It's the first thing you see when you open your eyes. The last thing you say as your saying goodbye. Somthing inside you is crying and driving you on.

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L’entraînement du jour était particulièrement intense, mais dans le fond c’était ce qu’Ambroise préférait car ainsi il pouvait se défouler et penser à rien d’autre qu’au moment présent. En plus, ce qui était vraiment merveilleux c’était que le temps était parfait pour faire un entraînement dans la cour intérieur du château. Ainsi, les gardes pouvaient s’entraîner sous le soleil sans avoir à rester enfermé dans une salle bien trop sombre. Oui, c’était vraiment positif, et même si au fond du cœur d’Ambroise de la noirceur régnait depuis quelques jours, au moins avec le soleil, il pouvait essayer de s’éclaircir un minimum les pensées et les émotions.

Quoi qu’il en soit, Ambroise donnait absolument tout ce qu’il avait aujourd’hui, tant et si bien que cela lui avait valu quelques remarques de ses partenaires qui trouvaient qu’il était même parfois un peu trop violent dans ses frappes et ses attaques. Mais en même temps… Il en avait terriblement besoin. C’était cela ou continuer à ruminer sans cesse. Donc oui, il s’était pris quelques remarques au début de la journée, mais autant dire que plus les heures passaient, plus les autres gardes avaient compris qu’il ne valait mieux pas l’énerver aujourd’hui et surtout qu’il était préférable de le laisser faire ce qui voulait. Quitte à devoir le contrer avec force. Mais après tout, c’était tout ce qu’Ambroise voulait. De la riposte, de la violence. Lui habituellement doux, souhaitait vraiment donner à cet entraînement des allures de champ de bataille. Finalement, il ne resta plus qu’un seul garde voulant bien se battre avec lui, celui avec qui il avait commencé en même temps la formation, autrement dit, son frère d’épée. Ils ne se ménageaient pas et dans le fond, c’était ce que l’un comme l’autre voulait.

Les minutes défilaient à une vitesse, jusqu’à ce que le Capitaine finisse par stopper l’entraînement, il fallait se reposer un peu, ils reprendraient demain. Assis sur l’un des bancs en pierre de la cour, à côté de son frère d’arme, Ambroise était en sueur. Autant dire qu’il avait bien besoin d’un bon bain. « Merci pour aujourd’hui, j’avais vraiment besoin de ça. » Son coéquipier lui fit alors un claque dans le dos. « T’en fais pas, tu sais que tu peux compter sur moi pour encaisser tes coups et pour t’en donner des plus puissants. » Effectivement, ils étaient très familiers entre eux, mais c’était bien parce qu’à force ils se connaissaient par cœur.

Soudainement, son coéquipier lui fit un signe de tête vers les escaliers. Ambroise leva alors son regard pour le poser sur sa cousine. Iseult était de retour ! Il se leva alors d’un bond pour la rejoindre en quelques enjambées. « Bonjour mon cousin. Comment allez-vous ? » Un sourire étira les lèvres d’Ambroise « Bonjour ma chère Iseult ! Je suis tellement heureux que vous soyez de retour ! » Et autant dire qu’il était vraiment ravi. « Quelles sont les nouvelles de la cour ? Mais surtout, le plus important, quelles sont les nouvelles de votre cœur, cher cousin ? » Son sourire se crispa pendant quelques secondes lorsqu’il entendit sa dernière phrase, car clairement les nouvelles du cœur n’étaient pas bonnes. Mais il chassa ses sombres pensées. « Et bien au niveau de la garde les nouvelles sont vraiment bonnes, je fais de bons entraînement et le Capitaine est fier de mes progrès. D’ailleurs… » Il écarta ses bras l’air penaud. « Veuillez m'excuser pour l’allure, je sors tout juste de l’entraînement. » Puis après un léger silence il ajouta. « Quand aux nouvelles du cœur… Je crains qu’elles ne soient pas bonnes. Elle est promise au prince d’Heledir. » Et voilà, c’était dit. Iseult était bien la seule à qui il se sentait de confier cela. « Et vous alors ? De retour à Galadhorn ? Cela ne fait pas trop bizarre de revenir ici après tout ce temps, tous ces voyages ? »

