Your eyes are swallowing me, mirrors start to whisper, shadows start to sing. My skin's smothering me, help me find a way to breathe. Time stood still the way it did before, it's like I'm sleepwalking. Fell into another hole again, it's like I'm sleepwalking

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En tant qu’escorte de la famille Savelli pour amener leur fille Juliana vers son futur époux, le prince, cela faisait maintenant plusieurs jours qu’Ambroise avait quitté les îles de Galadhorn pour se diriger progressivement vers Heledir. Il fallait bien avouer que c’était là un très long voyage qui les attendait, Heledir n’étant pas à la porte à côté. Mais en même temps, lorsque les Savelli l’avait demandé pour escorte, Ambroise n’avait pas pu refuser. D’une part parce qu’il avait un grand respect pour cette famille qu’il connaissait depuis une dizaine d’année, et d’autre part parce qu’il était épris de Juliana. Deux raisons suffisantes pour qu’il accepte de faire un tel voyage. Ainsi, étaient-ils partis de Taewyn pour prendre un bateau en direction de la ville portuaire Til Garhyt des états de Gwelnaur. Autant dire qu’Ambroise aurait préféré éviter de passer par ce royaume car tout y était particulièrement sombre, aussi bien les paysages que le comportement des habitants, mais c’était là la route la plus directe pour se rendre à Heledir, et il fallait bien avouer qu’ils étaient attendus le plus rapidement possible là bas pour que les deux promis puissent se rencontrer et ensuite que l’annonce de leurs fiançailles soient préparée.

En tout cas, après ce long trajet en bateau, ils avaient décidés de passer une journée à Til Garhyt avant de reprendre la route en direction de Belithrael, capitale de Gwelnaur. En effet, il fallait qu’ils se réapprovisionnent, qu’ils vérifient l’état de la calèche des Savelli, ainsi que vérifier les fers des chevaux pour le trajet qui allait suivre. Constatant que les autres membres de l’escorte semblaient avoir la situation bien en main, Ambroise se décida d’aller faire un tour dans les alentours de Til Garhyt, ayant besoin de se changer quelque peu les idées et surtout de respirer un peu. En effet, étant par moment quelqu’un de très solitaire, devoir passer du temps avec tout un groupe était parfois pesant, surtout après un tel trajet en bateau d’où il ne pouvait pas s’évader. Ainsi après avoir scellé son cheval, il avait quitté la ville au galop, désireux de sentir l’air souffler autour de lui, libre. Puis sans vraiment réfléchir où il allait, Ambroise s’était retrouvé à l’orée d’une forêt. Cela lui faisait du bien toute cette nature, c’était comme s’il était un peu chez lui…

Mettant pied à terre, la bride à la main, il se mit à marcher dans la forêt, respirant avec bonheur les diverses senteurs typiques de cet environnement. Il avait l’impression que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vraiment respirer, alors autant dire que cela lui faisait un bien fou. D’ailleurs, heureusement que leur trajet en Gwelnaur se passait pendant le moment doux en terme de climat, cela lui évitait d’avoir a être emmitouflé sous de trop nombreuses couches de vêtement et surtout, il n’aurait ainsi pas à se soucier d’un problème de neige. Ce n’était pas la saison. Alors qu’il marchait tranquillement, son cheval sur les talons, il se mit à entendre le délicat son d’un cours d’eau dont il voulut se rapprocher. C’était une rivière, visiblement assez large pour qu’il puisse en profiter un petit peu. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas pu se baigner en pleine nature et il fallait bien avouer que cela lui manquait quelque peu. C’est donc après avoir attaché la bride de son cheval à un arbre, qu’il retira sa chemise, ses chaussures. Après tout, il n’allait pas se baigner tout habillé. Sauf qu’alors qu’il comptait retirer son bas, il entendit quelqu’un nager. Il n’était pas seul. Intrigué, Ambroise se rapprocha de la rivière pour voir de qui il pouvait bien s’agir. Quelle ne fut pas sa surprise de finalement poser son regard sur une jeune, entièrement nue, qui nageait dans la rivière, inconsciente du fait qu’elle n’était pas seule.

