« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Depuis plusieurs jours, même depuis plus d’une semaine, les Savelli et leur escorte, dont Ambroise, avaient quittés Galadhorn pour se mettre en route pour Heledir et plus précisément pour Kaern, la capitale du royaume. En effet, les Savelli étaient attendus par la Reine et le Prince pour qu’ainsi une rencontre puisse être organisée entre les promis, suivi de près par un bal pour annoncer la nouvelle des fiançailles. Evénement important qui avait provoqué beaucoup de tumulte lorsqu’il avait fallut tout organiser pour leur départ. Plusieurs gardes avaient été choisi pour les accompagner et Ambroise en faisait parti, très certainement parce que les Savelli le connaissait bien depuis tout ce temps. Il avait donc préparé, comme ses coéquipiers, les affaires dont il aurait besoin. Principalement des affaires pour la longue route qui les attendaient, mais également quelques tenues convenables, car même si il le redoutait, il savait pertinemment qu’il allait devoir faire acte de présence lors des soirées mondaines. Après tout, même s’il faisait parti de l’escorte, il restait un noble, et une bonne connaissance des Savelli. Il avait donc tout mis dans des sacoches qu’il avait ensuite scellées à son cheval. Certes, ils allaient commencés leur voyage par du bateau jusqu’à Til Garhyt, mais par la suite, il serait à cheval jusqu’à Heledir.

Ainsi le voyage avait débuté par du bateau, puis s’était poursuivi par du cheval pour les gardes et de la calèche pour les Savelli. Pas particulièrement agréable, mais ils n’avaient d’autre choix, car Heledir était un royaume particulièrement éloigné de Galadhorn. Dans le fond, cela ne dérangeait pas Ambroise plus que cela d’être à cheval, il avait toujours aimé l’équitation, mais c’était tout de même particulièrement épuisant. Ce qui était d’autant plus difficile c’est qu’il sentait par moment le regard de Juliana qui le suivait depuis la calèche. En effet, il chevauchait à côté de la calèche, prêt à les défendre au cas où, mais cela faisait qu’il voyait au coin de ses yeux, Juliana… Et ça c’était certainement bien pire que le trajet qu’ils devaient effectuer. Pourquoi ? Tout simplement parce que plus les heures passaient, plus ils s’éloignaient de Galadhorn et plus ils se rapprochaient de l’avenir de Juliana auprès d’un autre. Autant dire qu’il avait bien hâte de faire le trajet en sens inverse pour ne plus penser à tout ça, même s’il savait très bien qu’il ne pourrait jamais l’oublier… Il l’aimait bien trop pour ça.

Quoi qu’il en soit, après quelques jours passés sur les routes entre Til Garhyt et la capitale de Gwelnaur, les Savelli et leur escorte prirent la décision de s’arrêter à Belithrael pour qu’ainsi ils puissent faire de nouvelles provisions, vérifier l’état de la calèche et permettre aux chevaux de se reposer. Ils avaient donc pris des chambres dans une auberge particulièrement correcte de la capitale, les Savelli s’y trouvaient, tandis qu’Ambroise avait décidé de voir comment se porter son cheval à l’extérieur. Sauf que voilà, alors qu’il observait les sabots de ce dernier, il constata qu’une certaine personne venait de sortir de l’auberge, seule. Juliana. Fronçant les sourcils, Ambroise ne comprenait pas pourquoi elle sortait seule, ne se rendait-elle pas compte à quel point cela pouvait être dangereux ? Après avoir mis une cape sur son dos, Ambroise se décida à la suivre. Il n’allait clairement pas la laisser seule. Oh certes, il allait la suivre de loin, mais au moins, s’il venait à y avoir un problème, il serait là.

