« May we meet again, when I can trust my heart and not my brain, be safe and rescue your friends, then maybe we can meet again »

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Theodas avait conscience qu’un jour viendrait et que lui aussi, il devrait certainement parler de lui à son ami. Cela serait égoïste et même hypocrite de sa part de vouloir connaître la vérité sur la vie d’Ambroise mais oser lui mentir sur la sienne. Si le chevalier lui demandait, il faudrait qu’il lui explique, peut-être pas forcément en détails mais au moins les grandes lignes… Parce que l’homme que son camarade connaissait n’existait pas vraiment en réalité, il s’agissait d’une identité qu’il avait prise alors que celle qui le définissait était morte en même temps que ses parents ce jour-là. Pourtant, son véritable nom était bel et bien Samael Devorak et non pas Theodas Rosenwald. Une situation compliqué et probablement qu’Ambroise ne verrait jamais venir. Hors l’heure n’était pas encore aux confidences même si doucement, discrètement, le jeune homme avait glissé sa remarque à propos des secrets de chacun, sous-entendant ainsi que lui-même avait des choses qu’il n’avait jamais révélé à haute voix. Quand sa confiance pour le chevalier serait reconstruite, quand il pourrait de nouveau le regarder dans les yeux sans hésiter, alors certainement qu’il lui en parlerait. Mais pas maintenant, puisque maintenant, c’était encore trop tôt. Il avait déjà du mal à digérer la nouvelle de son ami, cela lui aurait été difficile de se confier sur sa vie passée… Il était assez troublé comme ça et il se doutait que l’autre garçon l’était certainement aussi.

Une fine esquisse s’était formée sur ses lèvres à la réaction de son interlocuteur et à son clin d’œil, tandis que lui reportait son attention sur son verre. « C’est dans ton propre intérêt de rester toujours le même. » Plus provocateur, plus sévère bien qu’une pointe de taquinerie était ressortie de son intonation. Evidemment qu’il plaisantait à moitié parce qu’il serait triste et déçu si son amitié avec le chevalier devenait différente à cause de son statut qui n’était plus le même. Theodas promettait de faire de son mieux pour ne pas changer, pour continuer de l’accepter tel qu’il était puis de le soutenir comme il l’avait toujours fait jusqu’à présent. « Vas-y si tu veux puis reviens après. Je me doute que ça doit être lourd à porter. » Rien qu’à la regarder, il avait l’impression de sentir ses épaules s’affaisser. « Je ne sais pas encore. Il faudrait que je vois avec la troupe. » Cela dépendait du programme de leurs spectacles et pendant combien de temps ils avaient décidé de faire des représentations. « Mais je pense dans deux-trois jours. » Puisqu’ils ne restaient jamais énormément de temps à des endroits, rien que pour lui, c’était dangereux s’il s’exposait trop longtemps. « Tu viendras avec nous du coup ? » Ambroise avait déjà accepté plus tôt mais peut-être que son programme prévu ne le lui permettrait pas.

« May we meet again, when I can trust my heart and not my brain, be safe and rescue your friends, then maybe we can meet again »

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Ambroise se doutait bien que tout comme lui, Theodas devait très certainement cacher des choses. Il est difficile d’être cent pour cent sûr qu’on peut faire confiance à quelqu’un, sûr que la personne ne va pas nous poignarder dans le dos, sûr qu’on peut être honnête…Cela, il ne le savait que trop bien à quel point il y avait toujours une petite marge potentielle d’erreur. Après tout, comment réussir à juger une personne dans simple coup d’œil ? Chaque être humain à ses complexités, des nuances imperceptibles au départ, mais qui deviennent évidentes au fur et à mesure. Alors oui, Ambroise se doutait que Theodas devait lui aussi garder une part de son histoire pour lui et dans le fond, il ne lui en voulait absolument pas, car après tout, il savait que la confiance était difficile à donner. Car même en étant ami avec Theodas, il n’avait peut-être pas eu la confiance nécessaire pour lui dire la vérité avant que ce dernier ne l’apprenne par hasard. Comme quoi, tout est toujours compliqué. Mais en même temps, ne dit-on pas que la confiance engendre la confiance ? C’est seulement quand on l’accorde qu’on peut l’obtenir. Alors oui, un jour viendrait où Ambroise et Theodas se feraient entièrement confiance, mais ce jour n’était pas aujourd’hui, et encore moins maintenant.

« C’est dans ton propre intérêt de rester toujours le même. » Sa remarque était quelque peu provocatrice et sévère, mais Ambroise préféra la prendre de manière légère. « Ne t’en fais pas, c’est au programme. » Et il lui fit un petit clin d’œil amusé avant de porter son verre à ses lèvres, tout en ajoutant qu’il serait tout de même plus à l’aise s’il pouvait enlever cette satanée armure. En même temps, ce serait quelque peu impossible d’avoir une armure légère avec tout ce métal… « Vas-y si tu veux puis reviens après. Je me doute que ça doit être lourd à porter. » Ambroise hocha la tête face à sa proposition, cela semblait effectivement être la meilleure solution. « Oui je vais faire ça, cela m’évitera d’avoir l’impression qu’on me compresse les épaules. » Petit rire de sa part avant qu’il ne vienne à lui demander plus sérieusement quand est-ce qu’ils devaient partir pour Calendyr. Après tout, il préférait poser la question maintenant avant d’oublier. « Je ne sais pas encore. Il faudrait que je vois avec la troupe. Mais je pense dans deux-trois jours. Tu viendras avec nous du coup ? » Dans deux trois jours cela lui convenait. « Oui oui je viendrai avec vous, cela me permettra de me reposer quand même un peu avant de reprendre la route, donc c’est parfait. » Il marqua un petit temps d’arrêt avant d’ajouter. « Je passe du coq à l’âne, mais… Je ne sais pas toi, mais moi j’ai vraiment faim, tu crois qu’on pourrait se commander quelque chose le temps que j’aille me changer ? Je t’invite. » Ainsi, une fois dans une tenue plus agréable, il pourrait se sustenter tout en continuant la conversation avec Theodas. Cela pouvait être une bonne idée, non ?