Quelque peu gêné, il voulut se reculer silencieusement pour la laisser seule, sauf qu’il marcha sur une branche qui se mit à craquer sous ses pieds. Il était repéré, la femme en question venait de se tourner vers lui, et il se trouvait quelque peu penaud, torse nu devant elle. Portant la main à ses cheveux, il eu un petit sourire gêné en plongeant son regard dans celui de l’inconnue. « Excusez-moi de vous importuner de la sorte. Je… Je ne m’étais pas rendu compte qu’il y avait déjà quelqu’un. » Et encore moins qu’il s’agissait d’une femme. A cet instant il n’avait qu’une envie, s’enterrer six pieds sous terre…

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Visiblement, Ambroise ne s’était pas attendu à tomber nez à nez avec une jeune femme totalement dévêtue nageant dans la rivière. Pour tout dire, c’était même la dernière chose qu’il s’était imaginé, n’ayant croisé absolument personne pendant tout son trajet dans la forêt, il s’était donc cru, à tort, seul. Autant dire que cela bouleversait quelque peu l’idée qu’il avait eu d’aller se baigner et de nager un peu pour dégourdir ses muscles qui étaient bien trop crispés depuis quelques temps. Mais voilà, tout ne se passe pas toujours comme prévu et cette rencontre hasardeuse en était la preuve. D’autant plus qu’Ambroise avait bien vu que la femme avait eu un court moment de panique en le voyant, or ce n’était pas là son but. Heureusement qu’il avait laissé son épée avec son cheval, cela aurait évité une réaction encore plus paniqué et pourtant, maintenant qu’elle semblait s’être rendu compte qu’il ne présentait absolument pas une menace pour elle, Ambroise semblait plus en panique qu’elle. Amusant retournement de situation où le jeune homme se serait imaginé qu’elle se montrerait gênée d’être dévêtue devant un parfait inconnu, or cela ne semblait absolument pas être le cas.  

L’inconnue était souriante, même à l’aise, alors qu’Ambroise essayait tant bien que mal d’éviter de regarder le corps sans vêtement qui se trouvait devant lui. Gentleman un jour, gentleman toujours… Enfin, vraiment ? « La rivière ne m'appartient pas, elle est l'œuvre des dieux ! Chacun est libre d'en abuser au moment même où il la désire. » En entendant ses propos, Ambroise arqua un sourcil, visiblement intrigué par sa manière de voir les choses. Certes, la rivière ne lui appartenait pas, mais elle s’était baignée avant lui, autrement dit, c’était tout naturel qu’il s’excuse de l’interrompre. D’autant plus qu’il imaginait que tout comme lui elle s’était crue seule. « Alors ? Qu'attendez-vous ? Venez me rejoindre... » Nouvelle surprise du côté d’Ambroise, qui ne comprenait absolument plus du tout ce qui se passait. Elle ne pouvait quand même pas sérieusement lui proposer de la rejoindre dans l’eau alors qu’elle était en tenue d’Eve ? Clairement, elle ne semblait pas être une femme comme les autres. D’un autre côté, toutes les femmes sont différentes, alors dans le fond, elle pouvait bien faire absolument tout ce qu’elle voulait. Mais il n’en demeurait pas moins que c’était… étonnant…

Un sourire mi-gêné mi-amusé étira alors ses lèvres tandis qu’il plongeait son regard dans le sien. « Le gentleman en moi a envie de vous répondre qu’il serait bien plus convenable que je vous laisse seule, comme vous l’étiez avant mon arrivée, au vu des… circonstances… » Autrement dit, étant donné qu’elle était entièrement nue cela ne se faisait pas qu’il la rejoigne. Certes, il n’était plus innocent depuis plusieurs années et ce, même s’il préférait ne pas y penser vis-à-vis de ses sentiments pour Juliana, mais il n’en demeurait pas moins que ce n’était pas particulièrement convenable comme situation. « Vous vous baignez souvent n… » Il faillit dire nu, pour finalement changer de mot au dernier moment. « …seule ? » Après tout, c’était une question comme une autre, mais peut-être aurait-il mieux valu ne pas lui poser de question du tout, faire demi-tour, enfiler à nouveau sa chemise et retourner à Til Garhyt. Mais bon… Ambroise est comme ça, curieux, impulsif parfois, heureusement qu’il avait son côté gentleman pour compenser tout cela, sinon en bon impulsif il serait très certainement déjà dans l’eau à l’heure actuelle, convenances ou pas.

