« Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.Je ne vous parlerai pas non plus d'injustice et de droit. Je ne vous parlerai même pas de ces gens qui font rimer ordre et terreur, lois et mensonges, morale et déchéance. Je veux vous parler de cette lumière qui brille en chacun de nous. Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain. Parce que cette lumière est en train de s'éteindre. »
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▬ LES PARCHEMINS : 674 ▬ L'AME : Cattleya ▬ LE REGARD : Daniel Sharman ▬ LE TEMPS : Vingt-six ans ▬ LE SANG : Galadhorn. Loyal jusqu'au bout des ongles, il ne pourrait jamais tourner le dos à sa terre d'origine, encore moins la trahir. ▬ LE FEU : Coeur pris, main libre. Il est amoureux depuis de longues années à une femme qui est promise à un autre. Jamais il ne pourra avouer ses sentiments et en tant que noble, viendra bien le moment où il se devra de faire perpétuer sa lignée. ▬ LE DESTIN : Noble, chevalier. Il a choisi de suivre sa propre voie plutôt que celle de la joaillerie comme sa famille, il est heureux de son choix qui reflète véritabelement sa personnalité et sa loyauté. ▬ LES ROSES : 4597
If only would men think instead of fight, there might be more good ones left.
▬ L'ENVOL : tisserande & marchande des meilleurs tissus d'Elenath. ▬ LES PARCHEMINS : 168 ▬ L'AME : kassie ▬ LE REGARD : tamla kari ▬ LE TEMPS : trente ans ▬ LE SANG : thoron ▬ LE FEU : veuve, encore trop récent pour qu'elle ne songe à se remarier. ▬ LE DESTIN : bourgeoise fortunée, acerbe marchande douée pour les affaires. ▬ LES ROSES : 3792
La matinée avait été éprouvante. Elle avait couru dans les quatre coins de la capitale, en recherche d’une teinture qui lui manquait. Elle avait fait l’erreur d’oublier de la commander, et maintenant elle cavalait dans toute la cité à la recherche de sa perle précieuse. Elle finit par trouver ce qu’elle voulait chez le teinturier, qui non sans une bourse de piécettes se refusait à lui faire au prix habituel. Valeriane dût se retenir pour ne pas lui expliquer le fond de sa pensée. Malheureusement, si ses proches appréciait sa franchise abrupte, ce n’était pas le cas de ses fournisseurs. Elle détestait avoir affaire à ces gens-là ; tout était faux-semblants, et elle ne savait jamais sur quel pied danser. Ayant enfin obtenu ce qu’elle voulait, elle rentra à la Demeure. Elle confia le travail de teinture à son apprenti, tout en supervisant ce qu’il faisait. De jour en jour, il s’améliorait, et Valeriane était époustouflée par sa maîtrise malgré son jeune âge. Nul doute, qu’un jour, c’est lui qui reprendrait les rênes des Tisserêves. Elle le regardait avec une telle tendresse, et lui avec une telle admiration, qu’ils auraient pu être fils et mère.
L’après-midi ensoleillé était radieux ; la baie vitrée du bureau de la maîtresse de maison était ouvert, et laissait entrer les flots de lumière. Le bureau, était très certainement la pièce préférée de Valeriane. Les murs ornaient les plus beaux tissus fabriqués par sa famille, et là ou il n’y avait pas de tissu, il y avait les tableaux de ses ancêtres. Une ode à son patrimoine. Les fauteuils y étaient confortables, et dans l’arrière pièce, elle avait même fait installé un lit, au milieu des commandes prêtes stockées ici bas. Il lui était arrivé de dormir là, la baie vitrée ouverte, les bruits rassurant du jardin berçant son sommeil, lorsque les commandes ne cessaient d’arriver. Et la pièce était rangée à la perfection, chaque détail n’était pas un hasard. Penchée sur les feuilles de comptes, une plume à la main, la seule chose non ordonnée était sa chevelure brune, dont les boucles rebelles sortaient de son chignon.
