« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Ça bat la mesure en haut, ça beugle et ça picole, ça finit la pitance sans que Simak ne se soucie une seule seconde de manquer sa part. Le souffle de Dellsa contre le sien est bien plus vital, et tellement électrisant. Son sang ne fait qu'un tour lorsqu'elle lui répond, ses lèvres se font plus avides, sa langue plus téméraire, ses dents plus affamées. S'il n'a encore aucune expérience en ce que son entrejambe réclame, il la compense par un certain savoir faire dans ce qui, traditionnellement, précède.
Une main s'agrippe au hamac tandis que l'autre se refuse à quitter la nuque de la jeune femme qui se retourne, s'assied sur lui, l'enfle davantage. Il n'a encore aucune idée de ce qu'est la chaleur d'une femme, mais il sait qu'il veut celle de Dellsa plus que n'importe quelle autre. L'attache du drap grince sous leurs poids, mais elle tient bon. Qu'ils s'effondrent, il ne cesserait pas de goûter ses lèvres, sa langue, il ne s'inquiéterait pas des commentaires de l'équipage quant à la raison qui aura fait craquer le hamac, pas plus qu'il n'hésitera à laisser le sien à Dellsa. Ou bien le partager, peut-être... Il perd son souffle dans celui qui lui caresse les lèvres, noie ses doigts dans la chevelure d'ébène et tend sa bouche encore affamée lorsqu'elle se recule, à peine, interrompant ce baiser dont il n'est pas encore prêt de s'en remettre. Un instant, il craint qu'elle se rétracte, qu'elle se rende compte de l'erreur qu'ils sont en train de commettre, parce que ce n'est pas un rêve, finalement. Il fronce d'abord les sourcils, puis se fend d'un sourire narquois lorsqu'elle l'interroge. Le marin reste silencieux un instant.
« J'ai tout vu. » Lui confie-t-il sans aucune gêne et en toute honnêteté avant de se pencher jusqu'au creux de son oreille. « Ils sont magnifiques. » Ces mots glissés lui sont murmurés et vibrent de la chaleur provoquée par la réminiscence de la vue qu'elle lui a offerte sans le vouloir. « Je les vois encore en fermant les yeux. »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Loin d’être honteux de se faire accuser, il en prend une certaine assurance. Elle aurait pu le parier. Elle frémit tandis qu’il se penche à son oreille, buste contre poitrail, et ça cogne, ça tambourine encore avec fureur. Un rire fin s’échappe de ses lèvres tandis qu’il dépose en guise d’offrande un compliment sur ses seins au creux de son oreille. Et lorsqu’il confie les avoir imprimés sur sa rétine, elle s’écarte davantage, lui caresse la joue, et annonce : « Garde-les ouverts, ce sera tout aussi bien. » Et de croiser ses bras autour de sa taille, pour tirer sur le bas de sa tunique et l’ôter lestement en la passant par-dessus sa tête. Le tissu gris volette par terre alors qu’elle dévoile ainsi son buste. Sur son visage, une infime inquiétude se peint brièvement, bientôt chassée par ce sourire qui en dit plus qu’elle ne voudrait du caractère mutuel de leur attirance. Elle lui vole un baiser, puis s’allonge et l’attire contre elle, signe d’un abandon total, tandis que tapent encore leurs voisins du dessous, qui seront sans doute sourds aux bruits de la cale.
* * *
Le derme frémissant au moindre effleurement et le corps couvert d'une fine pellicule de sueur, elle reprend sa respiration et reste lovée contre Simak tandis que le hamac tangue de gauche à droite et berce les jeunes amants dans un rythme décélérant. Au-dessus, ça continue de taper du pied et, si l’on en croit les chocs sourds qui font trembler les planches, il se peut que l’équipage en ait encouragé deux à s’affronter à mains nues. Toujours est-il que pas un des ivrognes n’est descendu dans la cale alors que l’heure avance probablement. La lanterne luit encore, projetant sur le plafond l’ombre du hamac où se serrent deux silhouettes. Songeuse un instant, elle observe Simak de ses yeux couleur caramel et se place sur la tranche, le bras posé avec nonchalance sur son flanc jusqu’à sa hanche. D’une main distraite, elle dessine des arabesques sur le torse de Simak, et finit par lui demander, en essayant de se convaincre que la réponse n’aura aucune importance : « Dis-moi… Je n’étais pas ta première, hein ? » Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle espère comme réponse, incapable de se décider quant à ce qu’elle préférerait. Toujours est-il qu’elle l’interroge, en essayant d'avoir l’air d’être détachée de tout ça, mais curieuse quand même, tandis qu'elle se découvre une forme de possessivité assez étrange compte tenu qu’elle ne s’est jamais considérée comme jalouse ou quoi que ce soit.
Dernière édition par Dellsa aux Mains Rouges le Lun 4 Mai - 10:41, édité 1 fois
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Simak ne cherche pas à savoir si son honnêteté lui coûtera cher ou non. Il l'a vue, a vu cette poitrine qu'elle s'est empressée de recouvrir lorsqu'elle a su ne pas être seule. Et s'il peut s'avérer habile menteur lorsque la situation l'exige, sa franchise est bien plus forte. Sans compter que Dellsa est bien la dernière personne à qui il cacherait quoi que ce soit.
Elle recule, lui offrant à nouveau la vue de son visage qu'il sait encore plus sublime au grand jour. Tenté de fermer les yeux sous la caresse qui coule sur sa joue, il les garde pourtant bien ouverts, décidé à imprimer dans son esprit chaque image de cet instant qui pourrait être le seul, ce qu'il continuera de faire pour tous les suivants. Sa main glisse de la nuque de la pirate pour venir épouser sa mâchoire, le pouce caressant tendrement sa joue, prêt à la ramener à lui lorsqu'elle en décide autrement. Le vêtement remonte le torse de la jeune femme pour aller s'échouer plus loin, laissant à Simak la vue d'un buste si parfait qu'il ne parvient pas à en détacher ses yeux.
« Je suis mort, c'est ça ? »
Le marin pourrait la contempler ainsi indéfiniment, mais elle le rappelle à elle dans un baiser auquel il répond sans attendre, faisant valdinguer à son tour sa chemise avant de se laisser entraîner au dessus d'elle. Son torse contre ses seins, leurs bassins qui s'appellent. S'il n'est pas déjà mort, il peut crever sans regrets à présent.
▬▬▬
Leurs corps nus s'entremêlent à présent dans une immobilité seulement perturbée par leurs poitrines cherchant de l'air. Allongé contre elle, dans ce hamac qui aura finalement tenu le coup, il la serre contre lui de ce bras sur lequel elle repose. L'autre effleure cette peau qu'il a enfin pu goûter, au parfum iodé dont il est déjà devenu accro. Son palpitant cherche à retrouver son calme, à récupérer un rythme régulier alors qu'elle est toujours là, nue, alanguie contre lui, et qu'elle se tourne dans une question qu'il n'aurait jamais cru l'entendre poser. Un sourire moqueur se dessine alors sur les lèvres du marin qui roule à son tour sur son flanc pour lui faire face.
« Serais-tu jalouse ? » La taquine-t-il, guettant la moindre de ses réactions pour avoir sa réponse, parce qu'il sait qu'elle ne l'admettrait jamais si c'était le cas. Et peut être, aussi, parce qu'il a envie que ce soit le cas. Il ne la fait pas languir, pourtant, trouvant nécessaire de lui dire la vérité vraie. « Disons que j'ai été préparé par les meilleures. » Sa main glisse entre les reins de Dellsa qu'il attire contre lui et ses lèvres viennent doucement caresser le cou sur lequel il a déjà laissé de nombreuses marques. « Mais t'es la première. » Pourquoi s'en cacher ? Il faut bien une première fois à tout, et que la sienne lui ait été accordée par Dellsa lui suffit amplement. En viendront d'autres, avec le temps, mais aucune ne la surpassera. Jamais. Il ne le sait pas encore, mais cette admiration qu'il a déjà pour elle n'est pas prête de fâner. Bien au contraire.
