« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Bras ballants, le baluchon qui a glissé à ses pieds, elle fait face à Simak. Elle a été gauche en s’adressant à lui, ne trouvant pas les mots qui auraient fait mouche, les mots justes. Alors une platitude lâchée comme ça, flottant dans l’air avec des relents d’évidence, sans plus d’explication. Dans son poitrail, elle sent que ça cogne à la manière des sabots d’un cheval sur une route en terre battue. Sa respiration reste silencieuse pour autant, elle lâche un bref éclat de rire lorsqu’il confirme que ça a foiré, sa tentative de faire les choses bien (pas dans le bon tempo, surtout). Il fixe le sol avec intensité et elle s’appuie contre une poutre, glissant ses mains dans les poches de son pantalon, la bouche pincée d’un côté lorsqu’il lui demande ce qu’elle espérait. Elle hausse les épaules.
Elle espérait que ce soit facile, de lui dire au revoir. Mais ça aussi, y a pas moyen qu’elle le dise comme ça. Il comprendrait pas.
« Tu prends la décision de te barrer sans même chercher à savoir ce que j'en pense. Sans moi. » Là encore, impossible de lui parler de la peur de rejet qui lui a étreint les boyaux. Il la trouverait ridicule. Elle-même se trouve ridicule. Toute cette affaire est risible. Elle le regarde toujours, si bien que lorsqu’il relève les yeux vers elle, leurs prunelles s’accrochent et ce qu’elle y lit la désarçonne, tandis qu’il continue de mettre des mots sur la peine, la douleur, qu’elle lui cause (qu’elle leur cause, à vrai dire). « Et je suis censé faire quoi, moi ? Sauter de joie et me contenter de te regarder partir ? - Dis pas de bêtises. », qu’elle souffle, murmure presque imperceptible. Elle se détourne du marin, de l’ami, de l’âme sœur, croise les bras, inspire longuement en lui tournant le dos, contemplant les hamacs accrochés çà et là. Au-dessus d’eux, sur le pont principal, des bruits de talons qui claquent encore sur le bois, les derniers marins qui descendent à terre, goguenards. Quelques uns sont censés rester sur le quai d’arrimage, pour garder le navire et sa cargaison, avant les échanges du lendemain. La tête levée vers les planches qui les surplombent pendant ces quelques instants, Dellsa la rabaisse. Elle esquisse quelques pas, lents, lourds, à peine quatre ou cinq, arc de cercle qui la ramène face à Simak. Une inspiration, et elle se décide, entre les différents chemins qui s’offraient à elle (parmi lesquels, ramasser son baluchon et mettre les voiles sans plus rien dire).
En trois pas, elle est à sa hauteur, à se retourner pour s’asseoir à côté de lui dans son hamac, avec un « Pousse-toi un peu, laisse-moi de la place. ». Et puis, parce qu’elle les a vues, ces mains aux phalanges rougies, elle prend la plus proche avec délicatesse pour l’ausculter, sans vraiment chercher à effleurer les éraflures. « C’est noble de ta part de ne pas me l’avoir collée dans la gueule, tu m’aurais pété le nez, je crois… » Doucement, elle entrelace ses doigts avec ceux de Simak, pour exercer une pression sur sa main, avant de remonter ses billes vers les siennes, malgré une brève interruption de la course en passant sur sa bouche. Frisson infime qu’elle déteste alors que c’est pas le moment d’être faible. C’est pas le moment de se laisser distraire. Elle est déterminée, il faut qu’elle aille au bout de ce qu’elle a décidé. L’autre main de la brune caresse la joue de Simak tandis qu’elle s’ancre dans ses yeux, contre lui, à ses côtés. Avec une douceur qui dénote cruellement avec la violence des mots qu’elle va prononcer, elle ose pourtant articuler : « J’veux pas que tu viennes avec moi. » Elle a les larmes aux yeux de dire ça comme ça, horrifiée d’avoir à lui avouer un truc pareil, ne trouvant pas les mots pour le lui dire avec des circonvolutions salvatrices. La main qui caressait la joue se fait plus impérieuse, forçant Simak à la fixer encore tandis qu’elle clarifie : « Ça veut pas dire que j’veux plus jamais de toi dans ma vie, je t’interdis de croire ça, espèce d’imbécile, t’entends ? » Elle s’y prend si mal, si maladroitement, et elle se déteste de ne pas trouver de paroles plus délicates pour lui faire comprendre son point de vue. « Je… » T’aime ? Holà, on va arrêter ça tout de suite, ça n’a rien à faire dans sa bouche à l’instant présent, surtout que ça n’a d’ailleurs rien à faire dans son esprit dans l’immédiat alors on s’arrête et on reprend après avoir dégluti. Ah ! La pire des excuses, ça, en prime, évitons de mettre des mots sur ces sensations qui ne sont encore pas analysées à ce point par la pirate. Loin de savoir vraiment ce qui aurait pu sortir d’entre ses lèvres, elle s’humecte les lèvres qui sont sèches, garde les yeux plantés dans ceux de Simak et sort des excuses qui ne sont que des demis-vérités : « J’suis pas bien ici. Plus bien. Sur ce navire. J’ai l’impression de tourner en rond. Et puis ça veut pas dire qu’on se reverra plus jamais, y a les ports et les tavernes pour ça, et les réunions de l’Ordre du Poisson aussi… » Sa vue est brouillée par les larmes qui l’obstruent en s’accumulant dans ses yeux, mais elle se refuse à ciller, s’interdisant de laisser ses larmes couler dans pareilles circonstances. Sa bouche se pince, sa gorge est nouée et elle l’observe comme si c’était la dernière fois -malgré tout ce qu’elle disait- qu’elle le verrait. « T’es mon roc, Dor’Magar., elle réussit à esquisser un sourire en lui disant ça, en se raccrochant à ce putain de nom de famille qu’elle a mis bien trois jours à prononcer correctement, Y a rien qui changera ça. Elle lui promet quelque chose sur laquelle elle n’a aucun contrôle, mais elle refuse d’y penser maintenant. Elle a besoin de lui faire cette promesse, puisqu’elle est pas foutue de tenir les autres tacites, quant à leur caractère inséparable. Elle renifle, et poursuit : Mais faut que je change d’air et j’peux pas te demander de venir avec moi. » Le voilà le problème : ce putain de choix qu’elle a peur de lui demander de faire. Et pour une autre raison, qu’elle déteste devoir soulever : « Ça arrangerait rien, en plus. On n’est bons qu’à se faire du mal, pour le moment… » Et un peu de bien, parfois, quand même. Mais beaucoup de mal en général, parce que la possessivité ne fait qu’envenimer leurs rapports ces derniers temps. La main qui serrait tendrement celle de Simak le lâche pour venir encadrer le visage de l’ancien mousse auquel elle s’est beaucoup trop attachée pendant toutes ces années. Elle cille pour pouvoir le regarder vraiment, les yeux dans les yeux, pour finir ce qu'elle a à lui dire. Ce faisant, en toute logique, les larmes commencent à rouler sur ses joues alors qu’elle les achève : « Faut que tu me laisses partir, Simak, pour notre bien à tous les deux… » Et disant ça, elle fait l’inverse de ce qu’elle lui demande, ou presque, puisqu’elle l’embrasse sans crier gare, comme un baiser d’adieu.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Lorsque les lèvres de Simak se scellent à nouveau, ils sont tous deux les derniers restants dans la cale sombre vaguement éclairée par des bougies dispersées çà et là. Son regard s'est à nouveau détourné de celui qu'il ne peut soutenir sans qu'une douleur lancinante ne lui troue la poitrine. Elle s'éloigne, il s'attendrait presque à ce qu'elle tourne les talons pour ne jamais revenir. Parce que peut être que, finalement, elle n'en a jamais rien eu à foutre, que c'est lui qui s'est bien trop emballé dans cette relation, aussi chaotique soit-elle. Il serait prêt à tuer pour elle. Il l'a déjà fait, lors d'abordages. Et peut être que, deux fois ou trois à quai, sans qu'elle ne le sache, il s'est chargé du cas de quelques effrontés ayant cru bon de la dire leurs alors qu'elle ne peut appartenir qu'à lui. Mais, ce soir, elle lui rappelle qu'elle n'appartient qu'à elle-même.
Lorsqu'elle s'installe à côté de lui, Simak ne réagit que pour lui en laisser la place. Le regard toujours fixé vers le sol, il en est encore à ne pas savoir quoi penser de la décision de Dellsa, pas plus que du fait qu’elle soit revenue, le baluchon devant lui lui affirmant qu’elle n’a bien évidemment pas changé d’avis. Son corps se tend à cette main sur la sienne, à ce contact qu'ils n'ont pas eu depuis trop longtemps. Une éternité. Ses doigts s'étirent à l'évocation que leurs phalanges auraient pu rencontrer le faciès de Dellsa, à quelques secondes près. Elle n'a pas tort. Elle a beau être la prunelle de ses yeux, compter pour lui plus qu'elle ne le pense et qu'il n'ose se l'admettre malgré l'évidence qui se déroule juste sous leurs yeux, les accès de colère de Simak ne font jamais état de l'attachement qu'il peut avoir avec la personne d'en face lorsqu'il est évident qu'elle peut encaisser. Et elle, il est bien placé pour savoir qu'elle accuse ses coups mieux que personne.
« Tu l’aurais sans doute mérité. » Qu’il lui répond dans un faible sourire. Et lui aurait sûrement mérité qu’elle lui rende la pareille. Ces doigts qui glissent entre les siens le font vibrer d’une sensation jamais vraiment oubliée, et ses yeux quittent enfin les planches pour se braquer sur leurs mains enlacées, la sienne pressant mécaniquement celle de sa trop précieuse amie. Une certaine incompréhension lui traverse l'esprit alors que cette attention donne un premier coup dans la barrière qu'ils se sont tous deux fixée. Et lorsqu'elle pose sa main sur son visage alors qu'il relève les yeux vers elle, Simak en vient presque à se demander s'il n'est pas en train de rêver. La douce caresse de cette main contre sa joue atténue encore la colère qui gronde au fond de lui, prête à resurgir sans alerter. Et sans doute est-ce mieux pour qu'il ne s'emballe pas à ce qu'elle lui dit.
Le marin fronce simplement des sourcils et son regard se noircit alors qu'il cherche déjà à détourner son visage qu'elle retient. Et c'est là qu'il les voit, les yeux de Dellsa mouillés de larmes. La femme la plus forte qu'il connaisse. Elle a mal, elle aussi. Et bien que la gorge du pirate se serre à l'idée qu'elle ait autant mal que lui, il se sent terriblement soulagé de la voir, elle aussi, affectée par cette séparation dont elle est pourtant la cause. Ses mots sont maladroits, mais Simak choisit de les écouter pour tenter d'en connaître leur véritable sens, pour passer outre cette fierté démesurée qu'ils partagent et chercher à comprendre l'énigme qu'elle a toujours été. La voix fébrile avec laquelle elle lui parle lui font serrer instinctivement sa main sur celle qu'elle a laissée dans la sienne.
« T’es mon roc, Dor’Magar. » Sa main se serre, encore, et Simak déglutit difficilement. Malgré leur possessivité mutuelle, malgré cette connexion évidente entre eux, malgré cette alchimie que provoque le moindre contact de l'un sur l'autre, jamais ils n'ont confessé quoi que ce soit sur ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Et même si ces mots n'expriment qu'une infime portion des sentiments qu'ils refoulent tous deux, ils trouvent chez le Dor'magar leur reflet parfait. « Y a rien qui changera ça. » Simak soupire et baisse un instant les yeux. « Dis pas ça. » Parce que ça n'en rendra son absence que plus douloureuse, malgré la raison qu'elle lui expose ensuite. Il est loin de la comprendre, voudrait la raisonner, lui dire que ça n'empêche en rien qu'il la suive et puis... « Ça arrangerait rien, en plus. On n’est bons qu’à se faire du mal, pour le moment. »
L'étreinte de sa main s'atténue soudainement. C'est donc pour ça. Malgré leur accord, malgré les efforts qu'ils ont donnés pour que perdure leur amitié, ça n'est pas suffisant pour elle. Un instant, il pense que c'est cette amitié qui ne lui convient pas, finalement. Qu'il vaut mieux qu'elle s'éloigne pour ne plus s'en encombrer. Il relève les yeux vers elle, voulant s'en persuader en la voyant afficher un visage déterminé, mais c'est tout autre chose qu'il découvre lorsqu'elle lui enjoint de la laisser partir. L'eau qu'il voyait naître dans ses yeux s'est mise à rouler sur ses joues.