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La femme était semblable à une sirène, lui proposant de venir la rejoindre dans la rivière alors même qu’elle ne portait pas le moindre vêtement. Une sirène qui n’avait peut-être pas d’idées mal placées, mais une sirène qui faisait face à un refus évident d’outrepasser les convenances. Dans le fond, la situation dans laquelle il se trouvait aurait très certainement faire rire Ambroise si seulement cela était arrivé à quelqu’un d’autre. Mais là, il ne riait pas, il était juste gêné. Certes, peut-être le calme de l’inconnue aurait très certainement dû lui éviter cette gêne, mais au final cela ne faisait que l’accentuait. Elle semblait vouloir tester ses limites, tel un chat face à une petite souris apeurer. Et pourtant, même si Ambroise pouvait être par moment impulsif dans sa manière d’être, là il était particulièrement posé, sur la réservé et gêné. Effectivement, il restait un gentleman, un noble, et un Galadhorn. Autant de raisons qui faisait que même si un autre homme aurait profité de la situation, lui, non. Etonnant, oui, car il fallait bien avouer que l’inconnue avait un certain magnétisme qui se dégageait d’elle, un je ne sais quoi qui attirait. Mais même face à une sublime sirène, Ambroise restait Ambroise. Fidèle à lui-même et à ses valeurs.  

C’est alors qu’il eut la mauvaise idée de vouloir lui poser une question, sauf qu’il eut un moment d’hésitation au moment de dire le terme nu qui finit par se transformer dans le mot seule. Forcément, cela la fit quelque peu rire. A sa place, Ambroise aurait très certainement rigolé, mais lorsqu’il constata qu’au lieu de répondre elle se rapprochait de lui de plus en plus pour finalement sortir de l’eau, il n’aurait en aucune façon pu rire. Il se forçait tant bien que mal de garder son regard rivé sur le visage de l’inconnu, voulant éviter à tout prix qu’il ne descende sur les courbes de son corps ô combien séduisantes. Elle était là, à moins d’un mètre de lui, et Ambroise prit une profonde inspiration pour réussir à se calmer, mais c’était plutôt compliqué de rester détendu alors qu’elle était sortie de l’eau. « Je me vois forcée de venir à vous ! La convenance fait-elle déplacer les femmes jusqu'aux hommes ? » Il ne pu s’empêcher d’émettre un petit rire face aux propos de l’inconnue, car elle n’avait pas tord. L’homme se déplace jusqu’à la femme, mais les convenances n’avaient certainement pas dû imaginer une seule seconde la situation dans laquelle Ambroise se trouvait. Il se contenta donc d’hocher la tête, se doutant qu’elle n’attendait pas forcément de réponse de sa part et de toute manière, il ne se faisait pas confiance, il serait capable de sortir la pire ânerie du siècle juste à cause de sa gêne.

« M'accompagneriez-vous jusqu'à ma tunique, messire... ?? ... » Il était démasqué. En même temps, au vu de sa manière d’être, tout en lui semblait crier qu’il était noble, mais bon, ce n’était pas comme s’il cachait le fait d’être un messire. D’ailleurs, lorsqu’elle utilisa le terme messire, Ambroise eut un réflexe qui dans cette situation semblait un peu particulier. En effet, il s’inclina légèrement, comme s’il faisait une révérence, sauf qu’étant à moitié dénudé c’était très étrange et plus étrange encore puisque la personne en face était entièrement nue, mais lorsqu’il constata que le réflexe était pas forcément bien choisi, il fit comme si tout allait bien, se redressa et dit dans un sourire. « Messire Ambroise pour vous servir … » Petit moment de silence, pour également réussir à mettre un nom sur l’inconnue. « Elle ne se trouve qu'à quelques pas, nous pourrions alors discuter de ce qui vous amène par ici ! » Et avant même qu’il n’ait le temps de répondre, elle avait déjà commencé à marcher. Arquant un sourcil de surprise, Ambroise s’étonnait qu’elle lui tourne ainsi le dos, cela la mettait dans une posture plutôt vulnérable. Heureusement pour elle qu’il n’était pas un homme hostile. Il finit par la suivre, puisque visiblement il n’avait pas forcément le choix, même si cela l’ennuyait quelque peu de laisser ses affaires. Mais bon, elle avait l’air de dire que sa tunique n’était pas loin et puis cela arrangerait Ambroise qu’elle soit un peu plus…vêtue. Il la rattrapa donc, préférant marcher à côté d’elle que derrière elle, cela l’éviterait d’avoir le regard rivé sur ses courbes. « Vous êtes de Gwelnaur ? Ou bien êtes-vous de passage dans les alentours ? »  