Ses lèvres remontent jusqu'à la mâchoire de la belle, l'attire à lui dans un baiser sincère, tendre, preuve de cette affection sans limite qu'il lui porte déjà mais qu'il ne saura jamais lui avouer. Il voudrait ne jamais quitter cette cale, contempler sa silhouette jusqu'à son dernier souffle, mais de violents coups portés au dessus d'eux viennent perturber leur tranquillité.
« Hé, les jeunes ! Z'allez nous fausser compagnie encore longtemps ? » La voix d'Andrin résonne au dessus des planches du pont et Simak retombe sur ses épaules dans un soupir. « Simak, ramène ta fraise, j'ai un pari à gagner ! »
Le maître d'équipage n'en dit pas plus, laissant les deux amants dans le flou. Le marin se redresse et quitte le hamac, commençant à se revêtir pour s'interrompre soudainement et se retourner vers Dellsa qui n'a pas bougé. Simak se penche sur elle. « C'était parfait. » Il l'embrasse comme si c'était la dernière fois. Parce que ça peut très bien l'être. Puis, le souffle coupé, il finit par se redresser. « T'es parfaite. »
Sans doute sa franchise est-elle allée un peu loin, même pour lui. Le marin n'ajoute rien, se contente de lui adresser un dernier sourire avant de se diriger vers le pont, finissant de s'habiller en chemin, pressant le pas et maudissant sa parole trop prompte à sortir. Il se hisse sur l'échelle et trouve l'équipage rassemblé un peu plus loin, le regardant dans le plus grand silence terminer de rentrer un dernier pan de chemise dans son pantalon. Les regards s'échangent, Simak s'immobilise et les pirates applaudissent soudain de tout leur soûl.
« J'vous l'avais dit ! Ram'nez vos thunes les gars ! »
▬▬▬
[vingt ans plus tôt] (D22, S15)
Une lune pleine se reflète sur une mer paisible. À l'horizon, aucune terre, aucun navire, pas plus d'oiseau. L'équipage profite d'un repos bien mérité après des pillages en bonne et due forme, dormant dans la cale dans un concert de ronflements. Rares sont ceux encore éveillés, tout juste postés à la vigie ou aux commandes, ils sont bien trop occupés à leur tâches respectives pour avoir perçu les quelques soupirs s'élevant d'entre un stock de barriques.
Encore haletant, Simak termine de boucler sa ceinture. Agenouillé devant Dellsa, il lui lance un regard dévoyé et contemple les formes encore visibles jusqu'à tant qu'elle ait, elle aussi, fini de se revêtir. Voilà un an qu'ils se retrouvent dès que l'occasion se présente, que leur amitié s'est renforcée de ces instants de passion partagée. Un an que tout a changé. Et Simak ne reviendrait en arrière pour rien au monde. L'accord est tacite, néanmoins, il n'est pas question d'appartenir à l'autre mais, malgré de nouvelles expériences de la part du marin, aucune de celles-ci n'a encore supplanté celle qu'il embrasse une dernière fois avant de s'éclipser dans la nuit. Et quelque-chose lui dit que ça n'est pas prêt d'arriver.
Doucement, le vent se lève.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Elle ricane lorsqu’il commence à émettre l’hypothèse qu’elle soit jalouse, plutôt que de répondre d’une manière ou d’une autre, et hausse les épaules. Elle enregistre les informations qu’il daigne lui divulguer, se laisse minoucher sans résister, et une mine légèrement surprise se peint sur ses traits à la réponse qu’il lui prodigue. Fort bien. Elle ne sait pas vraiment comment définir ce qu’elle ressent, alors elle se concentre sur les contacts, le baiser qu’ils échangent, les caresses... Et ça s’adresse à eux d’en-haut. Il semblerait que le reste de l’équipage n’ait plus d’activités et veuille pouvoir un peu se foutre de leur gueule, à se faire pincer comme par le fermier dans une grange. Elle soupire à l’évocation d’un pari et s’interroge un instant sur un éventuel arrangement. Est-ce que ce fumier d’Andrin aurait tout orchestré pour les laisser seuls en bas ? Ça ressemblerait bien au maître d’équipage vicelard. Mh, qu’importe, point de regret chez Dellsa.
Tandis que Simak remet ses vêtements, elle reste à se prélasser dans son hamac, la torpeur irradiant dans tout son corps, les endorphines ayant apaisé ses muscles tendus par le nettoyage du pont. Ses paupières se ferment toutes seules mais elle les rouvre lorsqu’elle sent la présence du marin au dessus d’elle. Et de sourire à la première confession, avant d’être décontenancée par la seconde, mais la voilà qui se rattrape par une réponse à peine arrogante, mécanisme de défense plus que confiance en elle réelle à cet instant : « Je sais. » Le sourire éclatant s’estompe au fur et à mesure qu’il s’éloigne et remonte. Elle s’endort tandis que ça commence à hurler de joie au dessus. Ouais, définitivement, il y a eu complot. Mais qu’importe, encore une fois.
* * *
[vingt ans plus tôt]
De gémissements en chuchotis, de murmures en soupirs, la discrétion n’a pas été brisée par les amants et, appuyée contre une barrique pleine de vinaigre, vu l’odeur qui s’en dégage, Dellsa vient de repasser son pantalon et se bat actuellement avec une botte récalcitrante. Chaussée, elle ramasse ensuite sa tunique et la repasse par dessus ces seins qui étaient laiteux sous les rayons de lune. La lumière pleine éclaire certaines cicatrices qui se résorbent lentement, sur son derme comme sur celui de Simak. Les bouches s’éraflent dans un baiser fougueux puis il rompt le contact et repart d’un côté, tandis qu’elle attend encore quelques poignées de secondes avant de s’extirper du tas de barriques par un autre chemin, avant de rejoindre Aeneas à la barre, à la poupe, mains dans les poches, cheveux ébouriffés, qui pourraient tout autant l’être d’un sommeil agité.
Le navigateur l’accueille avec un hoquet approbateur : « Tu dormais pas ? Remarque, tu tombes bien. - Quoi, t’étais pas censé être de quart ? - Commence pas. Prends l’nocturlabe et dis-moi si on fait bonne route. » Elle s’exécute tandis que le vent se lève doucement et gonfle davantage les voiles en poussant la brume qui les entourait jusque là dans la mer isolée. Ça s’excite au dessus, la vigie de nuit qui a l’air d’être moyen content de sa vie, et les hèle pour signaler qu’ils ont l’air pris en chasse par un autre navire. C’est le problème de naviguer sous une lune pleine : on voit vachement bien partout, mais on est aussi vachement bien vu. « C’est la régulière ? On l’a pas hissé, le pavillon, si ? - T’occupes, ça va se bouger l’cul d’ici pas longtemps… Tiens, qu’est-ce que je te disais. »
Le capitaine du Ripailleur a l’air d’avoir été tiré du sommeil et le voilà qui émerge de l’entrepont avec la mine d’un type un peu énervé. Longue vue en main, il s’approche de la poupe et sans un mot pour le navigateur et son apprentie, il regarde ce qui les a choisi pour un repas nocturne. À son grognement, ça a pas l’air d’être ce qu’il voulait. Un « putain, qu’est-ce qui m’a foutu des connards pareils ? » plus tard, l’équipage est tiré de sa nuit et le capitaine ordonne que la navigation soit modifiée. Une aubaine, au loin, un orage zèbre le ciel d’éclairs aveuglants. Aeneas a pas l’air ravi de ce plan, mais il n’en critique pas pour autant le plan du capitaine, loyal et taiseux de base. Une fois que leur commandant de bord s’est éloigné, le navigateur glisse à Dellsa : « Tu vois, foncer sur une tempête en pleine nuit, c’est pas un truc que j’aurais suggéré… Ça sent la chasse à l’hydre. » Sous-entendu, le capitaine veut s’acoquiner avec une hydre et la titiller pour qu’elle se charge du navire qui s’est placé dans leur trace et semble avoir plus de prise au vent qu’eux. À choisir entre deux maux, le Ripailleur s’avance au devant du plus périlleux. Et Dellsa de chercher des yeux Simak, histoire d’essayer de savoir où il est, s’il faut qu’elle le retrouve en urgence.