C'est douloureux. Pour elle comme pour lui. Lui qui était prêt à trouver mille et un arguments pour la persuader de rester ou d'accepter qu'il la suive se voit rendu muet par cette empathie qui lui enserre la gorge. Il réalise alors que la retenir serait une erreur. Elle va partir. Mais leurs lèvres se trouvent. Malgré une fraction de seconde durant laquelle Simak tente de réaliser ce qui se passe, il ne tarde pas à lui répondre, lâchant la main de Dellsa pour encadrer son visage des siennes et mettre tous ces sentiments l'ayant déboussolé plus tôt dans ce baiser qu'il lui rend au centuple, pour tous ceux qu'il aurait voulu lui donner durant ces deux années sans pouvoir la toucher. Son baiser est brûlant, comme le feu qu'elle a toujours alimenté en lui. Mais les caresses de ses pouces sont d'une tendresse infinie alors qu'ils essuient des joues de Dellsa ces larmes qu'il ne supporte pas d'y voir couler.
La frustration de n'avoir pu la toucher, celle de voir d'autres hommes s'en donner à cœur joie, elles le rendent plus avide encore de cette bouche dont il retrouve la langue de la sienne. Deux ans, et il en connaît toujours le goût. Dix-sept ans plus tard, il ne l'aura pas oublié non plus. Pas plus que la douceur de cette peau sous sa dextre qui s'est aventurée plus bas, tirant sur l'étoffe de la chemise pour venir caresser le flanc de la jeune femme. Peut être ne voulait-elle qu'un baiser d'adieu, sans doute le retiendra-t-elle rapidement, mais il n'est actuellement plus maître de ses propres pensées.
« T'es tout pour moi, Dell. » Ses mots s'échappent de ses lèvres dans une confession évidente et, pourtant, si loin de la réalité. Elle est tellement bien plus que ça mais son esprit refuse encore de l'accepter, et sa crainte de la perdre -définitivement- l'empêche de prononcer ces trois mots qui se sont bien trop souvent souvent imposés à son esprit. Je t'aime. À en casser la gueule à la moindre occasion à ceux qui l'approchent de trop près. À rayer ceux qui lui nuisent de la surface du globe. À se perdre corps et âme au moindre contact entre leurs peaux. À en accepter de la laisser partir. « Tu vas me manquer… Vraiment. »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Lorsqu’elle pose les lèvres sur les siennes, ce n’est au départ pas censé durer bien longtemps. Un baiser, et puis s’en va. Un dernier contact, éphémère, bref, doux. Elle n’est pas sûre de pouvoir partir si cela va plus loin, d’être capable de s’arracher à son contact par sa propre volonté. Mais le contact s’intensifie, les bouches se retrouvent avec passion, les langues se mêlent avec volupté. Elle redécouvre ce goût, ferme les yeux sous la réminiscence, répond avec autant de fougue qu’il n’en met. Elle frissonne encore lorsqu’elle sent sa main chaude sur son flanc, par-dessous la tunique.
Ce n’est pour autant pas elle qui met fin à ce baiser, puisque c’est Simak qui le rompt pour souffler un aveu qu’elle n’attendait pas. « T'es tout pour moi, Dell. » Elle le scrute, de ces yeux marron qu’elle vient de rouvrir. Les lèvres de la belle sont pincées, les entrailles se nouent. Ses yeux sont toujours brillants mais les larmes sur ses joues ont été effacées avec douceur, et elle lui adresse un sourire mince et tremblotant. Si leurs esprits se refusent encore à reconnaître ce qui les lie, s’ils ne mettent pas de mots dessus, au-delà de ces affirmations qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg, leurs carnes vibrent à l’unisson, tout autant que leurs cœurs, qu’ils font taire par pudeur ou par peur. « Tu vas me manquer… Vraiment. »
Elle pourrait répondre un « Toi aussi » succinct. Elle pourrait s’écarter de lui, et s’enfuir dans la nuit après ces adieux si étranges, ramassant ce baluchon et dévalant la planche reliant le navire au quai. Elle pourrait décider de rester, finalement, d’essayer d’affronter cette jalousie maladive qui les dévore. Mais elle se dit que la distance et le temps aideront à moins souffrir, qu’ils s’habitueront tous deux à la distance. Elle sait aussi qu’ils ne cesseront pas de se faire involontairement du mal si elle cède et persiste sur ce vaisseau. Et pour autant, elle n’a pas la force de partir maintenant. Elle voudrait être à lui, une dernière fois, avant longtemps. S’ils osent s’embrasser ce soir, après deux ans où ils se le sont refusé, rien ne les empêche d’aller plus rien, de s’appartenir l’un l’autre avant de se séparer, après tout, non ? Un monstre grogne dans son bas-ventre, désireux d’un contact profond et prolongé. Elle voudrait s’abandonner, se laisser aller contre lui.
Pourtant, elle sait pertinemment que si elle agit ainsi, s’extirper d’entre les bras de son ancien amant plus tard, après une union charnelle tant différée, sera pire que maintenant, une torture qu’elle ne veut ni s’infliger, ni lui infliger. Alors une main quitte le visage de Simak, pour cueillir la patte qu’il avait posé contre son derme, et elle l’en détache lentement, doucement, tendrement, les faisant toutes deux sortir de sous sa chemise. Elle le regarde avec un sourire affectueux, chaleureux, sincère, l’air de lui signifier que ça ne les aiderait pas à se séparer. Elle aurait tant aimé… Mais il lui faut être forte, encore. Elle entrelace ses doigts avec ceux qui caressaient sa carne jusqu’à peu, puis l’embrasse une dernière fois, et son cœur cogne de savoir qu’elle ne retrouvera pas ces lèvres si douces avant longtemps. Tandis que l’une de ses mains tient toujours celle de Simak, l’autre s’agrippe à sa nuque puissante : le baiser se fait dévorant, vorace, avide. Lorsqu’il lui faut reprendre son souffle, elle y voit le signe du départ, et souffle un « Prends soin de toi. » avant de se lever du hamac en rompant tout contact. Le pas lourd mais déterminé, inébranlable dans sa démarche, Dellsa revient au niveau de son baluchon à quelques pas, pour se pencher et le ramasser, avant de rejoindre les marches pour sortir de la cale, concentrée, résignée. Dernier regard en arrière, vers Simak, encadré par des bougies qui faiblissent, alors qu’elle pose la main sur la corde, non « le fil » on dit, bref ce qui sert en rambarde. Il faut qu’elle y aille. Son cœur tambourine, les jambes ne veulent pas partir, son souffle se fait plus fort, elle a l’impression d’être à deux doigts de défaillir, mais il est hors de question qu’elle faiblisse maintenant. Elle inspire, profondément. Se force à esquisser un sourire mutin, histoire de lui laisser une mine espiègle en souvenir.
Allez. Bouge, qu’elle s’ordonne. Et de lancer, avant de s’élancer à grandes enjambées en haut de ces marches, considérant son avance comme suffisante et ayant besoin de le laisser sur ce souvenir plus léger : « Pas foutu de me rattraper, j’parie ! » Sur cette apparence de jeu, elle tire sur ses bras avec fureur pour ne pas flancher, se projette en avant et trouve la force de quitter la cale. Une fois sortie de la cale, elle court sans se retourner, les talons de ses bottes qui martèlent les planches du pont et de la vieille porte dégondée et vermoulue qui permet d’atteindre le quai et tremble sous la fuyarde, le bruit de ses pas couvrant d’autres sons qui indiqueraient qu’il la suit. Passant devant les gars qui gardent le vaisseau, elle les salue d’un signe de la main et disparaît au détour d’une des ruelles d’Ossam, la nuit comme alliée pour couvrir ses traces, la sacoche et le baluchon qui battent la mesure de sa fuite respectivement contre sa cuisse et son dos.
Elle court jusqu’aux portes de la ville, loin du port et des docks, loin de Simak, et ce n’est que lorsqu’elle arrive devant la herse fermée pour la nuit qu’elle cesse sa course et daigne enfin se retourner, avec un faible espoir qui vole en éclats lorsqu’elle fait le constat. Personne. Evidemment, ça aide d’avoir de l’avance, la cuisse leste, et la course facile. Moins de regrets, au moins, même si quelque chose la lance du côté gauche de sa poitrine. Un point de côté, peut-être ? (Non, c’est plus haut que ça se passe.) Essoufflée, elle inspire longuement, mains sur les cuisses, penchée en avant, puis se redresse et reprend ses marques dans ce quartier du coupe-gorge citadin. Au fur et à mesure que ses pas la portent sans grand but, sa respiration s’apaise et elle retrouve un bouge où Simul l’avait trainée, plus de dix ans auparavant. Elle y entre, prend une chambre pour la nuit, et s’y effondre une fois seule, épuisée à la fois par la course, mais surtout par la tâche ardue qu’elle vient d’accomplir, à tourner une nouvelle page pour moins souffrir.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Le front plaqué contre celui de Dellsa, Simak reprend le souffle qu'il a court, sans savoir ce qui, de ce baiser furieux ou de ces mots sincères le prive le plus d'oxygène. Ses iris quittent un instant ceux de Dellsa pour se poser sur ses lèvres, celles qu'il crève déjà d'envie de retrouver, qui se pincent dans une expression qu'il ne saurait encore interpréter. La main qui s'est glissée jusqu'au flanc de la pirate en demande plus, voudrait retrouver la cambrure de son dos, la volupté de sa croupe, la délicatesse de ses seins, mais elle reste encore immobile et glisse docilement de sous la tunique lorsque celle de Dellsa vient la trouver. Mais non sans un soupir de déception évidente.
Ses doigts s’ouvrent pour mieux accueillir ceux qu’elle y entrelace et se referment doucement, tendrement, mais fermement. Comme pour chercher à la retenir sans un mot dire, alors qu’il sait qu’elle finira par partir. Alors il ferme les yeux, profite de leurs derniers instants ensemble. Parce qu’il ne sait pas s’il y aura une prochaine fois. Il ne sait même pas s’il sera capable de la revoir sans chercher à la faire revenir. En fait, il craint même de la revoir ensuite, la douleur que seront les "si" qui inonderont son esprit. Et si elle était restée ? Et si il l'avait suivie ? Et s'il n'avait pas interrompu leur baiser ? Le trou dans sa poitrine finirait béant.
« Il va me falloir du temps... » souffle-t-il enfin brièvement avant qu'elle ne fonde à nouveau sur lui.
Il répond à ce nouveau baiser avec une résiliation mêlée au plaisir de la sentir contre lui, l'étreinte de ses doigts se raffermissant, les autres agrippant la crinière noire qui lui coule entre les omoplates. Il y met tout ce qu'il refoule et tout ce qu'il n'avoue pas, espérant peut être inconsciemment qu'elle le réaliserait mieux que lui. Il voudrait tellement faire de cette nuit leur dernier instant privilégié, à s'appartenir l'un l'autre sans avoir à se voiler la face. Mais il sait que c'est peine perdue. Et le baiser prend fin.
Simak déglutit difficilement aux mots qu'elle lui glisse avant de se lever. Il la regarde faire, silencieux, attentif, gravant dans sa mémoire sa silhouette, ses formes, son visage, son sourire, celui auquel il répond par le sien. Et cette légèreté qu'elle s'applique toujours à donner à tout. Il n'en faut pas plus à Simak pour se lever et foncer à ses trousses malgré l'avance qu'elle a sur lui et qui se creuse à mesure qu'ils avancent dans Ossam. Il hésite trop à chaque embranchement, parvenant à peu près à la suivre à la trace en trouvant çà et là certains de ses effets tombés de son baluchon, jusqu'à la herse fermée de la porte de la ville. Les yeux levés, il comprend qu'elle s'est sûrement résignée à passer la nuit dans le coin et s'en retourne sur ses pas. Plus de piste cette fois, elle ne courait plus. Ce n'est qu'à la grâce de quelques passants le reconnaissant qu'il parvient à la localiser dans une auberge discrète.
Le tenancier lui confirme qu'elle est bien là, l'informe qu'elle vient juste de monter jusqu'à sa chambre. Le marin lui exprime une requête faisant hausser un sourcil au tavernier qui s'exécute, puis monte les marches pour retrouver la porte derrière laquelle Dellsa se trouve. Les yeux de Simak se ferment alors qu'il y colle son front dans un long soupir de frustration, puis il se redresse dans une profonde inspiration.
Trois coups résonnent contre la porte. Lorsque cette dernière s'ouvre, son encadrement reste désespérément vide si l'on omet de baisser les yeux. Sur le palier se regroupe ce que l'empressée a semé dans sa course, ainsi qu'une bourse pleine du quart des gains du joueur quelques heures plus tôt. Et, en dessous, un morceau de papier déchiré sur lequel sont couchés des mots illisibles, clairement posés là par quelqu'un qui ne maîtrise pas encore l'art de l'écriture.
"Pas foutue de me semer."
▬▬▬
[douze ans plus tôt] (D30, S23)
Sale temps à Ossam cette nuit là. Comme beaucoup d'autres, d'ailleurs. Il pleut des trombes d'eau, les rues sont boueuses, les ponts des navires aussi. Fort heureusement, Simak a passé l'âge de les brosser, et il laisse volontiers cette tâche ingrate au jeunot qui s'en charge tandis qu'il trinque avec un ami qu'il croyait perdu.