Elle allait d’étales en étales, observant tout ce que les marchands avaient à proposer. Jusqu’ici, rien de bien grave, mais à un moment donné, un homme repéra le bracelet qu’elle portait à son bras et l’entraîna alors avec lui dans une ruelle peu peuplée. « Lâchez-moi vous me faites mal. » Et voilà… Ambroise avait eu bien raison de la suivre. Elle avait été inconsciente… Il suivit le duo jusqu’à l’homme s’arrête et vienne la plaquer contre un mur. « Ne t’inquiète pas ma belle, je suis certain que tu vas aimer. » Le sang d’Ambroise ne fit qu’un tour dans sa poitrine. Il tira l’épée qu’il portait à la taille de son fourreau pour placer la pointe contre la gorge de l’agresseur. « Eloignez-vous de suite de la jeune femme, je ne me répéterais pas. » L’homme ricana un coup. « Si tu l’as veux faudra attendre ton tour, jl’ai vu en premier.» L’expression sur le visage d’Ambroise s’était complètement fermée, il était hors de lui. Ne voulant pas verser du sang et provoquer un incident diplomatique, il préféra donc le frapper  à la tempe avec le pommeau de son épée, ce qui sonna quelque peu l’assaillant. Il voulut riposter, mais Ambroise était plus rapide, un coup de pied au niveau de son ventre eurent raison de lui, l’assaillant se voûta, cracha son sang aux pieds de Juliana « Catin… » Avant de partir la queue entre les jambes. Après s’être assuré qu’il partait bien Ambroise se tourna vers Juliana tout en rangeant son épée. « Vous allez bien ? Il ne vous a pas blessé j’espère… »

« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Ambroise était véritablement hors de lui d’une part contre cet homme qui avait osé poser ses mains sur sa belle mais d’autre part parce qu’il n’arrêtait pas de se demander ce qu’il se serait passé s’il ne s’était pas rendu compte que la Savelli avait choisi de sortir sans escorte. Alors oui, il était également en colère envers Juliana et l’idée irréfléchie qu’elle avait, ne s’était-elle pas rappelé à quel point Gwelnaur n’était clairement pas une terre pour une jeune femme se baladant seule ? Elle avait véritablement eu la pire idée possible et pour cela, Ambroise était particulièrement tendu. Peur, colère, incompréhension, et une envie irrésistible de battre a mort cet homme. Pour autant, il ne le fit pas, se forçant à ne le frapper qu’avec le pommeau de l’épée, assez fort pour le faire saigner tout du moins, puis en lui donnant un coup au ventre. Cela pouvait tout de même paraître brutal et pourtant… Legnar, le dieu de la colère, savait à quel point Ambroise avait résisté à l’envie de se montrer encore plus brutal. Il aurait voulu lui faire regretter d’être né, or de base, Ambroise reste un Galadhorn, il n’est pas de nature violente, mais lorsqu’il s’agissait de ceux auxquels il tient, ce dernier pouvait se révéler…féroce…

Il attendit de s’assurer que l’homme était bien parti avant de se tourner vers Juliana pour s’assurer qu’elle allait bien. Visiblement, elle était en état de choc… Peu étonnant lorsqu’on voit la situation dans laquelle elle s’était trouvé et de laquelle elle aurait pu ne pas s’en sortir s’il n’avait été là. « Je.. Je suis désolée Ambroise… Je n’aurais pas dû m’éclipser comme ça.. » Non effectivement, elle n’aurait vraiment pas dû, elle s’était lancée tête baisser vers le danger. Il s’apprêtait à la réprimander lorsqu’elle ajouta. « Merci.. Je crois que sans vous.. » Il préférait ne pas penser à ce qui se serait passé. Et soudainement, elle l’enlaça avec empressement. Etreinte brève, mais certainement qu’elle en avait besoin, sauf que cela eu pour effet de mettre encore plus Ambroise hors de lui. En effet, en la sentant tout contre lui, il prenait encore plus conscience du fait que s’il n’avait pas été là, elle pourrait être morte à l’heure qui l’était et jamais plus il n’aurait pu la revoir. Alors une multitude d’émotion martelaient son cerveau. « Je suis désolée je n’aurais pas dû. » Il se doutait bien qu’elle devait s’excuser pour l’étreinte, mais Ambroise avait l’esprit bien trop figé sur ce qui aurait pu se passer pour pouvoir vraiment passer outre et juste se concentrer sur l’étreinte.

