Elle te provoque, Geory. Elle provoque ta libido, évoquant la patience dont tu fais preuve. Elle n'a pas l'air d'en avoir, elle, de la patience, tant tu la sens bouillonner de désir, tant elle a l'air de mourir d'envie que tu t'occupes d'elle.
Elle te chauffe, Geory, après avoir dévoré ta bouche avec une avidité non feinte, pendant qu'elle poursuit son travail dans ton futal. Ton désir grandit, grandit en toi si fort que tu te sens à l'étroit, là-dedans. Tu meurs d'envie de retirer ce bas, de glisser ton membre en un autre endroit, bien plus accueillant, plus chaud, plus flexible. A priori et vu les dires dont elle t'abreuve, elle partage ce désir, sans doute échauffé par la boisson qui circule à toute vitesse dans vos veines. Tu ne sais même plus vraiment où tu es, Geory, tant ton esprit s'est fait la malle avec le peu de raison qu'il te restait.
Quid de ta vengeance, du nom que tu pourrais peut-être récupérer en livrant Dellsa ? Quid de l'honneur, de celui que tu dois à Lucia ? Tout s'est visiblement enfui avec le surplus d'alcool, loin, dans ta pisse.

Prends-moi si tu l’oses. Mais pas ici.
C'est parti. Tu la sentais déjà chaude, Geory, mais là elle se révèle bouillante. Son regard qui se pose sur toi, aguicheur, provocateur, oh combien séducteur. Le nouveau jeu, chaud comme le soleil qui depuis longtemps s'est couché pour ne pas perturber vos ébats, te semble particulièrement alléchant. Et tu n'hésites pas une seule seconde à la suivre dans son parcours du combattant.
Elle pénètre dans l'étal, peu avant que tu ne pénètres en elle. L'odeur de purin de cheval te prend aux tripes à peine as-tu fait deux pas ; mais à cette heure tardive de la nuit, à ce niveau inquiétant d'alcoolémie, il t'en faudrait bien plus pour t'ôter ton envie qui, soyons honnête, t'empêche de marcher droit.
Elle trouve assise confortable en une botte de paille, là-bas, dans un coin de l'étable. Elle relève sa robe, te nargue de son sexe humide et odorant, qu'elle dévoile devant toi sans plus de cérémonie. Qu'à cela ne tienne, tu n'as jamais été eros romantique, fleur bleu et chandelles au clair de lune. Jamais avec autre que Lucia, en tout cas. Il te paraît logique de la bouriner dans une étable, au milieu du foin et de l'odeur sauvage.
▬ Je vais t'apprendre à provoquer. Que tu grognes, retirant dans un mouvement de plaisir le futal qui t'enserrait le sexe. Sans plus aucune cérémonie, tu entres en elle, sans douceur, sans tendresse. Seule demeure la bestialité animale qui se réveille en toi à la vue d'un sexe féminin humide.
Tes va et vient on tant de prestance qu'ils la décollent régulièrement de sa botte de paille. Tu ne fais pas preuve de quoi que ce soit d'agréable - tu sais qu'elle n'y trouverait nul plaisir. Tu te contentes de prendre possession de son être, non sans veiller - toutefois - à la constance de ses gémissements. Tes mains se perdent en son décolleté, et à quelques reprises, tu y mets la langue, tout entier possédé que tu es par ce désir qui t'enserre les tripes et, soyons honnêtes, le sexe gonflé, celui que tu pénètres en elle.
▬ Tu auras bien mérité le répit que je m'accorde à te donner. Que tu glisses à son oreille peu avant de jouir dans un grognement bestial qui pourfend le silence de la nuit.
Car il ne s'agit que de cela. Une trêve. Un répit. Tu la laisseras partir, en remerciement de la soirée qu'elle t'a offerte, mais tu n'en oublies pas que la prochaine fois que tu la croiseras, elle n'aura plus cette chance.
Si belle et si désirable qu'elle soit, Dellsa.

Elle trône, l’impudente, sur ce ballot de foin qui était tranquille dans son coin. Le cheval s’est désintéressé de ses visiteurs nocturnes. Dellsa, elle, guide de sa lanterne un maraud qui s’en approche, goguenard et prêt à en découdre.

Point de douceur dans les gestes de Geory, qui s’improvise bourreau prétendu, juge et exécuteur de la peine. ▬ Je vais t'apprendre à provoquer. Aussitôt dit, aussitôt fait, le voilà en elle, présence qui se manifeste par des mouvements du bassin puissants. Tout en ayant cette apparente bestialité à laquelle Dellsa n’est pas insensible, il semble conscient que pour s’acquitter de cette terrible tâche qu’elle lui a imposée, son seul plaisir masculin n’est pas suffisant. Si bien que là où d’autres se seraient contentés de troncher la ribaude sans se soucier de ses sensations à elle, il semble réagir habilement aux stimuli vocaux (mélange de grognements et de chuintements gémis) qui s’échappent d’entre les lèvres de la belle.

L’affaire se solde finalement, et avec, le congé est donné tandis qu’il vient en elle et qu’elle jouit avec lui, silencieusement, tandis que ses griffes s’agrippent davantage à la tunique de son partenaire de jeu nocturne. Elle est encore grisée par l’alcool, mais la voilà qui soupire d’aise lorsqu’il s’écarte, qui prend le bas de sa robe relevée pour s’essuyer les cuisses du foutre qui coule déjà. Sinon ça colle et ça poisse le long de ses jambes. C’est qu’il va falloir qu’elle retourne à son équipage, qui a sans doute fini par s’endormir sur la table. Et puisque le mercenaire lui a promis une trêve, elle sait qu’elle pourra terminer ses arrangements dans la matinée, avant de reprendre la mer.

Elle relève la tête vers le combattant, son visage illuminé d’un sourire mutin. Dellsa se relève de cette botte de foin et, maintenant toujours sa robe relevée au milieu de ses cuisses, elle s’approche d’une pompe à eau et l’active par plusieurs mouvements déterminés, jusqu’à ce que l’eau coule par le bec de la pompe, directement dans une auge en pierre, et que la pirate puisse se rincer le con à l’eau. Le contact de sa peau brûlante avec l’eau fraiche tout juste tirée de la terre la fait frissonner, elle en profite aussi pour se rincer le visage histoire de se réveiller un peu, et en se redressant, elle contemple la silhouette de son amant d’un soir, pour commenter : « Je consens également à te laisser en paix pour le moment. Le paiement était satisfaisant. Sur ce… » Rictus carnassier pour ponctuer la phrase, la voleuse des mers esquisse une bien piètre révérence qui montre qu’elle n’a absolument pas les manières de la cour -ou les a perdues- et elle retourne dans la taverne pour en tirer les quelques marins qui étaient encore à se saouler. La troupe avinée repart dans la ruelle du village pour remonter à bord de la Pute Borgne.
La nuit, Dellsa la passera dans sa cabine à veiller sur sa fille à la lueur d’une bougie, en songeant qu’elle n’était pas passée loin de la fin. Et de se promettre de foutre le camp de la Mer Isolée pour quelques temps, question de sécurité.