nom, prénoms : (TROIS ANS PLUS TÔT - CALENDYR) « Les Gul’Ffardin sont d’une petite noblesse, acquise un siècle ou deux auparavant, à force de tuer des goules. C’est cette ligne de métier qui leur a d’ailleurs donné leur nom de famille, ou bien se sont-ils engagés dans la chasse aux goules à cause de leur nom hérité ? Mh. Bon, bref. » Le type s’humecte le gosier à grandes rasades de bière. Penché vers son voisin, il désigne du doigt la vieille qui est assise au plus près de la table d’honneur. « La vieille bique, là, c’est la vieille Marellis. Jamais un sourire, sauf quand elle rêve de t’arracher la gueule. Vieille peau, dernière du nom de cette famille de tueurs de goules, sans héritier connu. Tu te doutes bien qu’elle a préféré se salir les mains autrement. »   âge, lieu de naissance : (LA VEILLE - TAVERNE DU RAT CREVÉ). « Eh ben, ma bonne dame, vous n’avez pas hâte de laisser vos enfants reprendre la taverne ? » La femme le dévisage par dessus le comptoir, hausse les épaules et s’en retourne aux fourneaux. La voisine de celui qui a parlé soupire : « Ça te va pas de poser une question pareille ? - Ben quoi ? Ça se trouve, elle a perdu ses enfants à la guerre, Ed. - Hein ? Non mais… Mais t’as vu comment elle est ridée ? Moi j’aurais arrêté de travailler à son âge, elle doit bien avoir cent ans ! » La tavernière revient et pose les auges devant le couple de voyageurs. « Votre compagne avait raison. J’ai perdu mes deux fils il y a dix ans. Et je n’ai pas encore quatre-vingt ans, alors un peu de respect. Si vous connaissez quelqu’un qui voudrait reprendre l’auberge et accepterait d’m’garder ici, dans un coin, ça s’rait bien pratique. » Coup d’œil entre les voyageurs, mais la vieille est déjà repartie, plus rapide qu’on ne pourrait l’imaginer. groupe : (DIX ANS PLUS TÔT - CALENDYR) « Elle est née dans les Montagnes Lunaires. - Non. - Si. - Bien sûr que non. - Mais puisque je te dis que les goules pullulent dans ce coin ? - Résultat, tête de mule, ça veut dire que les Gul’Ffardin y ont jamais mis les pieds ! Qu’il est con. - Oui, ok, mais on est d’accord, quand même : elle est de l’Empire thoron, hein ? - Ça s’appelait pas comme ça quand elle y est née, mais oui, si tu veux… » métier : (TOUT LE TEMPS - RUMEURS) « Elle était courtisane à Calendyr, avant de se retirer dans ce trou paumé. - Vrai ? On dirait pas pourtant. - Quoi, elle a pas les manières de la cour ? - Baaah, quand même pas beaucoup, si ? » Les deux ivrognes se resservent. « Mais on est sûr qu’elle a jamais tué de goule ? Non parce que sa famille quand même, c’était le boulot, non ? » L’un des deux grogne en se perdant dans la contemplation de sa chope de bière. « Non mais, en vrai. - Hein ? - En vrai, qu’est-ce qu’elle foutait à Calendyr ? Elle bossait dans les cuisines ? » Ils s’esclaffent grassement. C’est que c’est pas non plus des mets succulents, ce qu’il y a au ‘Rat crevé’. Rien que le nom augure pas de grandes merveilles. Mais elle se débrouille, la vieille aubergiste qui a réussi à se payer deux esclaves pour servir aux fourneaux. Tant que les pouilleux du secteur n’arrivent pas faire le lien avec l’Ombre qui par son réseau d’informateurs avait tissé une toile qui faisait remonter n’importe quel événement surgissant dans l’Empire thoron et sur le continent en général. Cette vie-là, Marellis l’a laissée plus ou moins derrière elle, décidant de s’éloigner des intrigues de la cour pour mieux se rapprocher du tumulte des guerres, en faisant l’acquisition d’une auberge rutilante sur la route entre Kaern et Calendyr, au pied des Montagnes lunaires quelques temps avant de prendre congé du souverain et de son service le plus proche. De maître-espion insoupçonnée, dissimulée sous un surnom bien trop flou pour savoir si femme ou homme se cachait derrière, elle est désormais devenue une tavernière acariâtre (pas trop besoin de forcer pour ce trait de caractère, évidemment) qui accueille, nourrit et héberge tout voyageur de la région. état civil : (VINGT ANS PLUS TÔT - CALENDYR) « Ser Joven a rendu l’âme, ainsi donc. - Hélas. - Est-ce son épouse que l’on voit en tête du cortège ? Le voile noir dissimule trop bien son visage. - Bien entendu. Pauvre femme, ils s’aimaient si tendrement. » Ils s’aimaient surtout au point de s’insulter en souriant, et elle avait été bien heureuse lorsqu’il avait réussi à s’empoisonner tout seul comme un grand. À moins que le poison n’ait été destiné pour elle ? Auquel cas, pareil sacrifice ne resterait pas impuni. Toujours est-il que Joven avait été une bonne couverture, et que, infertile depuis l’adolescence, pour son plus grand bonheur, elle ne s’était toutefois pas gênée pour prendre sous son aile des petits bâtards abandonnés dans des orphelinats un peu partout où ça l’arrangeait. Elle avait un don pour les causes perdues, Marellis. guilde : Aucune. Seule la couronne de Thoron avait grâce à ses yeux, tandis qu’une guilde est beaucoup trop contraignante pour vouloir vraiment y rentrer.