Dernière édition par Dellsa aux Mains Rouges le Sam 2 Mai - 17:45, édité 1 fois
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Encore secoué par les endorphines, le marin foule le pont désert dans un bien-être lisible de sa démarche jusqu'à son visage. L'adolescent se retourne aux bruits de pas qu'il entend soudain et reconnaît la silhouette de son amante qui, sans surprise, se dirige droit vers la poupe. Pas question de descendre dormir pour lui non plus, malgré leur récente étreinte. Ce serait s'en rappeler encore trop vivement et lui rendrait le sommeil trop peu réparateur.
Le voilà qui se hisse donc jusqu'à la vigie, y rejoignant le pirate qui s'y ennuie considérablement. À la vue de la tête de Simak, celui qui n'était pas loin de s'assoupir se redresse et lui sourit.
« Nuit mouvementée on dirait. » « Ta gueule Arnett. » Simak lui adresse un coup de poing retenu dans l'épaule avant de s'asseoir à ses côtés.
La relation qu'entretient Simak avec Dellsa est loin d'être un secret sur le Ripailleur, quand bien même continuent-ils à faire profil bas. Hors de question qu'on les considère autrement du fait de leur liaison. Ce qui se sait tout autant, c'est qu'il vaut mieux éviter d'avoir la moindre parole déplacée à l'encontre de la jeune femme devant le marin, sous peine de se prendre un violent coup dans les chicos. Certains en ont déjà fait les frais, comme Arnett dont une dent manque au sourire narquois qu'il lui lance. Malgré ça, lui et Simak semblent encore bien s'entendre. L'important, c'est qu'il sache maintenant qu'il vaut mieux qu'il s'abstienne de s'interroger ouvertement sur son "savoir-faire".
L’homme et l’adolescent échangent quelques mots, quelques blagues vaseuses, histoire de passer le temps et de se tenir éveillés, les yeux rivés sur l’horizon qui se dégage peu à peu. Adossé au mât, dos à Arnett, Simak plisse soudain les yeux, pas certain de la silhouette qu’il pense discerner au loin. D’un coup de coude, il attire l’attention de son comparse qui se retourne et, comme lui, se penche en avant pour mieux observer.
« Ca ressemble à quoi d’après toi ? » « Pas à ta mère, ça c’est clair. » Au tour de Simak de recevoir les phalanges d’Arnett dans l’épaule. « En tout cas, ça a pas l’air bon. » Le pirate se penche vers le pont et beugle. « On a d’la compagnie ! » « J’descends voir ce qu’en dit le capitaine, j’te dirai tout ça. »
Sans attendre de réponse, Simak redescend sur le pont où l’équipage commence à se réunir vers la poupe. Légèrement en retrait, prêt à retourner voir Arnett, Simak croise les bras et fronce les sourcils en entendant le plan.
« C’est complètement suicidaire. » Marmonne-t-il. « Possible. Mais c’est les ordres du capitaine. » Andrin se tient à côté de lui. L’air grave qu’il affiche ne signifie qu’une chose : ils n’ont pas droit à l’erreur. Le maître d’équipage se retourne vers son protégé et pose une main sur son épaule. « Remonte avec Arnett, il nous faudra bien deux paires d’yeux là haut. »
Simak hoche la tête silencieusement et s’exécute, non sans se retourner le temps d’une seconde, cherchant le regard de Dellsa, le sien lui intimant de faire attention à elle.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
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▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Aeneas tient la barre d’une main de fer tandis que les flots commencent à s’exciter. Penché sur le côté bâbord pour mieux voir au loin, au-delà de la proue, il donne ses instructions à Dellsa, toujours à ses côtés et de nouveau concentrée maintenant qu’elle a repéré Simak dans la vigie. « Trouve Béa et dis-lui de sortir la sonde, y a des bans de sable dans le secteur. » aussitôt dit, aussitôt fait, Dellsa traverse les planches pour aller tirer par la manche la pilote, habituée à pareille manœuvre, qui était en train de sécuriser des barriques sur le pont supérieur. De retour à la poupe, Dellsa assiste Béa qui s’accroche aux cordages et se penche au dessus des flots, presque à l’horizontale, pour jeter la sonde et hurler les résultats des essais à Aeneas.
Le capitaine réapparaît un instant, donnant au navigateur la mission de leur faire traverser sains et saufs la tempête vers laquelle ils se portent toutes voiles dehors. La pluie commence à battre les voiles et les planches du navire alors que l’orage est sur eux, les éclairs se déchaînent et le tonnerr les assourdit. La tension est à son comble, ils se savent au bord d’un précipice car ils ont pénétré dans le territoire d’une hydre, qui bientôt jaillit à quelques encablures de la proue, apparition d’autant plus dramatique qu’elle se fait sous l’éclairage blafard et violent de la foudre. Une tête. Puis deux. Puis trois. Et un cri monstrueux, suraigu, qui n’augure rien de bon.
Le problème est le suivant, tandis qu’il souhaitait simplement l’exciter et s’en tirer avec une veine de cocu, le capitaine agace un peu trop l’hydre voisine et la voilà qui a davantage faim qu’on aurait pu l’espérer et s’empare d’un marin qui l’aiguillonnait avec une longue pique, sur ordre du commandant. « Gradlon Meur, prends pitié de tes serviteurs. », seront les derniers mots que Dellsa entendra avant que l’hydre ne s’en prenne directement au vaisseau avec plusieurs de ses têtes, tandis que d’autres émergées d’entre les flots font ripaille sur les marins assaillants malheureux. Le corps immense de la bête marine fracasse le navire pourtant costaud à plusieurs reprises, ce qui crée autant de voies d’eau dans la coque qu’il n’y a de têtes actives. Très vite le Ripailleur entame sa longue descente dans les fonds marins, avec sa cargaison et certains de ses hommes.
Une minute plus tard peut-être, ou moins lorsque Dellsa émerge de l’eau glaciale, elle a le réflexe salvateur de recracher ce qu’elle avait malencontreusement avalé puis de nager vers une large planche de bois qui flotte parmi d’autres débris et d’autres corps, tandis que l’hydre sévit encore à l’autre bout des débris, déchiquetant le corps de l’ambitieux capitaine. Agrippée à la poutre épaisse avec l’énergie du désespoir, elle ne parvient pas à calmer sa respiration erratique. Et de regarder autour, interdite, horrifiée, terrifiée, sans oser hurler de peur d’attirer la créature et de la détourner de sa pitance. Et pourtant elle le cherche, et tout son corps se crispe alors qu’elle entame un chapelet de prières saccadées à l’adresse de Dellyn, sa protectrice. Ses billes, alertes, elles, sautent de crâne en crâne émergé pour tenter de le trouver.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Arrivé en haut de la vigie, Arnett l'accueille avec des yeux inquiets. Et à juste titre. Simak lui expose la situation, et le pirate pousse un long soupir, le regard rivé vers la tempête vers laquelle ils se dirigent.
« Je saurais pas trop dire si ça relève de la folie ou du génie. » « Si tu veux mon avis, j'pencherais plutôt pour ta première option. » Le silence qui suit est équivoque. Arnett semble le rejoindre sur ce point.
Dos à dos, les deux marins scrutent les menaces. L'atmosphère est pesante, le pont en dessous d'eux s'agite comme les voiles qui claquent de plus en plus bruyamment. Du haut de leur promontoire, les paris sont ouverts.
« Alors, t'en dis quoi ? Qu'est-ce qu'on se prend dans les dents en premier ? » « L'hydre. Ils nous suivront jamais là dedans. » Répond Simak qui fait face à la plus grande des deux menaces. Son ton est neutre, son visage aussi. Malgré les multiples tempêtes qu'il a pu vivre à bord du Ripailleur, il commence à douter qu'ils survivent à celle-ci. « Et ils auront bien raison. » Il se retourne un instant, baissant les yeux vers la poupe pour y trouver Dellsa en plein dans le feu de l'action. Quelque chose lui dit qu'il devrait la rejoindre, qu'il voudrait passer ses derniers instants avec elle, mais il sait qu'ils ont une maigre chance de s'en tirer. Et, pour ça, il faut qu'il la laisse faire ce qu'elle a à faire.
