« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Quitter les côtes de la Mer Isolée a fait le plus grand bien à l’ensemble de l’équipage qui reprenait des couleurs au fur et à mesure qu’on se rapprochait des côtes de l’océan rocheux. Oubliés, les aléas des tempêtes, les accidents dans la mâture, bref les mauvais souvenirs des périodes tendues. Dellsa a décidé qu’il était nécessaire de partir de l’autre côté du continent, en espérant que le mercenaire croisé n’aurait pas l’idée de braver les gardes-frontières de Gwelnaur. Ils avaient mis sept jours pour retrouver les eaux familières semées d’écueils, et pour fêter ça, il y avait quart de liberté pour ceux qui avaient de quoi se vider les poches dans un bouge mal-famé dont raffolaient les gibiers de potence : Ossam les appelait, leur tendait ses doigts crochus de mendiant léprosé et attendait dans l’ombre que les forbans écument leurs trésors accumulés pendant cette période plutôt maigre. L’hiver toucherait bientôt à sa fin et, avec, reprendraient les attaques plus constantes et les butins plus juteux. Autant profiter du sol ferme tant qu’on le pouvait, c’est du moins ce qu’avait considéré la capitaine de la Pute borgne lorsqu’elle avait fait jeter l’ancre au large de la cité tristement célèbre pour être le plus grand coupe-gorge du continent.
Un instant, un seul, elle s’était demandée si c’était le bon moment pour amener Sanza à terre un peu... mais au regard des poignards que certains de son équipage fixaient à leur ceinturon, elle décida qu’il était plus prudent de ne pas embarquer la gamine dans une aventure dont l’issue pouvait toujours dégénérer. Quant à elle-même, était-il sage que la capitaine quitte le navire et descende à terre alors qu’à peine dix jours plus tôt, on l’avait renseignée sur le prix qui pesait sur sa tête en Heledir ? Boarf, c'était sans risque que Dame Heledir réussisse à l'occire ici : de un, c’était les États de Gwelnaur, et de deux, et plus important encore, c’était Ossam. Elle savait dans quoi elle se lançait, elle connaissait la ville et ses recoins pour y avoir erré et brigandé dans ses jeunes années et elle savait aussi qu’elle avait sacrément besoin de se dégourdir les jambes autrement que sur les planches de son galion. Piaffant presque comme un étalon, Dellsa avait donc laissé des êtres de confiance sur le navire, confiant sa progéniture à leur garde sure, inébranlable et bien entendu conséquente. Et puis elle avait rejoint les fêtards dans une chaloupe et ils avaient ramé jusqu’à atteindre les quais d’Ossam alors que le soleil entamait sa descente vers la mer et que le ciel se teintait de rouge et d’ocre.
Dellsa aimait les symboles. Son nom choisi en était un parmi tant d’autres, et entrer dans la première taverne quand on arrivait du port, illuminée par la lumière rougeoyante du coucher de soleil correspondait parfaitement au genre de mise en scène qu’elle savait apprécier. Menant sa troupe, elle pénétra ainsi dans la taverne des Chiens rebelles, qui accueillait pour la plupart un public maritime qui venait hydrater son gosier par de nombreux alcools, qui parfois provenaient du recel des boucaniers. Néanmoins, pénétrant dans le royaume des tords-boyaux, une fois réhabituée aux vapeurs de l’éther, à la fumée des pipes, et à l’odeur de musc envahissant, elle put constater qu’il y en avait un autre qui avait bien choisi ses symboles et trônait presque comme un roi au centre de la vaste salle principale. Cliquetant de toutes les boucles (ceinturon, oreilles, bijoux variés), la capitaine de la Pute Borgne n’hésita pas longtemps avant d’aller saluer le compère ainsi repéré, tandis que la troupe l’accompagnant se divisait pour aller retrouver quelques uns de leurs compagnons d’infortune, reconnus çà et là.
« Capitaine Surion, en voilà une bonne surprise. », commença-t-elle à miauler, un sourire carnassier qui s’étirait de part et d’autre de ses lippes, avant de s’estomper légèrement. Et de récupérer un tabouret branlant sur la table d’à côté pour s’asseoir près de lui, en poursuivant : « J’ai pourtant pas vu le Chien de Mer au port : rassure-moi, tu l’as quand même pas coulé par le fond ? Un si beau navire… » Il l’avait sans doute laissé mouiller au large, comme elle avait fait avec le sien, mais ça valait quand même le coup de se renseigner. Tout en tendant l’oreille, elle s’interrompit un instant pour tendre la main vers le verre d’Azran, en renifler le contenu un instant, et ancrer ses prunelles dans celles du Requin, une étincelle mutine dans les yeux, l’air de demander si elle pouvait, sans formuler les mots. Instant suspendu, hésitation infime dans la provocation raisonnable. Déjà qu’elle venait se poser avec lui, il ne fallait peut-être pas quand même qu’elle abuse à ce point de la patience du forban. Autant attendre de voir s’il l’autoriserait à goûter son verre. C’est qu’elle ne savait pas encore ce qu’elle voulait picoler, et elle avait toujours eu la mauvaise manie de s’arroger les verres de ses camarades, voire ceux de ses amants, le temps de dissiper un doute.
Dernière édition par Dellsa aux Mains Rouges le Mar 21 Avr - 9:51, édité 1 fois
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
Grossièrement affalé, sa mâchoire reposant sur son poing lui-même perché au bout du bras dont le coude reposait sur l’accoudoir de la chaise où siégeait son royal derrière, Azran était perdu dans ses pensées. C’était visible. C’était évident, même. Comme le nez au milieu de la figure. Comme le fait que Simak devait forcément vouloir compenser quelque chose avec ses gros muscles. Il vaguait au-delà des terres, au-delà des mers, dans une galaxie lointaine, très lointaine. Perdu dans le vide assourdissant de son esprit, où il avait volontairement oublié sa boussole. Et ses yeux étaient animés d’étranges formes. Peut-être la représentation de ses démons, dansant depuis derrière ses pupilles. Peut-être simplement le reflet des différentes sources lumineuses de la pièce, de celles qui si simplement vacillent. Sa main libre planait dans les airs, les doigts la composant se tordant dans autant de positions qui pouvaient faire croire qu’ils étaient désarticulés, tandis qu’il jouait distraitement avec ses différentes bagues et chevalières dorées. C’était là une de ses rêveries, de celles auxquelles son équipage était habitué. Elles lui permettaient de réfléchir, respirer, faire le tri. Se vider un esprit qui bien souvent se faisait trop rempli.
Et puis un bruit le ramena à la réalité, un appel qui semblait lui être adressé. Le Requin chassa les fantômes qui hantaient son regard afin d’en réaffirmer le contrôle, et le dirigea vers son importune invitée dont la vision étira ses lèvres en un sourire autant qu’elle haussa ses sourcils en une surprise. « Bella Cuisse-Bronzée ! Comme tu dis ! » Le rouquin décolla son visage de ses phalanges, et se redressa dans sa chaise le temps que la charmante capitaine ne vienne s’asseoir sur un tabouret dont le branlement d’un des pieds n’était pas sans évoquer une activité de prédilection des plus solitaires des hommes. « J’ai pourtant pas vu le Chien de Mer au port : rassure-moi, tu l’as quand même pas coulé par le fond ? Un si beau navire… » Un ricanement secoua la gorge du prédateur qui s’humecta les lèvres avant de répondre. « Malheureusement si, tu as bien deviné. Mais la fortune me sourit puisque tu es là. Je n’ai plus qu’à saisir le tien. » Avec une agilité féline, Azran saisit la main qui venait de s’emparer de sa boisson. Ses yeux clairs défiaient en silence la pirate d’oser ne fut-ce que poser ses délicieuses lèvres sur la chope qui était sienne. La menace n’était que renforcée par l’assurance que la quasi-totalité de son langage corporel convoyait. Seul son sourire en coin qu’il n’avait pas réussi à déloger trahissait l’absence de sérieux de cet échange. Un doute fictif apparut sur son visage, et Azran observa la salle entière du regard. Puis, sourcils froncés, il recula sa chaise afin de pouvoir observer sous la table, avant de concentrer sa recherche imaginaire autour du personnage de Dellsa, sans nullement se priver de profiter de la vue qu’il avait à disposition. « Tout compte fait, j’imagine que si ta petite n’est pas là c’est qu’elle est toujours à bord de la Pute. Tant pis, j’attendrai l’arrivée du prochain trois-mâts d’assoiffés. »
La prise qu’il avait sur sa proie s’affaiblit. Deux de ses doigts s’immiscèrent sous la manche blanche de la belle à la recherche d’un contact, puis il retira sa main pour faire signe au tavernier de son envie d’être resservi. Sa silhouette se replaça confortablement dans son trône de fortune, faisant fi de toutes les manières que ses années à la cour avaient pu lui inculquer. Mais pendant tout ce temps, son sourire n’avait pas quitté ses lèvres, et son regard n’avait pas quitté son interlocutrice. « Alors raconte-moi, que fais-tu ici ? Moi je suis venu noyer mon chagrin dans une taverne dont le nom m’évoque ce que j’ai échoué. Mais qu’y a-t-il pour tes mains rouges dans la ville la plus malfamée du continent ? » Alors qu’il finissait de poser sa question, une jeune serveuse vint lui apporter la boisson qu’il avait commandée. Il la remercia en silence, leva son nouveau breuvage à la santé de son invitée, et porta le liquide fermenté à ses lèvres sans la quitter du regard.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
À observer le Requin par en-dessous, Dellsa songe que ça fait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu en si bonnes dispositions. Le simple fait qu’il menace de façon aussi charmante son propre rafiot arrache un ricanement désabusé à la brune qui voudrait s’appuyer sur un dossier ne serait-ce que pour profiter du spectacle qu’il lui offre, mais est aux premières loges, le poignet maintenu par Azran. Et la femme de n’en sourire que de plus belle, réponse au rictus en coin de son compère. Oh, il n’oserait pas lui trancher la main pour pareille offense : c’est qu’il aime trop ce qu’elle sait faire avec. Et lorsque le doute se peint sur les traits de la vieille canaille, Dellsa raille à mi-mots : « allons donc, qu’y a-t-il encore ? » sans vraiment chercher une réponse immédiate. Elle se doute bien que cela n’aura rien de sérieux. Et le voilà qui se redresse tandis qu’elle se penche en avant, presque pour aguicher son interlocuteur, mais aussi parce qu’il tient toujours son avant-bras. « je n’allais quand même pas l’amener à terre, on ne sait jamais ce qu’on peut y trouver. » Elle profite de la caresse fugace, approuvant le contact d’un cillement lascif des paupières, et conserve donc en main la chope dérobée. Croisant une jambe sur l’autre, tandis qu’il s’enfonce dans son fauteuil, elle songe qu’il serait bon de trouver un moyen de le déloger de son assise, ne serait-ce que pour être mieux installée elle-même. Mais l’heure n’est pas à tout lui prendre. Pour l’heure, elle préfère profiter du plaisir de retrouver un égal dans ce bouge.