Marellis en acronyme : Menteuse • Aacariâtre • Rusée • Excédée • Libre • Loyale • Intelligente • Sarcastique

Fidèle à la couronne des Thorons : Marellis est née dans un bourg à une heure de marche de Lugan, vers l’Est. Pur produit Thoron, elle a toujours été convaincue de la supériorité de cette famille sur tous les autres nobliaux d’Elenath. On la berce des récits de l’époque du règne du roi Reinier, mort plus de trois générations avant elle. Le bon vieux temps où l’ensemble des contrées prospéraient, et le moment où, sur décision dudit suzerain les Gul’Ffardin ont été anoblis et se sont vus récompensés pour leurs fidèles services pour la couronne, à chasser effectivement des goules dans les collines entre Lugan et Ceollyn, par des terres dans les environs. À l’époque où Marellis était encore une jeune fille, elle fut invitée à la cour de Calendyr, tenue par les Thorons déjà à l’époque et fut ainsi initiée aux faux-semblants courtisans. Tandis qu’elle virevoltait avec grâce lors d’un bal, elle fut présentée à celui qui deviendrait quelques mois plus tard son époux. Dans le même temps, la jeune femme bien en chair qu’elle était était abordée par le secrétaire royal, qui avait décidé de la recruter comme agent de la couronne. Depuis ses dix-sept ans peut-être, Marellis n’a jamais cessé de servir le royaume, d’abord comme simple chuchoteuse, ensuite comme maître espionne ayant succédé à son prédécesseur. Encore maintenant, alors que la mort la guette et compte les jours avant de l’emporter, elle continue de servir l’Empire Thoron contre ses ennemis, sans faiblir malgré les apparences de retrait loin du tumulte de la cour.
Tapie dans l’ombre, l’ogresse se fait chienne de garde de son peuple et de son roi, aux portes du royaume, sous les atours d’une tavernière amène, quoique mal aimable.


ton pseudo : toujours moi (Arté). comment as-tu trouvé RGEO ? : j’ai glissé. et t'en penses quoi ? : ça manque de vieux, donc je fais ma part dans l’effort de guerre   . des trucs à ajouter/améliorer ? : ça manque de vieux, je dis   . je veux être parrainé(e) ? : non merci, j’préfère troller sans supervision  

Eh mais sérieux, pourquoi je lui ai pondu un nom aussi foireux.