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Merril… Il était vraiment ravi de pouvoir mettre un nom sur son visage. Surtout que voir son corps avant même de connaître son prénom était vraiment quelque chose de particulier pour Ambroise. En effet, on ne pouvait pas dire que le malaise d’Ambroise s’était dissipé face à son corps dénudé. On aurait pu croire qu’il aurait fini par s’habituer au fait qu’elle ne portait rien, mais bon… Il était ainsi et il serait difficile de le changer. Pour autant, il accepta de l’accompagner jusqu’à sa tunique, même s’il n’avait pas vraiment eu le choix non plus étant donné qu’elle s’était directement mise à marcher vers l’endroit où elle avait déposé ses vêtements. Ambroise en profita donc, marchant à côté d’elle, pour lui demander si elle venait de Gwelnaur ou si au contraire elle était de passage. Après tout, c’était une information qu’il ne pouvait deviner par lui-même et il était plutôt curieux. « Je suis de nulle part et de partout à la fois. Disons que j'aime me rendre là ou le vent me mène... » Réponse particulièrement vague, il s’apprêtait à lui demander plus de précisions, lorsqu’elle ajouta. « Mon coeur reste cependant attaché au royaume d'Heledir... » Ironique lorsqu’on pense qu’Ambroise se rendait justement à Heledir pour y déposer son cœur dans les mains du prince. Pas qu’il comptait se marier avec le prince, mais celle dont il était épris, si. Comme quoi, même en pleine forêt, l’ironie du destin ne pouvait s’empêcher de le titiller. « Vous devez donc beaucoup voyager. » Après tout, si elle se sentait de partout et de nulle part en même temps, c’était bien qu’elle devait très certainement voyager énormément.  

Finalement, ils s’arrêtèrent tous deux devant un amas de vêtements. Elle avait eu raison de lui dire que ce n’était vraiment pas loin. « Mais laissez-moi deviner, j'ai le sentiment que vous êtes un fils de Gwelnaur, je dirais même que vous semblez plus familier aux cours et aux châteaux qu'aux fermes et aux chaumières. Dans ce cas, qu'est-ce qu'un homme de votre rang peut bien faire seul dans cette clairière ? » Un sourire amusé étira ses lèvres en s’imaginant fils de Gwelnaur. C’était à l’opposé de tout ce en quoi il croyait, lui qui était un Galadhorn prônant la paix, voilà qu’on l’imaginait comme un Gwelnaur prônant la violence. Autant dire que plus opposé que ça, il n’y avait pas, par contre, elle avait raison sur une chose, le fait qu’il était familier à la cour. « Vous avez en parti raison dans vos propos me concernant. J’imagine que mes manières m’ont quelque peu trahis. » Après tout, tout dans sa manière de parler, de se tenir, prouvait qu’il était habitué à la cour et aux convenances de la noblesse. Il marqua un temps d’arrêt tandis que Merril, après avoir enfilé sa tunique, venait de boucler sa ceinture sur laquelle se trouvait une épée. Visiblement, elle n’avait rien d’une jeune femme en détresse, elle avait l’air d’être capable de se défendre. Son regard repassa de l’épée vers le visage de la femme. « Par contre, je ne suis pas fils de Gwelnaur, je suis même à l’opposé. » Le coin de sa lèvre droite s’étira en un léger sourire. « Je viens de Taewyn, Galadhorn. » Petit temps d’arrêt avant qu’il ne vienne à se remémorer la question qu’elle lui avait posée. « Quand au fait d’être seul dans cette clairière, disons que j’avais besoin d’espace, d’un retour à la nature… » Et surtout de s’éloigner des Savelli et de l’escorte pendant quelques heures.  Pour autant, il ne développa pas ses propos, se disant que si elle voulait en savoir plus, elle pourrait toujours lui poser la question. « En tout cas, c’est une bien belle épée que vous avez là. » Cela lui faisait d’ailleurs penser que la sienne, se trouvait avec ses affaires. Il faudrait peut-être également qu’il pense à se vêtir à nouveau, car maintenant qu’elle était habillée, il faisait un peu décalé torse nu…

