« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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Cela faisait quelques temps qu’ils avaient dépassés la frontière entre Gwelnaur et Heledir, se rapprochant de plus en plus de la nouvelle vie de Juliana et la fin d’une histoire entre eux qui n’avait jamais véritablement pu commencer. Dans le fond, Ambroise était tiraillé entre l’envie d’arriver à Kaern pour ainsi arrêter de souffrir en passant toutes ses journées avec elle, et l’envie que ce voyage ne s’arrête jamais pour rester encore et encore avec elle. Oui, il y avait une certaine dualité au fond de lui et c’était vraiment compliqué pour lui de savoir ce qu’il voulait vraiment. Voilà pourquoi depuis qu’ils avaient quittés Belithrael, Ambroise avait fait en sorte de passer plus de temps avec les autres membres de l’escorte qu’avec la famille Savelli, une façon pour lui de se préserver en quelque sorte. Certes, il n’avait rien contre Juliana, il ne lui en voulait plus pour ce qui avait pu se passer à Belithrael, mais il n’en demeurait pas moins que cela le blessait toujours un peu d’être auprès d’elle sans pouvoir lui avouer la teneur de ses sentiments. Ainsi avait-il pris son travail d’escorte particulièrement au sérieux depuis qu’ils avaient repris la route. Bien sûr, il continuait à lui sourire lorsque leurs regards venaient à se croiser, mais il évitait de passer trop de temps avec elle. Bien évidemment, le destin en avait voulu autrement.

En effet, alors qu’il continuait à chevaucher aux côtés de la calèche, il se rendit compte que l’une des roues semblait fragilisée, elle bougeait de manière irrégulière depuis qu’elle était passé dans une petite crevasse sur la route. Il en avait donc parlé au reste de l’escorte qui avait décidé d’arrêter le carrosse et ainsi vérifier l’état de la roue. Après tout, il ne faudrait pas qu’ils aient un accident, c’était donc plus prudent. « Que ce passe-t-il ? » Juliana venait de sortir la tête du carrosse et l’observait. « Nous avons un petit problème avec l’une des roues, il va falloir la changer pour pouvoir reprendre la route sereinement. » Lui annonça-t-il avant de descendre de son cheval pour ensuite l’attacher à un arbre non loin de l’endroit où le carrosse avait été arrêté, lorsque soudainement les propos de Juliana avec ses parents arrivèrent à ses oreilles. « Je vais me dégourdir les jambes et marcher un peu. » Il fronça les sourcils, il espérait sincèrement qu’elle ne comptait pas à nouveau se balader seule… Mais en même temps qu’il se mit à penser cela, cette dernière s’approcha de lui avec un sourire aux lèvres. « Voulez-vous m’accompagner à l’entrée de la forêt j’ai besoin de respirer un peu, de plus je ne suis pas certaine qu’être seule soit une bonne idée. Ils en ont pour une bonne heure je pense, alors partant ?» Il hocha la tête avant de répondre. « Oui bien sûr, ce serait plus prudent que je vous accompagne. » Après tout, avec ce qui s’était passé à la capitale c’était plus sérieux d’être prudents.

Ambroise fit donc un signe à l’un des membres de l’escorte pour ainsi le prévenir qu’il allait veiller sur Juliana pendant sa balade dans la forêt et après un hochement de tête montrant que son coéquipier avait compris, Ambroise se mit à suivre Juliana. Ils étaient particulièrement silencieux et pour tout dire, cela arrangeait quelque peu Ambroise, même s’il se doutait bien que c’était de courte durée. C’est alors qu’elle changea brutalement de direction pour finalement s’asseoir dans l’herbe à côté d’un court d’eau. « Le son de l’eau est tellement apaisant. » Tandis qu’il la regardait, il sentait que quelque chose n’allait pas… Après tout, ce n’était pas parce qu’il avait entrepris de l’éviter quelque peu qu’il n’avait pas fait attention à elle. Or il savait qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme. Il l’observa un instant avant de se mettre à parler. « Vous avez besoin d’être apaisée ? » Question simple, mais en même temps dont la réponse pouvait se révéler complexe. « Vous savez que vous pouvez tout me dire… » Et ce, même si Ambroise lui-même ne lui disait pas tout…