Elle n’attendait personne cette après-midi ; et lorsque c’était le cas, elle s’occupait de la comptabilité des Tisserêve. Ce qu’elle était plongée, si concentrée qu’elle mis quelques longues minutes, avant de réaliser que quelqu’un venait de sonner. Il fallut que l’un des domestiques, s’inquiétant, ouvre la porte, et vienne s’enquérir de Valeriane. Quelqu’un venait bien de sonner, ce n’était pas son imagination. Délaissant plume et encre, mettant de l’ordre rapidement dans les dossiers ; ranger ce qui était destiné pour ses yeux à elle seulement, et puis elle sortit du bureau. Curieuse, elle se rendit dans le hall. Qui pouvait bien, à cette heure-là, vouloir la voir ? La fin d’après midi approchait, et il était rare qu’elle aie de la visite si tard. Pourtant, quelqu’un l’attendait bien dans le hall. Elle retint un hoquet de stupeur en découvrant planté au milieu du hall, Ambroise Alhuïn, un sourire sur son visage de gentilhomme. Elle se précipita vers lui. « Ambroise ! Mais que fais-tu ici ? » Se disant, elle se rapprocha de lui, et l’enlaça. Ambroise était une des rares personnes avec qui elle ne prenait jamais de gants ; il était plus qu’un ami, un frère d’une autre famille. Elle l’observa de plus près. « Tu as l’air quelque peu fatigué, enchaîna-t-elle, viens, montons dans le bureau. » Elle fit signe à un des domestiques qui ne la quittait jamais lorsqu’elle accueillait quelqu’un. « Arnaud, fais monter des rafraîchissements et de quoi se restaurer, notre invité semble affamé. » Elle se tourna ensuite vers Ambroise, lui prit le bras, et le guida jusqu’au bureau. « Installe-toi. Je ne m’attendais pas à te voir si vite » fronça-t-elle les sourcils. Ne devait-il pas être à Heledir ?
(c) DΛNDELION
Spoiler:
ces gifs sont trop mimis
◭ Ambroise Alhuïn
Chevalier de Galadhorn« Now there's only love in the dark »
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La soudaine présence d’Ambroise lui faisait chaud au cœur. Elle se doutait quelque peu du pourquoi de sa visite, mais la joie de le revoir surpassait tout le reste. Et voilà bien quelques mois qu’elle n’avait pas eu l’air aussi enjouée. Louis lui-même avait tenté, à sa manière, de lui changer les idées. A sa manière étant, lui apprendre le tir à l’arc. Sa mère en avait blanchi et manqué de s’évanouir. Une fille, qui tire à l’arc? Sa fille, qui plus est ? C’était déjà assez compliqué pour elle de voir sa fille diriger les affaires et non son fils ; Valeriane avait bien cru qu’elle allait faire une attaque. Valeriane s’installa sur le deuxième fauteuil, à côté d’Ambroise, délaissant son propre fauteuil habituel. Elle le réservait à ses clients. « Tu vas rire, mais je suis à court de tissus pour me faire un nouveau costume. Un comble pour un noble qui est invité dans quelques jours à un grand bal à Heledir tu ne trouves pas ? » Déclara-t-il en riant, et arrachant un sourire à Valeriane. C’était donc bien là ou il devait être, à Heledir, pour le bal d’un mariage, si la mémoire de Valeriane ne lui faisait pas défaut. Elle haussa un sourcil. « Eh bien tu es chez la bonne personne. » fit-elle avec un clin d’oeil. Quoique le ton humoristique d’Ambroise ne trompait pas, la taquinerie étant présente dans sa voix. Mais tout de même, se retient-elle d’ajouter, faire autant de chemin pour un bout de tissu, n’ont-ils pas de tisserands à Heledir ? Elle savait bien que si, et la présence d’Ambroise ici lui réchauffait l’âme et l’esprit, bien plus qu’elle ne le dirait ; et cela, tous les deux le savaient.