« Z'aurez bien profité d'vot' temps ensemble, va. » La mâchoire de Simak se crispe et son regard revient se planter sur la tempête qui se rapproche à vue d’œil, les attire à elle, leur facilite la fuite face au navire qui, déjà, commence à perdre de la vitesse derrière eux. « On dirait bien qu't'avais raison. On a plus qu'un seul problème. »
Les y voilà. L'eau de mer qui se fracasse contre la coque du bateau se mêle à celle de la pluie battante, fouettant les pirates de plein fouet, leur rendant leurs tâches difficiles et leurs visions limitées. Seuls les éclairs leur font y voir clair lorsqu'ils frappent autour d'eux, faisant se dire à Simak et Arnett qu'il vaut mieux ne pas rester en hauteur. L'adolescent a tout juste saisi un cordage qu'un éclair, plus puissant, plus bruyant que les autres, révèle les têtes gigantesques dansant à sa hauteur, juste devant lui.
« Rest' pas là, saute ! » Arnett n'attend pas que le marin se décide, il le pousse dans le vide en le sachant déjà bien cramponné au cordage. À son tour, il rejoint le pont et se mêle à l'équipage que la panique commence à gagner.
« Simak ! » Andrin gueule par dessus la tempête, appelle l'adolescent qui le rejoint au pas de course pour terminer de fixer un tonneau encore libre, juste avant que l'hydre ne fasse sa première victime. Les pirates se figent d'horreur et d'anticipation, sachant pertinemment que le malheureux ne sera pas le dernier et que, l'hydre déjà sur eux, le Ripailleur vit ses derniers instants. Les têtes de la créature fondent sur le navire, l'une d'elles droit sur Simak qui lui tourne le dos. Une main lui empoigne le bras et l'attire à quelques mètres de là, une seconde avant que la mâchoire ne brise la malheureuse barrique et le restant du bateau. « Ça va, gamin ? » Simak hoche la tête et se retourne à peine pour voir une nouvelle tête s'abattre sur le pont et briser le navire en deux, emportant avec elle une partie de l'équipage qui glisse jusque dans l'eau glacée.
« Andrin ! » Attaché au cordage qui retenait le tonneau au mât, le visage ensanglanté par une planche l'ayant frappé au front, l'adolescent voit son mentor disparaître dans les abysses sans rien avoir pu faire. Une nouvelle tête, un nouveau coup, et il les rejoint.
L'étreinte glaciale lui fait perdre toute notion de l'espace et du temps, engourdit ses sens alors qu'il distingue à peine les cris d'horreur provenant de la surface. Simak se laisse porter, bercer par la torpeur qui commence à le gagner jusqu'à ce que ses yeux ne se rouvrent brusquement lorsqu'il réalise que l'un de ces cris d'agonie pourrait être celui de Dellsa.
Simak émerge au milieu du massacre qui a encore lieu, le contemple avec frayeur, la gorge nouée de savoir son sang à elle mêlée à celui des autres. Il aurait du descendre la voir. Il aurait du rester avec elle jusqu'à la fin.
« NOOON ! »
Son cri n'est pas plus fort que ceux des pirates servant de repas à l'hydre et Simak prie pour que Dellsa n'en fasse pas partie. Rassemblant ses forces, il nage jusqu'à la première planche pouvant supporter son poids et balaie du regard le triste spectacle. Se sachant déjà perdu, autant l'être sans le regret de ne pas l'avoir cherchée.
Elle est là, agrippée à une poutre, les yeux rivés sur les corps flottant autour du monstre marin. Sans attendre, Simak lâche sa planche pour avancer plus vite vers elle, prenant place en face d'elle et tirant sa tête vers lui, plaquant son front blessé contre celui de la jeune femme.
« Faut pas rester là... »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Il n’y a plus rien que des vestiges du vaisseau autrefois appelé le Ripailleur. Des lambeaux de charpente, des tonneaux qui flottent ou coulent, selon l’état de leur contenu (vidé sous les coups ou toujours renfermé). Des corps, parfois sanglants, démembrés. La nuit en est une d’horreur et la lune blafarde jette sur les naufragés ses rayons accusateurs, tandis que l’hydre se repaît de ces proies faciles, qui sont venues la titiller alors que la faim l’aurait fait sortir de sa tanière sous-marine sans qu’on ne l’appelle.
Agrippée à cette poutre, Dellsa scrute et guette, repérant quelques uns des membres de l’équipage qui se débattent dans les eaux glaciales, tout aussi sonnés qu’elle a pu l’être en tombant dans la mer isolée. Ses longs cheveux lui enserrent la gorge, mais tenter de les écarter reviendrait à devoir lâcher d’une main la planche, et elle redoute de ne partir à la dérive si elle s’y essaie. De toute façon, elle considère que c’est moins sa crinière brune que l’angoisse qui l’étouffe à l’instant, peur panique d’être seule, de ne pas le revoir avant de sombrer dans les flots pour de bon. Ses billes sautent, sa tête se tourne, de gauche à droite, mais elle se retient de crier, les poumons contractés sous la pression du froid mordant de l’océan.
Ce n’est que lorsque qu’il apparaît qu’elle semble reprendre vie, sans vraiment savoir si elle rêve ou vit réellement cet instant, si le poignet qu’elle agrippe avec fureur par dessus la planche est un véritable contact ou une illusion délirante. Elle acquiesce sans vraiment avoir de solution à suggérer à Simak, néanmoins, lorsqu’il suggère de s’éloigner du grabuge. De plus, un reflet de lune sur l’ondée secouée éclaire le front sanglant du marin et elle sent son propre sang ne faire qu’un tour dans ses veines, la glaçant dramatiquement.
« Ta tête, tu... tu es blessé..., souffle-t-elle plus pour elle que pour lui. Une remarque ô combien inutile, évidemment, mais il semblerait que les évidences soient opportunes à formuler à ce moment où les vies ne tiennent plus qu’à un fil.
L’hydre, quant à elle, anéantit la cargaison volée d’un coup rageur de deux têtes, faisant voler en éclats de bois plusieurs tonneaux encore maintenus ensemble. Le fracas est atroce, tandis que l’orage poursuit son œuvre, transissant de froid les têtes et les épaules des survivants ancrés ça et là à divers morceaux du navire, déjà souvent tétanisés par la peur.
Dellsa bat des pieds, par moments, moins pour se maintenir à flots que pour remettre du sang en circulation dans ses membres inférieurs, lentement refroidis et engourdis par l’inertie. La planche n’est pas suffisamment large pour permettre à l’un d’entre eux de se hisser dessus, encore moins à tous les deux, alors qu’il semble indispensable de se sortir de la flotte pour rester en vie le plus longtemps possible. Elle s’accroche à l’espoir d’en sortir vivants, et trouve la force de ne pas lâcher dans la présence de Simak auprès d’elle. D’une pression sur le poignet du jeune homme, elle réveille son attention et lui suggère : « T’endors pas, hé ! Va falloir qu’on change de bouée, t’en repères une plus grande ? »
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Les vagues qui lui fouettent le cou, les bras, le visage, sont glacées. Mais là, le regard plongé dans celui de Dellsa, à la savoir en vie, à se dire qu'ils peuvent, peut être, encore s'en sortir, l'eau glaciale est bien le dernier de ses soucis. La main du marin se retourne pour saisir, elle aussi, le poignet de sa précieuse amie, s'assurer qu'elle est bien réelle, lui montrer qu'il est bien là. Et, lorsqu'elle constate la blessure sur son front, il resserre encore un peu plus l'étreinte de ses doigts.