Sans vraiment réfléchir, Ambroise posa ses mains sur les épaules de Juliana, la forçant quelque peu à lui faire face, il la regardait droit dans les yeux et très certainement que cette dernière pouvait y lire la colère qui se mêlait à la peur au fond de ses prunelles. « Vous avez été inconsciente Juliana ! Vous êtes désolée mais vous rendez vous seulement compte à quel point vous avez eu de la chance que je vous suive lorsque je vous ai vu quitter l’auberge sans escorte ? Ne vous rendez vous dont pas compte à quel point le royaume de Gwelnaur n’est pas fait de licorne et de petites fées ? C’est un royaume sombre sans foi ni loi, où les gens sont avides de sang ?! » Il la relâcha brutalement, pour finalement écraser son poing droit contre le mur à côté d’eux. Il avait tellement eu peur de la perdre que maintenant il avait du mal à se calmer. « Vous pourriez être morte à l’heure qu’il est ! Avez-vous seulement pensé à vos parents, à votre promis, à votre avenir lorsque vous avez voulu vous balader tranquillement dans les rues d’une ville plus sombre que la nuit ? Avez-vous seulement pensé à… » Moi… Mais il ne termina pas sa phrase, secouant la tête, il se recula d’elle, ses émotions toutes retournées. Il y était allé un peu fort, mais en même temps, il fallait qu’elle prenne consciente du fait que ce qu’elle avait fait était imprudent et irréfléchi. Ambroise secoua alors la tête, dépité, « Vous devez faire plus attention à vous, je ne serais pas toujours là pour surveiller vos arrières. » Il passa sa main sur son visage et se rendit compte qu’il avait peut-être frappé un peu fort, il avait du sang au niveau de ses phalanges. Tant pis. Il la laissa retomber le long de son corps. Dépité, inquiet.

« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Ambroise n’avait jamais été comme ça, en tout cas, jamais à ce point et encore moins devant Juliana… En même temps, il n’était pas né sur Galadhorn pour rien, de nature pacifiste, il n’était pas une personne à s’énerver facilement, cherchant toujours la discussion avant toute chose. Certes impulsif, mais jamais véritablement violent. Sauf que voilà, il fallait croire que même ceux de nature calme peuvent parfois révéler une part d’ombre. Et pourtant, pourtant il avait évité de faire tout ce qu’il voulait à l’homme responsable de cette situation. En effet, dans son esprit il ne s’en était pas sorti aussi facilement… Il aurait voulu le voir a terre, le faire ramper devant les pieds de Juliana en lui demandant pardon, lui faire mal tout simplement. Oui, Ambroise avait eu envie de sang, de violence, de mort… Une envie qu’il avait enfouie au fond de lui, s’empêchant de lui faire plus de mal que nécessaire, mais une envie qui restait persistante au fond de ses yeux. Juliana semblait choquée de ce qu’elle pouvait lire au fond des prunelles d’Ambroise et à dire vrai, très certainement qu’il aurait été choqué également s’il avait pu se voir dans un miroir. Sauf qu’il ne s’en rendait pas compte, pas vraiment en tout cas… Il sentait bien qu’il était différent de d’habitude, qu’il était plein de colère et de rancœur, mais il ne pensait pas que cela se voyait autant. Et pourtant, plus il avançait dans son discours, énervé, plus Juliana se recroquevillait sur elle-même. Encore plus après qu’il eut frappé le mur avec son poing. Jamais il ne lui serait venu de faire une chose pareille. Jamais avant aujourd’hui. Comme quoi… il ne faut vraiment jamais dire jamais… Ambroise secouait la tête, dépité, tandis qu’il lui rappelait encore une fois qu’il ne serait pas toujours là pour surveiller ses arrières. Et oui, une fois qu’ils les auraient escortés à Heledir, il n’aurait alors plus rien à faire là bas et il repartirait pour Galadhorn. Dans le fond, il avait toujours sur que cela allait le changer dans ses fondements, mais à cet instant, il se rendait d’autant plus à quel point il était en train de changer. Clairement ce n’était pas en bien. Il était juste tellement en colère… Mais pas véritablement envers Juliana, juste envers la situation qui lui rappelait sans cesse que bientôt il ne la verrait plus.