Elle prend une gorgée de la choppe presque achevée sans lâcher des yeux celui qui a daigné la lui céder, faussement provocante, tandis qu’il l’interroge. « Alors raconte-moi, que fais-tu ici ? Moi je suis venu noyer mon chagrin dans une taverne dont le nom m’évoque ce que j’ai échoué. Mais qu’y a-t-il pour tes mains rouges dans la ville la plus malfamée du continent ? » Reflet physique à l’instant de Surion, elle lève en miroir son verre (enfin l’ancien verre d’Azran, bref) à la santé du Requin et le termine -il n’en restait vraiment plus beaucoup. Conservant la chope entre ses deux mains, elle pousse un soupir d’aise et tend les jambes pour poser ses pieds bottés (crottés pourrait-on même dire, puisque le sol était boueux à l’entrée de la taverne) sur la cuisse d’Azran la plus proche d’elle. Après tout, pourquoi se gêner lorsqu’ils sont tous les deux si adeptes de contacts ? « Je sors de sept jours de mer, au large des côtes Thorons, autant te dire que j’avais besoin d’un coup. » à boire, ou à autre chose, comme laisse penser la mine réjouie et pleine de sous-entendus qu’elle affiche rien que pour lui. « Et puis je croyais te l’avoir dit, mais on devait être tous les deux ivres morts, j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse à Ossam. Alors peut-être que je viens y trouver des souvenirs aussi, et une certaine forme de tranquillité. » La position qu’elle a n’est pas particulièrement idéale, reconnaît-elle en silence : quelle plaie de n’avoir pas de dossier quand on a soulevé ses pieds de terre. Soupirant et étirant son dos, elle hasarde sans grande conviction : « J’imagine qu’après t’avoir pris ton verre, te prendre ton siège serait considéré comme une déclaration de guerre ? » et d’ajouter, définitivement taquine : « Après, on peut partager, si tu préfères... » Non, elle ne s’est vraiment fixé aucune limite ce soir.
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
Tandis que chacun buvait, les yeux du Requin s’emplirent de malice, et un rictus déforma son visage lorsqu’il constata, ne l’ayant pas quittée du regard, que sa partenaire venait de finir la chope qu’elle venait de lui soutirer. Qu’à cela ne tienne, galant homme qu’il était, il n’allait tout de même pas laisser si belle et bonne compagnie vider son verre seule. Les déglutitions se répétèrent, s’additionnèrent, se multiplièrent jusqu’à ce qu’il ne reste de l’alcool qui lui avait été servi à peine quelques instants plus tôt que de la mousse dans sa moustache. Il ne tarda pas à aspirer celle-ci de son mieux, avant de se lécher les babines d’une manière quelque peu exagérée – et toujours en soutenant son regard. Ses sourcils, quant à eux, se haussèrent l’un après l’autre en rythme avec chacune des bottes qui vint reposer sur sa cuisse.
« Je sors de sept jours de mer, au large des côtes Thorons, autant te dire que j’avais besoin d’un coup. » Ces quelques mots couplés à l’expression que Dellsa affichait, qui était tout sauf innocente, tirèrent un sourire carnassier du prédateur. « Et puis je croyais te l’avoir dit, mais on devait être tous les deux ivres morts, j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse à Ossam. Alors peut-être que je viens y trouver des souvenirs aussi, et une certaine forme de tranquillité. » Les sourcils d’Azran, qui étaient retombés à un niveau plus ou moins naturel comme l’auraient fait des plumes soumises à la gravité, remontèrent avec la grâce de ces mêmes plumes sur lesquelles on aurait soufflé pour les faire s’envoler de nouveau. Effectivement, il ne s’en souvenait pas. Peut-être qu’en effet, ils avaient été ivres morts lorsqu’ils avaient eu cette conversation. C’était d’ailleurs fort probable. À moins qu’ils n’en aient discuté aussi en d’autres circonstances, au cours desquelles son attention aurait été ailleurs. Comme souvent. Comme toujours, à vrai dire, s’il se permettait d’être honnête. Mais avec cette même honnêteté, comment pouvait-on être concentré sur les paroles d’une telle créature lorsqu’elle était dotée d’autres atouts aussi évidents ? « Diantre, toi aussi ? Décidément, que de coïncidences entre nous, en cette magnifique soirée. »
La main libre du Requin alla s’échouer sur la jambe qui était la plus accessible, veillant bien à éviter les parties souillées de ses bottes. De l’autre, il frappa avec sa chope vide sur la table pour attirer une nouvelle fois l’attention du tavernier, cette fois-ci en lui présentant deux doigts levés pour lui signifier qu’il ne souhaitait plus être le seul à être resservi. Après tout, la belle lui avait fait part de son envie de coup. Il reporta ensuite son attention sur elle, comme souvent lorsqu’elle était dans la pièce, et ne se priva pas de la dévorer du regard lorsqu’elle s’étira. Elle n’avait pas le monopole de l’envie de coup. « J’imagine qu’après t’avoir pris ton verre, te prendre ton siège serait considéré comme une déclaration de guerre ? Après, on peut partager, si tu préfères... » Un silence suivit cette déclaration, qui finit par être perturbé par le rire du rouquin. « Dellsa Aux Mains Rouges. As-tu la moindre idée du nombre de morts que tu aurais enduré si tu n’étais pas… toi ? » Azran se pencha vers elle, faisant doucement remonter sa main jusqu’entre les cuisse de la capitaine, avant de brusquement chasser les jambes bottées de sa cuisse et de l’attraper par l’avant-bras pour l’attirer jusqu’à lui, l’enfermant dans son emprise, son nez et ses lèvres plongés dans le cou de la sirène. « Quelle bonne fortune pour toi d’être aussi délicieuse. »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Elle est très bien, là. Revenue dans la fange puante d’Ossam, royaume des vermines et de brigands, Dellsa est dans son élément. C’est quand même beaucoup plus sympathique que de boire de la bonne bière brune dans le pire des coupe-gorges en compagnie sûre que de la pisse de cheval sans goût sur ces côtes bien moins familières que celles du nord de l’Empire thoron. On avait moins besoin de surveiller les mouvements dans son dos, de peur de se prendre un poignard en traître. Cependant, d’aucuns diront qu’elle trouve toujours le moyen de faire d’une station de mauvaise augure un séjour digne d’être raconté. Le talent, sans doute. Toujours est-il qu’il n’a pas fallu longtemps pour trouver un terrain d’entente avec son compagnon de soirée. C’est ce qu’elle aime avec Surion : en général, il n’est jamais récalcitrant à se faire du rentre-dedans, aussi peu subtiles que soient les avances. Ça l’arrangeait, et puis il fallait dire que c’était toujours plaisant de le croiser aux aléas des marées. Pour ça aussi qu’elle avait pris ses aises aussitôt flanquée à ses côtés : s’il venait à prendre ombrage du comportement de son homologue, le châtiment serait sans doute terriblement délicieux.