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Ambroise était véritablement ravi de revoir Iseult et qu’elle soit de retour à Taewyn. Il fallait bien avouer qu’il avait le sentiment que cela faisait une éternité qu’il ne l’avait pas vu en face, mais en même temps c’était en quelque sorte le cas puisqu’elle avait énormément voyagé. D’ailleurs, heureusement qu’ils avaient continué à se parler grâce à des lettres, car Ambroise aurait été bien peiné de ne plus avoir de nouvelles de sa cousine du jour au lendemain. Après tout, ils étaient tout de même plutôt proche et ce, depuis leur enfance, alors forcément, il tenait beaucoup à elle. Elle était de son sang, de sa famille. Il aurait d’ailleurs bien voulu l’enlacer pour lui montrer à quel point il était ravi de la retrouver, mais tout comme Iseult, il préférait garder cela pour un moment où ils seraient seuls. Après tout, il n’aimait pas particulièrement étaler sa vie privée et à ce niveau là, Iseult était comme lui. Autant dire qu’ils se ressemblaient bien.

Le soleil tapant sur ses épaules, Ambroise se rendit soudainement compte à quel point son allure devait faire peine à voir, voilà pourquoi il s’excusa auprès de sa cousine, mais visiblement, cela ne la dérangeait pas plus que ça. Il était vrai qu’elle avait déjà eu l’occasion de le voir dans de bien piètres états. Et puis… il fini par lui annoncer la nouvelle qui le crispait tant. Juliana était fiancée. « Ho cousin… Quelle tristesse. Je suis désolée pour vous. » Ambroise savait qu’elle était sincère, après tout, elle était la seule qui connaissait les sentiments qui étaient les siens et surtout ce qu’il avait prévu de faire lorsqu’il aurait la bonne situation pour. « Merci Iseult, c’est vraiment adorable… Mais bon, le temps m’a rattrapé au final et maintenant il est un peu tard. » Car oui, de base il avait prévu de lui demander sa main, mais avant cela il s’était imaginé attendre d’être fixe à un poste de chevalier de la garde royale. Comme quoi, attendre n’avait pas toujours du bon…

Finalement, il décida de changer de sujet pour plutôt prendre de ses nouvelles à elle. Il fallait bien avouer qu’il préférait largement parler d’elle et de ses aventures que de son désastre amoureux. « Oui de retour pour quelques temps. Je tente de reprendre mes marques. J’ai l’impression d’être partie il y a une éternité. La reine m’a fait mandée. Il paraîtrait qu’elle aurait besoin de mes services. » Un sourire illumina à nouveau le visage d’Ambroise, elle allait rester pour quelques temps et ça c’était une excellente nouvelle ! « Et bien, mandée par la Reine, c’est un honneur. Je sais bien que le rang social vous importe peu et que vous préférez de loin aider les plus démunis, mais la Reine est vraiment une personne remarquable. » En effet, Ambroise avait un profond respect envers Emma Galadhorn, alors forcément, le fait que sa cousine ait été demandé le rendait particulièrement heureux. Au moins pouvait-il se réjouir pour quelqu’un à défaut de se réjouir pour lui-même.