« Au Ripailleur ! » « Et à son capitaine à la con. » Précise Simak en envoyant sa pinte cogner contre celle de l'ancien maître d'équipage. « Au moins on est certains qu'il recommencera pas... » Andrin adresse un sourire entendu à celui à qui il a donné le goût du large, puis entame sa cervoise. Est-ce la troisième ? La cinquième ? La huitième ? Il a perdu le compte. Et Simak aussi.
Les deux hommes se sont retrouvés sur le port en fin d'après midi et ne se sont plus quittés depuis. Tant de choses ont changé pour l'un et l'autre que le flot de paroles est incessant. Enfin, surtout celui d'Andrin. Simak la lui a fait courte, omettant volontairement ou non d'évoquer celle qu'il a soigneusement évitée pendant près de cinq ans. Parce que l'envie de la retrouver est trop forte. Parce qu'il craint de débarquer dans cette nouvelle vie qu'elle s'est construite sans lui et de ruiner tout ce qu'elle a pu faire jusqu'alors. Ou, pire. Qu'elle réalise qu'elle est bien mieux sans lui.
Andrin ne l'a pas questionné à son sujet. Sans doute la croit-il morte, comme une bonne partie de l'équipage du Ripailleur et craint-il de remuer le couteau dans la plaie. Alors il parle, parle, parle, décrit des histoires invraisemblables pour lesquelles beaucoup lui diraient de fermer sa gueule. Mais Simak a vécu l'une d'elles à ses côtés. Il est prêt à lui donner le bénéfice du doute pour toutes les autres.
« Et là, la mandragore a ouvert la gueule en grand et... » Andrin s'interrompt subitement, le regard fixe à l'autre bout de la taverne bondée. Les yeux plissés, il semble douter de ce qu'il voit -l'alcool, sans doute- et écarquille les yeux lorsqu'il reconnaît ce visage. « La gamine ?!? » Simak se retourne brièvement et aperçoit le visage de Dellsa au milieu de la foule de têtes qui les sépare. Bien vite, il détourne le regard. « Pourquoi tu m'as pas dit qu'elle était vivante ? » Ça sonnerait presque comme un reproche. Simak hausse les épaules.
« Tu l'sais maintenant. » Donne-t-il en guise de réponse, portant rapidement sa pinte aux lèvres pour signifier qu'il n'en dira pas plus. « C'que j'sais surtout c'est qu'elle fait pas l'poids contre ces gars-là. »
Simak se lève brusquement et se retourne en direction de la jeune femme qu'il avait préféré ignorer la première fois, et le marin se maudit de ne pas avoir prêté plus d'attention. Acculée dans un coin par trois barriques qui semblent vouloir en découdre avec elle ou ses vêtements, vue la rudesse avec laquelle l'un d'eux empoigne sa tunique pour l'attirer vers lui. Et il n'en faut pas plus à Simak pour traverser les lieux, fendre la foule tendre son bras en arrière et abattre son poing dans la mâchoire de celui qui empoigne Dellsa. Sa Dellsa. Et merde, ça recommence.
L'homme tombe à terre, l'effet de surprise a permis un coup efficace. Les deux autres, en revanche, sortent déjà les coutelas de leurs ceintures. Une chance qu'ils soient aussi avinés que lui, si ce n'est plus. Et Dellsa, elle est en état ? Simak lui lance un regard, le premier qui se veut volontaire après de malheureux "accidents" lorsqu'ils se sont retrouvés, à plusieurs reprises, lors de réunions de l'Ordre.
« Cinq ans et t'es toujours un aimant à emmerdes. » Et lui de ponctuer par un sourire narquois. Il pensera aux conséquences plus tard. C'est tellement bon de la retrouver.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Une fois la porte refermée derrière elle, Dellsa s’approche de l’âtre où crépite un feu que l’aubergiste est monté allumer en l’installant. Seule, elle se laisse glisser le long du manteau de pierre de la cheminée, pour se retrouver assise par terre, écrasée par la peine et la fatigue. L’adrénaline s’en est allée et elle doit désormais affronter la perspective d’être solitaire pour quelques temps. Elle ne reverra plus Simak avant un bon moment, ne serait-ce que pour être capable de croiser son regard sans mourir d’envie de se jeter à son cou. En soupirant d’un air résigné, la tête appuyée contre la pierre froide, elle constate, de loin, que son baluchon a l’air éventré : les attaches ont dû s’être relâchées tandis qu’elle courait comme si sa vie en dépendait. Comme si cette soirée n’était pas assez détestable, voilà qu’elle est prête à parier qu’elle a perdu des objets. Mh, remarquez, c’est sans doute pas si grave que ça, comparé à ce qu’elle a laissé derrière elle. À qui elle a laissé derrière elle, d’ailleurs.
Comme si cette pensée suffisait à la terrasser pour de bon, alors que surgit une angoisse terrible, Dellsa sent le chagrin l’envahir. Mains sur la bouche, elle étouffe un gémissement tandis que les sanglots la prennent et lui font tressaillir tout le haut du corps. Prostrée dans ce coin de la chambre, en larmes silencieuses, à étouffer le bruit de hoquets écœurés, elle croit néanmoins percevoir des coups toqués à la porte. Il lui faut quelques secondes pour que ça remonte vraiment à son cerveau, ce qu’elle a cru entendre. Elle renifle, sèche d’un revers de main ses joues humides et se relève un peu péniblement -ses muscles se sont refroidis et puisqu’elle ne les a pas étirés avant de s’effondrer, forcément, elle douille. Elle arrive finalement à la porte, qu’elle ouvre en grand, d’un coup brutal, comme pour surprendre un éventuel visiteur. Mais rien. Personne. Elle a rêvé. Vraiment ? Le regard retombe alors qu’elle va pour se détourner et fermer la porte d’un coup de botte las, et c’est alors qu’elle repère les offrandes déposées au bas de sa porte. Poussant le tout du pied vers l’intérieur de ses quartiers, elle ramasse le papier et inspire profondément en déchiffrant péniblement les mots griffonnés avec aussi peu de dextérité qu’elle ferait. Pas besoin de signature, l’auteur est évident et elle doit serrer fort ses mâchoires pour ne pas se remettre à sangloter. Pas tant qu’elle n’aura pas refermé l’huis et ne se sera pas isolée une nouvelle fois du monde. Un adieu silencieux, pour lequel elle est consciente que ça ne sert à rien de tenter de lui courir après. Il aurait pu rester derrière la porte, et ils n’auraient peut-être pas pu se détacher réellement. Il a fait ce qu’il savait être mieux pour tous les deux et, à bien y réfléchir, il a fait ce qu’elle lui avait demandé. À elle maintenant de le laisser partir en retour. Et ce, quel que soit le chagrin qui lui étreint le poitrail.
***
[douze ans plus tôt]
La taverne est bondée. Coupe-jarrets, mercenaires de toutes sortes, brigands et forbans sont réunis dans l’une des nombreuses enseignes d’Ossam la sanglante. En même temps, vu le temps exécrable, il vaut mieux être à l’intérieur, que de picoler dehors sous le déluge. Mais de par l’affluence colossale, ça gueule à qui mieux-mieux pour s’entendre, et les places sont chères payées. Dans un coin du bouge, Dellsa et quelques uns de la Flotte de Stormbearer sont assis coudes à coudes, en train de jouer aux cartes. L’ancienne fille de la Caste du Scorpion distribue les cartes, parie, et manie l’ensemble des couleurs avec dextérité. Pour autant, son visage affiche une nouvelle gravité : à trente ans, elle n’est plus navigatrice, mais est passée Seconde sur la Peste Noire, à la suite d’une mutinerie qui a profondément marqué sa carne et son esprit il y a quelques mois déjà, presqu’un an -traumatisme car elle a lutté contre les mutins. Outre les ombres qui planent dans ses yeux par moments, des estafilades lui barrent encore l’épaule gauche, couverte pour l’heure, et un poinçon s’est enfoncé assez profondément au côté droit de sa taille, ratant fort heureusement l’ensemble des organes. Sa mine est certes toujours aussi charmante et avenante, séductrice au décolleté toujours profond, mais sous son corset et ses atours suggestifs, Dellsa rend définitivement honneur au surnom de Mains Rouges, gagné lors de ses années sur le Chien de mer, et jamais déshonoré. Elle se méfie, désormais. Elle est descendue à terre sérieusement harnachée et sous son menton se résorbe une balafre qu’elle a fait payer au centuple à l’impudent qui avait cru que c’était une bonne idée de participer à une mutinerie. Elle a été fidèle à son capitaine, à l’image de plusieurs officiers du vaisseau, dont certains l’ont payé de leur vie. Elle porte les morts avec elle, des personnes qu’elle considérait à force comme des amis. Des hommes et des femmes qui lui ont fait confiance et dont l’assassinat l’a enragée. Oui, malgré ses airs suaves et plaisants, les œillades en coin et les sourires prometteurs qui persistent, Dellsa a gagné en susceptibilité et en agressivité non-contenue. La preuve en images…
Assise à cette table de jeu, dans ce coin bondé, déjà passablement avinée puisqu’ils se sont installés là il y a plusieurs heures, ont fait percer un tonneau d’ale noire et l’ont vidé à six, pour leur plus grand plaisir, et se font passer des flasques de tords-boyaux depuis quatre parties déjà, elle reste attentive à ce qui se dit autour d’elle. Et, là où elle pourrait laisser pisser les remarques désobligeantes si elle était sobre et ne se sentait pas audacieuse au possible, elle tique, parce que ça fait sept fois déjà qu’on fait référence à ses miches avants et arrières sur la table voisine. Si c’était que des compliments, ça irait encore. Mais quand c’est agrémenté de commentaires relatifs au fait qu’une femme n’aurait jamais dû devenir Seconde et qu’il est évident qu’elle s’est faite labourer par l’ensemble des officiers de la flotte de Stormbearer pour en arriver là, à la manière d’une puterelle voulant se faire courtisane, disons qu’elle tique. Alors elle se lève, prétexte d’aller pisser à l’adresse de ses compagnons de flotte -après tout c’est crédible, vu les verres qu’ils ont enquillés sans réfléchir. Et lorsque, roulant du cul comme une rombière, elle louvoie entre les ivrognes et se fait claquer le cul par un des sacs-à-vins un peu trop grande-gueule, disons qu’elle y voit sa chance de leur apprendre une leçon vitale : fermer son claque-merde en présence des gens plus sanguins qu’eux. Une gueuse aurait pris soin de ne pas réagir à la tape sur sa croupe, se serait éloignée sans mot dire, voire aurait pressé le pas, craignant un autre attouchement voire une saisie non-souhaitée. La Seconde de la Peste Noire fait volte-face et, babines retroussées, la furie des mers revient au maraud et lui décoche non pas une gifle bourgeoise, mais un poing fermé dans la gueule, à la paysanne, faisant tomber le truand de son tabouret. Les cris font s’écarter certains pleutres -mais s’ils sont adeptes de la survie, qui est-on pour les juger- et bientôt la voilà acculée contre le mur par le mécréant et deux de ses copains. Pour autant, rien ne l’arrête, et la voilà qui pose ses mains sur ses hanches, s’appuie contre le mur, l’air goguenard en prime, et leur annonce avec une assurance teintée d’ivresse : « Alors là, les gars, laissez-moi vous dire (hips) que ça va très mal se passer pour vous. » Elle est ivre, elle n’est pas sûre de savoir s’ils sont bien deux, ou trois, ou quatre avec une paire de jumeaux, mais elle n’en démord pas, l’adrénaline qui tambourine dans sa cage thoracique et l’esprit curieusement assez vif dans cette altercation qu’elle a appelé de ses souhaits. Forcément, le reste de ses compères observe, toujours assis, mais ayant posé leurs cartes sur la table qu’elle a quittée, curieux de voir si la Seconde va exiger qu’on lui vienne en aide, ou si elle est trop bourrée pour se rendre compte qu’elle est quand même mal barrée.
Néanmoins, on devrait commencer à soupçonner qu’elle dispose d’un don de voyance car d’un rapport de forces pleinement déséquilibré, voilà qu’elle trouve un allié de taille en la personne d’un type costaud et barbu qui débarque d’elle-ne-sait-où et fout son poing dans la gueule du troisième des types, celui qui avait commencé à l’attraper par le bras. Le troisième s’effondre, sonné. La vision tangue un instant, mais il ne reste bel et bien plus que deux des emmerdeurs debout. Deux contre deux. C’est pas mal, ça, dis donc. Et l’allié imprévisible de s’adresser à elle avec un sourire narquois : « Cinq ans et t'es toujours un aimant à emmerdes. »
Mais non ?! Les sourcils de la Seconde s’arquent tandis qu’elle reconnaît l’homme -putain, il a pris du poil en cinq ans, c’est dingue ! et du muscle ! pas mal du tout en tout cas si on lui demande ce qu’elle en pense- et le lui signifie par un « Ah bah ça ! » hilare. Un ricanement presque dément s’échappe ensuite d’entre ses lèvres tandis que ses yeux glissent sur les coutelas des types qui n’ont pas encore compris ce qui allait leur arriver. « C’est vraiment pas votre soirée, vous. », commente-t-elle à leur égard alors qu’un sourire carnassier étire ses lippes. Et de tirer de leurs fourreaux attachés à sa taille deux dagues qui surpassent en taille les lames des outrecuidants tripoteurs, pour attaquer l’un des types sans crier gare, faisant confiance à Simak pour s’occuper de l’autre.