Il eut quelques secondes de flottement avant que Juliana n’ose à nouveau affronter le regard d’Ambroise. Elle s’était forcée à reprendre le contrôle et dans le fond, Ambroise s’en voulait de l’avoir mis dans un état pareil, mais il fallait qu’elle se rende compte de la réalité de la vie. Le plus tôt serait le mieux. « J’ai été tellement inconsciente, je le conçois. Malheureusement, comme vous avez pu le dire, vous ne serez bientôt plus là pour assurer mes arrières.. Je suis désolée.. je.. je n’ais aucunement réfléchie.. J’avais simplement besoin de changer d’air et me retrouver seule.. Finalement ce n’était pas une merveilleuse idée. » Il secoua une nouvelle fois la tête. Elle disait ça, elle le pensait sûrement, mais elle avait quand même eu l’idiotie de croire sur le moment que c’était une bonne idée. « Ambroise… Je suis tellement désolée… » Il se mit à fixer le ciel, ne voulant peut-être pas voir les larmes qui commençaient à rouler sur le visage de Juliana par sa faute. « Ce n’est pas à moi qu’il faut vous excuser Juliana. » Il marqua un temps d’arrêt, puis fini par poser à nouveau son regard dans celui de sa belle. « C’est envers vous que vous devez vous excuser. Vous vous êtes mise en danger et cela ne peut pas se reproduire, pour votre propre sécurité. Vous êtes la future souveraine d’Heledir, Juliana, et maintenant, il va falloir veiller tous les jours à votre sécurité. » Puis, délicatement, il lui prit la main qu’il caressa du bout de son pouce. « Vous êtes la plus privilégiée des privilégiés, en contrepartie il vous faut remplir certaines obligations. Et dans ces obligations, il y a le fait d’être plus responsable, plus prudente. Tout le monde n’est pas aussi bon que vous. » Il relâcha alors sa main, il n’aurait jamais dû la toucher, cela lui rappelait bien trop qu’elle n’était et ne serait jamais à ses côtés.

« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Ambroise essayait de se calmer mais c’était bien bien compliqué, il était arrivé à un point qu’il n’avait encore jamais atteint en bon Galadhorn qu’il était, à croire que l’ambiance de Gwelnaur semblait déteindre sur lui. Mais bon, la vérité c’était qu’au fond de lui Ambroise avait toujours eu un volcan qui bouillonnait, c’est juste qu’il ne l’avait jamais laissé sortir. Et là, forcément, avec tout ce qu’il avait en tête et ce qui s’était passé, il n’avait pas pu contenir l’explosion. La lave s’était déversée dans ses propos, dans ses actes, surprenant Juliana par la même occasion. En même temps, elle l’avait toujours vu comme une personne douce, adorable, aimante, sauf qu’il y avait une autre facette d’Ambroise, bien plus sombre et ça… Elle n’aurait jamais pu l’imaginer ni même le croire jusqu’à ce jour. Comme quoi, on ne connaît jamais vraiment une personne. Jamais complètement en tout cas.