« Comptez-vous faire quelque chose pour votre dame ? Puis-je vous aider d’une quelconque manière ? » Forcément, Iseult qui avait suivi l’affaire depuis le début souhaitait en savoir plus concernant Juliana ce qui était parfaitement normal. Lui-même aurait été curieux si les choses avaient été inversées. « Je compte…ne rien faire. » C’était compliqué de l’admettre, mais il voulait être sincère envers Iseult. « Voyez-vous, maintenant qu’elle est promise, ce serait malhonnête de ma part de la mettre dans une situation ambiguë. Je sais pertinemment qu’elle va suivre la décision de ses parents et je ne lui en voudrais jamais, car qui peut refuser une telle union. La seule personne à qui j’en veux c’est…moi. J’aurais dû être plus rapide, mais vous me connaissez, impulsif sur certains sujets, mais patient pour d’autres. » Il haussa alors les épaules, comme s’il ne se comprenait pas lui-même. « En tout cas, ses parents m’ont demandé de faire partie de leur escorte jusqu’à Heledir. Le trajet est long et ils ne se voient pas faire cela sans escorte. » Il émit un petit rire qui sonnait faux. « Je suis celui qui va aider ma dame à se rendre jusqu’à son promis, si cela n’est pas un coup du sort, je ne sais pas ce que c’est. »

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Ambroise aurait bien aimé pouvoir lui raconter à cet instant des histoires fabuleusement positives pleines de romance. Lui annoncer qu’il était fiancé à celle qu’il aimait depuis toutes ces années, qu’il était heureux et toujours autant amoureux. Mais non, le destin n’en avait pas décidé ainsi. Comme quoi, parfois tout peut basculer en un rien de temps. Un instant tout est parfait et le suivant tout vol en éclat. Mais pour autant, Ambroise essayé de se montrer positif, il restait souriant malgré la situation. Après tout, même si le côté amoureux de sa vie n’allait vraiment pas, au moins maintenant sa cousine était là. Elle lui annonça d’ailleurs qu’elle avait été mandée par la reine et autant dire qu’Ambroise ne pouvait être que ravi pour elle. D’autant plus que la Reine est à ses yeux une personne vraiment formidable. « Si vous le dîtes, cousin, c’est que cela doit être vrai. Pourriez-vous me parler davantage de notre souveraine ? » Il avait beaucoup de choses à dire sur la souveraine, mais il préféra faire un résumé plus condensé, sinon il pourrait passer des heures à en parler. « Notre Reine est de nature particulièrement douce, elle s’intéresse sincèrement à son peuple et fait toujours en sorte de rendre la vie de ses sujets meilleurs. Ainsi pose-t-elle fréquemment des questions sur le bien être de ses sujets, elle est en quelque sorte de le soleil de Galadhorn, toujours positive. » Il marqua un moment d’arrêt, puis ajouta. « Je suis certain que vous l’apprécierez. » En même temps, il est difficile de ne pas aimer une femme aussi tendre, douce, gentille que leur souveraine.  

Puis petit à petit, la discussion dérive à nouveau vers Juliana et vers l’amour qu’Ambroise lui porte. Forcément, Iseult semblait vouloir qu’il fasse quelque chose pour la récupérer, qu’il n’abandonne pas, mais même s’il y avait effectivement des possibilités, Ambroise ne se lancerait jamais. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il savait pertinemment que Juliana ne serait pas heureuse d’abandonner ses parents, sa famille, son rang. Et que même si cette dernière venait à ressentir les mêmes sentiments que lui, c’était désormais véritablement impossible pour eux d’être heureux ensemble. Si elle choisissait ses parents elle le perdait lui, si elle le choisissait lui elle perdait ses parents. Autrement dit, aucune situation n’était gagnante, mais en tout cas, Ambroise ne souhaitait pas être celui qui l’éloigne de sa famille. « Oui je comprends. Et c’est tout à votre honneur. La situation n’en serait que plus douloureuse pour vous deux. Vous avez voulu bien faire cousin, il ne faut pas regretter de vouloir bien agir. » Il esquissa un faible sourire, oui au moins il avait agit avec honneur. « C’était la meilleure chose à faire au vu des circonstances. » Et même si cela lui déchirait le cœur de le penser, il savait qu’il avait bien fait. « Effectivement on pourrait croire que les dieux se jouent de vous. Il faut cependant croire que le meilleur est à venir. » Il l’espérait fortement en tout cas. « Je vais essayer de le croire alors et dites-moi, vous alors ? » Petit sourire au coin de ses lèvres. « Avez-vous rencontré quelqu’un pendant vos voyages ? » Ambroise ne pouvait s’empêcher d’être curieux. Après tout, elle lui avait bien posé la question…