Bon, forcément, vu qu’il y a pas beaucoup d’espace, ça dégénère vite en baston générale, parce que les membres de la Peste Noire y voient l’occasion de taper un peu sur les mercenaires de la côte et d’autres pirates d’équipages pas forcément rivaux -c’est plus histoire de se défouler un peu entre copains, hein, non ? Et parce qu’Ossam est encore une ville d’Elenath contrôlée par une noblesse locale, tenant à son petit calme provincial mais habitué à devoir le rétablir à chaque arrivée de nouveau navire, débarquent rapidement des hommes en côte de mailles, gardiens de l’ordre de cette charmante cité. Profitant de la cohue provoquée par les fuyards face à la maréchaussée du secteur, Dellsa entraîne Simak dans des ruelles où elle l’avait semé plusieurs années auparavant. Le cœur battant à tout rompre, le souffle court, le front couvert d’une pellicule de sueur et la tunique tâchée çà et là de sang -celui d’autres qu’elle- elle s’assure qu’ils ont perdu leurs poursuivants, profitant d’être dans une artère plutôt calme d’un quartier commerçant de la cité et n’entendant pas de cliquetis familier des mailles métalliques. Enfin, elle revient à Simak, et sans vraiment attendre qu’ils aient repris tous deux leur souffle, elle laisse la seule dague qu’elle tenait encore tomber par terre et lui saute au cou pour l’embrasser avec fureur. Cinq ans, putain. Elle a atteint sa limite, apparemment.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
La réaction de la pirate fait s'élargir le sourire de Simak. C'est comme s'ils ne s'étaient jamais quittés, à l'exception qu'après cette longue séparation, le simple fait de la revoir, d'échanger ces mots comme s'ils ne s'étaient jamais quittés, ça l'emporte aussi sûrement qu'une barrique de rhum à lui tout seul. Cinq ans, et il a toujours autant envie de lui sauter dessus, pour d'autres raisons que celle qui le pousse à se jeter sur son assaillant avant qu'il n'ait su quoi faire du cure dents qu'il vient de sortir. Simak se débrouille assez bien avec des lames. Parfaitement bien, même, après de longs entraînements avec l'homme dont il suit aujourd'hui les traces, aveuglement loyal à celui qui a fait de lui le guerrier aguerri qu'il est aujourd'hui. Le sabre et l'épée bien gainés à sa ceinture donnent une assez bonne idée du style de combat qu'il est parvenu à maîtriser, mais il reste un grand amateur du combat à mains nues, les siennes n'étant pas moins létales que ses lames s'il y met la force et la frénésie nécessaire. Et pour l'affront qu'ont fait ces hommes à Dellsa, autant dire qu'il ne se contentera pas d'un simple avertissement.
Les coups volent, l'autre gaillard est fichtrement rapide pour son gabarit plus proche d'un tonneau que d'une armoire, mais Simak parvient rapidement à lui briser la mâchoire à coups de poings et de mobilier lui passant sous la main, non sans essuyer quelques coups lui-même, la lame ayant laissé sa marque sous la clavicule gauche du marin, exposée par le trou provoqué dans sa chemise. Loin de s'en inquiéter, le pirate finit son adversaire en écrasant sa tête contre le coin d'une table et, se redressant, constate le bordel qu'est devenu le bouge. Pas qu'il soit un grand adepte des bastons de taverne, plutôt des combats plus rentables où il peut empocher les mises, il n'a pas d'autre choix que d'y prendre part, aux côtés de Dellsa qui, elle aussi, a fini de se charger de l'emmerdeur numéro deux. Au fond de la salle, assis à l'abri sur les escaliers menant aux chambres louées à l'heure, Andrin profite du spectacle et accroche le regard de son ancien protégé un bref instant. Dans un sourire, il hoche la tête puis désigne Dellsa du menton. Pas la peine de le rejoindre qu'il laisse entendre. Ils ont vraisemblablement beaucoup de choses à se dire.
Mais l'anarchie ambiante n'a rien à voir avec le chaos qu'entraîne l'arrivée de la garde de la ville. Pas qu'ils soient plus intimidants que les trois quarts des pirates réunis là -le dernier quart se constituant exclusivement de prostituées-, mais leurs casques et leurs armures les rendent sacrément plus difficiles à atteindre, sans compter leurs lames de bien meilleure qualité que la plupart des coupes-choux à moitié rouillés qui remplissent la pièce. Et puis, surtout, eux sont loin d'être là pour rigoler.
Entendant la cohue provoqué par la garde, Simak desserre l'étreinte du cou du malheureux l'ayant pris pour cible et balance ce dernier en avant pour se retourner vers Dellsa, s'assurer qu'elle est toujours entière et prête à déguerpir. Visiblement oui, puisqu'elle lui a agrippé le bras pour l'entraîner derrière elle, ne laissant au marin qu'un bref instant pour voir Andrin s'éclipser à l'étage en compagnie de quelques prostituées qu'il s'est aimablement proposé de mettre à l'abri. Sourire en coin, Simak se laisse entraîner sans réfléchir, fendant la foule pour ensuite fendre la pluie avec pour seul repère, cette crinière noire qu'il ne connaît que trop bien.
Leur course s'arrête enfin, les deux fuyards se retournant pour s'assurer de ne pas être suivis. Complètement détrempé sous cette pluie battante, sa chemise ensanglantée collée à son torse, le visage ruisselant, il a les poings rougis de l'hémoglobine de deux ou trois gars qui auront du mal à échapper à la garde. Mais ça n'est clairement pas sa préoccupation principale. Lorsqu'il se tourne de nouveau, c'est pour fondre sur elle, de la même manière qu'elle s'élance vers lui. Leurs lèvres se percutent alors plus qu'elles ne se touchent, le lustre de leur séparation décuplant leurs appétits mutuels, faisant taire les raisons et enflammant les cœurs frustrés. Les émotions se bousculent dans l'esprit du marin, se heurtent à la tempête de sentiments qui y fait rage, le rendant plus désireux encore des lippes retrouvées. Ses larges mains plaquées de part et d'autre du visage délicat dont il dévore la bouche avec passion, il lui exprime ce qu'il n'a pas eu le courage de dire ce soir là en l'ayant suivie à l'auberge, quand bien même ne l'avait-il pas plus réalisé qu'aujourd'hui, ainsi que ces cinq longues années à la vouloir avec lui, à lui. Cinq ans à feindre d'avoir complètement accepté qu'elle parte, mais à l'éviter à tout prix de crainte de la perdre encore. Cinq ans à se persuader que d'autres femmes c'est tout aussi bien, mais à la voir elle jusqu'entre les cuisses des autres. C'est avec toute son obsession pour celle aux mains rouges qu'il l'embrasse et l'entraîne contre un mur dans un cul-de-sac voisin, pressant son corps du sien contre la pierre froide et trempée.
« À te voir te battre comme ça, j'ai eu envie de te sauter dessus tout du long... » Ment-il entre deux baisers, reprenant son souffle dans celui de Dellsa. Parce que ça fait depuis leur séparation qu'il rêve de ce moment. Et à présent qu'il y est confronté, ça surpasse tout ce qu'il a pu imaginer. Son souffle chaud contre ses lèvres, le goût iodé de ses lèvres, ces courbes qu'il écrase de son torse. Lui a gagné en taille, en muscles et en barbe. Elle en volupté. Et à en juger par la chaleur qui monte en lui malgré la pluie s'abattant sur eux, ça n'est pas pour lui déplaire.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
À la voir aussi ivre qu’à l’instant, on pourrait se demander par quel miracle elle n’a ni glissé, ni trébuché sous les trombes d’eau qui les ont happé dès qu’ils sont sorti de la taverne par une issue arrière. On mettra ça sur le compte de la chance inouïe qui déjà l’a fait retrouver Simak alors qu’elle avait presque réussi à arrêter d’y penser à chaque fois qu’elle se pointait à Ossam (c’est faux, elle n’avait toujours pas terrassé ses souvenirs, mais elle se berce d’illusions), et a couvert leur fuite. La garde avait sans doute suffisamment à faire avec les ivrognes édentés et les malfrats qui avaient été un peu trop amochés par d’autres. Au moins, ça allait calmer les ardeurs des brigands de recommencer à mettre une taverne sans dessus-dessous.
Par contre, pour ce qui est d’autres ardeurs, la pluie n’allait certainement pas les éteindre aussitôt. Les bouches fondent l’une sur l’autre, les dents s’entrechoquent mais ça ne les freine pas alors qu’ils se retrouvent avec fougue et fureur. La pluie battante ruisselle le long des cheveux de la belle, imprègne l’intégralité de ses frusques et celle de son compagnon sans qu’ils ne séparent leurs lèvres, sans qu’ils ne se lâchent. L’empressement dont il fait preuve fait écho à la propre avidité de la femme, qui a noué ses bras autour de la nuque du colosse et ne semble plus être concentrée sur autre chose que sur ces lèvres retrouvées qu’elle dévore avec passion, le palpitant qui ne s’est pas calmé et s’emballe même de plus belle alors qu’elle profite de cette accroche solide et du corps puissant de Simak pour se hisser contre lui davantage, nouant ses jambes autour de sa taille, plaquant son bassin contre celui du marin, alors qu’il commence à la guider plus loin, dans un cul-de-sac.
Tant pis pour la dague, qui ne bougera probablement pas d’ici à ce qu’ils aient terminé leurs retrouvailles. Et au pire, oh, elle en volera une autre.
Le dos désormais plaqué contre la pierre glacée qui transit de froid Dellsa à travers l’étoffe trempée de sa chemise, elle ne le lâche pas, ni des bras, ni des jambes, fermement ancrées autour des hanches de Simak. Le sentir contre elle, contre ce secteur intime qu’il n’a pas foulé depuis de trop longues années, la tiraille. Cinq ans déjà, non sept puisqu’ils avaient mis un terme à leurs parties fines avant qu’elle ne le laisse, pendant lesquels elle n’est pas restée en reste, a connu d’autres hommes, a continué ses ébats avec certains amants réguliers. La sensation est autre, à le presser contre elle en serrant davantage encore l’étau que ses membres inférieurs maintiennent. Ils s’enlacent, ils s’embrassent, ils se pressent, coupés du reste du monde par le rideau de pluie qui s’est intensifié, alors qu’ils sont vaguement à l’abri sous un étage avancé d’une bicoque en bois. Elle l’embrasse encore et encore, reprend son souffle lorsqu’il le fait, s’enivre de sa proximité et de sa chaleur, plaquée contre elle. Pour un peu, elle pourrait sentir sa peau à travers les tissus imbibés de leurs tuniques. Toute contre lui, elle raffermit sa prise lorsqu’il commence à lui raconter ce qu’il a pu avoir l’idée de lui faire pendant la bagarre et elle laisse un sourire mutin étirer ses lèvres. « C’est bizarre ça. », rit-elle doucement. Elle se perd dans ses yeux bleus, pas loin de s’y noyer avec bonheur, et elle sent ses entrailles se nouer d’appréhension et d’excitation alors qu’elle ose prononcer des mots qui ne sortent que parce qu’elle est ivre et que les barrières raisonnables qui auraient pu l’aider à contrôler ses paroles ont été mises à bas avec l’euphorie grisée des retrouvailles : « Tu m’as manqué, tu sais ? » Elle dit ça, les yeux dans les yeux, les lèvres qui frôlent celles de Simak, une de ses mains qui lui agrippe la nuque tandis que l’autre s’en détache. Tout en faisant cela, Dellsa appuie davantage sur son propre dos, plaqué contre la paroi, histoire de ne pas lui faire faire tous les efforts. La main gauche, voyageuse, remonte vers son propre visage force la main droite de Simak à descendre pour se poser sur son sein gauche, pour lui faire sentir à quel point son cœur s’emballe, comme s’il ne s’en était pas déjà rendu compte. Et, plus bas, presque couvert par le tumulte de la pluie autour d’eux, elle l’allume : « Je crois que, moi aussi, j’ai envie de toi, Simak. » Elle murmure ça, et un sourire en coin étire ses lèvres avant qu’elle ne fonde de nouveau sur la bouche de Dor’Magar.
