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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa



 
Ouvre la porte.
« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »

Pierre Bottero dans La Huitième Porte.
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 L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa

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Johr Leander

Johr Leander
Mercenaire royal de Gwelnaur
Capitaine des Corbeaux

Wrath, blood and dark


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE : L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa 4d18823fee66756ee3fd3cdc7c291480de617172
LES PARCHEMINS : 398
L'AME : Alex.
LE REGARD : Henry Cavill.
LE TEMPS : 38 ans.
L'ETOILE : Massacrante.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Marié à Héra.
LE DESTIN : Mercenaire & conseiller du roi Amras ↯ Capitaine des Corbeaux.
LE PACTE : Culte du bélier.
LES ROSES : 4657
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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa EmptyVen 17 Avr - 20:50


L'habit ne fait pas la catin



@Johr Leander & @Dellsa aux Mains Rouges.


(suite et apparté de l’intrigue gwelnaur)

Les lourdes portes de l’Écrin doré s’ouvrirent en grand. À l’intérieur, la débauche gagnait en intensité à mesure que les amphores de vin se vidaient.
Un homme à la stature imposante, cheveux gris tombant sur une tunique écarlate, apparut dans l’embrasure tel un démon jaillissant de l’enfer. Ses larges épaules étaient lestées d’une femme remuante au visage masqué (avec un goût douteux). Le mercenaire aguerri scruta la rue et les bâtiments extérieurs d’un regard chargé de menaces.
Cet acte de prudence, ancré par maintes années à sentir les doigts osseux de la mort caresser sa gorge, n’était guère justifié. Les gardes stationnaient en nombre pour sécuriser la fête bénie du roi et des dieux. Des patrouilles sillonnaient la ville pour exercer un ordre autoritaire, sanglant si nécessaire.
Johr avait prévenu Dellsa :

Ouvre ta grande gueule, et je te jette en pâture au premier groupe de soldats frustrés. Ils te violeront tour à tour, puis te trancheront les mains et les pieds avant de les jeter aux chiens. Ensuite, ils abandonneront ton corps ravagé à la merci du tout venant.

Dellsa connaissait ses accès de rage, et les horreurs dont le Gwelnaur était capable dans cet état. Des vices communs à une proportion élevée de la population locale.

Un courant d’air froid s’engouffra à l’intérieur de l’établissement, mais les portiers n’eurent aucun besoin de hâter le mercenaire royal (un risque qu’aucun d’eux n’était enclin à courir). Celui-ci glissa dans la pénombre sans un geste de recul face à la dureté des éléments. Le vent cingla ses joues encore rouges de colère, souleva sa chevelure d’argent. Il passa devant des hommes en arme sans leur témoigner la moindre attention.
L’un d’eux haussa un sourcil circonspect en avisant la démarche arquée du célèbre Johr Leander. L’écartement de ses cuisses indiquait qu’il sortait d’un long galop inconfortable. Ou alors… le soldat réprima ses pensées absurdes avant que le tueur sans pitié entende son rire moqueur.

Johr déposa son fardeau humain contre le mur d’une venelle proche, abritée du vent, qui assurait la jonction entre deux voies principales. Ses mains tirèrent sur le masque affreux qui recouvrait le visage hâlé de la pirate. Un grognement commenta la résistance des attaches, qui cédèrent à une deuxième tentative plus véhémente.

Ah, enfin ! fit-il en jetant le masque à ses pieds, qu’il s’empressa de briser sous un talon hargneux.

Johr contempla le visage familier et revêche avec un mélange de colère, de jubilation et de curiosité.
Dellsa n’avait jamais affiché une beauté sidérante, même dans sa jeunesse qui remontait à une époque antédiluvienne. Toutefois, aucun adepte de Legnar ne pouvait rester insensible au feu indomptable qui brûlait dans ses yeux, à sa bouche fière et son expression farouche.
Une éternelle question intriguait Johr : pourquoi croisait-il sans arrêt cette fripouille, dans des circonstances souvent incongrues ? Y avait-il un sens caché, une volonté divine derrière ces rencontres ?

Tu vas me dire ce que tu foutais là-bas, déguisée en sirène de la nuit ?

Le bras de Johr pointait en direction de l’Écrin doré, où s’amusaient de nombreuses proies de choix pour une roublarde. Mais ce genre de larcin ne collait pas à l’image que Johr se faisait de la pirate. De la femme accomplie que Dellsa était devenue, plus à l’aise avec un sabre d’abordage qu’entre les murs étouffants d’un établissement mondain.

Il l’examina de la tête aux pieds, s’attardant sur les rondeurs, avec le regard qu’offrait un propriétaire de haras à ses juments.

Bon sang, on te confondrait presque avec une femme avec cette robe de catin.

Johr gloussa.
Un signal d’alarme retentit à l’intérieur de son crâne, semblable aux cloches des temples annonciatrices d’une bataille.

