These violent delights have violent ends and in their triumph die, like fire and powder. Which as they kiss consume : the sweetest honey is loathsome in his own deliciousness and in the taste confounds the appetite : therefore love moderately; long love doth so; too swift arrives as tardy as too slow.

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Les yeux rivés sur l’écrin allongé en velours noir, Ambroise se demandait encore si c’était vraiment le bon moment pour offrir un tel présent. Certes, il ne s’agissait pas là d’une bague de fiançailles, mais il n’empêchait pas moins que le bijou qui se trouvait dans cet écrin était d’une délicatesse et d’une certaine richesse. Alors oui, il hésitait, les yeux rivés sur cette petite boîte allongée, en ce demandant s’il pouvait véritablement lui offrir ceci. Mais en même temps, s’il avait décidé de fabriquer ce bijoux sur son temps libre c’était bien pour le lui donner lorsque ce dernier allait être finalisé… Et aujourd’hui pourrait être le jour parfait pour un tel présent, tout du moins, c’était ce qu’il essayait de se marteler minutes après minutes pour ne pas se dégonfler. En effet, aujourd’hui était le jour de sa rencontre avec Juliana, dix ans plus tôt… Cela faisait en effet dix ans qu’il avait eu la chance de faire la connaissance de la belle Savelli qui était devenue une amie chère à son cœur, une confidente, et plus encore… Il l’aimait depuis de bien trop longues années, mais désireux de ne pas ternir leur amitié et surtout, ne sachant pas vraiment les sentiments qui pouvaient être ceux de Juliana, il s’était tu. Lâcheté, certainement. Mais en même temps, il avait bien trop peur de perdre son amitié pour oser dévoiler l’étendu des sentiments qu’étaient les siens. Et pourtant… La déesse Amedë savait qu’il était de toute façon déjà trop tard pour qu’il ne puisse un jour lui dévoiler quoi que ce soit, mais ça… Il allait l’apprendre bientôt à ses dépends.

Et c’est donc après un énième coup d’œil sur l’écrin et son contenu, un magnifique bracelet en or blanc composé de nombreuses roses en rubis -symbole des îles Galadhorn et donc symbole de la cour royale dans laquelle ils se sont rencontrés-, qu’Ambroise pris la décision de le lui offrir ce soir. Après tout, il ne l’avait pas fait pour que ce bracelet reste dans sa boîte… C’est ainsi qu’il déposa l’écrin dans sa poche et qu’après un rapide coup d’œil dans le miroir il se rendit à l’endroit où il était censé retrouver Juliana, dans les jardins de la cour. Il s’installa donc sur leur banc habituel en attendant la belle Savelli, sauf que les minutes défilaient et elle ne semblait pas montrer signe de présence. Petit à petit, le soleil laissait place à la nuit et tandis qu’il regardait le spectacle des ombres changer, Ambroise se mit à s’inquiéter. Jamais Juliana n’avait manqué une seule de leurs rencontres. Il prit donc la décision de quitter les jardins pour se diriger vers les appartements de la Savelli. Il voulait la voir, s’assurer qu’elle allait bien, l’aider si besoin. Car une chose était sûre c’est qu’il serait toujours là pour elle. C’est ainsi qu’il entra dans la chambre de celle-ci dont la porte était légèrement entrouverte et dont de la lumière s’échappait. Pourtant.. Elle n’était pas là. La connaissant, elle devait très certainement s’être rendu sur son balcon, alors il se dirigea vers celui-ci et en poussant la porte du balcon, il comprit aussi tôt qu’elle était là. « Je vous ai dit que je voulais être seule... ! »

Un petit sourire gêné se posa sur les lèvres d’Ambroise tandis que Juliana se tournait vers lui. Et en voyant l’expression sur le visage de sa belle, il comprit bien vite qu’elle n’était pas agacée à cause de lui, mais qu’atre chose la tourmentait. « Oh Ambroise.. C’est vous.. Je.. Je suis confuse.. Je pensais que c’était l’une des domestiques qui revenaient. » Nouveau sourire, un peu plus détendu cette fois-ci, de la part d’Ambroise qui était plutôt rassurer de voir qu’elle ne lui en voulait pas personnellement. « Il est vrai que nous devions nous retrouver, je suis vraiment désolée.. J’ai eu.. un petit contre temps… Je tiens à m’excuser. » Un contre temps ? Voilà maintenant qu’il était intrigué, car elle semblait particulièrement bouleversée. Il se plaça donc face à elle, contre la rambarde de son balcon. « Excusez-moi d’être venu sans m’annoncer, mais le fait de ne pas vous avoir trouvé dans les jardins m’a quelque peu inquiété et je voulais m’assurer que vous alliez bien. » Il fronça très légèrement ses sourcils avant d’ajouter. « Mais visiblement vous n’allez pas complètement bien, je me trompe ? » Il faut dire qu’il la connaissait plutôt bien, or un voile de tristesse semblait se trouver au fond de ses yeux… Qu’est-ce qu’il ne donnerait pas pour la voir heureuse…