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C’était plutôt amusant qu’Ambroise et Iseult en viennent à parler de la Reine puisque ce dernier l’avait vu peu de temps auparavant. En effet, il était allé à sa rencontre pour lui apporter sa toute dernière commande passée chez les Alhuïn, un ravissant collier qu’elle avait beaucoup apprécié, et ils avaient ainsi pu converser longuement. Effectivement, bien qu’Ambroise n’était plus entièrement lié à l’entreprise familiale, il faisait tout de même de temps à autres des petites missions pour la joaillerie. C’était donc pour aider sa famille qui était submergé de commandes qu’il avait apporté le collier d’Emma Galadhorn. Parfois il se demandait s’il avait bien fait de changer de voie il y a de cela deux ans, car après tout, Ambroise était doué en joaillerie et il continuait encore par moment de créer certains bijoux, mais au final, ce qu’il avait choisit le convenait parfaitement. D’ailleurs, sa sœur était bien plus disciplinée que lui pour tenir la joaillerie et même si elle savait qu’Ambroise serait toujours là pour l’aider si besoin, elle avait vite compris qu’il avait besoin de voir autre chose.

Quoi qu’il en soit, cela faisait plaisir à Ambroise qu’Iseult ait été mandée par la Reine. « Je crains ne pas pouvoir vous aider concernant l’objet de sa requête, il serait effectivement fort probable que ce soit lié aux cosmétiques, ou à un parfum. D’autant plus qu’il y aura un bal à Heledir dans plusieurs semaines or je sais qu’elle compte s’y rendre. » Et lui aussi par la même occasion. « Je serais ravi d’être votre testeur pour cette nouvelle huile, surtout qu’ayant beaucoup forcé durant l’entraînement, je pense que cela ne pourra me faire que du bien. » Ce n’était pas la première fois qu’Ambroise testait les nouvelles recettes d’Iseult et il fallait bien avouer qu’elle arrivait à l’étonner à chaque fois. Alors forcément, s’il pouvait avoir une huile l’aidant à apaiser ses douleurs musculaires il ne pouvait qu’en être heureux !

La discussion dévia sur la dame de cœur d’Ambroise qui fini ensuite par poser des questions sur Iseult elle-même. Après tout, il était également très curieux. Certes, il savait que sa cousine ne voyait pas le mariage comme une obligation, et il trouvait son choix admirable, mais il n’en demeurait pas moins qu’il n’y avait pas besoin de se marier pour avoir quelques histoires de cœur ou de corps…  « Moi ? Oui j’ai fait des rencontres. Et je vous parlerai en détails, dans un autre lieu et dans d’autres vêtements. Et autour d’une boisson. » Son sourire s’étira de plus belle en observant Iseult qui se mit à ajouter. « Mais rien de romantique. » C’est donc sur un ton un peu plus léger qu’il se mit à la taquiner. « Rien de romantique à propos des rencontres ou du fait de venir boire un verre avec votre cher cousin ? » Bien évidemment, il ne pu retenir son sérieux bien longtemps et émis un léger rire. « Mais vous avez raison, pour parler de vos voyages il faut être dans un autre cadre et…propre pour ma part. » Lança-t-il tout en portant un regard dépité sur ses vêtements en sueur. « Que diriez vous que je vous invite après votre entrevue avec la reine ? Nous pourrons alors converser avec facilité. »