« Je te taquine, j’ai tout simplement eu envie de passer te voir et vu que j’avais enfin une petite accalmie dans mon planning, je me suis dit que c’était l’occasion. Alors j’ai scellé mon cheval et je suis parti, heureusement que le temps était clément ! - et cette pauvre bête est à l’écurie, j’espère ? Toujours en vie ? » C’était aussi une taquinerie, quoique tintée d’inquiétude. Heledir-Thoron, c’est tout même une distance importante. « Mais j’admets que je manque quand même de tissus. » Et cette fois-ci, elle rit. Elle n’avait recommencé à rire que récemment, comme si, de lui même, son corps se souvenait de cette réaction autrefois si naturelle. Et qu’elle ne pouvait contrôler. Le domestique frappa deux coups à la porte, avant d’entrer, le plateau demandé par Valeriane dans les bras. Il posa le plateau sur le bureau. Valeriane le retint une seconde : « Arnaud, prenez soin du cheval de monsieur Alhuïn, s’il vous plaît. Vous pouvez le mettre aux écuries. » Il hocha la tête. Valeriane sourit brièvement. Et il s’en fut. Cette pauvre bête méritait qu’on s’occupe d’elle aussi.
« J’imagine donc, qu’il faut un tissu d’allure, pour ce bal ? » demanda-t-elle sur le ton de la confidence. Elle savait pertinemment qu’il n’était pas venu que pour du tissu, mais autant en profiter. « Ce bal, d’ailleurs, dis-m’en plus. » Curiosité simple ou pas, elle aimait savoir à quelles occasions étaient destinés les tissus qu’elle sélectionnait ; cela l’aidait dans son choix. « Et sers-toi donc à manger à boire. » C’était juste une invitation, mais cela sonnait plus comme un ordre dissimulé. Avec un sourire, elle servit deux verres de vin ; elle lui en tendit un. Le pain, tout juste sorti du four, avait embaumé la pièce de sa délicieuse odeur.
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◭ Ambroise Alhuïn
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Elle se surprenait à se détendre. Rire lui avait fait un bien fou. C’est étrange, comme une si petite réaction physique influe sur l’esprit et sur le corps. Ses épaules étaient moins tendues, et les muscles de son visage s’étaient détendus, laissant plus facilement place au sourire qui lui allait si bien. Elle ne s’était pas rendue compte à quel point, la situation avait pesé, non seulement sur son esprit, mais aussi sur son corps. Elle avait tout encaissé, et par la même, ses muscles avaient encaissé pour elle, tandis que son esprit se barricadait derrière des remparts. Pour la première fois, depuis le décès d’Ariel et de son enfant, elle se permis un instant de détente. Quelle merveilleuse idée Ambroise avait eu, de venir si vite. Il allait falloir qu’elle le remercie. Et elle avait bien une idée de comment faire.
« Merci beaucoup, je pense que sinon j’aurais eu le droit à des coups de sabot. » A nouveau, le sourire prit place sur les lèvres de Valeriane. Cette pauvre bête méritait un peu de repos aussi ; elle craignait que le cheval ne le mette carrément à terre et empêche Ambroise de remonter en selle. Elle avait appris que ces animaux avaient une mémoire formidable et certains étaient tout à fait capable de jeter leurs cavaliers selon leur bon vouloir. Elle en avait vu plusieurs même piétiner leur ancien cavalier, une fois celui-ci à terre.
Ce bal intriguait Valeriane. En attendant que son ami ne se soit restauré, elle grignota elle aussi un bout de pain chaud. A n’en pas douter, elle ne laisserait pas repartir Ambroise tant qu’il n’aurait pas mangé à sa faim, et qu’il ne se soit pas reposé un tant soit peu. « Encore merci, je me rendais pas compte à quel point j'avais soif et faim... » Elle sourit. « ce n’est rien comparé au festin qui t’attends bientôt. » balaye-t-elle ses remerciements d’un geste de la main. Quelque part, elle n’avait pas tord ; les Tisserêve, bien que fortunés, n’aimaient pas dépenser leur argent dans de vastes repas. Ils préféraient de loin la simplicité dans leurs repas, et gardaient leur argent, soit pour le réinjecter dans leur entreprise, soit pour voyager. Les parents de Valeriane étaient d’ailleurs en séjour à Galadhorn en ce moment même. Depuis que leur fille se montrait plus que capable de tout gérer, ils retrouvaient leur jeunesse d’antant, et Valeriane songeait souvent, en les regardant, qu’ils avaient tout l’air d’un jeune couple.