Dernière édition par Dellsa aux Mains Rouges le Mar 26 Mai - 9:08, édité 1 fois
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
La sauvagerie de leurs retrouvailles les agrippe l'un à l'autre dans un baiser furieux, vorace et, pourtant, parfaitement représentatif de ce qu'ils se cachent, à chacun comme à eux-mêmes. Le souffle de Simak semble plus brûlant après les mots qu'il lui a glissé, et ses lèvres imitent celles qui lui répondent, étirées dans un sourire, que sa langue vient doucement caresser, provoquer. Ses mains se sont glissées sous la croupe de la pirate pour remonter doucement le long de ses jambes au galbe toujours plus enivrant. Plaqué contre elle, il lui donne de sa chaleur pour lui faire oublier le froid de la pierre rugueuse contre laquelle il la presse. Lui ne semble pas ressentir les gouttes, pourtant glaciales, qui lui roulent encore sur le visage et dans le cou maintenant qu'ils sont sommairement abrités, imbibant ses vêtements qui lui collent au derme, à l'instar de la tunique de Dellsa qui lui a laissé apprécier ces courbes qu'elle a gagnées avec les années avant qu'il ne les écrase de toute sa masse.
Puis, ces mots qui l'immobilisent malgré le brasier qui persiste. Un instant de flottement après qu'elle lui a appris qu'il lui a manqué. Sa gorge qui se noue à l'idée qu'il n'ait pas été capable de revenir vers elle plus tôt. Et le soulagement qu'elle ne l'a pas oublié. « Toi aussi, t'as pas idée... » Sa voix est rauque dans sa gorge serrée mais les mots parviennent à passer ses lèvres en effleurant celles de la seconde, fortement aidés par les litres d'alcool engloutis plus tôt et l'exaltation de la retrouver. Les confessions se feront faciles cette nuit, mais elles ne seront plus qu'un vague souvenir refoulé le lendemain. Cependant, ce regard qu'il plonge dans les billes de la brune ne ment pas. Alcool ou pas, il n'y a rien de plus sincère que les mots qu'il lui a soufflés, comme tous ceux qui suivront sans doute.
Sa main droite se laisse docilement guider par la senestre qu'elle plante sur son sein mis en valeur par la fabrique qui en épouse parfaitement la forme. Les vibrations qui y résonnent surpasseraient presque celles du tonnerre qui commence à gronder au dessus d'eux, leur offrant, l'espaces de quelques fractions de secondes, pleine lumière sur leurs regards encore croisés. La main large du marin se referme sur ce qu'elle s'est vu offrir, presse possessivement le giron quand l'autre plante ses doigts dans la cuisse qu'elle retient encore. L'envie de l'embrasser à nouveau lui brûle ces lèvres qui effleurent celles de Dellsa, mais ce serait renoncer à ce regard qui le consume et l'hypnotise, celui qu'il soutient encore lorsqu'elle lui exprime le désir qu'ils partagent, comme une évidence. Il suffit de se rendre quelques secondes plus tôt, à cet instant précis où ils se sont rués l'un sur l'autre comme si leurs vies en dépendaient. Et peut être est-ce le cas, après tout. « Tu "crois" ? »
Son envie d'elle, à lui, est flagrante, la fabrique trempée de son pantalon accentuant son entrejambe déjà durci. « J'ai toujours envie de toi, Dellsa. » lui confie-t-il en appuyant entre les cuisses de la belle la preuve indéniable de la véracité de ses dires. Il a eu envie d'elle dès qu'il a été en âge de penser à la chose, et ça n'a fait que s'amplifier depuis sans jamais s'arrêter, pas même durant leur "trêve", encore moins pendant son absence. Ce soir, c'est sept ans de désir pour elle qui l'anime et le pousse dans un nouveau baiser dénué de tendresse mais débordant de fanatisme et de sentiments inavoués.
Sa main a quitté le giron pour revenir soutenir la cuisse restée libre, puis le marin les écarte du mur humide pour les exposer, à nouveau, à la pluie battante. Au dessus d'eux, le ciel qui gronde a des échos de chasse à l'hydre, mais si ça avait du les traumatiser, cela ferait un bail qu'ils ne sillonneraient plus les mers. S'enfonçant jusqu'au bout du cul de sac, Simak trouve abri sous un auvent faisant la largeur de l'impasse, protégeant quelques caisses, tonneaux et sacs de toile devant un entrepôt. Si l'abri est loin d'offrir le confort d'une chambre et d'un lit, il a pour mérite d'être là et de permettre à l'écumeur de ne pas perdre une seconde.
Il pose Dellsa sur la première barrique qui se présente, tirant sur sa tunique sans ménagement pour la lui enlever, ne se préoccupant pas une seule seconde de la malmener, de l'entendre craquer sous sa hâte et l'inclémence de la tempête qui l'habite. Tandis que son bassin reste collé à celui de la belle à moitié dénudée, il recule les épaules pour admirer la perspective plongeante sur le buste de la seconde, non sans accrocher brièvement les cicatrices récentes qui lui font froncer les sourcils. Sa brusquerie ne s'effacera pas pour autant, mais il espère sincèrement que le responsable est déjà cané. Ou il se fera un plaisir de se charger de son cas. Mais il n'évoque pas la blessure, des fois qu'elle lui rappelle des instants douloureux, et braque de nouveau ses orbes sur les seins qu'il surplombe, sa dextre retrouvant sa place sur le gauche qu'elle s'approprie sans ménagement puis il s'agenouille afin de leur faire face. « Vous aussi vous m'avez manqué putain. » L'adoration dans les yeux, le sourire narquois aux lèvres, la senestre imite son reflet avant que l'écumeur ne les embrasse, que ses lèvres ne les caresse et que sa langue ne les goûte.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
L’ivresse de l’un comme de l’autre a instauré un terrain propice à toute sorte d’aveux qu’ils n’auraient jamais osé se murmurer, même à demi-mots, même en pensant que l’autre dormait. Il est des choses qu’on ne peut oser dire par moments, et révéler des sentiments qui nous dépassent et nous semblent hors de portée en faisait partie depuis des années. Si bien qu’on minaude, qu’on tourne autour, voire qu’on ne les effleure même pas en temps normal. Dès lors que Simak se presse contre elle en accompagnant le mouvement d’une affirmation qui mériterait peut-être vérification, Dellsa se sent fondre et n’a plus qu’une envie -qui la taraude déjà, certes, mais désormais elle ne fait plus qu’y penser avec insistance : être à lui, le retrouver par tous les pores de sa peau. Les jambes restent fermes contre le bassin du pirate qui lui fait sentir son envie colossale. Elle suppose qu’il y a une vague influence de la main qu’elle lui a fait poser sur son sein, mais ça n’enlève rien à cette sensation formidable qui mêle proximité et adrénaline, désir éperdu et soulagement de retrouver l’être chéri.
La pluie glaciale refroidit brièvement leurs ardeurs, le temps que les corps dégoulinants d’eau et de stupre retrouvent un abri sous un auvent tandis que le tonnerre gronde en se rapprochant. Une hydre pourrait clairement apparaître dans le port d’Ossam et ravager les navires y étant amarrés que ça n’étonnerait nullement Dellsa ; pour autant, il y a de grandes chances pour qu’elle n’en ait strictement rien à faire jusqu’au lendemain. En effet, pour l’heure, ses cinq sens sont tous tournés vers Simak qui l’a posée sur une barrique épaisse et haute, comme sur un trône, avant de la débarrasser de cette tunique qui, imbibée d’eau de pluie et plaquée contre le derme de la boucanière, ne cachait plus vraiment grand-chose de son anatomie. La peau dénudée et humide frissonne, sans qu’on ne sache vraiment si c’est le froid et le souffle du vent qui lui colle la chair de poule, ou la perspective délicieuse d’être visitée très bientôt par un homme qu’elle désire en cet instant plus que tout.
Elle a lâché la nuque de Simak, et tandis qu’il l’ausculte et détaille les marques qui retracent autant d’histories sordides qu’il ignore encore, elle le dévisage et se sent prise d’émotion. Il a changé sans vraiment changer, et elle est émue de retrouver encore celui dont la présence a été si indispensable à ses côtés à ses débuts dans l’Ordre du Poisson. Si elle ne retrouve plus dans les traits du barbu le visage du moussaillon, elle retrouve celui à qui elle s’est donnée sans compter pendant quelques brèves années, avant l’hydre, avant les déchirements absurdes, avant la séparation brutale. Elle ne doute pas un seul instant que c’est Gradlon Meur qui a fait en sorte que leurs navires accostent dans les mêmes eaux à ce moment précis, faisant coïncider leur venue à terre pour permettre ces retrouvailles. Tandis que Simak décide d’honorer sa poitrine, elle rit de ses retrouvailles avec ses mamelles, mais le rire devient bientôt soupirs et frissons lorsqu’il se met à utiliser sa bouche d’une autre façon que pour dire des âneries. Tandis qu’elle se maintient assise en appuyant une de ses mains sur le rebord du tonneau, qui pour l’heure est suffisamment stable sur le sol pour être une assise correcte, Dellsa entreprend de tirer sur la chemise trempée de Simak, ne se souciant guère de devoir l’interrompre dans ses caresses pour lui ôter le vêtement par le haut, et le laisser choir sur un tonneau derrière elle.
Les muscles du mâle sont décuplés : c’est un homme qu’elle a face à elle, et non plus un gringalet de mousse. Pas trop étonnant qu’il l’ait portée sans mal depuis le secteur où elle avait passé ses jambes autour de sa taille, malgré le fait qu’elle ne soit pas une brindille légère : sa puissance est globale et ne se limite pas qu’à ses poings. Curieusement, songer à ce qu’il peut broyer de ses mains ne l’effraie pas : au contraire même, pour un peu, ça l’émoustille même. Étant donné qu’il s’est agenouillé, il a bien fallu qu’elle le lâche, sans quoi ça n’aurait pas marché. Les jambes restent écartées et la pirate aux seins nus profite de sa position pour glisser une main sous le menton du marin et le forcer à la regarder, à remonter vers elle, pour l’embrasser sans faiblir en termes d’audace et de fougue. Puis sa bouche coule, des lèvres de Simak vers sa joue, vers l’angle de sa mâchoire, vers son cou, sa carotide, son épaule gauche. Une odeur qu’elle commence à connaître l’interrompt dans ses baisers et elle ramène son museau au niveau de la clavicule blessée de Simak. Égratignure, où le sang a perlé, et que la brune commence à embrasser du bout des lèvres, avant de remonter le long du cou jusqu’à l’oreille de Simak, en tirant un peu d’une main sur la nuque du forban, trop grand pour qu’elle puisse mener à bien son projet en restant assise tandis qu’il la surplombe de toute sa hauteur de géant. Et de continuer son œuvre aux relents méphitiques : « Ainsi donc, tu comptes me faire tienne sur un tas de barriques ? » Et de presser son buste aux mamelons durcis contre le torse puissant de Simak en ajoutant, alors que son autre main entame une descente aux enfers le long du dos de l’homme : « Qui te dit que pareil lieu et pareilles auspices me conviennent ? » Le fracas du tonnerre répond pour elle, et elle commente, la mine mutine enjolivée d’un rictus lubrique, alors que son minois se rapproche de celui de Simak, leurs souffles se mêlant : « Remarque… l’orage couvrira mes cris. Enfin, à condition que tu ne me fasses pas languir davantage. » Un éclair zèbre le ciel, les découpe sur le décor qui pourrait être plus glamour, corps qui paraissent déjà emboîtés de par leur proximité mais qui restent encore chastement proches, mais plus pour très longtemps.
Dernière édition par Dellsa aux Mains Rouges le Sam 23 Mai - 23:03, édité 2 fois
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Elle a le goût des embruns, le parfum des vagues et la puissance d'une tempête dans l'esprit de l'écumeur qui retrouve cette peau adorée, ces seins qu'il s'approprie de nouveau et qui ne sont à nul autre que lui. Ils sont le symbole de leur première fois et de tout ce qu'elle a engendré, les témoins de son admiration sans fin pour cette femme qui les arbore et il les aime, presque autant qu'elle. Sa chemise lui remonte doucement le dos, révélant la masse de muscle qu'il a acquise depuis qu'elle l'a quitté à la fin de son adolescence. Bien qu'il ait été déjà relativement imposant dès lors, son passage à l'âge adulte a fait de lui le colosse qu'il est à présent, celui qui pourrait broyer d'une étreinte celle devant qui il se tient à genoux. Chaque parcelle de lui qui se tend, chaque muscle qui roule sous les attentions qu'il lui donne, son corps entier qui s'élève alors qu'elle attire son visage vers elle, tout cela n'est que du fait de la seconde à qui il rend son baiser au centuple, plaquant de nouveau leurs bassins en une proximité aussi frustrante qu'enivrante.
