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(fb) des horizons rouge sang (johr)



 
Ouvre la porte.
« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »

Pierre Bottero dans La Huitième Porte.
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 (fb) des horizons rouge sang (johr)

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Dellsa aux Mains Rouges

Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”
« to chasing on foolish merchants ! »

LA PROPHETIE :
(fb) des horizons rouge sang (johr) 35c544cec3c9ac8d6c015201e57f37c965e8421b
~
Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
(fb) des horizons rouge sang (johr) 23296156


eons ago : mistral - simak - hecktor - johr
nowadays : azran - nérée - siobhan - quête

à venir : merril
aventures achevées : geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue)
L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin.
LES PARCHEMINS : 444
L'AME : La curieuse et faible (Arté)
LE REGARD : Pénélope Cruz
LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée
L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre.
LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur).
LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents
LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi).
LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion.
LES ROSES : 4037
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(fb) des horizons rouge sang (johr) EmptyVen 15 Mai - 15:42


[six ans et quelques mois plus tôt]
@Johr Leander.

Il devait y avoir quelque chose qu’elle avait mangé qui était mal passé parce qu’elle venait de tout rendre dans un seau. La bouche encore ouverte, penchée sur le seau, elle attendait une potentielle seconde vague mais celle-ci ne vint pas. Se redressant, elle aspira longuement par la bouche, la trachée en feu d’avoir été brûlée par le passage de la bile acide, avisa la première bouteille à portée de main, se rendit compte que la flasque était vide et sortit de sa cabine en pestant. Sur le pont, ça s’agitait déjà alors que le soleil s’était levé récemment sur l’océan rocheux. Il était peut-être six heures et demi du matin, et Elrawyn brillait sur les carnes burinées des forbans, le ciel teinté d’un bleu clair d’été. Les marins de quart de nuit étaient allés se coucher et c’était généralement l’heure à laquelle Dellsa émergeait de ses quartiers. S’essuyant la bouche d’un revers de manche, Dellsa se résigna à garder ce goût dégueulasse dans le fond de la gorge pour le moment, vu qu’on avait l’air besoin d’elle à la proue. Elle se rincerait le gosier plus tard. Traversant le navire de son pas lourd habituel, elle rejoignit son second qui lui avait fait un signe du bras pour la faire venir et lui désigna un point à l’horizon quand elle fut à sa hauteur. Un navire, forcément. Et avec un peu de chance, une cible splendide.
« Dis-moi tout : soie et vinasse ? - Y a moyen. D’après la vigie, y a moyen qu’ils aient payé une escorte. » Un rictus carnassier étira les lèvres de la capitaine qui sortit sa longue-vue (l’objet ! sale pervers) pour en savoir davantage sur la proie, tout en commentant à l’adresse de son voisin alors qu’elle distinguait effectivement grâce à l’amplificateur optique des silhouettes qui avaient l’air un peu plus armées que d’habitude pour un navire marchand : « Faut croire que les négociants de Galadhorn ont appris à assurer leur sécurité, hein. » Ça n’en rendait la chasse que plus plaisante. L’abordage était toujours plus marrant dès lors qu’ils avaient un peu de résistance à bord du rafiot qu’ils attaquaient et la navigation avait été assez paisible depuis le port de Til Garhyt, qu’ils avaient quitté deux jours plus tôt.