« Je vois, ce que vous voulez dire. Je ferais attention la prochaine fois que je souhaite quelque chose… Encore merci d’avoir été là Ambroise.. » Il espérait sincèrement qu’elle comprenait et qu’elle ne ferait pas la même erreur deux fois, mais Ambroise n’avait de cesse de se dire qu’elle aurait déjà dû ne pas la faire une seule fois cette erreur. Il n’arrivait pas à comprendre comment elle avait pu être aussi inconsciente. Après tout, elle était la future souveraine d’Heledir et pour cela elle se devait d’être toujours sur ses gardes. La royauté pouvait faire la cible d’actes sombres. Certes, l’homme qui l’avait agressé n’avait certainement pas pris conscience de qui elle était, mais il n’en demeurait pas moins qu’elle aurait pu être la cible d’une prise d’otage et d’une demande de rançon, voir pire… Autant de raisons qui faisaient qu’elle avait eu complètement tort.

Mais bon, il n’empêche qu’en la voyant aussi mal, l’humeur d’Ambroise se calma petit à petit. Tout du moins eut-il cette impression jusqu’à ce qu’elle lui donne le coup de grâce. « S’il vous plait, ne dites rien à mes parents.. Je.. Je ne saurais leur expliquer pourquoi j’avais l’intention de partir seule. » Comment pouvait-elle seulement penser une seule seconde qu’il irait tout rapporter à ses parents ? N’avait-elle pas un minimum d’estime pour lui pour lui éviter l’affront d’une telle requête ?  « Et rapidement ils penseront que j’ai tentée de fuir comme ma sœur l’a fait. Je ne veux pas leur infliger cette peine, alors si cet incident pouvait rester à Gwelnaur cela serait vraiment incroyable de votre part. » Si avant qu’elle ne se mette à parler le visage d’Ambroise s’était quelque peu détendu, maintenant, il s’était à nouveau refermé sur lui-même. Sombre. Il recula d’un pas, comme s’il souhaitait mettre de la distance entre elle et lui. Après tout n’était-ce pas cela qu’elle avait fait en osant lui demander de ne rien dire ?

Le visage d’Ambroise se défit soudainement de toute émotion, il était froid, sérieux, distant. C’est alors qu’il esquissa une révérence devant Juliana, pour finalement lui dire en se redressant. « Mais bien évidemment Lady Savelli, à vos ordres. Il ne s’est absolument rien passé aujourd’hui, vos parents n’auront jamais vent de vos escapades solitaires et de la peine que vous auriez pu leur causer. » Il ne souriait pas, il ne rigolait pas, il lui en voulait énormément. D’une part parce qu’elle avait eu un comportement presque suicidaire et d’autre part parce qu’elle avait osé le prendre pour un vulgaire garde à la solde de ses parents. Visiblement, il n’avait plus grand-chose à lui dire, incroyablement déçu par la jeune femme et son comportement. Dans le fond c’était peut-être même pire que la colère…l’indifférence. « Je pense qu’il est désormais temps que je vous escorte jusqu’à votre logement. Il va bientôt faire nuit et vos parents doivent vous attendre pour le soupé. Si vous voulez bien me suivre, Lady Savelli. » Il avait prononcé son nom avec tant de froideur qu’on aurait presque pu croire que son nom était une insulte. Mais en même temps, elle l’avait insulté en premier.

« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Lady Savelli… Ambroise ne l’avait jamais appelé ainsi, tout simplement parce qu’ils étaient directement devenus amis après leur rencontre et que de ce fait, elle avait toujours été Juliana pour lui. Tout comme il avait toujours été Ambroise pour elle. Et dans le fond, il savait, il savait exactement à quel point cela allait la faire souffrir qu’il mette autant de distance entre eux, mais il n’avait pas le choix. Il fallait qu’il mette de la distance sinon il finirait complètement noyé sous ses émotions. Or il se devait de garder la tête or de l’eau. « Ambroise je… » Mais Ambroise ne devait pas se laisser attendrir et pourtant, l’entendre prononcer son nom lui donnait qu’une seule envie… La prendre dans ses bras et ne jamais la laisser partir. Sauf qu’elle allait partir et de ce fait, il se devait de protéger son cœur de toute blessure supplémentaire. Il était déjà assez blessé, il ne pouvait se permettre de l’être davantage. Ainsi il lui annonça qu’ils se devaient de rentrer à l’auberge pour qu’elle puisse rejoindre ses parents qui devaient très certainement l’attendre. « Je pense que vous avez raison. Je vous suis, Ambroise. » Elle semble forte dans le port altier de sa tête, mais il la connaissait, sa voix était à deux doigts de se briser… Il préféra donc hocher la tête, presque hautain, pour éviter d’avoir à parler une nouvelle fois.