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La voir ainsi, emplie d’une tristesse qu’il ne comprenait pas, lui faisait du mal. En effet, il aurait aimé la prendre dans ses bras, lui dire que tout irait bien, qu’il était là pour elle, qu’il l’aimait… Mais il ne pouvait pas agir ainsi, car même s’ils étaient proches, il ne pouvait pas l’enlacer de manière spontanée. Cela ne se faisait pas, or Amedë savait à quel point il était à cheval sur les convenances. C’était cela de vivre à la cour, les bonnes manières, les convenances, l’étiquette, et autant dire qu’Ambroise était une personne qui suivait absolument tout à la lettre. Voilà certainement pourquoi il ne lui avait jamais fait part de ses sentiments, craignant trop d’aller trop loin et que cela gâche tout. Et pourtant… Pourtant à cet instant il avait envie de faire voler les convenances et juste être là pour elle. Un sourire sur ses lèvres, voilà tout ce qu’il voulait. Sauf que visiblement, cela risquait d’être compliqué à obtenir. Elle était troublée, bouleversée, et il ne savait pas quoi faire.

« Ne vous excusez pas voyons, je suis heureuse de vous voir ici, il est vrai que la soirée n’est pas aussi belle que prévu. J’en suis vraiment désolée. » Il aurait voulu lui répondre que la soirée était belle car il la voyait, mais à nouveau il oscillait entre ce que son cœur lui dictait et ce que sa tête lui ordonnait. Certes, dans certaines situations, Ambroise est quelqu’un de particulièrement impulsif, mais avec elle il n’arrivait pas l’être… Comme si le sentiment amoureux lui coupait absolument toutes ses certitudes et qu’il ne savait de ce fait pas comment réagir. « Vous savez pertinemment que je ne vous en veux pas… Alors il est inutile de vous excuser. Nous aurons d’autres occasions de passer des moments ensemble. » Sauf que ce qu’il ignorait c’était qu’il n’y allait plus y en avoir tant que ça… Car elle allait partir. Or pour l’instant, il était encore complètement ignorant de l’épée de Damoclès qui se tenait au dessus de sa tête et qui allait bientôt le blesser avec force.

« Ma peine va gâcher l’humeur de la soirée, je suis navrée. » Effectivement, il pouvait voir à quel point elle était peinée, mais il ne fallait pas qu’elle s’imagine que cela allait gâcher la soirée. Après tout, au fond de lui il était heureux de la voir, même s’il était peiné de savoir qu’elle n’allait pas bien. Contradictions… Il faut dire que toute sa personne n’était que contradiction et ce, depuis de longues années. Elle se tourna alors vers le paysage qui se déroulait sous leurs yeux, avec le soleil qui continuait de descendre tandis que la lune montait petit à petit. Changement de décors. « Parfois j’aimerais que le temps s’arrête pour pouvoir profiter de l’instant et oublier tout autour de moi, tous les événements. » Il se tourna à son tour vers le paysage, se tenant à côté d’elle, sa main posée sur la balustrade à quelques centimètres de la sienne. « Alors imaginons que le temps s’est arrêté. Oublions le monde extérieur. Là, ce soir, il n’y a que nous deux. Pas d’événements, pas d’inquiétudes, juste des ondes positives dans l’air du soir. » Du coin de l’œil il l’observait. « Mais si vous voulez parler de ce qui vous tracasse, n’oubliez pas que je suis là… »