« Pour tout avouer, ce bal est organisé en l’honneur des fiançailles du prince Heledir avec une noble de Galadhorn. » Elle haussa un sourcil. Elle avait déjà entendu parler de cette noble, Juliana Savelli. Un instant, la réalité la frappa. Juliana promise au prince d’Heledir, Juliana dont Ambroise ne cessait de vanter les qualités depuis qu’il venait voir Valeriane. Elle n’ajouta rien, mais elle comprit. Et quelque part, son cœur se brisa pour son ami. Quel cruel jeu du destin. « Les fiançailles vont donc être annoncées durant le bal en question. Et qui plus est, connaissant les Heledir, le bal va très certaine être grandiose, faste... Autant dire qu’il va vraiment falloir que j’ai de l’allure. - Je crois avoir juste ce qu’il te faut. » Elle se leva, disparaissant quelques instants dans l’arrière bureau. Elle revint avec un costume tout prêt, tout juste sortit de chez le tailleur. Un splendide bleu roi, dont chaque ourlet était souligné par des fils d’or. Il était rare que Valeriane ai des costumes pré-faits, mais celui-ci aurait dû être pour Ariel. Et elle ne savait pas quoi en faire, jusqu’à aujourd’hui. Le tissu bien entendu provenait des Tisserêves, Valeriane ayant cousu certaines parties elle-même. Ambroise serait resplendissant dans un tel costume, le bleu roi du costume relevant le bleu de ses iris. Il n’aurait pas juste de l’allure, il aurait l’allure d’un roi. Elle déposa le costume sur le bureau, à bonne distance du plateau. « C’est cadeau de la maison. »
(c) DΛNDELION
◭ Ambroise Alhuïn
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« Tu sais pertinemment que je mettrais de côté tous les festins du monde pour être là avec toi. D’ailleurs, je préfère largement ce que tu me proposes, il n’y a rien de mieux qu’un pain maison et du vin en bonne compagnie. » Elle sourit. Ambroise lui ressemblait parfois énormément ; sa franchise étonnante pour un noble, était la même dont Valeriane usait à longueur de temps. Cette langue acérée n’était toutefois pas sans conséquences. Si elle n’avait aucun mal à traiter avec les gens communs, dès qu’il s’agissait de faire face à un noble et à ses messes en demi-teinte, Valeriane était désemparée, incapable de calquer son comportement sur une étiquette qui dictait de ne pas dire ce que l’on pensait. Ambroise devait avoir les mêmes difficultés, et c’était peut être même plus compliqué, lui qui était de noble naissance. Valeriane leva son verre. « Buvons à la simplicité, et à la bonne compagnie » déclara-t-elle, un fin sourire étirant ses lèvres. Enfin, la Cour n’avait pas que des désavantages, comme cet excellent vin des vignerons de Lugan.
« Il est incroyable et effectivement parfait pour l’occasion ! » L’admiration qu’elle lisait sur le visage du jeune noble l’aurait fait ronronner de plaisir, mais elle se contenta de sourire ; un sourire teinté de fierté. La tenue était effectivement parfaite. Ariel n’aurait jamais l’occasion de la porter ; autant que ce soit quelqu’un en qui elle tenait qui la porte et qui fasse honneur à son métier de tisserande. « Il était pour Ariel... Je ne sais pas quoi en faire. Qu’il reste ici me fend le cœur, tant de travail pour que ce soit juste les meubles qui l’admire...» Elle hausse les épaules. Il mérite vraiment mieux que de rester enfermé dans un bureau jusqu’à ce que les mites viennent grignoter le tissu au fil des années. Et les rares commandes qu’elle a en cours ne concordent pas avec le costume déjà réalisé.