Il lève la tête lorsqu'elle fait descendre ses lèvres, la laisse y poser des baisers brûlants qui le tendent toujours un peu plus vers elle, jusqu'à cette plaie rougie de son propre sang dont l'élancement ainsi rappelé ne lui fait que davantage savourer la réalité de ce moment. La douleur fait partie intégrante de la vie de celles et ceux arpentant les mers, tous arborant les cicatrices de violents affrontements ou de tempêtes bravées. Simak, comme tous les autres, a appris à vivre avec et à en tirer profit dans certaines situations, y voyant là la preuve irréfutable qu'il est en vie, plus encore maintenant qu'il a retrouvé sa pièce manquante.
La main gracile sur son cou épais l'invite à se pencher vers elle à nouveau, à lui tendre une oreille qui n'entend plus qu'elle, sa voix et ses soupirs. Le sourire qui se plaque sur ses lèvres aux mots qu'elle lui glisse n'a rien d'innocent, pas plus que ces mains qu'il glisse sous les genoux de la belle pour la tirer plus à lui, s'appuyer plus contre elle dans un soupir rauque qui évoque déjà l'impact qu'elle a sur lui sans encore l'avoir possédée pleinement.
« Je te prendrais partout, Dell. » Lui répond-il d'un ton rocailleux au creux de l'oreille que sa langue effleure. « Ici ou ailleurs, même pendant un putain d'abordage. » Même s'ils ne sont plus dans le même camp. « Sur ces barriques, ces sacs, à même le sol ou dans le lit du putain de Seigneur d'Ossam, j'en ai vraiment rien à foutre tant que je te prends toute entière. » Tant qu'il la prend elle et tout son être jusqu'à épuisement, qu'il la possède corps et âme en se donnant à elle de la même manière. Tant qu'il l'entend prononcer son nom et qu'elle ne souffle pour nul autre que lui, qu'elle en oublie tous les autres comme il a déjà oublié ses femmes. Son amour pour Dellsa est aussi puissant que sauvage, le dénuant de tout romantisme pour ne garder que l'essentiel : Elle.
« Et je vais faire en sorte que ce soient tes cris qui couvrent l'orage... » La discrétion a souvent été un mot d'ordre dans leur relation passée, lorsqu'ils se retrouvaient au milieu du même équipage qu'ils fréquentaient, passant plus de temps en mer que sur la terre ferme. Mais ce soir, exposés à la lumière vive des éclairs striant le ciel nocturne, la réserve n'est plus de mise, pas plus que la pudeur de sa main qui descend le buste de la pirate pour se faufiler sous sa ceinture et faire glisser ses doigts entre les lèvres qu'il n'a pas encore embrassées. Ses caresses se font précises, se souviennent avec exactitude ce qui la faisait réagir par le passé tout en expérimentant ce qu'elles ont appris depuis, ne faisant plus que de ses étreintes avec d'autres femmes des seuls moyens de mieux la satisfaire à elle. La bouche dans son cou, il la marque, suçant et mordant sa peau pour y laisser sa trace le plus longtemps possible, se faisant plus virulent lorsque ses doigts pénètrent en elle, pouce levé vers la perle rosée qui les surplombe et qu'il masse amoureusement. Sa virilité tendue n'attend plus que de la faire sienne, sur ces barriques ou ailleurs mais, malgré la hâte et les années d'absence, malgré l'alcool les rendant plus prompts à aller droit au but, Simak ne songe qu'à faire durer cet instant, à l'étendre pour que jamais il ne finisse.
Sa main s'extirpe enfin pour, avec sa soeur, tirer le pantalon qui n'est qu'un obstacle, une gêne qui obstrue la perfection qu'est ce corps retrouvé. Le vêtement se retrouve rapidement par terre, laissant tout le loisir au marin de reculer son visage et ses épaules pour faire courir son regard sur ces courbes plus belles encore que dans ses souvenirs. Il ne lui en fait pas plus pour fondre de nouveau sur elle, goûter avidement ses lèvres puis faire descendre les siennes sur la mâchoire délicate et le cou parfumé, s'approprier de nouveau les seins tendus puis les quitter pour le tendre abdomen jusqu'à ce que sa main toujours humide revendiquait quelques instants plus tôt. Elle se charge à présent d'écarter les cuisses galbées et d'approcher le bassin de la jeune femme jusqu'au bord de la barrique, laissant libre accès à l'appétit de l'écumeur.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Elle le sent, là, tout près. Tout dur déjà. Tout contre elle. Les mollets noués une nouvelle fois autour de la taille du pirate, elle songe néanmoins que les manches de ses armes seraient quand même mieux ailleurs et se promet de défaire le ceinturon de Simak dès qu’elle en aura l’occasion. Pour l’heure, néanmoins, elle se serre contre lui et ne cherche nullement à interrompre cette proximité, frémissante à la moindre des promesses qu’il dépose au creux de son oreille, la prise de ses bras se raffermissant à certaines palabres qui lui font plus d’effet que d’autres. Au moins, leur désir extrême est réciproque, comme s’il était encore possible d’en douter. « …tant que je te prends toute entière. », affirme-t-il donc un instant et l’orage tonne encore, comme pour les encourager à ces effusions et à cette fièvre dont ils tiennent encore la bride. « Perspective intéressante…, roucoule-t-elle lorsqu’il s’engage ensuite à la faire hurler à la lune de plaisir. Ses entrailles se nouent d’appréhension, elle se sait déjà prête à l’accueillir s’il décidait de s’emparer d’elle immédiatement. Certes, elle minaude et feint le détachement, mais son esprit dérangé par le degré d’alcool dans son sang ne songe qu’à une chose peut-être : que l’emboîtement de leurs deux corps prend du temps.
Là où une Dellsa pas totalement sobre, mais quand même sacrément moins avinée, pourrait prendre son mal en patience et continuerait de tourner autour du pot jusqu’à la bascule fatidique, disons que la patience s’envole prestement lorsqu’elle est ivre. Peut-être une absence criante de retenue, voire de pudeur. Peut-être aussi est-ce parce qu’elle n’a vraiment qu’une envie maintenant, qui tourne dans sa tête et s’amplifie avec l’écho : elle veut être à lui, et elle veut qu’il soit à elle, et elle en crèverait presque s’ils étaient interrompus. Néanmoins, elle ne se plaindra pas, parce que comme s’il avait entendu ses supplications muettes et avait senti son impatience grandir, comme le propre glaive de Simak se gonfle tel une voile au vent, il glisse une de ses mains dans le pantalon de la belle et lui arrache un premier soupir, suivi d’un autre, d’un gémissement, qui ne cessent plus alors qu’il la marque avec envie.
« Oh, Simak… » qu’elle souffle contre son oreille alors que les doigts du marin pénètrent le cristal maraudé, cet antre qui n’attend que lui, qui ne désire que lui en cet instant, qui n’a besoin que de lui pour se sentir complète, sans oublier de titiller la petite boule si sensible. L’homme sait y faire, mais pas un instant la brune ne songe à celles auprès de qui il a pu gagner en expertise et en doigté. Dellsa geint, gémit, se crispe contre lui, avant que ses mains ne descendent dans un éclair de lucidité coïncidant avec une brusque illumination par la foudre : parvenant à se concentrer un instant seulement, elle défait vivement la boucle du ceinturon et les armes tombent à terre dans un bruit sourd. Ses yeux tombent sur la bosse que le pantalon de Simak dissimule fort mal, mais avant qu’elle ne puisse le procurer le même type de plaisir qu’il lui prodigue, le voilà qui la dénude tandis qu’elle l’aide en soulevant ses hanches un instant, en appuyant ses mains sur le tonneau qui branle légèrement.
Nue, ce n’est pas de pudeur qu’elle cherche à se revêtir dès lors que Dor’Magar la dévore des yeux, avant d’y aller avec ses lèvres. Elle trône, fière, provocante, consciente de ses atouts et certaine qu’ils seront appréciés à leur juste valeur. La vinasse lui donne l’outrecuidance de le dévisager avec un sourire triomphal, tandis qu’elle sent ses billes ardentes couler sur son corps. Un instant de répit, où les respirations fortes trouent le bruit devenu blanc de la pluie qui continue de tomber. Le temps se suspend tandis qu’un doute perfide pointe pourtant dans l’âme embrumée de la Seconde : et si elle ne lui plaisait plus ? S’il avait trouvé mieux ? S’il se détournait d’elle ? (Quel ascendant il pourrait avoir sur elle, si tant est qu’ils se souvenaient de cette nuit, car elle est fébrile à l’idée de n’être plus rien pour lui, et ne le comprend que dans l’immédiat. Telle lucidité sur ses sentiments persiste encore, mais elle se concentre d’abord sur ses sensations.) L’angoisse est ainsi balayée aussi sec lorsqu’il dévale ses vallons jusqu’à ce secteur qui brûle d’être comblé. Renversant la tête en arrière, Dellsa fait ce qu’elle peut pour rester en équilibre, de plus en plus précaire tant ses jambes écartées sont flageolantes, tant ses bras et ses mains se crispent en arrière, pour se tenir sur ce siège de fortune, tant son corps gigote sous les coups de langue de l’être aimé comme pour échapper à cette vague de chaleur qui irradie de son giron vers tout le reste de son corps. Elle tressaille par à-coups, soupirs et gémissements mêlés, elle veut qu’il arrête, elle veut qu’il poursuive, elle veut qu’il soit en elle, elle ne sait plus de qu’elle désire à part lui, lui, lui.
Les gémissements s’amplifient, entrecoupés d’itérations nombreuses du simple prénom de cet homme qui a tant de pouvoir sur elle, au cas où il oubliait son nom. Le tonnerre gronde encore ponctuellement, secouant toutes les bicoques autour, et la pluie reste diluvienne. De même, dans cette situation qui semble immuable, Dellsa est encore à la merci de Simak lorsque l’orgasme la saisit, après être monté lentement mais sûrement. Tout son corps se tend, sa respiration se bloque un court moment, avant qu’un râle ne s’échappe d’entre ses lèvres, tandis que tout palpite en elle et que sa poitrine se soulève avec ampleur. Hébétée, la gorge sèche, elle respire fortement, reprend son souffle comme elle peut, sent son cœur tambouriner comme jamais, et contemple Simak, le responsable de tout ceci, dont elle vient cueillir le menton par en dessous, d’une main malhabile. Et, tandis que l’orage déchire encore une fois le ciel et l’air, elle plonge dans l’océan de ses yeux et jette une ligne dont elle n’a pas vraiment conscience et qu’elle n’aurait jamais lancée si elle avait été sobre et encore dans le déni. De cette voix nouée d’émotion alors qu’elle semble se rendre compte de quelque chose qui paraît être une évidence sur le coup, elle articule un « Je t’aime. » qui semble presque irréel au vu de tout ce qui a pu leur arriver jusque là, mais est soufflé dans un sourire comblé. Et non contente de le dire une fois, elle descend du tonneau en le prenant par surprise, se glissant entre lui et le siège improvisé et le hisse jusqu’à elle pour le lui répéter, encore et encore maintenant qu’il est à portée de voix et à portée de lèvres cette litanie entêtante presque sans respiration : « Je t’aime je t’aime je t’aime je... » et ce, jusqu’à ce qu’un éclair élémentaire ne jette un nouvel éclairage sur la scène alors qu’elle semble se rendre compte de ce qu’elle vient de lui dire, pas une seule fois, mais bien dix fois déjà. Ce qu’elle n’aurait jamais osé ne serait-ce que reconnaître. Ce dont elle n’avait même pas conscience. Et plutôt que de se contredire, elle l’embrasse avec fureur, comme pour mettre fin à cette peur qui la taraude soudainement, celle de ne pas être assez, celle d’être rejetée, celle de le perdre par cet aveu qu’elle n’aurait jamais dû lâcher.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Le goût salin sur sa langue, la douce étreinte de ces cuisses sur son visage, la vue vertigineuse de ce buste qui le surplombe lorsque son regard la cherche, veut la savoir aimer ses lippes contre ses lèvres, sa langue glissée en elle ou goûtant la bille rosée gorgée de sang. Ça a l'air si vrai et pourtant si parfait sous les éclairs aveuglants révélant leurs corps dans leurs moindres détails, que l'écumeur jurerait être en plein rêve, éveillé peut être, entre les cuisses d'une autre qui n'a pour seul mérite que celui de la lui rendre réelle et de lui inspirer plus qu'il ne donnerait jamais à aucune autre qu’elle.
Ses caresses suivent l'entrejambe qu'il dévore, la voix qui supplante la pluie battante et le tonnerre faisant trembler les carreaux de l'entrepôt derrière elle. Il ne l'entend qu'appeler son nom, gémir sous sa langue, la sent se tendre sous ses mains qui maintiennent fermement sa croupe pour que, jamais, elle ne s'éloigne. Sa virilité se tend davantage à chaque éclat de voix, jalousant ce qu'il glisse en elle, le suppliant de la laisser la posséder sans plus de retenue que celle qu'il met dans les attentions que porte sa bouche au divin entrecuisse. Mais rien de plus ne s'élève, si ce ne sont ses yeux vers elle.