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Elle semblait si fragile dans la lumière du soir avec son visage ô combien triste alors qu’elle était toujours tellement souriante. Ambroise avait d’ailleurs l’habitude de lui dire qu’elle était un véritable rayon de soleil, son rayon de soleil même s’il ne le disait jamais à voix haute puisque après tout elle n’était pas à lui… En même temps, elle ne méritait pas d’appartenir à quelqu’un, elle méritait d’être aimée, respectée, admirée, mais en aucun cas d’être possédée… Oh comme il rêvait de pouvoir lui donner une vie merveilleuse où elle serait à tout jamais vénérée telle une déesse. Mais pour le moment il n’était qu’un apprenti de la garde, il pourrait certes un jour devenir le bras droit du Capitaine Kane et ensuite même devenir Capitaine à son tour, mais voilà, à cet instant précis il ne pouvait pas encore lui donner une vie de rêve. Or elle méritait tellement. Voilà pourquoi il attendait avant de se déclarer, ça et le fait qu’il avait peur qu’elle n’ait pas les mêmes sentiments… Et puis, si jamais elle venait à avoir les mêmes sentiments, il se devait d’avoir une meilleure situation. Oh effectivement, il était noble grâce à sa famille, et il possédait une extrême richesse, mais il souhaitait se faire un nom par lui-même dans la garde. Or ces choses là prennent du temps. Quoi qu’il en soit, il observait son rayon de soleil qui semblait complètement éteint à cet instant, sombre de tristes pensées…

« Malheureusement, ils ne seront plus aussi fréquent… » Elle avait tellement dit doucement cette phrase qu’il eut du mal à la comprendre et pourtant, lorsqu’elle arriva à ses oreilles, il ne pu s’empêcher d’être perplexe. Comment ça leurs moments ensemble ne seront plus aussi fréquent ? Elle ne voulait plus le voir ? Ses parents et elle allaient déménager ? Elle ne l’appréciait plus ? Milles questions tournaient dans sa tête à cet instant précis… Il préféra donc ne pas relever la phrase, car vu comme elle l’avait dit doucement, c’était peut-être qu’elle ne voulait pas qu’il y réagisse. Ainsi, il préféra lui dire d’imaginer que le temps s’était arrêté et qu’il n’y avait que eux d’eux, aucun autre événement pouvant les perturber, juste eux… Et cela la fit sourire. Un sourire qui ravit le cœur d’Ambroise, sans savoir que bientôt son cœur allait voler en éclat. « Que j’aimerais que cela soit le cas mais, ce n’est pas aussi simple Ambroise... » Et le sourire de sa belle avait de nouveau disparu. Il plongea alors son regard dans le sien en disant. « Pourquoi cela ne pourrait pas être aussi simple ? » C’est alors qu’un lourd silence démarra… Un silence qui semblait absolument tout dire. « Mes parents ont décidés de me marier.. » Et le silence fut brisé, en même temps qu’une partie du cœur d’Ambroise. C’est dingue comme une phrase peut chambouler toute une vie, tout un rêve, tout un espoir… Tout ce qu’il avait cru s’envolait en un éclat.

Elle semblait vouloir éviter son regard, ses yeux explorent absolument tout sauf le visage dévasté d’Ambroise. Certes, il faisait tout pour éviter de montrer à quel point il était affecté par ce qu’il venait d’apprendre, mais c’était compliqué, bien trop compliqué de rester insensible alors que celle qu’il aimait était désormais promis à un autre. C’était bien beau d’attendre pour se déclarer, mais maintenant il était trop tard. Bien trop tard. « Oh… » Un seul mot, plein de déception. « J’imagine qu’il vous l’ont appris ce soir… » Cela expliquait son état, sa tristesse, et le fait qu’elle avait loupé leur rencontre. Puis une autre part de ce qu’elle avait dit revient à son esprit. « Lorsque vous avez dit que l’on ne se verrait plus de manière aussi fréquente…Cela signifie que l’homme dont vous êtes promis ne vit pas à Galadhorn ? » Cela tombait sous le sens, mais alors qui était-il ? Ambroise voulait-il vraiment le savoir ? En vérité, il avait juste envie que cela soit un cauchemar..

