nom, prénoms : Née de la lignée Galadhorn, on lui a donné le nom d'Elenna. Beauté ensorcelante dès son plus jeune âge, elle a finit par fuir sa contrée natale pour se réfugier dans le royaume voisin. Son protecteur finit par unir leur nom en offrant sa main à son fils, elle est désormais une Thoron depuis plusieurs années. âge, lieu de naissance : Elle voit le jour dans une branche secondaire de la maison royale de Galadhorn il y a de cela trente-deux ans. Depuis, elle n'a jamais quitté les plus hautes sphères des royaumes d'Elenath. groupe :  Depuis son mariage avec Barahir, elle appartient définitivement à la maison Thoron et à son royaume. L'envie de retourner sur ses terres natale de Galadhorn est nullement sien. ; métier : En épousant le prince Thoron, elle est devenu une princesse royale, mais avec le renoncement de l'héritier, et la mort du roi qui l'avait secouru, elle est devenue Reine du royaume Thoron.. Une position qu'elle estime mériter plus qu'aucune autre. état civil : Après avoir été la maitresse de l'ancien souverain Galadhorn, elle a été la protégée de l'ancien roi de Thoron avant d'être mariée à son fils. Elle est l'épouse de Barahir Thoron, un mariage qui lui a apporté beaucoup. guilde : aucune.

Née dans une branche cadette de la maison Galadhorn, Elena a grandie dans le climat étrange d'un couple parental vivant d'un amour à sens unique: le statut de son père attirait les maitresses et sa mère a sombré dans le désespoir d'être délaissée par son époux après avoir échoué à lui donner un fils. ▬ Elle a un demi-frère bâtard de quelques années son cadet: ils ne se sont pas revus depuis les seize ans de la jeune femme et sa fuite vers Thoron. ▬ Son père est décédé lorsqu'elle avait douze ans et sa mère s'est remariée rapidement après avoir été libérée de ses voeux, la laissant seule avec son destin, et son nom. La dernière chose qu'elle lui ait dite fut "N'aime personne et personne ne pourra de blesser". Une phrase qui trouve encore écho en elle aujourd'hui. ▬ Elle n'a pas choisi le royaume de Thoron au hasard: extrêmement intelligente, Elenna savait que le tempérament du vieux Roi lui déconseillerait de s'opposer à son allié du Sud pour réclamer le retour d'une maitresse. ▬ Mariée depuis plusieurs années à Barahir Thoron, elle n'a cependant jamais pu concevoir d'enfant. Un choix, au départ, mais aujourd'hui une véritable souffrance: elle sait que son mari soigne son chagrin dans les bras d'une autre et elle ne supporte pas l'idée qu'il lui échappe. Son infertilité l'inquiète d'autant plus que la favorite peut à tout moment, donner un enfant à son époux. ▬ Considérant Barahir comme trop influençable, elle use de cette faiblesse pour diriger plus ou moins dans son ombre. Face à d'autres royaumes, à d'autres souverains, elle ne veut pas que Thoron passe pour une contrée faible: sa couronne, elle l'a gagné et elle ne compte pas se laisser faire par le frère du Roi, sa catin ou n'importe quel manant pour qui les ficelles du pouvoirs ne sont que d'obscurs concepts.


ton pseudo : Insomnia. comment as-tu trouvé CWM ? : Ceci est un double compte    et t'en penses quoi ? : Je déteste !      des trucs à ajouter/améliorer ? : nan vous êtes parfait  

[attention, ceci est un c/c de ma fiche d'Eulalie   ]
Bien le bonjour dans cette présentation ! Je suis Insomnia (ou Carole pour ceux qui me connaissent un peu plus), j'ai vingt-sept ans (presque vingt-huit) et je vis à Paris où je travaille comme psychologue  

Alors, je vous vois tous arriver là "ouais la psy qui exorcise son envie de meurtre sur patients via un forum où tout est possible" et bien vous avez TOTALEMENT raison !    Sinon plus sérieusement je suis RPGiste depuis mes quatorze ans avec des écrits plus ou moins réussi, on va pas se mentir !
Je suis une adepte des forums à tendance fantastique/médiéval et ... Voilà voilà !