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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Tandis qu’il marchait à côté d’elle, Ambroise avait bien remarqué que quelque chose n’allait pas comme elle voulait. En effet, Juliana semblait quelque peu soucieuse, perdue dans ses pensées, et si cela elle arrivait à le cacher à d’autres, elle ne pouvait pas le cacher à Ambroise qui ne la connaissait que trop bien. Mais il attendit, ne voulant pas la brusquer en posant de suites trop de questions, surtout sachant qu’ils ne s’étaient pas beaucoup parlés depuis qu’ils avaient quittés la capitale de Gwelnaur. Ainsi, marchait-il à ses côtés, silencieux, jusqu’au moment où elle changea de direction pour se retrouver face à un cour d’eau face auquel elle s’installa.  « Vous pouvez-vous asseoir vous savez. » Oui, bien sûr qu’il savait qu’il pouvait s’asseoir, mais pour le moment il n’en ressentait pas le besoin. Après avoir chevauché pendant de longues heures, il avait besoin de rester un peu debout. D’ailleurs, il avait bien pris conscience du fait que c’était surtout une manière détournée pour elle de changer de sujet. Elle ne voulait pas lui répondre, et il le comprenait, mais il ajouta tout de même qu’elle pouvait tout lui dire. En effet, il s’était toujours montré digne de confiance pendant toutes ces années.

« Je le sais Ambroise. Vous êtes la personne en qui j’ai le plus confiance, celui à qui je peux parler de tout sans peur d’être jugée ou quoi cela puisse être d’autre. Vous êtes le seul à me connaître vraiment. » Il était ravi de voir que Juliana pensait cela de lui, qu’il était le seul à la connaître vraiment, c’était là un sacré compliment, car cela signifiait qu’il la connaissait mieux que sa propre famille… « Plus nous avançons, plus j’ai cette impression que mon cœur se resserre, s’éloignant de tout ce que j’ai connu. Je n’ai que peu connu l’inconnu et à dire vrai, cela me fait horriblement peur. Et si je ne plais pas au peuple ? Beaucoup des questions tournent en rond dans ma tête, sans prendre une seule seconde de répit. » C’était donc cela qui la tracassait à ce point. Dans le fond, il ne pouvait que comprendre, c’était une avancée vers l’inconnu or Juliana n’était encore jamais sorti de sa zone de confort…

Il décida donc de s’accroupir à côté d’elle, ne voulant pas s’asseoir complètement, car il sentait que ses jambes ne le voulaient pas, pour finalement prendre la parole. « Il est vrai qu’aller vers l’inconnu peut faire peur, mais en même temps, c’est un nouveau chapitre, une nouvelle histoire, qui peut permettre bien de splendides surprises. » Il esquissa un petit sourire en l’observant. « Et vous savez, il est tout bonnement impossible que vous ne plaisiez pas au peuple d’Heledir. Ils seraient d’ailleurs fous de ne pas apprécier une femme de votre qualité. Je sais d’avance que vous allez prendre votre rôle très à cœur et que vous ferez tout pour ce peuple qui va devenir le vôtre. » Il le pensait sincèrement, sachant pertinemment qu’elle ferait une excellente reine.

