« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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« En effet, cela risque de déplaire à un grand nombre. J’espère simplement que votre voyage sera bon, et que vous pourrez éviter de le faire seul. » Ambroise savait d’avance que même s’il venait à trouver du monde pour voyager avec lui, son voyage ne pourrait être bon car il aurait alors le cœur lourd, brisé. « C’est adorable de votre part. Je l’espère également… » Il ne voulait certes pas déjà y penser, mais il savait pertinemment que dès qu’il quitterait Kaern, qu’il laisserait Juliana, il y aurait alors une blessure au fond de lui qu’il ne pourrait réparer. Il est vrai que l’on dit que le temps fait des miracles et peut-être qu’il pourrait par la suite être heureux. Trouver une femme. Fonder une famille. Avoir un chez lui. Mais pour le moment, son chez lui c’était là où Juliana se trouvait. Or elle allait se marier et avoir son propre chez elle. Ambroise n’en ferait plus vraiment parti et cela le brisait progressivement. Ce n’était pas comme une blessure à l’épée, directe, mais plus comme un poison qui coulait dans ses veines et qui lui faisait de plus en plus de mal. Impossible de l’arrêter.

« Vous avez raison, ce n’est pas grave, la santé des chevaux passe avant. De toute façon je doute que nous ayons pris beaucoup de retard depuis notre départ ? » Il réfléchit un instant avant de répondre à sa question. « Non en effet, nous avons pas pris beaucoup de retard. Peut-être qu’au final nous allons arriver avec une petite demi-journée de retard, mais pas plus. Nous avons bien suivi le programme. » En effet, tout avait été réfléchi avant le départ. Par où ils allaient passer, où ils allaient s’arrêter. Tout était calculé et c’était tout à fait normal pour s’assurer de ne pas avoir de mauvaises surprises, mais aussi pour prévenir ceux chez qui ils se rendaient. Il fallait bien que ces derniers puissent se préparer à leur venue. « Je ne pensais pas que cela aurait été aussi fatiguant et même si nous avons pu nous reposer plusieurs fois dans diverses auberges, il est vrai qu’un véritable lit n’est pas négligeable. Surtout lorsque nous n’avons pas l’habitude que quitter notre lit habituel. » Effectivement, pour ceux qui n’avaient pas l’habitude cela devait être compliqué.

« Effectivement, on pourrait croire qu’un voyage en carrosse puisse être agréable, mais au final ce n’est pas forcément le cas… Pour tout vous avouer, je sais que je suis bien plus à l’aise à cheval que dans un carrosse. J’avais eu l’occasion lorsque j’étais petit de faire le trajet comme vous et je dois dire qu’à cet instant je suis ravi d’être à cheval. » En même temps, il adorait l’équitation, alors forcément, cela lui faisait toujours plaisir de pouvoir monter à cheval. Certes, c’était long et cela pouvait être éprouvant pour le dos, mais il n’empêchait pas moins qu’il appréciait cela. « Peut-être que vous-même vous seriez finalement plus à l’aise à cheval, mais je doute une nouvelle fois que Lord et Lady Savelli apprécient l’idée. »

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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Alors qu’il la voyait ainsi les pieds dans l’eau, Ambroise se disait que cela lui faisait vraiment du bien de la voir sourire ainsi. Surtout sachant que c’était peut-être le dernier ou avant dernier moment qu’il pourrait avoir avec elle avant qu’il ne doive rentrer à Galadhorn. Alors forcément, cela lui faisait du bien. C’était comme si pendant un instant, le temps s’était arrêté, qu’il n’y avait plus le mariage, plus la route à faire, juste eux deux. Leur vie aurait dû être ainsi, pour toujours, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Ah comme il avait envie de s’insulter parfois de ne pas avoir eu le courage de lui avouer ses sentiments bien avant que tout cela ne se produise. Comme quoi, parfois un rien peut tout faire basculer…