JODIE COMER ▬ Elenna Thoron

Sa mère pleurait. Elle entendait ses sanglots à travers le mur de sa chambre, l'empêchant de fait de dormir. Elle savait pourquoi. C'était encore lui. Père. Elenna ne comprenait pas pourquoi sa mère pleurait: Père avait l'habitude de partir et de ne rentrer qu'au petit matin, son absence n'avait donc rien d'exceptionnel. Néanmoins, l'enfant se laissa glisser de son lit, pieds nus sur le sol, sa chemise de nuit, en lin blanc, descendant sur ses jambes nues. Du haut de ses six ans, Elenna ressemblait à sa mère: la même chevelure blonde et abondante qu'on lui tressait le soir avant de dormir, la même peau laiteuse, le même regard de biche. De son père, elle avait prit les traits harmonieux, la silhouette élancée le port altier et la couleur noisette de ses yeux. Elle adorait Père. Même s'il sentait souvent l'alcool ou le parfum, il y avait des jours où il venait la voir pour la prendre dans ses bras, lui murmurant combien elle était belle. La plus belle enfant de tout le royaume, disait-il. Et pourtant, Mère pleurait. Elle n'avait pas particulièrement d'affinité avec sa mère. La dame semblait toujours ailleurs lorsqu'elles étaient ensemble mais ce soir là, Elenna avait décidé d'être une gentille fille. Quand elle se sentait mal, Père lui faisait un calin et elle se sentait mieux. Peut être que Mère se sentirait mieux aussi ? Alors elle toqua à la porte, de sa petite main, et entra pour courir jusqu'au lit où sa mère, enroulée dans les draps, ne lui accorda pas un regard. Se hissant jusque sur le matelas, elle se lova contre le corps chaud et inerte, tentant de faire comme Père faisait avec elle. Les sanglots s'apaisèrent. Une main se posa sur ses cheveux et Elenna sourit. Finalement, peut être que Mère avait juste besoin de cela ? De plus de calin ? Alors qu'elle se promettait de lui offrir davantage d'étreinte, se félicitant d'avoir trouver le remède à tous les maux du coeur, le sien se brisa. Quelques mots, murmuré dans le chagrin. Quelques mots qui teintèrent son existence de noir. « Si seulement tu avais été un garçon.  »


Elle portait le noir. C'était la première fois qu'elle expérimentait le deuil, et elle devait reconnaitre que, si cela la changeait de ses robes colorées, elle n'en restait pas moins magnifiques. Elle avait douze ans, la fraicheur d'un bourgeon de fleur, l'aube de l'adolescence. Ses traits s'affinaient, laissant entrapercevoir la femme qu'elle deviendrait, son corps avait annoncé son entrée dans le monde des femmes: elle avait saigné pour la première fois quelques semaines auparavant. Elenna attirait les regards: elle était belle, et elle venait de perdre son père. Le corps de cet homme qu'elle avait tant aimé était exposé pour de derniers hommages. Elle, se tenait droite, humble, le regard s'aventurant sur ceux venus présenter leurs respects. Etrangement, sa mère qui avait tout le temps pleuré pour un rien ne versait aucune larme, ce qui n'était pas pour déplaire à la jeune fille, bien qu'elle trouva cela étrange. Peut être avait-elle user toutes les larmes de son corps pour les infidélités d'un époux qui avait, jour après jour, transformé son coeur en pierre ? Elle s'en fichait. Elle, elle était triste. C'était un malheureux accident: il chassait en compagnie de cousins quand son cheval l'avait désarçonné, il était tombé et si la chute eut brisé quelques membres ou provoquer quelques saignements, ce fut les sabots le lacérant qui eurent son dernier souffle. On lui raconta que l'animal avait été effrayé par un serpent, une couleuvre passant par là. C'était malheureux. C'était la vie. Le vieux Roi en personne se déplaça pour leur confier ses condoléances: à l'abris des regards dans une pièce attenante, il avait caresser sa joue, promettant de lui venir en aide si elle en avait besoin, avant de se retirer: le mort n'était qu'un cousin lointain après tout, et il avait fait son devoir familial. Elenna en fut touché, mais le rituel reprit son cours: on venait présenter ses hommages, baiser sa main avant d'en faire de même avec celle de sa mère, de se recueillir devant le cercueil, et de partir. Encore. Et encore. Et encore.