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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« Je sais que je ne vais pas être seule pour avancer, mais.. Je n’arrive toujours pas à me dire que mon avenir est à Heledir, dans la cour à devenir reine dans le futur. Si l’on m’avait dit cela un jour j’aurais certainement rit au nez de mon interlocuteur, et pourtant c’est bel et bien le cas. » Et Ambroise aurait très certainement rit avec elle, car jamais il n’aurait pu imaginer un tel avenir pour elle comme pour lui. Un avenir loin l’un de l’autre. Si on le lui avait prédit, il ne l’aurait tout simplement pas cru, car après tout, il s’était toujours imaginé qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, mais ce n’était visiblement pas le cas. L’avenir avait d’autres projets pour eux. « Vous savez, l’avenir est empli d’incertitude, ce sera a jamais le cas. On ignore toujours comment nous allons vivre les choses qui nous sont destiné mais au final, on s’en sort. Je suis certain que vous vous en sortirez également, il n’y a pas de raisons pour que cela soit autrement. »  Il esquissa un sourire pour l’encourager, puis il ajouta. « Voyez vous…Il y a dix ans, même cinq ans, je n’aurais pas pu imaginer que j’en serais ici aujourd’hui. Depuis ma naissance je m’étais imaginé un certain futur, dirigeant l’entreprise familiale, mais au final, tout a changé. Je suis bien maintenant, heureux d’être dans la garde royale, or si je parlais à l’ancien moi, il ne me croirait pas… » Non, il ne le croirait certainement pas, car même si Ambroise avait senti qu’il était fait pour autre chose que la joaillerie, il lui avait fallu du temps avant d’en prendre pleinement conscience et d’accepter son destin. « Donc oui, le futur peut faire peur, mais cela ne veut pas dire que le futur est votre ennemi, bien au contraire… »

Il se mit alors à observer les mouvements du court d’eau, espérant qu’elle ne prendrait pas ombrage de ses propos et surtout que cela la rassurerait quelque peu. « Parfois il m’arrive de me demander ce qu’il se serait passé si j’étais partie avec ma sœur.. Peut-être que je serais plus heureuse de ne plus avoir ce poids à porter sur mes épaules. Après le… mariage, les choses seront différentes, mes responsabilités ne seront que plus grande, je devrais certainement donner rapidement un héritier.. Mais.. Je ne suis pas prête pour tout ça… » C’était amusant qu’elle vienne à parler de sa sœur Cassiopée, sachant qu’il l’avait croisé dans une taverne quelques jours avant de partir pour Heledir. Certes, il n’en avait pas parlé à Juliana, mais Cassiopée lui avait dit de ne rien dire, elle voulait que sa venue à Taewyn reste secrète et Ambroise respectait totalement sa décision. « Refaire le monde avec des et si est ardu, dangereux... Tout le monde s’est déjà demandé au moins une fois dans sa vie comme cela aurait pu être si… Mais voyez vous, au final cela ne peut que provoquer un sentiment de détresse, car cela ne pourra jamais être le cas. Il faut vivre l’instant et faire en sorte que l’avenir soit beau. » Après une profonde inspiration il poursuivit. « Je me doute bien que toute cette histoire doit vous terrifier, c’est un réel changement, mais dites vous que c’est également un changement pour le prince. Il est jeune, alors si ça trouve lui-même à des craintes, des appréhensions, mais ensemble vous surmonterez tout. » Tout du moins, il l'espérait sincèrement pour elle... Il voulait qu'elle soit heureuse plus que tout au monde.

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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Le futur… Ambroise savait à quel point ce dernier pouvait être intimidant, lui aussi pendant longtemps il avait eu peur du futur, jusqu’à ce qu’il prenne la décision qui avait changé sa vie : entrer dans la garde royale. En effet, cela avait marqué un tournant décisif pour lui et il ne regrettait pas un seul instant ce changement de vie. Certes, par moment il se demandait comment aurait été sa vie actuellement s’il avait continué dans l’entreprise familiale, mais dans le fond, il savait qu’il avait pris la meilleure décision pour lui. Et puis, ce n’était pas comme si cette décision avait brisé sa famille ou que cela l’avait forcé à ne plus parler à ses parents. Bien au contraire, ils avaient respectés son choix et pour cela, il leur en serait éternellement reconnaissant. Après tout, ils auraient très bien pu le renier, mais non, ils étaient là pour lui et ça… c’était merveilleux. Alors oui, elle avait raison de dire qu’il avait toujours eu cette envie de changement, tandis que elle, non. « Certes je savais que mes parents finiraient par me marier pour redorer notre nom mais.. un prince. Vous dites que le futur n’est pas mon ennemi et pourtant il me prive des choses dont je n’ai aucunement envie de me séparer.., des choses et des personnes à qui je tiens énormément. » Il espérait sincèrement faire partie de ces personnes dont elle parlait, mais en même temps, cela paraissait quelque peu égoïste de la part d’Ambroise que de penser ça.