« On aura tout le temps de s'en soucier quand on sera sortis d'ici... »
Leurs forces réunies, ils parviennent à s'éloigner des eaux sanglantes et n'ont plus d'autre choix que de se laisser aller à la dérive, dans l'espoir de s'échouer avant d'être exténués. La tempête s'éloigne petit à petit, jusqu'à n'être plus qu'un grondement derrière eux. Tout ce qu'entend Simak à présent, c'est les hurlements de leurs camarades et les cris stridents de cette créature dont la silhouette titanesque lui revient sans cesse. La tête posée sur leurs bras croisés, cramponnés à la poutre, Simak commence à être à bout de forces. L'étreinte de ses doigts sur le poignet de Dellsa s'atténue et ses jambes se laissent porter par le courant, épuisées par leur fuite. Au milieu d'autres débris du Ripailleur, le marin sent ses paupières s'alourdir et ses forces le quitter. Il va fermer les yeux, juste quelques secondes. Un court instant, rien de bien grave. Ses muscles gourds commencent à se relâcher, Simak est prêt à sombrer.
C'est la pression des doigts de Dellsa qui le ramène à elle, lui fait brusquement rouvrir les yeux pour se rendre compte de la fatale erreur qu'il a failli commettre. Sa main se resserre sur elle, sa tête se relève et son regard cherche celui de son amie pour s'y planter, aussi plein de détermination que d'épuisement. À sa question, il commence à parcourir les planches qui flottent autour d'eux, en cherchant une qui pourrait les accueillir tous les deux. Rien. Jusqu'à ce que, plus loin, se détache une silhouette qu'il reconnaît aussitôt. Le navire qui les avait pris en chasse.
« J'en ai bien une en tête mais j'suis pas certain de comment ça va finir... »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
L’hydre étant encore dans le secteur, et faisant rage sur quelques malheureux avant de disparaître dans les flots dès lors que la tempête s’est éloignée, le navire auquel fait référence Simak reste à distance quelques temps. C’est peut-être lorsque le soleil commence à remplacer la lune dans le ciel que le vaisseau qui était au large des débris daigne s’approcher de ce qui avait été autrefois un bateau pirate. Au final, plus de la moitié de l’équipage du Ripailleur est repêchée, mise à fond de cale le temps qu’on décide quoi faire d’eux. Si la plupart choisit de trouver un autre capitaine que celui qui avait une dent contre le téméraire mais stupide type qui avait cru pouvoir braver une hydre, Simak et Dellsa s’entendent sur le fait que le Chien de Mer a l’avantage d’avoir un capitaine moins con que leur précédent et lorsque le choix leur est laissé lors d’une escale, ils préfèrent rester sur le navire de Surion père. Il est des dettes qui ne s’effacent pas aussi facilement.
***
[dix-sept ans plus tôt] (D25, S18)
Le baluchon n’est pas bien lourd, et pour cause, elle n’a jamais gardé beaucoup d’effets et elle a tendance à user ses habits jusqu’à la trame. Ses habitudes changeront dès lors qu’elle aura une cabine pour entasser des breloques et des tuniques (généralement retaillées pour en faire des robes pour sa fille, mais n’anticipons pas trop, cette enfant n’existe pas encore au moment que nous peignons). Elle a débarrassé son hamac et a réparti ses affaires entre le baluchon et la sacoche à son épaule, qui la suivait depuis Belithrael. Ils devraient arriver au port d’ici une petite heure, si elle en croit la route qu’elle a pu déterminer en tant que navigatrice du Chien de Mer. Ce ne sera pas de trop pour faire ses adieux, non pas qu’elle compte saluer tout l’équipage, mais plutôt qu’elle considère devoir à Simak une explication.
Bon, bien sûr, lui dire qu’elle préfère mettre de la distance entre eux pour des raisons variées n’est pas une chose envisageable, déjà parce qu’elle n’y comprend rien, et qu’en plus parce qu’elle préfère s’inventer des raisons tout à fait innocentes quitte à porter des œillères d’une épaisseur éléphantesque. Et puis ils ont fait en sorte de ne plus trop se marcher dessus et de ne pas avoir de raison de s’invectiver dès l’arrivée dans un quelconque port, cela aurait dû signer la fin des hostilités, non ? Certes.
Elle essaie de se rentrer dans le crâne qu’elle n’a qu’une vague possessivité à l’égard de Simak parce qu’il est un point d’ancrage depuis longtemps dans le monde des poissons. Ce serait plus simple si ce n’était qu’une question d’ancienneté. Oui, ce serait tellement plus simple. Mais si ce n’était que ça, elle n’aurait probablement pas envie d’arracher les yeux de la moindre catin les faisant doux au marin, alors qu’ils ne se sont rien juré et ont préféré mettre un terme à leurs ébats qui n’apportaient rien de bon. Or, c’est là que le bât blesse : elle ne peut sans hypocrisie énorme redouter de la part de Dor'Magar ce qu’elle-même considère pouvoir faire sans avoir besoin d’autorisation, à savoir disposer de son corps librement en compagnie des hommes faits qui gravitent autour d’elle sur ce splendide navire.
D’ailleurs, ça n’a rien à voir, bien entendu. Rien du tout.
Bref. La brune laisse choir le baluchon dans un coin du pont et se rapproche du groupe de marins qui jouent aux dés en attendant d’approcher de la côte, moment où on aura besoin de tout le monde pour les manœuvres en termes de gréements. Coup d’œil curieux sur la partie (un des deux a forcément des dés pipés, mais elle n’a pas spécialement envie de perdre du temps à trouver lequel), elle se place à droite de Simak pour lui demander calmement, consciente qu’un murmure attiserait davantage la curiosité des marins voisins, « T’es occupé, là, ou t’as déjà perdu toutes tes pièces ? » parier avant d’arriver au port n’est pas forcément la meilleure idée du monde, mais certains du Chien de Mer considèrent que dépouiller leurs compères avant de toucher terre est le seul moyen pour pouvoir faire bombance une fois amarrés. Mains dans le dos, elle s’écarte des joueurs de quelques pas assez grands, pour venir s’appuyer les reins contre le bastingage du pont supérieur, au niveau de la proue, et lâcher le couperet : « Tu seras tranquille au retour : je change de bateau une fois à Ossam. Je crois que j’ai appris tout ce que je pouvais de Surion. » Elle parle du père, capitaine du vaisseau. Elle pourrait aussi parler du fils, quoique ça n’est pas le genre d’informations qu’elle tient à secouer sous le nez de son interlocuteur. Mains dans les poches de son pantalon en toile marron, elle regarde Simak avec un sourire vaguement gêné, consciente que la nouvelle le surprendra probablement.
Dernière édition par Dellsa aux Mains Rouges le Lun 4 Mai - 9:58, édité 1 fois
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Les yeux rivés sur la silhouette du navire qui s'approche à mesure que les rayons du Soleil viennent réchauffer leurs visages, Simak se dit qu'il vaut mieux s'y faire prisonnier que de sombrer dans les eaux glacées ayant déjà avalé de nombreux de leurs compagnons. Ses doigts viennent s'entrelacer à ceux de Dellsa lorsque les pirates les ont repérés, et ne les quitteront pas durant ce temps passé à fond de cale. Puis, lorsque le choix leur sera donné de descendre au prochain port ou rejoindre le Chien de Mer, le duo se montrera, à nouveau, inséparable.
▬▬▬
La lumière se fait rasante alors que le bateau s'approche d'Ossam, promettant à l'équipage quelques jours de débauche avant de remettre les voiles. Les pirates se préparent, rassemblent les dernières parts de butin qui leur restent, les jouent aux dés pour se garantir la nuit avec la meilleur catin du port, ou commencent à boire pour être au meilleur de leur forme une fois sur le plancher des vaches.
Simak est de ceux-là. Trois ans ont passé depuis la tragédie du Ripailleur, et beaucoup de choses ont changé. Lui a quelque peu mûri, bien qu'étant resté tempétueux et insubordonné. Il a aussi gagné de nombreux centimètres, laissant aisément envisager la taille qu'il atteindra définitivement quelques années plus tard, tout comme ses muscles ont continué d'élargir ses épaules, son cou, son torse et ses cuisses. Il n'est plus l'adolescent que Surion père a recruté. Il est un homme à présent, du genre qu'on met à contribution pour charger et décharger, qu'on s'empresse de former convenablement au maniement des armes pour en faire un adversaire redoutable lors des abordages. Et, en la matière, Azran Surion s'avère être un excellent mentor.