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Dellsa aux Mains Rouges

Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”
« to chasing on foolish merchants ! »

LA PROPHETIE :
L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa 35c544cec3c9ac8d6c015201e57f37c965e8421b
~
Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa 23296156


eons ago : mistral - simak - hecktor - johr
nowadays : azran - nérée - siobhan - quête

à venir : merril
aventures achevées : geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue)
L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin.
LES PARCHEMINS : 444
L'AME : La curieuse et faible (Arté)
LE REGARD : Pénélope Cruz
LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée
L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre.
LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur).
LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents
LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi).
LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion.
LES ROSES : 4037
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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa EmptyVen 17 Avr - 23:55


L'habit ne fait pas la catin



@Johr Leander & @Dellsa aux Mains Rouges.


(suite et apparté de l’intrigue gwelnaur)

Elle se faisait l’effet d’un sac lourd et peu manipulable, perchée sur l’épaule de Leander, à se laisser porter docilement grâce aux mises en garde du mercenaire. Il avait l’air un tout petit peu énervé et, un bref instant, Dellsa aurait presque pu s’en inquiéter. Après tout, ce n’était qu’un juste retour de bâton de se faire traiter de la sorte par le colosse : n’avait-elle pas eu la brillante idée de l’effleurer à un endroit sensible ? Ou bien peut-être n’avait-ce été la prise en étau de bijoux sacrément vulnérables qui avait eu tôt fait d’exciter la colère du Corbeau. La réflexion était encore en cours, bien sûr.
Oh, toujours était-il que la menace de la livrer en pâture aux pauvres tocards qui servaient dans la garde normale n’était pas vraiment crédible. Il fallait être aveugle pour ne pas voir la lueur qui brûlait dans les yeux de Johr lorsqu’il l’avait interrompue dans sa fuite, celle qui s’était ajoutée lorsqu’il l’avait reconnue, et celle qui enfin rôdait dans ses iris lorsqu’il avait énoncé les règles du jeu tout en la tenant hissée là-haut. Bon, certes, si on devait être honnête, juchée en hauteur le ventre contre la clavicule de Johr, et maintenue fermement par la poigne du combattant, elle n’avait pu qu’imaginer ce dernier regard plein de morgue et de fièvre mêlées. Ça lui avait collé un frisson délicieux, tiens.

Remarque, maintenant que les portes de l’Ecrin s’ouvraient sur eux et qu’elle surplombait la piétaille de quart, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que Leander aurait peut-être été dans son droit de livrer une pirate à la soldure régulière, même si le prestige que ces imbéciles auraient récolté eût été trop grand pour des incapables comme eux. Coudes posés pour un meilleur maintien sur l’épaule de son porteur, majestueuse presque, la supposée catin scrute le visage d’un des soldats et croit y déceler un infime amusement, possible puisque le Corbeau s’éloigne en tournant le dos à l’impudent.
Au moins un qui trouve la situation hilarante.

Quelques instants plus tard, elle retrouve le sol ferme.
Elle a des picotements dans les jambes à cause de ces conneries, à croire qu’elle a comprimé un nerf trop longtemps parce qu’elle est immobilisée par les fourmis qui remontent de sa cheville jusqu’à sa hanche. Se concentrant pour ne point bouger, consciente que taper du talon ne servira à rien, voire risquera de l’endolorir davantage, elle laisse ainsi le délavé lui arracher son masque et soupire longuement, excédée lorsqu’il jubile presque d’être parvenu à bout de ces attaches. (Dommage, le masque aurait sans doute été un trésor supplémentaire pour Sanza, qui en aurait ignoré la provenance.)
Les voilà qui se jaugent comme ils le peuvent dans une venelle assez mal éclairée. Au moins, ça évitera qu’on louche trop sur son visage à elle. Bon par contre, forcément, avec cet éclairage combiné à sa tenue, les formes de Dellsa ressortent, surtout celles qui sont à moitié dénudées. Tenue de merde. En guise de ponctuation de son long soupir, elle râle sans chercher à hausser le ton :« Tu fais chier. ». Il aurait pu l’entendre tout de même, mais lui-même est lancé et commence son interrogatoire. Dommage, ça lui aurait sans doute fait du bien de l’entendre l’insulter.

Tu vas me dire ce que tu foutais là-bas, déguisée en sirène de la nuit ?

Roulement d’yeux de Dellsa vers les cieux (noirs d’encre) même si le choix des mots garde un certain lien avec la mer et l’amuserait presque. Sans faire mine de répondre, elle croise les bras, c’est qu’il fait quand même sacrément pas chaud dehors dans une ruelle qu’à l’intérieur d’un espace plus ou moins clos, mais en tout cas rempli de monde et de personnes surtout chaudes bouillantes. Idée stupide que d’avoir un décolleté pareil, elle va attraper la mort.
Parlant de son décolleté, Johr semble avoir eu les yeux qui tombent au même endroit, puisqu’il se permet une remarque couillue pour un type qui vient de se les faire broyer : « Bon sang, on te confondrait presque avec une femme avec cette robe de catin. » et le voilà qui se marre.