JUDI DENCH ▬ marellis gul’ffardin

TOUS TES EXPLOITS si l’on demandait de résumer la vie de Marellis à n’importe quel trouffion de l’Empire Thoron, il pourrait vous donner des éléments variés : troisième enfant d’une famille de nobliaux de la région des collines entre Lugan et Ceollyn, elle s’est mariée à seize ans, avec un jeune homme qui en avait vingt, héritier fortuné d’une famille moins noble que celle de Marellis. Ce faisant, vu que son ancienneté dans la noblesse remontait à plus longtemps que celle de Joven, elle a gardé son titre de Dame Gul’Ffardin à la cour. Le malandrin pourrait aussi vous raconter qu’elle n’a jamais eu d’enfant et que Joven ne l’en a pas répudiée pour autant, comme s’il y avait accord tacite entre eux. Enfin, si on l’interrogeait sur sa place à la cour, il pourrait la relier à quelques dames de la noblesse, peindre le portrait grossier d’une courtisane qui gravitait dans l’entourage de la reine précédente. Et surtout, il pourrait vous dire que la vieille Gul’Ffardin n’était plus à la cour et vu son âge et sa sénilité évidente les dix dernières années, il y avait fort à parier qu’elle était soit morte, soit mourante.
Heureux soient les imbéciles. Ils ne se doutent pas une seule seconde de tout ce qui a pu se jouer en coulisses.

DANS UNE TOILE D’ARAIGNÉE Bien droite, les mains jointes dans son dos, la jeune femme aux cheveux d’un blond très clair attend que le secrétaire royal daigne s’intéresser à elle. Il l’a fait mander à une heure indue et elle patiente depuis peut-être dix minutes sans mot dire ni soupir pousser. Cela fait bien un an maintenant qu’elle œuvre dans l’ombre pour lui, en délivrant des messages sans les lire, en écoutant d’une oreille attentive des conversations qui ne la concernent nullement. Elle s’est faite espionne et les affaires de la cour l’amusent plutôt bien. De plus, elles ont l’avantage de lui donner quelque chose à faire de ses journées alors que la plupart de ses amies parlent chiffon et descendance. La blonde aux formes voluptueuses s’est déjà fait une raison : elle est probablement gravide, ne portera jamais d’enfant dans son giron, et s’en accommode curieusement assez bien. C’est qu’il y a assez d’orphelins qui traînent à Calendyr si elle souhaite être mère.
Déjà en un an, elle a fait en sorte d’être renseignée sur les allées et venues de quelques uns des importants de la cour, grâce à un réseau qui paraît être tiré tout droit d’une cour des miracles. Ainsi, elle sait tout des habitudes de Ser Leonaire en glissant régulièrement une obole dans la main d’un jeune mendiant prétendant avoir eu les yeux crevés et faisant la manche aux abords du marché. Le tout est de trouver l’équilibre entre la terreur et la dévotion filiale., lui avait donné comme conseil le secrétaire royal en lui donnant ses instructions.
Cet équilibre, Marellis s’en croit très tôt la maîtresse, un peu orgueilleuse dès son plus jeune âge. Quelques ratés ponctuels lui apprennent l’humilité et surtout la mettent en garde contre le le danger principal pour les gens se sachant intelligents, à savoir sous-estimer ses adversaires, pourtant rodés aux jeux de la cour depuis qu’ils sont nés.

LA SANS-NOM Elle paie bien, Marellis. Mais elle cesse aussi bientôt de payer en son nom propre, et la courtisane devient une jeune femme discrète dans les couloirs du palais de Calendyr, qu’on ne voit plus vraiment traîner dans des endroits plébéiens. C’est qu’à la manière d’une chenille, elle a compris qu’il faudrait passer par une chrysalide pour se métamorphoser et prendre un véritable envol dans les traces de son mentor. Alors ce n’est plus qu’une Ombre qui se déplace, capuchon sur la tête, silhouette parfois déformée par des accessoires dignes du grotesque. Elle sème ses graines et laisse les arbres pousser jusqu’à en porter les fruits juteux et dorés au soleil. En dix ans, alors qu’elle approche de la trentaine, la toile de ses informateurs est déjà bien vaste, réseau qui complète à merveille celui que le secrétaire royal a tendue depuis des décennies.
On ne l’appelle plus par son prénom. C’est Zamira qu’elle donne comme prénom si on le lui demande. La plupart du temps, ses informateurs ne s’hasardent plus à connaître son identité. Elle paie bien, c’est ce qui importe avant tout. Du reste, connaître son identité, c’est risqué d’être effacé de la carte si le vent tourne. Les chuchoteurs qui murmurent à l’Ombre encapuchonnée font tomber dans son escarcelle tissée de noir des secrets d’État, des soupirs d’amants adultères, des trahisons ourdies.
Et de chenille, l’Ombre devient papillon au camouflage effrayant : elle défait des complots, des têtes roulent, du sang tache le gibet et les prisons voient s’éteindre parfois la flamme de certains trop gênants pour les exécuter devant un auditoire.