Tout ceci n’était qu’un jeu auquel ils étaient experts, à exposer les tentations sans être cruellement explicites. Alors forcément, à proposer à demi-mots au Requin de lui céder sa place ou de la laisser s’asseoir sur lui, la brune brûlait des étapes mais il était magnétique, ce soir, le Surion, et elle n’avait pas envie de jouer à se dérober trop longtemps. Un peu pour la forme, parce qu’elle n’avait aucune raison de rendre la partie excessivement facile. Sans vergogne, elle ricane tandis qu’Azran lui prédit les mille et unes morts qu’elle aurait connues dans d’autres circonstances, penche la tête sur le côté, pourrait minauder encore un peu sauf qu’il fauche tout ça sans douceur et l’attire à lui, brûlant lui aussi les étapes. Qu’importe. Après tout, la bienséance des bourgeois n’a rien à faire dans un repaire aussi mal fréquenté, comme cela pullulait depuis des décennies à Ossam, et encore plus depuis la destruction partielle du lieu.
Au moins, ça règle la question de l’assise désagréable, maintenant qu’elle se retrouve assise sur le forban qui la tient fermement tout en louant sa capacité à être exquise. Tendant la tête à l’opposé de Surion, elle étend la ligne de son cou et l’abandonne aux hommages du capitaine, tandis que ses cheveux bruns aux effluves de sel et de marée coulent dans son dos, et raille doucement : « Tout doux, Azran, je vais finir par croire que tu comptes me passer la bague au doigt, à sortir d’aussi suaves paroles. » Réussissant sans forcer à extirper un bras de l’emprise du Chien de Mer, elle coule sa main libérée sous le menton du pirate pour lui tirer le museau vers le haut et le toiser un instant, un rictus mutin sur la face, avant d’hasarder : « Hé quoi, tu ne vas quand même pas me dire que si mes attributs avaient été autres, j’aurais perdu la main en te dérobant cette choppe, si ? En voilà un bien vilain châtiment. », le gourmande-t-elle à la manière d’une bourgeoise qui tenterait de raisonner un garnement. Pour poursuivre, la poitrine enserrée dans ce corset sombre passé par dessus sa tunique blanche à manches longues, la main libre qui caresse la barbe de son interlocuteur : « mais tu parlais de noyer ton chagrin plus tôt, peut-être souhaites-tu que je t’abandonne à cette course à l’ivresse, si tristement solitaire ? » Elle a plutôt l’air partie pour lui suggérer sans mot dire de noyer son chagrin entre ses seins, vu la position et la cambrure légère mais présente de son dos, comme pour rehausser son buste. Oh, mais ne serait-ce pas déloyal, comme tactique ?
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
Azran n’était que rarement aussi littéralement rentre-dedans. C’était le cas dans ses jeunes années, à une autre époque, dans d’autres circonstances, bien qu’ironiquement en la même compagnie. Combien de nuits les jeunes amants avaient-ils passés consumés par les désirs les plus bruts, faisant fi de toutes politesses, de toutes bienséances, succombant sans faute à leurs instincts les plus primaires lorsqu’ils étaient ensemble ? Ils n’avaient jamais eu besoin de mots, ils n’avaient jamais eu besoin de formules. Dellsa avait toujours été comme lui, ce même feu les avait toujours animés. Ils étaient aussi redoutables pour leurs ennemis lors des abordages que l’un pour l’autre dans leurs intimités. Et c’était pourquoi elle avait toujours eu une place spéciale dans sa tête, à défaut d’en avoir une dans son cœur. Leur jeu, lui, s’était développé plus tard, lorsque leurs chemins avaient fini par se séparer. Après des semaines, voire des mois à la fois sans se côtoyer, ils avaient dû apprendre à se redécouvrir à chacune de leurs retrouvailles. De là étaient nées les manières, les subtilités, les demi-mots. Ceux de deux amants qui avec le temps commençaient à réaliser que la reconquête était une partie tout aussi excitante de leur relation.
Mais à ce jeu-ci, en cette soirée, il était prêt à tricher. Sa camarade aussi, d’ailleurs, jouant un jeu bien plus agressif qu’à son habitude. Elle avait toujours été provocatrice, c’était là tout l’intérêt, mais l’avait toujours fait de manière plus progressive, plus réservée. En d’autres circonstances, elle aurait repoussé une telle attaque du requin. Pour la forme. Pour le punir de couper court aux règles implicites qu’ils s’étaient fixés. Mais elle ne le fit pas, au contraire, et stratégiquement elle gagnait. En cet instant, il la désirait. Assez pour oublier les regards portés sur eux. Assez pour accepter sa défaite. Assez pour que lorsqu’elle lui parle de se faire passer la bague au doigt, il le considère, même pour une simple seconde. Pourquoi pas, après tout ? Qui mieux qu’elle pourrait régner à ses côtés sur les vastes flots de ces terres obscures ? Le contact de la douce main sous son menton lui était agréable. Son propre rictus n’était qu’un écho de celui qu’elle affichait. Et les mots qu’elle prononçait, il les entendait plus qu’il ne les écoutait. Ils n’étaient pas plus qu’une simple excuse pour lui permettre d’entendre sa voix. Il en capta pourtant certains, des mots dont les significations individuelles avaient tout pour lui plaire, mais qui une fois rassemblés en une seule idée n’étaient plus du tout alléchants.
Azran saisit le menton de la belle entre ses doigts alors qu’elle terminait cette phrase qu’il refusait de considérer, et l’attira à lui pour aller goûter à ses lèvres pour toute réponse. Ce baiser, il l’avait commencé en douceur, avec une lenteur calculée. Et puis ses instincts avaient progressivement repris le dessus. Une pointe de fougue s’y était immiscée, un soupçon d’ardeur, grandissant jusqu’à ce que cela ne lui soit plus suffisant. Alors il relâcha son menton, et profita du placement avantageux de sa main entreprenante pour se faufiler dans le décolleté, glisser le long des courbes généreuses, caresser la douceur de sa peau, jusqu’à tirer légèrement sur le tissu pour s’offrir une surface parfaite pour y enfouir son visage. Il ne savait pas si les boissons avaient été amenées. Il ne savait plus s’ils étaient observés. Il savait simplement qu’ils allaient très bientôt devoir s’éclipser.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Cette soirée a été pleine de vices de procédure, si on veut prendre du recul vis-à-vis de la rapidité avec laquelle les actions s’enchaînent et les enchaînent bientôt dans une parade qui ne cesse de gagner en intensité. Néanmoins, malgré les raccourcis pris et les enjambements de gué, les participants de ce jeu ne semblent pas en prendre le moindre ombrage. Regardez-les, l’une sur l’autre, à n’avoir que faire du regard extérieur tant la fièvre s’est emparée d’eux. D’ordinaire, ils sont tout de même un peu plus discrets. Pas qu’ils aient honte de cette liaison qui les retient l’un à l’autre, mais plutôt parce qu’il ne faudrait pas que certains interprètent leurs coucheries comme autant de serments d’alliance. Certes, ça implique une confiance réelle l’un envers l’autre, de s’abandonner ainsi, mais ils ont encore assez de jugeote pour ne pas mêler plaisir et travail et être capables d’avoir leurs propres idées et leurs propres objectifs, sans faire de la marotte de l’un le fer de lance de l’autre. La solidarité entre brigands des mers n’implique pas nécessairement la fusion totale des intérêts.
Cela dit, comme nous l’observions juste avant, ils font bien peu de cas des regards torves et quelques peu émoustillés qu’on pourrait porter sur eux, à l’instant où elle lui fout ses miches sous le nez sans aucune retenue. Déjà parce que le baiser vorace qu’il lui arrache reçoit de la belle une réponse tout aussi furieuse que la mer en pleine tempête. Ensuite parce qu’elle ne cherche nullement à contenir l’hardiesse du forban lorsque qu’il fourre le museau avec avidité dans son décolleté, laissant même s’échapper un soupir d’aise.
Assise sur lui, elle sent que ça commence à être serré, là-dessous. Autant dire que c’est le meilleur moment pour se retirer, se la jouer marée basse et revenir sur ce tabouret branlant en repliant une jambe par-dessus l’autre.