Les cuisses se crispent dans la plus belle des étreintes autour de son visage enfoui contre la source de l'orgasme qui fauche la seconde et qu'il sollicite encore et toujours plus jusqu'à ce qu'elle ne desserre ses jambes. Ses lèvres embrassent l'intimité encore palpitante dans un amour sincère, infini, sans aucune fierté mais avec la plus grande satisfaction d'être l'auteur de cette exaltation. Les baisers s'étendent, remontent les cuisses que ses mains caressent, jusqu'à ce que celle de la seconde ne se saisisse doucement du menton qu'elle lève délicatement.
Ce regard qu'ils échangent est lourd de sens, transmet chacun des mots qu'ils n'ont jamais osé prononcé, par fierté ou bien par crainte, sans doute les deux cumulés. Simak admire ces traits familiers, ceux qu'il ne se lassera jamais de fixer, a fortiori avec une telle perspective. Toujours agenouillé, la tête entre le galbe des cuisses que ses mains ne quittent pas, il n'a pas l'attitude d'un homme conquérant, pas plus d'un amant seulement fier d'avoir mis une femme à sa merci. C'est bien tout l'inverse. Il est le dévot soucieux du plaisir qu'il donne à la seule déesse qu'il reconnaisse, le fanatique qui n'attend d'elle qu'un mot, un regard pour se sentir exister et dont les yeux s'illuminent davantage à ce qu'il lit sur ses lèvres que sous la lumière fulgurante qui éclaire ce qu'elles articulent.
Simak reste figé, interdit, pas bien sûr de ce qu'il pense avoir interprété. La confusion sur le visage, il l'interroge du regard, comme pour la prier de répéter, pour s'assurer qu'elle ne peut pas vraiment avoir dit ça, parce que ça ferait de lui l'homme le plus emmanché d'Elenath de ne pas s'en être rendu compte avant qu'elle ne parte. Sans doute que tout aurait été différent. Elle descend de son piédestal, Simak toujours à ses pieds qui s'élève vers elle sans demander son reste lorsqu'elle l'y invite, retrouvant la proximité de leurs visages et la chaleur de son corps contre le sien. Instinctivement, l'écumeur glisse ses mains dans la crinière noire détrempée alors qu'il lui semble lire dans ce regard qu'elle pose sur lui qu'il a compris, puis qu'elle le lui confirme en le lui répétant dans un écho le faisant vibrer de tout son être. Ses doigts enserrent les boucles noires, son front se plaque contre celui de Dellsa dont il soutient le regard dans un soupir brûlant poussé contre ses lèvres qu'il crève d'envie d'embrasser mais dont il voudrait entendre ces mots, encore et encore, jusqu'à ce que le ciel ne se fendent violemment et n'y mette fin, comme un rappel à l'ordre de ce qui ne devrait pas être possible.
Mais Dellsa ne démord pas, elle ne se rétracte pas et continue de l'aimer dans un baiser dans lequel il se plonge avec dévotion. L'air vibre sous les coups de tonnerre répétés semblant condamner l'évidence qui prend enfin forme, sans qu'aucun des deux amants ne se soucie de la colère divine faisant écho à la tempête ayant coulé le Ripailleur. Comme si Gradlon Meur s'opposait lui-même à leur union, grondant et menaçant dès lors qu'elle commençait à prendre forme. Mais rien, pas même ce foutu dieu des mers, ne saurait retenir l'esprit de Simak à présent. Aidé par l'ivresse, doutant de la réalité de cet instant autant qu'il lui est plus réel qu'aucun autre, il embrasse Dellsa comme jamais il ne l'a fait jusqu'à présent, totalement électrisé par sa voix qui résonne encore dans son esprit à présent éclairé, guidé par le seul et unique sentiment qu'il s'est toujours refusé à accepter jusqu'à ce soir.
« Putain de merde, Dellsa... » Le souffle court, les mains tremblantes contre la tête délicate qu'elles tiennent encore et contre laquelle il appuie son front, le marin subit le plus puissant raz-de-marée qu'il ait jamais vécu. Les tempêtes qu'il a traversées, l'hydre qu'ils ont fuie, les abordages les plus sanglants auxquels il a pu activement participer font pâle figure à côté d'elle. « Si tu savais depuis combien de temps j'ai... » Attendu, renié, craint... Longtemps. Trop longtemps. Depuis qu'il est en âge de comprendre ce qu'est une affection sans borne pour quelqu'un, c'est à elle qu'il a dédié la sienne. « Je t'aime. » l'étreinte de ses mains se raffermit doucement, comme s'il craignait qu'elle ne s'enfuie en entendant ces mots qu'elle a pourtant elle-même prononcés et qu'il répète à son tour. « Je t'aime, je t'aime, je t'aime... » Peu lui importent les éclairs, il n'en savoure que la lumière qui lui permet de la voir comme en plein jour, d'éclairer leurs sentiments enfin mis à nus en faisant voir leurs yeux et leurs visages, même ces courbes qui l'hypnotisaient quelques minutes plus tôt mais dont il s'est détourné pour ne plus voir que les billes brunes de Dellsa. Ses pouces caressent tendrement les joues de la jeune femme. « T'as pas idée à quel point. » Il la contemple sans avoir la force de sourire, reste silencieux de longues secondes à savourer cet instant jusqu'à ce que ses lèvres ne viennent trouver celles de la seconde dans un baiser aussi puissant que le tonnerre qui retentit et la rafale de pluie glaciale qui vient les percuter de plein fouet. Sous la furie de Gradlon Meur, malgré ses cris et ses coups, il trouve bien mieux que de la faire sienne : il l'aime.
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Elle se sent invincible, portée aux nuées par un sentiment tout à fait nouveau. Elle se sait aussi vulnérable, ayant ouvert un cœur que d’autres auraient juré fermé à double-tour et s’étant jetée dans le vide sans vraiment avoir vérifié qu’elle avait une corde pour la retenir. Alors elle l’embrasse, avec force, avec fureur, avec fougue, pour l’empêcher de la repousser. Rappelée à l’ordre par l’orage, soudainement interdite et les palabres suspendues à ses lèvres, n’ayant pour toute amarre que la poigne de Simak dans ses cheveux encore humides, et le regard brûlant qu’il a ancré dans le sien, elle tente le tout pour le tout et l’embrasse, sans rien attendre en retour, ou plutôt en attendant tout ce qu’elle est persuadée qu’elle a déjà perdu en parlant.
Il répond à son baiser. Il ne la rejette pas. Il ne sépare pas leurs bouches avides, mais rend le baiser avec la même ferveur, la même envie.
Alors elle s’agrippe davantage à lui encore, une main accrochée à la nuque, l’autre sur le haut du crâne, se serrant contre le marin avec passion. Les cœurs battent à l’unisson, les souffles s’interrompent le temps de cet échange, de cette confirmation, et ce sans se soucier ni trembler des grondements du tonnerre. Et pourtant, malgré ces signes qui ne devraient pas tromper, la brune se tend d’appréhension lorsqu’il rompt le baiser pour jurer, la voix qui perce le bruit de la pluie tandis qu’ils sont si proches qu’un regard extérieur pourrait les prendre pour un être unique à deux têtes. Le cœur se comprime, les billes s’écarquillent, les lèvres se tordent d’appréhension alors que ses mains glissent sur les épaules de Simak. Il lui semble que son cœur est prêt à se rompre, comme suspendu à un fil et prêt à entamer une brutale chute libre si les mots n’ont pas la consonance espérée presque naïvement. Un hoquet de surprise, parce que même si elle espérait, elle n’osait pas vraiment y croire, lorsqu’il répète les mêmes mots qu’elle. Ce sursaut, on pourrait l’interpréter comme un mouvement de fuite, d’effroi, mais c’est plutôt qu’elle ne parvient pas à y croire et qu’il faut, là aussi, qu’il réitère l’affirmation à plusieurs reprises pour que l’ensemble coule au fond de son âme et s’intègre pleinement à la masse d’informations enquillées depuis le début de la soirée.
Le problème fondamental reste que ce genre de renseignements capitaux s’évaporera avec l’alcool une fois l’aube venue, leur dérobant dans le même temps ce sentiment de complétude qui les entoure tous deux. Mais pour l’heure, l’émotion l’étreint toute entière et elle l’embrasse avec un amour profond lorsqu’il revient s’emparer de ses lippes. Elle l’aime, c’est assez pour effacer tous les tourments qu’ils ont pu s’infliger des années auparavant. Ils se sont retrouvés, et c’est ce qu’il y a de plus important.
Contre lui, elle frissonne, la pluie glaciale ne cessant pas de tomber malgré ces aveux inespérés. Leurs souffles chauds se mêlant l’un l’autre, elle se presse davantage contre lui, une main qui dévale le dos de Simak pour jouer avec la bordure arrière de son pantalon, déjà délesté de son ceinturon préalablement. Les lèvres de la Seconde s’éloigne de celles du colosse pour aller frôler son oreille : « Je crois que t’as déjà bien commencé à me le montrer… À mon tour d'argumenter, non ? » La seconde main se décroche de la nuque du marin et tire avec l’autre sur le froc, pour dévoiler la virilité toute tendue qu’elle redécouvre avec approbation. Un instant d'immobilité, tandis qu'elle remonte les billes vers lui, comme pour lui dire sans parler, fanfaronne et peut-être flattée, qu'elle savait bien qu'elle lui faisait cet effet. Le vêtement de l'homme tombe à terre et la belle plie les genoux pour ramasser son propre futal avant de s’agenouiller dessus, la tête à la hauteur du bassin du barbu dénudé, les mains remontant le long des jambes de Dor’Magar. La respiration s’apaise tandis qu’elle le contemple, un sourire étire son visage tendrement, tandis qu’elle enroule ses cheveux derrière une de ses épaules, le fait qu’ils soient mouillés facilitant la manœuvre et l'espoir de les y maintenir pour qu'ils ne la gênent pas. Elle humecte ses lèvres un instant et reporte son attention sur le glaive tendu dont elle rapproche son minois, puis qu’elle embrasse, lentement, tout doucement, presque timidement, attentive aux réactions de Simak, les deux mains pour le moment arrimées sur les hanches du mâle. Ce n’est pas qu’elle n’a jamais fait ça, que nenni, mais elle prend son temps, moins par malice et plus par envie de redécouvrir tout ce rituel charnel avec lui. Comme si les mots échangés et répétés sont autant de promesses nouvelles, qui ne cherchent plus simplement à baiser, mais à faire l’amour, comme disent les ménestrels ambulants que l’on croise parfois dans les ports d’Elenath. Alors elle titille du bout de sa langue, la laisse courir le long de l’engin tandis que ses pouces décrivent des cercles de part et d'autre de l'aine de son amant. Ce faisant, elle ne s’épargne pas certaines pensées qui feraient rougir une jeune fille prude mais reste concentrée quoiqu’elle sente ses parois internes palpiter d’excitation et quoiqu’elle meure d’envie de le sentir en elle à l’instant. Chaque chose en son temps. À la place, elle ouvre plus grand sa bouche, et l’enferme dedans, le prend au piège et le laisse s’habituer à la sensation avant d’esquisser des mouvements de vas-et-viens, les yeux se perdant parfois dans les airs en tentant d’y croiser ceux de son aimé. En silence, se faisant muette quelque temps, elle laisse les gémissements de Simak parler pour elle et s’y adapte pour qu’il sache, sinon par les mots au moins par les gestes, et par les regards comme par les contacts, qu’elle est à lui, toute à lui, et qu’elle l’aime à en crever.
◭ Simak Dor'magar
▬ LA PROPHETIE : ▬ L'ENVOL : Amiral, conseiller du Roi et Seigneur d'Ossam, tourner le dos à la piraterie n'a jamais autant réussi à un traître. ▬ LES PARCHEMINS : 98 ▬ L'AME : Oz. ▬ LE REGARD : Tom Hopper ▬ LE TEMPS : Trente cinq hivers ▬ LE SANG : Gwelnaur ▬ LE FEU : Ses intérêts le poussent au mariage, son cœur brisé le rend insensible à ceux des autres. ▬ LE DESTIN : Conseiller du roi, Amiral, Corsaire des mers rouges, Seigneur d'Ossam et traître à pendre haut et court. ▬ LES ROSES : 3511
Les mots qu'il vient de prononcer, après dix longues années à les refouler, laissent un arrière-goût d'espoir sur le palais de l'écumeur. L'espoir que cette nuit ne sera pas la dernière, l'espoir qu'ils se retrouveront et apprendront ce que c'est que de se donner à l'être que l'on aime. Qu'ils cessent de se déchirer, qu'ils se suffisent à eux-mêmes. Cela pourrait arriver, sans doute, si leurs esprits ne choisissaient pas d'occulter la plus grande révélation de leurs retrouvailles au petit matin. Mais, pour l'heure, cette dernière est loin d'avoir été oubliée, bien au contraire, elle est la seule qui occupe l'esprit du Dor'magar qui se jette à âme perdue dans ce baiser qu'ils échangent sous la tempête qui grandit peu à peu au dessus d'eux, ne les épargnant pas de la pluie battante malgré l'abri sous lequel ils se sont réfugiés. Le ciel se fait reflet de son esprit et des sentiments nouveaux, ou nouvellement avoués, qui s'y bousculent pour se faire connaître de celle qu'il presse contre lui.