Ambroise s’apprêtait à lui répondre lorsqu’elle se mit à parler de sa sœur, et du fait qu’elle aurait été peut-être plus heureuse sans ce poids sur ses épaules. Sauf qu’il ne valait mieux pas refaire le monde avec des et si, car à ce moment là on fini par s’y perdre. « C’est totalement possible, je ne dis pas non plus que je suis la seule à craindre cet avenir.. Mais je ne sais pas.. J’ai l’impression que je suis seule dans ce combat, je ne veux pas être seule. Mes parents ne feront que me pousser pour redorer leur nom, je n’aurais jamais vraiment quelqu’un pour écouter mes paroles comme vous le faites. Vous êtes irremplaçable Ambroise. » Ses propos le touchaient énormément, il était irremplaçable d’après elle, et dans le fond, elle n’aurait pas pu lui faire plus beau cadeau que ces propos… « Vous êtes un ange… Mais vous savez, je ne pense pas être plus irremplaçable qu’une autre personne. Au fur et à mesure vous allez apprendre à… » Cela le tuait de dire ça, mais il en était obligé, puisqu’après tout, ils allaient bientôt être loin l’un de l’autre. « continuer à avancer, sans moi. C’est triste à dire, mais parfois la vie nous pousse à faire des choix que nous n’aurions pas aimé faire. Je ne souhaite pas vous laisser seul dans un avenir que vous trouvez hostile, mais je crains que parfois nous n’ayons pas vraiment le choix… » Après avoir inspiré profondément, il ajouta. « Et puis vous savez, lorsque vous aurez besoin de soutien, vous pourrez m’écrire, je serais toujours là pour vous. Toujours. »

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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« Je n’ai jamais eu vraiment le choix pour ma part… » Cela semblait quelque peu fataliste de sa part de dire ça, mais en même temps, elle avait raison… Etant fille d’une noble famille, elle n’avait pas eu le choix depuis sa naissance, que ce soit son éducation, ses manières et maintenant son mariage. Juliana tout comme sa sœur Cassiopée et comme toutes les nobles d’ailleurs, avaient dû se conformer aux désirs de leurs parents. Situation compliquée et de ce fait, il était ravi que ses parents ne mettent pas une telle pression sur les épaules de sa petite sœur Niamh. En effet, même s’il y avait une certaine pression dans la famille Alhuïn concernant la joaillerie, il n’y en avait pas pour tout ce qui concernait autre chose que la joaillerie. Certes, il avait également eu des cours particuliers, il avait appris les convenances, la danse, l’équitation, le combat, mais les Alhuïn n’avaient jamais été trop virulent le concernant. Or, Ambroise ne savait que trop bien que les Savelli étaient beaucoup plus strictes… Alors oui, il comprenait qu’elle se dise n’avoir jamais eu le choix.

« Cela a toujours été mes parents qui ont dirigés ma vie, ce depuis ma naissance, je doute que cela change réellement un jour. Je ne suis pas née dans la bonne famille pour avoir l’autorisation de faire mes propres choix, c’est ainsi. Plus le temps avance plus c’est difficile.. » Là encore, il comprenait tout à fait, lui-même s’était une fois posé la question, s’imaginant être né dans une famille plus humble pour ne pas en avoir quelque chose à faire du protocole et des convenances, mais au final, il était bien dans sa famille… « Vous n’êtes pas la seule à vous être imaginé cela, pour autant, si vous étiez née dans une autre famille, vous ne seriez pas la même et ce serait bien dommage… » Après tout, il l’aimait comme elle était et cela le désolerait énormément qu’elle ne soit plus la même. Certes, elle risquait fort de changer lorsqu’elle deviendrait princesse puis reine, mais dans ses fondements elle resterait la même Juliana qu’il avait rencontré il y a de cela dix ans.