La lunette renfoncée et rangée dans une des poches de son surcot, la brune donna ses ordres pour avaler rapidement la distance qui les séparait du bric galadhornien, qui incluaient notamment l’ouverture de toutes les voiles. Le second se chargea de transmettre les instructions à ceux qui étaient dans le secteur, tandis que le maître d’équipage sortait son sifflet pour tirer de leur sommeil les pirates encore assoupis, en vue de l’abordage. Pendant que ses officiers agissaient comme ils en avaient l’habitude, Dellsa descendit dans la cale pour foutre un coup de botte dans un hamac qui contenait une silhouette plutôt impressionnante. Sans vraiment faire attention à ce que son ton de voix un rien autoritaire en réveille éventuellement d’autres alentour, le coude posé contre le poteau auquel une extrémité du hamac était accrochée, elle informa le passager aux cheveux blancs qu’elle venait de malmener, de la splendide opportunité que les Dieux leur donnaient en cette heure si matinale : « Bonne nouvelle : nos divins patrons ont dû entendre tes soupirs d’ennui et prendre pitié. Tu vas avoir une occasion de rougir tes lames, si ça te dit toujours. » Le sourire en coin indiquait qu’elle n’avait aucun doute sur l’effet que produiraient ces phrases et, sans vraiment attendre davantage, elle remonta sur le pont pour superviser les préparatifs, et fut ravie de constater que le vent gonflait les voiles de la Pute Borgne, plus larges que celles de leur proie. Un aller-retour dans sa cabine plus tard, elle s’était débarrassée de son chapeau et de son manteau qui risquaient de la gêner pendant le combat, et ressortit en sanglant sabre et dagues à sa ceinture, passant prendre la température auprès de son navigateur à la poupe avant de rejoindre la proue, en tirant son pantalon en toile rouge et en resserrant un cran de son ceinturon pour mieux le maintenir. La mer battait contre les flancs du trois-mâts, projetant écume et gouttelettes salées dans les airs que la capitaine humait avec bonheur.

Sentant une présence dans son dos, elle se retourna et dévisagea Leander, tiré du lit sans douceur. Ça lui rappellerait peut-être les quelques moments où ils s’étaient retrouvés coincés ensemble, sous l’égide de leur mentor respectif, quand ils étaient encore jeunes (mais n’étaient déjà plus innocents, cela dit), et où ils n’avaient jamais vraiment été tendres l’un à l’égard de l’autre. Désignant du menton le vaisseau dont ils se rapprochaient à grande vitesse, elle précisa avec une moue approbatrice : « Il semblerait qu’ils se soient payés des mercenaires, donc ça promet d’être sympa... J’espère que tu ne m’en voudras pas trop de t’avoir tiré d’un rêve probablement obscène pour ça. », ajouta-t-elle sans avoir l’air pour autant le moins du monde désolée de la rudesse dont elle avait fait preuve.
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Johr Leander

Johr Leander
Mercenaire royal de Gwelnaur
Capitaine des Corbeaux

Wrath, blood and dark


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE : (fb) des horizons rouge sang (johr) 4d18823fee66756ee3fd3cdc7c291480de617172
LES PARCHEMINS : 398
L'AME : Alex.
LE REGARD : Henry Cavill.
LE TEMPS : 38 ans.
L'ETOILE : Massacrante.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Marié à Héra.
LE DESTIN : Mercenaire & conseiller du roi Amras ↯ Capitaine des Corbeaux.
LE PACTE : Culte du bélier.
LES ROSES : 4657
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(fb) des horizons rouge sang (johr) EmptyMar 19 Mai - 21:53


[six ans et quelques mois plus tôt]
@Dellsa aux Mains Rouges.

tumblr_pywqawiPaD1y964rko3_250.png Lorsque Johr Leander avait embarqué à bord de la Pute Borgne, les marins s’étaient écartés de la silhouette massive à la manière de poissons fuyants un requin aux dents acérées. Le mercenaire n’en était pas à son premier voyage parmi les pirates, lesquels avaient assisté à l’horrible spectacle de sa grande épée répandant des serpents d’entrailles sur le pont. Rien de foncièrement choquant dans la vie tumultueuse d’un boucanier, hormis l’extrême sauvagerie et l’efficacité terrifiante du boucher. L’équipage craignait plutôt l’impétuosité de ses coups, prompts à trancher les membres alliés entrant dans sa zone de combat. Ainsi, son humeur exécrable dissuada quiconque de l’approcher. Quelques jeunes inconscients envoyèrent des saluts amicaux ; ils reçurent des grognements exempts de toute politesse – et des tapes à l’arrière du crâne de la part des aînés.
Seule la capitaine avait eu droit à quelques mots durs, puis le mercenaire s’était terré dans la cale comme un loup dans sa tanière.