Accroupi dans un coin du pont supérieur en compagnie d'autres membres de l'équipage, Simak prend part à une partie de dés qui déterminera qui passera la meilleure nuit à Ossam. Fréquenter les bordels n'a pour lui rien d'avilissant, ni même de méprisable. Il connaît la vie de ces filles mieux que quiconque, leur voue une admiration sincère et préfère, souvent, la compagnie de l'une d'elles plutôt que d'une conquête quelconque. Parce qu'il ne voit pas de plus belle manière de dépenser sa part qu'en l'offrant à l'une de ces femmes. Et parce que ces femmes savent ce qu'elles font.
Les exclamations fusent durant la partie, il ne remarque pas l'arrivée de Dellsa qui se pose juste à côté de lui. Il la salue d'un coup de coude amical, les yeux rivés sur les dés venant d'être jetés, tâchant de maintenir cette distance qu'ils se sont imposée en voyant leur relation devenir toxique par les ressentiments de l'un envers les compagnies de l'autre. Ces années passées ensemble n'ont fait qu'amplifier chez Simak ce qu'il refuse de s'avouer à lui-même, cette possessivité démesurée qu'il a pour elle, ces sentiments enfouis qu'il essaie toujours d'amoindrir. Mais la vérité, c'est qu'il n'y a qu'elle, et que ces hommes qu'elle autorise contre elle sont tous morts dans d'atroces souffrances dans l'esprit jaloux de Simak. Mais ils se sont fait la promesse de ne pas se perdre même si, pour ça, ils devaient se lâcher.
« Figure-toi ma belle que je viens de remporter la partie, et la part de ces gentilshommes en prime. » Son sourire fier et narquois nargue les pirates qui lui balancent leurs bourses remplies d'économies qu'il s'empresse de ramasser avant de se tourner vers Dellsa. « Me voilà tout à toi. » Malgré leur accord, Simak ne réprime pas son tempérament provocateur en la compagnie de sa plus vieille amie. Parce qu'ils savent que ça en reste là.
Il la suit plus à l'écart, repose une hanche sur le bastingage, croise les bras et fronce légèrement les sourcils en devinant l'air sérieux sur les traits, pourtant toujours mutins, de la jeune femme. Quelque chose ne va pas. Il le sent. Et elle s'empresse de le lui confirmer. La surprise le percute de plein fouet, mais c'est la colère qui se peint sur son visage, dans son regard. Son corps se tend, sa mâchoire se crispe, ses yeux se font accusateurs. Elle part ? Sans lui ? Sans même lui avoir demandé ce qu'il en pensait ? Simak n'est pas du genre à lui dicter ce qu'elle doit faire, ou non, mais qu'elle ne lui ait pas fait part de ses intentions plus tôt, qu'elle ne lui ait pas donné une chance de la convaincre de rester, ou de décider de la suivre, ça le fait bouillir.
« Tu te barres ? » Son ton est furieux, mais il sait garder sa voix assez basse pour ne pas la compromettre avec le reste de l'équipage. Peut-être qu'il devrait, par rancœur. Mais il en serait incapable. Malgré sa voix maîtrisée, la rage est flagrante dans ses yeux, ses traits, sa posture, intriguant les pirates qui ne les ont plus vus se disputer depuis longtemps. Les interrogations naissent dans les rangs, mais impossible d'en savoir davantage. « Sans m'en avoir parlé avant ? Tu penses pas que j'aurais aimé être au courant ?!? »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Un sourire mutin répond à cette offrande totale qu’il lui fait. Dellsa n’est pas dupe pour autant, elle n’a pas oublié ce qu’ils ont convenu il y a bien deux ans, pour se rendre la vie plus facile qu’elle ne l’était devenue et ne pas foutre en l’air leur amitié. C’est d’ailleurs au nom de ce lien tissé entre eux (qui n’est que de l’amitié profonde, bien sûr) qu’elle le prévient de son départ, plutôt que de le mettre devant le fait accompli au retour sur le pont après la mémorable soirée qui s’annonce. Elle a hésité, en vrai. S’enfuir comme une voleuse une fois Ossam touché lui avait semblé une solution tout à fait charmante. Mais à mesure que la côte se dessinait au loin, elle avait eu quelques scrupules à agir de la sorte. C’était Simak, quand même.
Pour autant, alors que la colère envahit les traits du marin, Dellsa se demande si elle n’aurait pas dû fermer sa gueule, histoire de s’éviter une ultime prise de tête dont elle considère qu’elle n’a pas besoin. Certes, Simak met en avant le fait que l’apprendre à cet instant, à une heure d’Ossam, n’est pas suffisant, mais c’est déjà mieux que rien, non ? Elle sent les regards tournés vers eux, mais reste fixée sur son interlocuteur et songe qu'il faudrait maintenir un air placide pour que les curieux se désintéressent de leur échange. Le cœur et l’esprit se font querelle en cet instant, mais plutôt que de laisser paraître le doute et l’interrogation qui se sont fait jour, elle préfère railler, tout en s’appuyant davantage sur le bastingage, les mains qui prennent appui sur la poutre horizontale derrière elle, tandis qu’elle répond sans prendre le temps de trouver meilleure formulation. « Pour faire quoi ? Trouver un moyen de me retenir, comme une vieille pute avec son meilleur client du bordel en pleine guerre ? » L’image est peu heureuse mais c’est la seule qu’elle trouve pertinente dans l’analogie, tout en sachant qu’elle risque de vexer ou de blesser Simak. À la guerre comme à la guerre (contre des sentiments inavouables).
Elle reprend, pour éviter un éventuel malaise quant à sa dernière image. « Tu sais, j’aurais aussi pu m’barrer sans rien t’dire. Et puis j’me suis dit que tu méritais la vérité, quand même. » Bon, pas celle qu’elle se refuse elle-même à prendre en compte, à savoir que malgré leur accord clair, net, et sans bavure, le regard qu’elle laisse traîner sur lui quand il ne regarde pas est souvent lourd et chargé, ni même que des songes fiévreux persistent à superposer la physionomie et les traits de Simak sur certains de ses amants moins mémorables. Ça n’a rien à voir, qu’elle se morigène, en se retournant vers le large, le ventre tendu d’anticipation plaqué désormais contre le bastingage. Elle se penche sur ses coudes, jambes toujours tendues, croupe dès lors reculée, sur un navire où d’autres ont appris à ne même pas effleurer cette zone anatomique sans son autorisation. Rien à voir.
Elle pourrait lui raconter qu’elle a pris sa décision il y a peu, mais ce serait mentir. Les portulans, ces cartes marines qui relèvent les côtes et les points repérables depuis la mer, qu’elle a copiés avec soin pour pouvoir conserver son propre travail sans en déposséder le Chien de Mer (parce qu’on pourrait le lui reprocher, pardi, et qu’elle préfère éviter que la flotte de Surion ait une dent contre elle), ce travail-là de copie indique qu’elle avait pris sa décision (ou avait commencé à y réfléchir) depuis plusieurs jours déjà. « J’pensais que ça t’arrangerait. » lâche-t-elle, coup de sonde à l’aveugle alors que la fureur de Simak devrait lui faire comprendre le contraire. Les œillères, toujours. Et peut-être aussi la tentative bancale de se justifier d’un affront auquel elle n’avait volontairement pas pensé. Elle tourne la tête vers le marin et d’un sourire gêné, elle continue de rhétoriser : « Et puis j’te l’dis, là. C’est déjà ça, non ? Arrête de tirer la gueule, on dirait Andrin… » Sans le dire, elle espère que la mention de leur ancien maître d’équipage -certes disparu dans les flots lors de cette funeste nuit- suffira pour le dérider légèrement, et se force à esquisser un sourire narquois, comme pour dédramatiser la situation.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Les poings serrés contre son torse, les bras crispés y restant croisés, Simak ne peut contenir toute la colère qui se déverse de son regard vers celle dont il n'aurait jamais cru être séparé un jour. Ils ont eu leurs différends, sont parvenus à mettre de côté quoi que ce soit qui aurait pu nuire au lien solide qui les unit depuis tant d'années, et la voilà qui brise tout ce qu'ils ont construit en se faisant la belle, sans même lui donner son mot à dire. Elle n'a pas de comptes à lui rendre, c'est vrai, mais il pensait compter assez à ses yeux pour qu'elle lui fasse part de ses plans et envisage les siens en conséquence. Parce qu'il ne s'est jamais projeté autrement qu'avec elle, dans tous les futurs qu'il croit possibles. Douze ans plus tard, pourtant, il deviendra Amiral de l'une des flottes les puis puissantes d'Elenath. Et il l'aura perdue, pour de bon.