Ce qu’elle fait, s’arrachant à l’étreinte passionnée et presque possessive, avec ce sourire éclatant qu’elle offre à Azran comme pour lui intimer en silence que la partie n’est pas totalement remportée. Faire durer, c’est quand même bien sympathique, et puis ça a le mérite de rappeler au Capitaine Surion que Dellsa aux Mains Rouges n’est pas aisément conquise -la bonne blague. Certes, elle a les joues un peu plus colorées qu’en arrivant dans la lumière du soleil couchant, le souffle un rien plus court, et une certaine envie clairement plus pressante qu’en pénétrant dans la taverne. Et, malgré ces signes qui laisseraient croire que la bougresse est sur le point de céder aux avances de son homologue, Dellsa se tourne vers la table sur laquelle le tavernier est venu déposer les offrandes pendant qu’ils se galochaient sans vergogne, et s’empare de sa nouvelle chope avant de s’intéresser aux marins qui, attablés à la même grande table, avaient soigneusement détourné le regard pour éviter de se faire énucléer si on les surprenait à loucher sur les retrouvailles enfiévrées. Avisant une femme de son équipage dans le tas, elle tend la main vers elle et ordonne : « Sora, tes cartes, si tu ne les utilises pas. J’ai un compère à dépouiller. » Et une fois le paquet dans ses mains, la voilà qui commence à mélanger les épées, coupes, deniers et bâtons entre eux* puis distribue à Azran et à elle quatre cartes chacun, qu’elle dispose en carré, face cachée. « J’étais d’humeur de suggérer que tu paries ton bateau, mais puisque tu l’as prétendument coulé… Quant à moi, je sais pas trop… Peut-être mes miches ? » Ouais, définitivement, elle le nargue, en coulant un regard faussement désabusé vers ses courbes, les bras croisés sous ses seins pour les rappeler brièvement au bon souvenir de celui qui n’a pas pu en profiter pleinement pour l’heure. Elle n’a vraiment aucun savoir-vivre, à croire. Et de continuer, comme si de rien n’était, sans avoir encore regardé deux des cartes posées devant elle : « On est d’accord, les rois de bâton et d’épée coûtent dix points, hein ? » Vu sa veine, il y a fort à parier qu’elle va en avoir un des deux dans son jeu.
*:
1) OUI, J'AI POURRI LE GROOVE, mais c'pour ça que tu m'aimes bien
2) J’ai décidé qu'en Elenath, on jouait avec un jeu à icones de type italiennes, parce que c’est plus classe : ça a quand même vachement plus de gueule que les trèfles etc. (photo) Quant à la disposition des cartes, c’est pour un début de jeu de « Cambio »/« Tamalou » (explication là), un jeu de mémoire et d’échanges de cartes plus ou moins à l’aveugle, où le but est d’avoir le moins de points devant soi, face cachée (0 ou 1 point, quand t’as pas réussi à virer un as).
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
Le Mutin ne put cacher l’expression de surprise criarde qui émanait de tout son langage corporel, qu’il s’agisse de sa bouche béate, de ses sourcils qui s’étiraient vers son front, ou de ses mains désespérément vides qui restèrent figées dans les airs. Le regard paniqué qu’il posa sur sa partenaire fuyante avait tout de celui qu’un enfant arborerait en se faisant priver sans sommation de son jouet préféré. Puis, progressivement, à la vue du sourire moqueur qui lui était adressé, la surprise fit place à la frustration. Une frustration visible, grondante, qui se manifestait par un froncement de sourcils, une contraction de mâchoire, un souffle puissant ou encore un resserrement des poings qui lévitaient toujours dans les airs. Et durant toutes ces démonstrations de mécontentement, le Requin ne quitta pas sa proie des yeux, la fixant de son regard bouillonnant au fond duquel on devinait aisément toutes les atrocités qu’il aurait aimé lui faire subir pour cet affront. Les plus avisés de ses hommes prirent note de ce changement de comportement. Certains, par prévention, s’emparèrent de leurs boissons reposant sur la table pour parer à un éventuel renversement de celle-ci. D’autres, plus proches du prédateur et plus craintifs, reculaient leur siège avec une lenteur contrôlée. Au moins la moitié de la salle retenait son souffle, en attente de l’inévitable réaction de celui qu’on appelait à raison l’Animal, tandis que la capitaine de la Pute Borgne leur distribuait des cartes à tous deux.
« J’étais d’humeur de suggérer que tu paries ton bateau, mais puisque tu l’as prétendument coulé… Quant à moi, je sais pas trop… Peut-être mes miches ? » Ce calme qu’elle arborait, il était si insultant. Il était le Seigneur de ces mers, le Maître de ces océans. Ses confrères ne pouvaient que rêver d’avoir sur leur territoire le contrôle que lui avait sur le sien. Le Monde entier le craignait. Il était au centre des histoires que l’on racontait aux enfants pour les effrayer. Il était le plus grand ennemi de cette nation. Et cette dévergondée osait jouer ainsi avec lui de la sorte ? Comment osait-elle ? « On est d’accord, les rois de bâton et d’épée coûtent dix points, hein ? » Un silence pesant tomba sur la pièce. Azran avait baissé la tête, et son corps commençait à être secoué de légers spasmes. Sous peu, les premiers sons commencèrent à émaner de sa forme courbée, ceux d’un ricanement malsain qui gagnait peu à peu en puissance. Lorsqu’il releva la tête, le ricanement avait évolué en rire à gorge déployée. De sa lèvre coulait un petit filet de sang qui glissait jusqu’à son menton pour se perdre dans les poils roux de sa barbe, signe du sacrifice charnel qu’il s’était offert à lui-même pour apaiser sa propre rage. Car s’il existait bien peu de personnes au monde qu’Azran refusait d’abîmer, Dellsa en faisant partie. Et ça, la bougresse le savait bien, et l’utilisait à outrance.
Quand son rire se fut calmé, le Requin reposa son regard sur sa proie en léchant la plaie dont le sang continuait de couler. Il tendit ensuite la main vers les cartes qui avaient été dispensées devant lui, et les souleva partiellement pour en observer les valeurs. Un bref soupir et une mine dépitée révéla aux yeux de tous qu’il n’était aucunement satisfait du jeu qui lui avait été distribué, et bien sûr tous savaient que le Capitaine Surion avait pour devise de ne jamais s’engager dans un jeu qu’il n’était pas en mesure de gagner. Il se leva donc de son siège pour venir se poser à une distance outrageuse de la capitaine aux mains rouges, et plaça sa main sous le menton de celle-ci, resserrant ses doigts de chaque côté du merveilleux visage en la forçant sans aucune douceur à relever la tête pour le regarder. Sa main libre vint s’emparer de la chope qu’elle tenait, et l’en débarrassa sans accord préalable pour porter le breuvage à ses lèvres. Puis il appliqua une pression ascendante sur la tête de la belle, la forçant à se lever pour monter à son niveau, et il s’empara à nouveau de ses lèvres. Le liquide dont le goût alcoolisé s’était mélangé à celui du sang passa d’une bouche à l’autre, l’excédent finissant par s’égoutter sur les vêtements de l’un comme de l’autre, Azran ayant bien veillé à ce que sa partenaire ne soit plus en mesure de s’échapper en la maintenant tout contre lui dans une étreinte dont elle ne pourrait pas se défaire si aisément. « Un seul jeu à la fois. » Son ton était calme, sa voix était tranchante. Il libéra la mâchoire de sa consœur, puis plongea sa main nouvellement libre au creux de la généreuse poitrine, cette fois-ci pour s’assurer une prise sur le tissu blanc. Enfin, un sourire mesquin aux lèvres, le Requin fit quelques pas en arrière avant de se retourner pour se diriger vers une chambre libre, tirant sa proie par le décolleté.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Elle savait. Elle aurait pu mettre sa main à couper qu’il n’apprécierait pas de voir se dérober son jouet tout à fait consentant, par ailleurs. Mais elle l’avait quand même fait. Peut-être parce qu’elle aimait sentir la frustration irradier d’Azran. Se sentir au plus proche du danger tout en se sentant invincible, à braver les tempêtes et les conséquences de ses actes. Il y avait quelque chose de grisant à se savoir cible d’un terrible pirate, d’une légende vivante. On disait que la mort avançait dans les pas de la capitaine aux Mains Rouges lorsqu’elle s’élançait à l’abordage, mais les mêmes rumeurs suivaient le sillage de Surion. Peut-être était-ce cette aura qui la poussait à se frotter d’un peu trop près aux éventuels ennuis qui pouvaient découler de ce jeu risqué. Dans tous les cas, là où certaine péronnelle aurait eu un mouvement de recul à l’instant où Surion s’esclaffait, elle se pencha vers lui. D’aucuns pouvaient parier à l’instant qu’elle était émoustillée par ce rire presque démentiel qui était sorti d’entre les dents du Requin.