Le lendemain, un mousse encore imberbe était venu lui apporter un pichet de bière. Johr avait vidé le récipient d’une traite sous le regard craintif du volontaire désigné. Quelconque esprit mal inspiré avait espéré que l’offrande améliorerait l’humeur du dangereux passager : Johr avait jeté l’objet métallique contre une poutre avec une violence inouïe, vociférant de sombres imprécations au sujet des dieux, d’antre infertile, de vie et de mort. De ce déferlement de colère, le gamin aux jambes fluettes et grelottantes n’avait retenu que la mort. Peut-être crut-il que Johr, avec ses yeux cendreux et ses cheveux blancs, représentait Kendassa en personne. Après l’incident, le gamin refusa d’approcher le monstre à moins d’une longueur de corde (ce qui n’était pas une mince affaire, à bord d’un navire) ou même de croiser son regard terrifiant.

Le jour d’après, Johr rêvait encore d’Héra et de la dispute qui avait précédé son départ en mission. Plus de dix ans de labourage intense s’étaient écoulés depuis la nuit de leur première rencontre, et les dieux refusaient obstinément de lui offrir le fils extraordinaire qu’il appelait de ses vœux. Les dieux, ou Héra elle-même…
Au moment culminant du songe (celui de l’ensemencement consécutif à moult manœuvres répétées), son corps l’avertit d’un danger et le tira instantanément du sommeil. Le coutelas que sa main avait saisi aurait plongé dans la gorge de l’infortunée s’il n’avait pas reconnu la voix familière de Dellsa.

J’emmerde les dieux et leur pitié, maugréa-t-il d’une voix lugubre.

Rarement blasphème souillait les lèvres du proclamé « élu de Legnar », mais l’absence de temple à des lieues à la ronde (et l’excès de boissons fermentées) produisait sur lui un étrange effet désinhibiteur.
Les pas de la pirate l’entraînaient déjà loin de la colère de Johr. Une colère que Dellsa lui offrait de brûler dans le sang. En voilà, une femme qui savait parler – et agir ! Contrairement à Héra, sa camarade ne l’avait jamais déçu. Mille fois il éprouva l’envie de l’étriper, mais jamais avec assez de hargne pour que son bras accomplisse le geste fatidique.
Il revêtit ses bottes et son armure, empoigna sa longue épée (celle en métal, coquine !), puis se barbouilla le visage dans un bac rempli d’eau salée. Tel un démon jaillissant de la gueule des enfers, le guerrier en noir gravit les marches menant à la surface du pont. Le bois gémit à la manière de veuves plaintives.
On laissa un grand espace autour du sombre guerrier, qui remplit ses poumons d’un air revigorant. Il s’étira longuement, exécutant avec minutie les gestes experts que son mentor lui avait enseignés. Une sève vivifiante se mit à couler dans ses veines, à réchauffer ses muscles qui frémissaient de la bataille à venir.
Sous le regard circonspect de plusieurs marins, le colosse se hissa ensuite au-dessus du bastingage dans une position dominatrice. Une fois son équilibre assuré, il sortit de son pantalon le canal d’évacuation par lequel s’échappa un jet puissant et fumeux. Johr espérait bien qu’au loin, le capitaine du navire marchand contemple la virilité de son futur bourreau et en éprouve des sueurs froides.

T’es équipée comme pour un jour de fête, lança Johr en rejoignant la pirate fièrement armée. C’est un troupeau de moutons de plus que tu t’apprêtes à saigner, ou faut-il espérer quelques chiens de garde aux crocs menaçants ?

Les babines du Gwelnaur se dévoilèrent quand Dellsa lui apprit la bonne nouvelle.

Le sang des mercenaires est du rouge le plus vif. C’est un excellent remède contre l’ennui. Et pour toi, il signifie un butin plus important.

L’évocation de son sommeil plomba sa bonne humeur retrouvée. Johr répliqua d’un ton cinglant :

Les rêves d’un homme sont faciles à deviner, quand le grand mât se dresse entre ses cuisses. Mais n’insulte pas mes appétits. Le sang passera toujours avant le stupre.

Johr se plaça au côté de la capitaine, dans le sens du vent, et détecta une légère odeur âcre. Il lui sembla également que Dellsa était plus pâle qu’à l’ordinaire. Sa posture fière et assurée ne trahissait aucune faiblesse, mais le mercenaire savait que les apparences ne signifiaient rien : aucun capitaine digne de ce nom ne montrait ses failles à une bande de crapules sous ses ordres.