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Ambroise n’avait pas vraiment compris ce qui s’était passé entre le moment où Merril et lui discutaient simplement et celui où soudainement elle avait sorti l’épée de son fourreau l’air menaçante. Peut-être n’avait-elle pas apprécié le compliment qu’il lui avait fait sur son épée, mais en même temps, en en ayant lui-même une, il s’était dit que c’était honnête de sa part de lui dire ce qu’il en pensait. Visiblement cela n’était vraiment pas passé, car la lame qu’il admirait tant se trouvait maintenant à quelques centimètres de sa gorge. Super. Cela lui apprendrait à faire confiance à une parfaite inconnue. Il aurait dû tantôt refuser de la suivre et tout simplement retourner à son cheval, se vêtir et partir. Il se sentait vraiment idiot. Un véritable Galadhorn qui pense parfois trop rapidement que les gens peuvent être aussi bons que lui. « Mon épée éveillerait-elle votre intérêt sir ? » Super. Maintenant elle le prenait pour un voleur et elle lui souriait de manière provocante, sa lame toujours proche de sa gorge. Ambroise était de ce fait à la fois surpris, interloqué, et sous tension. Il ne comptait pas mourir dans ces bois. D’ailleurs, si elle avait voulu le tuer, elle l’aurait déjà fait, c’était donc autre chose qu’elle voulait, mais quoi ?

« Si vous commenciez par me dire ce qui amène réellement un Galdhorn de votre rang sur ces terres hostiles ? » Sans s’en rendre compte, Ambroise avait levé les yeux aux ciels, quelque peu dépité par sa question. Il lui avait dit la vérité. Certes, il n’avait pas expliqué en long en large et en travers ce qu’il était en train de faire en Gwelnaur, mais en même tant elle ne lui avait pas non plus clairement posé la question plusieurs minutes avant. Il fini donc par reposer les yeux sur elle, un sourire amusé au bord des lèvres. Ce n’était peut-être pas le moment de se montrer insolent, mais d’un autre côté, cela l’agaçait qu’elle ait pu croire qu’il ait des intentions hostiles envers elle. « M’avez-vous un seul instant demander ce que j’étais venu faire en Gwelnaur ? Non. Vous m’aviez demandé ce que je faisais seul dans cette clairière et je vous ai répondu honnêtement, j’avais besoin d’espace. Alors Madame, il serait bon de poser les bonnes questions avant de sous entendre qu’une personne puisse vous mentir. » Un rire jaune s’échappa de ses lèvres tandis qu’il ajoutait. « Pour répondre à votre question, si je suis en Gwelnaur, c’est parce que je fais le trajet de Galadhorn jusqu’à Heldir pour pouvoir escorter une famille noble, invitée à Kaern. » Il préféra éviter de parler des fiançailles avec le prince, là n’était pas la question. « Donc oui, si je me trouve à cet instant ici, c’est bien parce que j’avais besoin d’espace. Sept jours sur un bateau, cela donne envie à n’importe qui de pouvoir s’éloigner un peu des personnes avec qui l’on fait le trajet. »

Sa voix était peut-être un peu trop sèche, mais en même temps, Ambroise n’appréciait vraiment pas qu’elle ait pu le croire malhonnête, voleur et menteur de surcroît. « Puis-je également ajouter que si votre épée m’avait véritablement intéressé et si j’étais un voleur comme vous avez pu le sous-entendre, je ne me serai pas mis à converser avec vous. J’aurais cherché le lieu de votre équipement et je serais repartie aussitôt. Maintenant auriez-vous l’amabilité de baisser votre épée ? Ou alors comptez-vous m’égorger sur place ? » Dans le fond, c’était la peur qui parlait. Lorsqu’il était nerveux, Ambroise avait tendance à parler beaucoup trop pour son propre bien. Mais en même temps, cela ne prouvait qu’encore mieux le fait qu’il n’était pas là pour lui faire du mal ou encore pour la voler. Il l’avait croisé par hasard et voilà maintenant qu’il se retrouvait avec une épée dégainée sur sa gorge. Vraiment super… Cela lui apprendra de vouloir s’éloigner de l’escorte.