« C’est vraiment adorable Valeriane, mais tu ne peux pas m’offrir un tel présent…Ce costume est absolument magnifique, je ne peux pas l’accepter gratuitement, cela représente des heures de travail et surtout une richesse dans le tissu. » Elle ouvre la bouche, prête à riposter, prête à le convaincre. Elle n’offre que rarement des biens tels que celui-ci ; un tel don, ce n’est pas de la charité, cela témoigne toute l’affection qu’elle avait pour Ambroise. « Tu sais tout aussi bien que moi le coût d’un tel costume et je compte bien te le régler. En plus tu me facilites la vie, il est déjà taillé et autant dire que la coupe est exactement comme je l’avais imaginé pour le bal. » Aussi têtu qu’elle. Elle pose les mains sur le bureau, s’y penche légèrement, un léger sourire sur les lèvres. Elle a bien une idée derrière la tête, quoiqu’il arrive. Elle balaye ses protestations d’un geste de la main. « Tu n’en payeras que la moitié. Ne discute pas, Ambroise, c’est mon dernier mot. Tu feras fureur dans un tel costume, et je suis sûre que tu ne laisseras pas Juliana Savelli insensible. Ni personne d’autre en fait. » Le sourire espiègle qu’elle arborait faisait étinceler ses prunelles. Une autre façon de pousser son ami dans les bras de celle qui le faisait chavirer depuis des années. Elle retourna s’asseoir à côté de lui. Elle hésita un instant avant d’aborder le sujet, mais la question lui brûlait les lèvres, et elle ne put la retenir bien longtemps. « Lui as-tu parlé de ce que tu ressens pour elle ? » Au diable les nobles et les convenances, s’il ne le faisait pas, il le regretterait toute sa vie, Valeriane en était sûre. Et ça le rongerait petit à petit.
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◭ Ambroise Alhuïn
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« C’est un honneur que tu veuilles me le confier, vraiment. » Elle esquisse un bref sourire ; il n’atteint pas ses yeux. Puis, elle hausse les épaules. Le costume était de toute manière beaucoup trop raffiné pour le mari d’une marchande de vêtements. Elle l’avait réalisé à la demande d’Ariel ; il lui avait demandé un costume pour ses fréquentations à la Cour. Il y avait toujours eu un fossé entre eux, un fossé qu’elle avait cru pouvoir enjamber, qu’elle avait cru pouvoir combler, mais les mois avant qu’il ne décède lui avait fait douter. Lors de sa grossesse, le fringuant et courtois noble qu’Ariel était, s’était révélé autoritaire et intraitable. Le fossé s’était élargi, et elle avait regardé son mari s’éloigner. Et le costume, aussi magnifique soit-il, lui rappelait leurs dernières disputes. Valeriane aurait certainement pu trouver un autre acheteur, mais qu’Ambroise le porte retournait la situation, et c’était une façon pour elle, de lui témoigner toute son amitié.
« J’imagine que cela ne sert à rien de protester davantage… Alors merci, c’est vraiment un superbe costume et je le porterais avec fierté. » Elle sourit, une fois de plus ; mais cette fois-ci, ses yeux pétillèrent. Au travers d’Ambroise, c’est aussi la maison Tisserêve qu’il rendrait fier en portant le costume. Bien que commandé par Ariel, c’était Valeriane qui s’en était occupée ; elle ne laissait personne, pas même son mari, lui dicter comment tisser, et encore moins comment gérer son temps et ses affaires. Une telle détermination aurait pu être sa perte face à un autre, et pourtant au fil des années, ce caractère bien ancré, lui avait permis de gravir - et de faire gravir à sa famille - les marches de la fortune. N’en déplaise au plus aisé des nobles, les rumeurs allaient bon train sur la trésorerie des Tisserêve. Le fait qu’ils soient extrêmement discrets sur ce détail n’était pas sans animer de vives messes basses.