Elle peut le tabasser, là ?
Bon, ça serait contre-productif, comme méthode. Après tout, à bien y réfléchir, il l’a aidée à sortir de l’Ecrin Doré d’une façon presque discrète. Presque, hein, bien sûr. Il se peut qu’elle lui soit redevable, même si cette simple perspective suffirait à lui foutre un ulcère. La verve est toujours venimeuse et la furie des mers continue de menacer, même sans le toucher (il y a un risque qu’il n’apprécie pas qu’elle frôle une fois supplémentaire ses attributs masculins et qu’il soit beaucoup moins permissif à son égard si elle ose). « Tu sais que j’en ai buté pour moins que ça ? » Ça, l’irrespect dont il n’hésite pas un instant à faire preuve. Évidemment qu’elle est femme à ne pas se laisser marcher dessus, en tout cas pas dans une situation pareille.
Reste quand même qu’elle menace sans arme, parce que son attirail de coutelas est resté avec sa selle, dans les écuries voisines de l’établissement de Talia. « Qu’est-ce que ça peut te foutre, ce que je fais là ? Tu tiens les comptes ? » et de décroiser les bras pour poser ses mains sur le haut du torse du mercenaire et pousser.

Pousser sans aucun effet évidemment.
C’aurait été trop simple.
Et Dellsa d’ancrer ses billes dans celles du géant bien ancré dans le sol, pour continuer d’être aussi charmante qu’à l’accoutumée : « Faut que je te démonte la gueule pour que tu bouges ? »
La protégée de Dellyn a clairement l’air prête à régler cette histoire à mains nues s’il le faut. Tout ça parce qu’elle refuse d’expliquer calmement à un type à qui elle n’a aucun compte à rendre ce qui l’a menée dans ce secteur de Belithrael en cette soirée bénie par les dieux. On peut aussi parier que ça lui arrachera la gueule que d’esquisser une once de remerciement : pour elle, c’est évident qu’elle aurait parfaitement pu sortir tranquillement du bordel.
Demoiselle en détresse, mon cul.
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Johr Leander

Johr Leander
Mercenaire royal de Gwelnaur
Capitaine des Corbeaux

Wrath, blood and dark


Réponse du poète.
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L'AME : Alex.
LE REGARD : Henry Cavill.
LE TEMPS : 38 ans.
L'ETOILE : Massacrante.
LE SANG : Gwelnaur.
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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa EmptyMar 21 Avr - 20:48


L'habit ne fait pas la catin



@Johr Leander & @Dellsa aux Mains Rouges.


(suite et apparté de l’intrigue gwelnaur)

« Tu sais que j’en ai buté pour moins que ça ?  » Évidemment qu’il le savait ! Et c’était une des raisons pour lesquelles Johr se réjouissait toujours de monter à bord de la Pute Borgne. On y voyageait en bonne compagnie (crapules, ivrognes et parieurs) et quand les dieux exauçaient leurs prières, on trouvait matière à rougir sa lame.
Quand ils ne s’étripaient pas pour un peu d’or ou un motif fallacieux (comme une dispute sur l’emplacement d’une tache de naissance chez Germaine la prostituée du port : fesse gauche ou fesse droite ?), les sacripants appréciaient la compagnie de leurs semblables.
Mais Johr Leander, de son point de vue, trônait au-dessus de la grouillante vermine. Vingt années de mercenariat auprès du roi le plus sanglant d’Elenath prouvaient ses mérites. Il ambitionnait d’éteindre plus d’âmes humaines qu’il y a d’étoiles dans le ciel. (Un ciel dégagé, pas comme la chappe d’obscurité qui recouvrait Belithrael cette nuit-là.) Par conséquent, la comparaison allusive à ces êtres inférieurs fit bouillonner son sang sauvage.

Tu parles de tous ces guignols sans rien dans le futal, remuant avec maladresse des bras trop faibles pour tenir un sabre ? Même une vieille pute borgne réussirait à leur ôter la vie !

Il éclata de rire. Son visage exsudait de l’arrogance par tous les pores de la peau.

Maintenant que tu as tâté mes bijoux, pirate, tu es bien placée pour savoir que je suis mieux membré que ces crevettes d’eau douce.

Euphémisme. (La manière dont Dellsa l’avait tâté, pas la membrure du mercenaire.) Car le terme écrabouillé dans une poigne de fer aurait mieux décrit le traitement infligé à ses attributs masculins.
Johr lui lança un regard de défi. Comme une provocation à réitérer la manœuvre, alors sa stature imposante la dominait. Cette fois, il lui briserait le cou avant qu’elle ne réduise ses bourses en bouillie.

Évidemment, Dellsa ne se laissa pas compter.
Johr s’y attendait. Il l’espérait. Dellsa ne dirigerait pas un navire de forbans si elle courbait facilement l’échine.

Ainsi, les mains rouges essayèrent en vain de bouger sa masse solidement campée sur ses deux jambes. Johr résista à la pression avec un grognement sourd qui évoquait les prémices d’une éruption volcanique. « Faut que je te démonte la gueule pour que tu bouges ? » Par Legnar ! Le monde manquait de femmes capables d’invectiver le mercenaire royal de cette manière, droit dans les yeux.
L’humeur de Johr passa au premier stade de l’explosion. Pourtant, la colère jouait seulement un rôle mineur lorsqu’il vociféra avec force postillons.

Bien sûr que je tiens les comptes, cervelle de poulpe ! Je suis un mercenaire, et on offre une belle récompense pour ta jolie petite tête – avec ou sans le reste du corps.

Rapides comme la détente d’un cobra, les mains vigoureuses de Johr saisirent les poignets de la pirate et les emprisonnèrent dans un étau d’acier. Poussée par une force irrésistible, Dellsa se retrouva les bras plaqués contre le mur derrière elle, à hauteur d’épaules.