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Ambroise parlait avec clarté, expliquant la situation à celle qui le menaçait de son épée. Elle voulait des réponses, et bien il allait les lui donner. Certes, il se montrait peut-être trop sec, surtout sachant que c’était elle sa plus grande menace, mais en même temps il n’avait pas particulièrement aimé ses sous-entendus. Il n’avait strictement rien fait pour la pousser à dégainer son épée et pourtant, elle avait tout de même osé sous-entendre qu’il était un menteur doublé d’un voleur. Autrement dit, l’opposé même du caractère d’Ambroise. Alors non, il n’appréciait pas vraiment ce revirement de situation. Il était vrai qu’il aurait certainement dû se montrer moins audacieux dans ses propos. Mais il était ainsi fait Ambroise, trop franc, trop impulsif, cela lui avait déjà valu quelques accros dont il n’était pas fier, mais en même temps, sa franchise était importante pour lui. Et il mettait un point d’honneur à être honnête. Certes, cela ne plaisait pas forcément à tout le monde et être honnête envers une femme armée n’était pas la meilleure idée, mais en même temps, il n’aurait pas pu agir différent. S’il l’avait fait, et bien à ce moment là, oui, elle aurait effectivement pu le traiter de menteur. Sauf qu’il n’en était pas un.

Finalement, Merril se décida enfin à baisser son arme, non sans avoir eu quelques minutes de réflexion. Le visage a présent tourné vers l’horizon, elle semblait dépitée. Peut-être regrettait-elle à présent de l’avoir menacé de la sorte. « Je… » Ambroise arqua l’un de ses sourcils, surpris du revirement de situation. Elle qui avait semblé si sûre d’elle se retrouvait désormais dans l’incapacité de finir correctement une phrase. Elle lui tournait le dos, encore plus étonnant. « Je vous prie de m'excuser » Et elle alla s’asseoir sur une souche d’arbre. Merril semblait vidée… Comme si le feu en elle s’était éteint. Dans le fond, Ambroise était quelque peu déboussolé, il ne savait pas vraiment comment réagir face à ce changement de comportement. Elle était passée de sensuelle à menaçante puis maintenant à brisée. De plus en plus étrange...  « Cette épée appartenait à feu, mon père ! Sans doute avez-vous eu vent de ses exploits. Tormag Eledil... » Effectivement, il en avait eu vaguement parler, mais Ambroise n’était pas une personne à écouter véritablement les rumeurs. Cela ne l’intéressait pas plus que cela, car à ses yeux il y avait toujours plusieurs versions à une histoire, or la version des commérages était toujours la pire. Ainsi n’aimait-il pas juger les autres sur de telles rumeurs. « Elle est malheureusement, tout ce qui me reste de lui aujourd'hui ! » Un triste sourire étira les lèvres d’Ambroise tandis qu’il l’observait. « Je suis sincèrement désolée pour votre perte. » Et il le pensait. Ambroise pensait toujours ce qu’il disait. Après tout, ce n’était pas parce que son père avait pu être un traître, qu’elle ne méritait pas que l’on soit navré pour sa perte.

« Vous devriez continuer votre route… vos semblables n'apprécient pas qu'on les fasses attendre. » C’était une manière de le congédier, Ambroise l’avait bien compris, mais ce n’était pas pour autant qu’il comptait l’écouter. Il fini par s’approcher d’elle, pour finalement se placer à sa droite, son regard suivant celui de Merril pour également se perdre dans le paysage. « Beaucoup d’éléments doivent être vérifiés et achetés avant que nous puissions reprendre la route. Je ne suis pas attendu pas mes semblables avant plusieurs heures. » Il avait sciemment repris le même terme qu’elle à propos des semblables, car cela le faisait quelque peu sourire. Comme s’ils étaient à part, alors qu’en vérité, à ses yeux, tous étaient égaux. « Mais peut-être est-ce vous qui êtes attendue ? » Après tout, il ignorait encore si elle était venue ici seule ou si au contraire, il y avait dans ces bois ses compagnons de voyage qui pourraient arriver ici à tout instant. Il fallait bien avouer qu’il n’apprécierait peut-être pas de se retrouver à moitié nu devant encore d’autres personnes armées. Mais bon. Il verrait bien. « En tout cas, je comprends mieux pourquoi vous vous dites attachée au royaume d’Heledir. L’épée que vous portez est en quelque sorte un lien entre vos souvenirs passés avec votre père et votre terre natale… » Ambroise, même s’il n’avait pas encore connu une telle perte, pouvait tout à fait comprendre qu’elle puisse être autant attachée à un royaume. Lui-même ne pourrait jamais se défaire de son lien avec Galadhorn.