Soudainement, Juliana se leva, remonta un peu sa robe pour finalement marcher dans l’eau doucement. « L’eau est à la parfaite température. Cela fait tellement longtemps que je n’avais posé les pieds dans un point d’eau, mes parents ont tellement un mauvais avis sur l’eau de rivière. Elle n’est pas propre, ce n’est pas fait pour une Lady de ton rang. » Sa remarque le fit rire quelque peu, car effectivement, elle avait particulièrement bien imitée ses parents. Ambroise se releva donc, prêt à courir la rattraper si jamais elle venait à glisser, mais visiblement elle semblait faire attention. « Il faudrait juste éviter de mouiller votre robe, je n’aimerais pas avoir à expliquer à vos parents pourquoi votre tenue est couverte d’eau. » Dit-il avec un sourire amusé. Après tout, comment pourrait-il dire aux Savelli qu’elle avait décidé de se mouiller les pieds et qu’elle avait fini dans l’eau… Ce serait vraiment moyen.

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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« Peut-être que je serais différente, mais je pourrais avoir le choix d’aimer et épouser la personne dont j’ai envie, et non un inconnu juste pour satisfaire mes parents. Le choix est une chose incroyable, mais je n’ai en aucun cas le droit de l’avoir. » Cela lui faisait de la peine de l’entendre parler de manière aussi fataliste, il aurait voulu la rassurer, la prendre dans ses bras, lui dire que tout irait bien, mais dans le fond, il lui mentirait… Elle n’avait effectivement jamais véritablement eu le choix en étant née chez les Savelli. Alors oui, il comprenait totalement le fait qu’elle voudrait que la vie soit différente, qu’elle puisse avoir le choix d’aimer et d’épouser celui dont elle avait envie, mais elle était une noble, une Savelli, elle ne pouvait choisir… Tout comme lui serait dans un sens forcé d’épouser une noble également. Certes, il avait un peu plus le choix qu’elle, mais il n’en demeurait pas moins qu’il lui faudrait se marier un jour ou l’autre. C’est alors que Juliana se leva pour finalement aller dans l’eau. Il la croyait bien lorsqu’elle lui disait que c’était très agréable de sentir l’eau sur ses pieds. Voilà pourquoi Ambroise allait de temps en temps se baigner dans des lieux naturels, car cela changeait tellement d’un bain classique…

« En effet, je pense qu’ils ne me laisseraient plus leur échapper après. » Un petit rire s’échappa des lèvres d’Ambroise en l’entendant dire cela, car effectivement, ils n’accepteraient plus qu’elle s’éloigne d’eux même pour se balader, risque qu’elle s’abotte sa toilette. « Ambroise ? Dites-moi comment allez-vous faire le retour ? Je veux dire il sera bien plus calme que l’aller. Pas de demoiselle risquant de se faire tuer ou même de tomber à l’eau. Puis vous ne pourrez pas chasser les fées seul cela ne serait pas prudent. » Effectivement, il n’avait pas forcément réfléchi au trajet du retour. D’ailleurs, il ne savait même pas si  les gardes qui étaient partis avec lui comptaient rentrer en même temps. Autrement dit… Il allait très certainement faire le retour seul. Ou alors il se mettrait dans l’escorte de la Reine… Il verrait bien. « Excellente question, pour tout dire, je n’y avais pas vraiment pensé… » Soudainement, Juliana eut un petit déséquilibre, et Ambroise se précipita donc vers elle, au cas où il faille la rattraper, mais c’était bon, elle s’était stabilisée. « Je n’ai rien, je ne suis pas tombée et ma robe n’est pas mouillée. » Il eut un petit soupire de soulagement tandis que elle, elle riait. Que c’était plaisant de la voir rire… « Vous m’avez fait une de ses frayeurs, la vie de votre robe était en danger. » Il fit alors un petit clin d’œil amusé avant d’ajouter. « Effectivement, si je venais à devoir faire le trajet seul jusqu’à Galadhorn je risquerais fort de m’ennuyer. Aucune demoiselle en détresse, fort déprimant pour un chevalier. »