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Ambroise avait toujours idéalisé l’amour. Grand romantique dans l’âme, il s’était depuis tout petit imaginé que si deux personnes étaient faites pour être ensemble, alors elles finiraient forcément ensemble. Mais là, à cet instant, toutes ses certitudes semblaient s’effondrer. L’amour était souffrance. Jamais il n’aurait pu imaginer que donner son cœur pouvait faire autant mal. C’était presque s’il ne voulait pas tout simplement arracher son cœur de sa poitrine pour éviter de ressentir ce flot de sentiment qui semblait prêt à le noyer. Mais il ne le pouvait pas… Alors il se noyait dans ses pensées, dans sa tristesse, tout en faisant comme s’il n’était pas à ce point atteint par l’annonce qu’elle venait de faire. Oh certes, il avait le droit d’être triste, déçu, car après tout ils étaient amis et cela pouvait être compréhensible qu’il soit triste de ne plus la revoir, mais il ne pouvait pas montrer les réels tourments qu’étaient les siens. Non. Il ne pouvait pas. D’une part car cela aurait été injuste envers elle, mais aussi envers lui. Après tout, ce n’était pas le moment de lui dévoiler quoi que ce soit. A vrai dire, il n’y aurait plus jamais un moment propice pour qu’il lui dévoile ses sentiments. Cette possibilité filait entre ses doigts dans la noirceur du soir. Il n’avait pas le droit de la mettre dans une mauvaise posture en lui disant ces trois petits mots qui faisaient vibrer son âme. Non. Ce n’était pas juste…

« En effet, c’est la raison de mon absence, cette nouvelle m’a complètement chamboulée. Bien que mes parents pensent que je suis en accord avec ça, et que cela me rend heureuse. Je peux leur mentir sur mon bonheur, mais pas vous, vous ne me connaissez que trop bien. » Oui, il ne savait que trop bien qu’elle n’était pas heureuse, cela se sentait… Mais en même temps, ses parents voyaient ce qu’ils voulaient bien voir, car cela devait bien les arranger de s’imaginer qu’elle était heureuse d’un mariage à venir… « Malheureusement oui.. Je suis promise au prince d’Heledir. Autant dire que c’est impossible que mes parents changent d’avis et refusent l’offre. C’est bien trop alléchant pour eux de voir leur fille avoir un rôle aussi haut… » Un prince… Autant dire qu’Ambroise ne faisait absolument pas. Après tout, toutes les petites filles ne rêvent-elles pas d’être princesse ? Juliana allait un jour devenir reine alors forcément, les parents de cette dernière resteraient persuadés que c’était la meilleur chose pour elle. Et pourtant… Ambroise doutait que le prince d’Heledir puisse un jour lui offrir tout l’amour qu’il ressentait à cet instant pour elle…

« Je sais que cela allait arriver un jour, que j’allais devoir épouser un homme, pourtant je pensais ne pas avoir à quitter la contrée. De surcroit Heledir n’est ce qu’il y a de plus proches.. » Son cœur était lourd. Il avait l’impression que le poids du monde était sur ses épaules. « Vos parents doivent être honorés face à une telle union… » A dire vrai, il ne savait pas trop quoi dire tant ses sentiments lui empêchaient de voir clair. « Heledir… Tellement loin, en effet. J’imagine que vous ne pourrez pas revenir souvent à Galadhorn. » Souvent pour ne pas dire jamais, car dans le fond, il savait pertinemment qu’une fois qu’elle serait mariée au prince, elle ne reviendrait pas. Elle ne reviendrait plus. Or ça, cela lui brisait le cœur. « Quand devrez-vous partir pour Heledir ? » En vérité, il n’avait pas envie de le savoir, mais en même temps, il fallait bien affronter la réalité. Le plus tôt possible était le mieux…  

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Dire qu’il y a de cela seulement une heure, Ambroise était alors inconscient de l’épée de Damoclès qui se tenait au dessus de son cœur, de ses sentiments. Complètement inconscient du fait qu’il courrait droit vers une blessure, peut-être pas mortelle, mais qui pourrait très fortement endommager son âme à tout jamais. Et voilà que l’épée venait de le toucher, poignardant ce cœur qu’il n’avait même pas encore eu le temps de lui donner. Oh certes, le cœur d’Ambroise appartenait entièrement à Juliana, mais cela, elle l’ignorait. Et visiblement, au vu de tous les événements, elle l’ignorerait à tout jamais. Une partie de lui aurait aimé à cet instant que la blessure soit réelle, visible, au moins il n’aurait plus à se cacher, mais non… Vicieuse, sa blessure était invisible à l’œil nu, invisible pour Juliana, invisible pour toute autre personne si ce n’était Ambroise lui-même. Dans le fond, une véritable blessure lui aurait peut-être fait moins mal, mais là, il n’y avait pas le moindre remède. Pas de pansement à poser, pas d’onguents, juste besoin de temps. Or le temps ne cicatrise pas vraiment.