« Je ne lui en ai pas parlé et… Je ne compte pas le faire. » Elle fronça les sourcils, prête à riposter, mais il ne lui en laissa pas le temps. « Elle va épouser un prince, ce mariage compte énormément pour sa famille et je sais que sa famille compte énormément pour elle. Elle…ne pourrait pas leur tourner le dos sans être accablée de chagrin. Au moins dans la situation présente, il n’y a que moi qui aie du chagrin. » Elle resta un instant interdite. Le courage d’Ambroise la figeait sur place. Il devait se battre avec lui-même, entre sa franchise et sa tristesse d’un amour qu’il pensait perdu. « Oh, Ambroise. » Il se laisserait déchirer le cœur pour qu’elle n’aie pas le sien brisé. Elle hésita un instant, choisissant ses mots avec soin ; étrange comportement de la part de la tisserande qui n’hésitait que rarement à exprimer le fond de ses pensées. « prends garde, à ce que les non-dits ne te déchirent pas de l’intérieur. » Car la culpabilité est plus tranchante que le fil d’une épée ne le sera jamais. « Je lui ai offert un bracelet… - A lui seul ce présent en dit beaucoup. Elle a beaucoup de chance de t’avoir. Et moi aussi. » rajoute-t-elle avec un bref sourire ; à n’en pas douter, Ambroise avait forgé ce bracelet lui-même. Une preuve d’un amour interdit, à demi-mots, caché de tous.
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Elle hésite. Elle hésite à lui parler, à lui ouvrir son cœur, à laisser échapper la culpabilité monstre qu’elle ressent. Elle hésite et pourtant elle sait qu’Ambroise n’est là que pour elle. Mais elle est comme ça, Valeriane, les sentiments et la douleur, elle n’aime pas les partager, elle ne sait pas comment les communiquer verbalement. Et pourtant lui se confie si aisément ; oh, ce qu’elle aimerait être si à l’aise. « J’essaierai… Ce sera certainement plus facile lorsque je serais retourné à Galadhorn. Là, lorsque je la voie à Kaern c’est vraiment étrange. D’autant plus étrange lorsque j’ai escorté les Savelli jusqu’à la capitale pour qu’elle se fiance devant le royaume entier. » Elle l’envie, elle l’admire, pour ce courage dissimulé dont il fait preuve, continuant à côtoyer la femme qu’il aime et qu’il ne pourra pas avoir. Devoir supporter les règles de la Cour, alors que son cœur crie amour. La déception est si visible sur le visage d’Ambroise, qu’elle fend le cœur de Valeriane. Là, à l’instant, elle serait capable de chevaucher jusqu’à Kaern, de trouver cette Julliana, de la secouer, de l’intimer d’écouter son cœur plutôt que sa famille. « Oui, ça n’a pas dû être facile. »
Une pause, encore hésitante. « Ambroise... » Elle soupire, souffle. « Je ne sais pas comment dire ça, mais il faut que ça sorte. Je n’en ai parlé à personne d’autre. » Il faut que ça sorte. Elle ne peut pas garder cette culpabilité pour elle, ça la ronge de l’intérieur. « Ariel... Ariel n’était pas celui que tu penses. Il, enfin, si, au début. Les choses ont changé quand je suis tombée enceinte. Il a changé, il rentrait rarement, il ne voulait plus que je m’occupe des clients. Comme si ... Comme si être enceinte était une maladie contagieuse ! » Elle en tremble, de colère, de fureur incontrôlée autrefois si parfaitement maîtrisée. « On s’est disputés juste avant qu’il ne parte en livraison pour les Ardenais. C’est moi qui devait l’effectuer. Il a remis en question tout ce que j’étais, tout ce pour quoi je me suis battue des années. Quel genre de mari fait ça? » Elle contrôle sa voix, toute juste, mais on discerne du ressentiment, de la colère, indéniablement. « Et puis il n’est pas revenu. » Elle ne sait plus comment réagir. Tristesse ? Sa relation avec Ariel n’était plus le conte de fée que cela avait été. Elle n’éprouve plus de tristesse face à sa mort ; es-ce pour autant normal ? Ne devrait-elle pas le pleurer comme toute bonne épouse ? Elle ne le peux pas, rongée par sa fureur, par les mots qu’il a apposés au fer rouge dans son esprit.