Sa mère était restée veuve aussi longtemps que la bienséance l'obligeait mais elle ne tarda pas à s'afficher au bras d'un nouvel homme. Un protecteur avait-elle dit. Après tout, elles n'étaient que deux femmes, seules depuis la mort de son père, à la fortune relative et que seuls les liens du sang maintenant dans leur position au sein du royaume. Il leur fallait un homme pour les protéger, subvenir à leurs besoins. Elenna n'était pas certaine d'être d'accord, mais elle avait quatorze ans, que pouvait-elle faire ? Pourtant, ce jour là, loin de son indifférence habituelle, elle tremblait en frappant à la porte de la chambre. Son beau-père était parti pour affaire, et elle avait du prendre son courage à deux main pour aller voir sa mère. Elle avait un terrible récit à lui conter, une terrible blessure qu'elle espérait guérir. Avec son nouveau mari, sa mère semblait aller mieux, elle ne pleurait plus, elle semblait revivre, mais c'était elle qui en faisait les frais. Alors que sa mère lui proposait de la coiffer, chose qui n'avait jusqu'alors jamais eut lieu mais qui témoignait du mieux être de la quarantenaire, Elenna décida de parler. Elle ne supportait plus d'entendre sa mère évoquer un mariage prochain sans lui avouer toute la vérité. Alors elle se confia. Elle raconta comment, quelques semaines auparavant, son beau-père était entré dans sa chambre pendant qu'elle dormait, comment il s'était infiltré dans son lit et avait prit possession de son bien le plus précieux. Elle termina son histoire en larme, revivant l'horreur de cette scène qui, malgré ses refus successifs, avait malgré tout eut lieu. Regardant dans le miroir, Elenna constata que sa mère s'était figée. Sa prise sur ses mèches ondulées se fit douloureuse et l'adolescente grimaça tandis qu'elle s'entendait être traitée de menteuse, de trainée. Elle fut renvoyé dans sa chambre, sans plus de cérémonie et, pour la première fois, s'effondra sur son lit en larme.


Confinée dans sa chambre pendant plusieurs semaines, Elenna passa son temps à lire, à écrire, à broder jusqu'à ce qu'une domestique vint la chercher pour l'emmener devant sa mère. Elle qui n'avait revu le reste de la maison depuis ses aveux nocturnes fut plus que choquée de constater que des draps recouvraient les meubles, que des bagages attendaient dans l'entrée que les domestiques les chargent sur des calèches. Apparue alors sa mère, droit, hautaine dans son manteau rehaussé de fourrure, le regard méprisant. Elle lui annonça leur départ: le sien et celui de son époux, pour une maison de campagne avant de rallier une autre ville du royaume où il avait de la famille. Elle ne voulait pas l'emmener: après les accusations lancées l'autre soir, elle n'avait plus confiance en sa fille. Elenna ne comprit pas: elle était la victime dans tout cela, pourquoi sa mère ne la défendait pas ? Les murmures de son beau-père vantant sa beauté scandaleuse, son souffle dans son cou lui donnèrent des frissons de dégout. Comment sa mère pouvait-elle l'abandonner ainsi ? Cette dernière ne lui répondit pas. Elle annonça que, dans sa grande bonté, la reine avait accepté de la prendre sous son aile, par égard pour les liens familiaux, pour l'affection qu'elle avait pour son défunt père et que jamais plus elles ne se reverrait. Elenna tenta de dire un mot, mais sa mère coupa court à toute tentative, arguant combien elle l'avait déçue avant d'ajouter « Voilà une leçon que je tiens de ma propre mère. J'aurai du l'écouter, cela m'aurait épargner bien des malheurs: n'aime personne, ma fille, et personne ne pourra te blesser. Tu es bien comme ton père: une dépravée, une catin. Adieu.  » Elle tourna les talons et monta dans sa calèche, sans un regard pour l'adolescente. Elle apprit des domestiques ce qui était arrivé. A son retour, son beau-père avait eut à s'expliquer et il avait transformé l'histoire: d'un viol sordide sur une enfant, c'était devenu un instant d'égarement poussé par le tempérament séducteur de la jeune fille, les atouts que la nature lui avait donné et envers lesquels il avait été faible. Elle ignorait ce qui la blessait le plus: qu'il ait menti pour se sauver, ou que sa mère ait préféré croire cet homme plutôt que sa propre fille ?