Tu as avalé de la cervelle de poulpe avariée, ou c’est le mal de mer qui te donne le teint blafard d’un noyé ? ironisa-t-il. Son regard inspecta la pirate de pied en cap. Et tu penses à laver tes frusques, de temps à autre ? Il me semble que ce pantalon était de toile écrue, à l’origine, et qu’elle te servait d’essuie-mains.
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Dellsa aux Mains Rouges

Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”
« to chasing on foolish merchants ! »

LA PROPHETIE :
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~
Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
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eons ago : mistral - simak - hecktor - johr
nowadays : azran - nérée - siobhan - quête

à venir : merril
aventures achevées : geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue)
L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin.
LES PARCHEMINS : 444
L'AME : La curieuse et faible (Arté)
LE REGARD : Pénélope Cruz
LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée
L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre.
LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur).
LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents
LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi).
LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion.
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(fb) des horizons rouge sang (johr) EmptyLun 25 Mai - 22:20


[six ans et quelques mois plus tôt]
@Johr Leander.

Le rictus du mercenaire faisait plaisir à voir, et on vit se peindre son reflet sur les lippes de la pirate lorsqu’il confirma l’enthousiasme verbalement : « Le sang des mercenaires est du rouge le plus vif. C’est un excellent remède contre l’ennui. Et pour toi, il signifie un butin plus important. » Elle hocha la tête, évidemment. Il n’était pas bien sorcier de faire le calcul et il était très probable que l’armateur ayant envoyé cette cargaison sur l’Océan rocheux l’ait un peu plus chargée que d’habitude en termes de richesse, en préférant fait peut-être un gros voyage plutôt que deux petits, vu le prix que devait lui coûter l’escouade de combattants chevronnés qu’il s’était payé.
À croire que Leander avait aussi réveillé ce qui lui servait de cerveau, malgré le réveil matinal.
Au moins, elle n’avait pas besoin de lui expliquer davantage pourquoi l’affaire était sérieuse, et ainsi elle en vint à ce sommeil dont elle l’avait rudement tiré, pour se prendre une soufflante du Délavé qui se faisait maussade, prônant qu’il était des priorités sanglantes qui passaient bien avant les plaisirs de la chair.

S’il avait fallu qu’elle fasse un choix entre les deux, difficile de dire ce qu’elle aurait pu répondre.
Nous nous accorderons sur le principe suivant : cela dépendait des moments.

Haussant les épaules, donc, la boucanière ne chercha pas à répondre, puisqu’il n’y avait pas grand’chose à dire face aux affirmations de Johr : autant ne pas mettre ses paroles en doute, puisqu’il semblait d’humeur à le lui prouver peut-être, si elle le poussait dans ses retranchements. Elle reporta plutôt son regard vers l’horizon, guettant les silhouettes qui se rapprochaient plus le vent leur donnait d’allure et les avançait. Derrière eux, ça s’affairait, ça gueulait, et le maître d’équipage usait de son sifflet pour transmettre les ordres. Forcément, tout le monde était gai et prêt à en découdre, maintenant que le bruit d’un juteux butin s’était répandu. Mais, couvrant le tumulte familier des préparatifs à l’abordage, le timbre de Leander se fit de nouveau entendre. « Tu as avalé de la cervelle de poulpe avariée, ou c’est le mal de mer qui te donne le teint blafard d’un noyé ? » Pareille raillerie lui fit tourner la tête, constater qu’il l’observait de haut en bas, et elle pouffa, l’air de lui dire qu’il rêvait. Et, en haussant les épaules, elle écarta la question, réfléchissant tout en répondant : « J’ai dû faire des mélanges non-propices à la digestion idéale, hier. » Référence à la beuverie qu’ils avaient fait sur le pont, à coups de dés et de chopes d’ale. Et pourtant, elle n’avait pas mélangé d’alcool, s’étant contentée de vider chope sur chope de bière. Peut-être se faisait-elle trop vieille ? À y repenser, le goût âcre dans le fond de sa gorge était encore présent, mais une nouvelle moquerie l’arracha à ces considérations, fort heureusement : «  Et tu penses à laver tes frusques, de temps à autre ? Il me semble que ce pantalon était de toile écrue, à l’origine, et qu’elle te servait d’essuie-mains. - Ah, c’est une idée intéressante, mais point du tout ! Détrompe-toi donc, faquin, il était rouge au moment de sa confection. Mais maintenant que tu le dis, y a moyen qu’il déteigne un peu trop… Rien de tel qu’une bonne boucherie pour lui redonner de l’éclat, non ? »