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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Cela faisait plaisir de voir Juliana ainsi, les pieds dans l’eau. C’était comme s’ils revenaient des années auparavant, où  ils avaient fait maintes et maintes choses ensembles, des jeux, des courses, des fous rires. Ils étaient alors jeunes, insouciants, cela lui manquait tellement. Mais au moins, de la voir ainsi, cela réchauffait le cœur d’Ambroise qui se disait que même avec ce qui allait arriver, il y aurait toujours une part d’eux qui les garderaient proches de ceux qu’ils étaient étant plus jeunes. C’était beau de se dire cela. Certaines choses ne changeraient pas complètement. « Vous ne pouvez imaginer le nombre de robes que j’ai dans nos bagages, et ce n’est qu’une petite partie, le reste doit venir à Heledir quelques jours après notre arrivée. » Ambroise voulait bien croire qu’elle avait de quoi se changer si jamais elle venait à se mouiller, mais il n’en demeurait pas moins que ses parents n’apprécieraient pas. Oh…Comme Ambroise aimerait pouvoir lui dire qu’ils pouvaient n’en avoir cure de ce que les gens pensent d’eux, qu’ils pouvaient profiter, pour une fois. Mais il n’en fit rien.

« Je vous aurais bien proposé de faire le chemin avec vous mais il semblerait que mon futur époux ainsi que mes parents ne seraient pas d’accord. Vous trouverez certainement une autre demoiselle en détresse à sauver, je ne suis pas la seule.. » Il esquissa un sourire sans réelle joie, car il n’était pas monté jusqu’à ses yeux. En effet, elle ne se rendait pas compte qu’il n’y avait qu’une seule demoiselle qui l’intéressait… elle. Mais là encore, il ne pouvait rien dire, c’était trop tard. « Effectivement, je doute qu’ils approuveraient… D’autant plus que ce serait un voyage sans fin, car une fois arrivés à Taewyn, il faudrait pour vous repartir à Kaern or vous vous doutez bien que je ne pourrais pas vous laisser y aller seule. Ainsi cela serait une véritable boucle de voyage sans fin où l’on s’escorterait mutuellement. » Et Ambroise se mit à rire doucement en imaginant la scène. « Là encore, je doute que votre futur époux approuverait, savoir sa reine sur les routes, cela risquerait de ne pas lui plaire. » Après tout… Il risquait fort de vouloir la garder auprès de lui à Kaern et c’était tout à fait normal. Tout homme marié à Juliana serait fou de la laisser s’éloigner même l’espace d’un instant…

« Ambroise avons-nous encore beaucoup de jours de voyage avant d’arriver à Kaern ? » Il se mit à réfléchir pendant un instant avant de lui répondre. « Je dirais encore un jour et demi de voyage, peut-être deux jours en fonction de notre rapidité. A cheval on pourrait faire le trajet en un jour, mais comme vous le savez, on avance un peu moins vite avec un carrosse. Et puis, les chevaux aussi on besoin de repos. » Dans le fond, Ambroise espérait que ce serait plutôt deux jours, car il ne voulait tout simplement pas la laisser partir. Il savait que lorsqu’elle s’éloignerait de lui, ce serait une partie de son âme qui lui serait arrachée…. « En tout cas, nous avons déjà passé beaucoup de temps sur les routes. J’imagine que vous avez tout de même hâte de pouvoir dormir dans un véritable lit au chaud, non ? »