Il préféra donc se concentrer sur Juliana, essayant de se montrer raisonnable dans ses propos pour ne pas lui montrer à quel point cela l’affectait, mais c’était compliqué. Alors il pesait chacun de ses mots avant de les prononcer, comme pour s’assurer qu’il n’allait pas dire quelque chose qui serait par la suite irréversible. Et autant dire que la décision des parents de Juliana était plus irréversible qu’une sentence de mort… Un mariage… Il aurait pu être heureux, si seulement il s’était trouvé être l’heureux élu, or ce n’était pas le cas. « En effet, moi-même je le suis.. mais.. ce n’est pas ce dont j’avais envie.. » En même temps, qui ne serait pas honoré d’entrer dans la cour des grands, celle de la royauté. Tout le monde rêve d’une façon ou d’une autre d’atteindre les sommets, mais sans se rendre compte par moment du prix à payer pour atteindre de tels sommets. «Je suppose que mes voyages vers la contrée de Galadhorn se feront rares, après tout après le mariage je deviendrais une Heledir que je le veuille ou non. Je ne sais pas si mes parents me rejoindront ou décideront de rester. Pourtant je doutes qu’ils choisissent de s’éloigner de moi.. Je suis tout ce qu’il leur reste.. Si c’est le cas, je n’aurais plus de raison officielle pour revenir ici.. » Evidemment, elle n’allait pas revenir à Galadhorn une fois qu’elle serait mariée. Surtout que tout comme elle, Ambroise n’imaginait pas les parents de Juliana la laisser partir sans eux. Au contraire, ils seraient très certainement les premiers à avoir préparer leurs bagages pour pouvoir aller vivre à Heledir. Rien que d’y penser ton cœur se serrait tel un étau.

Juliana semblait également attristée par toute cette histoire, car une larme venait tout juste de rouler le long de ses pommettes pour finalement s’écraser sur la main qui venait de la cueillir. Elle ne voulait pas qu’Ambroise le voie, mais il avait vu… Pour autant, en parfait gentleman, il préféra ne rien relever. « Une rencontre est prévu dans les semaines qui arrivent. Il y aura certainement une soirée pour que la reine m’annonce comme future épouse du prince. Nous reviendrons peut-être avant le mariage pour récupérer nos affaires, mais je doutes que mes jours en Galadhorn seront encore nombreux... » Ambroise hocha la tête. Forcément qu’il y aurait un bal, un tel événement se fête. Mais lui n’aurait jamais le cœur à la fête… « Je n’ai nullement l’envie de partir, de laisser ceux que j’aime ici… » Elle venait de s’adosser à la rambarde lorsqu’elle prononça ces mots. Dans le fond, Ambroise voulait lui dire qu’il ne désirait pas voir partir celle qu’il aimait… Mais encore une fois, les mots restaient bloqués dans sa gorge. Lui qui n’avait pas encore eu le courage de le lui avouer, rendait désormais les armes. Il ne faisait pas le poids face à un mariage d’une telle envergure. « Vous manquerez à tout le monde ici… Votre présence est telle le soleil. Alors sans vous, Galadhorn va paraître bien plus terne. » Et après une profonde inspiration il ajouta. « Le royaume d’Heledir à de la chance, car jamais il n’aurait pu rêver meilleure future souveraine. » Ces mots lui faisaient mal. Mais il se devait de lui montrer à quel point elle était une femme merveilleuse.

Puis, après quelques instants de silence, la main sur la poche de sa veste, il réfléchissait. Il était peut-être temps de lui offrir ce qu’il avait prévu ? Après tout… Peut-être n’aurait-il plus jamais d’autre occasion que ce soir. C’est donc après une profonde inspiration qu’il sortit l’écrin allongé en velours noir de sa poche, qu’il se plaça face à elle et qu’il finit par lui tendre le dit présent. « Je voulais vous offrir ceci ce soir, pour fêter nos dix ans d’amitiés. Et maintenant, je me rends compte que cela va aussi être un cadeau d’adieu… » Il ouvrit alors l’écrin pour lui présenter le bracelet d’une incroyable finesse, en or blanc, pourvu de diamants et de rubis en forme de roses, symbole de Galadhorn. « Cela vous permettra d’emmener un peu de Galadhorn à Heledir. » Et même s’il ne le disait pas, c’était aussi pour qu’elle emmène un peu de lui avec elle…