Imitant le mouvement d’Azran ayant repris contenance et calme apparent, Dellsa consulta deux de ses cartes, histoire de prendre connaissance de la partie de plaisir que ça allait être et elle ne put réprimer un sourire hilare au coin de ses lèvres. Elle était dans la merde, complètement. Parce que, comme elle l’avait vu venir, ce n’était pas un roi d’épée tout seul qu’elle avait, mais aussi celui de bâton. Comme si les dieux lui signifiaient que ce jeu de cartes, en plein milieu d’une autre partie fine bien plus intéressante, était une très mauvaise idée. Fort heureusement pour elle, Surion n’était pas non plus content de sa main. Enfin un moyen de mettre un terme à cet interlude sans perdre la face. Elle avait toujours la chope dans sa main, et s’apprêtait à boire dedans avec nonchalance quand le mâle se hissa debout, franchit en quelques pas l’espace les séparant, et prit le contrôle des opérations. Et de faire écho à la provocation qu’elle avait lancé en pénétrant dans les lieux plus tôt, le vieux gredin lui piquait ses lignes tout en ajoutant à cela un contrôle de sa frimousse ! Sentant un mouvement dans son dos, ayant reconnu certaines voix familières dans les expressions outrées, Dellsa tendit la main ouverte en arrière, histoire de calmer aussi sec ses hommes qui semblaient craindre qu’il ne l’entaille pour la forme. C’était de bonne guerre de la délester de son breuvage : après tout, c’était lui qui payait, aux dernières nouvelles. Forcée de se lever, elle décroisa ses jambes et suivit le mouvement qu’on lui imposait pour recevoir les lèvres d’Azran et — OH LE COUILLON.
Elle faillit recracher aussi sec sous le coup de la surprise. Oui, il venait de lui rendre la gorgée qu’il avait fait mine d’avaler, mêlée de sang de surcroît. L’acte était infâme, mais Dellsa y trouva de quoi rire. Hilare, elle faillit s’en étouffer de rire et laissa une partie du mélange tacher leurs fripes tandis qu’elle avalait ce qu’elle avait pu conserver dans sa bouche. Ainsi ferrée, la proie acceptait son destin et ne cherchait plus à s’enfuir. Elle le sentait à bout et se doutait bien que la plaisanterie de l’instant d’avant n’avait pas forcément trouvé grâce aux yeux du forban. Oh, quand bien même, il avait l’air décidé à ne pas lui laisser de répit, c’est qu’il ne devait pas trop lui en vouloir pour le méchant tour qu’elle avait joué. Et tandis que, docile, elle se laissait entraîner à la suite de ce grand seigneur maritime, elle croisa le regard de ladite Sora et, la voyant la main posée sur sa garde, elle lança à la cantonade un : « Tournée générale ! » histoire de détendre les esprits de certains qui avaient craint devoir en venir si vite aux mains. Qu’ils picolent et qu’ils oublient ce qu’étaient partis faire leurs capitaines, tiens.
L’huis de la chambre se referme en grinçant derrière eux et la pirate tend ses mains avides pour attirer à elle son guide et lui arracher un baiser fougueux, avant de souffler, sans s’éloigner vraiment, de sorte que ses lèvres s’éraflent sur les poils de barbe du Requin tandis qu’elle cause : « Pour tout t’avouer, j’allais vraisemblablement perdre la partie, alors c’est pas plus mal qu’on fasse un jeu à la fois. » L’air de dire qu’elle lui pardonne d’avoir mis un terme à ce jeu de cartes. Et tandis qu’une main se perd dans les cheveux d’Azran, l’autre glisse le long du poitrail du flibustier alors qu’elle reprend : « J’imagine qu’il va falloir que je me fasse pardonner cet outrage ô combien malvenu ? » Et d’afficher une moue presque innocente, feignant de ne pas voir où était le mal à avoir fait le choix de le laisser languir davantage.
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
L’annonce de la tournée générale rappela au Grand Capitaine la présence d’autres personnes. Les membres des deux équipages, et les autres. C’était une manie de plus en plus présente chez lui, d’oublier le monde qui l’entourait. Fort heureusement pour lui, les années avaient sculpté son équipage comme les vagues sculptent les falaises. Les membres restants étaient un noyau dur, presque une extension de lui-même. Ils étaient ses oreilles lorsqu’il était sourd, ses yeux lorsqu’il était aveugle, et son armure lorsqu’il était vulnérable. Si quoi que ce soit de dangereux à son égard avait pu se pointer, ils l’auraient intercepté. Et il n’avait aucun doute, ni à ce sujet, ni concernant leur loyauté. De toutes les personnes ayant quitté son service au cours des dernières années, une seule l’avait fait sans avoir été pris par la mort ou la mer. Mais celui-ci, c’était une toute autre histoire.
Toute la tension qu’Azran n’avait pas su palper auparavant semblait être retombée lorsque l’ensemble de forbans s’était vu promettre des boissons à l’œil. Le sien, d’œil, tiqua. Tout ceci coûterait de l’argent. D’autant qu’il n’avait aucun doute que certains profiteraient de leur absence pour gonfler l’ardoise des capitaines. Il y avait aussi la nourriture, à compter. Et puis la chambre. D’ailleurs, ils arrivaient dans le couloir qui menait aux chambres. Azran ouvrait le pas, un pas lourd, un pas sûr, un pas déterminé. Le pas d’une personne qui a hâte de commencer. Derrière lui, il tirait toujours Dellsa. Au sens littéral, pas encore au figuré. Pour la forme, pour l’image. Et puis, avouons-le aussi, pour ses doigts qui, le majeur mis à part, celui-ci tirant toujours sur le tissu de l’habit, caressaient toute la peau qu’ils pouvaient caresser.
Le Requin ouvrait en passant les portes de sa main libre, jetant un œil rapide dans chacune des chambres à la recherche de celle qui l’inspirerait. Après tout, leur rencontre s’annonçait déjà légendaire, autant les placer dans un décor adapté. Et ce décor, il finit par le trouver. Une énième porte grinça, dévoilant un décor qui le faisait rêver. Le pirate s’arrêta au milieu du couloir, étendit la main pour stopper le mouvement de sa compagne, non sans profiter au passage pour placer sa main grande ouverte exactement où elle recevrait l’amarrage d’une de ses miches si désirées, et pencha la tête vers elle avec un sourire qui en disait long sur ses idées. Puis il se remit à tirer sur le décolleté, la sommant de le suivre, jusqu’à ce qu’ils aient franchi la porte de ce qui devait devenir leur sanctuaire pour une soirée. Et plus si affinités.
Azran pénétra le premier, puisqu’il en était habitué, suivi de près par sa beauté. À peine la porte de la chambre fut-elle fermée que celle-ci tendit les bras pour l’inviter à rejoindre son sein, et ses seins aussi, possiblement, par la même occasion. Le rouquin ne se fit pas prier, bien qu’il ajouta un élément à l’équation que les mains rouges dessinaient. Avant de rejoindre son étreinte, il la plaqua contre la porte. Pour la secouer, un peu. Pour le côté excitant de l’acte, beaucoup. Pour évacuer une partie de sa frustration passée ? Il ne l’avouerait pas. Mais de ce geste, il entreprit immédiatement de se faire pardonner. Collant son corps au sien, sa main venant s’emparer de la cuisse de sa belle pour la ramener à ses côtés, il l’embrassa avec fougue, jusqu’à ce que celle-ci de cède au besoin d’interrompre ce baiser pour souffler. « Pour tout t’avouer, j’allais vraisemblablement perdre la partie, alors c’est pas plus mal qu’on fasse un jeu à la fois. » Un sourire satisfait étirait les lèvres d’Azran, qui s’imprégnait de l’odeur de la chevelure de sa sirène en fermant les yeux. « J’imagine qu’il va falloir que je me fasse pardonner cet outrage ô combien malvenu ? » Les yeux d’Azran se rouvrirent, se posant sur son oisillon tandis que son sourire déjà satisfait s’étirait de manière exagérée. Il déposa un premier baiser sur son front. Puis un second sur sa tempe. Puis un troisième sur sa pommette. Puis un dernier sur sa joue, avant d’approcher ses lèvres que le désir faisait presque trembler de l’oreille percée, pour y susurrer quelques mots d’amour : « Tu n’as pas idée. » Tandis qu’il les prononçait, les premiers laçages du corset dont l’usage le faisait rêver commencèrent à sauter, tranchés par la dague aiguisée qui remontait le long de l’ouverture bientôt violée.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Il faisait chaud. Rectification : elle avait très chaud. Ça n’avait vraisemblablement rien à voir avec ses couches de vêtements -quoique. Tirée par le décolleté par le très décidé capitaine Surion, Dellsa suivait le mouvement, par d’infimes pauses à chaque fois qu’il ouvrait une porte non verrouillée. Des coups d’œil furtifs dans la pièce lui permettaient parfois de croiser le regard de couples arrêtés soudainement en plein coït, et la terreur plus que la frustration se lisait sur leurs traits déformés par la surprise. Enfin, Azran lui intima de s’arrêter plus durablement avant de la précéder dans l’antre qui serait la leur pour le temps qu’ils auraient besoin.