« Tourner à droite ils devraient être là. » Fronçant les sourcils, Ambroise avait reconnu la voix de l’homme qui avait agressé Juliana tantôt. Ainsi il daigna une nouvelle fois son épée, prêt à l’affronter et à faire couler son sang comme il en avait tellement envie… « Ambroise, il faut partir maintenant. Si vous rester là je doute qu’ils vous laisseront partir vivant. Je ne supporterais pas de vous perdre ainsi. » Elle lui attrapa soudainement la main, tirant légèrement dessus pour lui signifier qu’ils devaient partir. « Je saurais me débrouiller, rentrer à l’auberge je vous retrouverais là bas lorsque ce sera réglé. Une telle enflure ne mérite pas de vivre. » Il savait déjà que ses propos allaient la choquer, il était prêt à tuer. Mais en même temps, à cet instant, seul la haine coulait dans son sang. « Je ne partirais pas sans vous, si vous restez, je reste. » Il tourna sa tête vers elle et constata à quel point elle le suppliait du regard. « Je ne vous laisserais pas rester. » Lança-t-il finalement pour se décider à la suivre. « Ils sont là. » Ambroise rangea donc très rapidement son épée pour se mettre à courir, main dans la main avec Juliana, pour les semer. Il ne fallait surtout pas qu’ils les attrapent, car autant dire qu’ils ne semblaient pas venir là pour rigoler et même si Ambroise était habile à l’épée, au final ils étaient bien trop nombreux pour lui…

Il quitta la rue principale en tenant toujours Juliana, pour se faufiler dans différentes ruelles pour finalement attraper Juliana par la taille et l’amener avec lui dans un petit renfoncement d’une nouvelle ruelle. C’était étroit, ils n’arriveraient pas à les voir de là. Ambroise et Juliana se retrouvent donc tous les deux, collés l’un contre l’autre, yeux dans les yeux. Dieu qu’elle était belle…. « Ou sont-ils passés ? Il me les faut tous les deux. » Ambroise constata alors que Juliana s’apprêtait à parler, il posa alors l’un de ses doigts sur la bouche de sa belle, la suppliant du regard de se taire pendant encore quelques minutes. Il ne valait mieux pas parler de suite, au risque de se faire repérer. Or même si sur le coup il avait eu envie de se battre, maintenant il se rendait compte à quel point cela ne serait pas particulièrement prudent. Pas au vu de leur nombre en tout cas… Les secondes devinrent des minutes, et Ambroise continuait à observer le visage de Juliana. Il n’avait qu’une envie, l’embrasser, mais à chaque fois que cette envie prenait place dans son esprit il la chassait d’un revers de main en se rappelant qu’il était face à la future souveraine d’Heledir. Finalement, il se dit qu’ils avaient attendu assez longtemps, que la menace devait être loin, alors il laissa tomber le bras le long de son corps, libérant la bouche de Juliana. « Excusez-moi, j’ai trouvé que c’était plus prudent de s’arrêter de courir, car sinon ils auraient continué à nous poursuivre. D’ailleurs doivent-ils très certainement être en train de nous chercher dans toute la ville… » Il observa la ruelle de droite à gauche, s’assurant qu’ils étaient bien seuls, pas de danger en vue, il l’aida donc à sortir du renfoncement. « Autant dire qu’on oubliera pas notre passage en Gwelnaur de si-tôt… »

« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Dire que la journée se passait exactement comme escompté n’était absolument pas la vérité, bien au contraire… En effet, au départ, les Savelli et leur escorte s’étaient arrêtés à la capitale pour se reposer et pour se réapprovisionner. Autant dire que finalement, ce n’était pas de tout repos. Ambroise avait dû attaquer un homme pour sauver Juliana, puis chercher à calmer sa propre colère, pour finalement courir à travers les ruelles de la capitale jusqu’à finalement se cacher. Rien n’était reposant, rien n’était prévu. Et si au départ, Ambroise s’était montré particulièrement virulent dans ses propos avec Juliana, l’appelant même Lady Savellli, maintenant… Maintenant, collé contre elle, il avait du mal à lui en vouloir. Toutes les fibres de son corps semblaient tendre vers elle. Il l’aimait passionnément, bien trop d’ailleurs pour son propre bien, mais en même temps, que pouvait-il y faire ? On ne choisit pas de qui on tombe amoureux, et autant dire qu’il n’avait pas du tout choisit de l’aimer elle… Oh certes, bientôt il serait forcé de mettre cet amour de côté, mais lorsqu’il se trouvait face à elle c’était compliqué. Il souhaitait tellement lui dire, lui avouer ses sentiments, mais sa raison le stoppait net à chaque fois. Il n’avait aucun droit de le lui dire et de compliquer les choses. Alors il restait silencieux.

« Ne vous excusez pas Ambroise. Vous avez fait ce qu’il fallait. De plus je commençais à ressentir de la fatigue pour être honnête. » La main de Juliana venait de se poser sur son épaule, le contact lui faisait plaisir. C’était simple, c’était doux, c’était pour ça qu’il l’aimait… « Effectivement, ce n’est pas tous les jours que l’on se retrouve mêlé à une course poursuite. » Et surtout, ce n’était pas tous les jours qu’une Lady faisait de l’exercice physique à un tel niveau. Après tout, le sport des nobles c’était la danse et non la course. Il dit alors sur un ton légèrement amusé qu’ils n’allaient visiblement pas oublier leur escale à la capitale de Gwelnaur de sitôt. « En effet, notre passage ici ne risque pas de disparaitre de nos souvenirs rapidement. » Ambroise avait l’air de s’être quelque peu détendu vis-à-vis de Juliana. Certainement parce que sa proximité lui avait rappelé encore une fois les sentiments qu’il pouvait éprouver à son encontre et surtout le fait… Qu’il avait du mal a lui en vouloir bien longtemps. Elle avait un sacré pouvoir sur lui, pouvait le mettre en colère puis le calmer en un rien de temps. Et autant dire qu’elle était très certainement la seule à pouvoir faire cela.

« Je tiens à m’excuser pour mes paroles de tout à l’heure, je sais que vous n’auriez jamais dit quoi que ce soit à mes parents mais.. J’avais peut-être besoin d’en être certaine. Après ce qu’il s’était passée, j’étais chamboulée.. Je ne savais plus vraiment quoi dire ni quoi faire. J’espère que vous pourrez me pardonner. » Elle avait pris sa main, comme lui tantôt. Il savait dans le fond qu’elle n’avait pas forcément réfléchi lorsqu’elle lui avait demandé cela, qu’elle avait parlé sous le coup de la crainte que ses parents l’apprennent. Alors il hocha simplement la tête pour finalement dire. « C’est tout pardonné… Sur le coup j’ai eu le sentiment que vous ne me faisiez pas confiance pour garder un tel secret. Alors qu’après dix ans que l’on se connaît on peut dire que vous me connaissez et que de ce fait vous auriez dû savoir que jamais je n’irais vous trahir, encore moins vous mettre dans une position délicat. » Puis après une seconde de réflexion il ajouta. « D’ailleurs, je vous présente également mes excuses, j’ai été… un peu trop virulent dans mes propos tantôt. Mais voyez-vous, j’ai vraiment eu peur qu’il vous arrive quelque chose. » Puis à mi-voix il termina. « Que serait un monde sans vous… » Déjà, qu’allait être Galadhorn sans elle mais si en plus elle n’était plus de ce monde, alors Ambroise aurait véritablement tout perdu.