La réponse qu'elle lui donne l'enrage davantage. Parce-qu'elle lui prête des réactions qu'elle ne lui a même pas donné la chance d'avoir, ou non, et parce qu'il tolère extrêmement mal les insultes faites aux filles de petite vertu qu'il sait valoir bien plus qu'on ne le pense.
« Je sais pas, pour me donner une chance de te suivre ? Mais visiblement tu t'es parfaitement arrangée toute seule, ravi de voir que j'entrave pas tes ambitions. » Ses mots sifflent entre ses dents, son regard noir foudroie celui qui, des années durant, a animé une toute autre espèce de flamme en lui. Mais, ce soir, la rage le fait bouillir de l'intérieur et le dépit teinte sa voix. « Cette "pute" dont tu parles aurait sûrement une meilleure notion de l'amitié que toi. » Excepté que, leur notion d'amitié à eux est biaisée par des sentiments que ni l'un ni l'autre n'est prêt à avouer ou à s'avouer, et que les non dits et la jalousie latente même après qu'ils aient tenté d'arranger les choses ne suffit pas à faire taire. Simak enrage toujours de voir d'autres mains que les siennes sur elle et se rend malade à l'imaginer s'unir à d'autres hommes. S'il ne cesse de se croire qu'excessivement possessif envers elle, les visions qui l'assaillent lorsqu'il honore d'autres femmes ont toutes le même visage. Celui qu'il est présentement en train de maudire.
Elle tente d'arrondir les angles, mais elle ne fait que le tourmenter davantage. Et qu'elle ait simplement envisagé de partir sans rien lui dire ne contribue pas à arranger la situation.
« Trop aimable. » Siffle-t-il encore, prêt à exploser. L'amertume le consume entièrement, lui faisant jusqu'à ignorer cette cambrure qu'elle lui fout sous le nez et qui l'aurait attiré droit derrière elle quelques années plus tôt. Mais son cœur n'est pas à la nostalgie ce soir. Seulement à la rancœur. Celle qui entraîne son palpitant vers le fond lorsqu'elle suppose qu'il l'aurait voulue loin de lui. « Tu devrais t'abstenir de me prêter des intentions que je n'ai pas. » Sans s'en rendre compte, trop aveuglé par sa colère et sa rancune envers Dellsa, il lui avoue à demi-mots qu'il pense tout l'inverse des mots qu'elle lui prête. Il la veut près de lui. Toujours. Mais elle le prive de cette lubie qu'il pensait pourtant réalisable, même s'il devait accepter ces hommes à qui elle autorise ce dont ils se sont tous deux privés.
Lorsqu'elle évoque Andrin, c'en est trop. Son regard se fait plus meurtrier que jamais et son corps tout entier se tend alors qu'il décolle sa hanche du bastingage. Elle vient d'ajouter à la douleur de la perdre, elle, celle d'avoir perdu un précieux ami doublé d'un mentor. Trois ans qu'il a disparu dans l'abîme. Trois ans que la plaie reste béante dans l'esprit du pirate. Et le déchirement qu'a provoqué cette dernière phrase est la goutte d'eau qu'il faut à Simak pour se barrer, avant d'exploser, de ne plus pouvoir se contrôler. Il se retourne et fonce jusqu'à la cale, sans autre attention pour Dellsa que ces quelques-mots qu'il prononce sans daigner se tourner vers elle. « Éclate-toi bien dans ta nouvelle vie, t'en fais pas, je m'en tiendrai loin. J'voudrais pas que tu penses que j'veux en faire partie. »
Disparu sous le pont, Simak rejoint le fond de cale qui les a vus débarquer trois ans plus tôt. Désert. Silencieux. Jusqu'à ce que son poing vienne heurter l'un des poteaux de bois dans un accès de rage à défaut de pouvoir la crier, imité par son reflet, malmenant le bois jusqu'à rendre ses phalanges écarlates, jusqu'à ce qu'il ne se laisse glisser au sol, la tête prise entre ses mains rougies. Il ne devrait pas réagir comme ça. Ca ne devrait pas lui être aussi douloureux. Alors pourquoi ce sentiment d'abandon qui l'écrase ? Pourquoi cette tempête dans son esprit censé s'être détaché d'elle ? Andrin le savait, lui. Simak préfère le nier.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Tous comptes faits, elle aurait probablement dû disparaître dans la nuit et ne plus jamais reparaître sur les planches du Chien de Mer. Il l’aurait probablement détestée pour ça, mais le temps aurait fini par faire son œuvre et ils se seraient épargnés cette charpie de cœur qu’ils sont en train de faire. Là, elle ne savait pas vraiment si leur amitié allait résister à cette tempête qui ne faisait qu’enfler avec ce qu’ils se balançaient. De soufflet verbal en gifle presque crachée, il n’y a guère de retenue dans l’expression de la colère chez Simak, et au fur et à mesure que son ire augmente, Dellsa commence aussi à sentir s’échauffer son sang. Si bien qu’elle ne faiblit pas dans les justifications qu’elle considère finalement ne pas lui devoir, et que ses réponses se font plus cinglantes que douces. Mauvaise manœuvre, car le marin est piqué à vif. Elle le sent tendu, furieux, blessé peut-être ? Et malgré ça, elle n’esquisse pas un geste pour l’arrêter à partir du moment où il s’éloigne, peut-être interdite par les dernières palabres qu’il lui adresse, peut-être vexée, peut-être effrayée par ce qui se trahit à contre-jour.
Exaspérée. Elle est exaspérée. (Ce n’est pas le bon mot, elle se ment à elle-même mais c’est le seul terme qu’elle daigne considérer à l’instant présent.) Elle ne peut que l’être, après tout. Ce n’est pas elle qui est en tort, c’est lui, à tout prendre aussi dramatiquement. (À moins que… ?)
Les mains crispées sur le bastingage, en tension, elle a détourné les yeux dès qu’elle a compris où il se dirigeait, et regarde actuellement au loin, en soufflant longuement, bouche fermée, expirant tout l’air de ses poumons par ses naseaux, l’œil sombre. Et puisqu’un des marins y voit sa chance, sans savoir lire les signes qui devraient lui permettre de comprendre que c’est probablement la pire idée que d’aller tâter la croupe de la brune à cet instant précis, elle passe ses nerfs sur l’outrecuidant qu’elle chope à la glotte d’une poigne de fer avant de le repousser avec violence d’un coup de pied dans le poitrail, accompagné d’un : « Commence pas à faire chier, toi ! » qui ponctue le geste et trahit sa fureur. (Totalement dirigée vers la mauvaise personne, cela va sans dire —quoique, l’abruti a mérité d’être malmené, feel the room, dude)
Les curieux cessent de l’observer, détournant le regard dès lors qu’elle porte ses billes vers eux, comme s’ils redoutaient qu’en croisant ses prunelles où couve un volcan, ils se désignent comme des futures cibles. Elle fixe enfin l’autre bout du navire, vers les escaliers menant à la cale où Simak est allé s’isoler. Elle n’a pas réussi à s’en empêcher. Peut-être s’attend-elle à ce qu’il reparaisse, penaud et comprenant son erreur. Un instant, elle hésite : le suivre avec aussi peu de temps de latence lui semble évidemment périlleux. En même temps, ne pas bouger lui donne une apparente indifférence qui ne serait qu’un mensonge de plus. La tempête des mots laisse place à l’ouragan sous son crâne. Histoire que ce soit clair qu’elle veut qu’on lui foute la paix, elle s’avance davantage vers l’extrémité de la proue et se pose assise en tailleur dans la poulaine. Au loin, si elle plisse les yeux et se concentre, elle peut repérer les reliefs caractéristiques d’Ossam ainsi que les feux déjà allumés dans certaines tours récemment reconstruites. Se concentrer sur l’horizon lui permet de nier l’évidence, à savoir que la réaction de Simak n’était pas celle qu’elle attendait, et que le résultat de leur brève mais intense altercation a suffi à l’ulcérer.