Si je te torture moi-même, Dellsa les Mains Rouges, je pourrai même te faire cracher l’emplacement de la Pute Borgne et empocher une prime supplémentaire. Qu’est-ce que tu dis de ça ?

Leurs visages se rapprochèrent. Malgré le froid de la nuit, le souffle ardent de Johr semblait sortir de l’âtre grassement nourri. (Les vapeurs aromatiques du vin en sus.) Des flammes dansaient avec impétuosité dans ses yeux gris. Toutefois, une boucanière expérimentée comme Dellsa pouvait lire sur ses traits endurcis l’absence d’intention mortelle à son égard.

Je t’ai fait sortir de cet établissement orgiaque, où tu nageais comme une poule peinturlurée en rouge au milieu des requins ! Par Legnar, la moitié des invités paieraient un monceau d’or le privilège de t’écorcher vive avec un coutelas mal aiguisé.

Le rire épais de Johr résonna à nouveau. Il baissa les yeux sur le décolleté plongeant.

Tu crois qu’il suffit d’une robe affriolante et d’un masque de mauvais goût pour circuler incognito ? Les nobles ont une posture altière, des gestes raffinés ; les putains roulent des hanches et vendent leurs atouts rondelants. Toi, la terreur des mers, tu marches sur la terre ferme comme un crabe sur une plage de galets. Gwelnaur n’est plus ton monde depuis trop d’hivers, tu en oublies même de te couvrir convenablement. Même ta verve franchit les limites : lorsque tu ouvres la bouche, c’est pour cracher un fiel plus corrosif que le vent salé de la mer.

Il décolla leurs mains du mur, avant de plaquer à nouveau les bras de Dellsa. Brutalement. La respiration de Johr s’accélérait. Il prenait un grand plaisir à jouer ainsi avec la pirate.
Et y trouverait son intérêt, d’une manière ou d’une autre.

Alors maintenant, tu vas me donner une bonne raison de t’accorder une chance de rejoindre ton équipage. Ou c’est toi, capitaine, qui va devoir échapper à une horde de bâtards assoiffés de sang et de stupre.

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à venir : merril
aventures achevées : geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue)
L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin.
LES PARCHEMINS : 444
L'AME : La curieuse et faible (Arté)
LE REGARD : Pénélope Cruz
LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée
L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre.
LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur).
LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents
LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi).
LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion.
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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa EmptyJeu 23 Avr - 16:05


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(suite et apparté de l’intrigue gwelnaur)

Courant chez les marins, le besoin de faire des phrases se retrouve aussi chez Dellsa dès lors qu’elle se sent en position incertaine. Oh, bien sûr, ses palabres sont dépourvues de douceur et elle aboie plus qu’elle ne cherche à enjoliver ses insultes. Ce n’est ni le lieu, ni le moment, d’enrober ses ordres de fioritures : l’heure est à l’urgence. C’est que, si quitter Belithrael lui prend trop de temps, elle risque d’arriver sur les côtes d’Ossam alors que le soleil sera déjà levé : difficile de reprendre la mer avec discrétion si l’on peut repérer de loin l’embarcation qui est censée venir la cueillir peu avant l’aube. Il était prévu qu’elle éperonne toute la nuit pour réussir ce tour, mais coincée contre un mur froid par une masse de muscles immobile, elle redoute d’avoir déjà échoué avant même de s’en être tirée. De plus, furie à la manière d’un chien enragé, la voilà qui découvre les crocs et tente d’impressionner le clébard qui l’empêche de s’envoler. Peine perdue, le faquin est tout aussi furieux qu’elle et, en lieu et place de la bave, ce sont de postillons dont Leander lui repeint la face. L’impudent le paiera, ou l’a peut-être déjà payé, à vrai dire. À lui reparler de ses bourses, il semble avoir quelque dent contre celle qui a cru pouvoir les lui broyer sans en payer les conséquences.
Si tout s’était passé comme prévu, le mercenaire privé de sa virilité aurait laissé le champ libre et elle aurait pu prendre le large sans demander son reste.

Hélas!, songe-t-elle encore alors que la montagne de chair ne frémit pas d’un iota.
Elle aurait dû lui coller un coup de genou dans les couilles.
Ça n’aurait rien arrangé entre eux, mais il aurait cédé du terrain au moins.

