nom, prénoms : philla pendar aux accents de simplicité, sans le moindre écho de noblesse derrière les lettres. âge, lieu de naissance : vingt-quatre ans, elle est née dans un hameau perdu de gwelnaur, où la noirceur ambiante n'a pas réussi à étouffer son tempérament. groupe : gwelnaur plus par un vague loyauté envers le lieu où elle est née que par véritable chauvinisme — les idéaux de la famille royale l'ont depuis longtemps dégoûtée de ses origines. métier : fille de joie sans honte aucune, emploi nécessaire devenu rentable, elle préfère vendre son corps plutôt que mourir dans un coupe-gorge. état civil : le corps qui appartient à tout le monde et le coeur qui s'est depuis longtemps gardé, pas la place pour les sentiments quand on fait ce qu'elle fait. guilde : aucune.

le visage est resté innocent en dépit du travail que beaucoup considéreraient dégradant. elle a gardé toute la naïveté et l'innocence de l'enfance, philla, partage volontiers ses sourires et ses peines. elle n'a rien à cacher, veut facilement faire confiance aux gens, quitte à se tromper et à être blessée. elle a tendance à toujours penser le meilleur des autres, préfère se prendre un couteau dans le dos plutôt que de se méfier d'un monde qu'elle ne demande qu'à découvrir, la curiosité comme art de vivre qui rend les confidences sur l'oreiller toujours plus savoureuses. elle aimerait pouvoir partir, loin, loin, loin de tout, loin de belithrael et de gwelnaur.

01. elle n'a rien, philla, ni la chambre qu'elle occupe ni la lingerie affriolante qui orne sa peau ne lui appartiennent. sa seule vraie possession est un médaillon à l'effigie d'amedë qu'elle tient de sa mère, toujours autour de son cou. 02. enfance pauvre mais heureuse, peu d'argent mais au moins le bonheur était là. une enfance qui lui a appris l'herboristerie et comment s'occuper de certains animaux, elle est parfois mélancolique de ses ongles encrassés par la terre, de la vie sous la pluie de gwelnaur. 03. une envie de vie normale. elle rêve d'un époux aimant, d'une bande de marmots accrochés à ses jupes, de quelque chose de plus que la fleur d'ébène, ses murs aseptisés et ses gémissements derrière les potes closes. les jours les plus sombres, elle se demande si quelqu'un voudrait d'une fille sur qui la moitié de la ville est passé. 04. elle n'a pas honte de son métier, proclame haut et fort à qui veut bien l'entendre que oui, elle n'est peut-être qu'une pute, mais au moins elle a un toit sur la tête et de la nourriture chaude dans l'estomac. elle ne crachera jamais sur la chance que lui a donné desmara, en l'accueillant à l'ébène, ne pourra sans doute jamais rembourser la dette qui l'a tirée d'une mort proche. 05. elle est née et a grandi au bord de l'océan rocheux, quatre ou cinq maisons paumées au milieu de la lande et rien d'autre qu'eux, ossam à quatre heures de marche. le bruit des vagues qui s'écrasent sur les falaises lui manquent terriblement, elle qui a grandi avec, les bruits de belithrael n'ont jamais réussi à combler ce vide.


ton pseudo : camille, ça suffira largement. comment as-tu trouvé RGEO ? : via top site. et t'en penses quoi ? : ok mais ???? in love. des trucs à ajouter/améliorer ? : nope. je veux être parrainé(e) ? : oui.

camille, plus proche de la trentaine qu'autre chose, bretonne, j'vous aime déjà.

NICOLA PELTZ ▬ philla pendar

« Mama, mama ! » Elle a peut-être cinq ans, toute en membres dodus et en joues roses, les cheveux blonds qui brillent sous un des rares rayons de soleil qui traverse les éternels nuages qui couvrent le ciel de Gwelnaur. Isaëlle est toute aussi blonde que sa fille, l'air un peu fragile dans sa robe mal ajustée et son tablier encrassé de terre, mais elle attrape la fillette avec des mains calleuses dont la force trahissent cette apparence presque éthérée. Philla trouve sa mère incroyablement belle, avec toute la naïveté émerveillée de l'enfance, les yeux écarquillés quand le soleil fait jouer des reflets presque roux dans les cheveux qui sentent bon la lavande quand Isaëlle se penche le soir, pour lui dire bonne nuit. « J'ai trouvé une plante bizarre, » la gamine annonce finalement avec un hochement de tête décidé. Isaëlle a un rire franc qui fait comme des clochettes, et Philla sourit tout autant. « Pourtant il n'y a pas beaucoup de plantes par ici, ma petite luciole. Peut-être que tu ne te souviens pas de tout. » Philla aime ces après-midis passés avec sa mère, qui a toujours le sourire malgré tout ce qui peut se passer dans leurs vies, incroyablement belle et incroyablement patiente surtout, qui répond à ses innombrables questions sans jamais s'énerver. Elles marchent un moment sur la lande, avec le bruit des vagues en fond sonore, même quand le soleil disparaît comme il le fait si souvent et que l'heure du dîner arrive. Le dîner c'est Pap qui le fait toujours, avec ses grosses mains et sa grosse voix et sa grosse barbe, mais Mama dit toujours que Gawyn n'est qu'un gros nounours derrière l'air bourru, et Philla n'est pas sûre de savoir ce que ça veut dire, d'être bourru, mais si Mama le dit, c'est qu'elle a sûrement raison. Et le soir, quand elle va au lit, Isaëlle lui raconte l'histoire des dieux d'Elenath, dans un murmure rassurant qui l'accompagne dans son sommeil, et Philla rêve souvent d'Amedë debout sur son rocher, sereine au centre d'une tempête déchaînée.