REDOUTABLE VIPÈRE Calendyr est un panier de crabes, un nid de vipères, un repaire de goules. Heureusement, Marellis a appris à naviguer en eaux troubles depuis le temps. À trente-sept ans, Marellis chuchote à l’oreille des puissants et a pris la main dans le jeu de dupes qu’est l’espionnage étatique. Là où Joven, son époux, fait partie de la garde royale comme chevalier, elle œuvre pour la couronne dans l’ombre, Reine des menteurs qui ne répond qu’au roi Cijan Thoron. Elle-même n’est pas dupe, consciente de par l’étendue de son réseau d’agents que la dissémination des petits seigneurs sur le continent n’est qu’une illusion pour maintenir Elenath dans une paix viciée. Ses espions la renseignent de Taewyn jusqu’à Garaldur, elle en a même un qui surveille les Marais à l’autre bout du continent. Si elle était fière et n’avait pas appris de ses erreurs, elle pourrait se considérer comme la femme la mieux renseignée d’Elenath. Elle préfère rester humble et tenter d’anticiper tous les coups possibles sur cet immense échiquier.

BRIBES DE DISCUSSIONS (il y a vingt-sept ans, entre Joven et Marellis) « Ma chère épouse, tu as devant toi le nouveau Capitaine de la Garde Royale. - Oui, je sais. - Plaît-il ? - Oh ne fais pas l’idiot, Joven. - Parfois, j’oublie que j’ai épousé les yeux et les oreilles du Royaume. - Et pourtant, ça t’est tellement utile... » Il se rapproche de son épouse et l’embrasse avec passion.

(il y a quatorze ans, entre Joven et Marellis) « Il faut que je trouve un moyen de décourager Cijan... Qu’est-ce que tu as à me regarder encore comme ça ? Je te dis que notre maître n’a pas envisagé les conséquences que faire tuer ce balourd d’Heledir pourrait provoquer et toi tu ris ? Bougre d’imbécile. Et je bois si je veux, ton air n’y changera rien. » Soutenant le regard fixe du vieux guerrier en armure, elle porte la coupe à ses lèvres, y trempe les lippes et reprend : « Si encore tu avais réussi à le raisonner... Oh, il aurait pu t’écouter, au moins, pas comme avec ces idiots qui n’osent rien lui dire ! Il te faisait confiance, tu sais, sinon il ne t’aurait pas fait capitaine de sa garde... Mais évidemment, il a fallu que tu te fasses tuer bêtement, mon aimé. » La femme aux cheveux défaits contemple le portrait en buste de son défunt époux, lève son verre à son égard et, après un sourire pincé, vide d’un trait son breuvage. Six ans déjà que Joven n’est plus à ses côtés pour les réceptions de la cour, et la présence de son époux se fait cruellement sentir.

(il y a treize ans et quelques mois, entre Marellis et le portrait de Joven) « J’aurais dû parier avec ce cuistre d’Amiral. J’aurais dû parier, tout portait à croire que ça allait se soulever de partout. Je suis entourée de demeurés, Joven, Toute cette histoire sent le souffre, ça ne va pas bien se terminer. »

(il y a douze ans, entre Marellis et le portrait de Joven) « Quelle plaie, cette guerre. Notre bon Roi est définitivement le pire de tous. »

(il y a dix ans, entre Marellis et le portrait de Joven) « Arrête donc de me faire ces yeux-là. Je ne bois pas à la mort de Cijan, grand bêta, mais à l’avènement du nouveau roi des Thorons. Si tout se passe bien, Leandry sera un bon roi. Il a juste intérêt à m’écouter. »
(Il y a dix ans, trois jours plus tard, toujours le même duo) « J’ai l’impression de vieillir, à ce jeu, Joven. Est-ce que je faiblis, à ton avis ? Peut-être bien oui. Les jeunes freluquets ne font plus grand cas des convenances et je suis profondément déçue, donc oui, je bois. Coupé à l’eau, quand même le vin. Je commence à être à court de bons crus et vu les dernières escarmouches, le commerce ne va pas être florissant comme on aimerait. Par tous les dieux, qu’est ce que je vais bien pouvoir dire à Römhen pour qu’il comprenne que je suis là pour le guider... »