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Ambroise avait remarqué que le fait d’en savoir un peu plus sur les possibles intentions de la reine avait quelque peu rassuré Iseult. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on est mandé au palais, mais là au moins, elle savait déjà que c’était très certainement en lien avec le bal qui allait se passer à Heledir dans plusieurs semaines. « Merci cousin. Ne forcez pas trop, vous devez tenir sur la durée. » Elle avait raison, évidemment, mais il était vrai que si d’habitude Ambroise faisait attention, aujourd’hui cela n’était clairement pas le cas. Il avait eu besoin de se défouler et c’était pour cela qu’il s’était montré aussi empressé dans son entraînement. « D’ailleurs comment se déroulent vos entraînements dernièrement ? Et avec vos camarades ? Les rouages de la chevalerie m’échappent encore… dans combien de temps serez-vous officiellement adoubé ? » Cela en faisait des questions, il essaya donc de se les remémorer dans l’ordre avant de lui répondre en souriant délicatement. « Mes entraînements se déroulent à merveille, je commence vraiment à prendre mes marques et on s’entend particulièrement avec mes coéquipiers. On s’entraide et cela me parait particulièrement important. » En effet, il y avait un bon noyau dans leur groupe et c’était vraiment important à ses yeux.

« Quant à l’adoubement… Pour tout vous dire, je l’ignore encore. Je pense que cela ne saurait tarder, mais en vérité cela dépend de nos supérieurs qui décident s’ils nous trouvent prêt ou pas. Ainsi cela pourrait très bien être demain comme cela pourrait se passer dans un, deux ans… » Mais dans le fond, Ambroise pensait qu’il était fort probable qu’il soit bientôt adoubé. En effet, il avait grandement évolué dans sa technique et son mentor le lui faisait souvent la remarque. Autrement dit, Ambroise pensait que dans les prochains mois il serait fort probable qu’il devienne officiellement chevalier et il avait hâte. Tellement hâte.

« Cousin ! » Elle essayait de donner l’impression d’être choquée mais étant donné qu’elle riait cela ne fonctionnait pas vraiment. Il fallait bien avouer qu’Ambroise ne s’était pas loupé dans ses propos tantôt. « Vos traits d’humour me manquaient. Vous me manquiez. » Un large sourire étira alors les lèvres d’Ambroise, car cela l’avait bien amusé de la voir rire ainsi et surtout ses propos lui faisaient véritablement plaisir. « Vous aussi vous m’avez manqué. Heureusement, nous allons pouvoir rattraper le temps perdu. » Et autant dire qu’il avait bien hâte de pouvoir tout entendre sur ses histoires durant tous ses voyages. Certes, elle devait très certainement avoir beaucoup de choses à raconter, mais Ambroise voulait tout savoir.  « Avec plaisir cousin. » Parfait, elle avait accepté qu’ils se retrouvent plus tard pour discuter et manger. Autant dire que cela le rendait véritablement heureux. « Fabuleux ! Est-ce que vous avez besoin que je vous montre le chemin jusqu’à la Reine ? Je sais que parfois il est ardu de se repérer à la cour… » Pour sa part, cela faisait dix ans qu’il arpentait les couloirs du palais. Ainsi les connaissaient-ils sur le bout des doigts.

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Ambroise était heureux. Heureux d’avoir choisi sa propre voie, heureux de se sentir épanoui dedans, heureux de retrouver sa cousine. Certes, il y avait dans tout cela une ombre au tableau, les fiançailles de Juliana, mais cela ne l’empêchait pas de voir le bon côté de tout le reste. S’il n’y avait pas eu ces fiançailles, Ambroise aurait été au comble du bonheur, mais il souriait tout de même, car il était ainsi. Toujours le besoin de voir le côté positif partout. Optimiste dans l’âme il ne s’était jamais laissé abattre pour quoi que ce soit. Cette manière d’être pouvait agacer certains, mais il était ainsi fait. « Tant mieux si tout ce passe bien. Je vous l’ai déjà dit mais j’admire vraiment votre courage et votre abnégation. Quelle que soit la date, je serai là. Même si je dois rentrer à la nage ! » Cette remarque fit doucement rire Ambroise, car il l’imaginait bien traverser l’océan rocheux à la nage, cela ferait une sacrée traversée ! « Je vous préviendrai bien évidemment dès que le moment sera venu. » En même temps, c’était important pour lui que lors d’un tel événement ses proches soient là.