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« Galadhorn, aura de la chance de vous avoir comme garde Ambroise. Vous ferez briller le soleil pour moi. » Et elle en vient à poser sa main sur sa joue, un geste qui électrifia tout son être. C’était adorable, ces paroles auraient dû lui réchauffer le cœur, et pourtant cela ne lui laissait qu’un vide amère. Il ne voulait pas briller si elle n’était pas là… D’ailleurs, il ne savait même pas comment il allait faire lorsqu’elle serait partie. Après tout, elle était en quelque sorte son pilier et cela depuis dix années déjà, alors maintenant, avancer sans être sûr de pouvoir la retrouver après, il ignorait si c’était faisable. Certes, il n’avait pas vraiment le choix, mais en même temps, il n’arrivait tout simplement pas voir sa vie sans elle dedans. Il craignait même la personne qu’il risquait de devenir sans elle dans les parages… Mais bon, cela, seul l’avenir le lui montrera. Alors il esquissa juste un faible sourire face à ses paroles. Il n’arrivait juste pas parler, même pas la remercier pour ses propos adorables. Il était blessé au plus profond de lui. Et lorsqu’elle retira sa main rassurante, un nouveau vide se développa. Il avait l’impression que c’était leur dernier contact, et ça c’était le pire.

Petit à petit, un silence s’installa entre Ambroise et Juliana, seuls sur ce balcon avec le vent frais qui commençait à se lever car la nuit était désormais là, mais dans le fond, ce silence n’était pas vraiment gênant, tout du moins pas pour Ambroise. Certes, certaines personnes pouvait être gêné lorsqu’un silence s’installait, mais pas avec Juliana. Bien au contraire, il avait l’impression que tellement de choses pouvaient être comprises dans un silence. Sauf peut-être le fait que leurs sentiments étaient partagés, car cela visiblement, ils n’arrivaient pas à le deviner… Quoi qu’il en soit, il finit par se décider à lui offrir ce qu’il avait crée spécialement pour elle, le bracelet... Il s’installa donc face à elle pour ensuite ouvrir l’écrin en esquissant un délicat sourire. Il espérait tellement que cela lui plairait. Mais dès qu’il eut terminé son petit discours sur ce présent, il constata que des larmes s’étaient mises à glisser sur les joues de Juliana. Perles de cristal qu’il aurait bien aimé pouvoir cueillir du bout de ses doigts. « Je ne sais pas quoi vous dire Ambroise.. C’est… » Et elle pleurait de plus belle. Dans le fond, il espérait qu’elle ne prenait pas mal ce dit présent, qu’elle ne trouvait pas que c’était déplacé, mais la suite des propos de Juliana le rassura tout net. « C’est vraiment incroyable, magnifique, merci du fond du cœur vraiment.. » Un sourire se posa sur les lèvres d’Ambroise, elle aimait le bracelet et cela le rendait heureux.

Ses yeux étaient maintenant plongés dans les siens. A cet instant, il n’avait qu’une envie…l’embrasser… Mais il se forçait à écouter sa tête plutôt que son cœur. Il ne voulait pas la mettre dans une situation embarrassante. Déjà que ce présent signifiait énormément pour lui… « Vous êtes vraiment quelqu’un d’extraordinaire Ambroise… » Les yeux d’Ambroise se mirent soudainement à briller, prêt à pleurer, mais il ne pouvait pas se permettre de pleurer… Il détourna donc un instant son regard de Juliana pour réussir à reprendre ses esprits. Ses yeux brillaient toujours, mais au moins aucune larme ne se mirent à franchir la barrière. Il pleurait intérieurement, mais absolument pas extérieurement. « Je suis vraiment désolée de vous infliger tout mon chagrin.. » Un triste sourire au coin des lèvres, Ambroise tenta de la rassurer. « Ne soyez pas désolée… Je suis tout aussi chagriné que vous de savoir que vous allez partir. » Il prit une profonde inspiration et ajouta. « En tout cas, je suis ravie que mon présent vous plaise, ça m’a pris du temps à savoir exactement comment je voulais le créer, mais au bout d’un moment j’ai eu la révélation de ce qui symboliserait au mieux nos dix ans d’amitiés. Et quoi de plus symbolique que la rose rouge des Galadhorn, terre sur laquelle nous nous sommes rencontrés. » Il posa alors l’écrin sur le rebord du balcon, récupéra délicatement le bracelet puis l’approcha du poignet de Juliana. « Puis-je ? »

