We create our own fate

☾☾ L’empire Thoron. Athelleen avait l’habitude d’y aller avec la troupe du soleil levant mais comme à chaque fois, elle ne se sentait pas bien d’autant plus que l’anniversaire de son frère approchait à grands pas et encore une fois comme chaque année, ses cauchemars étaient de retour. Cela pour dire que ce voyage n’était pas le meilleur pour la jeune femme. Elle faisait des efforts pour ne rien laisser paraître mais les signes de trompaient pas. Signes que la troupe a su lire avec le temps et même si à ce jour ne savent rien de son histoire à part qu’elle vient de Thoron et que c’est une ancienne noble, ils respectent toutefois son silence et pire encore, son comportement ridicule.
En effet, Athelleen essayait toujours de faire semblant que tout va bien pour éviter qu’on lui pose des questions et pour éviter surtout qu’on s’inquiète pour elle. Sa troupe est sa seconde famille mais bornée comme elle est, elle n’acceptera jamais de parler de son passé. Passé peu violent par rapport à celui des autres certes, mais elle voulait elle-même l’oublier et ne souhaitait à aucun moment impliquer ses amis. Cependant, elle fait tellement d’effort qu’elle frôle le ridicule. Elle est toujours là à rire aux blagues peu drôles ou s’exciter plus qu’il n’en faut pour une nouvelle.

Elle appréhendait ce voyage et plus ils se rapprochaient de son royaume, plus ses craintes augmentaient. Un million de “si” venaient déranger sa tranquillité pourtant, ce n’était pas première fois qu’elle y mettait les pieds depuis ses dix-sept ans. Elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur de reconnaître d’anciennes personnes qui lui ont fait du mal ou du bien et l’affecter ou bien qu’elle soit reconnu à son tour… Alors elle s’isola, en espérant calmer ses esprits et en essayant de se persuader que tout allait bien se passer grâce à son costume, maquillage et nom de scène : Lyra.
Elle s’est trouvé peut-être à la traîne par rapport à l’équipe ou plutôt en avance ? Elle n’en savait rien. Elle savait juste qu’il y avait une présence à sa gauche et ce n’était autre qu’Ambroise. Elle ne se rappelait plus à quel moment elle l’avait connu et le courant est tout de suite passé entre les deux. Peut-être parce-qu’ils se ressemblaient ? Dans le sens où ils étaient tous les deux nobles mais très modestes ? Elle se rappelle encore une fois le premier jour qu’il était venu en tant que marchand, elle était d’abord tenté par ses bijoux mais a vite eu peur que ça soit un imposteur qui leur voulait du mal où qu’il lui voulait du mal. Oui, Athelleen psychotait à chaque fois qu’elle rencontrait un noble puis avec le temps, elle a su que ce n’était qu’une personne faisant son travail, quelqu’un de correct qui ne criait pas forcément sur tout les toits que c’était un noble, quelqu’un qu’elle a fini par apprécier sans qu’elle ne le lui montre.

Le jeune homme ne la dérangeait pas au contraire, il l’empêchait de sombrer et elle le remercia intérieurement. Puis, sourire aux lèvres, elle se perdit quelques secondes dans ses pensées avant de lui répondre : « Calendyr. » Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Athelleen adorait la capitale de son royaume, après tout, elle avait passé la moitié de son existence là-bas. Elle aimait son peuple et l’empire où elle était née et le fait d’être parti comme une voleuse accentuait cet amour, le manque et la nostalgie qu’elle éprouvait. « Et toi donc ? ». Elle n’était pas bavarde mais elle était curieuse sur ce coup. Curieuse parce-qu’une personne comme Ambroise avait sûrement visité plus d’endroits qu’elle et elle-même voulait en découvrir davantage. « D’ailleurs, tu vas rester avec nous à Thoron ? »