La reine était gentille, bonne avec elle. Plus que sa propre mère ne l'avait jamais été. De cette dernière, elle n'eut aucune nouvelle, mais si cela l'attrista un temps, elle se souvint du mépris de leurs derniers échanges. Mise au service d'une princesse, avec le titre de demoiselle de compagnie, elle semblait s'épanouir dans cette nouvelle vie qu'elle occupait depuis un an. Elle apprenait les rouages de la cour, de la royauté, l'étiquette et les rumeurs. Dans ce nouveau bonheur, une ombre se dessina: un garçon, de quelques mois son cadet. Il se disait son frère, né de l'union de son père et d'une femme de noble naissance qui avait été sa maitresse. Lui aussi avait du sang noble dans les veines et l'ambition chevillé au corps. En souvenir de son père, Elenna l'accepta, s'ouvrant à des confidences, racontant pour la première fois ce qui lui était arrivée et la crainte qu'elle ressentait face aux regards de la gente masculine. Il l'aida, dans une certaine mesure. Elle avait seize ans lorsqu'elle remarqua les regards du Roi sur elle. Désormais bien plus développée que quatre années plus tôt, elle était une jeune femme aux courbes alléchantes et dont la chevelure blonde, presque rousse, devenait presque exotique dans cette cour de femmes brunes. D'abord intimidée, mal à l'aise d'être l'objet d'une convoitise pareille, gênée vis à vis de celle qui avait été si bonne avec elle, elle se laissa aller à des pensées impures lorsque son demi-frère chuchota à son oreille. « Le monde est cruel Elenna ... Saisi les avantages que t'offre la lubricité de cet homme, tu en tireras un bon mariage, peut être des terres et une dot convenable. Une femme comme toi ne peux se plaindre de pareilles attentions.  » Elle céda. Se laissant séduire, partageant la couche d'un homme qui avait l'âge d'être son père. Si elle avait espéré que cela demeure secret, pour le bien de sa réputation, il n'en fut rien et elle fut rapidement connue pour son rôle de maitresse royale. Sa bienfaitrice changea immédiatement de comportement et le plus grand des coups de poignard fut de constater que ce frère qui l'avait poussé dans les bras du Roi, obtint richesse et territoire. Pour plaire à sa maitresse, le roi se montrait généreux avec sa famille mais Elenna avait la sensation d'avoir été vendue telle une vulgaire putain. N'aime personne, et personne ne pourra te blesser. Dure leçon qui se rappelait à elle.


Ce manège dura quelques mois. Un soir, grâce à l'aide d'un soldat qu'elle avait séduit, elle parvint à quitter le château, habillée en domestique, sa belle et soyeuse chevelure dissimulé sous un bonnet. La calèche l'attendait dans le village attenant au château l'emmenant vers une destination qu'elle seule connaissait. Après un baiser échangé avec l'amant qui lui avait permit sa fuite, elle le regarda s'écrouler tandis qu'elle ingurgitait le contenu d'une petite fiole se trouvant dans sa poche. Elle ne pouvait se permettre de faire confiance, d'être découverte. Si l'homme était interrogé, comment s'assurer qu'il ne la vendrait pas lui aussi ? S'il se taisait, comment être certaine qu'il ne viendrait pas la réclamer quelques lunes plus tard ? Non, elle n'avait pas d'autre choix que de s'en débarrasser. Elle le regarda s'étouffer et traina son corps dans l'ombre d'une maison, peinant sous le poids du mort, avant de monter dans la calèche. Par un jeu d'identité secrète, qu'elle avait habilement mis au point durant les mois passés à préparer sa fuite, elle se savait invisible, inconnue jusqu'à son arrivée à destination. Son choix s'était porté sur Thoron, royaume au Nord, un allié de Galadhorn qui ne la ferait pas exécuter à peine arrivée. Son choix n'était pas anodin: pendant son service auprès de la princesse, pendant qu'elle endurait son statut de maitresse, elle avait écouté, apprit. Thoron était l'endroit où elle serait le plus en sécurité: son roi était un homme bon, juste et bienveillant, là bas, elle avait une chance de s'en sortir.