À peine entrés qu’il la plaquait contre la porte pour répondre à son baiser et d’une main tâtonnante, elle lui lâcha la nuque un instant pour chercher ce putain de loquet à bloquer. C’est que puisque ces huis volaient aussi bien sur leurs gonds, il valait mieux s’enfermer histoire de ne pas être dérangés bêtement. Azran, quant à lui, s’était assuré d’avoir une prise sûre sur le poisson qu’il avait ferré. Pas que ça la dérange, au contraire. Elle s’enivrait déjà de leur proximité et de ce que ça impliquait comme promesses. Alors forcément, elle avait minaudé, peut-être pour commencer à esquisser des excuses qui étaient autant de cartes dans le jeu qu’ils menaient depuis qu’elle lui avait chourré sa chope de bière. Son sourire était mutin pour l’heure, tandis qu’elle restait sage alors qu’il déposait des bécots sur une ligne l’amenant jusqu’à son oreille. « Tu n’as pas idée. - Ah oui ? » Mince, à ce point-là ?, semblaient s’indigner les billes de la pirate qui sentit son corset devenir moins serré au niveau de son ventre. Sans regarder, en galochant de nouveau le forban face à elle, la main qui avait commencé à tirer sur la tunique de l’homme pour la sortir de son pantalon -tâche pas franchement évident vu qu’elle n’avait pas défait le ceinturon- arrêta ce qu’elle faisait pour s’emparer du poignet qui remontait et accélérer le mouvement de délestage. C’est qu’on respirait quand même mieux une fois que tout ceci était défait, reconnaissons-le. Un soupir d’aise écarte les lèvres de la cruelle, qui s’assure d’avoir bien toute l’attention de Surion avant de se détacher de la porte sur laquelle le haut de son dos s’appuyait toujours, cambrée lascivement. Ses mains sont désormais au niveau des épaules du Rouquin, et la voilà qui lui intime : « Laissez-moi prendre soin de vous, dans ce cas-là, capitaine. » Fausse déférence, coquetterie de catin, tout en disant ces mots, elle commence à avancer et ce faisant à le forcer à reculer sans savoir vers où elle le mène, d’une pression légère mais impérieuse sur le haut du corps.
Oh, ça ne prend pas bien longtemps de traverser la chambre qui n’est pas non plus miraculeusement immense. Le menant vers ce qu’il aura pu identifier comme un lit en sélectionnant cette pièce à coucher, elle a surtout avisé le haut coffre en bois, malle de voyage mise sur pied qui sert en général à accueillir les effets d’un visiteur choisissant de rester sur place quelques jours, au bout du lit. Les mollets d’Azran s’arrêtent contre le bois usé par les années et Dellsa entreprend de tirer en arrière le col du manteau qu’il portait encore avant de l’en débarrasser complètement -le vêtement finit mollement au sol, où d’autres le rejoindront par la suite. Elle avance encore d’un pas, tout contre lui, pour finalement l’obliger à s’asseoir sur ledit coffre de rangement d’un bois sombre et souillé. Et, enfin, s’asseoir sur lui, face à face, lui faisant silencieusement confiance pour ne pas la laisser tomber (ce serait fort discourtois de sa part). Cuisses contractées, muscles tendus pour conserver l’équilibre, secteur sensible qui ne fait que frôler celui d’Azran pour le moment, la chasteté de pareille position est fort heureusement assurée par les pantalons qu’ils portent encore tous deux. Néanmoins, il semblerait qu’elle l’ait coincé là, emprisonné sous ses cuisses, pour s’effeuiller puisqu’elle se débarrasse du corset désormais inutile qui était encore en place du fait de bretelles épaisses le retenant encore à ses épaules, puis entreprend de tirer sur sa propre tunique pour la sortir de son pantalon avant de la passer par-dessus tête et de la laisser choir au sol.
Seins nus, les mamelons se dressent dans l’air de la chambre, pour l’heure encore quelque peu froid puisque le feu est sur le point de mourir dans l’âtre crépitant. Le derme frissonne alors qu’elle se meut légèrement, appuyant davantage son bassin sur celui de son siège improvisé. Ce faisant, elle noue ses mains autour de la nuque d’Azran et ses doigts experts entreprennent de masser des muscles tendus peut-être autant par leur ligne de métier que par la situation. Ses mains parcourent ainsi la partie haute du corps d’Azran, de l’occiput jusqu’à l’extrémité des trapèzes, tandis que le bas de son corps à elle se presse de façon intermittente contre l’anatomie de Surion. « On se demande bien ce qui peut te tendre autant, dis donc. » Sans doute rien à voir avec le ballet des corps qu’ils dansent, ou la tension qui grimpe au rythme du désir qui les embrase. « Suis-je en bonne voie de te faire oublier les chagrins que je t’ai causés ? » Référence à peine voilée -et à peine ironique- à cette frustration qu’elle a lue sur ses traits quand elle s’est arrachée de ses bras. La voilà à sa merci, à vrai dire, et elle songe un instant, sans quitter des yeux le visage du Requin, qu’elle n’est pas sûre de lui avoir fait ranger la dague qui avait tranché les lacets de son corset.
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
« Ah oui ? » Un frisson parcourut le corps du pirate tandis que ses incisives pinçaient le côté de ses lèvres qui n’avait pas été percé. La bougresse avait cette manière de prononcer certains mots, certaines phrases courtes. Une intonation particulière qui faisait toujours mouche chez lui. Parfois, l’idée même le mettait hors de lui, celle d’être autant à la merci de tout juste quelques paroles. Mais dans d’autres circonstances, comme celle-ci, cet effet le faisait jubiler. C’est donc avec autant plus d’entrain et de plaisir qu’il accueillait les lèvres pulpeuses contre les siennes, et qu’il goûtait à la langue délicieuse qui les accompagnait. Il ne l’aida toutefois pas dans sa tentative de libérer sa tunique de son pantalon. L’envie y était, évidemment, mais le plaisir de la voir se débattre était plus grand encore. À ce plaisir qui le faisait déjà sourire s’ajouta l’amusement de la voir succomber à l’impatience lorsqu’elle guida sa main pour trancher les laçages du corset de manière plus expéditive. Au moins, elle s’était approprié la responsabilité de la destruction de son vêtement. « Laissez-moi prendre soin de vous, dans ce cas-là, capitaine. » Se faire appeler capitaine par elle, même par jeu, avait quelque chose de gratifiant qui flattait l’égo du rouquin. Pour cet acte, Azran accepta de lui faire confiance lorsque les mains placées contre ses épaules appliquèrent la pression nécessaire pour le faire reculer. Après tous les infâmes et innommables affronts qu’elle lui avait fait subir en l’espace d’une soirée, elle n’oserait tout de même pas le guider vers une chute imprévisible, tout de même. N’est-ce pas ?
Le doute l’habita tout de même lorsqu’il sentit contre ses mollets une structure en bois trop basse pour être un lit. Il se crispa l’espace d’un instant, le temps de réaliser qu’elle ne le pousserait pas plus, et qu’il n’était question que de l’emmener à cet endroit. Reprenant très vite cette attitude de mâle dominant que l’on attendait de lui, il pencha son visage vers celui d’ange de sa partenaire tandis qu’elle le déshabillait de son manteau en signe de… provocation ? Excitation ? Il n’en était pas certain, et à vrai dire moi non-plus. Il accepta toutefois de lui laisser gagner cet affrontement lorsqu’elle se remit à le pousser pour le faire s’assoir, l’accueillant avec plaisir sur ses genoux, et évidemment en veillant bien à ce qu’elle ne puisse pas tomber de là. Il n’était pas question qu’elle se fasse mal. Du moins, pas encore. Et quoi de mieux pour la retenir tout contre lui que ses deux mains, fermement agrippées au fesses rebondies de la belle ? La pression qu’appliquaient ses mains s’accrut d’ailleurs durant le déshabillage de celle-ci, et le Requin fut happé par le spectacle hypnotisant de sa poitrine généreuse. En y ajoutant le massage qu’elle entreprenait de lui faire, et le frottement semi-régulier de leurs bassins, Azran était aux anges.