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Amitié... Il se sentait tellement idiot d’avoir utilisé un tel mot tout en lui offrant le bracelet. Pourquoi avait-il dû lui parler d’amitié alors que tout en lui criait amour. Mais en même temps, c’était bien plus raisonnable, lui faire croire que ce présent c’était par amitié. Ainsi, il ne provoquait pas de conflit d’intérêt et surtout il ne la mettait pas dans une mauvaise posture. C’était noble de sa part, non ? Même si dans le fond… A cet instant, il aurait préféré ne pas être noble, ne pas être un gentleman et juste être un homme qui aime une femme. Cela serait tellement plus simple, il n’aurait alors pas besoin de prendre des gants pour dire ce qu’il ressentait vraiment. Sauf qu’il n’était pas juste un homme et elle n’était pas juste une femme. Encore moins maintenant qu’elle était promise à un prince, à un royaume, et qu’elle allait un jour devenir reine. Non effectivement, impossible d’agir comme un homme et une femme, alors oui, c’était bien mieux qu’il ait utilisé le mot amitié.

« Il est tout simplement divin. Je le garderais toujours au poignet. Puis même si je n’avais pas ce présent, je ne pourrais vous oublier Ambroise. » Un délicat sourire se posa sur les lèvres de l’intéressé. Le fait qu’elle lui dise ainsi qu’elle le garderait toujours au poignet était une forme de victoire pour lui, car dans le fond cela signifiait qu’il serait toujours là avec elle, et ce, sans être là physiquement. Oui c’était une victoire, petite certes, mais une victoire tout de même. « Je ne pourrais pas non plus vous oublier Juliana… » Cela, il aurait peut-être dû se garder de le lui avouer, mais en même temps, c’était la vérité. Il ne pourrait jamais l’oublier et encore moins oublier les sentiments qu’il éprouve pour elle. Il se décida donc de détourner l’attention de la phrase qu’il venait de prononcer en se concentrant plutôt sur le bijou. Après avoir posé la boite et pris le bracelet du bout de ses doigts, il lui demanda s’il pouvait le mettre à son poignet. « Bien entendu. » Délicatement il posa le bracelet sur le poignet de sa belle. D’une main il retenait le dit bracelet tout en touchant le poignet de Juliana, puis de sa main libre il referma le fermoir. Ses gestes étaient lents, délicats, une façon pour lui de garder le plus longtemps possible le contact avec Juliana. Mais une fois le bracelet en place, il fut bien obligé de relâcher sa main et de laisser tomber ses mains le long de son corps.

« Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi beau. Ca me touche énormément Ambroise. Merci. » Un nouveau sourire se dessina au coin des lèvres d’Ambroise. « Je suis vraiment ravi qu’il vous plaise, je l’ai conçu spécialement pour vous. » Et oui, même s’il ne poursuivait pas la voie familiale, il n’en demeurait pas moins qu’Ambroise avait toujours eu un certain talent en joaillerie, et de ce fait, il n’hésitait pas à l’utiliser lorsque l’occasion se présentait. Or faire un cadeau à Juliana, c’était certainement la plus belle des occasions que de se montrer créatif. C’est alors qu’elle déposa un léger baiser sur la joue d’Ambroise. Contact aussi bien enivrant qu’un véritable supplice, lui qui aurait tant voulu que ce soit ses lèvres qu’elle vienne embrasser… « Vous allez tellement me manquer… » « Vous aussi, énormément… » Puis après quelques instants, il ajouta. « Peut-être nos chemins ne vont pas se séparer à Galadhorn. Qui sait… Vous aurez sans doute besoin d’une escorte pour aller jusqu’à Heledir au vu de la distance qui sépare les deux royaumes. Or si escorte il venait à y en avoir besoin, je serais honoré d’en faire partie. Cela me rassurerait de vous savoir arrivée à bon port. » Même si dans le fond, elle préférerait qu’elle n’ait pas du tout à partir, mais bon. Ils n’avaient pas le choix, pas vrai ?