Son échine se dresse sous ces doigts froids qui la descendent, tendant davantage le marin contre la seconde lorsqu'ils agrippent le haut de son froc et qu'elle quitte ses lèvres pour glisser les siennes à son oreille. Un sourire refait surface sur le visage du pirate dont les mains ont glissé jusqu'à la croupe de Dellsa pour s'y plaquer possessivement.
« Une vie entière suffirait pas à t'en montrer un quart... » Malgré son rictus, malgré le déni qui s'abattra de nouveau sur eux aux premières lueurs du jour, ses mots transpirent de sincérité et le regard qu'il pose sur elle lorsqu'elle se recule légèrement ne laisse planer aucun doute : elle lui fait bien plus que faire durcir son entrejambe, et leurs ébats n'auront rien d'une fornication poussée par un seul désir animal. Cette nuit, il l'aimera, plus qu'il ne l'a encore jamais fait, et ne saura plus s'arrêter quand viendront les suivantes, guidées par les réminiscences de ce qu'il pensera n'avoir été qu'un rêve.
Le froc échoué sur ses chevilles qui en restent prisonnières, il regarde Dellsa s'éloigner avec un regret mêlé d'appréhension à l'idée, assez claire, de ce qu'elle s'apprête à faire. Ses mains encadrent à présent le visage de la seconde pour le maintenir encore quelques secondes vers lui, prendre le temps de l'admirer dans cette position hautement érotique et si lourde de sens après les mots qu'ils viennent d'échanger. Malgré sa stature, malgré son goût prononcé pour les ébats brusques et éprouvant, la tendresse qu'il met dans les caresses de ses pouces sur les joues trempées de la jeune femme est sans égale. Il ne lui impose rien, la laisse maîtresse de ses mouvements comme de la masculinité qu'elle embrasse et qui s'embrase. Il lui a livré son cœur et son âme, lui abandonner son corps tout entier semble être la suite logique des choses.
Ses doigts se crispent néanmoins alors qu'il lutte pour ne pas agripper la crinière noire qui va et vient devant son bassin, laissant parfois la place à un regard qui le perd toujours plus à chaque fois qu'il se lève vers lui. Et la torture est telle que ses mains trouvent à se cramponner à une poutre en biais reliant le toit au mur de l'entrepôt pour ne pas enclaver le visage de son amante et ne lui imposer aucun mouvement. Seul son bassin ne parvient pas tout à fait à s'effacer lorsqu'elle l'encercle de ses lèvres. Suspendu à la charpente, il ne peut s'empêcher de faire l'amour à cette bouche divine qu'il regrette de quitter des yeux dès que ceux-ci se ferment lorsque le plaisir se fait trop fort, marqué par ces râles rauques qui se mêlent au vrombissement du tonnerre et au fracas de la pluie.
« Bordel, mais qu'est-ce que tu me fais... »
Elle lui fait tout ce qu'aucune autre ne lui a jamais fait ressentir jusqu'à présent, et ne lui fera jamais ressentir plus tard. Ce lien qui les relie est plus fort que tout et décuple chacune de ses pensées à son sujet, chacun de ses sentiments à son encontre, chacune de ses sensations au moindre contact avec sa peau, ses lèvres, sa langue. Treize ans qu'ils se sont rencontrés, presqu'autant qu'elle est la seule qu'il ait jamais aimée sans oser l'accepter lui-même. Mais ce soir, alors que les cœurs se sont révélés à la lumière des éclairs s'abattant toujours plus violemment sur Ossam, il en prend pleinement conscience et perd pied plus que jamais.
La torture devient insoutenable, aussi irrésistible qu'elle soit, et l'écumeur se saisit des épaules de la jeune femme pour lui intimer de se redresser, de se tenir à nouveau devant lui pour la retourner et plaquer son dos contre son torse. Le visage enfoui dans le cou trempé par les cheveux qui le décorent, l'écumeur en marque de nouveau la peau qu'il couvre de son souffle brûlant, répétant à nouveau plusieurs je t'aime comme si c'était devenu la chose la plus naturelle qui soit, aussi familière que le trajet que suit la dextre jusqu'au sein qu'elle empoigne, et celui que trace la senestre qui glisse contre l'abdomen de son aimée pour en retrouver et en caresser l'entrecuisse. Elle y pénètre pour en prendre possession aussi amoureusement que passionnément jusqu'à ce que ses doigts ne laissent place à la turgescence à l'agonie qui s'y glisse dans un râle lubrique soufflé au creux de la nuque de la pirate ne semblant faite que pour l'accueillir ainsi en ses reins.
« Promets-moi que c'est fini ces conneries de distance entre nous, Dell... » qu'il supplie à son oreille. « Je peux pas me passer de toi. »
◭ Dellsa aux Mains Rouges
CAPITAINE DE LA “PUTE BORGNE”« to chasing on foolish merchants ! »
▬ LA PROPHETIE :
~ Constanza, dite "Sanza",
5 ans et demi, terreur des mers
à venir : merril aventures achevées :geory (un mois plus tôt) - johr (/intrigue) ▬ L'ENVOL : Naître dans un village perdu au milieu du continent, fille de paysans sans le sou. Être confiée à la garde d’un négociant à 9 ans, pour atterrir à Ossam, bouge mal-famé, à la mort stupide de ce dernier. Devenir voleuse et arnaqueuse, fille du Scorpion, pendant son adolescence. Finir par découvrir la mer, jusque là jamais vue, et l’aimer de tout son être. Passer pirate, libre et sanguinaire, intrépide et sans pitié. Régner sur les mers, enfin. ▬ LES PARCHEMINS : 444 ▬ L'AME : La curieuse et faible (Arté) ▬ LE REGARD : Pénélope Cruz ▬ LE TEMPS : (42) La quarantaine bien tassée ▬ L'ETOILE : (SANGUINAIRE) prête à en découdre. ▬ LE SANG : (LA MER) Le trou du cul du monde, désormais laissé bien loin derrière elle (Dyrka, dans les États du Gwelnaur). ▬ LE FEU : (LIBRE COMME L'AIR) Épouse des flots, ouverte aux vents ▬ LE DESTIN : (BOUCANIÈRE) Capitaine de la Pute Borgne, un sympathique trois-mâts pirate qui passera sur vos côtes pour tout ravager (youpi). ▬ LE PACTE : (POISSON) Membre du Conseil pirate de l'Ordre du Poisson, ancienne petite main de la Caste du Scorpion. ▬ LES ROSES : 4037
Tour à tour, ils s’abandonnent à l’autre. Tour à tour, ils chavirent sous les coups de semonce de leurs cœurs prêts à se rompre. Tour à tour, ils s’avouent des sentiments qu’ils avaient enfoui, inconsciemment, bêtement, secrètement. Eux qui sont habitués des abordages serrés, des montées au front soudaines, ils prennent en cet instant le temps de se réapprivoiser. Comme si, à l’aune de leurs cœurs mis à nu, les corps devenaient terra incognita à découvrir par tous les sens. Comme si, pour achever la conquête des âmes qui s’offraient, il fallait parachever celle des enveloppes charnelles.
Un de ses mains vient s’emparer d’une des fesses de Simak tandis qu’il s’efforce de ne pas entraver les mouvements de la brune, et elle veut simplement lui procurer autant de plaisir qu’il a pu lui faire ressentir avec ses doigts experts. Elle le guette, parfois, pour mieux percevoir sur ses traits éclairés brutalement par la foudre les signes qui ne trompent pas et ne font que recouper ce qu’elle peut comprendre des muscles tendus et du membre gorgé de désir. Dellsa veut tout lui donner, ne veut être plus qu’à lui, et ne jamais sortir de cet instant. L’ivresse alcoolique se mêle à cette extase dans laquelle elle a plongé et dont elle ne veut jamais se défaire. Elle sait, maintenant, que ce n’est pas qu’un hasard qui a fait se croiser leurs chemins et elle comprend désormais avec lucidité qu’ils sont faits l’un pour l’autre, et qu’elle n’aura sa place qu’auprès de lui. Il ne sert à rien de se voiler la face plus longtemps : si elle a osé prononcer ces quelques mots, c’est aussi qu’elle voulait essayer de lancer une ligne, pour voir s’ils s’accrocheraient correctement, si la réciproque était vraie.
Agenouillée devant l’homme qu’elle adore à la manière d’un dieu, elle lui offre tout ce qu’elle possède dans l’espoir de le contenter, ne songeant pas un instant à ce qu’il se passera le lendemain, lorsque l’euphorie arrosée se sera estompée, et avec elle les souvenirs des serments échangés. Sous ses doigts, les muscles du pirate se contractent et, alors qu’elle pensait l’amener à l’orgasme par ce biais, il la fait se relever pour se presser contre elle et lui arracher soupirs d’aise et gémissements par ses mains et ses baisers. La belle se cambre, se tend, et reprend la litanie qu’il profère, autant de je t’aime soufflés en réponse à ses éraflures brûlantes. Ses jambes menacent de se dérober alors qu’elle se sait, qu’elle se sent, à deux doigts de toucher les cieux. Les cœurs cognent à l’unisson, elle tend sa main gauche en arrière pour l’agripper à la nuque de Simak, tandis qu’elle presse sa croupe contre le bassin et l’engin dressé, et qu’il la pénètre de ses doigts, lui arrachant un râle rauque et que son souffle s’accentue et se raccourcit. Elle n’arrive pas à penser, ne peut pas ordonner deux idées même simples, happée pleinement pas le plaisir qui l’envahit, irradie du centre stimulé au plus haut point vers les extrémités de ses membres. Les ongles de sa senestre s’enfoncent dans la peau de la nuque de l’écumeur tandis qu’il la saillit et ce sont ses mots, qu’elle n’aurait jamais cru entendre, du moins pas dans une situation pareille, qui la portent à l’orgasme, elle qui n’était que frémissements et tremblements alors qu’elle se savait si proche de l’extase, et lui arrachent un rugissement qui surpasse en intensité le grondement du tonnerre qui semble s’éloigner.
Les palpitations internes et les tremblements ne le tromperont pas, pas plus que le cri poussé, tandis qu’elle se force à ne pas bouger, la bouche sèche, la respiration profonde, la tête renversée contre l’épaule de Dor’Magar. Les billes de la créature lascive se rouvrent sur l’auvent en bois et en chaux qui les protège partiellement de la pluie, elle déglutit et finit par répondre, un immense sourire qui s’entend à défaut d’être vu : « J’allais te dire qu’il te faudrait des très bons arguments… » Une inspiration profonde tandis qu’elle presse son bassin à celui toujours tendu du puissant écumeur. « Mais je crois que je vais avoir du mal à te baratiner. » Un rire léger tandis qu’elle tourne la tête vers le visage très proche de Simak et que sa poitrine se soulève encore amplement. Elle décroche ses griffes du cou du forban alors que leurs regards s’ancrent l’un dans l’autre, et Dellsa en oublie tout : ses responsabilités de seconde à bord de la Peste Noire, ses ambitions, ses envies. Tout est supplanté par la perspective de passer le reste de son existence aux côtés de cet homme qu’elle aime plus que tout, quel que soit le raffiot sur lequel ils choisiront de voguer, et ce même s’il lui proposait de jouer aux honnêtes fermiers un temps. Elle ne peut pas non plus concevoir de ne croiser son regard océan que par a-coups, elle a besoin de lui pour se sentir exister, pour se sentir vivre tout simplement. Simak est la clé de tout, de son bonheur, de sa vie. Elle se maudirait presque de ne s’en rendre compte que maintenant, tant la révélation lui semble évidente à l’instant où elle comprend. La cage thoracique tremble sous le tambour de son cœur, et elle hoche la tête, maintenant qu’elle a ferré ses billes bleues de ses prunelles sombres, avant d’articuler, enfin, l’air grave mais les lippes étirées dans un sourire sincèrement heureux : « Je te le promets, Simak : où tu iras, j’irai. » Il n’y a rien de plus certain à l’instant où elle prononce ces mots, rien de plus sacré à ses yeux. « Que Gradlon Meur en soit témoin, je ne te quitterai plus. »
Funeste promesse que celle faite sans savoir qu'elle serait oubliée le lendemain. Mais pour l'heure, le feu qui brûlait dans ses yeux était aussi intense que sa détermination à honorer ce serment.