« Moi aussi j’ai de la chance de t’avoir. Je suis vraiment ravi d’avoir fait tout ce chemin. » Ils se rendent service l’un l’autre, se confortent réciproquement. Si Valeriane rêve d’un autre frère, elle l’a trouvé en Ambroise. « Surtout que grâce à toi je vais pouvoir faire tourner des têtes lors de ce bal. » Elle sourit. « Tu m’en diras des nouvelles, surtout. J’adore savoir quel effet ont mes créations, surtout cette pièce-là qui est une première sortie des ateliers Tisserêve ! » Habituellement c’est le tailleur qui se charge de coudre et de réaliser les costumes. Valeriane se contente de fournir le tissu et les étoffes. Parfois d’assister quelque peu le tailleur, mais jamais de réaliser une pièce comme celle qu’ils ont devant les yeux. « Et dis-moi, comment se débrouille ton apprenti ? - Il est incroyable, peut être plus doué pour les tissus, les étoffes et la couture que je ne le suis ! Sans aucun doute qu’il sera meilleur que moi dans ce domaine-là. En ce qui concerne le marchandage ... Il a encore des progrès à faire. » Elle ne tarit pas d’éloges sur son apprenti ; elle admire profondément le gamin pour sa ténacité, retrouvant un peu d’elle en lui, et sa détermination, est semblable à celle de Valeriane. Il lui manque en effet les rudiments du commerce, mais elle ne s’inquiète pas, cela viendra avec le temps.
(c) DΛNDELION
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◭ Ambroise Alhuïn
Chevalier de Galadhorn« Now there's only love in the dark »
▬ LES PARCHEMINS : 674 ▬ L'AME : Cattleya ▬ LE REGARD : Daniel Sharman ▬ LE TEMPS : Vingt-six ans ▬ LE SANG : Galadhorn. Loyal jusqu'au bout des ongles, il ne pourrait jamais tourner le dos à sa terre d'origine, encore moins la trahir. ▬ LE FEU : Coeur pris, main libre. Il est amoureux depuis de longues années à une femme qui est promise à un autre. Jamais il ne pourra avouer ses sentiments et en tant que noble, viendra bien le moment où il se devra de faire perpétuer sa lignée. ▬ LE DESTIN : Noble, chevalier. Il a choisi de suivre sa propre voie plutôt que celle de la joaillerie comme sa famille, il est heureux de son choix qui reflète véritabelement sa personnalité et sa loyauté. ▬ LES ROSES : 4597
If only would men think instead of fight, there might be more good ones left.
▬ L'ENVOL : tisserande & marchande des meilleurs tissus d'Elenath. ▬ LES PARCHEMINS : 168 ▬ L'AME : kassie ▬ LE REGARD : tamla kari ▬ LE TEMPS : trente ans ▬ LE SANG : thoron ▬ LE FEU : veuve, encore trop récent pour qu'elle ne songe à se remarier. ▬ LE DESTIN : bourgeoise fortunée, acerbe marchande douée pour les affaires. ▬ LES ROSES : 3792
Se confier, parler de ses sentiments, ce n’est jamais évident. Elle savait qu’Ambroise l’écouterait quoiqu’il arrive, quoiqu’elle dise ; mais ce n’est pas ainsi qu’elle fonctionnait. Sa propre famille, hormis son frère, n’étaient pas très sentimentaux, ils avaient tendance à garder leurs émotions et à continuer à vivre. Quelque part, elle en porte les marques. Si Louis sait tout ce qu’elle a sur le cœur, c’est différent lorsqu’il s’agit d’en parler à quelqu’un. Elle ne compte pas vraiment son frère comme une personne ; ils sont deux moitié d’une même personne, aussi fusionnel que peuvent l’être des jumeaux, et surtout, Louis la connaît par cœur et lui tire les vers du nez aussitôt. Peut être aurait-elle dû considérer Ambroise comme elle le fait avec Louis. S’ouvrir aux autres est d’autant plus compliqué lorsque l’on perd un être cher. On se protège, on se barricade derrière les murs d’une citadelle imaginaire.