Son arrivée ne fut pas remarquée, elle prit chambre dans une auberge avec le peu d'argent qu'elle avait pu emmener avec elle et elle attendit que vienne le jour de son audience avec le roi Thoron. Après des jours de calèche, de bateau et de cheval, elle n'était pas contre un peu de repos. Ce fut enveloppée dans son anonymat qu'elle fut introduite dans la salle où recevait le monarque et qu'elle dévoila sa véritable identité: Elenna Galadhorn, ancienne maitresse du Roi, noble d'une branche cadette qui venait demander asile et protection après avoir été longuement malmenée par sa famille. Son histoire toucha le Vieux Roi qui lui offrit l'hospitalité de son royaume et de son château: elle tacha de lui rendre la pareille en se montrant affectueuse, humble et présente. L'homme qui n'avait eut que des fils trouva en Elenna la fille qu'il n'avait pas eut et elle fut satisfaite de n'avoir à partager son lit pour gagner le respect. Le roi Galadhorn ne manqua pas de découvrir l'endroit où sa maitresse s'était réfugié et, usant de ses yeux de biches et de larmes de crocodile, Elenna implora son protecteur Thoron de ne pas la renvoyer à Taewyn où elle en mourrait. Compassion, pitié ou quoi que ce fut, il accéda à sa demande: Elenna savait que son ancien amant était contre toute forme de guerre, qu'il ne prendrait pas les armes pour récupérer une jeune fille qui se disait effrayée. L'histoire en resta là: entre manipulation et succès diplomatique, Elenna fut autorisée à rester à Calendyr.

Elle eut un sourire pour Barahir. De deux ans son cadet, le prince la regardait comme si elle était l'une des plus belles merveilles du monde. Plus tôt dans la journée, ils avaient été unis devant les hommes et les dieux: il était son époux, elle était sa femme, telle était la volonté du Roi. A présent, Thoron devenait réellement sa maison. A vingt ans, Elenna devenait une véritable princesse royale, un titre qu'elle n'aurait jamais pu obtenir à Galadhorn, qu'elle n'avait jamais envisagé jusqu'au jour de son arrivée à Calendyr. Elle l'avait vu, dans les yeux du jeune prince, le désir, l'admiration lorsqu'elle avait ôté sa capuche pour révéler son visage de femme fragile et malmenée. Elle avait senti son élan de compassion lorsqu'elle avait fondu en larme dans la salle du trône en racontant comment sa fuite rocambolesque l'avait mené ici, dans le seul endroit où elle pouvait être en sécurité. Entre vérité et mensonge, il avait été de ceux se prenant le plus vite au jeu. Et a présent, elle était en sécurité, saine et sauve, mariée à un prince, intouchable. N'aime personne, et personne ne pourra te faire de mal, répétait la voix de sa mère, tandis que son visage se fermait.


