nom, prénoms : Leann, Oscar, Gwelnaur. âge, lieu de naissance :   31 ans, Belithrael groupe : Gwelnaur. Son mari est la Loi et Leann ne l'enfreint pas même en songes. Malgré tout, elle le tempère; métier : Reine d'un peuple, épouse avant tout, mère jusqu'au fond des tripes d'une marmaille entachée par la mort. état civil : Mariée, amoureuse, inviolable, incorruptible.

Élevée dans les traditions de ses terres, l'être est capable d'endurer une impressionnante quantité de sang pour une constitution si frêle. Tournois sans merci, châtiments infâmes, Leann n'avait pas encore saigné que déjà, elle se trouvait aux premières loges de ces odieux spectacles.
Aussi, ce que les gens voient parfois comme une candeur idiote est en réalité une tendresse militante.
Mais elle se moque bien des quolibets, Leann : elle est sûre d'elle.

D'avoir été épargnée des rigueurs du climat, elle le doit à sa mère : l'arbre s'est dressé entre l'ogre et son fruit avec une foi religieuse et plus d'efficience , du reste, que la Reine une fois son tour venu. Anne a lutté, avec férocité, pour que jamais l'enfant ne connaisse les vices ni la douleur. Anne a vu sa fille grandir d'une douceur sans concession, craint pour sa vie à chaque aurore, bientôt regretté de l'avoir tant épargnée. Car elle a peut-être trop perdu conscience des réalités de ce monde, Leann, être résolument émotive vous fragilise un être. La mère a supplié l'enfant de trouver un mari, un protecteur - ou un autre bourreau qui la déchargerait au moins de son fardeau de peur. Un soir il fut trop tard.
Leann fut battue pour ses convictions, ce profond amour qu'elle nourrissait pour l'amour. Bientôt menacée d'être prisonnière à son propre mariage, elle fut pourtant sauvée, par le seul homme que les dieux lui destinaient.

Voilà sans doute pourquoi elle est encline à une foi si fervente, ou si peu capable de remettre en doute ses propres certitudes.

Leann est amoureuse et veut bien que cet adjectif l'avale toute entière. Elle l'aime quand le sang le recouvre et qu'elle doit éteindre la folie meurtrière dans ses yeux. Elle l'aime quand ses épaules frémissent à peine sous le poids du doute et qu'elle y devine les séismes en dessous. Elle aime sa rudesse et sa puissance, la grossièreté de ses manières, les balbutiements de ses lectures, le sentiment d'infinie protection dans le carcan de ses chairs. Elle aime un tortionnaire qui ne lui a jamais fait de mal, elle aime parce que l'amour ne souffre pas de morale. Elle l'aime de tout son être et dans la sacralité du devoir. Elle aime et peu de gens sont capables de comprendre, les mondes entiers qu'elle renierait pour lui. Elle aime et l'unique chose capable de le remettre en cause, c'est son statut de mère - Leann saigne chaque fois qu'Amras la force à choisir.
Elle l'aime et aujourd’hui, souvent, il la contraint à en souffrir.

Si figure de tendresse excuse parfois les affres de son mari. Aux yeux du peuple, Leann ce qu'une Reine doit être : admirable et enviable, intouchable, altière. Effacée des affaires du Royaume, son icône seule assoit le couple dans une élégance presque divine. Instruite, musicienne, humble, aérienne, c'est dans la chambre qu'elle aussi se débarrasse des attributs royaux. Frémissante, inquiète, attentive, capable du meilleur est du pire : une femme amoureuse comme il y en a tant d'autres.

Elle mourrait pour lui.
Peut-être même tuerait-elle, pour lui.
L'envie la cisaille, en tous les cas, chaque fois qu'elle le sent partir.
A bon entendeur.


ton pseudo : comtesse comment as-tu trouvé CWM ? : en toute originalité, un top et t'en penses quoi ? : tout ce que je peux dire, c'est que ce personnage, je n'osais pas en rêver. des trucs à ajouter/améliorer ? : il serait temps d'installer la fibre dans les chaumières (et j'annonce, je vais brûler forumactif s'il continue à me contrarier)

Diane Kruger ▬ Leann Gwelnaur

Tu saignes.
Leann n'en avait jamais goûté la couleur - pas la sienne, du moins. Les yeux bouffis, joues rosies par les sillons de larmes, l'enfant pointa le genou entaillé à sa mère accourue, dans une chouinade plaintive : dont la matrice apaisée par l'urgence relative se contenta de se moquer avec douceur. Par Legnar, rit-elle au grand désarroi de sa fille, Gwelnaur n'a jamais dû connaître de marmaille si douillette.
Elle ne résista pourtant pas longtemps à déposer ses mains autour de la blessure, comme des pétales tièdes irradiant une étrange anesthésie. Rapidement, la petite fille en oublia sa douleur, au profit d'une fascination pleine. Quel étrange pouvoir, que celui de sa mère. Bientôt, elle gesticulait pour apposer ses menottes sur le ventre rond qu'affichait l'unique femme de son univers. Persuadée qu'il devait venir de là, ce don. Et Leann brûlait d'impatience, déjà, d'en connaître les affres : de toucher du bout des doigts, elle aussi, la délicieuse souffrance d'être mère.