Quel imbécile aussi !
C’est parce qu’elle ne veut pas le peiner qu’elle ne lui a pas dit noir sur blanc qu’elle préférait foutre le camp avant de trop s’attacher. Qu’elle a voulu changer d’air pour arrêter d’avoir des pensées sur lesquelles elle pensait avoir tiré un trait. Ou peut-être est-ce parce qu’elle n’assume pas ? Qu’elle avait peur ? Ah ! La belle affaire !
La tête contre un barreau du bastingage, elle grommelle tout bas, comme si la discussion avait continué calmement, singeant Simak en reprenant certaines de ses paroles. « (…) J’veux pas entraver tes ambitions, gnagnagna, mais tais-toi, putain, tu comprends rien… » Elle comprend rien non plus, en fait. Ou plutôt, elle ne veut pas comprendre. « J’m’en tiendrai loin, tout ça. Mais vas-y barre-toi, c’est ça. De toute façon, j’en ai rien à foutre, ça sera mieux seule. On est toujours mieux seuls. » C’est faux. Et de laisser s’échapper un râle de dépit, en levant les yeux vers les cieux qui s’assombrissent, pour ponctuer, un peu plus fort : « Putain d’merde. » Classe.
S’il y a bien une raison pour laquelle elle ne lui en a pas parlé avant, c’est parce qu’elle a l’impression qu’il est vraiment bien, sur ce navire. Qu’elle veut pas lui demander de choisir entre les vrais liens qu’il a pu tisser avec les gars du Chien de Mer, ou elle. Ou plutôt, c’est la raison de surface, parce qu’en vrai, c’est plus pernicieux. Si elle n’a pas évoqué l’hypothèse de changer de voilier, c’est parce que cette idiote a peur de perdre, si c’est ça, l’équation à départager. La possessivité persiste et, avec elle, la peur de n’être pas assez, de ne pas suffire, de ne pas en valoir le coup. Alors plutôt que de risquer d’être déçue, elle préfère que le choix lui revienne à elle-même, tout injuste que ce soit de ne pas lui donner le bénéfice du doute. Et c’est parce qu’elle continue de refuser de voir l’évidence qui crevait les yeux d’Andrin autrefois qu’elle ne bouge pas, vexée qu’il ne comprenne pas qu’elle n’ose pas rêver d’avenir avec lui parce qu’elle est pessimiste et considère que c’est perdu d’avance. S’ils sont à se bouffer le nez pour des histoires de cul et s’il a fallu qu’ils mettent un terme à leurs coucheries pour respirer un peu mieux, ça sert à rien d’essayer d’avoir quelque chose. De toute manière, s’attacher à quelqu’un, ça sert à rien. Elle se répète ça, et ça ne marche pas, ça ne s’ancre pas.
L’appel du Maître d’équipage la tire de sa réflexion bien sombre, tandis qu’il s’agit de commencer à replier les voiles une à une pour entrer à Ossam paisiblement, sans risquer de s’échouer bêtement. Le gabier guide le reste des marins et progressivement les voiles remontent et sont sécurisées. La manœuvre occupe tout le monde, et Dellsa se concentre là-dessus, puisant dans l’effort physique de quoi tenir jusqu’à être sur les docks. Sauf que lorsqu’elle va pour récupérer son baluchon pendant que l'ensemble des marins goguenards commence à descendre à terre en se donnant des grandes claques dans le dos et s'éloignent vers les bordels et tavernes dans des éclats de voix sonores, elle se retrouve à croiser le regard de Simak, un peu en retrait, et se sent gauche et maladroite, le cœur jonglant entre une colère qui revient et gronde sourdement dans sa poitrine, ou une déception qu’elle ne saurait exprimer avec clarté. Elle inspire, et lâche quelques mots qui flottent, incertains, entre eux : « En vrai, j’voulais faire ça bien, tu sais… » Ce ne sont pas des excuses, c'est pas non plus une reprise de la dispute. Ça reste en suspens, phrase étrange sur laquelle elle est presque prête à foutre le camp, mais elle accroche son regard et reste figée, pas très satisfaite de la tournure des évènements.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Le silence relatif de la cale a pris le pas sur les coups sourds ayant été porté sur le malheureux poteau de bois contre lequel Simak se retrouve à présent adossé. Seul avec ses pensées, il enserre sa tête de ses deux mains, comme pour chercher à faire cesser ce tourbillon de d’émotions qui le submergent et lui font perdre la raison. Il n'aurait pas pu rester là haut. L'équipage entier aurait été au courant des magouilles de Dellsa, et il ne sait pas ce qu'il aurait pu faire ou dire à cette dernière.
Alors que son palpitant se calme et que sa respiration reprend un rythme régulier, un sentiment de solitude vient l'étreindre alors qu'il s'imagine ce que sera sa vie sans elle. Ses affinités avec l'équipage du Chien des Mers ne suffiront pas à la lui faire oublier, c'est certain. Et il continuera de penser à celle qui, pourtant, a choisi un avenir sans lui dans le tableau.
Un long moment s'écoule ainsi, jusqu'à ce que lui parvienne l'agitation provenant du pont supérieur. Ils sont sur le point d'accoster. Dans un soupir, le pirate se lève et rejoint l'équipage, prenant part aux manœuvres jusqu'à ce que le bateau n'accoste enfin. Se déverse un flot de marins en quête de boissons et de femmes malgré leurs pécules allégés par celui qui, au milieu des hamacs, est à présent assis sur le sien. Ça continue de s'agiter autour, les retardataires finissent de rassembler leurs affaires pour rejoindre ceux qui investissent, déjà, les tavernes alentours.
Le regard fixe, vide, les pieds ancrés dans le sol et les coudes appuyés sur ses cuisses, Simak n'invite pas vraiment à la conversation, les rares s'étant essayés à lui proposer de les suivre s'étant faits envoyer chier sans même qu'il ne prononce un seul des mots pourtant évidents lorsqu'on réfléchit un tant soit peu. Clairement pas d'humeur. Pourtant, la rage qui l'avait animé plus tôt semble avoir disparu, ne laissant derrière elle qu'une morosité lui rongeant les entrailles, et plus encore lorsqu'il croise le regard de Dellsa en se décidant à lever les yeux sur ce qui l'entoure. Et tout le reste disparaît lorsqu'elle le rejoint.
Le regard de Simak a retrouvé un point fixe au sol lorsqu'elle se place en face de lui et ses mains se sont jointes. Il ne sait pas quoi penser de cette approche malgré les mots qu'ils se sont échangés sur le pont. Mais, encore une fois, la colère l'a quitté. Pour le moment.
« 'Faut croire que c'est raté. » Lui répond-il. Sa voix est neutre, ne transmet aucune émotion. Parce qu'il lui semble ne plus en ressentir aucune après qu'elles l'aient submergé. « T'espérais quoi ? » Sûrement mieux que ça. Mais il aurait été incapable de bien accueillir l'idée qu'elle parte. Sans lui. « Tu prends la décision de te barrer sans même chercher à savoir ce que j'en pense. Sans moi. » Les derniers mots lui nouent la gorge lorsqu'il relève la tête et pose sur elle ses prunelles bleues. Le regard de Simak a toujours été expressif, mais on y lit bien plus souvent de la colère, de la contrariété ou bien de la joie. Parce qu'il sait masquer ce qui le ronge. Jusqu'à un certain point. Ce soir, c'est la tristesse qui l'emporte. « Et je suis censé faire quoi, moi ? Sauter de joie et me contenter de te regarder partir ? » Il en est parfaitement incapable. Et elle le sait, mieux que quiconque.