Parlant de boucherie, ils étaient bientôt à portée de voix du raffiot, alors autant encourager l’équipage avant de s’élancer à l’assaut du bric marchand. S’appuyant sans vergogne sur l’épaule puissante du colosse, elle se hissa sur le bastingage et, avec grâce et agilité (celle-la même dont elle était salement dépourvue sur le plancher des vaches, privée du roulis si familier qui était une deuxième nature), Dellsa marcha jusqu’au bord de la rambarde du pont supérieur pour s’adresser à ses troupes, une main agrippée au gréement le plus proche, histoire de ne pas non plus se casser la gueule bêtement : « Gradlon Meur nous gâte, mes mignons ! Passez-moi tous ces couillons par le fond, je veux que ce soit plié en même pas une heure ! Les coffres, les étoffes, les barriques, tout doit partir, enlevez-leur même des planches et des voiles si ça vous amuse ! » Ça gueulait pour confirmer l’engouement des pirates sur le pont inférieur, poings en l’air, armes déjà sorties et graissées. « Et si ces connards d’escorteurs commencent à montrer les crocs, dézinguez-les sans sommation ! Ils n’auront aucune pitié pour nous, alors rendons-leur la pareille ! Archers, à vos postes, criblez-moi ce putain de bateau de flèches enflammées ! » Et d’un bond, elle rejoignit le pont inférieur, pour le traverser par de grandes enjambées jusqu’à la poupe où elle donna ses instructions au pilote au gouvernail, tandis que les trois gabiers commencèrent à remonter certaines voiles pour décélérer.

Les coques des navires s’entrechoquèrent avec une certaine douceur, les vagues prisonnières entre les vaisseaux amortissant vaguement le heurt. Aussitôt les esquifs bord à bord, une planche de fortune fut posée entre les deux et les pirates s’élancèrent à l’abordage,, qui par la planche, qui par les cordages qu’ils utilisaient comme d’autres auraient pris des lianes, le tout dans un décor où les voiles rougissaient déjà sous les flammes et où une fumée épaisse commençait à monter de certains recoins où on avait entassé de la paille pour y être plus confortablement installé. Le chaos fut immédiat sur le navire abordé et très vite la cohue s’étala. Les rares marins réguliers tentèrent de se rendre, mais l’absence de quartier le valut une lame dans le bide très vite ; les mercenaires étaient néanmoins plus nombreux qu’observés et s’étaient constitués en quelques groupes qui se défendaient rudement bien face aux forbans. Un sabre dans la dextre, une dague dans la senestre, la capitaine se battait avec toute la hargne d’une hydre enragée, sans vraiment se soucier des autres autour d’elle, trouant le ventre et éviscérant certains pauvres hères, collant des coups de coudes et de bottes dans d’autres. C’est lorsqu’elle se retrouva face à deux mercenaires coriaces qu’elle hèla une silhouette familière qui rougissait sa propre lame à quelques mètres de là, avec sa grande épée : « Johr, lambine pas ! » Histoire de pas avoir l’air non plus d’être une pauvre chose fragile non plus, elle en rendit un borgne au passage, tandis qu’il se retournait pour guetter une éventuelle menace surgie par derrière.
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Johr Leander

Johr Leander
Mercenaire royal de Gwelnaur
Capitaine des Corbeaux

Wrath, blood and dark


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
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L'AME : Alex.
LE REGARD : Henry Cavill.
LE TEMPS : 38 ans.
L'ETOILE : Massacrante.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Marié à Héra.
LE DESTIN : Mercenaire & conseiller du roi Amras ↯ Capitaine des Corbeaux.
LE PACTE : Culte du bélier.
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(fb) des horizons rouge sang (johr) EmptySam 30 Mai - 13:18


[six ans et quelques mois plus tôt]
@Dellsa aux Mains Rouges.