« Parfois, il faut accepter que les choses ne reviendront jamais comment elles étaient »

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Elle s’excusait, il s’excusait… Autant dire qu’ils parvenaient à mettre leurs différents de côté pour finalement réussir à s’exprimer. Amusant tout de même qu’ils arrivaient aussi bien à se parler, se pardonner, mais qu’ils n’arrivaient pas à exprimer ce qu’ils ressentaient véritablement. Et pourtant, en étant aussi proche d’elle son cœur battait avec force. Il voulait tellement lui avouer tout, absolument tout, mais comme d’habitude, Ambroise préférait écouter sa tête plutôt que son cœur. Mais forcément, lorsqu’elle remit une mèche de ses cheveux en place, la proximité lui donnait envie de laisser tomber la raison pour juste écouter son cœur. « Ce n’est rien voyons. C’était tout ce que je méritais après vous avoir embarqué dans cette situation. Je vous pardonnerais encore et encore s’il le fallait. » Un délicat sourire se mit à flotter sur les lèvres d’Ambroise, elle avait vraiment un don pour le calmer. C’était comme si, rien de ce qui s’était passé avant ne s’était véritablement produit. Très étrange comme sensation.

« Vous savez Ambroise… Je.. » Ambroise fronça soudainement ses sourcils, que souhaitait-elle dire exactement ? Visiblement, elle semblait ne pas oser s’exprimer clairement, pourtant elle savait bien qu’elle pouvait tout lui dire, non ? Et si… Non, Ambroise ne préférait pas y penser. Il préférait ne pas s’imaginer qu’elle pouvait ressentir les mêmes sentiments que lui, cela ne serait qu’une complication supplémentaire or ils ne pouvaient pas se le permettre. Pas maintenant, ni jamais d’ailleurs… Alors il préféra chasser cette idée de son esprit en se disant qu’elle l’appréciait comme un ami. Un ami de longue date mais un ami quand même. « Je n’aurais pas supporté de vous perdre, je ne pouvais vous laisser c’était plus fort que moi.. De surcroît, cette situation était de ma faute, je n’aurais d’autant plus pas supporté qu’il vous arrive quelque chose par ma faute. Je n’aurais pu me le pardonner. J’espère que vous pourrez me pardonner mon imprudence, et je peux vous certifier que cela n’arrivera plus. » Elle venait de relever son visage pour lui faire face.

Alors délicatement, Ambroise posa une main sur la joue de Juliana, comme un soutien. « Je n’aurais pas supporté de vous perdre non plus, c’est pour ça que j’ai fini par entendre raison et courir avec vous. Alors si vous êtes capable de me pardonner ma propre imprudence et folie, je vous pardonne forcément la votre. Je me doute bien que vous n’allait plus refaire ça, vous vous êtes rendu compte du danger que cela peut représenter pour votre vie. Parfois… Il faut faire des erreurs pour comprendre. » Puis après un sourire il laissa retomber sa main le long de son corps. Oh comme il aurait aimé la laisser en place… C’est alors qu’Ambroise constata que le jour commençait véritablement à tomber, il faudrait peut-être qu’ils ne tardent pas trop à rentrer… Il ne voudrait pas que les parents de Juliana s’inquiètent. Pour autant, il n’arrivait pas dire à voix haute le fait qu’il leur faudrait bientôt retourner à l’auberge, il voulait encore passer quelques petites minutes avec elle.