(non-datés, interlocuteur souvent silencieux) « J’aurais vraiment dû superviser toute cette histoire depuis le début. Tu n’imagines même pas les traces que Cijan a laissé sur cette affaire d’assassinat. Bon, il a de la chance que j’aie des ressources, on va peut-être réussir à rattraper ça en faisant tomber quelqu’un d’autre. » « Par tous les dieux, si on me rapporte une énième histoire de coucherie nobiliaire, je quitte Calendyr en pleine nuit. J’ai dû vieillir, ça ne m’amuse plus. » « Ça fait trop longtemps que je n’ai pas eu de nouvelles de mon pirate... soit il s’est fait bouffer par une hydre, soit il a fini au bout d’une corde... va falloir trouver quelqu’un d’autre. » « Mon cher époux, dois-je vous rappeler que toute descendante de chasseurs de goules que je suis, je n’ai pas que ça à faire de manier une épée ? Trouvez-vous un maître d’armes, voulez-vous ? »

TIRER SA RÉVÉRENCE Elle se déplaçait à Calendyr avec une canne depuis plusieurs années, pour bien ancrer dans l’esprit de tout le monde que Dame Gul’Ffardin était vieille et fatiguée. Le pire était que ça marchait du tonnerre, qu’on lui proposait de l’aide pour s’asseoir lors d’une réception, qu’on s’écartait sur son passage dans les couloirs ou les jardins, et qu’on se croyait aussi à l’abri de ses oreilles puisqu’elle feignait aussi depuis quelques temps d’être devenue à moitié sourde.
Oh, elle savait qu’elle n’en avait plus pour très longtemps à la Cour, mais elle avait trouvé de quoi s’amuser. Et puis, parmi ses agents et ses espions, elle avait trouvé la perle inespérée, polie par la mer et par des attentions presque maternelles de la part de Marellis.
Paule.
Miraculée.
Enfant sauvée des eaux rouges de la piraterie, informatrice qui n’avait pas de prix aux yeux de la vieille, qui en avait fait son héritière spirituelle et avait ainsi pu lui transmettre les clés de son réseau sans craindre que la toile se délite et que les Thorons soient à la merci du premier venu.

C’est que le jeune roi des Thorons avait un cerveau tout à fait en état de marcher, lorsqu’il ne le fourrait pas entre les cuisses de sa maîtresse. Cette Telemnar s’était donc révélée être une adepte des Thorons, et pas seulement du roi, ce qui avait fichu un mal de crâne terrible à la Maîtresse des Chuchotis. Décidant d’en prendre son parti, elle avait choisi délibérément de mettre cette information sous-scellé et de ne l’utiliser que le jour où la favorite royale mettrait réellement en péril la royauté : pour l’heure, les coucheries étaient sensibles, mais pas encore inflammables. À surveiller, avait-elle dit à Paule, en lui transmettant son royaume de mensonges et de secrets.
Oui, Marellis ne doutait pas une seule seconde de ses choix, et encore moins de la confiance accordée à cette enfant aux talents insoupçonnés par ceux qui la prenaient pour une vulgaire souilllon. L’Ombre avait pris congé du roi avec déférence et promesses de loyauté et lui avait exposé un plan ô combien étrange de retraite apparente : quittant la cour et ses intrigues, Marellis avait décidé de se porter au devant du danger, en bonne Gul’Ffardin qui renouait avec ses ancêtres sur le pas de sa mort. Ainsi, elle avait fait l’acquisition d’une taverne de bien triste facture au pied des Montagnes lunaires, et guetterait tout mouvement suspect au niveau des frontières avec Heledir et Gwelnaur, à partir de la route Kaern-Calendyr. Flanquée d’un combattant expert, qui s’était grimé en ivrogne pour la route, elle s’installa ainsi en sentinelle du royaume dans cette taverne qu’elle n’avait pas cherché à renommer -pourquoi se défaire du charme pittoresque de l’ancien ?

Trois ans qu’elle prenait du bon temps loin de la Cour.
Trois ans qu’elle veillait.
Trois ans qu’elle sentait venir cette foutue guerre.
Et elle commençait à se demander si elle serait encore là quand elle éclaterait, ne serait-ce que pour assurer le rôle qu’elle s’était donné dans cette partie d’échecs grandeur nature..