Elle se confie alors, laisse parler son coeur, pour la première fois depuis la mort d’Ariel. Sa franchise légendaire ne s’applique pas avec ses sentiments. Sauf si elle sait qu’elle sera écoutée, et qu’elle trouvera un peu de réconfort. Et elle sait qu’Ambroise est là juste pour ça, sinon, pourquoi diable aurait-il fait tout ce chemin ? Sa sollicitude la touche plus qu’elle ne le dit, mais elle n’oublie pas.
« Ariel n’a pas dû se rendre compte à quel point tu étais forte. Il avait peut-être peur pour toi, pour le bébé… Mais même si c’était le cas, il n’aurait jamais dû te traiter ainsi. Tu es une femme remarquable. Certainement la femme la plus forte que je connaisse et il aurait dû s’en rendre compte. » Il a pris sa main, soutient supplémentaire physique. Elle ne pleure pas, la tisserande, ses larmes ont séché depuis des semaines, balayées par la colère, le ressentiment, et la culpabilité. Même à la mention de son enfant mort, elle ne bronche pas. Elle ne sait pas si ce qu’Ambroise dit est vrai, elle ne saura jamais si effectivement Ariel avait agi par peur pour elle et pour le bébé... et pourtant, une voix dans le fond de son esprit continuait à lui dire que non, que ce qu’il avait voulu, c’était la contrôler. « Pour autant, il ne faut pas que tu t’en veuilles pour ce qui s’est passé… Il faut lui pardonner et te pardonner également. Essaie de te remémorer tous vos bons moments en essayant de mettre de côté les dernières semaines avant son décès… Votre histoire ne se résume pas qu’à ça. Alors souviens-toi des bons souvenirs. » Elle sourit brièvement. « Non, bien sûr... C’est juste que.. je ne suis même plus sûre de mes souvenirs, s’ils sont si bons que ça. » Elle déteste Ariel pour avoir tout remis en question ; elle repasse les moindres souvenirs dans les détails, remarquant chaque geste qu’il a eu, chaque parole, à la recherche du déclenchement, de son changement, et elle le voit partout. Elle soupire. « Ça passera. » C’est une mauvaise passe.
« Je te promets de t’envoyer un message le lendemain du bal pour te raconter les moindres détails ! » lui répondit-il ensuite à sa demande de la tenir au courant de l’effet du costume. Valeriane voit rarement ses propres créations à l’oeuvre, et celle-ci est particulière à ses yeux. Ils en viennent à discuter de son apprenti. « C’est vraiment merveilleux ! Tu dois être tellement fière de lui qu’il arrive autant à s’améliorer ! Par contre le marchandage…disons que c’est un coup de main à prendre et que ce n’est pas toujours très évident. » Elle esquisse un bref rire. Parfois, elle oublie qu’Ambroise aussi, a eu une vie de marchand, sa famille étant dans la joallerie. Elle hausse les épaules. « Toi comme moi, on sait que ça vient surtout avec l’expérience ! On ne se fait plumer qu’une fois en général. »
(c) DΛNDELION
◭ Ambroise Alhuïn
Chevalier de Galadhorn« Now there's only love in the dark »
▬ LES PARCHEMINS : 674 ▬ L'AME : Cattleya ▬ LE REGARD : Daniel Sharman ▬ LE TEMPS : Vingt-six ans ▬ LE SANG : Galadhorn. Loyal jusqu'au bout des ongles, il ne pourrait jamais tourner le dos à sa terre d'origine, encore moins la trahir. ▬ LE FEU : Coeur pris, main libre. Il est amoureux depuis de longues années à une femme qui est promise à un autre. Jamais il ne pourra avouer ses sentiments et en tant que noble, viendra bien le moment où il se devra de faire perpétuer sa lignée. ▬ LE DESTIN : Noble, chevalier. Il a choisi de suivre sa propre voie plutôt que celle de la joaillerie comme sa famille, il est heureux de son choix qui reflète véritabelement sa personnalité et sa loyauté. ▬ LES ROSES : 4597
Lun 13 Avr - 16:46
Spoiler:
Je me sens tellement honteuse, j'ai pas reçu de notifications disant que tu m'avais répondu, sinon tu me connais tu aurais eu la réponse dans la journée