Alors que là, avec les poignets dans les serres du Corbeau et les bras pressés contre la façade, la boucanière réévalue la pertinence d’une tactique de pilonnage d’une partie d’anatomie déjà endolorie. Si elle ne met néanmoins pas à exécution pareil stratagème, c’est que le long jupon qui lui couvre les jambes n’est pas suffisamment large. Pas que ça la dérangerait de le déchirer de force, mais ses mouvements entravés ne seront jamais assez rapides pour surprendre son interlocuteur. Il s’amuse, lui, de la situation -n’importe qui ferait pareil, reconnaît Dellsa. À la menacer de la débarrasser de son chef, de sa dignité, ou de la faire souffrir mille morts, il a cet air dément qui lui déforme le faciès. Malgré l’ire non-contenue, malgré les promesses horrifiantes qu’il lui fait, c’est d’un sourire moqueur qu’elle accueille ses mots. Parce qu’il ment, et elle est bien heureuse de le connaître depuis si longtemps pour savoir déchiffrer certaines de ses grimaces. La farce est grotesque et elle siffle, railleuse, la tête légèrement penchée sur le côté pour le regarder par en-dessous : « C’est bon ? Cesse ? » Il n’y a qu’eux dans ce coin de ruelle, nul besoin que de tenter de l’effrayer. Si elle sait bien que le monde regorge de monstres, elle considère qu’elle ne risque rien avec l’un d’eux ce soir. Il confirme, en donnant sa version des évènements, à se peindre comme un preux chevalier secourant une dame en détresse alors qu’elle lève une nouvelle fois les yeux au ciel. « Je t’ai fait sortir de cet établissement orgiaque, où tu nageais comme une poule peinturlurée en rouge au milieu des requins ! Par Legnar, la moitié des invités paieraient un monceau d’or le privilège de t’écorcher vive avec un coutelas mal aiguisé. »  Elle ricane, le son se mêlant au rire de Johr, et commente brièvement : « C’était tout l’intérêt de ce masque, hé. » pour finalement se faire rabrouer par le Délavé. Un soupir s’échappe d’entre ses lèvres, soulevant sa poitrine toujours peu couverte. La description qu’il fait de sa démarche est peu flatteuse mais le rictus s’élargit quand elle songe à celle qu’il devait avoir après la rencontre hostile entre sa main et ses piches. Elle ne dit rien, jusqu’à ce que Johr critique sa façon encore de s’adresser aux gens ( lorsque tu ouvres la bouche, c’est pour cracher un fiel plus corrosif que le vent salé de la mer.). Tout doux. Là, elle hoche du chef et en prend son parti : « Venant de toi, je prends ça pour un compliment. Tu me lâches ? », insiste-t-elle néanmoins, en vain encore.

Car voilà que, si les menottes sont désormais libérées du joug masculin, il n’en est pas encore de même de son buste, bloqué entre ses bras. Et l’ultimatum tombe, dévoilant le couperet qui ne semble être retenu qu’à un fil. À la bonne heure. Elle s’avachit vaguement contre le mur, consciente qu’elle ne pourra s’écarter que lorsqu’il aura décidé d’être raisonnable. Lutter contre la masse musculaire de Johr ne marche que si on le prend de vitesse, mais elle le sait alerte et prêt à réagir vivement si elle essaie quoi que ce soit d’autre. Alors il va falloir manœuvrer face au vent, tirer des bords, et le faire avant qu’on ne vienne à passer par cette ruelle pour l’heure déserte. Avec un peu de chance, les fêtards vont encore rester longtemps à l’intérieur du bordel. Ça lui laisse le temps de négocier. Ou d’essayer de faire appel à son bon sens ?
Mh.
Vaut mieux pas trop rêver.

« Tu veux juste une bonne raison ? Laisse-moi deviner, si je propose de te faire cadeau d’une bourse supplémentaire pour me faire pardonner d’avoir malmené les tiennes, ça passe pas, hein ? » Sa bouche se tord en une moue dépitée, les sourcils se froncent légèrement comme si elle était bien embêtée, et elle se maudit de n’avoir pas glissé un stylet dans une des manches évasées de cette foutue robe. « Donc une vraie bonne raison… Hm. Serait-ce un piège, Messire Corbeau ? » Ses lippes s’étirent en un sourire carnassier tandis qu’elle tend le cou vers lui, sans vraiment bouger le reste de son corps. « Je suis pressée, tu sais. » Lui préciser pourquoi ? Elle doute que ce ne soit une bonne idée. « Sinon tu te doutes bien qu’un type aussi puissant que toi, œillade ourlée tandis qu’elle le détaille brièvement de haut en bas, aurait pu faire ce qu’il voulait d’une pauvre et frêle femme comme moi… » Hein, quoi ? Frêle ? Le mot n’est clairement choisi que pour prêter à rire, et la face hilare de la pirate reste rieuse pour poursuivre : « Quand tu dis « horde de bâtards assoiffés de sang et de stupre », on est bien d’accord que tu te comprends dans le lot, hein ? » C’est qu’il y était lui aussi, à cette soirée orgiaque, allons.