Il pourrait passer encore de longues heures à discuter avec sa cousine, mais le temps passait. Cette dernière devait se rendre auprès de la Reine et lui il serait bien venu qu’il se change. Voilà donc pourquoi il lui proposa de l’aider pour se repérer à la cour. Après tout, c’était quelque peu compliqué… « Merci cousin. C’est un véritablement dédale pour qui n’est pas familier des lieux. » C’est donc dans un sourire qu’il se mit à lui expliquer le chemin le plus simple et surtout le plus rapide pour pouvoir se rendre auprès de la Reine. Certes, tous les chemins menaient quasiment à elle, mais il préférait lui expliquer le moins compliqué, car déjà celui-ci pouvait être quelque peu ardu. « Cousin je vous retrouve donc plus tard. Venez souper ce soir à la maison. Père et Mère seront ravis. Et nous pourrons ensuite discuter rien que nous deux jusqu’à l’aube si cela nous chante. » « Avec grand plaisir, je serai là. » Un signe de la main et voilà qu’il la regardait reprendre les escaliers. Une fois qu’elle ne fut plus dans son champ de vision, Ambroise se dirigea vers le quartier des gardes où son coéquipier l’attendait.


Enfin propre, habillé avec élégance, Ambroise s’était rendu comme convenu chez les Blancheflor. « Ha cousin ! Entrez, je vous en prie. Le souper est presque prêt. » C’est donc avec un large sourire sur ses lèvres qu’Ambroise se mit à saluer son oncle et sa tante, il fallait bien avouer que cela faisait quelques temps qu’il n’avait pas pu aller les voir, son emploi du temps étant plutôt chargé. De ce fait, il appréciait sincèrement de pouvoir y remédier et ainsi partager le souper avec eux. C’était agréable. Sa famille avait toujours eu une place importante dans la vie d’Ambroise, alors forcément, passer du temps avec cette dernière était toujours un réel plaisir. Voilà sans doute pourquoi il ne comprenait pas la décision des Savelli de vouloir forcer leur fille à épouser un parfait inconnu… Cela lui semblait impensable, car dans sa famille cela ne pourrait jamais se produire. Mais bon, toutes les familles n’étaient pas aussi aimantes et respectueuses que la sienne. « Alors cousin, que voulez-vous savoir ? Quelle première question brûlent vos lèvres ? » Ils étaient enfin tous les deux installés au coin de la cheminée, une infusion à la main, après un délicieux souper. Autant dire que cela avait vraiment fait du bien à Ambroise. Il se redressa un peu dans son fauteuil avec un sourire aux lèvres en observant Iseult. « Et bien je me demandais si vous aviez fait des rencontres intéressantes ? Après tout, lors des voyages on rencontre tout type de personnes et je trouve que cela forge d’autant plus notre vision de la vie. Enfin, personnellement je trouve cela passionnant. » En effet, il avait lui-même beaucoup voyagé pour le compte de ses parents et cela lui avait toujours grandement apporté.

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Ce soir Ambroise se sentait bien, car même si son cœur était lourd depuis plusieurs jours, il avait revu sa cousine et il pouvait passer sa soirée avec elle. Autant dire que c’était le genre de nouvelles qui soulageait quelque peu la tristesse qui s’était accumulée au fond de lui depuis qu’il avait appris pour les fiançailles de Juliana. Oui, ce soir il allait bien, vraiment bien. Il avait même fait un effort, s’habillant avec élégance et arborant son plus beau sourire, et autant dire que cela le changeait de ses vêtements trempés par la sueur lors de son entraînement d’aujourd’hui. Car oui, même s’il adorait faire ses entraînements et se donner à fond, cela lui faisait bien plaisir de faire par moment une pause et juste agir comme il l’aurait fait avant qu’il ne change de voie. Oh non pas qu’il regrettait son choix, loin de là, mais cela lui faisait du bien de parfois ne pas penser à l’entraînement, mais juste au moment présent. Et autant dire qu’il en profitait bien ce soir là. Manger avec sa famille, rire, parler, c’était comme s’il avait oublié ce qui pesait au fond de son âme. Il n’y avait plus de Juliana ce soir, juste ses proches.