Tu saignes.
Leann se serait contentée de moins.
Devenue Reine deux lunes après les premières saignées et sans y être réellement préparée, elle n'avait pas imaginé partager son mari avec tout un royaume. Miraculée, les côtes encore sensibles des coups de son père, rescapée d'un mari affreux en épousant le pire de tous. Les détours du destin comme les subtilités de son rôle échappaient encore un peu à cette jouvencelle, son innocence fiévreuse trop prompte à réduire le monde à un être unique. Rapidement, elle apprenait : les vallées de mort dans ses yeux et la patience pour les franchir.
Car le soir venu, le terrible Amras n'appartenait qu'à elle. Entamé des pires combats, il la laissait, elle et nul autre, lécher ses blessures.
« Amnistie. »
Leann chérissait par dessus tout ces instants de lecture ; les balbutiements d'Amras étaient de trop rares faiblesses qu'elle se gardait bien d'admettre guetter sans relâche. Celle-ci se trouvait un peu plus cocasse qu'à l'habitude mais il fallait admettre le courage de la plume implorant le pardon pour son père à un Roi Gwelnaur. Requête déchirée, d'ailleurs, dans un rire caustique - et champs libre à Leann pour arracher l'aimé aux tourments du monde, le cueillir dans leur couche au creux de ses bras doux.
« Laissez-le mériter le pardon de Legnar en mourant au combat. » pépia la blanche colombe, dans une caresse tendre. « Ulfric est d'extraction noble, vos bannerets apprécieront si vous ne le traitez pas comme un péon. »
Elle s'empara de la main de géant pour la déployer sur son ventre avant toute protestation, le regard noyé d'un mot profond.
Amras avait ses vallées de mort et Leann, ce soir, un univers fertile au fond de ses yeux.
Elle n'avait pas saigné depuis deux lunes.

La clémence gagnée par le noble et quelques autres après lui dans le plus vieux miracle du monde, ne compensa certes pas les massacres perpétrés en l'honneur de la royale naissance. Leann donna le jour à une fille, béatitude mitigée par les impératifs de son temps, augurant cependant un règne de prospérité gracieuse.
Mais le destin se plait à être cruel envers les coeurs à qui tout sourit sans cesse. La Reine fut bénie de dix grossesses, quatre perdues sans qu'elle n'en eût seulement conscience. Des trois enfants arrivés à leur terme, la première demeura l'unique à survivre à ses premières semaines. La fièvre emporta les autres et avec eux, un peu de l'innocence de la Blanche. De tous les prêtres engagés, chacun n'y put rien faire. Si la perte accompagnait trop l'époque pour la déplorer vraiment, les deuils rongèrent l'âme aimante de Leann d'entailles profondes. La crainte d'infliger à son mari le manque impardonnable d'un héritier fut un jour scellée dans ses chairs par l'arrivée d'une autre, plus tenace que ses prédecesseresses.
La Reine apprit enfin à saigner avec plus de pudeur, en dehors comme à l'intérieur.

Tu saignes.
Elle gesticulait. Hurlait.
Les beuglements atroces de la bête firent résonner les murs du temple, avant de se mourir, dans un gargouillis ignoble. Droite et sans frémir, la dague de sacrifice fit pleuvoir sur la Blanche, des litrons de sang en gerbes grandioses. En quelques psaumes à peine, il ne resta du solide bélier qu'un cadavre à la langue enflée, pendante.
Maculée de rouge, dans le digne respect de ses coutumes, Leann s'arracha à la statue du dieu guerre avec humilité. Assaillie de doute, elle accusa dès sa sortie le regard courroucé de sa Prêtresse d'une lèvre pincée. Héra clamait souvent qu'aucun trouble ne devait perturber la prière pour qu'elle fût exaucée mais la Reine n'avait connaissance d'aucun moyen pour éteindre le fil d'une pensée. Ses préoccupations ne connaissaient que rarement le repos, et jamais sans la présence de son mari à ses côtés.
« Si les femmes réglaient aussi leurs différends au combat, nous n'en serions pas là. »
Soupirait sa Majesté après de longs silence, les mains affairées à frotter la dague dans un lange, prompte comme souvent à se livrer à sa première confidente.
« Si les femmes réglaient leurs différends au combat, vous seriez morte. »
Car la franchise faisait partie des qualités d'Héra, qui ne semblait pas craindre le furieux courroux d'une royauté offusquée. D'ailleurs, si sa réponse laissa Leann interdite de prime abord, toujours étonnée qu'on osât lui parler en ces termes, elle fut accueillie, après réflexion, d'un simple rire. Exclamation nerveuse, rongée par le dépit. Une bien triste vérité à refléter sur la Reine d'un peuple aux mille guerres. Plus que jamais, Leann souffrait son existence comme une véritable imposture. Cette fois elle n'avait plus envie de rester digne, ni même de faire preuve d'intelligence. Elle ne désirait qu'hurler et ses propres cris l'épuisaient dans leur silence.
« Elle finira bien par être grosse. Et si c'était un fils... »
Frémit Leann d'un sanglot de fatigue. La seule idée la faisait menacer de défaillir. Tout mais pas ça, anônnait-elle en son plus profond intime. Il ne pouvait pas la priver de ça. La seule raison de son existence serait balayée d'un cri d'enfant, Leann ne parvenait plus à tempérer cette certitude. Elle ne l'oubliait plus et certaines nuits, n'en dormait plus. Si elle n'était pas la mère des enfants d'Amras, alors autant mourir. En espérant saigner la truie dans son dernier râle.
« Legnar n'aime pas les conquêtes faciles. » tempéra la Prêtresse, sa reine fébrile - tant qu'elle se sentit contrainte d'extraire l'arme frémissante de ses blanches mains. Il y avait dans certains propos anodins, quand Héra les prononçait, des promesses terribles. « Et vous n'êtes pas encore à jeter. » fut apaisée la Belle tandis qu'un lange tamponnait le rouge à sa pâle figure. « Votre fils fera son devoir, et tuera le sien. »