Que fait-elle exactement, me demanderez-vous ? Elle cherche simplement à lui faire relâcher son emprise pour pouvoir lui coller un coup de coude dans le nez, ou le ventre, ou ailleurs. C’est une de ces idées brillantes qu’elle ne peut pas encore mettre en application, mais elle garde ça dans un coin de sa tête, presque sottement. Ça pourrait continuer comme ça, elle minauderait encore un peu, tenterait d’endormir la méfiance du chat échaudé. Oui, peut-être bien qu’elle y arriverait, à l’aiguiller vers d’autres considérations bien moins sanglantes. Mais c’est sans compter sur des soûlards trempant dans les affaires louches qui s’approchent goguenards.
De loin, les pauvres hères en mal d’argent et alcoolisés (en mal d’argent parce que trop alcoolisés, si on en croit leur logeuse) voient un vieux type qui leur rappelle vaguement quelque chose, sans qu’ils ne puissent mettre le doigt dessus : les sots ! Leur esprit trop embrumé les empêche de comprendre que les cheveux blancs du colosse sont loin d’être un signe de sénilité -quoique. Le pensant sénescent vieillard en train de susurrer des mots doux à une raclure dont la mine et la tenue indiquent à l’évidence la carrière, ils y voient l’occasion de délester un vieux bourgeois de sa bourse (encore une histoire de bourse, cela tourne à la maniaquerie, semble-t-il). Ainsi, les deux malfrats approchent en faisant le moins de bruit possible, profitant d’être dans le dos de Johr. La menace qu’ils représentent est toutefois perçue par Dellsa : leurs mouvements sont en effet loin d’être discrets car, rappelons-le, ils sont ivres pas-totalement-morts. Et, charmante, modèle d’honnête femme voulant aider son prochain, presque sainte avec la main sur le cœur, la voilà qui alerte sans changer de ton le mercenaire, avec un « Tiens, des potes à toi… » tandis que les imbéciles sont à portée de coutelas. En voilà une belle diversion, Dellyn doit décidément avoir sa protégée à la bonne ce soir.
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Johr Leander

Johr Leander
Mercenaire royal de Gwelnaur
Capitaine des Corbeaux

Wrath, blood and dark


Réponse du poète.
▬ LES AMES CROISEES.:
LA PROPHETIE : L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa 4d18823fee66756ee3fd3cdc7c291480de617172
LES PARCHEMINS : 398
L'AME : Alex.
LE REGARD : Henry Cavill.
LE TEMPS : 38 ans.
L'ETOILE : Massacrante.
LE SANG : Gwelnaur.
LE FEU : Marié à Héra.
LE DESTIN : Mercenaire & conseiller du roi Amras ↯ Capitaine des Corbeaux.
LE PACTE : Culte du bélier.
LES ROSES : 4657
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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa EmptyDim 26 Avr - 14:40


L'habit ne fait pas la catin



@Johr Leander & @Dellsa aux Mains Rouges.


(suite et apparté de l’intrigue gwelnaur)

Dellsa n’avait décidément qu’un mot à la bouche ce soir. Celui désignant ce qu’une catin à genoux tenait parfois dans la bouche, d’ailleurs. Mais Johr ne pousserait jamais le vice jusqu’à imposer cette position déshonorante à sa vieille… amie ? Partenaire, plutôt. Entre canailles plus ou moins du même bord (on n’était pas à quelques villageois ou embarcations gwelnaurs près, il arrivait aussi à l’épée de Johr glisser malencontreusement de son fourreau…), un minimum de dignité s’imposait.

Il va falloir réfléchir à ta soudaine obsession pour les bourses, pirate. Tes coffres sont à sec ? Ou c’est ton antre poussiéreux qui s’assèche avec l’âge ? (Johr rit avec entrain. Il avait rarement l’occasion de jouter verbalement de la sorte.) Dellsa aux Mains Chipeuses de Bourses t’irait peut-être mieux. Ou Dellsa qui Débourse plus vite que le Vent. (Il reprit un air vaguement sérieux. Celui qu’il affichait parfois avant de trancher une gorge.) Allons, tu sais que le roi rétribue généreusement mes services. Trouve mieux qu’une poignée de pièces jetées en pâture. D’autant que je risque de me vexer si tu offres une bourse plus grosse que les miennes.

Les yeux du mercenaire pétillèrent de malice et de curiosité. Durant le court trajet de l’Écrin doré à cette venelle, son imagination s’était mise à l’œuvre. À présent, il avait une idée claire de ce qu’il voulait obtenir de la capitaine pirate. Mais une demande directe aurait sans doute essuyé un refus. Il y avait une manière de traiter avec Dellsa, qui n’était pas celle des soldats ou des commerçants. Et surtout, la négociation –car c’en était une– était bien plus drôle ainsi.
Quelle proposition excentrique allait jaillir de cette créature indomptable ?

Aucune.

Johr aurait dû s’en douter. Il avait affaire à une pirate à la cervelle rongée par le sel et le vin, pas une diplomate thoron à l’intelligence débridée… Pourtant, là où les langues négociatrices méritaient d’être coupées (avant d’être restituées à leurs propriétaires au moment du dîner, cuites à point), celle de Dellsa donnait envie de… jouer.

Tu as raison, frêle catin aux mains cruelles. Mais si tu persistes à me faire tourner en bourrique, il se pourrait que je te presse au point de franchir les portes de ta cabine.

Il montra les dents, farouche tel un animal prêt à mordre. Ou à copuler – les deux allaient ensemble, chez les fauves. Sa robuste carrure s’imposa ostensiblement à la coquine qui avait jeté moult épéistes par-dessus bord, ventres rougis de sa lame experte.
Quelle femme !
Le regard de Johr plongea sans discrétion aucune dans le décolleté toujours aussi affriolant. Il fallait reconnaître à cette robe indigne de Dellsa quelques avantages.

C’est qu’il y a à boire et à manger, dans ce copieux menu que tu exposes au tout-venant. Et tu connais mon grand appétit.

Évoquait-il les gros quartiers de viande et pichets de vin que son organisme devait ingurgiter pour entretenir son puissant gabarit ? Ou d’un appétit plus bas que le ventre ? En plus de repousser le froid de la nuit, l’ambiguïté sulfureuse mettait du piment dans cette rencontre singulière.