Elenna poussa les portes des appartements royaux avec rage. Sa colère se lisait sur ses traits autant que dans l'attitude, vengeresse qu'elle arborait maintenant qu'elle était dans l'intimité de sa chambre. « Êtes vous simplement idiot ou le faite-vous exprès ?  » hurla-t-elle à l'intention de Barahir, assis près de la cheminée. Il la regarda sans réellement comprendre. En cinq années de mariage, le couple avait vécu joie et peine: la mort du Roi avait vu un véritablement bouleversement dans la maison royale puisque son fils ainé et héritier s'était désisté au profit de son jeune frère. Barahir était devenu Roi. Et elle était sa Reine. Une reine déterminée à redonner à Thoron sa grandeur passée, chose que le jeune roi semblait comprendre sans toutefois parvenir à prendre les bonnes décisions. Barahir était impulsif, dans l'émotionnel le plus complet. Loin d'agir comme sa lignée, dans l'ombre, il pouvait exploser en pleine lumière: son désir de se montrer à la hauteur de sa charge le poussant à la faute. « Je passe vos badinages avec les jeunes filles de la Cour, mais il est hors de question que je vous laisse faire n'importe quoi avec l'avenir du royaume ! Voulez vous que nous finissions assassinés dans un coin de ce château ?  » Elle le grondait comme un enfant, mais malgré les objections dont il lui fit part, elle ne décolérait pas: l'une de ses décisions avaient de graves retombées et, en ayant eu vent lors de sa promenade matinale, elle s'en voulait de ne s'être montrée plus directive dans le choix de son époux. Trop subtile, elle avait tenté de le faire fléchir sans qu'il ne le comprenne vraiment et à présent, ils devaient faire face aux conséquences de la précipitation du jeune Roi. Pinçant l'arrête de son nez, Elenna tenta de retrouver son calme, elle soupira et s'agenouilla devant son mari, prenant ses mains dans les siennes. « Barahir ... je suis votre épouse, votre plus fidèle alliée. Laissez moi vous aider à ... réparer tout cela.  » l'implora-t-elle avec des yeux larmoyants, mais l'âme toujours bouillante.

 

Elle déposa sa serviette dans son assiette et se leva sous l'oeil surpris de la plupart des convives présent à table. « Pardonnez moi, mon époux, je ne me sens guère bien. Je vais me reposer.  » Sans avoir mangé, Elenna quitta la table non sans une révérence à son mari, et retourna dans ses appartements, le coeur au bord des lèvres. Comment pouvait-il ? Comment osait-il ? Elle arriva dans sa chambre et déposa sa tiare sur une table, délassant d'elle même les noeuds qui retenaient sa robe autant que les épingles qui retenaient ses cheveux. Elle fut assistée de servante pour défaire son corset et mettre ses vêtements de nuit mais congédia tout le monde pour se retrouver seule, face aux flammes de la cheminée. Serrant contre elle une couverture de laine blanche, Elenna songeait au mal que cela lui faisait de voir Barahir la trahir de la sorte lorsqu'il fit son entrée. Elle ne se leva pas, le regard rivé sur les flammes, ses doigts malaxant le tricot qu'elle tenait dans ses mains. Une couverture de bébé. Un cadeau que lui avait fait une de ses dames lorsqu'elle avait crut être ... Elle étouffa un soupir. Elle avait juste eut du retard, mais dans son empressement, elle avait pensé être enceinte. Finalement, le sang était venu, plus abondant qu'à l'ordinaire. Etait-ce un simple retard ou une fausse-couche précoce ? Elle l'ignorait, mais ce cadeau l'avait touché. La perte qu'elle avait l'impression d'avoir vécu l'avait rendu encore plus froide, distante, centrée sur son rôle de reine, sur le pouvoir, sur le royaume. Et cela, Barahir ne pouvait le comprendre, folâtrant avec sa catin comme un adolescent en émoi ! La mention de son nom la fit braquer sur son époux, un regard froid, assassin. « Comment avez-vous pu m'humilier de la sorte ?!  » l'accusa-t-elle. « La nommer votre favorite ? Et ensuite quoi ? Me répudier pour faire d'elle votre reine ?  » L'objet de la dispute, la maitresse royale, officiellement nommée favorite: Satine Telemnar, une jeune beauté de la petite noblesse propulsée au statut le plus important du royaume, après le sien. N'aime personne, et personne ne pourra te blesser. Il n'y avait pas d'amour ... Mais dix années de mariage installaient forcément une forme de tendresse. Mariage infécond, époux qui lui préférait une autre, un beau-frère qui voulait sa chute ... La roue était-elle sur le point de tourner ?