Quoi qu’il en soit, désormais installé tous deux au coin du feu, Ambroise avait décidé de lui poser des questions sur ses voyages, et surtout ses rencontres. Après tout, il savait parfaitement que les rencontres forgent une destinée et qu’en rencontrant des gens, cela permet également de se rencontrer soi-même, d’apprendre à se connaître. Voilà pourquoi Ambroise était aussi curieux, car il savait pertinemment que lui-même adorait voyager. D’ailleurs, cela avait été bien pratique pour lui d’être dans l’entreprise familiale pendant aussi longtemps car ainsi, cela l’avait conduit à entreprendre bien des voyages pour le compte des Alhuïn. En tout cas, sa cousine avait l’air d’avoir fait de fabuleuses rencontres, la favorite du roi Thoron, une saltimbanque, bien différentes mais elles lui avaient toutes deux apportées quelque chose. « C’est tellement agréable de voyager avec des saltimbanques. » En effet, Ambroise avait eu l’occasion, plus d’une fois, car il s’était lié d’amitié avec la Troupe du Soleil Levant et de ce fait, il arrivait souvent que lorsqu’il doive voyage il décide de faire un bout de chemin avec eux. C’était une autre manière de vivre que la cour et cela lui plaisait grandement.  

Et c’est alors que sa cousine en vient également à lui parler de son trajet retour, mais pas à bord de n’importe quel vaisseau, mais à bord d’un vaisseau pirate. De la surprise se lisait au fond des yeux d’Ambroise, mais surtout de la curiosité. « Oh, je me doute bien que vous n’avez pas dû monter à bord d’un de leur vaisseau sans être sûre de vous avant. J’imagine que cela devait être incroyable ! » Ce qui était d’ailleurs quelque peu amusant, c’était qu’il avait croisé il y a peu la sœur aînée de Juliana qui en vérité se trouvait désormais elle aussi dans la piraterie. Comme quoi… Beaucoup de personne qu’il connaissait avait un lieu plus ou moins profond avec la piraterie. « Comme vous le savez, en tant que futur chevalier je ne suis pas censé adhérer à la piraterie, mais je pense que l’expérience d’un voyage avec eux doit être impressionnant ! » Et il lui fit alors un petit clin d’œil agrémenté par un sourire amusé. En effet, chevaliers et pirates n’étaient pas particulièrement amis, mais il n’en demeurait pas moins que vivre sur les flots l’avait toujours intrigué. C’était une autre façon de voir la vie. En tout cas, en voyant les joues rouges de sa cousine, Ambroise se disait qu’elle ne devait peut-être pas tout lui avoir dit, mais il ne voulait pas non plus la mettre sous une avalanche de questions.

D’ailleurs, elle changea bien vite de sujet en lui demandant s’il avait eu l’occasion de voyager récemment. Une petite moue se posa alors sur son visage. « Malheureusement, je n’ai pas eu trop l’occasion de voyager ces derniers temps, car les entraînements m’ont poussé jusqu’à présent à rester à Taewyn. Pour autant, comme je vous l’avais dit, les Savelli et la Reine souhaitent que je fasse parti de leur escorte jusqu’à Heledir à l’occasion des fiançailles. Ce qui me permettra ainsi de voyager à nouveau. » Certes, cela allait être vraiment étrange que d’accompagner Juliana vers son fiancé, mais bon, ce n’était pas comme s’il avait véritablement le choix. Et en même temps, il préférait être au moins là pour elle jusqu’aux fiançailles, c’était déjà quelques jours supplémentaires, de quoi permettre à Ambroise de s’habituer à l’idée. Ne serait-ce qu'un peu... Alors avec un petit sourire à moitié triste sur le visage, il porta une nouvelle fois le thé à ses lèvres.