(Avertissement aux âmes sensibles : scènes de brutalité dans la seconde moitié du texte.)

tumblr_pywqawiPaD1y964rko3_250.png Droit et fier comme une statue, Johr scrutait le navire ennemi pendant que Dellsa préparait l’abordage.
En bonne capitaine, elle stimulait sa meute de forbans avec des promesses de butin à capturer par le feu et le sang. Au fond, pirates et mercenaires n’étaient pas si différents. Tous avaient choisi une vie de violence et de richesses aussi éphémères que leur brève existence.
Johr se sentait néanmoins différents de ces masses avides. Supérieur à n’importe qui sur le navire par ses seules ambitions, qui dépassaient la perspective d’une paire de bourses bien remplies à vider dans les tavernes et les bordels. Il soupçonnait quelque rêve de grandeur derrière les agissements de sa camarade, mais rien de comparable à l’annihilation de cités entières.
Il l’observa s’agiter avec une énergie peu commune, et songea que Dellsa ne cessait de progresser depuis le jour où elle avait posé le pied sur un pont. Johr, quant à lui, stagnait depuis la révolte de fer, lorsqu’il avait pris la tête des Corbeaux. La révolte vermeille fut une occasion manquée de réduire Elenath en cendres. Aujourd’hui le mercenaire royal trônait sur son piédestal comme un vieux seigneur, sans descendance ou espoir de bataille significative.
Cette stagnation l’enrageait. Le feu de la colère couvait en lui, tel un volcan aux prémices de l’éruption. Le massacre à bord de ce maudit rafiot serait un succès inutile de plus à son palmarès sanglant.

Legnar ! grogna-t-il entre ses dents.

Johr rejeta la mélancolie où Héra l’avait plongé. Il n’avait que faire de Gradlon Meur et de l’océan agité, cependant l’attaque du navire chargé de mercenaires aguerris lui offrait une occasion supplémentaire d’attirer le regard de son dieu. D’inscrire son nom en lettres de sang dans l’âme terrifiée de la populace.
Et de faire briller les yeux de sa femme lorsqu’il rentrerait à Belithrael.

Que personne ne m’approche, éructa-t-il en se dirigeant vers la proue.

Et les pirates restèrent à distance du mercenaire, préparant l’assaut sous les ordres de leur impétueuse capitaine. Cris, jurons, odeurs âcres d’hommes en sueur. Voiles ennemies en flammes, dont les reflets ardents emplissaient le regard gris de Johr.
Quelques mètres séparaient à présent les deux navires. Johr tourna la tête en direction de Dellsa et s’écria :

Fais en sorte ton fichu pantalon retrouve son plus bel éclat carmin, ou je te balancerai par-dessus bord avec les carcasses mutilées !

Il rit, recula vers le côté opposé de la coque, puis se mit à courir. Un tonneau lui servit de marche-pied, l’autre prit appui sur le bastingage et le propulsa sur le pont ennemi.
Trois marins se précipitèrent aussitôt dans sa direction. Johr jeta les mains derrière son dos, s’empara de sa longue épée et l’abattit sur le premier. Un gerbe de sang jaillit de la trouée verticale allant de la base du cou jusqu’au milieu de la poitrine. Un coup de botte repoussa le deuxième adversaire, qui trébucha sur une corde et tomba à la renverse. Le troisième cria pour se donner du courage ; sa tête saisie de stupéfaction tournoya en l’air avant de retomber sur le pont dans un bruit sourd.

Misérables pécores ! maugréa Johr en cherchant des adversaires plus farouches. Les vieillards de Gwelnaur se battent mieux que vous, et ne trimballent pas des couilles de bébé entre leurs cuisses rabougries !

Les coques s’entrechoquèrent. Johr manœuvra pour conserver son équilibre. Une flèche siffla non loin de l’oreille gauche, lacérant l’épaulette de son armure.

Ce fut le début de l’abordage.

Johr laissa éclater sa colère. L’intensité de sa frustration amplifiait la puissance terrifiante de ses coups. Autour de l’élu de Legnar, marins et mercenaires n’étaient pas simplement tués. L’acier en mouvement perpétuel recouvrit le pont de mares sanglantes. Membres tranchés et résidus de crâne fendu nageaient dans un horrible magma de muscles et de viscères. La lame immense fendait l’air telle une faux de cauchemar, entassant à ses pieds une moisson de cadavres mutilés. Le mercenaire royal se déplaçait continuellement ; les lames hostiles étaient déviées par son armure ou rencontraient le vide. La terrifiante colère de Legnar l’habitait ; Johr dansait parmi les flammes crépitantes et réduisait à un silence lugubre les vagues humaines qui s’abattaient sur lui. Aucune force ne semblait en mesure d’ébranler le colosse. Son regard incandescent reflétait l’incendie naissant qui consumait le navire.