À présent, Dellsa voulait lui faire croire qu’ils avaient de la compagnie ! Johr avait passé l’âge de se laisser distraire par un soi-disant éléphant rose en promenade au milieu du ciel.
Il ne bougea pas d’un pouce.

C’est ça, et la marmotte…

Hé ! Le vioc ! La bourse ou la vie !



Par Legnar ! Quelle sombre malédiction s’abattait sur lui ? Pourquoi le monde entier s’acharnait sur ses bourses ? Encore une vilénie en rapport avec la soirée orgiaque, ou un vil sortilège d’Hera !
Cette fois, Johr Leander laisse exploser sa colère.

Sa poitrine épaisse se souleva à un rythme rapide alors que des grognements sortaient de sa bouche. Les lèvres tremblèrent de rage, et les feux follets dansant dans ses yeux gris s’étaient embrasés dans un brasier effrayant.

Un chacun, et je te fais une proposition qui nous profitera à tous les deux. Si tu me fais attendre, pirate, elle profitera surtout à moi.

Johr n’avait pas encore bougé. S’il se trouvait toujours en face de Dellsa et s’adressait à elle, il ne la voyait plus. En revanche, il sentait le contact froid d’une lame sur sa nuque. La peau était assez brûlante pour réchauffer le métal menaçant.

La voix terrifiante du soi-disant vieillard sénile finit par atteindre la cervelle baignant dans un macérat alcoolisé du videur de bourse. Ou peut-être que le sens des proportions lui revenait, et qu’il réalisait la largeur des épaules inhumaines – en particulier chez un homme d’un âge avancé.
Le bras du malfrat, déjà peu assuré, réagit avec un spasme incontrôlé. Le tranchant de la lame pénétra la chair.

Vif comme un tigre, Johr pivota sur lui-même en écartant la main armée. Un bond le projeta sur le flanc du coupable.

Fils de pute ! rugit le tueur.

(L’homme était assez jeune pour être le fils caché de Dellsa… avec une petite ressemblance physique. Il y avait de quoi s’interroger !)

La main impitoyable du mercenaire pressa le poignet tenant la lame, lui imposant une chute vers le bas. Manœuvre calculée  : le tranchant métallique du poignard lacéra la robe de Dellsa dans sa partie inférieure… permettant à celle-ci de bouger les jambes avec aisance.
Allait-elle prendre la poudre d’escampette ? Ou se joindre à la mêlée ?

Le poing libre de Johr rencontra le nez de son adversaire, qui éclata sous l’impact. Puis ce fut le tour du crâne, qui explosa à la manière d’un melon bien juteux après plusieurs rendez-vous brutaux contre le mur.

Me voici avec les Mains Rouges ! s’esclaffa Johr en regardant ses mains maculées de sang et débris de cervelle.

La plaisanterie ne volait pas haut. Elle touchait plutôt le fond. C’était inévitable, lorsqu’on fréquentait des pirates…
Dellsa en aurait peut-être une meilleure à raconter.

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Dellsa aux Mains Rouges

Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”
« to chasing on foolish merchants ! »

LA PROPHETIE :
L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa 35c544cec3c9ac8d6c015201e57f37c965e8421b
~
Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa 23296156


eons ago : mistral - simak - hecktor - johr
nowadays : azran - nérée - siobhan - quête

à venir : merril
aventures achevées : geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue)
L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin.
LES PARCHEMINS : 444
L'AME : La curieuse et faible (Arté)
LE REGARD : Pénélope Cruz
LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée
L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre.
LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur).
LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents
LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi).
LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion.
LES ROSES : 4037
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L'habit ne fait pas la catin ↯ Dellsa EmptyLun 27 Avr - 22:28


L'habit ne fait pas la catin



@Johr Leander & @Dellsa aux Mains Rouges.


(suite et apparté de l’intrigue gwelnaur)

[tw: BEWARE - du sang, de la violence, des trucs dégueux]

Surexcité, le Leander, ce soir.
Déjà que d’habitude il avait la verve agressive et incisive, ce soir c’était festival.
Il avait bouffé du lion ou quoi ?

Bon, au moins, elle avait bien interprété les regards et les paroles qu’il avait échangés avec elle depuis leurs retrouvailles étroites. Cela n’avait rien d’un exploit, cela dit. En effet, niveau subtilité, ni l’un ni l’autre n’avaient cherché à y aller avec des pincettes et c’était plutôt avec de gros sabots qu’ils enfonçaient les portes et jouaient avec les nerfs de l’interlocuteur face à eux. Et vu qu’elle avait relancé le jeu de s’allumer avec aussi peu de doigté qu’un commandant en plein dans la mêlée sanglante d’un champ de bataille, elle était ravie de voir que ça prenait sans grande difficulté.  Difficile de ne pas percevoir l’œillade outrageusement plongeante du Corbeau dans le décolleté pigeonnant de la murène.