La révolte vermeille a mis Elenath à feu et à sang et Philla, du haut de ses douze ans, s'accroche furieusement à son père et au médaillon terni qui pend autour de son cou, au bout d'une chaîne un peu trop longue. La maison est partie en fumée, tout le hameau est parti en fumée, vraiment, et Philla n'a pas à poser la question pour savoir que sa mère est morte, comme la majorité des voisins. Mais elle s'accroche à son père à la barbe roussie, avec ses joues sales et sa lèvre tremblante et ses yeux bordés de larmes, et elle sait que plus rien ne sera jamais vraiment pareil. Le bruit de la mer lui manque. Sa maman lui manque. Elle a l'impression que son coeur s'est brisé en mille morceaux dans sa poitrine.


Il fait froid à Belithrael. C'est ce qui la surprend la première fois qu'ils y mettent les pieds, puis le froid devient une constante dans sa nouvelle vie, tout comme les absences de son père qui cumule plusieurs emplois pour gagner quelques maigres cuivres. La faim devient une nouvelle constante, aussi, qui gronde dans ses entrailles alors même qu'elle vieillit plus qu'elle ne grandit, mais même si Belithrael est froide, et qu'ils sont plus pauvres qu'ils ne l'ont jamais été dans la lande, la ville reste une éternelle source d'émerveillement pour l'adolescente-enfant qu'elle est devenue. La mort et la guerre et le deuil n'ont pas réussi à assombrir son caractère, pas plus que la noirceur ambiante du royaume, se fait quelques amis dans la fange de la capitale, d'autres gamins sans le sou aux parents désabusés. Puis Gawyn rejoint sa femme par-delà l'éther, un accident que personne n'aurait pu prévoir, et Philla se retrouve seule au monde, perdue dans une nuée de crasse que personne ne veut vraiment voir.


« Je m'appelle Desmara. Je ne pense pas que tu sois prête à travailler dès ce soir, alors tu vas prendre le temps de te laver, de te reposer et surtout de manger. » Desmara est belle. Pas autant que maman, mais c'est une belle femme, dans la fleur de l'âge, avec des cheveux couleur d'ébène qui reprennent le nom de l'établissement. Philla hoche la tête derrière elle, les genoux qui s'entrechoquent, parce qu'elle n'a rien avalé d'autre que quelques quignons de pain rassis ces dernières semaines, et elle sait qu'elle est d'une maigreur à faire peur. Elle n'a peut-être que seize ans, mais les bourgeois n'en ont que faire quand le loyer ne finit plus dans leurs poches, et les derniers mois dans la rue avec d'autres orphelins comme elle ont été rudes, elle doit l'admettre. Sans doute que sans Desmara, elle aurait sûrement fini morte de faim ou de froid — elle a peut-être gardé sa naïveté, mais Philla sait être réaliste quand il le faut, et les hivers de Belithrael sont bien plus rudes que les douze qu'elle a pu passer au bord de la mer. La chambre est belle, aussi, petite mais claire, avec un lit aux draps propres et un grand bassin d'eau chaude qui n'attend plus qu'elle. « Merci. Merci, vraiment. » La porte se referme sur Desmara, et Philla passe sa première soirée à la Fleur d'Ebène au fond d'un bain presque brûlant sur sa peau crasseuse, avec un repas simple mais chaud et copieux, des vêtements propres et un lit moelleux. Elle s'endort en l'espace de quelques minutes, le ventre plein et à l'abri des éléments, et elle dort comme une pierre pendant plus de vingt-quatre heures.


« J'aimerais bien partir d'ici, un jour, » Philla confie dans un murmure, les genoux recroquevillés contre sa poitrine nue, les cheveux ébouriffés par son dernier amant de passage. Desmara se contente d'un petit son dans son dos qui indique qu'elle l'écoute, et la piqûre de l'alcool qu'elle applique sur la griffure qui orne son épaule est depuis longtemps oubliée. « Découvrir le monde. Quitter l'Ebène, partir loin sur les routes. » La matrone soupire, se défait de l'alcool pour le remplacer par une touche d'onguent qui aidera à la cicatrisation. Les guerres n'ont jamais vraiment cessé depuis la révolte vermeille, quoique la capitale reste étrangement épargnée par le chaos qu'une guerre peut amener, en dehors des déplacements de troupes et donc de l'or que les soldats dépensent entre les cuisses des filles de joie. « Fais attention à toi, Philla, » Desmera prévient finalement, en rangeant sa petite trousse de soins. La blonde enfant reconnaît l'odeur particulière du millepertuis dans la pâte sur sa peau. « Les gens ici n'aiment pas qu'on parle d'évasion et tu le sais. Tes jolis petits rêves pourraient tomber dans la mauvaise oreille. » Philla soupire, mais hoche la tête. « Je sais, Desmera. » Il y a une pause entre elles, puis Philla se tourne vers sa patronne avec un sourire espiègle. « Tu crois que Geory va bientôt repasser par ici ? » Geory. Un excellent client, qui lui est apparemment exclusif, au grand désespoir de certaines autres filles — mais elle se sent possessive, envers lui, bizarrement. Elle ne veut pas que les autres s'approchent de lui. Elles ne comprendraient pas.

Le coeur de Philla saigne pour lui. Elles ne comprendraient pas, en effet.