« On se demande bien ce qui peut te tendre autant, dis donc. » Et aussi tendu qu’il l’était, son pantalon le devenait. D’autant qu’il était tout à fait possible que le forban use et abuse du placement stratégique de ses mains pour guider un peu le mouvement du bassin de sa partenaire. « Suis-je en bonne voie de te faire oublier les chagrins que je t’ai causés ? » Azran fit remonter une de ses mains au bas du dos dénudé pour la caresser autant qu’il s’en servirait pour la maintenir en équilibre sur lui. L’autre remonta plus haut encore, glissant le long de la peau nue pour venir se perdre dans la longue chevelure brune. De là, il s’en servit pour appliquer une légère pression sur la nuque de Dellsa afin de l’intimer d’approcher son visage du sien pour l’embrasser. « Disons que ça commence bien. » Sa poigne se referma sur les cheveux sur lesquels il tira (mais avec amour) pour lui faire pencher la tête en arrière, dévoilant ainsi son cou dans lequel le Requin vint mordre. Il voulait marquer sa peau, afficher aux yeux du monde qu’elle lui appartenait, même pour l’espace d’une nuit. Et pour ce faire, une autre idée lui vint. Continuant de tirer doucement sur la chevelure, il la força à se cambrer d’autant plus pour afficher ses seins bien en évidence devant lui. Son autre bras quitta les reins de sa victime, et alla saisir la dague qu’il avait déposée un peu plus tôt sur la malle, à côté de lui. Un sourire sadique aux lèvres, il plaça la pointe de la dague au contact de la peau frissonnante, et la fit glisser doucement, laissant une fine ligne blanche dans son sillage. Puis, son sourire s’élargissant, il replaça la pointe entre les deux seins afin d’y graver temporairement ses initiales. « Tu m’appartiendras aussi longtemps que tu resteras marquée de ma signature. » Après avoir prononcé cette sentence, le Requin laissa la dague tomber au sol, et se jeta sur l’opulente poitrine pour la dévorer.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Ce qu’il y a de bien, avec Surion, c’est que peu importe le temps que leurs corps passent loin de l’autre, ils semblent toujours en osmose lorsqu’ils se retrouvent. Quelque chose qui relève d’une confiance et d’un abandon mutuel, sans doute, et d’une quête commune du plaisir. S’ils ne sont pas déjà nus et lui en elle, c’est qu’il y a toujours une envie de reconquête progressive, ce choix de prendre le temps de clamer cette peau, cette bouche, ces râles, et d’envahir, à la manière du désir qui ne cesse de monter, l’intégralité de l’autre. Alors oui, elle instille çà et là des paliers, des vérifications, des minauderies qui ne sont peut-être plus vraiment de leur âge. Comme si elle ne savait pas que son stratagème faisait effet, comme si elle ne le sentait pas se raidir. « Disons que ça commence bien., souffle-t-il contre ses lèvres et elle renchérit, - Tu m’en vois ravie. » Docile, elle laisse Azran prendtr le contrôle de son corps et, suivant l’injonction silencieuse, renverse sa tête en arrière, les mains contre la nuque du forban et les bras tendus. Elle frissonne et ses doigts se crispent légèrement lorsqu’il la mord.
Si elle ressent moins ce besoin de marquer pareil territoire charnel, elle comprend les traces que Surion sème sur son derme. Sans les appeler de tout son cœur, elle daigne les arborer quelques temps tant qu’elles ne sont pas trop visibles et qu’elles n’amènent pas des œillades accentuées de la part de certains de ses gradés. Il ne manquerait plus qu’on puisse penser qu’elle ne s’appartient plus vraiment. Mais pour l’heure, les marins se soûlent la gueule dans la salle principale. Et puis, vu comment elle tient son équipage, il n’y a aucune chance pour que quelqu’un se permette de dire quelque chose. Sauf peut-être Sanza, mais l’enfant innocente s’inquiètera plutôt que quelqu’un ait blessé sa mère. Dos davantage cambré encore, cuisses serrées contre celles d’Azran, bassin prostré contre l’anatomie masculine, Dellsa se maintient en équilibre par tous ses muscles contractés. Tête renversée en arrière, elle la penche un peu, de sorte à avoir une vision plus claire de ce qu’est en train de manigancer son compagnon, mais c’est une sensation froide contre sa peau brûlante qui lui permet de comprendre avant de voir ce qu’il a dans la tête.
D’ordinaire, la pirate ne raffole pas extrêmement des coutelas contre son buste. Il y a quelque chose de dangereux à être touchée par l’estoc d’une dague affûtée et elle s’immobilise sans pour autant que les traits de son visage, relevé pour mieux scruter l’œuvre, ne se froissent. C’est que, malgré la menace de l’arme, elle ne doute point des intentions de son amant. Curiosité presque morbide, lèvres entrouvertes, elle suit le chemin de la pointe entre ses seins. Azran est délicat, presque doux, dans cette gravure sur peau, légère mais suffisamment volontaire pour laisser un liseré plus clair là où les chairs ont été malmenées. Dellsa sent le picotement caractéristique d’une coupure mais seules quelques perles de sang apparaissent, infimes… et disparaissent aussitôt dans l’ombre du museau avide qui se fond contre sa poitrine, tandis que la dague tinte sourdement sur le bois du sol. Les mots du Requin tournent quelques secondes dans son esprit avant qu’elle s’empare impérieusement des cheveux du Rouquin pour le forcer à son tour à reculer ses lèvres avides de ses seins et à la contempler, penchée sur lui. Elle lui arrache un baiser fougueux tandis que la cambrure s’inverse, son dos s’incurve et se fait rond, et qu'elle en vient à le toiser de quelques centimètres de plus (centimètres que sa position, assise sur lui, lui confère), impériale, la mort qui l’entoure presque, une moue incertaine sur les lippes et la voix traînante : « Et moi qui pensais que tu me ferais tienne avec une autre arme… » Est-elle courroucée d’avoir ainsi été marquée ? Point du tout. Néanmoins, c’est avec plus de poigne qu’elle en profite pour tirer la tunique d’Azran hors de son pantalon, et puisqu’elle n’a pas retiré le ceinturon avant ça on pourrait percevoir un infime son de craquement des coutures, sans pouvoir identifier la partie du vêtement qui semble avoir cédé. Diantre, quelle maladroite elle fait !
Qu’importe pour l’heure, puisque ledit haut est ôté et finit à terre. Et que, rentrant le ventre et reculant un peu le haut du corps, Dellsa en profite pour s’occuper de ce ceinturon qu’elle aurait dû dégager en premier. La boucle tinte lorsqu’elle est défaite, et encore une fois lorsqu’elle heurte le mur contre lequel, sans regarder vraiment, la boucanière l’a envoyé voler. Profitant de sa position, elle en profite aussi pour tirer sur les lacets du haut du pantalon, sans pour autant s’enquérir au toucher de ce qu’il y a en dessous du tissu. Plutôt, elle se relève, en accompagnant son mouvement de la même déférence feinte, s’improvisant souillon ou aide de camp. Ainsi, elle le rassure, pour qu’il ne s’alarme pas de la perdre une nouvelle fois : « Laissez-moi vous aider à vous mettre à l’aise. » et elle s’accroupit, puis pose un genou sur le parquet irrégulier, la mine mutine, le buste toujours dénudé -ce qui donne une bien belle vue à Azran sur son œuvre- et entreprend de le débarrasser de ses bottes -qui valdinguent l’une vers l’âtre, l’autre qui heurte la grande bassine habituellement faite pour prendre un bain et se décrasser. Ayant suivi par réflexe le bruit mat, Dellsa se détourne finalement du bac et, puisque le lacet est déjà défait, la voilà qui reste un genou à terre pour plus de stabilité et tire sur le bas des jambes du pantalon, pour lui retirer ce dernier vêtement. Puis, enfin, elle se relève, le surplombe de toute sa fière longueur et, mains sur les hanches, laisse entendre qu’elle est plutôt satisfaite de ce qu’elle voit : « Eh bien, Capitaine, je ne pensais pas que je vous faisais autant d’effet… » raille-t-elle ainsi, tout à fait consciente de ce qu’elle a pu provoquer. Et tout en feignant la surprise, point de mouvement de recul, puisqu’elle reste ancrée sur le sol, appréciative et se mordillant le coin de la lèvre inférieure, tout à fait à portée du brigand des mers. « Comment pourrais-je me rendre agréable à vos yeux ? », le titille-t-elle simplement par la voix, comme si elle n'en avait vraiment pas la moindre idée.
▬ LES PARCHEMINS : 102 ▬ L'AME : V. ▬ LE REGARD : Toby Stephens. ▬ LE TEMPS : 45 ans. ▬ LE SANG : Gwelnaur. ▬ LE FEU : Faiseur de veuves et de bâtards, explorateur des mères. ▬ LE DESTIN : Capitaine du Chien de Mer à la tête de la Flotte du Requin, membre du Conseil de l’Ordre du Poisson, maître des mers de Gwelnaur. ▬ LE PACTE : L'Ordre du Poisson. ▬ LES ROSES : 3709
C’était comme une transe qui avait pris le capitaine malade, similaire à celle à laquelle il s’était abandonné plus tôt, lorsqu’il avait focalisé toute son attention sur Dellsa, et uniquement sur Dellsa. Mais là, elle était plus prononcée encore. L’espace de quelques secondes, il avait oublié le désir physique qui rendait ses bas trop étroits. Il avait oublié le corps brûlant qui pesait délicieusement sur ses cuisses seules. Il avait même oublié sa partenaire, totalement inconscient qu’elle observait ses faits et gestes. Il n’y avait que lui, la dague, et cette peau qu’il désirait posséder. Sa phrase était plus une incantation rituelle qu’un message adressé au récipient de son art. Ce ne fut que le bruit métallique de la dague heurtant le sol et la vibration sourde de la lame bousculée qui le ramena à lui. Et si l’on aurait pu le croire pris d’un appétit insatiable à la manière qu’il avait de plonger son visage dans les courbes de bonheur de sa victime, le contact de sa langue contre la peau scarifiée d’où quelques gouttelettes écarlates tentaient de s’évader était on ne pouvait plus doux, comme une demande silencieuse de le pardonner.