Par contre, elle avait vaguement essayé de l’avertir et évidemment, Johr n’avait pas voulu croire à son annonce, vu qu’ils jouaient. Et de le juger des prunelles en secouant presqu’imperceptiblement la tête de gauche à droite lorsque Troufion Premier eut la bonne idée de menacer le colosse et qu’elle put lire la surprise dans les billes du mercenaire, l’air de lui dire hé je t’avais prévenu.
Oh, il était excédé.
Ça sentait pas bon ça, mais pas bon pour les deux brigands amateurs,
Cela dit, elle, elle s’en tirait sacrément bien, en fait.

Arrangement proposé, et elle acquiesça sans qu’il n’ait l’air de réagir : « Entendu. » Elle avait toujours aimé taper sur les gens. Bon, sa tenue n’était pas des plus adéquates, mais ça ne ferait que lui donner l’avantage de la surprise sur sa cible. Dès lors que la lame avait lacéré sa robe et que le fils de Legnar s’était octroyé le droit de repeindre un pan de mur sans en parler à la maréchaussée, en s’écartant, Dellsa put de nouveau bouger. Bien qu’elle hésitât un bref instant à foutre le camp et à laisser ce balourd de Leander se démerder tout seul pour lui passer l’envie de la menacer de la livrer à des soldats, elle avait quand même donné son accord pour dézinguer leurs agresseurs à deux. Par conséquent, la fuite aurait été un déshonneur.
Et Dellsa de sauter presque dans les bras de l’autre malfrat pour profiter de la surprise qu’il avait de se retrouver avec une femme à la tenue de plus suggestives... laquelle lui colla un coup de genou dans les bourses (promis, c’est la dernière fois qu’on parle de cette région anatomique -quoique...) et de façon fort peu loyale -mais se battre à la loyale dans un combat de rue, ça revenait à crever sottement neuf fois que dix- lui enfonça les doigts de la main droite dans les orbites. Et appuya au plus profond, comme pour lui percer les yeux.

Ah, forcément, ça gueule les pourceaux quand on les effleure dans des endroits sensibles!

Son adversaire était néanmoins pourvu d’un coutelas aussi aiguisé que le précédent et il se débattait avec, visant au hasard sans rien voir puisqu’il était aveugle voire bientôt énucléé, zébrant l’avant-bras de la pirate à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’elle s’empare du poignet frénétique (alors qu’il aurait sans doute pu la planter par chance) et force avec une puissance insoupçonnée chez une femme pour retourner la lame contre son détenteur..

La respiration de la boucanière était erratique, elle avait chaud, elle était concentrée et il fallut finalement qu’elle appuie avec son ventre sur leurs mains liées pour réussir à lui percer le ventre. Après une infime résistance, le tissu et la peau du gueux cédèrent et la lame s’enfonça sans plus de résistance. Elle y était presque et tout en jurant à qui mieux mieux, tandis que le vaurien gémissait de douleur, elle poussa la lame sur le côté, et le tranchant termina d’éviscérer son porteur qui rendit l’âme dans la foulée.

Autant vous dire que, prise dans une lutte sauvage pour sa propre survie, Dellsa n’avait pas vraiment écouté la boutade de Johr. Exaspérée, essoufflée, la tenue ruinée par le sang de sa victime, en nage, elle contempla le cadavre qui avait glissé à terre et écarta quelques mèches de ses cheveux à elle de son champ de vision d’une main ensanglantée, tout en poussant un râle presque soulagé. Son souffle brûlant faisait de la fumée blanche dans la nuit et elle se retourna enfin vers Johr aux Mains Rouges. À cette vision irréelle, son cerveau daigna analyser la phrase perçue quelques instants plus tôt. Un sourire narquois s’étirait sur ses lippes tandis qu’elle lui montrait le dos des siennes (un peu de son sang, un peu de celui du mort) :  « Bienvenue dans la famille, alors ! » Remarque, fallait peut-être pas trop ricaner avec ça, parce que mine de rien, il risquait de la prendre au mot, ce con.

Fort heureusement, Dellyn frappe encore : un cri.
Non pardon, un hurlement horrible.
Pas un cochon qu’on égorge, non.
Une pute qu’on dévore.
L’horreur était ainsi charriée par une voix qui n’avait plus grand chose d’humains, stridente et gutturale à la fois, un râle qu’on ne peut que beugler aux portes des Enfers.

« Qu’est-ce que... »

Dans la ruelle principale, perpendiculaire à leur artère puant la mort et l’odeur ferrique du sang versé, un mouvement de foule semble quitter l’Ecrin Doré avec force mugissements et vagissements. Le tumulte intriguait la pirate et un mot répété et répercuté contre les murs étroits leur parvint bientôt.

Des goules.
Elle dévisagea son compère :
« C’est quoi ce foutoir ?! »
En vérité, il fallait juste qu’elle arrête de descendre à terre. Y avait toujours une connerie une fois qu’on était à l’intérieur des terres, avec des monstres qui n’iraient jamais sur la mer. Elle se baissa un bref instant pour récupérer le cure-dent de la main du type gisant par terre, les boyaux à l’air libre. Un spasme secoua la carcasse mais non, le pauvre hère avait bel et bien rendu l’âme. Et lorsqu’elle se redressa, armée, elle semblait demander à Johr ce qu’ils devaient faire.
Pardon non, je corrige : vu la lueur au fond des prunelles de la protégée de Dellyn, il semblait plutôt qu’elle lui proposait d’aller sciemment se jeter dans la gueule du loup.
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