Une volée de flèches siffla derrière lui. Mu par un sûr instinct guerrier, Johr contourna un adversaire avec la rapidité d’un tigre et le dépassa. Les pointes acérées se fichèrent dans la poitrine du marin. La poigne brutale de Johr saisit la nuque raidie avant que le corps retombe sur le sol. Ainsi protégé d’un bouclier humain, le mercenaire progressa vers le petit groupe d’archers et fit tournoyer son épée. Deux adversaires tombèrent, fauchés dans leur fuite. Leur camarade eut moins de chance : il vivait encore lorsque ses intestins se répandirent sur le sol poisseux. Johr lui cloua le pied avec la pointe de sa lame, puis le força à plonger sa bouche hurlante dans ses propres viscères.

Régale-toi, chien ! Le goût de tes entrailles est le dernier que tu emporteras dans l’autre monde.

Johr n’avait jamais apprécié les archers. Seuls les lâches attaquaient leurs ennemis à distance, hors de portée de l’acier des lames et des regards cruels.

Une voix héla son nom. La voix colorée d’une démone des mers qu’il reconnaîtrait entre mille.
Johr pivota sur lui-même, aperçut Dellsa en difficulté face à deux gaillards bardés de fer. Trop loin pour venir l’épauler à temps.

Hé ! Les deux suceurs de queues ! rugit le Gwelnaur.

L’un des mercenaires se retourna, offrant à Dellsa l’opportunité de l’éborgner. L’autre reçut dans le dos l’épée de Johr, propulsée à la manière du trait géant d’une baliste. Le tranchant sectionna la colonne vertébrale, traversa la poitrine. Suffoqué, le grand mercenaire baissa les yeux sur la pointe sanguinolente qui perforait l’avant de sa cuirasse, puis s’effondra.
Johr se rua vers le mercenaire éborgné et le projeta à terre. Assis à califourchon sur le corps étendu, les poings monstrueux martelèrent le crâne comme deux marteaux de forge battant le métal. La haine de Johr grandissait à chaque impact semblable à des coups de tonnerre. La peau du visage s’arrachait, l’œil indemne sortit de son orbite. Combien de fois avait-il rêvé d’infliger cette mort humiliante à Héra ? Après un son effrayant situé entre le grognement bestial et le cri de rage, Johr joignit les mains – qui broyèrent la tête tel un vase d’argile rempli de fruits mûrs. Il leva un regard fou vers Dellsa ; du sang et des morceaux de cervelle collaient au visage et aux cheveux argentés du Gwelnaur.

Johr réalisa un instant trop tard que la pirate le mettait en garde.

Une masse imposante le percuta. Johr perdit l’équilibre, roula sur lui-même avant prendre appui sur un genou. Il secoua la tête, un peu sonné, puis lança un regard féroce à l’homme qui venait de le balayer.
Trapu, court sur pattes, le mercenaire ressemblait à un sanglier caparaçonné. Un petit bouclier très maniable protégeait ses organes vitaux ; l’autre bras portait une masse d’arme hérissée de pointes sanguinolentes. Johr reconnut aussitôt la fière allure d’un combattant d’arène. Deux sbires à peine moins impressionnants protégeaient ses flancs.

Johr eut un rictus mauvais, puis éclata de rire en se remettant sur pieds.

Tu vois ça, les Mains Rouges ? Les dieux nous offrent ENFIN une distraction intéressante. Il est temps de remuer tes fesses flétries ! Par Legnar, tu bouges comme une limace empâtée aujourd’hui !

Le regard gris du mercenaire se figea sur la masse d’arme dégoulinante. Malgré le sang coagulé, Johr reconnut le cuir chevelu du jeune blondinet qui lui avait apporté un pichet de bière. Le mousse lui avait donné son nom, mais Johr n’avait pas daigné l’écouter.
Sa bouche hilare se déforma en un rictus haineux ; une voix d’outre-tombe en sortit, plus sinistre que l’enfer de Kendassa :

Gladiateur, tu vas envier le sort de tes camarades que j’ai taillés en pièces.
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