C’était de bonne guerre, Azran céda à l’emprise de Dellsa lorsque celle-ci lui imita la méthode qu’il avait utilisé plus tôt pour la dominer. Il lui offrit un sourire taquin, accentué par le bonheur qu’il avait à contempler sa beauté. Puis il accueillit avec plaisir sa fougue, y répondant avec une intensité au moins équivalente, tantôt caressant le dos nu de ses mains, tantôt y laissant glisser ses ongles. « Et moi qui pensais que tu me ferais tienne avec une autre arme… » La malice visible dans le regard du rouquin ne laissait aucun doute quant à la nature de sa réponse muette. Il était loin d’en avoir fini avec elle. Il avait encore une multitude d’armes à utiliser, et toutes étaient aussi aiguisées. Pour l’heure, il accepta à contrecœur de décoller ses mains baladeuses pour lui permettre de le déshabiller. Après tout, elle était déjà à moitié dénudée depuis un moment, il était tout naturel qu’il fasse le même acte de charité. Le craquement de sa tenue n’était pas non-plus dérangeant. Des vêtements, il en avait autant qu’il pouvait en désirer. C’étaient les moments avec sa sirène qui étaient moins abondants, et donc sur lesquels il préférait se concentrer.
Un premier vêtement fut projeté au sol. Le Requin arborait cette expression triomphante tandis que les mains rouges s’affairaient à le priver à présent de sa ceinture. Celle-ci aussi disparut rapidement de sa vue. Alors que son pantalon se faisait défaire, Azran aurait aimé qu’un peu plus d’attention soit accordé à ce qu’il y avait en-dessous. Mais il n’y eut pas d’action entreprise pour satisfaire ce caprice qu’il n’avait pas formulé. « Laissez-moi vous aider à vous mettre à l’aise. » Une de ses bottes vola à travers la pièce, et la deuxième ne tarda pas à suivre. Excitée par la vue imprenable qu’il avait, et facilitée par les lacets défaits, une autre partie de son anatomie commençait déjà à se distinguer, avant d’être entièrement révélée quand, après qu’il lui ait facilité la tâche en relevant le bassin, elle le débarrassa entièrement du dernier vêtement qu’il portait. « Eh bien, Capitaine, je ne pensais pas que je vous faisais autant d’effet… » Quelle idée. D’autant que la position qu’elle prenait, et la manière qu’elle avait de se mordiller les lèvres, avaient de quoi le multiplier. « Comment pourrais-je me rendre agréable à vos yeux ? »
Ce fut au tour d’Azran de mettre un genou à terre, réduisant de ce fait la distance qui les séparait. Le Requin déposa sur le ventre ferme et dénudé de multiples baisers, avant de remonter pour passer par ses seins, sans en oublier les extrémités, continuer par le cou, jusqu’à lui voler un nouveau baiser passionné. Sa main, elle, alla chercher celle de sa compagne pour la guider sans aucune gêne jusqu’à sa virilité. De l’autre, il caressait l’entrejambe toujours couvert de sa consœur, jusqu’à ce que cela ne devienne trop à supporter. Sans crier gare, il la souleva alors du sol pour la porter jusqu’au lit où il la laissa retomber. Prestement, il la libéra elle aussi de ses bottes sans trop se soucier de mettre les mains dans la boue séchée. Tout excès serait essuyé sur les draps qui finiraient de toute façon souillés. Puis il fit glisser son pantalon jusqu’au bas de ses longues jambes, avant de l’envoyer voler sans en regarder l’atterrissage. Puisqu’il était à présent à ses pieds, il lui fallut remonter, ce qu’il fit sans tarder. Et sa langue remonta avec lui le long de la peau de celle qu’il désirait, et rebondit sur son bouton rosé avant qu’Azran ne place ses bras sous les cuisses de sa proie, les soulevant pour la replacer correctement, venant lui aussi se positionner au-dessus d’elle.
Et là-haut, il y resta pour l’observer. C’était un spectacle qu’il refusait de rater. Il souhaitait assister à chaque expression qu’elle fit lorsqu’il pénétra en elle. Alors, une fois cela fait, il attendit, suspendant cet instant dans le temps. Pour la contempler. Pour profiter de cette sensation qu’elle lui suscitait, celle d’être toujours le bienvenu même après toutes ces années. Puis, lorsque l’adrénaline devint telle qu’elle le faisait trembler, il reprit son mouvement, adaptant son rythme en fonction de ce qu’il voyait. Ses mains initialement placées pour la dominer commençaient à se balader à leur gré. La sueur continuait de perler un peu partout sur son corps. Et quand enfin il ne put plus résister à son appel, il supprima toute distance entre eux, venant placer contre elle ce corps qui n’aspirait qu’à sentir son contact, et lui réclamer un baiser qui faisait passer tous ceux qu’ils avaient échangés jusque-là pour des bises innocentes.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Il ne faut pas longtemps pour que toute la charpente de Surion s’ébranle. Il s’agenouille un temps puis entreprend de gravir les sommets avec ses lèvres, et la chair de poule se diffuse sur tout le corps de Dellsa qui en frissonne délicieusement tandis qu’elle se laisse honorer et flatte en retour la virilité de son amant dès lors qu’il la sollicite. Les souffles se mêlent, les soupirs se répondent, les dermes se dénudent et se frôlent, tandis que les mouvements lascifs s’accompagnent de gémissements et de râles approbateurs. Croiser le regard d’Azran alors qu’il est sur le seuil de son con humide électrise l’atmosphère déjà tendue pour Dellsa, qui se laisse maîtriser sans rechigner, impatiente mais disciplinée -qui l’eut cru ? Soupir d’aise, feulement félin lorsqu’il la pénètre et elle se réhabitue à cette sensation dont elle ne se lasse pas malgré les années. Ses yeux sombres ouverts, elle discerne avec autant de clarté qu’Azran l’effet bœuf qu’ils se font mutuellement. Une de ses mains effleure le torse de son amant, le souffle court, les pupilles dilatées, tout le reste du corps tendu dans l’expectative, elle est à sa merci la plus totale.
La valse des corps commence. Avec les minutes qui s’enchaînent, bercées par les allées et venues du vit, la danse dépasse le simple stade du sensuel. L’emboîtement charnel crée un nouveau rythme, de nouveaux mouvements, et les souffles profonds deviennent rauques, les peaux moites de sueur, les bouches voraces alors qu’Azran rompt la distance et s’empare des lippes de Dellsa avec autant de ferveur qu’elle n’en a pour accompagner les mouvements puissants du bassin spadassin. Animaux possessifs, bêtes brûlant du désir d’appartenir à l’autre tout en le possédant en retour, les amants se retrouvent avec fureur et fracas, puisque, profitant de la jonction de leurs bustes, ainsi que de la liberté de mouvement dont ses jambes disposent malgré cet enchâssement ô combien jouissif, Dellsa parvient à inverser la tendance d’un coup de hanche et de talon et se retrouve dessus, dominatrice triomphale qui redresse l’échine tout en roulant du bassin. Guidant les mains d’Azran sur ses hanches, elle semble lui intimer sans mot-dire que, malgré les apparences, c’est bien toujours lui commande, puisqu’elle prend ses pognes pour guides de ses ondulations. Et de se pencher vers l’amant merveilleux, ses propres mains de part et d’autre du visage de son confrère, leurs lèvres qui se frôlent jusqu’à l’orgasme qui ne tarde pas à les prendre tous les deux alors qu’elle étouffe un long gémissement en embrassant furieusement son amant, avant de glisser son visage contre le cou du Rouquin et de laisser s’échapper un long soupir comblé en même temps que sa carcasse se détend.
Et puis le calme plat.
Elle ne bouge pas, d’abord. Déjà parce que tout son corps est vulnérable juste après l’acte, et frissonne sous le moindre effleurement. Ensuite parce qu’elle est bien là, et qu’il n’y a franchement aucune question pour qu’elle se décale.
Les endorphines libérées la grisent à la manière d’un bon vin, succulent mis qui tape un peu. Frottant le bout de son nez contre le cou du forban, elle a l’impression de sentir le cœur du Requin battre furieusement contre sa poitrine. Ses muscles tendus par la semaine de navigation se font ressentir et la Capitaine de la Pute Borgne ronronne en formulant son rêve le plus cher pour les instants suivants : « Par Legnar, je tuerai pour un bain. ». Le sel et le soleil ont asséché sa peau d’ordinaire si douce et elle sait ses cheveux rêches d’iode, même si elle évite de trop les triturer en mer. Et de se redresser sur ses coudes, le museau juste au-dessus de celui d’Azran, les tétons durcis contre son torse, pour poursuivre, l’air d’être loin d’en avoir fini avec lui : « Je crois même que le bac est assez grand pour deux. » Le rictus s’élargit, carnassier, tandis qu’elle ajoute un argument railleur : « Les dieux savent à quel point tu en aurais besoin aussi... » Impudente mais majestueuse, elle trône sur lui et semble sur le point de choisir pour lui.