« Je n’en doutes pas une seule seconde. Au fond je vous envie, au moins vous n’avez pas à supporter mes parents pendant ce voyage. » Un léger sourire se posa sur les lèvres d’Ambroise. Effectivement, il se doutait bien que cela ne devait pas être de tout repos de faire le voyage avec ses parents dans le même carrosse. Pour sa part, il était ravi d’être à cheval, au moins c’était tout de même assez calme et il pouvait se perdre un peu dans ses pensées. Voilà pourquoi il en vient à lui dire qu’elle serait peut-être un peu plus à son aise à cheval. « C’est possible, mais il est certain que mes parents refuseraient une telle chose. Tu n’es pas faite pour monter à cheval, surtout pas alors que tu vas rencontrer ton futur époux. J’entends déjà leurs mots. » La remarque de Juliana le fit quelque peu rire, car en effet, c’était tout à fait possibles qu’ils viennent à réagir ainsi. « C’est bien dommage, car monter à cheval c’est vraiment une sensation incroyable. On a l’impression d’être… » Il marqua un temps d’arrêt, comme s’il doutait de pouvoir utiliser ce terme devant elle. « … Libre. »

« Vous n’auriez pas envie par hasard d’échanger nos parents, les votre sont bien moins stricte que les miens. Du moment qu’une chose ne leur plaît pas, je ne dois pas approcher au risque de me faire réprimander, vous n’avez qu’à prendre l’exemple de plonger mes pieds dans une rivière. Ce n’est rien d’exceptionnel et pourtant pour eux c’est un crime. » Effectivement, les parents d’Ambroise étaient bien moins stricts que ceux de Juliana, tout simplement parce qu’ils voulaient ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants et non pas pour eux-mêmes. Voilà pourquoi ils ne forceraient jamais Niamh à prendre un époux qu’elle n’aurait pas voulu et de toute façon, Ambroise s’y opposerait de suite, car il souhaitait que sa sœur soit heureuse. Alors oui, il pouvait comprendre qu’elle veuille parfois changer de famille. « Vous savez… cela ne doit pas vous empêcher de faire ce qui vous rend heureuse. Vous avez envie de marcher dans l’eau, faites le. Vous avez envie de monter à cheval et bien allez-y. Le bonheur est dans les petites choses de la vie et il serait bien dommage que vous y renonciez parce que vos parents ne se rendent pas compte de cela… »

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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« C’est certainement pour ça qu’ils ne voudraient pas que je monte, je ne suis pas libre. Prisonnière du destin qu’ont choisit mes parents. » C’était triste qu’elle voit les choses de cette façon, mais d’un autre côté, elle avait bien évidemment raison. Ses parents avaient toujours tout choisi pour elle, et cela donnait quelque peu l’impression que Juliana était une prisonnière. Voilà pourquoi Cassiopée était partie, Ambroise le comprenait à présent et c’était pour cela que lorsqu’il l’avait vu il avait fini par lui pardonner son départ. Après tout, il voulait que Cassiopée soit heureuse tout comme il souhaitait le bonheur de Juliana sauf que celle-ci ne semblait vraiment pas heureuse. Ses parents décidaient tout et elle, elle subissait. C’était triste et le pire c’était qu’il se sentait impuissant. Il ne pouvait pas l’aider… « Les choses sont bien plus simples à dire qu’à faire, croyez-moi. Surtout lorsqu’on dépend d’eux. » Petit sourire quelque peu triste de la part d’Ambroise, oui, il voulait bien la croire sur ce point. Mais comme toujours, il oubliait à quel point les Savelli et les Alhuïn ne se ressemblaient pas du tout. Là où les Savelli imposaient leurs choix, les Alhuïn, eux, acceptaient les choix de leurs enfants et ils les soutenaient. Comme quoi, chaque famille est différente.

C’est alors que Juliana se mit à s’approcher de lui et donc du bord de la rivière tout en lui demandant de l’aide. Bien évidemment, Ambroise tendit sa main pour l’aider à sortir de là, sauf que soudainement, Juliana se mit à glisser et sans qu’il ne puisse retire la chute, puisqu’il se trouvait lui-même en déséquilibre de base, se retrouva dans l’eau. Super… Mais en entendant le rire de Juliana, Ambroise ne pouvait que rire également. Son rire était communicatif après tout. « Bon je pense que mes parents ne vont pas apprécier. Mais ce n’est pas grave, nous trouverons l’excuse parfaite. » Ambroise fit alors une petite moue en essayant de se redresser. Ses bottes étaient entièrement trempées ainsi que son pantalon. « Je sens qu’effectivement, ils ne vont pas du tout aimer… » Il lui tendit alors la main pour pouvoir l’aider à se relever, sauf qu’à nouveau, elle glissa et une nouvelle fois, il se retrouva à l’eau. « Vous l’avez fait exprès ? » Avec un petit sourire en coin, Ambroise observait Juliana qui semblait plutôt fière d’elle. « C’est vrai que mouillé pour mouillé… » Et là sans cri égard, Ambroise plongea ses mains dans l’eau avant d’envoyer une vague vers Juliana. Puis il se mit à rire de bon cœur. Visiblement, cette simplicité lui faisait du bien. Bon…Il ne savait pas encore comment ils allaient expliquer cela aux parents de Juliana, mais pour le moment il ne s’en préoccupait pas trop.

« Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant. »

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Des enfants. Ambroise et Juliana étaient revenu à l’époque où ils étaient encore enfants, riant aux éclats et s’éclaboussant de plus belle, inconscient des remarques que cela pourrait provoquer. Ils profitaient, tout simplement, du moment présent. Et c’était peut-être cela le secret du bonheur : profiter de l’instant, sans penser au lendemain. Après tout, le lendemain ne pouvait être que sombre pour tous les deux puisqu’ils allaient devoir être séparés et même si ni l’un ni l’autre ne connaissait l’étendu des sentiments de son vis-à-vis à son encontre, il n’en demeurait pas moins qu’ils s’aimaient. Cela se sentait dans la manière qu’ils avaient de rire de tout malgré leur discussion sérieuse quelques secondes avant cela, dans leur façon de se regarder, dans leur envie de rester encore là l’un pour l’autre. Oui… Ils s’aimaient sincèrement et c’était certainement cela le pire, qu’ils n’osaient se l’avouer alors que tous les signes étaient là. Mais en même temps, ce n’était pas le bon moment, il n’y aurait plus de bon moment. Alors Ambroise l’éclaboussait en riant pour finalement se mettre à la chatouiller. Ah… Comme il aurait voulu rester dans cette rivière, insouciant de l’épée de Damoclès qui se trouvait au dessus de leurs têtes. Oui, il aurait adoré.  « Je me rend. Je me rend. » Alors il riait, en espérant que le temps s’arrête, mais les minutes continuaient de défiler à son plus grand désarroi. « On dirait que vous avez gagner finalement. J’ai voulu jouer j’ai perdu. » « Vous auriez dû vous en douter, déjà lorsque nous étions enfants je m’amusais à vous faire rire pour gagner. » Après tout, la jeune femme était bien trop chatouilleuse pour qu’Ambroise n’utilise pas cela. Et puis... Cela lui faisait tellement du bien de la voir rire.  

« Je pense qu’il serait préférable de sortir et de se mettre au soleil. Au moins pour espérer sécher un peu. » Ambroise hocha la tête. « Vous avez raison. » Il fallait bien qu’ils se sèchent un peu, car là ils étaient véritablement bien trop trempés pour pouvoir retourner au carrosse dans cet état. Alors Ambroise se redressa pour finalement aider la jeune femme à sortir de l’eau. Fort heureusement, ils ne glissèrent pas une troisième fois, conscient tous les deux que le temps passait et qu’il fallait bien qu’ils se montrent un peu raisonnable. Mais bon… Ambroise avait du mal à être raisonnable, lui qui désirait tellement lui montrer l’étendu de ses sentiments. C’était compliqué. Très compliqué, d’être là, auprès d’elle et de ne rien pouvoir lui dire. Surtout sachant que c’était là leur dernière opportunité. « Vous aviez dit que j’aurais le droit à une danse l’autre jour. Je pense qu’il est préférable de la faire ici, même si nous n’avons pas de musique. » Un petit sourire vient se poser sur les lèvres d’Ambroise qui fit alors une petite révérence tout en tendant sa main vers Juliana. « Vous permettez ? » Et dès que celle-ci posa sa main dans la sienne, Ambroise la ramena délicatement contre lui, tout en fredonnant une mélodie. Doucement ils dansaient au rythme de la musique fredonnée, à défaut de ne pouvoir avoir de véritables musiciens. Et tandis qu’ils dansaient, Ambroise chuchota doucement. « Vous allez énormément me manquez Juliana, Galadhorn ne sera plus pareil sans vous. » Il le pensait sincèrement. Et dans un sourire il la fit délicatement tourner sur elle-même avant de la ramener vers lui. Ils dansaient, fredonnaient la musique, priant pour le temps s’arrête, mais à un moment où un autre il leur faudrait retourner au carrosse et reprendre la route pour Kaern. Mais Ambroise redoutait le moment où il devrait la lâcher, car alors il saurait, que leur dernier instant ensemble serait terminé…