We create our own fate

☾☾ Après son arrivé à la troupe du soleil levant, Athelleen s’était forgé de fortes amitiés avec certains d’entre eux alors qu’avec d’autres, ça se limitait au côté professionnel. Elle n’était pas mauvaise au fond, ni méchante, mais ce n’était pas non plus une personne bavarde par rapport à comment elle était plus jeune et pour cause, elle a toujours eu peur de parler un peu plus que d’habitude et dire ce qu’elle n’avait pas prévu de dire. Elle s’est protégée de cette manière tout au long de ces années et à force, c’est devenu sa caractéristique : Athelleen n’était pas une femme bavarde.
Elle avait cependant une grande gueule, rien ne l’arrêtait lorsqu’elle et Theodas se lançait des piques ou lorsqu’elle se trouvait impliqué dans les affaires des scorpions. Elle avait tendance à dire ce qu’elle pensait des gens qui ne respectait pas ses proches ou les autres humains et elle était aussi connue pour ça.
D’un autre côté, Ambroise était une personne pleine de joie qui parlait un peu trop au goût de l’acrobate. Ce côté de lui a toujours apporté une bonne ambiance au sein de la troupe, il égayait leurs soirées et leurs dîners et mine de rien, il égayait les journées de la trentenaire. Elle se sentait à l’aise avec lui et d’une certaine façon, il lui apportait ce qu’il lui manquait le plus, ce petit rappel de noblesse, non pas que la vie de luxe lui manquait mais ses souvenirs, son enfance et sa vie d’avant. Du moins, le positif de sa vie d’avant. Rien ne semblait rapprocher les deux mais Athelleen s’excitait à chaque fois qu’elle le voyait, intérieurement bien sûr, elle ne l’avouera jamais aux yeux de tous.

Elle rit sincèrement à sa remarque, et le rassura que ça lui faisait toujours plaisir de l’écouter parler de ses voyages. Il est loin le temps où elle appréciait vraiment les paysages. Chaque endroit lui rappelait sa vie d’avant, et si ce n’était pas ça, ça la mettait dans une drôle d’ambiance, comme la mer par exemple. « Tu sais que tu m’as donné envie maintenant d’aller aux îles de Galadhorn ? Je retiens ça, je me rappellerai de toi la prochaine fois que j’y serai et j'essaierai de voir cette beauté comme toi. Et ne t’inquiète pas, combien de fois je vais te répéter que j’aime quand ça parle de voyage ? » Elle avait horreur d’un côté des gens qui s’excusait de partager des choses qu’ils aiment. Personne ne devrait se sentir désolée pour ça, personne !

Et d’ailleurs, ce qu’elle aimait le plus chez Ambroise c’est sa façon à la taquiner sans avoir peur d’elle, ce n’est pas qu’il ne la respectait pas, mais elle avait l’habitude qu’on se taise dès qu’on se trouve à sa hauteur. Elle ne se rappelle pas avoir fait des efforts pour donner cet aura de femme qui fait fuir les autres ou femme dangereuse ou peu importe ! Ses amis pouvaient lui parler comme bon lui semblait et il lui en fallait plus que ça pour qu’elle se vexe ou devienne furieuse. « Peut-être bien ! » répondit-elle en lui faisant un clin d’oeil. « Aah c’est loin l’époque des Bals pour moi. Tu les supportes toujours ? » Oui elle osait poser cette question. C’était un noble certes, mais il faut dire ce qu’il en est, il n’y avait rien de beau dans les bals pour les gens comme Ambroise et Athelleen. Il fallait porter les plus beaux vêtements, sourire tout le temps pour faire bonne impression, se retenir de taper des scandals, se forcer à parler poliment -hypocritement- avec les personnes qu’on supporte le moins pour enfin rentrer chez soi, exténué des efforts. « Par contre, vu la tête que tu fais, tu n’as pas l’air très emballé par ton emploi du temps. » Pour quelqu’un qui aimait la route, il ne semblait pas plus tenté que ça et l’acrobate pouvait clairement le voir.