terrible secret ? Nul n'est en capacité de comprendre sa situation, la cruauté du sort qui lui est échu, ce terrible jeté de dés. Au mieux, on lui répondra qu'elle n'avait qu'à pas se perdre dans les draps de Leandry. Au pire, on la traitera de catin, pendra sa tête au bout d'une pique, ou dans la chaleur âcre du bûcher. Et cette situation qui lui impose le silence, doigt sur la bouche, secret défense. Rien sans doute n'est pire que cela. Que ce silence obligé, alors même qu'elle ne rêve que de se réfugier dans les bras de son bien-aimé. Pleurer un coup. Cesser de penser au destin terrible qui désormais l'étreint.
Le présent refait surface lorsque la fumée délicate envahit l'air, emplit l'atmosphère. Aslaug mène bien son ambiance. Cette carte qu'elle fait jouer entre ses mains, la petite perle, cette carte qu'elle craint plus sans doute que les lendemains. L'incroyante a fini par se poser de véritables questions, la raison d'Aslaug lui ayant sauté au cou. Enceinte. Oui, bel et bien enceinte. Là est la seule certitude. Là réside les cordes qui désormais la pendent, la suspendent aux lèvres de la prophétesse. Cette broche sur sa robe, cette broche verte émeraude que Leandry lui a offerte ce fameux soir, ce fameux soir où elle a délié sa langue, avoué la vérité, la honte au creux des reins, la peur entre ses mains. ▬ Non, il ne sait pas. Réponse directe, réponse dans laquelle la petite perle ne donne pas trop d'indices, de crainte de dévoiler trop vite le jeu qui est le sien. Jeu dans lequel elle est simplement ballotté, sans plus pouvoir manier son propre destin. ▬ J'espère que votre talent n'est pas surestimé. Vous m'avez convaincue, en m'avouant ce que vous savez. Incapable de mettre un mot sur cette vérité. Le silence, encore. Lourd de sous-entendus. Lourd de sens. ▬ Que dois-je faire du problème ? La question est simple. Elle te brûle la bouche, petite perle, te fait vibrer le palpitant, te broie le ventre. Mais il faut la poser. Désormais, le temps lui est compté. De jours en jours le ventre qui s'arrondit, les nausées qui l'handicapent, les seins plus sensibles, les goûts plus précis. Bientôt, elle ne pourra plus le cacher. Leandry a déjà tout deviné. Barahir n'a pas les yeux si fins, ne connaît le corps de sa favorite qu'à moitié, incapable encore de distinguer les frêles différences qui deviennent peu à peu grosses incohérences.
Satine saisit le jeu de cartes bien battu par Aslaug. Elle le coupe en deux, suivant les instructions du scorpion. Trois cartes. Voilà à quoi elle se résout. A croire aux astres. Cruel jeu du Destin, qui se joue d'elle, se moque de cette frêle petite perle. Elle attend, calmement, plongeant ses yeux terrifiés dans ceux, noirs et sombres, d'Aslaug. Prophétesse de l'enfer.
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aslaug ▬ comme de longs échos qui de loin se confondent.